IV - Chapitre 4 : Promesses
Hey ! Figurez-vous que je dois partir cet aprem pour baby-sitter ma filleule pendant deux jours donc je doute pouvoir poster demain ... Lucky you !
J'espère que vos vacances se déroulent toujours bien, que vous récupérez bien en vue de l'année qui se profile et que de manière générale vous vous portez bien !
Personnellement j'espère de reprendre un rythme de sommeil normal tout en avançant sur LDP (j'ai fait des jolies stats hier). Pas de panique pour O&P, j'ai toujours 10 chapitres d'avances donc tout va bien !
Bon pas grand-chose à dire ... donc je vais vous laisser PROFITER du chapitre. Oui vous allez le deviner, c'est le calme avant la tempête ...
ENJOY !
PS : pour la citation : je ne suis pas une fan de Hallyday, mais je suis sensible à certains textes et à certaines sonorité rock. Et ce texte là est de JJ <3
***
Je te promets mes bras pour porter tes angoisses
Je te promets mes mains pour que tu les embrasses
Je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir
J'te promets d'être heureux si tu n'as plus d'espoir
[...]
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait
Si les mots sont usés, comme écrits à la craie
On fait bien des grands feux en frottant des cailloux
Peut-être avec le temps à la force d'y croire
On peut juste essayer pour voir !
- Je te promets
Johny Hallyday
(Texte de J.J. Goldman)
***
Chapitre 4 : Promesses.
Je ne reconnus pas le Terrier lorsque je m'y aventurais, une semaine plus tard. J'avais eu l'occasion de me balader dans le grand jardin habité par des gnomes que je découvrais pour la première fois, avant de rejoindre Simon dans le verger où il s'était refugié pour retrouver une forme d'apaisement avant de repartir. A présent, ledit verger était agrémenté d'un immense chapiteau blanc et sur la pelouse, les gnomes avaient été rejoint par une foule de sorciers aux robes colorées. La brise et le soleil qui brillait dans le ciel rendait donnait au tableau des allures d'insouciance et de réjouissance qui me firent presque oublier, l'espace d'une brève seconde, que le monde était au bord du chaos.
Il fallut juste que Simon repasse dans mon champ de vision pour me ramener à la triste réalité. Pour le mariage de Bill qu'il appréciait sincèrement après de longues heures passées au QG à étudier de sombres traités de magie noire, il avait consenti à passer une chemise et un nœud de soie pourpre mais face à la chaleur avait totalement refusé la veste avec laquelle Melania l'avait littéralement poursuivi. En promenant mon regard sur les autres invités qui faisaient la queue devant l'entrée du chapiteau, je ne pouvais le blâmer : la plupart des hommes semblaient suffoquer dans leur robe de soirée.
-On part après la cérémonie, proposa-t-il pour la énième fois, visiblement peu à son aise. Bill a dit qu'on n'était pas obligé de rester toute la soirée ...
-Je veux ma coupe de champagne, objectai-je tranquillement.
Je me dressai sur la pointe des pieds pour voir si la file avançait. Visiblement, les garçons de la famille aidaient les convives à s'installer à l'intérieur du chapiteau : je voyais d'ici les têtes rousses indistinctes se relayer à l'entrée.
-Mauvaise idée. Tu te souviens de ce qui s'est passé la dernière fois qu'on a tous les deux ingurgiter de l'alcool à une soirée célébrant un couple ... ?
Un sourire à la fois gêné et extatique retroussa mes lèvres. Etouffés par une ambiance pesante qui nous frustraient tous les deux, nous avions fini par nous isoler dans le salon des McLairds pour évacuer la tension ... de manière plus intime. Et même si cela avait été un moment complètement fou, inconsidéré et qui ne serait peut-être pas arrivé sans l'aide des quelques coupes d'hydromels, ça demeurait l'un de mes plus beaux souvenirs avec Simon. Non seulement pour les sensations presque inédites que j'avais éprouvé, mais aussi pour l'étape que nous avions passé ce jour-là. Ce jour-là, Simon avait complètement surmonté sa peur de l'intimité, avait accepté son désir ... et pour la première fois, j'avais pu le toucher du bout des doigts, ce désir qu'il pouvait avoir et qui jusque là m'avait paru au mieux inaccessible, au pire inexistant.
Mon sourire s'attarda, si bien que Simon fut obligé de réitérer de façon presque sévère :
-Non, Victoria, on ne cherchera pas un endroit où se bécoter au mariage de Bill et Fleur.
-Mais Bones !
Je n'en avais pas la moindre intention, mais m'entendre protester ainsi colora délicatement les joues de Simon. Ça aurait pu être de l'embarras, mais je compris que c'était un sentiment beaucoup moins avouable quand le coin de sa bouche frémit d'un sourire qu'il refusait de laisser s'épanouir. Avec un éclat de rire, je me rapprochai de lui et nouai mon bras autour du sien.
