Beaucoup de gens la connaissant suffisamment la considéraient comme une intelligence artificielle, mais elle n'en était pas une, car il lui restait quelques parties, notamment un morceau d'âme humaine en elle, et elle ne se laissait pas reprogrammer facilement. Ce qui lui donnait également une réputation de fille totalement insensible auprès des gens la connaissant suffisamment, mais comme dit ce n'était pas le cas, et, car chacun a ses failles et ses faiblesses, Mokato était du style paranoïaque. C'était son point faible psychologique. Son point faible morphologique était sans aucun doute sa poitrine, elle aussi refaite, mais avec des matériaux bien moins résistants que le reste de son corps, et qui devait constamment être bricolée, car elle continuait en permanence de pousser, sous les commandes de ses hormones humaines.

Ce qui restait étrange dans tout cela, c'est que bien qu'elle eu ces seins d'une taille considérable, son appareil reproducteur était figé et, selon une récente analyse, ne pourrait très certainement jamais fonctionner. Autour aucun poil ne poussait, il n'y avait rien. Voyant le corps des autres filles de son âge, Mokato se sentait en même temps trop petite, mais en même temps trop grande. C'était peut-être aussi cette grande différence qui la mettait mal à l'aise, mais elle au moins, elle ne rejetait pas son mal-être sur autrui.

En face de chez elle, vivait un garçon de son âge, nommé Bastien. Bastien était dans la même classe que Mokato, et était secrètement amoureux d'elle. Ce garçon avait le même problème qu'elle mais en moins pire, c'est-à-dire que quelques-uns de ses organes avaient été artificialisés. Il était albinos à la base. Heureusement les médecins, qui avaient remarqué que la clarté de sa peau pouvait être dangereuse, avaient pu lui programmer une couleur un peu plus foncée qui le protégeait mieux des rayons du soleil, car ses parents l'amenaient constamment à la plage pendant les vacances, petites ou grandes, pour essayer de lui remonter un peu le moral. Ses yeux étaient rouges à la base, mais tout comme Mokato il les avait crevés. Ses implants oculaires à lui étaient nettement moins réalistes que ceux de la jeune fille, car au moment de l'opération, les chirurgiens n'avaient plus d'yeux en stock, ainsi il devait se contenter d'une forme de lunette. Mais, cela lui plaisait, car il avait découvert qu'il pouvait voir en mode infrarouge avec.

D'ailleurs il était en train de sortir de son immeuble, avec ses cheveux blancs dressés en petite crête sur son crâne, habillé d'un pantalon kaki et d'un T-shirt bleu marine. Ce dernier était surmonté d'une veste gris très clair, un peu trop large pour le jeune homme, qui lui donnait l'air musclé. Et d'ailleurs il l'était, du moins, plus que la plupart des autres garçons de son âge, sans doute parce qu'il faisait énormément de sport.

En sortant de son immeuble, donc, il vit Mokato, son frère et sa tante rentrer chez eux. Quand il vit la jeune fille, il s'immobilisa, il beugua pendant plusieurs longs instants. Ce qu'il avait envie de la suivre ! De passer du temps avec elle, de l'embrasser, de la caresser, de la surmonter, de lui avouer enfin les sentiments qu'il ressentait pour elle !