Chapitre 22
En début d'après-midi, Harry et Drago étaient de retour au ministère de la magie. Malgré la désapprobation d'Hermione, le sorcier à lunettes, pas encore remis de sa blessure à la tête, avait tenu à aller interroger Alexandre Briston, qu'ils avaient capturé. Drago n'était pas trop pour non plus, évidemment, mais lui-même était curieux d'apprendre de nouvelles choses au sujet de leur affaire. Surtout que le meurtrier était enfermé dans une cellule au fin fond du département de la justice magique. C'en était réjouissant.
Nos deux protagonistes étaient en train de traverser le bâtiment à grandes enjambées, afin de rejoindre le fameux département. Ils se parlaient avec ferveur et exécutaient de grands gestes avec leurs bras, faisant se retourner les gens sur leur passage.
"Ce n'était absolument pas nécessaire !" S'exclama Harry, mécontent, essayant de rattraper son amant qui commençait à le devancer.
"Je t'assure que si ! Tu t'es pris un sacré coup sur la tête et tu te l'es ouverte à plusieurs endroits ! Il faut la protéger." Répondit Drago, sûr de lui, levant les yeux au ciel pour la énième fois depuis qu'Harry faisait sa crise de nerf.
"Ce n'est que quelques égratignures ! En plus, maintenant, tout le monde me regarde comme si j'étais taré !"
"Tout le monde t'a toujours regardé comme si t'étais taré, Harry. Je ne vois pas en quoi ça changerait quelque chose."
"Je ne fais qu'attirer l'attention depuis hier, à cause de ce fichu article ! Je n'ai pas besoin de me faire remarquer d'avantage."
"Je te signale que si les gens te regardent, ce n'est ni à cause de ce journal débile, ni à cause de ce que tu portes sur la tête. C'est parce qu'ils ont tous eu vent de ton sauvetage -envers moi- de la veille. Ils ressentent pour toi de l'admiration, car tu t'es encore une fois comporté en héros, et de l'inquiétude, car ils savent également que tu t'es blessé."
"Merci, psychologue Malefoy, pour cette brillante analyse médico-légale. N'empêche que cette chose autour de ma tête ne fait que confirmer ce dernier sentiment." Marmonna le brun sous les ricanements de Drago, qui le trouvait malgré tout craquant sous son nouveau couvre-chef.
L'objet du désaccord entre les deux hommes se résumait au bandage qui enveloppait la tête de l'élu. Hermione et Drago, de paire, l'avaient jugé indispensable à la guérison d'Harry. Le mal de crâne de ce dernier s'était dissipé grâce à la potion de sa meilleure amie, mais le bandage permettait tout de même d'assurer la cicatrisation des blessures externes.
Bien entendu, Harry désapprouvait totalement, et il n'aimait pas l'image que lui donnait ce pansement, bien trop tape-à-l'oeil à son goût.
Après cette petite conversation mouvementée, Harry et Drago furent obligés de clore le sujet car ils étaient arrivés à destination. Un homme, qui paraissait au bout de ses forces, les accueillit.
"Ah ! Bonjour monsieur Malefoy, bonjour monsieur Potter. J'ai appris vos prouesses de la veille, vous n'êtes pas trop blessé ?"
"Non non, je vous remercie..."
"Il est là ?" Questionna le blond à l'attention de l'homme, en montrant d'un geste de la tête une petite salle sur sa droite, fermée par des verrous magiques en bronze et cloisonnée au possible.
"Oui. Je reviens d'un quatrième interrogatoire- non, cinquième... Enfin je ne sais plus, on a tenté de le faire parler tellement de fois. Mais comment voulez-vous mener un interrogatoire si le suspect refuse tout net de ne vous dire rien que son prénom ?" S'exclama l'homme, dépité.
"Attendez... Vous voulez dire qu'il n'a rien dit du tout depuis que vous l'avez capturé ?" S'étonna Harry, qui n'en revenait pas.
"Rien du tout. Je n'ai jamais vu un cas pareil. Peut-être que vous aurez plus de chance que nous. En tout cas, bon courage."
"Merci, Artery."
Le dénommé Artery saisit alors sa baguette magique, et d'un mouvement, fit s'ouvrir les loquets qui bloquaient l'accès à la porte. Il fit entrer Harry et Drago, puis referma la porte derrière eux.
La pièce n'était pas très lumineuse. Comme dans une salle d'interrogatoire moldue, il n'y avait qu'une table vide et quelques chaises rudimentaires, dont l'une, d'un côté de la table, était occupée par un homme à l'allure très peu soignée. C'était l'individu qu'ils avaient attrapé la veille.
"Je suis l'auror Potter et voici mon collègue monsieur Malefoy." Annonça Harry en posant ses mains sur la table métallique, tandis que Drago se plaça à côté de lui, les bras croisés, histoire de se donner un air sévère.
"Monsieur Briston, c'est ça ?"
