Chap 42 : pdv Jill (présent)

   Je n'arrivais plus à penser à autre chose qu'au journal intime d'Hailie. Cela tournait dans ma tête sans cesse. Ses phrases revenaient sans arrêt dans mon esprit et m'empêchaient d'être calme. Je n'arrêtais pas de m'en vouloir d'avoir été aussi nulle, aussi froide. Je n'avais rien vu. Je n'avais pas détecté que ma fille se sentait mal et avait besoin d'être rassurée.

Avant, j'avais l'impression de toujours tout réussir, de gérer ma vie de femme et de maman, mais maintenant, c'était différent. J'avais l'impression d'avoir tout raté.

Le pire était qu'Hailie n'était plus là pour que je lui explique ce que je ressentais vraiment. J'aurais tant de choses à lui confier, mais c'était trop tard.

Je fixai Gall qui lisait tranquillement le journal dans le salon.

-Gall ?

Il leva les yeux sur moi.

-C'est toi qui as dit à Hailie que je ne voulais pas d'enfant ?

C'était sorti spontanément. Je m'étais jurée tout à l'heure de ne pas le cuisiner à ce sujet, mais je n'arrivais plus à me taire.

Je devais savoir. Je devais comprendre.

Muet, il posa le journal sur la table basse. Il me regarda mal à l'aise sans rien oser répondre. Ma voix tremblait, mais je ne voulais pas pleurer. J'en avais assez de pleurer depuis des mois. Marre d'être malheureuse.

-C'est toi, Gall ?

-Oui, avoua-t-il.

-Pourquoi lui dire un truc pareil ?

Il me fixa, choqué par ma question, puis il finit par répondre :

-Elle m'a un jour demandé si j'avais toujours voulu des enfants. Je lui ai répondu que oui et que je rêvais même d'en avoir trois ou quatre. Cela l'avait fait rire, mais ...

-Pourquoi Gall ? Tu ne pouvais pas te taire ? répétai-je à bout de souffle.

-Ensuite, elle m'a demandé combien d'enfants tu voulais, toi ?

-Oh.

-Je n'ai pas pu lui mentir.

-Elle ne m'a jamais posé la question. Pourquoi est-elle venue te voir ?

Je baissai la tête tristement.

-Je lui ai expliqué qu'avant, tu ne voulais pas d'enfant.

-Tu aurais dû m'en parler. Elle a dû croire que je ne voulais pas d'elle. Que je la détestais.

-Mais je lui ai expliqué que tu avais changé d'avis et que tu étais la plus heureuse des mamans depuis sa venue.

-Tu crois vraiment qu'elle t'a cru ?

-Je pense.

-Son journal intime prouve le contraire.

-Je ne l'ai pas encore lu. Tu le sais.

-Tu ne peux pas savoir ce que j'ai ressenti en lisant ce foutu journal.

-Je suis désolé, Jill. Mais j'aurais dû lui répondre quoi ?

-Tu aurais du m'en parler avant de dire n'importe quoi. J'aurais pu lui expliquer moi-même ce que je ressentais.

-Hailie savait que tu l'aimais.

-Tu n'en sais rien, Gall.

-Si, elle le savait.

-Non, elle ne le savait pas.

-Bien sûr qu'elle le savait. Tu es trop dure avec toi-même.

-Je ne lui disais jamais. Je ne lui faisais jamais de compliment. Je ...

Je me mis à sangloter sans pouvoir me maîtriser.

-Hailie savait que tu étais fière d'elle, j'en suis certain.

-J'aimerais tellement revenir en arrière pour tout changer. Tu comprends ?

Je pleurais doucement, comme une petite fille inconsolable. Gall se leva pour venir me serrer dans ses bras. Très fort.

Il était trop tard maintenant pour dire à ma fille tout ce que j'avais sur le cœur.

Hailie avait été mon plus beau cadeau sur cette planète après Gall. Jamais je n'avais regretté un seul instant sa naissance, mais je ne pouvais plus le lui dire maintenant.

Avant, j'avais l'impression d'être une maman irréprochable pour elle. De tout faire pour qu'elle ne manque jamais de rien. Je m'étais tellement trompée.

J'avais aussi supposé qu'elle le savait. J'avais supposé qu'elle avait la certitude d'être aimée par sa maman autant que par son papa, mais je réalisais tout à coup qu'elle ne le savait pas.

J'aurais dû lui dire.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top