IV - Chapitre 5 : L'heure du chaos
ça, c'est un BON chapitre de rentrée, avec le titre bien dramatique qui va avec !
(Ouiii j'ai eu pitié de vous. Il faut bien que je vous console de ce jour funeste, qu'il soit aujourd'hui ou demain ! Quoique je ne suis pas sûre de vous rendre service ...)
Alors, comment ça s'est passé? Des doléances, des impressions, des emplois du temps pourris agrémentés de retrouvailles? C'est toujours un parfum si particulier la rentrée !
Personnellement je suis plutôt satisfaite de ma journée (notamment parce que je suis venue à bout de mes piles de périodiques qui se sont accumulés pendant les vacances). Et je suis d'autant plus satisfaite que je savais qu'en rentrant j'allais posteeeer héhéhéhé.
Allez assez parler, place au combat YAKATAPEEEEEY *musique épique*
(Kung-Fu Panda pour les incultes)
(Bisous)
***
Déjà depuis longtemps, saisis de terreurs vagues,
Nous regardions la mer qui soulevait son sein,
Et nous nous demandions : « Que veulent donc ces vagues ?
On dirait qu'elles ont quelque horrible dessein. »
Tu viens de le trahir ce secret lamentable ;
Grâce à toi, nous savons à quoi nous en tenir.
Oui, le Déluge est là, terrible, inévitable ;
Ce n'est pas l'appeler que de le voir venir.
- Le Déluge
Louise Ackermann
***
Chapitre 5 : L'heure du chaos.
La soirée du mariage et la soirée qui suivit me baignèrent assez d'espoir et d'optimisme pour me permettre de reprendre pleinement goût à la vie.
Simon resta avec nous le dimanche et nous acceptâmes même de voir mon père prêcher à l'église. Même Miro nous y accompagna, se casant au fond de l'allée les bras croisés sur sa poitrine, l'œil sur la porte et chaque personne à la pensée suspecte. Ses quintes de toux déchirèrent parfois la quiétude de l'église mais il fut d'humeur joyeuse pendant le repas qui dura jusque tard dans l'après-midi. Lorsque Simon repartit dimanche soir, j'étais sereine pour la première fois depuis longtemps.
J'avais toujours un sourire le lundi matin en attrapant mon balai. Pour la première fois, j'allais m'entrainer avec les professionnels, avec l'équipe A. Certains joueurs étaient déjà des stars internationales, proches de l'aura d'un Viktor Krum. Josefa Ramirez par exemple, avec sa chevelure bleue électrique, comptait déjà douze sélections en équipe d'Espagne, avait joué deux coupes du monde, et gagné la Coupe d'Europe avec les Tornades deux ans plus tôt en marquant plus de vingt buts en finale. Elle était amenée à devenir mon pire cauchemar lors des entrainements et jamais je n'avais été plus enthousiaste à l'idée de faire un mauvais rêve. Ce fut donc d'un pas bondissant que je franchissais la porte de la vieille gare désaffectée qui dissimulait le centre d'entrainement Plumpton.
-Bonjour Philibert, lançai-je joyeusement au sorcier-vigile qui lisait un magasine derrière son bureau.
-Bonjour Victoria ..., répondit-t-il laconiquement, avant de lever brutalement les yeux sur moi. Victoria ?! Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?
J'eus un mouvement de recul, quelque peu blessée par sa stupéfaction manifeste et sa vigueur.
-Bien ... Parkin m'a demandé de venir m'entrainer avec les professionnels ...
Mais si j'en jugeais par les yeux écarquillés de Philibert, il n'était visiblement pas au courant – et la situation l'avait tendu d'un coup. Je m'efforçai de ravaler ma déception. J'avais des relations cordiales avec cet homme qui gardait notre hall d'entrée, servant à la fois de réceptionniste et de vigile et peut-être m'étais-je dit qu'il se réjouirait de ma promotion ... Il jeta un coup d'œil à droite et à gauche, puis à la porte derrière moi avant de bondir de derrière son bureau et de me prendre le bras. Sa prise était tellement forte qu'elle m'arracha un cri.
-On va voir monsieur Grims.
-Mais j'ai déjà vu avec lui la semaine dernière ! protestai-je en me détachant, furibonde. Philibert, c'était prévu, je ne veux pas être en retard !
-Tu ne comprends pas, il faut qu'on aille voir monsieur Grims. Dépêche-toi !
Ignorant mes protestations, il attrapa de nouveau mon bras et me fit descendre la volée d'escalier qui descendaient jusqu'aux étages administratifs. Comme Philibert faisait deux têtes de plus que moi et était adroit de sa baguette, je le laissai faire, fulminante et sonnée de ce contre-temps, à deux doigts de lui écraser mon balai contre son crâne. Il entra dans le bureau sans s'annoncer, me trainant toujours derrière lui sans visiblement se soucier de moi.
-Monsieur Grims, Victoria est là aussi !
-Mais par Morgane !
Le cri de Leonidas me surprit, comme la présence d'Arnold, mon coéquipier, dans le bureau dans lequel je m'engouffrais à la suite de Philibert. Le président me contempla, abasourdi et étrangement à cours de mot. Faute de mieux, il s'adressa au sorcier-vigile.
-Merci infiniment, vous pouvez retourner à votre poste. Surtout, si ils arrivent, prévenez-moi.
-Bien monsieur le président.
Philibert repartit aussi sec sans même nous adresser un regard, au pas de course. La porte claqua derrière lui et Leonidas me contempla de nouveau avec une expression presque orageuse qui comprima ma gorge.
-Mais enfin, qu'est-ce que vous faites ici ?!
Je n'avais jamais vu le président en colère : c'était une personne toujours d'une humeur égale, un sourire frémissant au coin de ses lèvres. Mais là, chaque éclat m'atteignirent en plein cœur et je rentrai la tête dans les épaules. J'avais l'affreuse sensation que quelque chose m'avait échappée ... avais-je rêvé la conversation que nous avions eu dans ce même bureau, une semaine plus tôt ? L'incompréhension et l'embarras réduisirent ma voix à un mince filet :
-Je ... enfin, je viens m'entrainer ...
-Elle ne sait pas président, intervint Arnold d'un ton morne.
-Mais je pensais ... enfin, je n'ai pas pris la peine de vous envoyer une lettre ... je vous pensais ... informée ...
Leonidas se pinça l'arrête du nez entre le pouce et l'index, visiblement dépassé. Complètement perdue, je cherchai une réponse du côté d'Arnold. Mon coéquipier me gratifia d'un long regard où pointait la hargne et le désespoir. Ce fut alors que je remarquai le sac à ses pieds, à moitié ouvert, dans lequel il avait visiblement entassé toutes ses affaires de vestiaires.
-Asseyez-vous, Victoria, m'enjoignit finalement Leonidas, l'air remis de mon apparition. Vous n'êtes pas abonnée à La Gazette ?
-Non ... Non, je suis ... pourquoi ... ?
-Scrimegeour a démissionné, annonça Arnold d'un ton bourru.
-Quoi ?!
Leonidas attendit que j'aie pris place dans l'un des fauteuils de son bureau pour me tendre La Gazette qui datait d'hier. Mon cœur s'arrêta de battre dans ma poitrine lorsque mes yeux rencontrèrent deux de l'homme qui s'étalait en première page. Sombres, surplombé d'un front bombé, ils avaient quelque chose de dérangeant. Mais la légende sous la photo fut pire encore et faillit me faire pousser un cri d'horreur.
