2013 - Armando (20 ans)
La notion de choix devient de plus en plus centrale dans ma façon de voir la vie. On choisit tellement de choses, plus ou moins consciemment. On peut choisir ce que l'on accueille ou non dans sa vie, et quel genre de personne l'on veut être. On choisit ! C'est merveilleux d'avoir le choix ! Ce qui a changé, si quelque chose a changé, c'est avant tout ma façon de voir les choses. Je ne sais pas pourquoi ; peut-être à force de réflexion, ou peut-être juste l'effet d'un raz-le bol et la conséquence du cul-de-sac dans lequel ma façon de penser m'emmenait.
Jusqu'ici ma philosophie ça avait plutôt été de faire des plans pour les choses importantes et puis de me laisser ensuite porter en croyant que je n'ai de contrôle sur rien d'autre. Comme on ne peut pas tout planifier, forcément je me devais de croire que certaines choses sont écrites ou qu'au moins il est écrit que tout ira bien. Je pensais que l'on ne choisit pas vraiment ses amis par exemples, ni son caractère, et que mon quotidien est tel qu'il est sans que j'aie jamais vraiment pu le rendre différent. C'était si ma vie n'était pas du tout mon choix, qu'à aucun moment on ne m'avait demandé de choisir : mais bien sur que ma vie est un choix. J'ai en fait tellement de contrôle : mais jamais vraiment de façon directe, alors je crois que je n'en ai pas. J'ai toujours pensé que la vie c'était juste attendre que les occasions se présentent et choisir "oui" ou "non", mais on fait j'ai aussi du contrôle sur les occasions qui se présentent.
Je suis probablement encore très loin d'une mentalité où j'irais sans cesse moi-même chercher les occasions. Pourtant, j'ai envie de me prendre en main, d'avoir l'impression de maîtriser mon destin. J'en ai assez que tout soit toujours la même histoire, de me sentir prisonnier de mon histoire. Dans ma vie quotidienne, je vais apprendre à me débrouiller seul ; j'ai décidé chercher une colocation pour me rapprocher des cours et devenir plus autonome en arrêtant de me reposer sur mes parents. Dans mes études, je suis beaucoup moins timide et je propose des choses même sans être sûr de la façon dont elles seront acceptées, j'essaye de prendre plus de risques, d'oser faire preuve de créativité. Dans ma vie sentimentale aussi, je vais finir par me décider à me bouger. Il-y-a cette fille dans ma classe, que j'aurais bien envie de connaître un peu mieux : elle est toute timide, toute effacée, mais en même temps a une fantastique capacité à s'illuminer tout à coup lorsque quelque chose la rend heureuse. Elle rit ou elle sourit et soudain c'est une autre personne : une personne qui semble trop souvent perdue dans ses propres pensées et qui nous donne envie d'aller découvrir ce qui s'y cache de si passionnant. Promis, je vais aller lui parler, essayer au moins de devenir son ami et de découvrir qui elle est. Et puis, à côté de ça, j'ai d'autres projets. Beaucoup de projets artistiques, de tableaux ou de photos ou de collages, que j'arrive de plus en plus à montrer à mes proches alors qu'avant ça m'effrayait tant tout est tellement personnel. Et puis, j'ai aussi décidé de passer le BAFA pour pouvoir travailler en centre aéré et gagner de l'argent comme ça. Bon, d'accord, ce n'était pas ma propre idée ; c'est ma cousine Elise qui a fait ça l'an dernier, et je me contente un peu de suivre les incitations de ma tante et de mes parents en suivant son exemple. Mais bon, j'ai grandi : parfois, faire ses propres choix, c'est accepter de faire un choix qui soit le même que celui des autres. Ça aurait été bête de refuser une occasion pareille juste parce que je déteste Elise et que l'idée vient d'elle. C'était une bonne idée, et puis ça me fera du bien ; une bonne occasion de me sentir plus adulte et responsable.
A présent, je considère qu'on a du contrôle sur sa vie. Bien sûr l'on ne choisit pas tout et on ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut, mais on a toujours une marge de choix. Parce que les occasions dépendent de qui l'on est : la personne que l'on choisit de devenir aura tendance à attirer dans son existence certains éléments plutôt que d'autres. Et par dessus tout, même si on n'a pas toujours de contrôle sur les évènements, on a toujours au moins la possibilité de choisir comment les voir. Même si je n'ai pas de choix sur les faits de l'histoire, j'ai le choix de la raconter plutôt comme une comédie ou comme une tragédie. Même si je ne choisis pas les évènements, je peux choisir comment les interpréter, l'importance à leur donner, l'optique à adopter. Tu peux choisir de dramatiser ou de positiver. Je suis responsable de ce qui m'arrive et je dois me prendre en main. Je peux, dans une certaine mesure du moins, rejeter la négativité de ma vie. Et c'est juste tellement agréable d'être capable de voir les choses de cette façon ! Et de, pour une fois, ne pas me sentir responsable seulement du mauvais mais aussi et surtout du bon. Le pendant négatif est que ma capacité de compassion pour les gens qui se plaignent pour rien et dramatisent a très probablement diminué. Mais après tout, je préférerais entendre que je peux changer les choses et faire en sorte que ça s'améliore plutôt que « Oh mon pauvre chou, tu es maudit décidément ! »
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