-Tu es tenté, chantonnai-je, taquine.
-Tu es impossible à suivre, Vicky ...
Je réussis à maintenir mon sourire, mais l'allusion glaça quelque peu mes ardeurs. Fort heureusement, la file avança pile à ce moment-là et le mouvement masqua complètement mon trouble. Oui, ce soir-là avait été une véritable étape de franchie, débloquer quelque chose, enclencher une nouvelle dynamique entre nous ... qui s'était retrouvée brisée juste derrière. La froideur et la gêne s'était installé, j'avais toutes les peines du monde à apprivoiser cette distance – et Simon encore plus. Plus d'un mois s'était écoulé depuis l'attaque de Portishead et c'était bien la première fois que je songeais à me retrouver dans cette situation avec Simon ... et maintenant que j'y songeai, ma chaleur s'était sans doute réveillée avec la nuit que nous avions passée ensemble quelques jours plus tôt, après être justement rentré du Terrier. Avoir Simon sous leur toit avait assez déconcerté mes parents et je m'étais sentie obliger de justifier cela par l'évasion de Jugson. Si ma mère m'avait coupé en assurant qu'il n'y avait aucun problème avec la présence de Simon dans ma chambre, j'avais senti mon père quelque peu plus fébrile. Mais une fois la porte close, tout s'était apaisé. J'avais laissé Simon quelques minutes seul le temps de me changer et de me rafraichir et ça lui avait permis de prendre assez de marque et de confiance pour être serein au moment où je m'étais glissé sous les couvertures. Ça avait été un moment de complicité retrouvé autour d'une plaquette de chocolat et d'un film, de chastes caresses. Je m'étais endormie blottie contre son dos, une main sur son ventre à l'affut de la moindre irrégularité de sa respiration qui pourrait trahir un trouble, laissant le sommeil me gagner uniquement lorsqu'elle s'était faite profonde.
J'avais eu la sensation de nous retrouver, cette nuit. Nous étions revenus aux fondamentaux de notre relation, aux bases, à ce qui faisait notre solidité. Mais le chemin était encore long et Simon venait de subtilement le rappeler ...
Le groupe de français devant nous finit par avancer, guidé par Ron Weasley qui devait avoir pris cinq centimètres depuis la dernière fois que je l'avais croisé, aux funérailles de Dumbledore. Il s'engouffra dans la tente en baragouinant un mélange approximatif d'anglais mêlé de mots français, nous laissant face à un Weasley que je n'avais jamais croisé. Certainement un cousin, il portait une robe de soirée d'un vert bouteille assez ajustée au niveau du ventre et la chevelure rousse caractéristique de la famille qui bouclait sur son front.
-Je peux avoir votre nom ? nous demanda-t-il de façon mécanique, comme s'il avait répété cent fois cette phrase lors de la dernière heure écoulée – ce qui devait certainement être le cas.
-T'inquiète, je m'en occupe, Barny.
L'un des jumeaux apparut alors derrière lui, tout sourire. Par automatisme, mon regard se riva sur ses dents avant de réaliser, la mort dans l'âme, que la reconnaissance était parfaitement inutile. Maintenant la différence sautait aux yeux.
-Salut Fred, lançai-je en me forçant à sourire.
-Miss Bennett, me salua-t-il en s'inclinant profondément devant moi. Je vous dirais bien que vous êtes toute en beauté mais j'ai peur de me prendre un maléfice de Bones.
Je secouai la tête, désabusée face à la grandiloquence feinte de Fred. Avec des gestes toujours exagérés, il nous invita à pénétrer dans le chapiteau. J'adressai un petit sourire à Barny, qui me répondit avec un temps de retard de façon crispée avant de prendre en charge un couple de d'environ l'âge de Bill.
-Ne faites pas attention au cousin Barny, il est peu loquace, nous lança Fred avec un drôle de clin d'œil. Deuxième degré du côté de mon père ... ou serait-ce le troisième ? Je m'y perds, nous sommes tant de Weasley ! Oulah ! Faisons le tour, le vautour rôde ...
Il me prit précipitamment le bras pour me faire entrer sommairement entre les rangées de chaises dorées et délicates. Une fois remise de ma surprise, je pus identifier la personne que Fred semblait fuir à tout prix : dans les premiers rangs, une femme voûtée vêtue d'un cardigan rose, les traits affaissés par la vieillesse faisait face à George. Tourné de trois-quarts, je pouvais parfaitement discerner l'absence d'oreille sous ses cheveux roux qui couvraient ses tempes, dédramatisé par l'éternel sourire insolent qui ourlait ses lèvres.
-Il y a quelque chose qui a changé chez toi, grognait la vieille dame, les yeux plissés. Tes oreilles sont asymétriques, quelle farce tu nous fais encore ? Le jour du mariage de ton frère, tu n'as pas honte de faire le clown ?
