Chap 21 : pdv Mr Herbert (passé)
Monsieur Herbert était à sa fenêtre, comme à son habitude.
Il observait le mouvement continuel de la ville, une assiette de tartines au beurre de cacahouètes sur les genoux.
La journée n'avait pas été passionnante. Le temps passait toujours lentement mais il en avait l'habitude. De longues journées qui se ressemblaient toutes. Sans surprise ni rebondissement. L'éternel recommencement.
Nettoyer, il n'en avait plus envie. Ranger, faire la lessive, la vaisselle, il n'en voyait pas l'intérêt. À quoi bon entretenir sa maisonnée ? Pour qui ? Pourquoi ? Il avait donc fait le choix de survivre dans le désordre, la saleté et les mauvaises odeurs.
Depuis sa fenêtre, il remarqua soudain un flot de jeunes envahir le trottoir. C'était la fin des cours et il sourit en scrutant leurs attitudes particulières, leurs discussions animées, leurs chamailleries.
Ils faisaient du bruit, ces jeunes. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Mais Mr Herbert aimait ce brouhaha. Il observait ceux qui semblaient dans le coup, populaires et intéressants alors que lui n'était jamais parvenu à se faire des amis.
Il avait toujours été le raté de l'école. Le looser du quartier.
Il reconnut la plupart des adolescents, habitants de la ville depuis des années. Il s'amusait à prononcer leurs prénoms à haute voix :
« Matthew »
« Meg »
« Théo »
« Alexys »
« Chelsea »
« Jackie »
« Mary »
« Hailie »
« Mary numéro 2 »
« Noah »
« Maybell »
« Anaïs »
« Rory »
Il aurait tant voulu exister réellement, être important pour une seule personne sur cette planète. Savoir que quelqu'un allait rentrer à la maison en ayant hâte de le retrouver. Mais il savait que c'était peine perdue.
Il sourit avec nostalgie en se remémorant son enfance difficile puis engouffra la moitié d'une tartine dans sa bouche.
Lorsqu'il se sentait triste, il avait toujours faim. Et sa faim s'intensifiait, jour après jour. Année après année. Manger l'apaisait, remontait un tout petit peu son moral, mais ce n'était que pour une courte période. Après, il se sentait de nouveau déprimé.
La tristesse ne s'atténuait jamais totalement. Elle lui paraissait toujours plus grande, toujours plus oppressante.
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La suite arrive bientôt.
Anne Emilie.
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