"Harry ? Harry !"

"Mmmm."

"Harry réveille-toi ! Cest l'heure."

"Laisse-moi dormir."

Drago soupira. Il avait peut-être perdu une bataille, mais il n'avait pas perdu la guerre. Son amant, maintenant on pouvait le dire, était enfoui sous la couette du lit du blond, qu'ils avaient pour la première fois partagé à deux cette nuit. Cela avait été intense. Érotique. Merveilleux.
Mais cette activité nocturne avait impliqué un manque de sommeil évident, et pour le moment, Harry était simplement crevé, la tête profondément enfonçée dans un coussin, dont on ne voyait dépasser que quelques bouts de sa chevelure brune décoiffée. Quant à lui et fidèle à lui même, le blond était déjà frais et dispo pour la journée qui commençait, lavé et habillé, alors qu'il n'était que huit heures du matin.

"Harry, tu te souviens qu'il faut qu'on aille rendre une petite visite à Anthony Bart ? Alors bouge !"

Sans réaction de la part du paresseux, Drago soupira. Il lui restait tout de même une dernière solution.

"Harry, ça te dit des pancakes ?"

Soudain, comme par magie, le brun se redressa, les sens à l'affût et les yeux grands ouverts, une expression à moitié folle scotchée sur le visage.

"Nan sérieux, t'en as fait ?"

Une demi-heure plus tard, les deux hommes marchaient dans les rues de Londres, un petit papier indiquant une adresse en guise de repère.

"J'en reviens pas, tu fais de meilleurs pancakes que Molly Weasley." Commenta Harry, le ventre plein.

"Je te l'ai dit, j'ai des talents cachés. Ah, regarde, c'est là."

Devant eux se tenait la façade d'un immeuble d'allure ordinaire, dans tout ce qu'il y avait de plus moldu. Ils entrèrent et cherchèrent le numéro concerné, grimpant les escaliers d'étage en étage, jusqu'à ce qu'ils se trouvent devant la porte de l'appartement de Bart.
Harry toqua. Ils s'étaient tous deux habillés d'un manteau, pour paraître ordinaire aux yeux des moldus. Celui que portait Harry lui avait été prêté par son partenaire, et le brun avait peur d'y faire une tâche, tellement ce vêtement avait du lui coûter cher.

Après quelques secondes, un jeune homme d'une trentaine d'années leur ouvrit, un sourire sur le visage et l'allure sympathique.

"Bonjour. Que puis-je faire pour vous ?" Questionna-t-il.

"Bonjour, nous sommes Harry Potter et Drago Malefoy, et nous sommes en mission pour le minis-"

"Pour la Police !" Le coupa Harry. "Nous sommes en mission pour la Police criminelle de Londres."

"Oui, c'est ça. Pour la Police criminelle de Londres..." Se reprit Drago, un peu gêné.

"Criminelle ?" Releva l'homme en ouvrant de grands yeux. "Il s'est passé quelque chose ?"

"Nous allons tout vous expliquer. Une petite question... vous êtes bien Anthony Bart ?"

"Le seul et l'unique. Venez vous asseoir !" Lança Bart en ouvrant grand la porte pour faire passer les deux "Policiers".

L'appartement était assez petit, mais neuf. Il était évident que la peinture venait d'être refaite, les murs étant encore imprégnés de l'odeur chimique du produit. Les meubles étaient pour la plupart en bois, et dessus étaient posées des babioles et des statuettes venues d'autres pays. Le parquet était jonché de cartons, cetains à semi-déballés ou déjà vides, d'autres encore pleins et fermés avec du gros ruban adhésif.

"Vous venez d'emménager, monsieur Bart ?" Demanda suspicieusement le blond.

"Oui. Je viens de rentrer dans le pays. J'ai passé mon enfance en Irlande, mais à mes dix ans, mes parents et moi sommes allés vivre en Indonésie. Mes souvenirs sont là-bas. Mais j'avais envie de changer d'air, donc me voilà."

"Et vos parents ?"

"Ils sont restés en Indonésie. Ils y ont leur travail et leurs amis, donc inutile de les faire venir en Angleterre. Je leur rendrai visite. Mais si vous me donniez la véritable raison de votre présence ici ?"

"Nous voulons vous parler de l'un de vos amis d'enfance." Exposa Harry. "Il s'appelle Alexandre Briston. Vous viviez tous les deux à Castlebar."

"Briston... Ah, oui ! Je m'en rappelle. C'était un drôle de bonhomme. Sa mère aussi, d'ailleurs. On avait notre groupe d'amis. En gros, tous les petits garçons du quartier. On jouait ensemble pendant les vacances et les week-end. Les autres et moi allions à l'école primaire de Castlebar jusqu'à ce que je déménage. Sauf Alexandre. Je n'ai jamais compris pourquoi, mais sa mère ne l'envoyait pas à l'école. Elle disait qu'il apprenait très bien à la maison. Je me rappelle qu'une fois, Alexandre a voulu nous accompagner en classe. Alors il a quitté sa maison dans le dos de ses parents et s'est introduit en douce dans l'école. Vers dix heures, sa mère est entrée en trombe dans le bâtiment, hurlant à qui voulait l'entendre qu'elle cherchait son fils. Finalement, elle a rammené Alexandre chez lui, et le pauvre a du passer un sale quart d'heure." Expliqua Anthony Bart en riant.

"Et... Pourquoi dites vous que c'était un drôle de bonhomme ?"

"Oh, vous allez me prendre pour un fou. J'étais gamin, à l'époque."

"Dites toujours."

