IV - Chapitre 6 : S'enraciner ou déraciner
Pfiooouh qu'est-ce que ça a été dur de trouver une citation pour ce chapitre !
Bonjour au fait ! Comment vous allez ? Toutes les rentrées doivent être passées maintenant, même les facs ?
Je n'ai pas grand-chose à dire, si ce n'est qu'une partie de mon amour pour le tennis vient de s'envoler ... Roger Federer raccroche enfin la raquette et même si je m'y attendais ça fait quand même un petit quelque chose. Je crois qu'il est le premier match de tennis que j'ai vu, un Roland Garros ... Le débat sur the GOAT est largement ouvert, mais dans mon cœur ça sera lui. Il a tout : l'élégance, un tennis complet, un revers mythique, un sans faute dans son parcours ... Il est incroyable. Il a laissé une marque indélébile sur l'histoire du tennis. Merci pour tout Roger !
Maintenant place au chapitre ! Bonne lecture les enfants !
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Ce qui fait le bonheur des uns et le malheur des autres ne dépend pas des événements eux-mêmes mais des réactions de chacun face à ce qui leur échoit.
- Jean Louis.
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Chapitre 6 : S'enraciner ou déraciner.
Mes parents n'accepteraient jamais et mon frère était un con.
C'était ce que je tirai de ma semaine de négociation avec eux.
Comme l'avait prédit Rose, mes parents répugnaient grandement à partir en me laissant derrière. L'idée avait fait fondre mon père en larme et toute la famille avait suivi. Prendre une décision dans ce climat n'avait alors pas été aisé et mon frère était alors apparu pour mettre de l'huile sur le feu : ce n'était pas à moi de décider à la place de cette famille. Ce n'était pas parce que j'étais une sorcière que je savais mieux ce qui était bons pour eux. Fort heureusement, j'avais des alliés forts à mes côtés : Melania et Miro.
Mon grand-père avait immédiatement saisi toutes les nuances des dangers qui nous guettait, notamment à cause de lui. J'avais vu juste en songeant qu'il ne se séparerait pas de ma mère. Et pour ma tante Beata, une solution était venue à nous comme un miracle : Jaga lui avait soufflé l'idée de rejoindre sa fille Marta en Amérique Latine. Elle était actuellement en train de faire ses valises pour un séjour prolongé, accompagné de son nouvel amoureux. Une véritable aubaine.
Melania aussi se sentait coupable des tracas de notre famille, et c'était bien pour cela qu'elle mettait une telle ardeur à la flanquer hors de l'Angleterre. Seulement, le départ d'Alexandre semblait conditionner au sien et c'était ce qui la faisait profondément hésiter. Je ne pouvais pas blâmer mon frère de vouloir rester pour demeurer auprès de son aimée ... et je comprenais à présent la frustration qui avait pu animer Rose lorsqu'elle avait compris que je restais en grande partie pour Simon.
La raison était d'ailleurs si évidente qu'elle n'échappait à personne. Je l'avais moi-même découvert un matin, dans l'escalier des Bones. J'avais passé la nuit chez Simon après une énième discussion houleuse avec Alexandre : je lui avais laissé ma chambre pour que Melania me remplace en tant que sorcière de la maison et j'étais venue directement ici déverser ma rage sur mon frère. En descendant, vêtue d'une chemise de nuit que je trainais depuis mes quatorze ans et les cheveux en désordre, je saisis les brides d'une conversation qui avait lieu dans le salon :
-... sûr d'avoir fait ce qu'il fallait pour qu'elle parte ? Tu as vraiment tenté de la convaincre, Simon ?
-Evidemment que non, il est capable de se perdre dans un sac à papier sans elle.
-Ulysse, si c'est pour dire ça tu peux sortir et aller directement rejoindre ta sœur.
-Exactement Selwyn, ferme-la et casse-toi.
Avec une profonde stupeur, je reconnus les voix d'Emily, Octavia et Ulysse Selwyn. Plutôt que de me dévoiler et ainsi faire immédiatement cesser leur conversation, je m'accroupis sur les escaliers, l'affut du moindre son. Dans le salon, Ulysse Selwyn ricanait :
-Non, non, je ne pars avant d'avoir eu le fin de mot de l'histoire ...
-Excuse-moi de ne pas vouloir te le donner, répliqua Simon avec humeur. Ce n'est pas comme si notre principal problème était ton frère ...
-C'est justement l'objet de ma présence ici, Bones. Et comme tu as décidé d'être désagréable, tant pis pour toi.
-Ulysse !
-Quoi ? Je dois satisfaire tous ses caprices ? Et c'est moi qu'on traite de « petit prince » !
-On est ravis de savoir que tu es le petit prince de McLairds, ironisa Emily. Maintenant accouche !
Il eut un moment de silence pendant lequel je n'entendis que ma respiration lourde et sifflante. L'atmosphère était tellement tendue que je sursautai lorsqu'une main vint couvrir mon épaule. Je levai les yeux sur le visage étonné de Susan, elle aussi en pyjama et l'œil encore à moitié endormi. Sans attendre, je tirai sur son tee-shirt pour l'amener au sol avec moi.
-Tu espionnes qui ? demanda-t-elle en prenant garde à baisser la voix.
-Chut !
-Nestor est venu chez nous hier, révéla alors Ulysse avec gravité. Il franchit la porte comme ça, tranquillement, comme s'ils nous avaient quitté la veille. Ma mère et ma petite sœur lui ont sauté au cou ... ça n'a pas été la même histoire, quand il s'est retrouvé face à notre père. (Il ménagea son suspens d'une petite pause et acheva avec un soupir : ) pour faire court, il a exigé son rétablissement dans l'ordre familial. Sans quoi nous serions considérés comme des opposants à Vous-Savez-Qui avec toutes les représailles qui vont avec. Tu imagines ce que mon père a décidé ...
-J'imagine, oui ...
Je pressai les paupières, accablée. Oui, Julius Selwyn n'était pas un homme près à tout perdre pour des idéaux. Il était plutôt prompt à défendre ses intérêts de prestiges et de finance. Je ne l'avais jamais considéré comme un allié mais c'était une aura qui avait pu nous assurer une relative tranquillité. Plus maintenant.
-C'est insensé, s'ébahit Emily, incrédule. On réhabilite ouvertement des Mangemorts ...
-Il y a autre chose, ajouta Ulysse d'une voix nettement plus anxieuse. Nestor cherche Mel. Alors je ne sais pas ce qu'il lui réserve, mais je n'ai pas beaucoup aimé son regard quand il en a parlé ... et, il a demandé s'il était encore avec « son moldu » ...
-Par la barbe de Merlin ...
Susan avait refermé sa main sur la mienne et mon cœur s'était mis à tambouriner dans ma poitrine. Ça, c'était Lysandra qui l'avait prédit. Les bons petits soldats finissaient par avoir leurs récompenses ...
-Mon père a fait l'ignorant. Mel est sa petite perle, sa petite préférée, jamais il ne compromettra. C'est pour ça qu'il m'a envoyé avec un message. Je ne sais pas ce qui est prévu pour les Bennett et surtout je ne veux pas le savoir. Je méfie de ma petite sœur, Enoboria. Elle est assez flippante en ce moment, on a l'impression qu'elle sait tout ... C'est insupportable. Enfin bref, je ne veux vraiment rien savoir de ce qui va se passer. En revanche, on veut que Mel en bénéficie.
