1 : Trois Filles, Deux Faux-pères, Une Dispute Mortelle (2/8)
D'ailleurs le couple était au bord de la séparation lorsqu'elle partit pour son expédition nordique, commençant par l'Islande, se dirigeant ensuite vers le Pôle Nord, l'Alaska, et enfin le Groenland. Cependant, elle avait prévu de retourner plus près de chez elle dans les Alpes, puis de se ré-éloigner en Sibérie, au Pôle Sud, d'encore revenir faire une escale en Allemagne, aux États-Unis, et au Japon, avant de revenir prendre sa fille en France pour déménager dans une autre ville... Un voyage désordonné, farfelu, très long, et inachevé, car malheureusement elle avait péri on ne sait comment – sans doute en se faisant dévorer par une avalanche – avant même d'avoir atteint la moitié de son odyssée.
L'adolescente Breaterry était le portrait craché de ses deux parents, avec le même noir d'yeux et le même blond de cheveux, le même caractère froid et déstabilisant, mais avec une imagination encore plus débordante que celle de sa dessinatrice et glaciologue de mère et des plans encore plus diaboliques que son informaticien et espion de père.
Ce dernier hurlait le nom de son enfant sur tout les tons, du joyeux au désespéré en passant par le triste, mais plus généralement l'exaspéré. Il se savait comme un bélier de forte carrure, et il chargea comme une bête féroce sur la porte des WC où était toujours verrouillée sa fille. Au bout de plusieurs tentatives, ni lui, ni la porte, ni elle ayant cédé, le mur semblait aussi endommagé que son visage. Souffrant, il eut le réflexe de foncer à la salle de bains pour se désinfecter, mais les toilettes et la salle de bains faisaient partie de la même pièce dans cette maison, ce fut comme s'il avait à nouveau tenté de défoncer la porte : il se claqua encore plus le crâne.
Il s'y attaqua par ses larges épaules, son dos, ou même son postérieur. Désespéré mais plein d'espoir, il étrangla la poignée de la porte de ses doigts bouffis.
Breaterry était à l'intérieur, entrain de se vernir les ongles en bleu – comme toujours – laissant ses larmes de rage couler avec sa chanson préférée dans les oreilles, branchée sur son mp3. Elle n'avait pas simplement été battue par son père comme les deux autres filles, elle s'était carrément battu avec lui.
Après une dizaine d'autres vaines tentatives, le père sembla devenir fou. Il s'assit et imagina un scénario cruel où il posait une bombe sur la porte, où il fabriquait un robot de guerre pour la démolir, ou encore où il la forçait à s'ouvrir par piratage informatique, lui qui était dépendant à la technologie. Il avait oublié qu'il pouvait désespérément tenter de demander gentiment à sa fille de bien vouloir sortir... De toute manière ça n'aurait fait aucune différence vu qu'elle avait son casque avec sa musique à fond, et que même elle l'aurait encore plus ignoré.
Une autre idée ne tarda pas à le rattraper, pendant que dans la salle de bains, Breaterry retirait ses écouteurs. Il se précipita dans le cagibi.
La jeune fille contemplait ses longs ongles presque secs, lorsqu'elle entendit soudain un claquement de fouet qui la fit sursauter aussi bien que frissonner. L'informaticien derrière semblait être un de ces fous furieux dans les films d'horreurs :
« Sors de là, salope ! »
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