-Ma tante Muriel, grimaça Fred alors que Simon écarquillait les yeux. Grand-tante, côté de maman. Un vrai dragon. On a tout calculé pour la laisser à Ron mais elle nous a quand même trouvé.
-Elle a l'air charmante, commenta ironiquement Simon.
-Ne te moque pas, ou je la lâche sur toi. Elle aura cent une choses à dire rien que sur ta coupe, puis deux cents sur ta tenue. Et un petit mot sur Bennett et son tour de taille très menu. La famille de Fleur est de ce côté ... ne restez pas trop proche de la mère, elle est à moitié Vélane ... mais la petite sœur est pire, elle commence à un peu maîtriser son pouvoir et c'est une petite charmeuse. Hagrid nous a cassé des chaises, ajouta-t-il en pointant le Garde-Chasse installé dans le fond, l'air vaguement penaud. Heureusement que George n'a pas perdu sa dextérité magique en perdant son oreille ...
La légèreté avec laquelle il évoquait la mutilation de son frère jumeau me glaçait complètement à chaque fois. Je savais que c'était certainement un mécanisme de défense, une façon de normaliser et d'assimiler dans leur quotidien cette terrible transformation. Finalement, après un détour pénible par les rangées de chaises où nous avions dû déranger nombre de convives, Fred finit par trouver notre place. Un sincère sourire effleura mes lèvres lorsque je compris que le plan n'avait pas été fait au hasard : loin s'en fallait.
-Ça te va bien le blond !
Tonks m'adressa un sourire rayonnant. Drapée d'une ravissante robe mauve, maquillée d'une sobre touche rosée sur les lèvres et ses cheveux couleur miel qui encadraient joliment son visage en forme de cœur, j'aurais pu ne pas le reconnaître si elle ne se tenait pas fièrement aux côtés de mon ancien professeur Remus Lupin. Ses traits tirés et son costume visiblement bon marché tranchait avec la mine radieuse de sa compagne mais un sourire effaça l'air fatigué sur son visage.
-Et ce n'est pas la seule nouveauté, gazouilla Tonks en me tendant la main. Regarde !
Elle me plaqua ses doigts si proches de mon nez que je dus loucher pour discerner ce qu'elle souhaitait me montrer. Et alors je le vis, le sobre mais bel anneau d'or qui ornait son annulaire. J'avais assez entendu mon père officier ou lorgner sur les bagues de ma mère pour saisir les nuances et devinai instantanément en un cri :
-Mais vous vous êtes mariés !
La chose me semblait à la fois réjouissante et précipitée, mais face au sourire extatique de Tonks je préférai taire la dernière partie. Cependant de l'autre côté du couple, quelqu'un ne se priva pas pour se fendre d'un grognement de dépit.
-Arrête de te vanter Tonks, ça en fait que me rappeler que tu t'es mariée sans nous inviter.
-Et je t'ai déjà dit que je vous autorisais à ne pas m'inviter au vôtre, répliqua Tonks en roulant des yeux.
-Et je t'ai rétorqué qu'effectivement tu pouvais attendre. Nous on avance autrement.
Je m'écartai quelque peu pour contempler la personne qui venait de parler. Assise à côté de Lupin, une jeune fille à la longue chevelure cuivrée qui ruisselait dans son dos considérait Tonks les yeux plissés. Sa robe rouge était tendue par un ventre bombé qui masquait visiblement un enfant à naître.
-Victoria, Simon, je vous présente Joséphine, nous introduit Remus avec un étrange sourire. C'est une amie d'école de Tonks et de Charlie Weasley.
-Qu'elle attend impatiemment pour lui provoquer un malaise cardiaque, ajouta Tonks, visiblement ravie de la perspective.
-Pour quelle autre raison je serais venue à ce mariage ? lança Joséphine en fronçant du nez. Il fait une chaleur à crever, je suis enceinte de cinq mois vous pensez vraiment que je suis d'humeur à mettre une jolie robe et des talons ?
-Tu n'as pas de talons.
-Non, j'ai abandonné dès les premiers mètres, avoua-t-elle d'un air digne. Farhan est parti les mettre dans la maison ... et tenter de croiser Charlie, je pense. Bon sang j'espère qu'il va tenir sa langue !
Elle jeta un regard furieux à l'entrée du chapiteau, toujours bouchée par une file d'invité qui se pressait pour entrer avant de poser ses prunelles noisette sur ma personne. Un sourire frémit sur la commissure de ses lèvres et je me retrouvai brusquement intimidée.
-Mais enchantée, Victoria. Toi, je t'ai déjà vu, ajouta-t-elle à l'adresse de Simon d'un ton presque amer. Oh tu ne dois pas te souvenir, c'était il y a une éternité ... à un banquet du Ministère. Tes parents se sont retrouvés à la même table que les miens. Mon père est ...