PIUS THICKNESSE REMPLACE SCRIMEGEOUR APRES SA DEMISSION
-Oh mon Dieu, laissai-je échapper, au bord de la nausée. Oh mon Dieu, oh mon Dieu ...
Je pressai une main sur ma poitrine, là où mon cœur, après s'être arrêté de battre, s'était mis à s'agiter dans tous les sens, complètement affolé. Le directeur de la Justice Magique. Celui qui, d'après Bill, était passé à l'ennemi au début de l'été ... Son accession au poste suprême ne pouvait être hasard. Et surtout, elle ne pouvait signifier qu'une chose. Mon estomac se retourna, acidifié par l'angoisse qui montait.
Oh mon Dieu ... Non, ce n'est pas vrai ... ce n'est pas vrai ...
-Si ça c'est une mauvaise pour toi, attends celui d'aujourd'hui..., ricana Arnold. Si on avait juste changé d'un politique pour un autre ... Mais lui a visiblement décidé de s'acheter une tranquillité.
-C'est-à-dire ?
-Tu n'es pas sans savoir que Tu-Sais-Qui a lancé une sorte d'ultimatum à nos dirigeants. Mettez-vous sur ma route et je ferais le plus de dégât possible, dans vos rangs et ceux des moldus. Thicknesse a visiblement décidé d'épargner des vies ... et ça a une contrepartie.
Le visage grave, Leonidas me tendit un second journal. Cette fois, il s'agissait du tirage sorti le matin même et je fus stupéfaite d'y découvrir Harry Potter en une. Je m'attendais à y trouver un quelconque message d'espoir liée à la figure du survivant, mais c'était une toute autre histoire que contait la légende. Une histoire dont l'écho résonnait désagréablement en moi ... La bile le monta à la bouche.
-« Recherché pour l'interrogatoire dans l'enquête sur la mort d'Albus Dumbledore », lus-je avec dépit. Bien joué Skeeter ... Bon sang, je vais vraiment lui faire manger sa plume à papote, évidemment que quelqu'un allait s'engouffrer dans la brèche ! C'est Rogue qui a tué Dumbledore !
-Et seul Harry l'affirme, rappela Leonidas d'un ton calme pour apaiser ma colère. Mais ce n'est pas important, ça, Victoria. Laisse Potter se débrouiller avec les ennuis : tu en as des biens plus urgents.
D'un geste fébrile, il tourna la page du journal. Cette fois, l'article ne contenait ni image, ni fioriture : c'était un texte scientifique aux mots savamment choisis qui s'étalaient avec la certitude brillante de la vérité. Et il retourna tout mon être, me réduisit à d'âme tremblante au corps révulsé :
FICHIER DES NES-MOLDUS
Le ministère de la Magie entreprend une enquête sur ceux qu'on appelle communément les « né-Moldus », ce qui permettra de mieux comprendre comment ses derniers en sont arrivés à posséder des secrets magiques.
Des récentes recherches menées par le Département des Mystères a révélé que la magie ne peut être transmise que d'individu à individu lorsque les sorciers se reproduisent. En conséquence, quand il n'existe aucune ascendance magique, il est probable que ceux qu'on appelle les nés-Moldus ont acquis leur pouvoir par le vol ou la force.
Le ministère est déterminé à éradiquer ces usurpateurs de la puissance magique et invite donc à cette fin tous ceux qui entre dans la catégorie des nés-Moldus à se présenter pour un entretien devant la Commission d'enregistrement des nés-Moldus, récemment nommée.
L'article eut complètement raison de moi et de l'équilibre fragile de mon estomac. Aux mots « éradiquer ces usurpateurs », je m'étais précipitée sur la poubelle de Leonidas pour rendre le mon déjeuner. Arnold fut immédiatement à mes côtés, à me tenir mes cheveux pendant que la panique me faisait vomir tripes et boyaux.
-Ils n'ont pas le droit, hoquetai-je finalement, le souffle court. Ils ne peuvent pas ...
-Maintenant, si. C'est arrivé. Thicknesse a voulu sauver les sorciers ... et pour ça ils nous sacrifient littéralement à Tu-Sais-Qui.
Ce n'est pas Thicknesse. C'est lui, tout simplement lui, personne d'autre que lui. Il a fait tomber le Ministère ... Mon estomac tourna aigre de nouveau mais cette fois je réussis à contenir ma nausée. J'attendis encore au-dessus de la poubelles quelques secondes, chancelante, le cœur au bord des lèvres, avant que l'odeur ne finisse par m'indisposer. Arnold m'aida à me redresser et Leonidas me tendit immédiatement un verre d'eau. Son regard brillait de sollicitude.
-Ne vous excusez pas, me prévint-t-il alors que j'ouvrais la bouche. Victoria, je n'ose imaginer ce que vous ressentez à l'instant même ... Quand elle a lu l'article ce matin, Lysandra en a cassé un verre. C'est clairement un abandon de nos dirigeants pour avoir la paix. Notre Ministère a signé un pacte avec le diable, Victoria. Vous n'avez plus rien à espérer de lui.
-Mais ... « éradiquer » ...
C'était le mot qui m'avait véritablement fait vriller. Eradiquer, éradiquer comme on arrachait une mauvaise herbe d'un jardin, éradiquer des rats qui grouillaient dans les champs. La rhétorique, je la connaissais et elle me creva la peau. Hitler avait usé de la même pour ma grand-mère. Et comme il l'avait dépossédée de son statut d'humaine, j'étais en train d'être dépossédée de mon identité de sorcière.
Ce n'est pas vrai ... ce n'est pas arrivé, ce n'est pas possible ... pas possible ...
Arnold passa un bras autour de mes épaules. Son visage, d'ordinaire si doux et jovial, était dur et défait.
-Je sais, je sais ...
-Arnold a bien résumé la situation, vous êtes le fusible que nos dirigeants ont choisi de faire sauter, poursuivit Leonidas, écœuré. Leur logique n'a strictement aucun sens – comme peut-on voler la magie par la force, je vous le demande ? – mais ils s'y tiendront, tant que Vous-Savez-Qui menacera d'un carnage. Mieux vaut le sang Moldu que sorcier ...
Il marqua une pause pendant laquelle il extirpa une cigarette de son étui.
-Vous comprenez ce que ça signifie, Victoria ?
Je séchai mes larmes d'un revers de la main. Je m'étais à peine rendue compte que je m'étais mise à pleurer, engluée dans une crise de panique qui rendait mon souffle erratique et mon esprit moins vif, complètement paralysé par l'horreur de la situation. Très souvent, les informations s'entrecoupaient de l'image de ma grand-mère, assise dans la cuisine de Portishead, de celle de sa famille enfermée pour toujours dans un cadre d'argent poli, d'un étang gris des cendres des morts, à deux pas de crématoires en ruine.
Je les ai laissé faire ... ça arrive.
-Je crois ...
-C'était ce que j'étais en train d'expliquer à Arnold, poursuivit Leonidas en rejetant sa fumée dans l'air. Je lui ai demandé de venir en toute urgence – et je l'aurais fait pour vous aussi si j'avais su que vous n'étiez pas au courant ... La situation est grave et inédite. Jamais en Angleterre, les nés-Moldus n'ont été accusé d'une telle ignominie. C'était une terre plutôt accueillante et Poudlard a été la première école à accepter les enfants de moldus. Et comme toute situation inédite, nous ne pouvons pas vraiment nous attendre à ce qui va se passer désormais. (Il tapa le journal de la pointe de sa baguette qui alla embraser le visage de Thickenesse). Ce que je sais, c'est que rien de bien ne vous attendra si vous passez devant cette commission.