Ils se murèrent tous dans un silence songeur. Intérieurement, je ne pus m'empêcher de me réjouir de cette nouvelle pourtant alarmante, mais qui poussait Melania sur la voie de l'exil ... mon frère la suivrait certainement, si tel était le cas. Mais je me méfiais d'Alexandre : cette semaine, il s'était donné des allures de brave et stupide révolutionnaire qui ne laisserait pas des sorciers le déloger de son pays.
-Cela dit, j'en viens à me demander s'il y a vraiment un plan, ironisa Ulysse. Sérieusement, elle va rester ? Avec tout ce qui lui pend au nez ?
-Il faut croire ...
-Simon, il faut que tu trouves le moyen de la faire partir, plaida Emily d'une voix tremblante. Vraiment ... Des gens du Ministère sont venus dans mon service avant-hier, ils ont arrêté un médicomage parce qu'il n'avait pas répondu à sa convocation à leur nouvelle commission ...
-Victoria n'a encore rien reçu.
Et c'était ce qui nous donnait le délai nécessaire pour nous organiser. Rose avait découvert que les nés-moldus étaient convoqués par courrier à passer devant la Commission d'enregistrement des nés-moldus. Nous étions censés alors présenter des preuves de notre ascendance magique ... ce qui arrivait dans le cas contraire était un immense trou noir. Pour l'instant, ni Rose, ni George n'avaient pu accéder à l'information. Tout ce qu'ils savaient, c'était que leur nouveau chef était un aristocrate aux nombreux fonds qui avaient toujours été l'un des contacts privilégiés de Thicknesse : Corban Yaxley ... Et lorsque Simon et moi leur avions appris, notre adhésion à l'Ordre ne faisant plus mystère, qu'il était considéré comme un Mangemort, Rose avait failli tourner de l'œil.
Toujours était-il que tant que je n'avais pas reçu cette convocation, je n'étais pas dans l'illégalité. C'était notre planche de salut. Elle était bien maigre et chancelante, mais elle nous permettait de souffler.
-Mais elle la recevra, insista Octavia, irritée. Et ce jour-là il faudrait qu'elle soit loin. Tu vas faire quoi, la cacher dans ton placard ? Oh pardon ...
-Très subtile, McLairds ...
-Ça va.
La voix de Simon était dure, métallique et j'imaginais d'ici sa raideur. Susan se frappa le front contre mon épaule pour fustiger silencieusement l'indélicatesse d'Octavia. Pour Simon qui s'était lui-même retrouvé impuissant dans un placard, l'idée de m'infliger la même chose devait lui soulever le cœur.
-Mais ma question reste légitime. Une fois qu'elle aura reçu la convocation et refusé de s'y rendre, qu'est-ce qui se passera ? Hum ?
-Je ne préfère pas vous le dire, lança Simon avec prudence.
La vérité, c'était que nous-même étions dans le flou le plus total. L'urgence qui occupait nos journées, c'était de convaincre mes parents de partir. Un bruit sourd nous indiqua que quelqu'un venait de frapper la table.
-Mais enfin, elle est inconsciente ! Elle a une autre raison que toi de s'obstiner comme ça ?
-Tu es sûr que tu ne peux la mettre de force dans ... je ne sais pas, les trucs qui volent chez les moldus, comment ça s'appelle ? Je n'en sais rien, mais la forcer à partir !
-Elle ne veut pas, Em' ! Elle ne veut pas, elle veut rester et vous avez beau m'engueuler de toutes les manières que ce soit, je n'y peux strictement rien ! Vous voulez la convaincre ? Allez-y, elle est en haut ! Celle qui y arrive entre directement dans mon panthéon et je lui vouerai un culte à vie, mais croyez-moi, ce sera impossible !
L'énervement et le désespoir dans la voix de Simon me brisèrent le cœur. Depuis une semaine, il ne discutait pas ma décision, n'émettait aucune plainte, aucune protestation, mais je n'ignorais pas à quel point elle lui pesait, à quelle point l'inquiétude le rongeait, à quel point il rêvait de me mettre dans un avion. Touchée, je m'agrippai aux barreaux de l'escalier. En bas, les protestations d'Emily et d'Octavia s'étaient tues. Visiblement, elles devaient considérer que si Simon n'était pas parvenu à me convaincre, elles n'avaient aucunes chances.
-Croyez-moi, je rêve comme vous de la mettre dans un avion – oui, ça s'appelle un avion, Emily. J'ai tout tenté, dans tous les sens. Mais même la perspective d'aller jouer au Quidditch avec Viktor Krum ne la tente pas, qu'est-ce que vous voulez que je propose de mieux ?!
-Il lui a vraiment fait une proposition ? eut l'air de s'étonner Ulysse. Et bien. Je ne pensais pas Bennett si bonne que ça ...
-Ulysse ! râla Octavia, exaspérée.
-D'accord. D'ailleurs je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Officiellement, il faut que Bennett parte avec sa famille. Officieusement, débrouillez-vous comme vous le voulez.
-Si l'illusion marche ..., entonna Emily, songeuse.
L'affolement semblait lentement s'apaiser dans le salon. Comprenant que le sujet me concernant était clos, je pris une profonde inspiration et me relevai. Susan me jeta un regard surpris mais me suivis dans la descente des escaliers. Notre arrivée fit sursauter tout le petit groupe. Ils étaient rassemblés dans le salon, Ulysse debout dos à le cheminée, Emily et Simon dans le sofa et Octavia installée sur mon fauteuil. Ce fut elle qui réagit la première en me gratifiant d'un sourire cynique.
-Et regardez-moi qui arrive dans sa plus belle chemise de nuit !
-C'est ça que j'aurais dû t'acheter à ton anniversaire et pas une robe, regretta Emily, l'air mortifié.
-Ce sera pour l'année prochaine ...
Ce n'était visiblement pas la bonne chose à dire. Les yeux bleus d'Emily s'emplirent mécaniquement de larme et elle baissa la tête, affligée. Visiblement, « l'année prochaine » était une réalité trop lointaine et trop incertaine pour qu'elle s'en réjouisse. Cette fois-ci, cela m'atteint également. Ma sécurité, le danger qui pesait sur moi, les risques de mort, je pouvais gérer, mais pas les larmes d'Emily. Dans ses prunelles humides, j'avais l'impression d'être déjà morte.
-Oh Em' ...
-Je vais t'y mettre de force dans un avion, moi, haleta-t-elle en serrant le poing sur les coussins. A coups de pieds aux fesses !
-Tout ça pour voir Bones te vouer un culte, ricana Octavia.
La remarque eut mérite d'arracher un petit rire à Emily. Courageusement, elle sécha ses larmes et leva le visage pour battre des cils et faire disparaître les dernières.
-Oh par Merlin ... je vais finir par faite un test de grossesse qui pour vérifier si ce n'est pas mes hormones qui jouent avec mes émotions ... Je plaisante ! ajouta-t-elle précipitamment lorsque Simon se redressa sur les coudes, les yeux écarquillés. Je plaisante, enfin, tu me vois avoir un enfant maintenant ?
-Ouf, laissa échapper Simon, soulagé. Désolé Em', mais je ne suis pas encore prêt à te voir enceinte ...
Emily eut un faible sourire mais qui ne trompa personne. Même Octavia nous contemplait avec une certaine pitié, mais finit par s'y extraire en se tournant vers Susan.
-Et une petite Bones ! Et bien elle a bien grandi ! Tu rentres en septième année ? Hum, ajouta-t-elle quand Susan eut répondu par la positive. J'aimerais bien qu'on parle ASPIC, nostalgie et tout mais ... on a plus urgent, non ?
