Chap 30 : pdv Hailie (passé)

   Ce fameux mercredi où tout bascula, la température avait chuté sur l'ensemble de la région. Un vent glacial balayait la ville, faisant frissonner les arbres dénudés.

Je sortis de mon cours de danse classique, le regard brillant. J'adorais me rendre à ce cours. Pour sa rigueur, mais aussi pour la grâce de cette discipline. J'aimais tournoyer et oublier tout ce qui me rendait mélancolique. Tout ce qui me perturbait s'envolait brusquement. Lorsque je dansais, j'étais libre. Je ne pensais plus à rien. Je ne ressentais plus aucune douleur. Il n'y avait plus que moi, la musique et mes chaussons pointes qui suivions la mélodie. Rien d'autre.

En sortant, j'enroulai une épaisse écharpe en laine autour de mon cou. Je m'installai comme chaque semaine sur un banc devant le bâtiment, dans le but d'attendre mon amie Chelsea.

Ce soir-là, j'avais un petit cadeau pour mon amie. C'était une surprise. Elle ne s'attendait à rien. J'avais tellement hâte de voir sa tête. J'avais économisé pour lui offrir un collier semblable au mien. Un pendentif en argent qui représentait un oiseau en plein vol.

Le bijou me faisait penser à l'oiseau de Magritte, célèbre peintre belge. J'avais vu certaines de ces peintures sur le Net et celles-ci m'avaient hypnotisée. J'avais été fascinée. J'aurais pu rester des heures à les observer, à les analyser. J'avais vu qu'il y avait un musée dédié à ce peintre à Bruxelles. Peut-être qu'un jour, j'irais jusqu'en Europe pour découvrir ses oeuvres en vrai.

Je jetai un regard perplexe sur ma montre. Chelsea se faisait attendre. Mais où était-elle bon sang ? Il faisait si froid.

Soudain, j'aperçus un ami qui s'avança vers moi. C'était Théo. Un garçon qui était dans mon école depuis de nombreuses années. Il me regarda avec étonnement, se demandant sûrement ce que je faisais sur ce banc avec ce froid. Il me sourit spontanément. J'avais toujours trouvé son sourire sincère et attachant. Aucun autre garçon ne souriait comme lui. Je lui rendis son sourire automatiquement.

-Théo ? As-tu vu Chelsea ? demandai-je timidement. J'étais toujours très mal à l'aise de lui parler. Personne ne m'intimidait d'habitude, mais avec lui c'était différent. Je ne comprenais pas complètement pourquoi je me sentais fébrile en sa présence.

-Elle est partie il y a bien trente minutes.

Je le dévisageai, surprise par ce qu'il venait de m'annoncer.

-Comment ça ? Tu es sûr ?

Même si je souhaitais cacher ma déception à Théo, mon visage se décomposa aussitôt. Nous nous attendions toujours à la sortie de nos cours respectifs. C'était notre rituel. Chelsea ne m'avait jamais fait faux bond. Jamais une seule fois.

Pourquoi aujourd'hui ?

-Nous n'avons pas eu cours. Il parait que le professeur est malade.

-Mais où est-elle allée ?

-Madison l'a invitée à aller faire les magasins. Elle a dû oublier de t'envoyer un texto.

Je clignai des yeux nerveusement puis saisis mon iPhone pour vérifier si j'avais reçu un message de sa part, mais ce n'était pas le cas. J'étais blessée, mais je ne voulais surtout pas que Théo s'en rende compte. Je ne voulais pas qu'il détecte ma peine.

Arrête d'être bizarre, me répétai-je à moi-même. Mais j'étais trop déçue pour parvenir à cacher mes sentiments.

Décomposée, je restai comme prostrée sur le banc, puis je finis par me lever lentement pour rejoindre au plus vite mon domicile.

Ce n'est pas si grave. Chelsea a bien le droit de faire ce qu'elle veut.

-Ça va Hailie ? me demanda Théo.

-Chelsea ne t'a vraiment rien dit de plus ?

-Non, désolé.

Théo scruta mon visage déçu, il savait que je n'étais pas habituée à ce genre de déconvenue. D'habitude, personne ne me laissait en plan.

Il me sourit de nouveau comme pour me consoler un peu de ma déception. Son si beau sourire. Sans artifice. J'avais l'impression qu'il me comprenait. Je baissai les yeux puis me mis à marcher sur le trottoir.

-Hailie ? lança soudain Théo.

Je tournai les talons pour le regarder avec morosité.

-Tu ne vas pas rentrer toute seule quand même ? Tu ...

-Je n'ai pas trop le choix, lançai-je avec nostalgie. Je dois bien rentrer chez moi, non ?

J'eus l'impression qu'il allait me demander quelque chose. Me retenir peut-être ? Mais, il resta silencieux.

Je lui souris une dernière fois avant de me retourner.

Allait-il me laisser partir ?

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