-Et si on refuse d'y passer ?
Leonidas garda longuement le silence face à la question d'Arnold. Sa cigarette avait déjà été réduite de deux tiers et lorsqu'il l'abandonna dans le cendrier, je remarquai le cadavre de nombreuses autres qui gisaient au milieu des cendres.
-C'est votre droit. Mais s'ils vous attrapent un jour et que vous ne savez justifier votre ascendance ...
-Encore faudrait-il qu'ils s'intéressent à moi, fit remarquer Arnold. Je suis sapeur-pompier chez les moldus, je vis dans une maison de moldus avec une femme moldue ...
-Mais tu travailles aussi ici ...
Je me mordis la langue devant la stupidité de ma remarque. Ni Arnold ni Leonidas ne relevèrent, même si celui-ci m'accorda un regard peiné. L'évidence me broya la trachée si fort que de nouvelles larmes s'agglutinèrent sur ma cornée. Plus qu'une existence, c'était un rêve qui se brisait.
-On ne peut plus revenir ici ...
-Non, confirma tristement Leonidas. Non, ce serait de la totale inconscience ... D'autant que je viens d'avoir une réunion plutôt houleuse avec les autres présidents de la Ligue ... certains ont commencé à exclure purement et simplement les Nés-moldus de leur formation et la Fédération réfléchit déjà à en faire une règle pour tous. Pour se mettre dans les clous, évitez les sanctions ...
-Et personne ne s'indigne ? compris-je, révoltée.
-Le président des Canon s'est trouvé outré, concéda sombrement Leonidas. Il l'a ouvertement fait savoir et a ironisé en se disait prêt à récupérer tous les joueurs qu'on virerait et qu'avec cela il gagnerait le championnat. Et vous savez ce qui risque de lui arriver, Victoria ?
La révolte du président des Canons de Chudley m'avait mis au cœur un baume qui avait tempéré le dégoût, mais celui-ci refit surface à la question. Un goût de cendre se répandit sur ma bouche. Venait-il de se mettre en danger, lui, son club, ses salariés, pour nous avoir défendu ... ? Etait-t-on déjà à ce point ? Non ... Non, ça ne pouvait pas changer si vite ... C'était impossible ...
-Pas la peine de nous virer, grogna Arnold avec humeur. Je démissionne ...
-Non, vous ne le ferez pas, refusa vertement Leonidas. Parce que si je vous licencie, vous aurez le droit à l'indemnité qui va avec – et c'est la moindre des choses que je peux faire pour vous et la petite Faith.
Je plaquai une main sur ma bouche au souvenir du bébé que je n'avais vu qu'une fois en photo. La fille d'Arnold était âgée de quelques mois à peine ... Une sorcière, elle aussi, dont le statut promettait d'être incertain. Mon coéquipier parut être sensible à l'argument et pencha la tête sur le côté, défait.
-Merci. Merci beaucoup ... (Arnold rajusta sa prise sur moi, jusqu'à me prendre dans ses bras. Sa respiration lourde siffla à mon oreille de façon sinistre). Au bord des professionnels ma Barbapapa, c'est si cruel ...
Je pressai les paupières et une larme s'échappa pour rouler sur ma joue. C'était la seule que j'avais à accorder à cet affreux coup du sort. Ma carrière de professionnelle s'écrasait au sol avant même d'avoir décollé ... ça aurait pu être rageant et frustrant, j'aurais pu en claquer mon balai à terre ... si au final, ça n'avait pas été le cadet de mes soucis. Non, dans l'ensemble des images qui noyaient mon esprit, le Quidditch arrivait loin.
-Ce n'est pas grave, assurai-je, la gorge serrée. Ce n'est pas grave, le principal c'est ... c'est de s'en sortir.
Mais visiblement, c'était le cadet des soucis de l'univers. Parce qu'au moment où je prononçais ces mots, des étincelles vertes et mauves jaillirent de nulle part dans le bureau, entre nous et Leonidas. Celui-ci n'attendit pas qu'elles se soient estompées pour écraser sa cigarette dans le cendrier. Ses traits venaient de brusquement se crisper.
-C'est Philibert. Morgane ... les gens du Ministère sont là !
-Ce ne sont pas des Mangemorts, objectai-je, un brin rassurée.
-Vous avez bien lu, Victoria ? Que pensez-vous qu'ils feront de vous quand ils vous trouveront dans mon bureau ? Directement face à cette commission !
Je ne sus si c'était la colère dans la voix de Leonidas ou l'urgence que son message véhiculait, mais je me trouvais paralysée, incapable de réfléchir, acculée. Ce n'est pas possible ... ça ne peut pas changer si vite, ce n'est pas possible ... Et alors que je perdais de l'énergie à m'en persuader, Leonidas me prit rudement par le coude et se dirigea vers la porte.
-Vous allez passer par le terrain. Vous ne pourrez pas transplaner, mais partir par balai c'est faisable ...
-Je n'ai pas mon balai, rappela Arnold, livide. Et la salle des cheminées ... ?
-Qui contrôle les cheminées, Callum ?
Arnold jura. Il s'agissait du Ministère. Le Ministère maintenant complètement à la botte de Voldemort et de ses idéaux, prêt à nous faire tomber pour avoir la paix ... S'ils n'étaient pas trop idiots, ils en avaient bloqué ou contrôlé l'accès avant de venir ici. Visiblement conscient de notre trouble et de notre indécision, Leonidas se radoucit quelque peu.
-Ecoutez. Il se peut que Victoria ait raison, que ce ne soit rien. Comme il se peut que ce soit quelque chose et que vous dormiez ce soir à Azkaban. Je ne veux pas prendre ce risque ...
-Pour vous ou pour nous ? douta aigrement Arnold.
Leonidas encaissa l'accusation sans broncher. Il vrilla son regard cobalt sur son joueur et pour la première fois je vis la lassitude sur son visage. Ses rides aux coins des yeux et de sa bouche semblaient encore plus marquées : il faisait enfin ses soixante-ans.
-Croyez ce que vous voulez, je n'ai pas d'énergie à perdre à vous convaincre. Maintenant, allez vers les vestiaires ! Vite !
Je restai encore une seconde ébranlée, toujours incapable de comprendre que mon monde entier venait de basculer malgré l'urgence de la situation. Néanmoins, le ton pressé de Leonidas finit par m'atteindre : je pris mon balai, la main de Arnold et franchis la porte, le cœur battant à tout rompre dans la poitrine. Leonidas posa une dernière fois la main sur mon épaule avant de nous contempler fuir dans le couloir et de prendre une nouvelle cigarette.
-C'est absurde, ragea Arnold dans l'escalier. Absurde, tellement absurde ... ils ne peuvent pas nous envoyer à Azkaban ...
Non, ce n'est pas possible ... Mais les mots alarmistes de Leonidas avaient eu raison de mon scepticisme. Ce n'était qu'une hypothèse : je ne voulais pas tenter le pire. Il serait toujours le temps de faire le point chez moi ...
-Tu veux tenter ?
Arnold ne répondit pas, mais envoya son poing contre le mur avant de reprendre notre course à vive allure. Certains employés nous jetaient des regards curieux et alors que nous tournions pour nous rendre dans l'espace destiné aux joueurs, nous les vîmes : quelques hommes en cape mauve, menés par un sorcier grand aux larges épaules qui en portait une noire. Un frisson glacé me parcourut : je ne reconnaissais pas son visage, mais la couleur était trop associée aux Mangemorts pour que j'y sois insensible. Deux d'entre eux entraient sans vergognes dans les bureaux avec des gestes brusques qui me firent tressaillir.