Elle pivota vers son fiancé, toujours planté devant la cheminé, les mains derrière son dos. Avec son regard gris, son visage en lame de couteau et ses cheveux châtains, il ressemblait tant à Melania que ça en était déconcertant. Son nez était simplement plus droit, son expression plus froide, souvent méprisante.
-Et j'aimerais qu'on retourne au sérieux, confirma-t-il avec un hochement de tête. Bennett, ça tombe bien que tu sois là. Il se trouve que ...
-... Tu veux que Mel soit extradée avec ma famille. Ça marche, évidemment.
Ulysse se contenta de hausser les sourcils, mais les trois autres échangèrent des regards gênés en comprenant que j'avais certainement épié toute la conversation. Personne n'osa s'y appesantir, et surtout pas Ulysse qui était au-dessus de tout cela :
-Ça marche ? Vraiment ?
-A vrai dire, tu viens de me fournir le meilleur argument pour convaincre mon frère, avouai-je honteusement. Je suis désolée pour ta famille, bien sûr. Mais si Mel doit s'en aller ...
-Ravi de vous arranger, railla Ulysse. Mel est chez toi, je suppose ? Je vais aller la prévenir avant qu'elle ne se pointe à la maison ... Tu viens ?
Octavia déclina d'un bref mouvement de la tête. Son fiancé sembla un brin contrarié, mais ne pipa mot. Il quitta la maison des Bones en coup de vent, laissant Simon comme seule présence masculine de la maison. George et Rose étaient partis travailler, la mort dans l'âme car selon leurs dires, l'ambiance était devenue pesante et malsaine au Ministère. Ils n'étaient encore ni inquiétés, ni maltraité, mais ils sentaient leurs gestes épiés, les murmures des collègues. D'après George, tout ceux qui avaient des origines moldues avaient subitement disparus. Ils avaient commencé par purger le Ministère ...
-Le mariage, c'est quand ? s'enquit timidement Emily une fois Ulysse parti.
Octavia pinça des lèvres et détourna les yeux.
-Ulysse voudrait le plus vite que possible ... Pour me protéger, vous comprenez ? Que je profite du nom de Selwyn ...
-Mais tu ne crains rien, toi ...
-Plus maintenant, non. (Elle me jeta un long regard affligé). J'ai reçu une lettre des Petits Trolls Rouges, je pense qu'elle a été écrite par la mère de Cédric ... Publication complètement suspendue pour l'instant. Leur ... enfin, leurs locaux ont subi une descente. Irène McAdams a été arrêtée ...
Simon se prit le visage entre les mains. Un poing invisible vint frapper mon estomac. La directrice d'édition avait sous-entendu son ascendance moldue ... avait l'air d'en faire une force, une fierté, une raison de se battre, de nous publier ...
-C'est complètement irréel ..., chuchota Emily. J'en reviens pas qu'on soit en train de vivre ça ... Pourtant en dehors des histoires qu'on entend sur les nés-moldus tout a l'air si ... normal. Dehors la vie continue ...
-Parce qu'on n'est pas la cible, fit valoir Octavia avec dégoût. Tu l'as souligné, Fawley : nous, on ne risque rien. Bones un peu plus à cause de l'histoire sa famille ... mais nous, on est des blanches colombes. C'est pour ça que je ne vois pas l'intérêt de me marier si précipitamment ... Encore moins par les temps qui courent. Je ne suis pas prête psychologiquement, c'est tellement précipité ...
-C'est normal, murmura Simon, presque compatissant. Personne n'était préparé à se prendre cette vague dans la figure.
La tête d'Octavia oscilla doucement avant qu'elle n'acquiesce. Tous paraissaient encore sonné du nouveau tournant que venait de prendre la Communauté Magique. Et pourtant, Emily avait raison. Dehors, la vie se poursuivait. C'était aussi l'analyse de Rose : elle allait travailler, s'occupait des affaires courantes. Elle avait craint d'être attaquée pour avoir mis des Mangemorts derrière les barreaux mais non. Visiblement, Voldemort avait véritablement besoin des bureaucrates pour faire tourner la Communauté Magique le plus efficacement possible. Vraiment, seuls les enfants de moldus et opposants ouverts étaient visés. Chaque matin, La Gazette répétait son avis de recherche sur Harry Potter, toujours sous le couvert de l'interroger sur la mort de Dumbledore ... D'après George, certaines personnes commençaient à douter de son innocence. Son silence était suspect. S'il n'y avait rien à se reprocher, pourquoi ainsi échapper à la justice ?
-C'est dommage pour le livre, laissa échapper Susan, une moue déçue aux lèvres. J'avais hâte de l'acheter ...
Un minuscule sourire s'imprima sur mes lèvres. C'était tout ce que j'étais capable de produire : moi aussi j'étais mortifiée que mon projet sur lequel j'avais tant saigné soit tué dans l'œuf. Malheureusement, une publication avec la nouvelle législation aurait tenue du miracle ... Mon livre, la place de titulaire : toute ma vie était en train de se fracasser contre cette guerre.
-Je te donnerai le brouillon. Tu pourras le vendre sous le manteau à Poudlard ...
-Je ferais fortune, affirma Susan avec confiance. Je vous rendrais cinquante pourcents des gains ... Après tout je prendrais les risques.
-Oh, Susie, souffla Simon.
-Ça va, je plaisantais. Commence pas à faire comme maman, elle est déjà assez pénible. « Susan il faudra faire attention à l'école ! ». Non, sans déconner ?
Elle gonfla les joues avec une telle exaspération que ça en fut comique. Octavia elle-même fut charmée et amusée la verve de la jeune fille.
-Et votre grande sœur, elle pense quoi de tout ça ? interrogea Emily.
-Ne me parle pas d'elle, grogna Susan en roulant des yeux. Elle roucoule toujours. Ça fait dix jours qu'elle n'est pas revenue à la maison ... visiblement ce qui se passe lui importe peu.
-Mais elle n'est pas la seule tu sais. Ça n'importe personne. Un tier des gens a cru à l'argument scientifique du « vol de la magie » et se disent que ce n'est que justice. Un tier s'en fiche et sont simplement soulagés que ça ne les concerne pas, pensent que ça peut mettre fin aux horreurs et que c'est parfait. Le tier qui reste est indigné, mais n'ose rien dire. Le peu qui ose sont écrasés ou si insignifiants qu'ils importent peu.
-J'ai entendu dire que le Chicaneur avait publié un tirage qui s'opposait à la Commission d'enregistrement des nés-moldus, poursuivit Octavia en fronçant du nez. Qui écoute le Chicaneur ?
-Alors ils laissent faire et c'est tout ? conclus-je, écœurée.
-Qu'est-ce que tu veux qu'ils fassent, Vic' ? soupira Emily, défaitiste.
-Le Ministère est complètement sous la coupe d'un mage noir et vous allez me faire croire que ça ne dérange personne ?
-C'est une version un peu extrême des choses, évalua Octavia. Généralement, il est plutôt admis que Thicknesse s'assure la paix par rapport à Tu-Sais-Qui. Certain commencent même à dire qu'il a mis fin à la guerre. Il n'y a plus de grands massacres, de grandes actions meurtrières depuis ...
-Non, maintenant elles se font dans un cadre légal, plutôt accepté, acheva Emily. Vraiment Vic' : du moment que ça ne les concerne pas ... on laisse faire. C'est aussi simple que ça. Mieux vaut vous que nous ...
-Em', prononce encore une fois ces mots dans ma maison et je te mets dehors, d'accord ?
L'acidité dans la voix de Simon obligea Emily à refermer prestement la bouche. Heurtée par sa colère manifeste, je posai une main que j'espérais apaisante sur son genou, mais ça ne fit que le tendre davantage.
