Pendant ce temps là, alors que Mokato méditait toujours, quelque-chose sembla la troubler, et elle ouvrit brusquement les yeux. Elle regarda furtivement autour d'elle, et cria :

- Qui est là ?

Personne ne répondit, même pas un coup de vent. La jeune fille se dit qu'elle avait sans doute eu une fausse intuition, et pourtant elle ressentait toujours une présence, très proche, comme si quelqu'un était dans sa chambre, juste derrière elle, prêt à la prendre par surprise.

Pendant ce temps là, Lucy, Bastien et Thomas venaient de finir leur pique-nique. Lucy annonça à Bastien :

- Puisque que tu observes mon soutien-gorge depuis tout-à-l'heure, je suppose que tu te demandes pourquoi j'ai mis ce haut de bikini. Et bien, en fait, c'est parce que nous allons à la piscine, et ce dès maintenant.

- Quoi ? sursauta Bastien, à la fois heureux et indigné, mais... pourquoi est-ce que vous ne m'avez pas prévenu ? Je n'ai même pas de maillot de bain !

- On voulait te faire une surprise, déclara Thomas, et en ce qui concerne le maillot de bain, ne t'inquiètes pas, j'ai ce qu'il faut...

Il sortit soudain un caleçon de bain appartenant à son ami de son sac.

- Il me semble que ceci est à toi, n'est-ce pas ?

Le jeune homme étourdi fut agréablement étonné :

- Hé, mais... c'est mon maillot de bain préféré ! Je le cherche depuis des semaines !

- Tu l'avais oublié chez moi la dernière fois que tu étais passé.

- Ah... Merci de me le rapporter...

L'adolescent se sentait un peu idiot, mais sans plus, il récupéra le caleçon que son ami lui tendait, et la petite bande se dirigea vers la piscine.

Au même moment, dans sa chambre, Mokato était en train de pleurer toutes les larmes de son corps. Toutes ces questions de paranoïa avaient fini par avoir raison d'elle. Désormais, elle était persuadée que le pirate informatique serait de retour dès le lendemain, prêt à pénétrer une nouvelle fois dans son cerveau. La jeune fille saisit une paire de ciseaux, et commença à se tracer quelque-chose sur le bras. Elle écrivit un grand M.

M comme Mokato, M comme Manipuler, M comme Mordre, M comme Major, M comme Mourir, M comme Manger, M comme Masturbation, M comme Menstruations, M comme Mutilation, M comme Mélancolie, M comme Musique, M comme Magnifique, M comme Marionnettiste, M comme Moitié-synthétique... Ce M pouvait avoir des milliers de signification.

Du sang coulait de son bras, des fils commençaient à sortir. La jeune fille n'avait désormais plus conscience de ce qu'elle faisait. Son âme était belle et bien partie loin, très loin, dans un endroit sombre et verrouillé duquel elle ne pouvait pas sortir pour venir aider son corps. Sa maladie et sa paranoïa prenaient le dessus. Elle refit des dizaines de fois le M. Le sang coulait de plus en plus, les fils partaient de plus en plus. Elle finit par lâcher les ciseaux, et par s'écrouler à terre.