-Vous avez des Sangs-de-Bourbes dans vos rangs ? lança l'homme en noire à une petite femme que je reconnus comme la gestionnaire.
-Des quoi ? s'offusqua-t-elle, les yeux écarquillés. Surveillez un peu vos paroles, enfin !
L'attitude de l'homme se fit plus menaçante. Il avança d'un pas, baguette à la main, et la petite femme se plaqua contre le mur, soudainement terrifiée.
-Ne nous mentez pas. L'un de vos joueurs nous a prévenu ce matin ... vous avez donné son poste à une Sang-de-Bourbe ... C'est honteux, honteux de priver ainsi un noble sorcier au profit d'une voleuse de magie ...
-D'une quoi ... ? Mais vous êtes fous ! Helena, appelle les Aurors !
Le groupe pouffa de rire. D'une pièce, on entendait les dossiers tomber, les meubles valser, comme si à l'intérieur quelqu'un la saccager. L'employée qui l'occupait en sorti en hurlant et se retrouva nez à nez avec une autre baguette.
-Allez, elle est où la Sang-de-Bourbe ?
-On s'en va, décréta Arnold à voix basse, brusquement angoissé. Barbapapa, vite ! Viens !
J'étais trop figée d'horreur pour ne serait-ce que songer à me mouvoir. L'homme en noir venait de sortir une plaque où brillait deux grands « M », symbole du Ministère. La lèvre de la gestionnaire se mit à trembler lorsqu'il enfonça sa baguette sous son menton. Mais je ne pus en voir plus : Arnold venait de me prendre le bras pour me forcer à poursuivre la route dans les escaliers. Je trébuchai, les jambes ankylosées par la panique, incapable de penser à autre chose que les marches qui défilaient sous mes yeux. Et alors nous l'entendîmes, à peine arrivés à la porte des vestiaires, ce cri terrible, même étouffé par la distance, même inidentifiable. J'étais même incapable de dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. En revanche, je reconnaissais tous les accents, toutes les nuances, toute la douleur.
Je l'avais déjà entendu, ce cri. Arraché à mon frère.
Arnold ouvrit précisément la porte et je m'écroulai sur un banc, les jambes coupées. Les larmes s'étaient mises à rouler sur mes joues et une panique indescriptible tenait ma poitrine dans un étau.
-Ils les torturent ! Seigneur, ils les torturent, oh mon Dieu ...
J'enfonçai mes doigts dans mes cheveux et plantai mes ongles dans mon crâne, comme si cela pouvait extraire le cri de mon esprit mais c'était peine perdue. Même la porte fermée, j'en percevais les échos. Arnold sortit sa baguette : elle tremblait, de concert avec ses doigts. Malgré tout, il parvint à jeter un sortilège : un « clic » se fit entendre du côté de la porte qui menait aux couloirs et les bancs s'élevèrent pour la barricader.
-Alors imagine ce qu'ils vont faire avec nous, souffla-t-il d'une voix blanche.
Mon sang se glaça dans mes veines. Je considérai avoir vécu énormément de chose : le deuil, l'angoisse, le harcèlement, la mort d'aussi près que je pouvais ... et pourtant, simplement envisager pousser un tel cri, imaginer quel degré de douleur il fallait ressentir pour hurler ainsi faillit me faire tomber en sanglot.
-Oh mon Dieu ... je dois rentrer, il faut rentrer ...
Je m'arrachai au banc, les jambes chancelantes mais volontaire. Pour ma plus grande honte, venir en aide à cette personne ne m'effleura même l'esprit. Cette fois, j'étais lucide ... terrifiée. Arnold hocha plusieurs fois la tête, blême, visiblement incapable de prononcer le moindre mot. Sans attendre, nous nous précipitâmes vers l'autre porte, celle qui menait au terrain d'entrainement. Le soleil nous éblouis totalement et pendant quelques secondes nous fûmes suspendus entre deux réalités très étranges : nos cœurs battant la chamade dans nos poitrine, affolés, le pouls à nos tempes qui nous étourdissaient totalement, l'épouvante qui nous donnait des ailes et nous forçait à courir sur la pelouse. En opposition, les éclats de rire de Josefa Ramirez qui faisait la course avec deux coéquipiers, le soleil qui réchauffait la pelouse nous nos pieds, la sereine brise qui ébouriffait les cheveux de Rudolf Parkin. Il se dressa sur ses pieds dès qu'il m'aperçut, courant, hors d'haleine.
-Mais tu peux courir ! s'écria-t-il, hors de lui. Tu ne cours même pas assez vite ! Je te donne la chance de ta vie et tu te permets d'arriver en retard ?!
-Oh coach, lança Josefa en s'immobilisant en vol stationnaire au-dessus de nous. Ne la traumatisez pas dès le début, c'est comme ça que vous avez cassé Spielman !
Spielman. Je sautais sur le nom, trop soulagée que la poursuiveuse me donne ce tremplin pour embrayer :
-Spielman a dénoncé les Tornades au Ministère. Ils sont là. Ils sont en train de ... de ...
Je ne pus retenir un sanglot qui déchira ma gorge et cassa complètement la bulle bucolique et insouciante du tableau. Parkin parut alors remarquer mes larmes, Arnold livide derrière, l'angoisse et l'urgence dans laquelle nous baignions. Son expression passa de la colère à la profonde réflexion en une fraction de seconde. Josefa, interloquée, atterrit à côté de nous.
-Qui fait quoi ? s'enquit-t-elle, son accent espagnol roulant sur ses mots. Qu'est-ce qui se passe ?
-Peppa, l'interrompit Parkin avec rudesse. Donne ton balai à ce garçon.
-Quoi ?! Et comment je fais pour m'entrainer après ?
-Il y a plus urgent que l'entrainement ! cingla-t-il sèchement. Donne ce balai et dis à Sarah de filer avec eux. Prompto, Peppa !
Sur le coup, Josefa ramena jalousement son balai contre elle, visiblement peu désireuse d'en faire don. Mais la mention de Sarah, l'une des joueuses avec qui elle faisait la course, décomposa complètement son visage.
-Oh non, murmura-t-elle, saisie. Tiens ! (Elle tendit son balai à Arnold, sans la moindre répugnance). Fais-en bon usage et surtout bon courage.
Puis elle fit volte-face et se précipita vers le groupe de joueurs derrière elle, sa longue chevelure bleue fouettant l'air comme un étendard furieux. Sans attendre, elle agrippa l'Attrapeuse Sarah Ferguson et la secoua dans tous les sens « Il faut que tu partes, mi querida, ils sont là ! ». Et elles tombèrent dans les bras l'une de l'autre en pleurant, sous les regards choqués des autres joueurs. Une vague de reconnaissance monta dans ma poitrine quand je refis face à Rudolf Parkin.
-Merci ...
-Ne me remerciez pas. Filez, vite. Et ... (il nous contempla longuement, puis Sarah et Josefa qui s'embrassaient à présent avec la passion du désespoir). Ouais, bonne chance je suppose.
Je hochai la tête, incapable d'articuler le moindre mot et surtout, pressée d'en finir. J'attachai mon sac d'entrainement à mon balai avant de l'enfourcher, une seconde après qu'Arnold soit monté sur celui de Josefa. Lévitant de quelques centimètres, il jeta un dernier coup d'œil aux deux femmes qui se faisaient leurs adieux dans les larmes.