-On va y aller, finit par lâcher Octavia, visiblement consciente de la tension qui régnait. On était venu ... te dire au revoir, au cas où mais puisque tu restes ...
-Ce n'est pas idiot ce qu'a dit Selwyn sur le fait de maintenir l'illusion que tu partes, renchérit Emily. Pensez-y ...
Avant de partir, elle me prit dans ses bras, si fort que j'eus la sensation qu'elle ne me lâcherait jamais. Derrière elle, Octavia cacha son visage derrière ses longs cheveux auburn et j'eus la désagréable impression qu'elle dissimulait des larmes. Mais lorsqu'Emily m'écarta enfin pour enlacer Simon, elle pivota vers moi avec son habituel air de princesse, les yeux parfaitement secs.
-Surtout réfléchis bien à ce que tu fais, Victoria ... Vraiment. Ce ... ce n'est pas une honte, de sauver sa vie. C'est même quelque chose de très intelligent quand on y pense. Pitié, sois intelligente, Bennett.
Elle tentait de mettre du détachement dans ses mots mais je sentais surtout l'inquiétude qu'ils véhiculaient. Je croisais les bras sur mon ventre noué par une tonne d'émotion contradictoire. Emily mit une main sur mon épaule.
-Je pensais pas dire ça un jour ... Mais écoute McLairds, Vic'. Je repasserai bientôt, de toute manière ... Prenez soin de vous.
Elle m'embrassa sur la joue et suivit Octavia sur le perron. Je restai longuement debout au milieu de la pièce, à tenter de démêler toutes mes sensations jusqu'à que l'une d'entre elle émerge : j'avais honte. La sensation d'être égoïste, que tous pépiaient autour de moi comme des petits oiseaux affolés par ce que je leur infligeai. Là encore, Rose avait vu juste : je devenais un poids. Par ma simple présence. C'était quelque chose que je n'avais pas particulièrement prévu. Heureusement, Susan fut là pour remarquer mon trouble et m'enlacer avec douceur. Je me laissai aller dans son étreinte.
-J'adorerais te dire que ce sera bientôt fini ...
-Je saurais que tu mens, Susie-Jolie, mais c'est gentil ...
Susan eut un sourire penaud, puis annonça qu'elle allait prendre une douche. Je me retrouvai alors seule avec Simon, resté prostré sur le sofa, une main sur la tempe, l'air complètement dépassé par la situation. Un long silence désagréable s'insinua entre nous jusqu'à ce que j'ose demander :
-Tu m'en veux ?
-Un peu, admit Simon sans détour. Mais tu m'as coincé. « Tu ferais la même chose ». Bon sang, tu as raison et je te déteste pour ça.
-Désolée ...
Simon demeura encore quelques secondes statique, la mâchoire contractée avant de s'arracher au sofa. Il ne fit qu'un vague mouvement pour m'ouvrir les bras, mais je m'engouffrai immédiatement dans la brèche, sans demander mon reste. J'avais besoin de son étreinte, de son soutien, de me souvenir que dans ce monde qui partait dans tous les sens il était l'unique qui gardait du sens pour moi. Même ma famille m'échappait totalement...
-Désolé aussi, murmura Simon dans mes cheveux. C'est juste ... intenable comme situation ...
-Je sais ... pardon, je ne peux pas imaginer ...
Des coups portés à la fenêtre nous interrompirent. D'un même mouvement, nous pivotâmes tous les deux, baguettes à la main, pointée sur le visage concentré de Tonks. Coincée entre arbustes et la fenêtre du salon, elle frappait la vitre frénétiquement. Ses cheveux passaient sans cesse du rose au mauve puis au blond, comme si c'était sa façon nous prouver qu'elle était elle-même.
-Est-ce que le polynectar imiterait son métamorphomagisme ? m'interrogeai-je, curieuse.
-Non, c'est propre à elle, personne ne peut l'imiter.
Je me détendis, rassurée par la réponse, mais aussi par la simple présence de l'Auror. Rassurée et embarrassée. Plus d'une semaine s'était écoulée depuis que Thicknesse avait pris la place de Scrimmegeour, et c'était la première fois que nous avions des nouvelles de l'Ordre. Dans le doute, Simon s'était abstenu d'approcher le Terrier.
-Enfin ! lâchai-je lorsqu'elle pénétra la maison, suivie de Simon. Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Mes parents ont été torturé, d'autres questions ? cingla Tonks.
Je plaquai une main contre ma bouche, horrifiée et honteuse. Tonks poussa un profond soupir et posa une main sur mon épaule.
-Pardon, pardon ... je me doute que ça n'a pas dû être simple de votre côté non plus. Pas de dégât ?
-Pour l'instant, non, répondit Simon, ébranlé. Qu'est-ce qui s'est passé, pour tes parents ?
-Ils ont abrité Harry pendant son transfert. Les Mangemorts le savaient, ils espéraient avoir quelques informations ... (Elle se passa une main sur le visage). Ecoutez, faites vraiment très attention. Vous avez compris ce qui se passait ?
Nous résumâmes toutes nos conclusions tirées des nouvelles officielles et de celle transmises par George et Rose depuis le Ministère. Tonks hocha longuement la tête. Elle avait les traits tirés, la mine fatiguée et pâle et se tenait en permanence le ventre, si bien que je finis par lui demander :
-Ça ne va pas ... ?
-Non, ça ne va pas, confirma-t-elle avec un soupçon d'irritation. Mais je suis heureuse de voir que vous ne vous êtes pas laissé berner ... Evidemment que c'est Vous-Savez-Qui qui est à l'origine de la mort de Scrimegeour. Thicknesse est littéralement sa marionnette ... rien de ce qu'il ne fait n'est de son plein gré : c'est littéralement les premières applications du monde parfait des sang-purs.
-Ce n'est qu'un début, compris-je, complètement glacée. C'est amener à s'empirer ...
Tonks acquiesça sinistrement. Elle nous prit rapidement les mains, la mine soucieuse. Elle avait l'air au bord de la nausée mais la repoussa pour asséner :
-Ecoutez, je n'ai pas beaucoup de temps. J'espère sincèrement ne pas avoir été suivie. Ils surveillent absolument toutes les personnes qui sont liées à l'Ordre. Je ne pense pas qu'ils vous soupçonnent d'en faire parti, en revanche ils savaient que c'était le cas d'Edgar donc il se peut qu'ils aient un œil sur cette maison. Soyez extrêmement prudents. Ne nous contactez pas, n'allez pas au Terrier. Je ne plaisante pas. Ils ont torturé mes parents, ils ont brûlé la maison de Dedalus, ils ont à présent toute la force de frappe et logistique du Ministère : ils fendent les protections comme du beurre et peuvent vous attaquer en toute impunité. Le Terrier était protégé comme Poudlard et pourtant ils ont débarqué en plein mariage !
-Ils ont débarqué au mariage ? répétai-je, hébétée.
-Environ deux heures après votre départ ... Vous avez eu le nez creux. Je suis désolée que personne de l'Ordre ne vous contacter en une semaine ... mais je vous l'ai dit : on est tous surveillés, maintenant. Peut-être même vous, ouvrez l'œil ...
Elle ferma les yeux quelques secondes, l'air de réprimer quelque chose en elle. Sa main était toujours pressée contre son ventre et lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, ils étaient baignés de larmes. Ses cheveux, loin du rose flamboyants, reprenaient lentement leur couleur souris sous laquelle je l'avais connue plus d'un an. La couleur de la dépression, chez elle.
-Tonks ...
-Ça va, assura-t-elle sans même tenter d'être convaincante. Je voulais juste m'assurer que tout allait bien. Je suppose que tu restes ?
