Chapitre 21


Harry était dans l'incapacité totale de dire s'il se sentait bien ou s'il se sentait mal. Autour de lui, tout était sombre, et il avait l'impression de flotter dans le néan. Tout ce qu'il savait, c'est que les caresses dans ses cheveux et sur sa tête lui faisaient un bien fou, mais que la tête en question était de plus en plus douloureuse de minute en minute. Ou peut-être était-ce d'heure en heure ? En tout cas, il avait perdu la notion du temps.

Mais cette douleur devenait de plus en plus forte, et les doux frissons sur son cuir-chevelu n'arrivaient plus à masquer pleinement l'inconfort d'Harry. Il essaya de se tortiller, de bouger ses membres, en vain. Malgré cela, il reprit peu à peu conscience, ses idées se remettant en place dans sa tête. Enfin, il émergea pleinement et battit des paupières, aveuglé par la lumière agressive qui n'était en réalité pas si forte que ça.

"Harry !" S'exclama Drago qui se tenait à côte lui, étant sans surprise l'auteur des massages crâniens. "Comment tu te sens ?"

Lorsque la vision brouillée d'Harry se stabilisa, et qu'il put enfin discerner les choses autour de lui, il tourna la tête, et vit son amant qui se trouvait accoupi, les pieds sur un tapis qu'il lui semblait vaguement connaître. Drago était accoudé à la couche d'Harry, et ce dernier en déduisit avec raison que cela devait être un canapé. Le blond avait des cernes gigantesques et était complètement décoiffé, signe évident qu'il avait une nouvelle fois sauté une nuit de sommeil.

"J'ai mal au crâne." Répondit le brun, la bouche pâteuse.

"Je sais. Tu t'es pris un sacré coup. Mais après que t'ais avalé un médicament, ça ira mieux."

"On est où ?"

"Chez Hermione. Elle s'occupe de toi."

En parlant du loup, la jeune femme sortit de la cuisine et alla dans son salon, où se trouvaient les deux hommes, un gant de toilette mouillé dans une main, un verre rempli d'une substance inconnue dans l'autre.

"Ah ! Notre belle-au-bois-dormant est réveillée !" S'exclama-t-elle, en posant le gant de toilette sur le front de son meilleur ami, à la place d'un autre presque entièrement sec.

"Hermione ?" Réagit Harry, distinguant une tête gigotante au- dessus de lui.

"Nan, Viktor Krum. Tu veux que ce soit qui ?"

Harry grogna et se renfrogna. Puis, fronçant les sourcils, il demanda:

"Il est quelle heure ?"

"Il est onze heures et quart et-"

"QUOI ? Je suis resté inconscient toute la nuit ?" S'écria le brun en tentant de se mettre sur ses pieds, très vite repoussé par Drago.

"Non." Le contredit Hermione. "Juste une partie de la nuit. Et toute la matinée."

"Oh Merlin. Mais il faut que je retourne au ministère !" Persévéra Harry en se démenant, essayant d'échapper à la poigne de son companon.

"Non, tu restes ici !" Lui ordonna ce dernier avec ferveur. "Tu es encore trop faible pour marcher droit !"

"Mais Briston-"

"Briston est enfermé dans une salle d'interrogatoire au ministère. Relax, tout va bien."

"Mais il faut qu'on aille l'interroger !"

"Dois-je te rappeler que ta tête a subi un choc violent ? Tu as failli te briser le crâne." Répliqua Hermione en levant les yeux au ciel.

"Non mais moi, aussi..." Rouspéta Harry contre lui même. "J'ai foncé droit dans un mur comme un gros c-"

"Pardon ?" S'indigna le blond en prenant en coupe le visage d'Harry afin qu'il le regarde dans les yeux. "Tu m'as sauvé d'un sortilège de mort ! Pire: encore un peu, et tu te le prenais à ma place !"

"C'est mon côté gryffondor." Conclut l'élu comme seule explication, arborant un sourire moqueur. Il s'était enfin résigné à rester ici pour le moment. Hermione et Drago avaient raison, sa tête lui faisait trop mal.

"Je constate que ça va, son cerveau n'a pas été trop retourné sous le choc." Commenta Hermione, faussement sarcastique.

Drago, soulagé, souffla un bon coup. Il s'était fait un sang d'encre toute la nuit, de peur qu'Harry ne se réveille pas ou qu'il ait des séquelles.
Il prit les mains du brun entre les siennes, et lui fit un sourire rassurant, quoique bien trop niais pour venir d'un Malefoy. Mais bon, vous l'en excuserez.
Hermione regarda la scène avec un sourire dissimulé, puis décida d'intervenir à sa manière:

"Bon. Tout ça c'est mignon tout plein, et je suis désolée de casser cette instant merveilleux, mais tu dois prendre ton médicament, Harry."

Le concerné grogna en voyant le contenu du verre que sa meilleure amie lui agitait sous le nez.

"C'est quoi ?" Demanda-t-il, perplexe.

"Peu importe. Bois."

