Chapitre 17


Dans le domaine du manoir Malefoy, une ombre apparut, et se fondit aussitôt dans l'obscurité. Il était encore très tôt, et les jours commençaient à se raccourcir à vue d'oeil. L'ombre était une personne. Un jeune femme. Emmitouflée dans sa cape d'hiver, elle marcha jusque sur le perron de la grande demeure, et toqua. On aurait pu croire qu'elle était intimidée de se trouver dans un lieu inconnu et à l'allure inquiétante, mais non. Elle se sentait sûre d'elle et forte.

Soudain, la grande porte s'ouvrit sur une seconde jeune femme, qui malgré l'heure, semblait tout à fait réveillée. Elle était élégante au possible, avec sa robe noire et ses cheveux bruns aux boucles lâches. À côté, l'autre femme, aux cheveux roux lisses encapuchonnés dans sa cape et au vieux pull tricoté par sa mère, se sentait étrangère au chic de l'endroit, ce qui la mit mal à l'aise. Cependant, elle ne se découragea pas.

"Bonjour. Vous êtes Astoria Malefoy ? Je suis Ginny Potter." Annonça-t-elle.

Astoria, dans l'encadrement de la porte, soupira.

"Si vous êtes venue pour me reprocher d'avoir frappé votre mari, vous pouvez-"

"Je vous demande pardon ?"

"Oh. Je... entrez, alors."

Légèrement décomposée, la jeune femme fit entrer Ginny, et la conduisit jusqu'au salon. Un feu brûlait dans la cheminée, dégageant une douce chaleur, et contrastant avec le froid de l'air au dehors.

"Je suis venue vous voir pour vous parler de mon mari, en effet, mais j'ignorais que vous l'aviez... frappé ?" S'étonna Ginny en s'installant sur le fauteuil que la maîtresse des lieux lui présentait.

Astoria s'assit sur le fauteuil d'en face, et chercha les mots pour s'expliquer:

"Oui, je me suis légèrement emportée, mais je vous assure que c'était avec raison. Je suis désolée de vous l'apprendre, si vous ne l'avez pas encore remarqué, mais votre mari tourne autour du mien."

"Et le vôtre autour du mien !" S'exclama Ginny.

"Alors vous savez. Nous sommes d'accord."

"Nous sommes d'accord."

Au fond d'elle, Ginny était soulagée que quelqu'un partage ses doutes. Elle aimait beaucoup Hermione, mais son amie ne prenait pas son parti. Alors elle était venue voir Astoria pour se confier.

"C'est pour cela que je suis ici." Dit-elle. "Mon mari est distant, ces temps-ci. Et je suis convaincue que le vôtre aussi."

"C'est juste." Confirma Astoria. "À vous dire vrai, je suis heureuse que vous soyez venue. J'aimerais tirer ça au clair."

Ginny lui raconta les problèmes qu'elle avait avec son mari. Elle lui parla de l'obsession qu'Harry avait pour l'enquête qu'il partageait avec Drago Malefoy, et même des regards qu'elle avait surpris entre eux à Poudlard. Astoria l'écouta attentivement, comprenant sa frustration, puis raconta également sa version de l'histoire, quasiment identique à celle de la rousse.

"Je suis désolée, je ne peux pas vous dire si mon mari était à la maison et le vôtre en mission, l'autre nuit, car j'étais dans ma famille avec la mère de Drago."

Ginny hocha la tête, puis tiqua. Non, impossible...

"La mère de Drago, vous avez dit ?"

"Oui. Il y a eu un procès, lundi, et elle a été libérée. Son mari est mort en prison, la semaine dernière."

"Je l'ignorais... mais c'est étrange, car il faut forcément l'accord de la justice magique et de la ministre pour... enfin, peu importe. En ce qui concerne les moments qu'ils passent ensembles, ils sont à mes yeux bien trop fréquents. Je sais qu'il y a une enquête importante en cours, mais tout de même. Il faut trouver un moyen de faire cesser ça."

"Dites-moi, vous travaillez bien à la Gazette du Sorcier ?" Questionna énigmatiquement Astoria.

"Oui, pourquoi ?"

"J'ai une idée."

Pendant ce temps, au ministère, Harry et Drago avaient repris les recherches, à nouveau dans le bureau de ce dernier, se plongeant dans les mêmes dossiers que la veille.

"Qui est la première personne à avoir été tuée par Briston ?" Demanda Harry, ses lunettes lui glissant du nez, penché sur un compte rendu datant d'il y a quatre ans.

"Eumm... là. C'était une femme. Elle s'appelait Emma Darminz et avait 22 ans quand elle est morte. Elle possédait un appartement à Londres et ses parents habitaient une maison dans la périphérie. Peut-être qu'ils y habitent encore..." Avança Drago.

