Chap 41 : pdv Jill (présent)

Longtemps, j'avais hésité à devenir maman.

J'avais eu peur d'être une mauvaise mère. De ne pas y arriver comme toutes les autres. Je ne savais pas y faire. Je n'avais pas le feeling. Avais-je un problème avec les enfants ?

J'avais aussi eu très peur de souffrir, de ne pas survivre à ce que la vie nous inflige parfois. Devenir maman amenait beaucoup de bonheur, mais pas que ça.

Les pires scénarios s'étaient alors invités dans mon esprit :

Comment allait se dérouler ma grossesse ? Mon bébé allait-il survivre à l'accouchement ? Allait-il naître malade ?

Mon nouveau-né allait-il mourir dans son sommeil ? Allait-il être victime d'un grave accident ?

Mon enfant allait-il être heureux ou allait-il se rebeller en grandissant ? Allait-il prendre de mauvaises décisions ? Allait-il souffrir ? Sombrer dans la dépendance ?

Allait-il être seul ? Rejeté ? Harcelé ?

Mon enfant allait-il mourir avant moi ? Avant Gall ?

Allait-il nous aimer ? Réellement ? Ou juste nous tolérer ? Nous détester ?

Toutes ces terribles possibilités m'avaient terrorisée, mais je n'avais jamais confié mon anxiété à mes proches. J'en avais vaguement parlé à Gall, mais jamais dans le détail. Je n'assumais pas ce qui gisait au fond de moi. Tout ce que je ressentais dans mes tripes, je le gardais pour moi. J'avais honte de ne pas vouloir d'enfant alors que lui en rêvait depuis toujours. J'aurais aimé avoir envie, tout comme lui.

Peut-être étais-je bizarre, paranoïaque, anormale ?

À force de toujours vouloir la perfection, je réfléchissais différemment des autres personnes. Taire mon mal-être me permettait de me sentir mieux. Je ne voulais pas que les autres me donnent leur avis ou me jugent.

C'était ma vie, mes choix.

Puis, à force que Gall me parle de son désir d'enfant, j'avais lentement changé d'avis. Peut-être était-ce pour lui faire plaisir, au fond ? Certainement.

Parfois, il ne faut pas se poser trop de questions. Il faut oser se jeter à l'eau, en espérant le meilleur, en espérant de tout son cœur que nos pires cauchemars ne nous rattraperont jamais.

Ce bonheur exista. Il fut réel pendant une quinzaine d'années.

Puis, il y eut ce fameux mercredi où Hailie ne rentra pas à la maison. Ce jour-là, j'avais directement su que ce ne serait plus jamais pareil.

Viscéralement, j'avais compris que le cauchemar tant redouté était en train de s'immiscer dans ma famille.

Je n'avais pas su l'empêcher.

Je n'avais rien su faire contre lui.

Mais peu importait, il était déjà trop tard ...


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