-Il faudra prévenir tous les mecs qui fantasment sur Ramirez qu'elle aime les femmes.
-C'est tout ce que tu retiens ?!
Pour ma part, je n'avais même pas fait état de la chose. En les contemplant pleurer et s'embrasser, j'avais simplement eu le cœur brisé pour elles. Il m'avait fallu du temps et une situation angoissante au possible, mais peut-être que je commençais doucement à comprendre que seul comptait l'amour, peu importait qu'il soit pour un homme ou une femme. Elles étaient aussi déchirées que n'importe qui ... Finalement, et avec de grandes difficultés, Sarah Ferguson enfourcha à son tour son balai et nous nous envolâmes sans attendre dans le ciel. L'Attrapeuse pleurait encore, de larmes amères qui roulaient sur ses joues et se retournaient régulièrement. Arnold également, mais c'était davantage pour vérifier que nous n'étions pas poursuivis. Moi, je gardai le cap, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Lentement, la boule de panique qui m'avait dévoré de l'intérieur s'estompa à mesure que le danger s'éloignait, ne laissant que l'incompréhension, la peur et les échos du cri que j'avais pu entendre dans les vestiaires.
Puis il fallut se séparer. Sarah Ferguson fut la première à piquer vers le sol, sans même nous adresser un regard : elle atterrit dans un jardin qui devait visiblement être le sien car elle s'engouffra dans la maison attenante. Puis Arnold commença à obliquer lentement vers l'est : lui aussi habitait dans le coin, avec sa femme moldue et sa petite Faith. Il m'accorda un dernier regard. Ses yeux étaient baignés de larmes.
-Adieu, Barbapapa.
Et il piqua vers le sol, me laissant seule face à l'immensité du ciel.
***
Je ne pris pas le risque de transplaner. J'étais épuisée, fébrile et encore traumatisée par ma récente désartibulation. Je n'étais pas d'une grande prudence dans mon vol au-dessus du Gloucestershire, mais je considérai que compte tenu de la nouvelle politique du Ministère, ils feraient peu état d'une jeune fille qui volait ouvertement par-dessus les moldus. Néanmoins, je choisis d'atterrir dans le jardin des Bones, moins exposé, plus en retrait du village. J'avais à peine posé le pied sur la pelouse brûlée par le soleil et l'été que la porte s'ouvrit à la volée : Rose Bones se précipita sur la terrasse, affolée.
-Rentre, vite ! Viens !
La rancœur et la colère que j'éprouvais toujours contre elle restèrent en sourdine face à l'urgence de la situation : je n'hésitais pas à courir vers elle, mon balai à la main, la respiration complètement chaotique. Elle me prit le bras et m'attira à l'intérieur de la maison avait d'en verrouiller la porte à l'aide de sa baguette. Puis elle se permit un geste que j'aurais pensé impensable ses dernières semaines : elle me prit dans ses bras. Et je fus trop brisée, trop sonnée pour faire autre chose que de me plonger dans son étreinte.
-Ils ... Ils ont ... Ils sont ...
-Je sais, je sais, chuchota-t-elle à mon oreille en caressant mes cheveux. Je sais ...
Elle attendit patiemment que mes tremblements se calment, que ma respiration s'apaise avant de me prendre à bout de bras. Son beau visage était crispé, ses yeux bleus complètement assombris par la gravité.
-Je suis partie du Ministère dès que j'ai pu, je m'apprêtais à venir chez toi ...
-C'est vrai ? Tout ce qui est noté dans La Gazette ?
Rose hésita quelques secondes avant de finalement acquiescer, le visage défait. J'accusai le coup, sous le choc. Le lire par le journal, entendre Leonidas l'affirmer, voir des employés du Ministère brutaliser et torturer des innocents ... Tout ça m'avait paru abstrait, venu tout droit d'un cauchemar. Mais Rose, je la connaissais. Elle était ma vie, mon quotidien. Elle avait toujours été l'incarnation du Ministère à mes yeux. Qu'elle l'affirme rendait cela affreusement plus réel que le cri que j'avais perçu par-delà les étages.
-Oh mon Dieu ...
-Viens, m'enjoignit Rose avec douceur. Je vais te faire un chocolat ...
-C'est clair que seul un chocolat va pouvoir régler tout ça, ironisa une voix dans le salon que nous venions d'atteindre.
Avec une profonde stupeur, je reconnus Lysandra Grims devant la cheminée. Toujours élégamment habillée d'une robe émeraude, les cheveux noirs coulants dans son dos tels des fils de jais, elle faisait les cents pas sur le tapis, se tordant les mains à n'en plus finir. Mon apparition la fit se figer complètement. Son regard se perdit sur mon visage barbouillé de larme puis glissa jusqu'au balai qui pendait toujours dans ma main.
-Ne me dis pas que tu reviens de l'entrainement comme ça ? demanda-t-elle d'une voix blanche.
Je n'osai pas lui répondre. J'avais encore en tête le cri, la vision de la gestionnaire plaquée contre le mur, une baguette enfoncée sous le menton, des bureaux saccagés. Qu'allait-il advenir du président, Leonidas Grims ... ? Lysandra parut lire toutes ses interrogations dans mon silence. Elle plaqua ses mains contre sa bouche et s'effondra dans le sofa, comme un pantin auquel on aurait coupé les fils.
-Merlin ... Leo ... oh Leo ...
-Je suis certaine qu'il va bien, tenta de la rassurer Rose.
-Comment tu peux le savoir ?! cracha Lysandra en la fusillant du regard.
Rose ne se laissa pas démontée par le ton acerbe de Lysandra. Elle fit apparaître deux tasses de thé et une théière qui siffla dès qu'elle y apposa la pointe de sa baguette.
-Parce que Leonidas est de sang-pur, héritier d'une puissante famille outre-Atlantique, rappela tranquillement Rose en servant la boisson. Ils ne sont pas idiots au point de chatouiller les Américains ...
L'argument me paraissait faible, mais fut efficace sur Lysandra qui parut se tranquilliser. Elle resta prostrée sur le sofa, une main soutenant sa tête, mais moins angoissée. Elle accepta silencieusement la tasse que lui tendait Rose au moment où Susan descendait l'escalier, l'air perdu.
-Qu'est-ce qui se passe ?
Un silence pesant s'installa dans le salon. Le regard vert de la jeune fille parcourut le tableau, de moi recroquevillé dans le fauteuil, mon balai toujours crispé dans mes mains et toujours au bord des larmes, Lysandra qui tenait sa tasse comme si sa vie en dépendait et sa mère qui tentait de faire bonne figure, mais dont la fébrilité était évidente. La bouche de Susan s'entrouvrit légèrement et elle pivota vers sa mère.
-Ça a un rapport avec la démission de Scrimegeour ... ?
Elle savait. C'était incroyable que ma petite Susan sache et que je sois passée à côté de cette information capitale. Je me fustigeai intérieurement de ne pas avoir suivi le conseil de Chourave de me tenir au courant mais surtout, je m'interrogeais sur mes contacts de l'Ordre. Je ne comprenais pas comment personne n'avait pu être au courant, me prévenir ... J'avais l'impression d'avoir fait une chute vertigineuse et mon cœur en battait encore la chamade.