Je me trémoussai, embarrassé, presque honteuse à l'idée d'acquiescer. Mais Tonks ne me morigéna pas, ne chercha pas à me convaincre de fuir. Elle assimila juste l'information d'un :
-Evidemment. Sois très prudente, ne quitte pas la maison pour l'instant. Je vais prévenir les autres. On trouvera certainement quelque chose à te faire faire ... des tracts, peut-être.
Je lui adressai un regard reconnaissant. C'était agréable qu'une personne accepte si simplement ma décision sans me traiter d'idiote. Tonks me servit un sourire, mais un sourire peu rassurant. Son teint avait tant verdi que je me demandais si ce n'était pas une émanation de son pouvoir.
-Vraiment, faites très attention. L'Ordre ne tient plus qu'à un fil ... mais il doit tenir si on veut avoir une chance. Kingsley dit que Vous-Savez-Qui a ouvert une boite de Pandore et que tous les maux du monde s'abattent sur nous. Et vous savez ce qui reste au fond de cette boite et à laquelle on doit s'accrocher de toutes nos forces ?
Je serrai fébrilement la main de Tonks et coulai un regard vers Simon. Les yeux rencontrèrent les siens, effleurèrent la rage et la volonté qui faisait étinceler ses iris vertes. Cette couleur, celle belle couleur mousse que j'avais toujours associé à ...
-L'espoir ...
-L'espoir, répéta Tonks, comme possédée. Et ce n'est plus qu'à nous qu'il tient, désormais ...
***
-Un parapluie ne suffira pas s'ils viennent, Marian ! Tu seras morte avant, crois-moi !
-Mais qu'est-ce que tu ferais à ma place ?! Tu serais parti en me laissant derrière, hein ?
-Victoria est une sorcière, pas toi !
-Ah oui, toujours le même discours ! C'est une sorcière alors elle a des droits que je n'ai pas, c'est ça ? Je n'abandonnerai pas ma fille ici, papa !
-Bennett, tu compliques les choses.
Je jetai un regard oblique à Ulysse Selwyn. Nous étions tous les deux installés sur le canapé de mon salon, désespérés par les cris qui se faisaient entendre à l'étage. Trois jours après l'annonce du retour de Nestor chez lui, il était venu s'enquérir de la décision de sa sœur. Par précaution, Melania et Alexandre avaient rassemblé le nécessaire et abandonné leur maison à Bristol. Grand bien leur avait pris : Ulysse venait de nous annoncer qu'il y était passé récupérer quelques affaires et qu'il l'avait retrouvé calcinée. Nestor ne perdait visiblement pas de temps ...
-Pour dire ça, rentre chez toi.
-Mais c'est vrai. Et Bones, il n'a pas envisagé de partir avec toi ?
Si, l'idée avait vaguement évoquée mais Simon l'avait évacuée d'un éclat de rire. « D'accord, et moi je pars avec ma famille dans mes valises, mes parents et mes sœurs qui prendront eux-mêmes des proches, et à la fin de fil en aiguille, j'aurais l'Angleterre dans mes bagages ! ». Non, Simon n'était pas plus prêt que moi de quitter le navire, lui pour des raisons bien plus nobles que les miennes. C'était peut-être un Bones, fils d'un ancien opposant ouvert à Voldemort et d'une Auror, et le Ministère aurait certainement les deux yeux sur lui, mais officiellement son statut de sorcier le protégeait. Il aurait certainement plus de liberté que moi pour lutter ... L'injustice me trouait le ventre.
-A quoi ça servirait ?
-A convaincre toute cette famille de plier bagages. (Il se tordit le cou pour espérer apercevoir la fenêtre de la cuisine). Tu penses qu'ils ont fini ?
Je haussai les épaules. Notre maison commençait à être trop étroite pour le monde qui y habitaient. Mes grands-parents avaient investi la chambre d'Alexandre ; Alexandre la mienne, m'obligeant à dormir depuis deux nuits chez les Bones. Rose avait accepté la situation sans broncher, mais la veille j'avais senti son regard lorsque j'avais grimpé les escaliers dans les pas de son fils. Du fait de cette promiscuité, difficile d'avoir de l'intimité pour les discussions privées. Si ma mère et mon grand-père se disputaient à grands cris à l'étage, mon père s'était isolé dans sa chambre et Jaga écoutait son émission dans le salon avec nous. Melania et Alexandre s'étaient réfugiés la cuisine mais l'absence totale de bruit indiquait qu'elle avait magiquement imperméabilisé la pièce.
-Ce n'est pas facile, de prendre la décision de se déraciner, fit alors valoir Jaga avec un regard de coin pour Ulysse. Et c'est ce qu'on exige de cette famille. Tout quitter, y compris son propre sang, sans savoir pour combien de temps ... Dans l'incertitude la plus totale ...
Ulysse se trémoussa, embarrassé. Jaga, avec son regard sombre et profond, et son calme flegmatique qui frisait parfois la froideur avait tendance à impressionner autant qu'à mettre mal à l'aise.
-Ce sera sans doute bref ... Une fois que tous les nés-moldus seront passés à la commission ... que tout se sera tassé ... On pourra envisager un retour ... Cette situation ne durera pas éternellement, c'est simplement pour mettre fin à la guerre ...
Le coin de la bouche de Jaga se retroussa en un rictus amer.
-Oh tu crois ... ? Je te pensais sincèrement plus intelligent. En tout cas tu as l'air d'être quelqu'un de lucide et de pragmatique. Tu penses vraiment que ton mage-noir va s'arrêter à une simple commission ?
-C'est ce qu'il a toujours voulu. L'idéologie sur laquelle il se fonde ... Une société débarrassée du sang de moldu. Et excusez-moi, mais je préfère que ce soit fait proprement par la loi que dans le sang.
Un accès de rage me parcourut tout entière, si subitement que je ne songeai même pas à sortir ma baguette. Non, je répondis à mes plus primaires instincts en attrapant un coussin pour lui asséner plusieurs fois sur le crâne. Ce n'était pas une action douloureuse, mais je le fis avec une telle violence qu'Ulysse en glapit et croisa les bras sur son visage pour se protéger.
-Bennett !
-Espèce d'enfoiré !
-Mais calme-toi, Bennett ! Je n'ai jamais dit que j'étais d'accord avec ce qui se passait, mais ça se passe, et je préfère que ça se fasse comme ça ! Si c'était vraiment Tu-Sais-Qui qui était au pouvoir, tu crois qu'il s'embrasserait de telles organisations ? Non, il vous tuerait, purement et simplement !
-Et c'est moi qui suis naïve ?! Mais voilà pourquoi je ne peux pas partir, regardez-moi ce que je laisse !
Je désignai Ulysse avec un grand geste théâtral à ma grand-mère qui nous contempla longuement de ses yeux sombres. Cette fois, quelque chose s'embrasa dans ses iris. Je crus que c'était contre moi, moi qui mettais mon danger en avant, qui osait exiger d'elle que pour la seconde fois de sa vie, elle s'exile, mais je fus rassurée dès les premiers mots qui s'échappèrent aigrement de ses lèvres décharnées :
-Moi aussi ils ont commencé par des lois.
Ulysse haussa les sourcils dans une attitude condescendante qui me donna de nouveau l'envie de le matraquer de coups de coussins. Evidemment qu'il ignorait parfaitement le parallèle que Jaga tentait de faire, évidemment qu'il ignorait l'histoire des chiffres tatoués sur son bras et qu'elle s'était mise à gratter. Mais son attitude ne décontenança pas ma grand-mère. Il en fallait plus que cela.