-Auror, acheva Simon, un peu déconcerté.
-Retraité, rectifia Joséphine avec une moue. Il travaille comme consultant, maintenant. Enfin c'est toujours moins classe qu'être le fils de ...
-Joséphine, sois gentille, l'interrompit rapidement Tonks.
Comme pour adoucir sa remarque, elle lui tapota la tête avec une certaine condescendance. Pour toute réponse, Joséphine se contenta d'un long regard moitié outré moitié blasé, comme si elle avait presque l'habitude d'être traitée comme une petite chose. Ce fut la distraction qu'il fallut à Simon pour prendre place en fond de rangée, de l'autre côté de moi. Son dos heurta la chaise et pourtant il parut vouloir encore s'y enfoncer un peu plus pour éviter un possible interrogatoire de la jeune femme. Vaguement amusée, je m'assis à mon tour et lissai la jupe de ma robe sur mes jambes pour couvrir mes genoux. Cette fois, j'avais décidée d'y aller sans fioriture avec la robe qu'Emily m'avait offerte pour mes dix-neuf ans, couleur crème à petites fleurs dont les pétales se décoloraient du pourpre au rosé comme une aquarelle. J'avais emprunté un sac à ma mère, autoriser Melania à me faire une tresse avec application. Je l'avais regardé faire à travers le miroir de la salle de bain, observé le petit sourire qui ourlait ses lèvres et m'étais presque surprise à l'imaginer tresser ainsi un jour les cheveux de sa fille. Je sursautai lorsque Tonks prit justement le bout de ma coiffure entre ses doigts, un petit sourire aux lèvres.
-On met aussi des fleurs dans les cheveux aux mariages chez les moldus ?
-C'est ma belle-sœur qui m'a dit de le faire, précisai-je en effleurant les quelques fleurs sauvages qu'elle avait tressés avec mes cheveux. Je ne savais pas que c'était une tradition ...
-Souvent pour les mariages de printemps ou d'été les femmes se mettent des fleurs dans les cheveux, confirma Tonks. Regarde, tout le clan français en une – et pas les plus modestes, oh la la, c'est une orchidée ça ? Enfin bref, je suis assez rétive aux traditions personnellement ...
-Tope-là, lança Joséphine en levant la main.
Les deux jeunes femmes se tapèrent dans la main en riant, par-dessus un Remus Lupin dépassé qui finit par glisser de la chaise à côté de Joséphine à celle à mes côtés. Il m'adressa un sourire crispé.
-Ne les écoutez pas Victoria, je vous trouve charmante. Même si j'ai eu toutes les peines du monde à me rappeler la jeune fille timide de Poudlard ...
-C'est les cheveux, prétendit Simon pendant que je souriais, embarrassée par les compliments. Ils ont poussé. Ils étaient très courts en cinquième année.
-Et visiblement tu t'en souviens mieux que moi ...
-C'est la fois où tu les avais coupés au menton. Je détestais. Trop court C'était la coupe « caniche ».
Le coup de coude fusa si vite que Simon ne put amorcer le moindre mouvement pour l'éviter et se retrouva le souffle coupé à grimacer. Je me souvenais parfaitement d'un moment bref où Simon m'avait appelé « le caniche » sans que je ne corrèle cela à une coupe en particulier – simplement à mes boucles indisciplinées. Mon indignation fut presque coupée dans l'œuf par le rire de Lupin. Visiblement, ne plus se trouver entre Tonks et son amie l'avait considérablement détendu.
-Ah vous deux ..., lança-t-il, l'œil étincelant. Il faut que je vous raconte tout de même ... notre premier cours. Vous savez, quand c'est votre première année, les autres professeurs passent leur rentrée à vous prodiguer nombre de conseils plus ou moins utile ... Je pensais y échapper quand j'ai annoncé que cette fois, j'avais les Serdaigle et les Poufsouffle en cinquième année. Je m'attendais à une classe plutôt tranquille. Et là il y a eu un frémissement collectif et Flitwick qui s'est précipité vers moi : « surtout si vous tenez à votre salle, ne mettez pas Bennett et Bones l'un à côté de l'autre ! »
Simon et moi éclatèrent de rire sans pouvoir nous en empêcher. La remarque raviva le souvenir de l'un de nos premiers cours où nous avions été classés par ordre alphabétique et où nous nous étions retrouvés seuls au premier rang, ensemble. Nous étions devenus si ingérable que la professeure de l'époque avait exilé Simon au fond de la salle, ce qu'il avait vécu comme une profonde injustice. Ou de cette fois en cours de Botanique où je m'étais retrouvée en face et que je m'étais attaquée à lui avec une truelle ... Visiblement, ces incidents avaient servi d'exemple pour les autres professeurs. Remus haussa les sourcils, l'air à moitié surpris.