L'homme resta muet, mais continua de fixer ses interlocuteurs, le visage sans expression et les yeux fixes, remplis d'hostilité.
"Vous êtes accusé d'une série de meurtres contre des moldus. Niez-vous les faits ?"
Toujours pas de réponses.
Harry soupira. Ce n'était pas gagné.
"Monsieur Briston, avouez-vous oui ou non avoir tué onze personnes avec des armes blanches, puis avoir crevé leurs yeux à l'aide de votre baguette magique ?"
Silence.
"Avouez-vous avoir tenté d'enlever le petit Elliot Darminz en s'introduisant dans sa chambre ?"
Silence.
"Monsieur Briston." Siffla Harry en essayant difficilement de garder son sang froid. "Est-ce que vous préférez être envoyé à Azkaban sans toute forme de procès ?"
L'homme en face de lui ne bougea pas d'un poil, ce qui fit exploser le brun.
"Ok, c'est bon. Ça suffit." Lâcha-t-il en se retournant, furax, et en quittant la pièce, suivi de Drago, dont les méninges tournaient à plein régime.
Dehors, les deux hommes retrouvèrent Artery, un avion en papier mauve étiqueté du logo du ministère dans la main.
"Alors ?" S'enquit l'homme.
"Je crains que nous n'ayons pas plus de succès que vous, Artery."
"Souhaitez-vous utiliser le véritaserum ?"
"Non, je veux qu'il parle de lui-même." Répondit Harry, résigné.
"Je viens d'apprendre que le service de contrôle des baguettes magiques a examiné la baguette de Briston. Rien à signaler de suspect à part qu'elle a bien servi à lancer le sortilège de mort. Il n'est pas non plus sous imperium. Voulez-vous qu'une équipe d'aurors prenne le relais dans la salle d'interrogatoire ?"
"Non merci. On va réussir à le faire craquer. Pas besoin d'aide supplémentaire."
Sur ce, Harry quitta la pièce et se dirigea dans le couloir par lequel ils étaient arrivés, faisant les cents pas en essayant de trouver une solution au problème.
Soudain, Drago, qui n'avait rien dit jusqu'à maintenant, brisa le silence.
"Et si... Et si cet homme n'était pas Briston ? Tu y as pensé ?"
Cette remarque fit se stopper Harry dans sa marche répétitive.
"Quoi ? Pas possible."
"Si, au contraire ! Rappelle-toi: Briston déteste pratiquer la magie, or, il a lancé un avada hier soir contre nous ! C'aurait été la première fois qu'il tuait quelqu'un à l'aide de la magie, s'il avait atteint sa cible."
"Peut-être qu'il l'a fait par autodéfense." Suggéra Harry en haussant les épaules.
"Je ne crois pas que Briston sache exécuter un petrificus totalus, alors un avada kedavra..."
"Mais-"
"Tu peux essayer le véritaserum si tu veux. Je te parie qu'il ne sait même pas qui est Elliot Darminz."
"C'est insensé."
"Cette homme ne ressemble en rien au Alexandre Briston de notre photographie. De plus, Briston nous a été décrit comme quelqu'un de manipulateur, malin et sadique. Rien à voir avec l'homme assis dans la salle d'interrogatoire, qui reste muré dans son silence."
Harry fronça les sourcils. Vu sous cet angle... Mais non, Briston était forcément cet homme puisqu'il était tombé dans le piège des aurors la veille au soir. Et pourtant..
Les arguments de son amant se mirent peu à peu en place dans la tête d'Harry, s'associant les uns aux autres, et l'esprit pêle-mêle du brun se rangea et s'ordonna, n'y laissant qu'une évidence claire comme de l'eau de roche.
"Drago, tu es un génie !" S'exclama l'élu en sautant au coup du blond avec enthousiasme, revigoré.
"Je sais..." Fit Drago avec une moue blasée, suivant Harry qui était déjà retourné vers la salle d'interrogatoire d'où ils venaient de sortir.
Une fois à l'intérieur, Harry, avec un sourire sadique à la serpentard que Drago ne lui connaissait pas, s'approcha lentement de la table derrière laquelle se trouvait le vrai/faux Briston.
"Bon." Commença-t-il en s'asseyant à nouveau en face de l'homme. "À nous deux."
Harry fit une courte pause, histoire de savourer l'effet -inexistant- de ses paroles, ce qui fit rire intérieurement le blond.
"Nous savons que vous êtes un imposteur." Annonça le brun. "Vous n'êtes pas Alexandre Briston."
La barbe mal taillée de l'individu remua imperceptiblement.
"Alors je vous le demande: qui êtes-vous ?"
Au grand damne des deux hommes, aucune réponse ne leur parvint.
Drago décida alors d'intervenir.
"Monsieur Briston...-je vais vous appeler monsieur Briston, puisque vous ne niez pas vous appeler comme ça-... Vous décidez de ne pas coopérer, tant pis pour vous. Le juge vous jugera pour les crimes que vous n'avez peut-être pas commis et vous serez transféré à Azkaban sans autre cérémonie, fin de l'histoire. Ou alors vous déclinez votre véritable identité et vous vous évitez la prison à vie. C'est vous qui voyez."