Avec une grimace, le il s'exécuta. C'était tout simplement horrible. Malgré le goût immonde de la mixture, Harry se sentit mieux après l'avoir bu. Sa tête arrêta de tourner et la douleur s'estompa un petit peu.
À présent assis sur le canapé, il regarda Hermione de haut en bas. Elle était en pyjama, et portait une robe de chambre rose pâle. Ses pieds étaient emmitouflés dans de grosses chaussettes, et ses cheveux étaient encore plus en bataille que ceux de Drago.

"Tu n'es pas allée travailler, Hermione ?" S'enquit Harry.

"J'ai abandonné l'idée quand ton petit ami est venu me réveiller au plein milieu de la nuit avec un Harry Potter inconscient dans les bras."

Stupéfait, Harry lança un regard à Drago. Le blond paraissait gêné, alors Harry lui sourit afin de le détendre.

"Et Ron ? Il travaille ?"

"Oui. J'étais en mission toute la journée d'hier, et comme je suis rentrée super tard, mon mari et mon fils sont allés dormir chez Molly."

"Pourquoi ?"

"Contrairement à sa mère, Ronald ne sait pas faire la cuisine."

À l'expression blasée de la jeune femme, les deux coéquipiers pouffèrent. Harry reconnaissait bien l'attitude de son meilleur ami.
Soudain, Hermione sortit le journal de sous le canapé, et s'expliqua:

"J'ai trouvé ça sur la table de la cuisine quand je suis rentrée hier soir. Ron doit être furax. Est-ce que... vous l'avez lu ?"

"Comment l'éviter ? C'est Kingsley qui nous a prévenu. Mais de toute façon, celui ou celle qui a écrit ce maudit article ne voulait que nous faire une mauvaise blague. Personne d'autre que toi ne sait pour notre relation." Répondit Harry en haussant les épaules de manière optimiste.

"Tu n'y serais pas pour quelque chose, par hasard ?" La questionna Drago. "Tu es amie avec Weasley fille, alors-"

"Sache, bondinet, que je ne traillis jamais mes amis, et que je ne raconte jamais leurs secrets."

"Mais tu dois bien avoir une petite idée de qui ça peut être ?"

Hermione se mordit la lèvre. Son idée était complètement infondée.

"Non, aucune idée. Cependant, vous devriez vous méfier de-"

Hermione ne put terminer sa phrase. Avec un bruit de porte qui claque, Ginny et Astoria déboulèrent dans la pièce, suivies de Ron et de Molly Weasley.
À la vue de Harry, cette dernière se précipita vers lui en courant, et le prit dans ses bras.

"Oh, Harry chéri ! Tu n'as rien ? J'étais tellement inquiète !" S'exclama-t-elle.

"Non, ça va... Mais qu'est-ce que vous faites tous là ?" S'étonna-t-il, déconfit, bien qu'au fond de lui, voyant l'expression colérique de Ron, il se doutait déjà de la réponse.

C'est Ginny qui répondit à sa place. Elle regardait Drago comme s'il était une saleté sur sa chaussure. Malgré ce mécontentement, dans ses yeux, il y avait une lueur, qui paraissait être de la fierté. Et Astoria partageait cette lueur étrange.

"Hier, Harry, tu n'es pas rentré de toute la journée. Alors ce matin, je suis allée voir au ministère. Tout le monde parlait de ton "héroïque" sauvetage de cette nuit. Je t'ai cherché partout ! Alors j'ai appelé Ron, puis maman pour savoir où tu étais. Et mon frère a émis l'hypothèse que tu étais peut-être ici. Visiblement, il avait raison."

"Euh... si je peux me permettre..." Intervint Drago, qui était regardé de travers par tous les nouveaux arrivants. "Qu'est-ce que ma femme fait ici ?"

"Franchement, je sais pas non plus." Grommela Ron.

"Astoria et moi sommes dans le même camp. Si nous sommes ici, c'est parce que nous sommes convaincues que nos maris nous trompent." Répondit Ginny, qui paraissait sûre d'elle. "Et toi, Hermione, tu m'as beaucoup déçue. Je pensais que tu étais de mon côté. Mais de là à héberger la fouine et mon mari infidèle chez toi, c'est au-dessus de tout ce dont je te croyais capable."

Harry et Drago pâlirent. Même Hermione, qui savait rester maître d'elle-même, semblait au bord de la crise de panique. Cependant, elle ne ploya pas le moins du monde, et répliqua avec un ton des plus supérieurs:

"Si vous croyez ça parce que vous avez lu ce tas de mensonges qu'est la Gazette du Sorcier, vous vous trompez sur toute la ligne !"

"Cest faux !" S'exclama Astoria pour la première fois. "La Gazette dit vrai !"

"Vous ne pouvez pas en être certaines, vous n'avez pas de preuves !" Répliqua la ministre de la magie.

"Peux-tu alors nous expliquer pourquoi tu te trouves en la charmante compagnie d'Harry et de Malefoy ?"

"Parce qu'Harry a été blessé cette nuit en mission ! Drago a jugé bon de venir me voir car j'avais les antidotes appropriés pour le soigner."

"Ginny, arrête d'accuser Hermione !" Lui reprocha Molly. "Je suis sûre qu'elle ignore tout de la liaison de ton mari avec monsieur Malefoy."