-Les lois de Nuremberg qu'ils les appelaient. Elles étaient appliquées dans tous les pays conquis ... elles étaient simples : ça nous séparait du reste de l'humanité, nous excluait totalement de la société. Exactement comme ton gouvernement tente de faire avec ma petite-fille.
-Excusez-moi, mais de quoi vous ... ?
-Puis ils nous ont chassés de chez nous. Nous avoir exclus ne suffisait plus, il fallait nous contrôler, nous dominer. Notre simple présence leur était devenue insupportable. Nous prenions trop d'espace, un espace qui devait leur revenir. Et comme ils ne savaient pas où nous mettre ils ont fini par tenter de nous exterminer. Comme des rats. Avec le même poison.
Et de façon très surprenante, le sourire de ma grand-mère s'agrandit mais pour former un masque si sinistre, presque terrifiant, qu'Ulysse sembla quelque peu inquiet.
-Ne sois pas naïf, mon jeune ami. Ces lois, ce sont le premier échelon qui mène à la mort et l'extermination pure et simple. J'ai déjà subi ce processus, je le reconnais. Si vous ne trouvez pas le moyen de l'arrêter ... Et bien nous en serons quitte pour nos adapter au climat américain. J'espère qu'ils ont de bons romans policiers, là-bas, je ne lis que cela.
La conclusion fit halluciner Ulysse qui chercha mon regard, complètement abasourdi. Mais j'avais le mien rivé sur la fenêtre, fixé pour éviter de succomber à la nausée provoquée par le discours de Jaga. Le premier échelon qui mène à la mort et à l'extermination pure et simple ... Une bouffée de panique me fit suffoquer et l'espace d'un instant je fus prise d'un désir irrépressible de fuir, faire ma valise et partir, à la nage s'il le fallait mais mettre le maximum de distance entre moi, et cette possibilité. Sauver ma vie, mon âme, mon esprit. Celui de Jaga avait été ravagé par les camps ... Non, je n'avais pas envie de subir le quart de la moitié de ce qu'elle avait pu vivre.
Et l'impression passa, aussi vite qu'elle était montée. Elle redescendit et se rétracta quelque part dans mes entrailles, étouffée par le reste. Je devais éviter que ça se produise. Couper le fil de l'Histoire, avant qu'elle ne me broie. Et de toute manière, j'avais trop de liens qui me rattachaient ici, liens plus solides et puissant que le primaire instinct de survie. Je fermai les yeux, pris une profonde inspiration pour reprendre le contrôle de mes nerfs avant d'asséner à Ulysse :
-Quand tout ça sera terminé, je vais imposer l'étude des moldus à Poudlard.
-Nom d'un dragon, quelle horreur, lâcha-t-il en me considérant comme si j'avais proféré une énormité. J'entrerai au conseil d'administration pour te faire barrage.
-Alors heureusement que j'ai ta future-femme dans mon camp. Sérieux c'est une honte que tu ne connaisses pas le nom d'Hitler.
-Qui ça ?
De nouveau, je le désignai théâtralement et cette fois ma grand-mère daigna avoir l'air amusé. J'étais partie pour me lancer dans une grande explication de l'histoire moldue, à moitié dans l'espoir que cela fasse décamper Ulysse, quand la porte de la cuisine s'ouvrit. Sans même nous adresser un regard, Melania en sortit, blême, une main sur la bouche, au bord des larmes et se précipita dans les escaliers sans demander son reste. Après un bref instant d'hébétude, Ulysse et moi échangeâmes un regard.
-Je peux monter ? s'enquit-t-il prudemment.
-Interdiction d'entrer dans ma chambre, mais oui, je suppose.
Ulysse roula des yeux et s'arracha du canapé pour suivre sa sœur à l'étage. J'hésitai quelques secondes avant de moi aussi me lever et faire quelques pas en direction de la cuisine. Alexandre était prostré sur la table, la tête entre les mains, devant une tasse de café qui refroidissait. Je tentai d'interroger Jaga du regard mais elle s'était de nouveau intéressée à son documentaire animalier, l'air complètement déconnectée de la situation. Après avoir rassemblé mon courage et mes arguments, je finis par pénétrer dans la cuisine en prenant soin de fermer la porte vitrée derrière moi.
-Ne me dis pas que tu veux quand même rester après ça ... ?
Alexandre se contenta de me considérer d'un œil morne, vitreux. Depuis dix jours que j'essayais de le convaincre de partir, nos relations s'étaient considérablement tendues et je n'osais pas m'assoir à table avec lui. Faute de mieux, je m'adossai à la porte.
-Vous vous êtes disputés ... ?
Pas de réponse. Alexandre se contenta de serrer les dents, mais j'insistai :
-Elle veut partir ? Parce que si elle veut partir, tu veux vraiment rester ici ... ? Alex ... je sais que je suis ... extrêmement mal placée pour faire la leçon, tout le monde n'arrête pas de me répéter à quel point je suis inconsciente, à quel point je suis stupide, que Simon et l'espoir ce n'est pas une motivation assez grande à leurs yeux pour que je reste mais ... Moi je peux me gérer toute seule mais je n'arriverais pas à nous gérer, vous et moi, ce n'est pas possible ! Je sais que c'est égoïste je suis tellement désolée mais essaie de comprendre, je ne peux pas partir, ce n'est pas possible mais vous vous devez ... Nestor a brûlé votre maison, il ne s'arrêtera pas là, il va essayer de ...
-Je vais partir, Tory.
Je clignai les yeux, surprise d'être coupée dans mon argumentaire dans lequel je mettais toute ma tête et mon cœur. Mon frère ne me regardait pas : il fixait intensément la tasse de café devant lui, le visage vierge de toute expression. Je m'affaissai contre la porte, profondément soulagé de ces quatre mots qui m'enlevaient un poids énorme. En une seconde, ma cage thoracique venait de s'ouvrir et l'air s'engouffrait de nouveau librement en moi.
-C'est vrai ?
Alexandre se contenta de renifler en haussant les sourcils. Il décroisa les bras pour attirer le café à lui et faire tourner le liquide dans sa tasse. Il ne paraissait pas vouloir le boire : simplement s'occuper les mains et l'esprit.
-Ouais, sois tranquille. Je m'en vais. Je ne vais pas ... ça ne concerne plus que moi, désormais. Je n'ai pas le droit d'être irresponsable.
Je pris la remarque contre moi, mais encaissai. D'accord, qu'il me targue d'irresponsabilité et d'égoïsme, je le méritais. Le plus important était qu'il parte. Qu'il vive. Même si signifier être coupée de lui ... Les larmes me montèrent aux yeux, ainsi qu'un mélange étrange d'émotion et de honte. Je m'étais toujours vantée d'être proche de ma famille, si proche qu'il m'était impossible de quitter ma maison, pas même pour Miles, ni pour Simon ou l'aventure que j'avais rêvé petite. Et maintenant j'acceptais sans tressaillir de mettre un océan d'écart entre nous ? Pour une durée interminée, certainement longue, angoissante ? Etais-je hypocrite ? Alors seulement, face aux traits tendus de mon frère, aux mots de Jaga et aux cris que j'entendais toujours résonner depuis l'étage, je pris complètement conscience des événements.
Ma famille allait partir. Je ne savais pas quand je la reverrai, si ça se comptait en mois ou années. Je ne savais même pas si je la reverrai ... Nos au-revoir pouvait très bien être teintés d'adieux. L'attente et l'angoisse que je refusais de subir vis-à-vis de Simon, je leur infligeais totalement sans la moindre considération, trop désireuse de les voir à l'abri. Mais si eux aussi mourraient à petit feu de l'autre côté de l'Atlantique ?