Rose renifla avec dépit. Elle fit apparaître une autre tasse avant de lorgner sa fille du coin de l'œil. Les cheveux attachés en chignon au-dessus de sa tête, maquillée, toute mignonne dans un short en jean et un tee-shirt bleu, Susan apparaissait presque comme une jeune femme. Ce fut sans doute cette aura de maturité qui fit dire à sa mère :
-Il vaut mieux que tu saches ... Assieds-toi, ma chérie. (Elle lui servit le thé, ses yeux durs fixés sur le liquide transparent qui se déversait par le bec). Je veux bien m'immoler par le feu si Scrimmegeour a bien démissionné ... J'ai entendu des rumeurs, en arrivant au Ministère. Et je suis plus prête à les croire elles ...
-Tu préfères croire des rumeurs ? répéta Lysandra, incrédule.
-Quand elles sont plus crédibles que la version officielle ? Et comment. Tu penses vraiment que Scrimegeour aurait démissionné ?
Lysandra garda le silence, se contentant de touiller son thé, les lèvres pincées. Non, en effet, maintenant que je pouvais réfléchir la tête froide, c'était hautement improbable. Bill avait assuré que le Ministre était le genre d'homme qui luttait jusqu'à son dernier souffle. Son dernier souffle ... Un frisson glacé me parcourut l'échine.
-On l'a assassiné ? devinai-je, horrifiée.
-Oh la la ..., souffla Susan.
Elle s'était installée à côté de moi, sur le bras du fauteuil et avait immédiatement posée une main sur mon épaule. Je la recouvrai de la mienne, sincèrement soulagée de l'avoir à mes côtés après ce cauchemar. Rose hocha tristement la tête.
-Oui, c'est la version que j'ai entendue ... mais j'aurais fini par y penser moi-même. Rufus était un ours un peu bourru, mais surtout un ours buté. Amelia ne l'aimait pas beaucoup, mais elle avait confiance en lui, c'est dire ... et surtout la vitesse avec laquelle Thicknesse a été nommé ... On nous a servi que c'était Refus qui lui avait demandé de le remplacer et qu'à cause de cela il n'y aurait pas d'élection. C'est stupide. Rufus avait une confiance limitée en Thicknesse ... il est plutôt connu comme étant opportuniste ...
-Ah là on peut dire qu'il a saisi l'occasion, ricana amèrement Lysandra.
-Mais je trouve ça aberrant que les gens laissent faire, se récria Susan, révoltée. Ils nomment quelqu'un sans élection ? Mais ça ne s'est jamais fait, même pendant la première guerre tous les Ministres ont été élu !
-L'état d'urgence te force parfois à accepter le déni de la démocratie, fit valoir Rose avec sagesse. Les gens se fichent de comment a été élu le Ministre, du moment que celui-ci les sorte du pétrin ...
-Vous avez lu la Gazette d'aujourd'hui ?
Si Susan m'adressa un regard désarçonné, celui de Rose et Lysandra fut beaucoup plus grave, entendu. Le pacte avec le diable, comme l'avait si bien nommé Leonidas. Le sacrifice d'une partie de la population sorcière pour la tranquillité de l'autre ... Eradiquer les usurpateurs .... La bile me monta de nouveau à la gorge et pour la faire passer, je bus dans le thé de Susan. Le grimaça quand le goût amer se distilla sur mes papilles. Mon amie en fut tellement surprise que sa bouche s'ouvrit en un « O » parfait. Sans attendre, elle se jeta sur l'exemplaire qui avait été abandonné sur une petite table et le parcourut, horrifié.
-« Fichier des nés-moldus » ... Oh mon Dieu ... (Elle tourna le regard vers sa mère, en quête de réponse). Alors ils passent de son côté ... ?
-De son côté, je ne sais pas, évalua Rose avec prudence. Mais Thicknesse a choisi ... de ne plus s'opposer à lui. Et même de lui donner quelques satisfactions ...
-C'est parce que j'ai lu ça que je suis ici, avoua Lysandra. Il fallait qu'on parle ...
-Oh par Helga, soupira Rose, visiblement excédée. Laisse-moi deviner. Tu es venu nous annoncer que tu repartais vers les Etats-Unis ?
Pour sa défense, Lysandra ne se démonta pas face aux mots de Rose qui sonnaient comme une accusation. Au contraire, elle redressa les épaules et soutint son regard avec hauteur.
-Certainement, oui. Tu dis qu'ils ne chatouilleront pas les Américains, mais on sait comment sont ses gens, Rose. Si on n'est pas avec eux, on est contre eux. Et ils n'auront pas oublié que ma sœur était une Auror qui a tué deux Mangemorts pendant la guerre ... Je ne peux pas courir le risque.
Ça aurait été facile de la targuer de lâcheté. Pourtant, l'indignation peina à montrer en moi. J'avais trop consciente de l'avoir été moi aussi, effrayée par les cris à l'étage du centre d'entrainement, fuyant sans réellement savoir ce que je risquais. La honte et l'impuissance bouillonnèrent au creux de mon ventre.
-Mais je ne partirais pas seule, ajouta-t-elle avec une certaine douceur – et son regard glissa vers moi. Je sais que tu en as parlé avec Leonidas. Il faut encore qu'on s'en assure auprès de sa famille ... Mais nous sommes parfaitement prêts à vous accueuillir.
Je clignai des yeux, incapable d'intégrer ses paroles, leurs conséquences. Et alors cela s'imposa à moi. Le « si jamais » était devenue une urgente réalité. Ma famille m'apparut alors sous la forme des aiguilles qui tournaient dans l'horloge de la cuisine des Weasley, cette horloge si particulière qui m'avait frappée. Et toutes venaient de basculer vers « en danger de mort ». Je plaquai une main contre mon visage, accablée, et Susan passa un bras derrière mes épaules. Elle semblait trop émue pour réagir.
-C'est bon à savoir, admit Rose. Victoria ... ce n'est pas tant le fait que tu es née-moldue qui m'inquiète ... Si ce n'était que ça, je pense que vous pourriez passer sous les radars du Ministère ... Mais ...
-C'est mon grand-père le problème, achevai-je, parfaitement lucide. Je sais. Ils le veulent dans leurs rangs et s'il refuse une nouvelle fois, ils s'en prendront à sa famille. Je sais, je sais ...
-Et il y a Nestor Selwyn, aussi, rappela Susan, le timbre étouffé. Il s'est déjà attaqué à Alexandre, non ? Parce qu'il sortait avec Mel ? Alors qu'est-ce que ce sera maintenant ...
-Nestor est devenu un bon petit soldat.
-Et un bon petit soldat peut avoir ses récompenses, cingla froidement Lysandra. Tu crois que c'est un hasard si c'est Jugson qui est venu tuer Edgar ? Ils étaient rivaux depuis Poudlard. Même dans le cœur de Cassie d'après les rumeurs mais je n'y crois pas. Je pense juste que Cassie n'a jamais posé les yeux sur son misérable visage de cafard et qu'il ne l'a pas supporté.
Face à ce sinistre rappel, Rose accusa le coup, le visage décomposé. Son regard se fixa sur un coin de la pièce et soudainement elle parut au bord des larmes. Et moi je me recroquevillai un peu plus, frappée par la réalité qui s'abattait sur moi avec toute sa violence.
Ma famille ne pouvait rester ici sans risquer de finir dans une tombe. C'était vrai. La question n'était plus de savoir « si » mais « quand ».