"Moi aussi !" Dit Ron.

Peu convaincue, Ginny souffla.

"Mouais."

Harry et Drago se regardèrent dans les yeux. Comme s'ils pensaient à la même chose, ils se comprirent sans avoir besoin de parler, et hochèrent la tête l'un envers l'autre à l'unisson.

"Pour ma défense, j'aimerais confirmer la thèse qu'Hermione ne sait rien, tout simplement parce qu'il n'y a absolument rien entre Drago et moi. On travaille ensemble, c'est tout. Je n'ai pas envie de le répéter mille fois." Exposa le brun.

"Oh, Harry chéri..." lâcha Molly, qui était sûre et certaine que son gendre était purement innocent.

"Excuse-moi, mon pote. Mais il faut que je vérifie." Annonça Ron en s'avançant vers Harry.

Le roux sortit un flacon rose de sa poche, et sans cérémonie, en versa le contenu sur la tête du sorcier à lunettes. Ce dernier, aveuglé par le produit dégoulinant de son visage, se leva à son tour, face à son meilleur ami.

"Ron ! Ça va pas, la tête ? Pourquoi t'as fais ça ?" S'emporta Harry, en colère.

"C'est une potion spéciale Weasley pour détecter les effets d'un filtre d'amour." Expliqua Ron. Mais, après quelques secondes, ce fut à son tour de changer de couleur.

"Et ? Qu'en conclus-tu, Ron ?"

"Euh... et bien... il n'y en a pas."

"Exactement. Tu croyais vraiment que Drago m'avait fait boire un filtre d'amour ?"

"Excusez-moi, mais je pense qu'on devrait tester cette potion également sur mon mari. Qui a dit que c'était lui qui avait ensorcelé Potter et pas l'inverse ?" Proposa Astoria en croisant les bras d'un air sévère.

"Impossible." Répondit Molly. "Je connais Harry, il n'aurait jamais fait ça."

"C'est vrai." Confirma Ron. "En plus, je n'ai emporté qu'un seul flacon."

"De toute manière, vous croyez vraiment que je me serais laissé verser cette immonde mixture sur la tête ?" Répliqua le blond en les regardant comme s'ils étaient des idiots finis.

"Je sais que tu me trompes, Harry !" S'écria la rousse, désespérée. "Astoria aussi le sait. Elle me l'a dit."

"Je suis désolée, ma chérie, mais Hermione à raison." Dit Molly en essayant de résonner sa fille. "Il n'y a aucune preuve, et je crois que nous avons accusé Drago à tord."

"Ben voyons." Lâcha sarcastiquement ce dernier.

"Mais l'article dans la Gazette ! Je sais qu'il est vrai." Se défendit Ginny, abattant sa dernière carte.

"Ah, d'ailleurs, en parlant de cet article..." Intervint Drago en regardant la femme d'Harry dans les yeux. "Dis moi, Weaslette, tu ne travaillerais pas à la Gazette du Sorcier, par hasard ?"

"À la rubrique des sports !"

"Ok, très bien. Alors, si tu es aussi innocente que tu t'efforces à le faire croire, as-tu la moindre idée de qui aurait pu écrire un pareil article ?"

Discrètement, Hermione esquissa un sourire. Elle était à présent sûre que Drago pensait comme elle.
En plein dans le mille.

"Euh... non, aucune idée." Répondit la jeune femme, le rouge lui montant aux joues. "Mais euh... Toi Harry, et toi aussi, Malefoy !" Se reprit Ginny en pointant les deux hommes du doigt. "Vous avez intérêt à ce que ces rumeurs soient fausses, parce que j'ai été obligée d'envoyer une lettre à mes fils pour les rassurer ! Ils ont lu la Gazette ! J'ai affirmé à Albus que c'était un mensonge, et que son père ne me trompait pas avec le père de son meilleur ami. Même si je sais, malgré vos excuses pitoyables, que ces rumeurs sont fondées !"

Sur ce, elle quitta la pièce, menton haut levé, avec toute la dignité qui lui restait, Astoria sur les talons. Molly la suivit des yeux, jusqu'à ce qu'elle entende la porte d'entrée se refermer. Elle soupira:

"Désolé pour le dérangement, tout le monde. N'en voulez pas trop à Ginny, Elle est susceptible. Toutes mes excuses pour la beuglante, Drago. Je pensais que ce que disait ma fille était vrai, ainsi que l'article dans le journal."

"Pas de problème, je comprends." Répondit le blond, compatissant, mais tout de même un peu chamboulé.

"Remets-toi bien, Harry chéri. Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais moi signe."

La mère de famille s'en alla à son tour, suivie de Ron. Avant de disparaître complètement, il lança par-dessus son épaule:

"Ah, et encore désolé pour la potion, Harry !"

Enfin seuls à nouveaux, Drago lâcha, avec une expression qui ne laissait paraître aucun doute:

"C'est elles."

"Quoi ?" Fit Harry, déconcerté.

"C'est Astoria et Ginny qui ont écrit l'article de journal."

Hermione soupira.

"Bien sûr que c'est Astoria et Ginny."

À suivre...

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