J'ouvris la bouche, un sanglot au bord des lèvres, prête à déverser un flot d'excuses et de peurs inavouées. Mais Alexandre me coupa l'herbe sur le pied en lâchant, sans dévier les yeux de la tasse :
-On ne s'est pas disputé. Elle est sortie parce qu'elle se ... elle se sentait mal. Elle ... elle est partie ... vérifier quelque chose.
La voix d'Alexandre était étrange. A moitié étouffée, elle véhiculait un mélange d'appréhension et d'excitation qui fut attestée par un étrange sourire avant que ses lèvres ne se tordent. Je ravalai mes états d'âmes pour demander :
-Vérifier quoi ?
Cette fois, Alexandre posa les yeux sur moi. Ses prunelles brillaient, légèrement voilée par la fatigue, veinées de rouges mais elles avaient quelque chose d'éclatant.
-Si elle n'est pas enceinte ...
Je restai clouée sur place, terrassée par l'hypothèse. Je vivais déjà beaucoup trop de chose depuis dix jours, des angoisses que je devais réprimer pour garder la tête froide, des angoisses étouffées par l'urgence et qui menacèrent d'exploser face à cette nouvelle éventualité. Le choc dut se lire sur mes traits, ainsi qu'un début de crise de panique qu'Alexandre tenta de débouter avec un bref éclat de rire.
-Oh mon Dieu, pourquoi tu sembles plus prête à m'engueuler qu'à me féliciter ? Tu n'as pas envie d'être tatie ?
-Tatie ?!
-Ou marraine, ça peut se négocier. Je pense qu'à défaut d'avoir eu le mariage, papa fera tout pour obtenir le baptême ...
C'était trop. Je traversai la pièce pour m'écrouler sur la chaise face à mon frère, sonnée. C'était surréaliste. L'information était surréaliste. Le mélange de calme et de pétrification avec laquelle mon frère m'annonçait cela était surréaliste.
-Attends attends ... Pourquoi elle serait ... ?
-Tory, je vais quand même pas t'apprendre comment on fait les bébés ?
-Ce n'est pas ça ! Mais pourquoi ... ?
J'étais incapable de finir ma phrase, de formuler l'idée, de matérialiser tout ce qu'impliquait le fait que Melania soit enceinte. Mon frère haussa les épaules et son petit sourire se fana sur ses lèvres.
-Ça fait quelques mois qu'elle guette les signes, elle est rôdée ... Nausées, douleurs et gonflement à la poitrine, retard de cycle ... Là c'est le café, ajouta-t-il en désignant la tasse froide du menton. Elle s'en est servi et tout de suite l'odeur lui a soulevé le cœur. C'est moi qui lui aie fait découvrir le café et je te jure j'ai crée un monstre, depuis elle est capable d'en boire des litres ...
-Des mois ?
Mon ton incrédule résonna désagréablement, même à mes propres oreilles. Alexandre se trémoussa sur sa chaise, visiblement embarrassé. Son regard se promena sur toute la pièce en prenant soin de ne jamais m'effleurer.
-Euh ... oui, il se peut que ça fasse quelques mois qu'on essaie d'avoir un enfant.
Je plaquai mes mains sur mes joues, abasourdie. Devant moi, mon frère, se dédoublait : d'un côté, l'homme qui venait de prononcer cette phrase avec un sourire dans la voix, et de l'autre mon frère, mon grand frère, celui qui m'avait veillé lors de ma première cuite, qui m'avait tendue la première cigarette, qui enfourchait sa moto à la moindre contrariété, qui avait empli avec ses frasques la maison de cris et de tensions. Ces deux visions étaient tout bonnement incompatibles. Un tel ado ne pouvait pas souhaiter un enfant. C'était cela : j'avais été la première à affirmer qu'Alexandre avait mûri et pourtant dans mon esprit il était resté figé à dix-huit ans. C'était faux. A présent il allait sur ses vingt-cinq ans. De nouveau, je réprimai tout ce qui s'accumulait au bord de mes lèvres pour demander de la façon la plus neutre que possible :
-Tu voulais vraiment un enfant ?
-C'est compliqué, admit Alexandre en se passant la main dans les cheveux. A l'origine, ça ne me sera pas venu à l'esprit avant ... des années. Je ne me sentais pas mûr, pas prêt. A dire vrai je ne savais même pas si j'en voulais ...
Une expression penaude traversa le visage de mon frère, le rajeunissant de quelques années. Face à cette image plus familière, je me sentis me radoucir et accueillis avec plus de bienveillance le reste de l'explication :
-Mais tout a changé l'année dernière. Quand Mel et moi on s'est remis ensemble après ... On ne va pas en reparler ni même l'évoquer sinon je vais t'arracher la tête ... mais bref, après ça, je me disais qu'on allait y aller doucement, qu'une partie de la confiance était rompue. Elle, elle était plutôt obnubilée par l'idée de me protéger de sa famille et de son frère. Ce qui s'est passé sur le toit, ça l'a bouleversé, elle voulait trouver la parade pour que je devienne ... intouchable, si on veut. Alors moi qui voulais commencer à doucement reprendre mes marques, j'étais servie avec elle qui tentait de m'attacher à elle le plus officiellement que possible de façon à ce que je sois vraiment sous l'aura des Selwyn.
-Et elle n'a pas trouvé de meilleure parade que de faire de toi le père de son enfant ?
-Elle a tenté le mariage avant, précisa Alexandre avec un sourire presque espiègle. Puis elle a lancé, plus en désespoir de cause qu'autre chose, que si j'étais le père de l'un des héritiers de cette famille je rentrerais plus intimement dans le cercle. Elle parlait de ça d'une façon tellement logique, tellement pratique, j'ai dû un peu lui remettre les idées en place. On venait de traverser une grave crise, je n'étais pas complètement certain de ce que notre couple allait donner. Et la voir parler de mariage et d'enfant de façon aussi pragmatique ... ça m'a un peu mis froid dans le dos. Un bébé, ce n'est pas un bouclier.
-Mais alors ... ?
De nouveau, Alexandre haussa les épaules.
-Elle s'est calmée. Et ce qui était une proposition très sérieuse est devenue une plaisanterie. Quand on a choisi la maison, j'ai dit qu'il fallait bien vérifier qu'il y ait une pièce pour le bébé. Quand on allait boire un verre, Mel disait qu'elle ne prendrait pas d'alcool pour s'habituer. Et paradoxalement ... c'est là que c'est devenu vraiment sérieux. A mesure qu'on se ressoudait, qu'on projetait notre vie ensemble dans une maison perdue au milieu de nulle part, on a commencé à y croire à ce bébé. A se dire qu'on était prêts, qu'on en avait envie. Et allez, c'est parti, marmonna-t-il quand j'ouvris la bouche. On commence par quoi ? « Vous êtes trop jeunes » ou « ce n'est pas le moment » ?
-Ce n'est clairement pas le moment !
Les traits de mon frère se crispèrent et il planta ses yeux assombris par la colère sur moi avant de me pointer de son index.
-Ce n'est pas le moment de rester ici non plus Tory, et tu le fais ! Alors ne viens pas me faire la morale ! Tu n'as pas le droit !
