Une voix rauque répondit :

- Oui ?

- Coucou Akuma, tu me reconnais ? C'est moi, ta Vitoria, je suis là !

La jeune femme s'attendait à ce que l'autre lui réponde quelque-chose, mais rien ne se passa. Même la porte ne s'ouvrit pas. Vitoria aurait pu profiter de cette aubaine inespérée pour finalement s'enfuir jusque chez elle, mais elle brûlait d'envie de savoir à quelle point la douleur que lui réservait Akuma était intense. Elle sonna à nouveau. La voix rauque décrocha à nouveau, et s'excusa :

- Oh, pardonne-moi, j'étais tellement impatiente que j'en ai oublié d'ouvrir la porte...

Cette fois-ci bien sûr, elle n'oublia pas, et Vitoria put enfin rentrer. Elle se rappelait parfaitement que son ennemie habitait au troisième étage, parce qu'elle avait jadis déjà trouvé le moyen de pénétrer dans son immeuble, et avait vu son nom et l'étage auquel elle résidait inscrits sur sa boîte aux lettres. Elle y avait d'ailleurs déposé une boîte de chocolats, qu'Akuma avait trouvé presque immédiatement, et, sans se douter que cela venait de son ennemie jurée, avait ouvert pour en déguster le contenu. Mais bien sûr, ces chocolats n'étaient pas vraiment en chocolat, puisque Vitoria avait en fait trouvé le moyen de les fourrer à la pâtée pour chien. Akuma avait immédiatement su que cela venait de son ennemie en voyant un grand V tracé en doré sur le fond de la boîte lorsque celle-ci avait été entièrement vidée. Cette farce typique du premier avril était loin d'être la seule que Vitoria lui avait faite, et d'ailleurs la jeune femme regorgeait encore d'idées pour faire venir son ennemie à bout...

En arrivant au troisième étage, l'invitée s'étonna en voyant que la porte de l'appartement était déjà entre-ouverte. Akuma tenterait-elle de la prendre par surprise ? En entrant dans la pièce principale étrangement déserte, Vitoria repéra immédiatement sur le mur juste une face une feuille de papier blanche détournée en pancarte mentionnant : PLEASE CLOSE THE DOOR BEHIND YOU. La jeune-femme sourit, mais elle ne comprenait pas trop quel genre d'accueil l'autre avait mis en scène. Elle se dit pendant un moment que cette dernière était tout simplement partie en oubliant de refermer la porte derrière elle, que cette pancarte avait toujours été là et non pas accrochée pour l'occasion, et qu'elle, elle s'était bêtement trompée d'horaire ou de jour, ou encore qu'Akuma n'avait pas eu la patience de l'attendre et était sortie faire un petit tour pour passer le temps. Pourtant, elle changea à nouveau d'avis en repérant une autre pancarte de papier blanc sur laquelle était dessinée une grosse flèche rouge sang montrant une direction. Vitoria sourit en se disant « et bien, voilà qu'elle a peur devenir m'accueillir en face ? » Soudain, son regard qui scrutait les alentours de la sombre pièce au papier peint à rayures bleues et rouges se bloqua sur le sol : même sur une moquette noire comme la mort, on distinguait très nettement une imposante tâche de sang. Vitoria se dit alors « ah bah non, en fait on dirait qu'elle essaye déjà de me faire peur... » La jeune femme de moins en moins rassurée mais en même temps de plus en plus excitée continua vers la direction des flèches rouges. Elle se retrouva à la fin devant une porte sombre sur laquelle une toute dernière pancarte mentionnait : WELCOME ! Étrange, Vitoria ne voyait pas du tout Akuma écrire un grand Welcome sur la porte de sa chambre. Elle s'attendait plus à un DO NOT ENTER ou encore à un DANGER !. Elle se décida enfin, et tourna la poignée pour pénétrer dans cette pièce mystérieuse.