Il y avait cette petite fille au fond du puits, qui criait encore et encore. Il y avait ce petit ange, là, tout en bas, qui survivait. Étouffée par mille sacrifices, elle geignait. Dans la noirceur des jours écrasés sous le soleil malade qui chauffait, elle déclamait sagement quelques méliques. Seule et abandonnée depuis des années, elle tentait de perdurer. Il y avait une lueur d'espoir que personne ne connaissait, sauf elle avec une force démesurée. J'ai cru que je pouvais l'écraser sous un tas d'autres pensées. Le temps, là aussi, ferait son travail ; mais cette demoiselle, à la volonté si tenace, hurlait toujours plus fort. J'ai cru qu'il était imaginable de boucher le puits, retirer une à une les pierres de l'édifice pour les lui lancer violemment. Il y avait tout au fond un ange si beau, si puissant, si vivant et si absent que rien ne pouvait le tuer. Ce trou si noir, si vide le rendant esseulé, semblait protéger ce petit être de toutes les horreurs. Il y avait, au fond du puits, cette petite fille qui criait encore et encore pour que la vie de nouveau illumine le puits.