L'argument me colla la langue au palais, mais avec une sorte de frustration douloureuse qui me nouait la gorge. Oui, j'étais irrationnelle et égoïste. Je n'avais pas de leçon à donner. Mais visiblement, la réticence qui devait encore se lire sur mon visage poussa Alexandre à poursuivre avec humeur :
-On n'a pas fait ça de façon inconsciente. Evidemment qu'on savait que ce n'était pas l'idéal, mais je refuse d'arrêter de vivre à cause de cette fichue guerre ! D'arrêter de vivre parce que j'ai pas de pouvoir et ma copine si ! Parce qu'il est là, le nœud du problème, Tory ! Tu penses que les sorciers se posent des questions ? Hum ?
-Alors quoi, c'est un acte politique, de rébellion ?
-Tu ne seras pas marraine, me prévint Alexandre d'un ton menaçant. Je vais donner le titre à quelqu'un d'autre !
-Excuse-moi d'être inquiète !
-Et moi je vais me ronger les sangs pour toi de l'autre côté de l'Atlantique ! Pourtant je ne sais pas si tu as remarqué mais je n'ai jamais contesté ta décision, Tory, jamais !
Il repoussa la table et alla heurter le dos de sa chaise avec une sorte de fureur désespérée qui me broya la poitrine. La tasse trembla sans se renverser et en une seconde tout fut d'un calme olympien. La tempête venait de passer avec ses vents désastreux mais avait tout emportée sur son passage, balayant les artifices. Et maintenant que tout était calme, je réalisais que les circonstances n'étaient rien dans ma réaction. Non, c'était autre chose. Alexandre était peut-être prêt à devenir père ... Mais moi je n'étais pas prête à le voir fonder sa propre famille. La nouvelle m'avait mis face à un contraste déroutant entre mon grand frère, le jeune homme fringuant et peu soucieux des règles et du danger ... et un nouvel homme prêt à fuir pour mettre sa future famille à l'abri.
S'il avait sa propre famille ... faisait-il toujours partie de la mienne ? Allais-je doublement perdre mon frère en l'espace d'une semaine ?
Maintenant que j'avais réellement mis les mots sur les sentiments qui me tenaillaient réellement, je trouvai la force de me lever de la chaise et m'approcher de lui. Il s'était complètement affalé sur la chaise, l'œil noir tourné vers la fenêtre comme si elle était la source de tous ses mots, mais l'ensemble de son corps se relâcha lorsque je nouai mes bras autour de ses épaules. Sans attendre, il me rendit mon étreinte, m'attira contre lui de sorte à ce que je finisse sur ses genoux, le visage enfoui dans son cou. Il me fallut plusieurs secondes pour réaliser que je pleurais, retenant mes sanglots en serrant les dents, inspirant son odeur à plein poumons pour la graver dans ma mémoire. Les mots furent inutiles. Les larmes et l'étreinte suffisaient.
-Alex ...
Mel était rentrée timidement dans la cuisine, les doigts crispées sur une petite fiole. Elle laissa échapper une larme lorsqu'elle nous vit ainsi entrelacés et elle dévala sa peau crayeuse. Elle baissa la tête et fit mine de reculer, une main sur la porte.
-Pardon, désolée ...
-Non attends ! la retins-je d'une voix rauque. Tu sais ?
-Savoir quoi ? s'enquit la voix bourrue de mon grand-père. Oh mais les enfants ...
Alexandre et moi séchâmes nos larmes en quatrième vitesse face à la plainte déchirante de Miro, d'autant que mes parents le suivirent dans la cuisine, interloqués par ce rassemblement. Même Ulysse talonnait sa sœur de près en la couvant d'un regard je qualifierai d'inquiet, comme si elle craignait qu'elle s'écroule. Melania parut déconcerté par l'amas de personne dans la petite pièce exiguë et son teint passa carrément au verdâtre. Pressant toujours la petite fiole, elle vrilla ses yeux gris sur Alexandre et murmura :
-C'est positif ...
Mon frère resta une seconde bouche bée, pétrifié, avant de rejeter sa chaise pour se précipiter vers Melania et l'enlacer. La jeune femme se pendit à son cou, à moitié sanglotante alors que de dos je voyais les épaules d'Alexandre trembler sous le coup de l'émotion. La mienne me nouait tant la gorge que mes yeux se sentirent obliger de compenser et de lâcher de nouvelles larmes.
-Qu'est-ce qui est positif ? s'enquit ma mère, stupéfaite par l'émois visible.
-Enfin Marian, à ton avis ? lança Jaga d'un air entendu.
Ma grand-mère s'avança avec difficulté pour s'arrimer au bras de Miro qu'elle serra avec émotion. Mes parents échangèrent un regard, pataugeant visiblement dans la confusion malgré une lente lueur de compréhension qui éclairait progressivement leurs prunelles. Alexandre finit par se décrocher de Melania, la main toujours posée sur sa taille, les yeux brillants de larmes. Mais cette fois, c'était la joie qui les provoquait.
-Papa, tu l'as ton baptême. On va avoir un bébé.
Le reste de l'histoire appartenait à la confusion des grands élans de bonheur. Ci-tôt l'annonce proférée, toute ma famille se tomba dans les bras. Même Ulysse dut subir les coups de coudes de mon grand-père, l'embrassade de ma mère et sa sœur qui l'enlaça longuement, l'obligeant à participer à la liesse. Pendant de savoureux instants, il ne fut plus question de guerre, de fuite, d'exile. Ça n'avait aucun sens, personne ne pouvait être heureux en cet instant, au milieu de ce chaos, entre les adieux déchirants et les larmes. Mais visiblement, face au miracle de la vie, on faisait peu état de la guerre et des dangers de mort qu'elle amenait dans son sillage. La vie nouvelle, c'était l'espoir qui brillait. Alexandre avait raison : la guerre n'avait pas le droit de nous l'enlever.
***
ALORS
Même en re-re-relisant le chapitre, je ne sais pas quoi en penser je vous avoue.
Sachez le j'ai hésité jusqu'au bout de laisser la version telle quelle : peut-être que Mel tombe enceinte pendant leur exile, justement? Pour gagner en crédibilité et en simplicité? Ou alors ça aurait été dommage? De toute manière c'était déjà écrit donc j'ai choisi de le garder.
Vous avez le droit de me dire que c'est cliché ou que "bah quand même il y en a des filles enceintes ! (Joséphine, Tonks et maintenant Mel). C'est complètement fortuit : Jo n'est arrivé que tard dans mes plans et je n'avais pas forcément prévu d'utiliser autant Tonks. Alors j'étais uniquement concentrée sur Mel et Alex.
Donc la grossesse de Mel était quelque chose que j'avais prévu de longue date, mais qui n'a pas cessé de bouger de place dans l'histoire. A dire vrai dans mes plans originaux, Mel aurait dû être enceinte à la fin de la P2 et c'est ça qui aurait occasionné son retour avec Alex. Elle aurait dû accoucher dans la P3 avec le baptême à la toute fin. ça aurait occasionné une scène où l'église de Terre-en-Landes explosait (attaquée par les Mangemorts) et un des parents de Vic mourrait sur le coup.
Autant vous dire que QUELQU'UN a mis son veto.
Et puis de toute manière j'ai renoncé à une grossesse si précipitée justement parce que c'était la solution de facilité, donc je n'avais plus cette excuse du baptême pour tous les faire aller à l'église. J'ai dû trouver d'autres plans !
Tout ça pour dire que l'idée d'une grossesse était dans ma tête depuis longtemps et que pour des raisons de symboliques évidentes, je n'avais pas envie d'y renoncer !
(Et certain.e malin.es auront remarqué l'âge de cette personne inscrite dans la liste de personnage de LDFO, bandes de petits fouineurs)
Mes explications faites, je veux bien votre avis sur le chapitre :D
A dans deux semaines les enfants <3 (Une pour LDP)
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