-Je vais essayer de les convaincre, chuchotai-je, brisée de l'intérieur. Il faut que j'arrive à les convaincre ... Si mes parents acceptent, je suis sûre que mon grand-père partira avec eux ... pour les protéger ... Au cas où ... Ce sera Alexandre le plus difficile, je pense ... Oh Seigneur, il n'acceptera jamais de partir, Alex, jamais, jamais ...
-Je vois encore une autre personne à convaincre, fit savoir Lysandra, les sourcils haussés.
-Qui ?
-Toi.
Je la contemplai sans comprendre. Il fallut que le regard peiné mais assuré de Rose se plante sur moi de concert pour que je comprenne ce qu'elles envisageaient en réalité. Je me redressai, comme piquée au vif. Ce regard venait de me réinjecter la vigueur que la nouvelle de ce matin m'avait ravi.
-Non, refusai-je immédiatement d'une voix sourde. Non, je reste ici ...
-Victoria, tu es triplement en danger, me rappela Rose avec sollicitude. Par ton grand-père, par ce qui s'est passé avec Nestor et par ton simple statut de née-moldue. Si tes parents doivent partir pour se mettre à l'abri, ils ne comprendront pas que tu restes ... Si j'étais ta mère ça ne me viendrait même pas à l'esprit de me sauver pour t'abandonner derrière.
Elle coula un vague regard sur Lysandra qui haussa les sourcils avec mépris. Mais Rose venait de jeter une nouvelle lumière crue sur ma situation. Je me sentis suffoquer et cherchai les yeux de Susan en soutien. Mais mon amie les détourna. Elle tordit ses mains sur ses genoux. Et ça me frappa. Pendant tout ce temps il n'avait pas été question de mettre ma famille à l'abri, mais moi. C'était moi qui devais aller outre-Atlantique en les embarquant dans mes bagages. Mais si la fuite du camp d'entrainement m'avait semblé d'une évidence bête, celle-ci était véritablement au-dessus de mes forces.
-Non, répétai-je, butée. Non, je ne partirai pas, je reste ici ...
-Mais pourquoi ? s'enquit Rose, l'air quelque peu stupéfaite. Victoria, tu envisages de faire partir tes parents. Tu vas littéralement être exclue de la société sorcière ...
-Justement. Je ne veux pas leur donner l'idée qu'il suffit juste de faire une loi pour simplement éradiquer notre existence. Simplement de dire « les nés-moldus n'existent pas » pour que ça devienne une réalité. Ce serait trop facile, Rose ! Si tout le monde fait ça ...
-C'est bien beau, mais qu'est-ce tu vas faire ? enchérit Lysandra, l'air sceptique. Tenter de les piquer avec une aiguille de pin en espérant les importuner, comme l'Ordre du phénix ?
-Oh mille gargouilles galopantes, jura Rose en me fixant, épouvantée. L'Ordre. C'est ça, Victoria ?
Je papillonnai les yeux, incapable de comprendre comme l'organisation s'était imposée dans la conversation. Mais visiblement, mon silence stupéfait sonna comme une sorte d'approbation aux oreilles de Rose qui bondit sur ses pieds, l'air brusquement angoissée.
-Simon aussi ?
-Euh ...
De la même manière que mon silence, Rose choisit – à raison – d'y lire ma confirmation. Elle tapa du pied sur le plancher, à la fois anxieuse et hors d'elle.
-Non mais je vous jure ! C'est le damné fils de Cassie, ce garçon !
-Alléluia ! s'écria Lysandra en levant les bras au ciel. Elle l'a enfin dit et admit, ma sœur, tu l'entends ? Vous êtes témoins, ajouta-t-elle en nous désignant. « Le damné fils de Cassie ». Elle l'a dit !
-Tu es ridicule, attaqua sèchement Rose. Je n'ai jamais nié qu'il était le fils de Cassiopée. Surtout dans ces moments-là ! Quelle tête brûlée, je vais lui tordre le cou ! L'Ordre, rien que ça !
-Essaie un peu, la défia Susan, le feu dans les yeux. Il va te claquer la porte au nez et courir à Oxford ! Il est adulte, il fait ce qu'il veut, maman ! De toute manière c'est déjà fait, qu'est-ce que tu veux changer ? Tu devrais être fière, non ? Il se bat pour la justice, comme toi ! Comme un Bones !
Rose croisa les bras en contemplant sa fille, l'air stupéfaite par son argumentaire. Néanmoins, une petite pointe de fierté vint allumer son regard, malgré l'avertissement qu'elle tenta de formuler :
-Je ne suis pas sûre de vouloir savoir ce que ce discours veut dire te concernant, jeune fille.
-Je ne suis pas Simon, maman. Moi je ne vais pas attendre des années avant de te claquer la porte au nez si jamais tu oublies que je suis majeure et que je fais ce que je veux de ma vie.
Susan releva le menton avec orgueil, les épaules rejetées en arrière dans une allure pleine d'assurance qui contrastait avec la jeune fille timide de Poudlard. Simon l'avait prédit, me souvins-je fièrement. « Susan a des valeurs. Susan est une lionne, comme maman. Ce sera elle la grande sorcière ». Elle ne manqua pas d'ailleurs de rappeler à sa mère à quel point elle lui ressemblait en ajoutant :
-Et tu peux parler ! Combien de Mangemort tu as envoyé à Azkaban, maman ? Tu penses qu'ils ne se souviennent pas que tu étais procureure à leur procès ? Tu penses qu'ils ont oublié comment résonne le nom des Bones ?
Rose parut ébranlée par l'argumentaire de sa fille et tenta d'opposer :
-Il résonne beaucoup moins depuis qu'Amelia est morte ... Il suffira ... il suffira de se faire profil bas ...
-Et tu vas savoir le faire ? rétorqua Susan. Maman, ce n'est plus la même guerre, maintenant. Là, ils se sont carrément emparés du Ministère ! En travaillant pour eux, tu seras dans leur camp, tu te rends compte de ça ? Ce ne sera pas des dossiers contre les Mangemorts que tu vas avoir sur ton bureau, mais ceux de nés-moldus qui auront « volé la magie ». Tu vas savoir les envoyer en prison, eux ? Parce que c'est ça que Thicknesse va te demander !
Sonnée, battue par sa fille, Rose se laissa aller sur une chaise. Susan croisa les bras sur sa poitrine et se fendit d'un petit « hum » satisfait. Lysandra semblait osciller entre le sauvage plaisir de voir Rose acculée par sa propre fille et l'agacement.
-Vous faites une belle brochette de femmes fortes et courageuses, concéda-t-elle du bout des lèvres. Mais ma sœur l'était aussi. Ta belle-sœur, ta tante et celle qui aurait dû être ta belle-mère, précisa-t-elle en nous pointant toutes les trois. Et elle en est morte. Ce n'est pas vos valeurs et votre courage qui vous protégera, le jour venu ...
-Et bien tant pis.
C'était Rose qui avait parlé. Elle avait bombé le torse et la ressemblance avec Susan fut flagrante. Le même visage en forme de cœur, le même feu qui rendaient leurs prunelles chatoyantes, la même détermination farouche.
-Il faut qu'on soit le grain de sable dans leur machine, avant que la machine ne nous broie. Ta sœur n'aurait jamais accepté ce qui se passe ...
-Simon a décidé d'être un grain de sable et tu étais prête à lui tordre le cou, chantonna Lysandra avec un sourire caustique.
-Je réagis de manière irrationnelle avec lui, avoua Rose du bout des lèvres.
-Ouh. Mesdemoiselles, retenez cela également !