-Dis-moi Simon, lança-t-il avec la moitié d'un sourire. Si tu te souviens de la coupe de cheveux de Victoria à l'époque, tu dois te souvenir de mon premier cours, non ?
Le sourire de Simon se fana immédiatement et il coula un regard circonspect sur notre ancien professeur.
-Euh ... c'était le rattrapage sur les épouvantards, non ?
-Précisément. Et vous vous souvenez de ce que vous avez fait de votre heure ?
Je papillonnai les yeux, incapable de retrouver ce souvenir. De mémoire, j'avais saisi précipitamment la perche tendue par notre professeur de ne pas participer à l'exercice et avoir observé mes camarades s'y atteler avec une envie mêlée d'effroi. Mais la façon dont Simon roula des yeux avant de croiser les bras sur sa poitrine avec un soupir.
-On est resté ensemble ...
-Oh c'est vrai, me souvins-je alors, saisie d'un flash. On était assis sur une table. Je me suis même demandé si ta plus grande peur ce n'était pas moi ...
L'air profondément exaspéré de Simon m'arracha un sourire presque penaud. Evidemment, cela semblait puéril quand on songeait à tout ce que j'avais découvert depuis ... Mais c'était précisément ce que nous avions été sur cette table. Des enfants qui se chamaillaient. Remus s'esclaffa de nouveau.
-Vous imaginez ma surprise ! On me promettait l'enfer si vous passiez ne serait-ce qu'une minute ensemble, et vous êtes restés à deux tout le cours, à discuter presque tranquillement et même à rire ! C'est le moment où j'ai su que j'allais m'adonner aux traditionnels paris de la salle des professeurs ...
-Oh Merlin, gémit Simon en plaquant une main sur son visage.
-Vous étiez en retard sur Chourave, fis-je joyeusement remarquer.
-Chourave a parié sur nous ?!
J'adressai un clin d'œil à un Simon abasourdi, mais sa confusion fut noyée dans un brouhaha ambiant : Mr. et Mrs. Weasley venaient d'apparaître et saluaient leur connaissances avec des signes et de grands sourires. Puis ce fut le tour du marié de faire son entrée, agrémenté d'un long sifflement charmeur de Fred qui fit s'esclaffer l'assemblée. Il était accompagné du seul Weasley que je n'avais jamais rencontré mais que j'identifiais facilement comme étant Charlie. Aussi massif et large d'épaule que les jumeaux à qui il ressemblait énormément, son sourire était néanmoins aussi tranquille que celui de Bill et il se déplaçait avec une nonchalance presque négligente. Tonks fit barrage de son corps pour soustraire Joséphine et son ventre à son regard lorsqu'il passa devant nous et ils allèrent tous deux se poster sur l'estrade où les attendaient déjà, pour la plus grande surprise, le même petit homme qui avait officié aux funérailles de Dumbledore. Je n'eus pas le temps de ressentir les effluves de la tristesse et de la nostalgie : déjà quelques notes délicates s'élevaient, annonçant l'arrivée de la mariée. L'assemblée se dressa et pivota d'un même ensemble pour voir la magnifique Fleur Delacour remonter l'allée au bras de son père.
-Oh qu'elle est belle, souffla Tonks, l'air étrangement émue.
Belle était un véritable euphémisme : Fleur Delacour rayonnait, littéralement. Le halo qui semblait toujours émanait d'elle n'avait jamais été plus lumineux et son aura semblait même atteindre les deux jeunes filles qui la suivaient, radieuses également dans leurs robes dorées. Mais je n'avais à cœur de les identifier : je suivais Fleur des yeux, fascinée par sa démarche aérienne, la simplicité de sa robe qui semblait pourtant la sublimer, l'éclat de la tiare qui égayait sa chevelure blonde. Mais tout cela n'était rien comparé au tableau qui nous attendait une fois que Fleur ait atteint l'estrade pour rejoindre son promis. Le sourire de Bill était sincèrement l'une des plus belles choses qui m'ait été donner de voir. Tout l'amour et le bonheur qu'il véhiculait fut tel que les larmes me montèrent aux yeux. Je n'étais pas vraiment la seule : Tonks avait sorti un mouchoir sous le regard moqueur de Joséphine et depuis les premières chaises il me semblait entendre des sanglots.
C'était agréable, de pleurer de bonheur.
Le maître de cérémonie fit un geste et tout le monde se rassit d'un même élan. Je me tamponnai discrètement le coin des yeux au moment où Simon se fendait un petit ricanement.
-Quoi ? lâchai-je alors, sur la défensive.
C'était un brin trop fort car deux personnes devant nous se retournèrent, agacés. Même Simon m'adressa un regard surpris – et je compris que son rire n'avait strictement aucun rapport avec mes larmes.
-Pardon ? Oh mais ... tu pleures ?
