Chapitre onze : Chasseur chassé
Cela fait une heure que nous sommes partis, la petite Mélodie et moi. C'est une fille surprenante, plus athlétique qu'il n'y paraît. Elle porte son barda sans broncher, et est très rapide, ce qui fait de moi et ma jambe meurtrie un boulet. Nous prenons la direction de la forêt, la même qui garde encore le mort de la dernière fois et son chien. Mais nous n'avons pas fais quelque mètres que ma jambe se coince déjà et me fais souffrir. Satané jambe ! Je dois m'arrêter et masser cette dernière pour la soulager, je n'ai vraiment pas le temps pour cela. Je suis immédiatement dévisagé par la petite, perplexe de mon geste. Je me dois de lui expliquer :
« J'ai mal à la jambe, je la masse encore un peu et ensuite on repart, ne t'inquiètes pas. »
Elle continue de me regarder faire, sans un mot. Muette, tant mieux, je préférais ne pas discuter...
Je repars immédiatement après, à la même allure. Je me retourne au bout d'un moment, et je vois une épaisse fumée noir, mon stratagème fonctionne, il me donne du temps, du temps, c'est tout ce qu'il me faut. Je me retourne une heure plus tard, une dernière fois, avant de pénétrer dans la forêt profonde...
La lumière peine à pénétrer le feuillage, ce qui fait le bonheur des champignons de toutes les couleurs, et de la mousse végétal. L'atmosphère est humide, et prend rapidement la gorge. Mais nous n'avons pas le choix si nous devons fuir. Vers midi, je n'en peux plus, et je m'arrête une énième fois contre un arbre. Ma jambe ne supporte pas d'être utilisée si rapidement, si longtemps, et me le fait savoir par des douleurs à la cuisse. Nous nous étions arrêtés dans un trou, à l'abris des regards. Je masse ma jambe pour la soulager, ce qui ne fait que redoubler les douleurs, mais c'est la seul solution.
« Vous avez quoi à la jambe ? »
C'est la première fois qu'elle engage la conversation, et je suis surpris. Sa voix est douce et enfantine, et pas appropriée pour son âge.
« Une vielle blessure, je lui réponds simplement. »
Elle se tait. Elle me regarde faire, comme si elle voulait apprendre quelque chose. Son silence fait ressortir les bruits de la forêt, qui sont plus effrayant que merveilleux. Le gazouillis des oiseaux sont inaudibles par rapport aux bruits des Bêtes et des animaux apeurés ou à l'agonie.
« Comment tu t'appelles ? »
Deuxième interventions de Mélodie. Je continue à masser ma jambe endoloris en lui répondant :
« Mon nom n'a aucune importance, nous nous séparerons très vite, et tu feras ta vie loin de moi.
- Non, restes avec moi Protecteur !»
À ces mots, j'arrête mon massage. Non sans une pointe de fierté, je lui réponds :
« Je ne suis pas ton Protecteur, juste un chasseur de prime qui t'a sauvé.
- Non, tu es mon Protecteur.
- Je ne suis pas ton Protecteur. »
Des bruits de chiens se font soudainement entendre. Il est temps pour nous de partir. Je me lève, et je lui explique :
« Il y a une rivière, nous la traverserons, et nous nous séparerons après. Là s'arrête ma gentillesse. »
Je pars, non sans le retour de la douleur, mais je dois faire avec. Mélodie me suit en silence, sans doute parce qu'elle a compris. Nous traversons rapidement la forêt, et je retrouve le soleil descendant sur ma droite. La rivière est un petit cours d'eau, traversable à pied. C'est ce que nous faisons, nous la traversons sans encombre, en une minute. Nous rejoignions l'autre rive, et nous commençons à pénétrer le reste de la forêt. Je fais quelques pas avant de m'arrêter.
« C'est ici que nos chemins se séparent, jeune fille. À gauche, il y a une ville abandonnée, tu y trouveras refuge. Bonne chance. »
Je commence à partir à droite, quand mes craintes se sont avérées : Mélodie commence à me suivre. Je mets les choses au point :
« Je ne suis pas ton Protecteur, d'accord ? Tu es assez grande pour te débrouiller toute seule.
- Non, tu es mon Protecteur, me répond t'elle avec un air de défi, le sourire en plus. »
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