9 : Le Jugement (4/6)

L'homme d'environ 45 ans se leva, et marcha comme un zombie jusqu'au bureau. Il était très brun, avec des yeux verts-bleus, et de larges épaules. « Parle-moi de ta vie, et de la façon dont tu es mort. »

— Je vivais tranquillement avec ma femme, infirmière, et mon fils dans une maison à la campagne. J'étais un boucher redouté dans le coin, mais quand ma femme s'absentait, je buvais beaucoup et j'avais l'habitude d'aller frapper mon fils juste après. Enfin, je ne m'en rappelais pas trop en général, j'étais saoul comme un trou, c'est ma femme qui me disait que j'étais responsable des ecchymoses de notre fils. Un jour, d'ailleurs, Lucia, est partie au travail, pressée, et m'a laissé seul avec Elvis. Cette fois-ci, il a résisté, et il a fini par me descendre.

— Sais-tu ce qu'il a fait ensuite ?

— Non...

— Il t'as cuisiné et t'as servi à ta femme. Avant qu'il lui dise qu'elle était en train de manger le cœur de son propre mari, elle t'a trouvé délicieux.

— Quelle horreur... ce gamin est un fou. Je suis sûr que c'est son metal qui l'a rendu comme ça.

— Absolument pas, reprit d'emblée la faucheuse, glaciale. C'est à cause de toi-même qu'il a réagi ainsi. Je dirais que cette histoire pourrait très bien se nommer sobrement Fils de boucher. Tu peux aller te rasseoir en attendant ton jugement. »

Il le fit. « Viviane. »

Celle-là, c'était sans doute la petite chouchoute de la faucheuse. Une jolie blonde aux yeux bleus qui devait avoir aux alentours de 12 ans se leva, et marcha en baissant les yeux jusqu'au bureau. « Parle-moi de ta vie, et de la façon dont tu es morte.

— Et bien, je... mes parents sont morts, je vivais chez mon oncle et ma tante un peu fous... bon, d'accord, très fous, qui me battais pour un rien. Un jour, en rentrant du collège, je me suis faite écraser par une voiture, et je crois que c'était quand j'étais dans mon lit d'hôpital, vous m'aviez fait faire un rêve où je revoyais la scène de mon décès d'une manière un peu différente. Vous étiez floue, vous me proposiez votre aide pour m'éviter de devoir retourner chez mon oncle et ma tante. J'ai refusé, et vous avez fini par vous mettre à me courir après. Pendant un moment, lors de la course-poursuite, j'ai vu une voiture au bout de la route, puis vous m'avez attrapée, et assaillie avec votre faux.

— Tu as su que étais vraiment morte, si je peux dire ça comme ça, au moment où ma faux a fondu sur toi dans ton rêve, c'est pourquoi je vais appeler ton histoire Du rêve à la réalité. Tu peux aller te rasseoir en attendant ton jugement. »

Elle le fit. « Diane. »

La jeune femme d'environ 30 ans, à la peau incroyablement blanche, aux cheveux blonds platine attachés en chignon et aux yeux marrons tristes se leva, et marcha à son tour jusqu'à la Mort. « Parle-moi de ta vie, et de la façon dont tu es morte. »

— Je... j'étais boulangère dans un petit village, je vivais une vie heureuse, et puis un jour vous avez commandé un tremblement de terre, et à cause de vous nous sommes tous morts !

— Quand tu étais dans ta tombe, avais-tu conscience qu'il y avait un jeune dénommé Ricardo qui venait de voir ?

— Je n'ai jamais connu de Ricardo.

— Sans doute, mais ce jeune homme était un nécrophile, un jour il a fouillé parmi le coin du cimetière où tous les habitants de ton village avaient été enterrés, et il t'a trouvée, toi. Il revenait souvent te faire l'amour, en étant persuadé que tu pouvais le sentir...

— Beurk ! C'est répugnant !

— J'ai quand-même trouvé cet amour qu'il vouait à une femme idéale qu'il n'avait sans doute jamais pu avoir dans son vivant très touchant, j'appellerai votre histoire Amour jusqu'à l'au-delà. Tu peux aller te rasseoir en attendant ton jugement. »

Diane ne semblait pas très contente du titre de son histoire, mais elle alla quand-même se rasseoir sans rien dire. « Angelina. »

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