-Non, répondis-je immédiatement, battant des cils pour chasser les dernières traces. Qu'est-ce qu'il y a ?
J'abaissai la voix pour ne plus importuner nos voisins – d'autant que le maître de cérémonie venait d'entonner un long discours sur l'amour et l'engagement qui m'intéressait peu. Pour moi, la définition de l'amour se résumait en quatre vers et je les avais déjà reçus en plein cœur. Un sourire légèrement sarcastique ourla les lèvres de Simon mais il passa finalement outre pour se pencher vers moi :
-Barny. Le gars qui nous a accueilli. Tu as vu où il était ?
-Je vais te dénoncer à Fleur. Je vais la prévenir que tu ne la regardais pas et que tu regardais les autres.
Les joues de Simon rosirent légèrement et je réalisai que c'était certainement voulu pour demeurer immuniser contre les pouvoirs d'attraction de la jeune femme.
-Comme tu le voudras. Bref, regarde. Au deuxième rang, derrière les jumeaux.
Ce fut difficile : nous étions loin et les convives derrière moi tous plus grand que moi. Mais en me contorsionnant un peu, je pus distinguer entre les silhouettes la tête rousse de Ron et la chevelure brune et brillante d'une fille que je ne pouvais identifier jusqu'à ce qu'elle se tourne pour s'adresser au fameux Barny. Ma bouche s'entrouvrit légèrement. C'était Hermione Granger, coiffée comme au bal de Noël trois ans plus tôt.
-Barny, murmurai-je, ébahie. Barny ... Mais qu'est-ce qu'ils sont cons !
Simon s'esclaffa dans sa main pour atténuer l'éclat de son rire, mais nos voisins de devant dardèrent tout de même leurs yeux irrités sur nous. Même Remus finit par nous lancer le regard typique du professeur, long et appuyé et nous finîmes par sagement écouter le reste de la cérémonie.
Est-ce que ce fut le rire de Simon, l'évocation des paris qui avaient couru sur nous depuis nos jeunes années à Poudlard, ou les graines de la nuit passée ensemble qui commençaient à germer, je l'ignorai, mais au moment de l'échange des consentements, je me sentis brusquement émue, vibrante, bien trop consciente de la présence de Simon à mes côtés mais également plus proche de lui que je ne l'avais jamais été depuis plus d'un mois. Mon souffle s'était douloureusement coincé dans mes poumons à l'évocation de la formule rituelle « jusqu'à ce que la mort nous sépare » et sans pouvoir m'en empêcher, j'avais recouvert la main de Simon de la mienne. Sur le coup, il tressaillit, comme surpris du contact, avant de serrer mes doigts en retour. Je n'osai pas le regarder alors je fermai les yeux, rassurée de cette simple pression, de sa peau tiède contre la mienne, des mouvements épidermiques de ses doigts contre les miens qui trahissaient la vie. Au moment où tout s'écroulait autour de nous, j'avais besoin de ça. J'avais terriblement besoin d'y croire. Croire en sa promesse. Croire en nous.
La cérémonie s'acheva dans les vivats de la foule sans que je n'aie rouvert les yeux. Je découvris alors un véritable monde en liesse : Bill et Fleur, enlacés, s'embrassant sous une pluie de paillette argentée et des clochettes miniatures qui s'ajoutaient aux applaudissement émus des convives. Un peu surprise, je me levai à retardement et uniquement parce que Simon l'avait fait avant moi. Aussitôt, nos chaises s'élevèrent avec grâces et les parois du chapiteau disparurent. Un clignement d'œil plus tard et sans que je n'aie complètement retrouvé mes esprits, l'espace changea complètement de physionomies : des colonnes blanches et dorées soutenaient à présent une toile pour nous laisser profiter de la vue du verger baigné par le soleil. Nos chaises s'étaient regroupées autour de tables recouvertes de nappes blanches et une surface dorée au centre semblait délimiter une piste de danse. Simon tira sur ma main qu'il tenait encore.
-Allez viens, on va disputer les jumeaux pour leur manque de créativité. Parce que mettre « Barny » au milieu des deux meilleurs amis de Harry Potter, c'est quand même dangereux !
Son ton cynique m'arracha un éclat de rire qui cassa complètement la bulle d'émotivité absurde dans laquelle je m'étais plongée. Mais avant que nous pussions fuir, Charlie Weasley déboula dans notre rangée pour prendre dans ses bras la personne qui se trouvait au bout. Je n'y avais pas fait attention car il était arrivé pendant que nous parlions avec Remus, mais je devinai qu'il s'agissait du compagnon de Joséphine. Charlie le broyait tant dans son étreinte qu'il finit même par en gémir :
-Je vais mourir, Charles !
-J'en reviens pas que Bill t'ait invité ! ça, c'est un cadeau pour moi ! ça fait combien de temps, deux, trois ans ? Depuis que je suis venu apporter les dragons pour le Tournoi à Poudlard, tiens !
