Tout à coup, je me mis à paniquer.

Qu'avais-je fait ? Dans quel état était sa chambre ? Et si elle revenait aujourd'hui ? J'étais vraiment une mère indigne. J'avais honte de m'être emportée.

Tout en sanglotant, je quittai la chambre comme une furie. Je descendis les marches quatre à quatre, disparaissant dans la buanderie pour ensuite revenir avec mon kit complet de nettoyage.

Seau, serpillère, aspirateur. La totale.

Rongée par les remords, je me mis à astiquer et à nettoyer frénétiquement toute la pièce, dans les moindres recoins.

Tout devait être parfait, comme avant, juste au cas où... juste au cas où...

Mais soudain, alors que je m'activais à tout ranger, je le vis.

Il venait de tomber sur le sol. Il était caché consciencieusement, dissimulé tel un secret, tel un précieux trésor.

Je réalisai tout à coup qu'il avait toujours été là depuis la disparition d'Hailie. Cela faisait plus d'un an qu'il était dans cette chambre à attendre qu'on le trouve.

Il avait toujours été là.

J'hésitai un instant avant de le saisir, immobile, perdue dans mes réflexions.

Avais-je le droit de le prendre ? De le toucher ?

J'avançai la main pour le saisir, mais j'hésitai, comme s'il allait me brûler l'épiderme puis, chassant mes scrupules, je l'attrapai pour le serrer fortement contre moi. Je fixai la couverture. Je collai mon nez dessus pour sentir l'odeur du papier. Son odeur peut-être. Je me remis à pleurer sans pouvoir m'arrêter.

Ce journal intime m'était apparu tel un miracle.

À cet instant, j'avais l'impression d'avoir retrouvé une partie de ma fille.