"Je propose qu'on aille rendre une petite visite aux trois victimes féminines de Briston. Commençons par Emma Darminz, elle a du être l'élément déclencheur."

"Tu crois que notre homme a commis une série de meurtres à cause d'elle ?"

"Non. Je pense plutôt que Briston voulait depuis longtemps sa revanche sur ses amis d'enfance. Mais il a rencontré cette fille, et je ne sais pourquoi, quelque chose l'a poussé à la tuer. Commettre un meurtre pour la première fois n'est pas facile, mais les fois suivantes, d'après ce qu'on dit, il suffit de le vouloir pour le faire. Alors il s'est dit qu'avec déjà une morte sur les bras, il n'avait rien à perdre, et qu'il était temps qu'il élimine tous ceux qui lui ont fait du mal." Expliqua le brun.

"Tu as sans doutes raison. En tout cas, ça vaut la peine d'être vérifié."

Les deux hommes se mirent donc en route, suivant l'adresse indiquée sur le dossier, et transplanèrent dans un quartier aux maisons pavillonnaires identiques, dans le même esprit que celles de Privet Drive. Les gens qui pouvaient se payer ce genre de maisons avaient sans doute beaucoup d'argent, de même pour celle qui était censée être la maison des Darminz. Les deux hommes sonnèrent, espérant que les parents d'Emma habitaient toujours ici. Heureusement, la porte s'ouvrit sur une femme d'une cinquantaine d'années, au regard fin et éveillé.

"Bonjour !" Dit-elle jovialement.

"Bonjour." Répondit Drago. "Nous sommes les policiers Potter et Malefoy, et nous venons pour vous parler du meurtre d'Emma Darminz."

"Oh." Fit la femme en prenant un air sérieux. "Ça fait quelques années, maintenant, que je n'ai plus eu de visite de la part de la police. Ma foi, si vous êtes ici pour arrêter le psychopathe qui a tué ma fille, vous êtes les bienvenus."

Et, toute joyeuse, elle fit entrer les deux pseudo-policiers dans le salon, et les fit asseoir sur le grand canapé en cuir marron. Sur un fauteuil, il y avait un homme, de la même tranche d'âge que la mère d'Emma.

"Bonjour. Vous devez être le mari de madame Darminz. Nous sommes policiers." Annonça Harry en allant lui serrer la main, suivi de son partenaire.

"Oui, c'est moi." Répondit l'homme, étonné de voir des policiers dans sa maison pour la première fois depuis quatre ans.

"Rasseyez-vous, je vous en prie." Dit madame Darminz en apportant un plateau avec des tasses de thé et des biscuits.

Elle s'assit elle aussi sur un fauteuil, et demanda:

"Bon. Que voulez-vous savoir ?"

"En fait, nous avons ré-ouvert le dossier de Briston, l'assassin de votre fille. Et nous voulions savoir dans quelles circonstances elle est morte."

"Oh, eh bien... Elle a été retrouvée morte dans son appartement. Vous devez déjà savoir que son visage n'était disons... plus vraiment intact ?"

"Oui, en effet. Nous en avons fait l'expérience." Grimmaça le blond.

"Il faut que je vous avoue qu'il y a quatre ans, je n'ai pas tout dit à la police. En réalité, ma fille connaissait très bien son tueur. Ils sortaient ensemble depuis deux ans. Emma l'avait rencontré à sa sortie de fac. Elle ne voulait pas faire de longues études, juste ouvrir son restaurant le plus rapidement possible. Elle était très douée, vous savez. Mais pendant quelques mois, juste avant qu'elle ne se fasse tuer, Emma était partie en voyage au Mexique, pour apprendre les méthode de cuisine des mexicains. Alors Briston et elles ne se sont pas vus pendant tout ce temps.

"Et... vous aviez déjà rencontré monsieur Briston ?"

"Une fois. Il était venu manger à la maison. Il avait l'air d'être un jeune homme timide, mais charmant. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences." Finit-elle avec une note plus amère dans la voix, qui disparut aussi vite qu'elle était arrivée.

"Et avaient-ils des problèmes dans leur couple ?"

"Oh non, notre fille nous rendait très souvent visite, elle nous ne cachait rien. Et je sais également pourquoi Emma est morte. Elle avait fait croire à son petit ami qu'elle était enceinte."

"Et ce n'était pas vrai ?" S'étonna Drago.

"Mais... enfin, pourquoi aviez-vous caché cette information à la police, il y a quatre ans ?" Demanda Harry en fronçant les sourcils, certain que quelque chose lui échappait.

"Pour protéger Elliot. Il n'était qu'un bébé, à l'époque."

"Qui ?"

"Elliot. Quand Emma, sa mère, est morte, elle n'était pas enceinte. Elle avait déjà accouché."

À suivre...

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