Tonks se retenait visiblement de rire alors que Charlie berçait littéralement son ami dans tous les sens. Les jumeaux étaient venus flanquer leur frère, eux aussi hilares. Finalement, il finit par le libérer pour se tourner vers Joséphine qui attendait sagement derrière, les mains croisées sur son petit ventre, un sourire énigmatique aux lèvres. Celui de Charlie se fana sur ses lèvres de façon comique, mais ce fut elle qui attaqua en première en plaquant une main contre sa bouche.
-Weasley, tes cheveux !
-Jo, ton ventre !
-Tes cheveux, c'est plus choquant. Comment as-tu osé te les couper ? C'est l'une des plus belles choses que tu as ...
-Non mais je rêve ! Tu es enceinte ? (Il se tourna vers son ami, qui souriait l'air ému). Elle est enceinte ? Vous allez avoir un bébé ?
-Et le bébé me donne des pouvoirs phénoménaux dont je vais pouvoir me servir, évalua Joséphine en observant les tables qui se remplissaient. Qui je vais pouvoir virer en sortant la carte « femme enceinte » ... ? Non, Weasley ! Weasley, je sors la carte, lâche-moi, tu vas secouer le bébé ! Farhan, dis-lui !
Mais Charlie n'avait visiblement que faire et venait de soulever Joséphine de terre malgré ses cris et ses glapissements, sous les éclats de rire de son compagnon, Tonks et des jumeaux.
-Je vais être parrain ! s'extasia-t-il.
-Non ! refusa Tonks en pointant son index sous le nez de Farhan. Il fera la queue, comme tout le monde, je l'ai demandé la première !
Cette fois, même Simon et moi nous joignirent à l'hilarité générale. Seul Remus paraissait légèrement être à l'écart, visiblement peu à son aise face aux jeunes amis de sa toute nouvelle femme. Je repérai son propre anneau qu'il caressait d'un geste distrait, presque nerveux en contemplant Tonks presque se pendre au cou du fameux Farhan qui tenait de la repousser en expliquant qu'ils n'avaient pas pris de décision concernant le parrain ou la marraine de l'enfant. Puis alors que tous reprenaient leurs esprits et que Charlie avait décidé de ne s'adresser qu'au ventre de Joséphine pour « nouer un lien avec son futur filleul », une personne qui n'avait rien à faire dans ce tableau en brisa complètement la bonne humeur pour la transformer en stupeur.
-Ravi de te revoir, Charrrlie.
Les mains sur les genoux, occupé à gazouiller face au ventre d'une Joséphine somptueusement exaspérée, Charlie leva des yeux sur celui qui venait de l'interrompre. Son sourire s'agrandit et il se redressa, nullement déconcerté, pour serrer la main tendue de l'homme.
-Ah ! Bill m'avait dit que Fleur t'avait invité, ravi également ! Les amis, inutile de vous présenter ...
-Viktor Krum, reconnut Joséphine, hébétée. Tu connais Viktor Krum et on ne l'apprend que maintenant ...
Il eut un instant de flottement pendant lesquels Charlie et Tonks échangèrent un bref regard dont je pus sans peine lire tous les silences : Charlie était le contact de l'Ordre en Europe centrale et celui qui échangeait avec lui pour promouvoir notre message.
-La Bulgarie et la Roumanie sont voisines, éluda-t-il finalement d'une voix trainante. Je ne pouvais pas rester à côté d'un tel prodige sans aller le voir jouer et ... Waho !
-Tu n'es pas mal non plus. Il faut du crrran pour voler parrrmi les drrragons.
Charlie inclina humblement la tête. Tonks émit un drôle de couinement qui ressemblait à celui d'une souris et échangea un regard admiratif avec Joséphine. La vue du joueur de Quidditch provoqua un drôle de soubresaut dans mon estomac. Pour être honnête, je l'avais reconnu dès son approche à sa démarche étrangement disgracieuse, puis à son nez arrondi et ses sourcils broussailleux et droits. Une nouvelle barbe garnissait son menton et lui donnait l'air plus âgé que ses vingt-et-ans. Le soubresaut se transforma presque en nausée quand Viktor promena son regard sur nous avant de le poser plus franchement sur moi. Il haussa les sourcils.
-Oh mais j'ignorrrai que je tomberrrai sur une autrrre tête connue !
Je sentis ma peau passer à l'écarlate en une fraction de seconde quand tous les regards se posèrent sur moi. Et elle chauffa à un point rarement atteint lorsque les jumeaux fusèrent de part et d'autre de l'Attrapeur. Fred pointa Simon derrière moi.
-C'est lui qu'il faut convaincre pour qu'elle vienne à Vratsa !
-Mais fais vite, elle passe titulaire chez les Tornades !
