Lorsque l'inspecteur August Johannsen se leva ce matin-là, ce ne fut pas avec le sourire et pourtant, il était 10h13 sur l'horloge. Cela faisait une éternité qu'il n'avait plus dormi si tard.

Son premier jour de retraite, il s'était promis de ne pas programmer le réveil. Check ! Il pouvait barrer ce souhait sur sa liste.

Il se leva lentement de son lit pour se diriger vers la fenêtre. Un beau ciel bleu apparut lorsqu'il poussa les tentures épaisses. Sa tignasse grise en bataille et ses yeux noirs encore endormis démontraient que sa nuit avait été agitée. Il frotta de la main une plaque d'eczéma qui s'agrandissait peu à peu sur sa joue, au risque de le défigurer. Le dermatologue parlait de stress intense, de nervosité. Mais cela, il aurait pu le deviner tout seul. Pas besoin d'aller consulter pour savoir qu'il avait été stressé pendant des mois.

Même face au soleil, il conserva sa mine grave. Ce sentiment d'inaccompli ne le lâchait plus depuis de nombreux mois. Et même si l'espoir s'était évanoui, c'était la frustration qui était venue se nicher dans son cœur.

Sa dernière affaire, celle de la jeune Holloway, lui laissait un goût amer. Les nuits blanches à ratisser les environs, à questionner le voisinage, à relire le dossier, à rencontrer des experts, rien n'avait été assez efficace pour comprendre ce qu'il s'était passé ce fameux mercredi où Hailie n'avait jamais rejoint son domicile.

Sa fille Chelsea avait le même âge qu'elle. Elles étaient meilleures amies depuis l'école maternelle. Pourtant, sa fille à lui était toujours là, auprès de lui.

Pourquoi Hailie ? Pourquoi elle et pas une autre ?

Que s'était-il passé ? Où chercher les réponses ? Elles devaient bien se cacher quelque part.

Peut-être pas si loin d'ici ?

Il avait eu une brillante carrière, riche en émotions, en satisfaction, en compliments, mais depuis cette dernière affaire, sa fierté et sa confiance s'étaient liquéfiées.

Son parcours professionnel n'avait plus d'importance à ses yeux. Il était parti sur un sentiment d'échec. L'impuissance et l'incompréhension avaient pris place en lui pour ne plus le lâcher.

Il pensait souvent à Hailie et à sa famille, au détriment de son propre bien-être et de celui de ses proches. Il se sentait vide, complètement vide et inutile.

Mélancolique, il s'était pourtant promis de s'accrocher, surtout pour les siens.

Las et déçu par lui-même, il décida de descendre l'escalier pour rejoindre sa femme, certainement en train de déjeuner dans la cuisine. Il tourna les talons pour ensuite se forcer à sourire.

Il y arriverait, il s'accrocherait pour son épouse et pour sa fille Chelsea. Et pourtant, tout en s'engageant dans le couloir, une question demeura dans son esprit :

Hailie, où es-tu ?

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