3 : Supplice vers le Paradis (21/24)
La démunie ne sentit rien au début, mais lorsque la sourde torture de la brûlure commença à remonter son corps, elle se sentit aussi bien (ou mal, c'était toujours difficile de trancher entre les deux) que si on était en train de lui prendre la peau et de l'arracher lentement du reste comme on épluche un clémentine. Comme toujours, elle ne se priva pas de hurler, et ses glapissements mélangés au rire cruel d'Akuma, lorsqu'ils arrivèrent à l'ouïe de Diego, épouvantèrent le jeune homme.
D'autres petites flammes venaient d'être déposées à divers endroits du corps de l'ensanglantée, sur son dos, dans sa nuque ou sur son bras, comme si ce feu n'avait été qu'une simple petite cerise qu'on déposait sur le gâteau. L'épluchure de chacune de ces brûlures meurtrissait tout sur son passage, comme le feu qu'on fait au camping qui finit toujours par cramer les branches, et chacune semblait en plus venir se réunir en un même point, qui avait déjà trop souffert : en plein milieu du dos. Mais pourtant, avant même qu'elles aient eu le temps de se rassembler et de se mélanger pour créer un feu encore plus puissant, les petites flammes mouraient en chemin. Il semblait d'ailleurs que la pauvre Vitoria n'allait pas tarder non plus. Néanmoins, Akuma avait encore deux supplices à lui faire subir avant d'aller lui ouvrir elle-même la porte d'un appartement qui était celui de la faucheuse. Elle se redressa et alla barrer les brûlures sur sa liste, avant de jeter le briquet qui n'allait désormais plus lui servir au fond de son sac à main.
Diego attendait impatiemment que la police arrive. Cela faisait trois minutes qu'il les avait appelés, ils devaient être en chemin. Il jeta un œil à la bibliothèque dans la salle à manger d'Akuma, en espérant pouvoir trouver un livre apaisant à lire le temps de l'arrivée des autorités et des secours. Raté : tous les livres, quel que soit leur type, romans, recueils de nouvelles, bandes-dessinées, livres documentaires ou recueils de poèmes qu'avait Akuma ne parlaient que de sang, de sexe, de souffrance et de mort. Il se doutait bien qu'il en était de même pour tout les films, séries, documentaires ou clips vidéos qu'elle regardait, et la musique qu'elle écoutait.
D'ordinaire, ce genre de choses n'est pas suffisant à nous rendre aussi violents que dans les histoires. Ce n'était même pas le fait qu'Akuma soit entourée de ces choses-là qui faisait d'elle la dérangée qu'elle était. Non, au contraire, même avant de se mettre à vivre dans la fiction horreur, elle avait toujours été comme elle était maintenant, complètement demeurée par sa psychose. Même dans la vie réelle, elle jouissait de voir des gens souffrir, et mourir, elle y éprouvait d'ailleurs encore plus de plaisir que lorsqu'elle lisait, regardait un film ou écoutait de la musique traitant de ce sujet-là. Il n'y avait pas à dire, elle était d'un sadisme maladif.
Et pour pouvoir trouver de quoi se satisfaire, quoi de mieux que d'avoir une ennemie d'un masochisme maladif ? Comme on l'aura compris, c'était le cas de Vitoria. Et même si au fond d'elle le plaisir d'Akuma était mitigé parce qu'elle ne faisait pas totalement mal à sa victime, rien ne l'empêchait d'en jouir. C'était d'ailleurs bien ce qu'elle avait voulu dire au début du rendez-vous. Pour citer sa réplique, elle avait déclaré « Toi et moi avons une passion commune, seulement notre façon de l'exploiter n'est pas la même, et c'est ce qui créée chez nous une sorte de complémentarité...»
La passion commune d'Akuma et Vitoria était la douleur. Elles ne l'exploitaient pas de la même façon parce qu'Akuma n'aimait que la créer, et Vitoria n'aimait que la recevoir. C'était ce qui créait chez elles une « sorte de complémentarité », car en offrant le mal à l'autre ou en s'offrant au mal de l'autre, elles se faisaient plaisir mutuellement. Diego n'avait pas été là pour entendre la réplique, et de toute évidence elle n'aurait même pas pu lui être audible de chez lui car les murs solides de son salon l'avaient étouffée, mais il n'avait en rien eu besoin de l'avoir entendue pour pouvoir la comprendre, maintenant. Cela faisait cinq minutes qu'il avait appelé la police, il supposait qu'elle était presque arrivée.
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