Ce matin-là, je passai instinctivement la tête pour jeter un coup d'œil à ses affaires, à son petit monde. J'observai avec mélancolie ses chaussons pointes, sa bibliothèque de livres, son bureau soigneusement rangé, ses quelques oursons, ses CDs de musiques modernes mélangés à quelques classiques, subtil mélange des genres. Je reniflai bruyamment.

J'avais envie de pleurer, mais je retenais mes larmes. J'en avais tellement assez d'être malheureuse, tellement marre d'attendre.

Puis, brusquement, la tristesse se transforma en colère. Une colère vive et bouillonnante.

Je regardai tout ce que ma fille n'était plus. Tout ce qu'elle ne réaliserait jamais et la déception fut encore plus violente, plus révoltante que d'habitude. 

Incontrôlable !

Je m'approchai de son bureau. Et soudain, sans dompter mes émotions, je bousculai le meuble avec force, un trop plein de haine et de frustration. Dans un cri strident, je me mis à jeter ses affaires sur le sol, à tout bousculer, lancer, projeter contre les murs.

Pour ensuite, finir en sueur, essoufflée sur le sol.

De quoi avais-je l'air ?

D'une pauvre folle hystérique ?

Je restai sur le sol, prostrée. Je pleurais comme un enfant. Les larmes coulaient sur mes joues. Je me sentais si seule, assise au milieu des morceaux de la vie de ma fille. Cette vie n'existait plus. Comment l'accepter ?

C'était injuste.

Tellement injuste.

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Anne Emilie