-Promis, assurai-je avec l'ombre d'un sourire. Le débat est clos, donc ...
-Non, pas vraiment.
La réaction ferme de Rose raviva les restes de rancœurs et de colère que je couvais contre elle.
-Pourquoi ? Pourquoi vous avez le droit d'être un grain de sable et pas moi ?
-Mais parce que tu n'auras pas les moyens de l'être, Victoria ! Moi je vais rester au Ministère, je serais protégée par mon statut de sorcière ! Ils auront besoin de faire tourner l'administration et donc de garder ceux qui en connaissent les rouages, même Tu-Sais-Qui a besoin de fonctionnaires ! Toi, si tu restes ... Victoria, tu vas certainement devoir te cacher quelque part ! Tu seras inutile, pour la société, pour l'Ordre si c'est ça qui te motive, pour tout ! Inutile, voire un poids !
-Maman, s'indigna Susan.
Je reçus les mots comme un boulet en pleine poitrine. Ils faisaient vaguement échos en moi, mais pas assez pour ma décision s'en retrouve ébranlée. Moi qui étais une spécialiste de la fuite, ça n'avait jamais été une option que j'avais envisagé concernant cette guerre. Et chaque jour qui passait apportait une pierre qui me clouait en Angleterre contre vents et marées. J'étais chevillée à ma terre.
-Je ne peux pas partir ...,
-Si tu me sors l'argument de Simon ..., soupira Rose, excédée.
-Ne commencez pas !
Mais elle avait touché le point essentiel. Je n'étais chevillée qu'à ma terre. Je l'étais surtout à Simon. Je lui avais répété samedi, au mariage. Je ne partirai pas. L'idée même de mettre un océan entre nous m'étais insupportable. L'idée de l'abandonner sur cette île à son sort m'était insupportable. L'idée de fuir dans l'incertitude, sans savoir quand je le reverrai, était pire que tout. Elle me donnait envie de hurler de désespoir, à plein poumons. Le cri était là, coincé dans ma poitrine, prêt à exploser. Rose me considéra. Elle avait la mine un peu triste, mais condescendante :
-Mais si ce n'est que ça, Victoria ...
-Maman, arrête de faire comme si c'était une histoire d'adolescent, protesta Susan. Victoria, c'est l'amour de sa vie. Et s'il n'a pas réussi à la convaincre, on n'y arrivera pas ...
La conclusion avait un goût aigre dans la voix de Susan et elle battit des paupières. Visiblement, elle aurait voulu que je suive ma famille dans l'exil, que je la quitte pour aller me mettre à l'abri. Et je savais que c'était également un souhait inavouable de Simon. Oui, lui aussi désirait que je quitte l'Angleterre, que je le quitte lui pour aller vivre en paix aux Etats-Unis. Mais je ne pouvais pas. L'attente, l'incertitude et l'angoisse allait me tuer à petit feu. J'allais mourir dans mon âme à défaut de mourir dans ma chair.
Victoria, c'est l'amour de sa vie, avait lancé Susan avec aplomb. Et pour la première fois, je trouvais la force et la certitude d'accepter ses mots. Oui j'étais l'amour de sa vie et il était le mien. Sans lui plus rien n'avait de sens.
Les jambes tremblantes, je finis par me lever. Susan se redressa avec moi, comme craignant que je m'écroule, mais une fois debout je tenais parfaitement. La discussion était stérile ... ma décision était prise.
-Je retourne chez moi, il faut que j'aille parler à mes parents ... Merci encore pour ce vous faites pour ma famille ...
Je m'adressai plus particulièrement à Lysandra qui se proposait d'accueuillir toute une famille dans sa famille américaine. Elle hocha humblement la tête. Elle paraissait un peu affligée mais garda ses airs de reines inaccessible alors que je quittais la maison. Du coin de l'œil, je vis Susan se prendre le visage entre les mains et Rose se précipiter pour consoler sa fille. L'image me morcela le cœur mais je fermai tout de même la porte derrière moi. Mes mains tremblaient.
Avant de repartir, je lâchai quelques larmes, celles qui étaient restées bloquées pendant que les nouvelles m'assommaient les unes avec les autres avec trop violence pour que je puisse toutes les intégrer. Ce fut le temps qu'il fallut à Simon pour brusquement apparaître au bout de l'allée, affolée. En me voyant sur le perron de sa maison adossée contre la porte, il lâcha son sac de cours et se précipita sur moi. Sa mine profondément soulagée m'indiqua que lui aussi venait d'apprendre que notre monde venait de basculer dans le chaos.
-Oh Vicky ...
Il fallut juste ces mots, juste qu'il effleure mon bras. Et comme toujours, je craquais. Il n'y avait qu'avec lui que je pouvais craquer ainsi. Laissant les sanglots s'éprendre complètement de moi, je me jetais à son cou, désespérée. Ses bras se refermèrent sur moi, me pressant contre lui si fort que je sentis son cœur tambouriner contre le mien.
-Vicky, qu'est-ce que ... ?
-Je ne pars pas ! Je ne pars pas, je t'en supplie, ne m'oblige à faire ça ... !
-Vicky ...
-Toi non plus tu ne le ferais pas à ma place ! Toi non plus tu ne partirais pas, tu ne me laisserais pas je le sais, ce serait au-dessus de tes forces ! Je ne pars pas Simon, je refuse de te laisser, je ne peux pas te quitter, je ne pars pas, s'il te plait je veux rester ... S'il te plait ... Tu ne le ferais pas non plus ... S'il te plait ... Ne me le demande pas ...
Mes pleurs finirent par avoir raison de mes mots et je m'écroulai contre lui, le corps tremblant. Je n'avais même pas envie d'argumenter, de trouver une autre raison logique. J'étais certaine de ce que j'avançais : dans le cas inverse, Simon aurait pris la même décision que moi. Et ça devrait suffire. Pendant quelques instants, il resta affreusement immobile, se contentant de me presser contre lui mais d'une manière froide, figée, songeuse. Puis sa main se mit en mouvement, caressa mes cheveux dans l'espoir vain de m'apaiser. Un souffle lourd tremblant se répandit entre mes mèches et lorsqu'il parla, j'entendis l'écho rauque d'un sanglot :
-D'accord ... D'accord ...
***
Pfiouh pfiouh pfiouh. Toujours avec moi?
Alors c'est la partie où je justifie mes choix : le but de cette fanfiction n'est pas de réécrire Harry Potter, c'est d'en révéler la phase cachée. Et Remus précise quand il vient voir Harry à Square Grimmaurd que la révolution s'est étrangement faite dans la douceur et que ce n'est qu'au changement de politique du Ministère qu'on a pu deviner.
"Oui mais pourquoi les gens de l'Ordre ne préviennent pas Vic?" me direz-vous. Parce qu'ils ont autre chose à faire? Parce qu'au moment du mariage, ils ont défoncés les portes des membres connus et qu'ils doivent être juste ultra-prudent? ça me permet largement de justifier qu'ils n'aient pas pris le temps ni la peine de prévenir une Victoria un peu à la périphérie de leurs soucis et comme ça je pouvais faire une réalisation complètement différente des HP.
Et puis cette "attaque" du QG des Tornades, c'est une scène que j'ai en tête depuis hyper longtemps voilà !
J'espère que le chapitre vous aura plu malgré son intensité !
Au moins cette fois on ne peut pas m'accuser de faire un début longuet !
A la semaine pro pour LDP et deux pour O&P - ET LA SUITE DU CHAOS MOUAHAHAH.
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