Harry était soufflé par la prestance de Drago en ce moment. Il dégageait quelque chose d'envoûtant et de puissant, qui le laissait sans voix.
Le blond fixait l'imposteur avec son regard glacial. Ce dernier restait muet, mais on pouvait voir que ses yeux avaient de plus en plus de mal à soutenir ceux de son interlocuteur. Cependant, il ne dit toujours rien, et Drago haussa les épaule.
En repartant vers la porte, il lâcha d'un ton inconcerné:
"C'est votre choix."
Le blond s'apprêtait à tourner la poignée de la porte quand soudain, précipitament, une voix rauque annonça:
"Omar McNamaley."
Les deux internes du ministère trassaillirent. Enfin, ils avaient gagné. Drago jubilait intérieurement, et Harry avait envie de lui sauter au coup tellement il était impressionné par la réussite de l'intervention de son petit ami. Cependant, aucun des deux protagonistes ne montra son soulagement, et ils se contentèrent de se retourner lentement vers leur homme avec un air sérieux.
"Pardon ?"
"Je suis Omar McNamaley." Répéta l'interrogé.
"Eh bien finalement, je crois qu'on va pouvoir faire affaire avec vous." Dit Harry en regagnant sa place.
"Vous avez fait le bon choix, monsieur McNamaley." Ajouta son coéquipier. "Maintenant, vous allez nous dire ce que vous faisiez dans la maison des Darminz le soir où une bande d'aurors prévoyaient d'arrêter un tueur en série."
"Je peux pas." Marmonna Omar, qui ne regardait désormais plus ses interlocuteurs dans les yeux.
"Et pourquoi donc ?"
"Parce que sinon, il me tuera."
"Qui vous tuera ? C'est qui il ?"
"C'est Alexandre Briston, n'est-ce pas ?" Avança Harry.
L'homme hocha la tête et lâcha, avec une voix presque suppliante:
"Il va me retrouver et me tuer, c'est sûr. Je suis mort..."
"Non, monsieur McNamaley. Nous allons vous mettre sous protection judiciaire jusqu'à ce que ce criminel ait été arrêté. Après, nous vous jugerons pour le sortilège de mort que vous avez tenté de lancer sur les aurors."
Omar émit un court gémissement.
"Ne vous inquiétez pas." Le rassura Harry. "Vous ne risquez rien si vous continuez à nous donner des informations sur cette fameuse soirée d'hier."
À moitié convaincu, l'homme se lança dans les explications tant attendues.
"Hier, en fin de soirée, j'étais dans un bar à Londres. Et quand je suis sorti, un gars m'a accosté. Il n'avait rien d'anormal, et il était assez jeune. Il a hésité avant de me donner son nom."
"Pardon de vous interrompre, mais est-ce bien l'homme sur cette photo ?" Le questionna Drago en lui mettant sous les yeux l'image de Briston qu'ils avaient récupéré.
"Oui, c'est lui. Donc il m'a tout de suite proposé un marché. Il fallait que je transplane dans cette maison de balieue, plus précisément dans la chambre d'enfant à l'étage. Après, je devais revenir à l'endroit où il m'attendait."
"Donc si je comprends bien, monsieur McNamaley servait de cobaye au meurtrier. Briston était sur ses gardes, et il a préférer envoyer quelqu'un vérifier si la voix était libre ou non." Résuma Drago en s'adressant à Harry.
"Oui." Répondit ce dernier. "Si McNamaley revenait, c'est qu'il n'y avait pas d'aurors dans les parages. S'il ne revenait pas, -ce qui fut le cas- c'est que son plan était tombé à l'eau et qu'il n'avait pas intérêt à se montrer. Continuez, je vous en prie."
"Euh... oui. Et bien du coup, ce gars m'a donné l'adresse, et j'y suis allé. J'aurais pas du..."
"Je suppose que Briston vous a assuré qu'il vous paierait lorsque vous reviendriez." Hypothésa le sorcier à lunettes.
"Non, ça faisait partie du marché. Il m'a payé avant. Par contre, il m'a menacé de mort si je n'exécutais pas les ordres qu'il m'avait dicté." Soupira Omar.
"Il y a juste une chose qui me chiffonne..." Annonça Drago en fronçant les sourcils. "Il vous a payé en argent ?"
"Ah non, pas en argent." Le contredit L'homme. "Bien plus que ça. Il m'a donné ceci."
Et, suivant ces paroles, McNamaley sortit de sa poche un coutelas en argent ciselé, qui devait coûter autant d'argent qu'il n'était tranchant.
Soudain, Harry eu un déclic. Son visage se décomposa, et avec stupeur, il se retourna vers son partenaire.
"C'est un des couteaux que Julia Vandenberg a accroché au mur de sa cuisine !"
À suivre...
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