"Ok. En fait, parfois, Anthony faisait des choses étranges. Un jour, il a réussi à verrouiller une porte alors que justement, il n'y avait pas de verrou. Une autre fois, on jouait aux pirates, avec les autres enfants du quartier. On se servait de bâtons pour imiter des sabres, car on avait rien d'autre sous la main. J'ai quitté Alexandre des yeux quelques secondes, et figurez vous que quand je me suis à nouveau retourné vers lui, à la place du bout de bois, il tenait un vrai sabre dans la main. Un truc énorme. On aurait pu croire qu'il se ventait de savoir faire ces trucs bizzares, mais non. Lorsqu'on lui posait la question, il niait tout en bloc."

"Donc si je comprends bien, vous n'étiez pas le seul à se rendre compte des choses curieuses que faisait Briston ?" Demanda Harry.

"Non, les autres voyaient ça aussi bien que moi. D'ailleurs, quand cela se produisait, ils ne lui menaient pas la vie facile."

"Développez, s'il vous plaît."

"Et bien, quand les autres demandaient à Alexandre de refaire ses "tours de magie", il était dans le déni. De plus, il refusait d'essayer de les refaire. Alors forcément, ça ne plaisait pas au groupe et les autres le tabassaient."

"Et évidemment, vous étiez en dehors de tout ça." Exposa Drago avec un sourire accusateur.

Cette remarque bien placée fit rougir Bart jusqu'à la racine des cheveux. Il commença à bégayer, essayant en vain de s'expliquer:

"Je... vous savez, j'étais jeune, et je n'étais pas le plus influent du groupe, alors... j'étais un peu obligé de suivre le mouvement..."

"Bien sûr. Bon, nous allons vous laisser, monsieur Bart. Merci de votre aide pour l'enquête." Conclut Harry en se levant, incitant Drago à en faire de même.

"Mais d'ailleurs, vous ne m'avez toujours pas dit pourquoi vous vouliez savoir tout ça. Vous êtes de la Police criminelle, alors il y a forcément eu un crime !" S'exclama Bart, tenant à sa réponse.

"Non." Répondit sèchement Drago. "Alexandre Briston est recherché car il a commis une série de meurtres morbides il y a quatre ans. Sur ce, bonne journée."

Une fois à l'extérieur, les deux hommes décidèrent d'aller manger pour la seconde fois au Rodam, mais cette fois, c'est Harry qui invitait. Puis ils rejoignirent le ministère, où ils recherchèrent d'autres informations sur Briston et sur Bart, en vain. Ils reçurent également la visite d'Hermione, rentrée de son court voyage aux Etats-Unis, qui les félicita de vive voix pour la victoire du procès.

Harry n'était pas rentré chez lui depuis la veille. Et ce n'était toujours pas aujourd'hui qu'il le ferait, parce que vers dix-sept heures, les deux hommes rejoignirent à nouveau le manoir Malefoy, avides de pouvoir profiter de l'un et de l'autre en toute tranquillité. Puis, alors qu'Harry et son partenaire étaient allongés sur le lit de ce dernier, à moitié en train de s'endormir l'un contre l'autre, l'élu eu une idée.

"Drago ? Ça te dirait d'aller à la fête de Slughorn ?" Demanda-t-il, éveillant l'intérêt du blond.

"Quoi ? Je croyais que tu ne voulais pas y aller. Et puis de toute façon, ne rêve pas. Ce cher professeur a invité Harry Potter, pas Drago Malefoy."

"Je me disais que ça pourrait être marrant. On pourrait y aller tout les deux, rien que pour embêter Slughorn. J'ai toujours rêvé de le mettre mal à l'aise."

"Ça, c'est une idée très serpentard." Commenta Drago en haussant un sourcil.

"C'est vrai. Mais tous les gryffondors ont un côté serpentard. Surtout moi. Alors ?"

"C'est d'accord." Accepta le blond, jubilant autant que son amant.

"Tu me prêtes une chemise ?" Demanda Harry avec un grand sourire.

"Sers-toi en vêtements. Prend ce que tu veux."

Harry se leva et ouvrit la grande armoire où étaient rangés les effets vestimentaires de Drago. Il piqua une tenue complète au blond, comme il l'avait fait le matin même, et tomba sur la chemise parfaite.
Après l'avoir enfilée, Harry se présenta devant Drago, pour avoir son avis.

"Finalement, le vert te va plutôt bien." Fit remarquer Drago en contemplant la chemise en question, de couleur vert émeraude, faisant ressortir les yeux du brun.

Une fois les deux hommes prêts, ils transplanèrent à Pré-au-Lard, n'osant plus passer par la cheminée de McGonagall. Ils en profitèrent pour marcher jusqu'aux grandes portes main dans la main, personne ne pouvant les voir. Puis ils rejoignirent la tente aménagée du professeur de potions, comme lorsqu'Harry était en sixième année et qu'il avait été forcé d'assister à cette réception ennuyante. Heureusement, celle d'aujourd'hui s'annonçait bien plus plaisante.

Quand Slughorn, qui acceuillait ses invités à l'entrée, les aperçut, il courut presque vers eux, son visage illuminé d'un grand sourire.

"Monsieur Potter ! Quel plaisir de vous voir ici présent ! Vous êtes un homme de marque, et toutes les autres personnes seront heureuses de vous rencontrer !"

Soudain, l'expression du professeur se figea. Son sourire devint crispé, puis disparut tout à fait de son visage livide.

"Ah oui !" S'exclama faussement Harry, cachant son amusement. "J'ai oublié de vous prévenir. Je vous présente Drago Malefoy, un grand ami et collègue de travail à moi. Nous vous avions rendu visite ensemble, l'autre jour. J'espère que sa présence ne vous pose pas de problème, professeur ?"

À suivre...