-Mais de quoi je me mêle ! me récriai-je en repoussant la main que Fred. Je ne vous ai pas dit ça pour que vous le criiez sur tous les toits ! Allez-vous en !
-Oui, on va tous y aller par ailleurs, enchérit Remus en s'éclaircissant la gorge. Nous devons aller féliciter les mariés et je suppose que Joséphine doit aller se reposer pour le bébé ...
La jeune femme darda sur lui un regard exaspéré, visiblement irritée qu'on utilise contre elle la carte de la « femme enceinte ». Mais elle obtempéra quand son compagnon fut le premier à quitter la place pour se précipiter vers les mariés, suivi de Tonks et de Remus qui m'adressa un petit sourire – et eut la gentillesse d'entrainer avec lui Fred et George en les prenant chacun par le coude. Charlie, dont la tâche devait déjà être faite, resta avec nous et me dévisagea avec curiosité.
-Oh mais tu es Victoria, c'est ça ? Je crois que Bill m'a parlé de toi aussi ...
-Moi aussi je t'en ai parlé, ajouta Viktor, les yeux plissés. La Gardienne qui a osé me dire non ...
Je voulais m'enterrer sous terre, ici et maintenant, si bien que je finis par me coller contre Simon comme un chaton à sa mère. Mais celui-ci me trahit en me poussant avec plus ou moins de subtilité vers Charlie et Viktor. Celui-ci leva par ailleurs le regard sur Simon, toujours silencieux derrière moi.
-Et voici donc la raison ?
-Oh non je vous la donne. Vous la voulez quand ?
C'était dit d'un ton léger, mais je percevais la note sérieuse de la proposition dans toutes ses nuances et elle valut à Simon un nouveau coup de coude.
-Dans tes rêves, Bones. Tu te débarrasseras de moi quand je serais morte. (Ramassant les miettes de ma dignité, je me composai un sourire face à Viktor). Mais je suis contente de te revoir. Je ne m'attendais pas à te voir ici ...
-Fleur m'a invité, confirma Viktor avec un petit sourire. En mémoire des éprrreuves que nous avons passé ensemble, je suppose ... (Il fronça les sourcils). Je m'attendais à voir Harrry Potter mais je suppose qu'il doit avoir mieux à faire qu'à se montrrer à un marrriage.
Charlie retint son rire dans une toux dans le dos de Viktor et prétexta chercher à boire pour s'éloigner. Mais une seconde plus tard, l'un des serveurs qui avait envahi la place passa devant nous nous proposer une coupe de champagne ou de jus de citrouille. Je pris la première sans hésiter, Simon la seconde et Viktor déclina d'un air bougon. Le serveur ne cessait pas de le dévisager, si bien qu'en partant il faillit heurter l'un de ses congénères qui portait lui un plateau de hors d'œuvre et de petits sandwichs.
-Tu passes titulaire alorrrs ? lança Krum en le lorgnant. Mon premier conseil : blinde-toi contre les regards. Il n'y a rien de pirrre que les regarrrds. Tu fais quoi, toi ?
Simon mit quelques secondes à comprendre qu'il s'adressait à lui.
-Oh ... J'étudie les sortilèges, à haut niveau.
-La Bulgarie cherche des Briseurs de sorts ...
-Je ne viendrai pas en Bulgarie, assurai-je avec un sourire penaud. Je n'ai pas changé d'avis depuis l'année dernière, je suis désolée. J'ai des choses importantes à faire ici ...
Viktor poussa un petit grognement et par ce seul son je me retrouvais propulsé en Pologne, sur la côte venteuse de Gdansk où je l'avais retrouvé un an plus tôt. Le souvenir m'arracha un frisson.
-Comment va Kamila ?
La mention de la fille qui avait failli me tuer arracha un étrange son à Simon que j'apaisai en pressant ses doigts. En revanche, un petit sourire naquit sur les lèvres de Viktor.
-Bien. Ça lui a fait du bien d'avoir un but, elle est trrrès active – dans le bon sens du terrrme. Je l'ai vu juste avant de venir ici ... Elle te passe le bonjour. Et te demande de la prévenir quand elle doit envoyer les fleurs et à qui.
Je grimaçai face à l'allusion. Evidemment, malgré ses idéaux plutôt nobles, Kamila souhaitait ardemment la mort de mon grand-père. Elle n'avait pas été loin d'envoyer des fleurs à Nestor Selwyn ...
-Perrrsonne et pour longtemps, je l'espèrrre, poursuivit Viktor, l'air sincère. C'est une bonne nouvelle, la titularisation. Félicitations. Que les Anglais te forrrment : tu arriverrras aguerrie chez nous.
J'eus un sourire désabusé.
-Vraiment ? Tu ne m'as vu jouer qu'une fois ...
-Tu avais seize ans et je te trouvais déjà brillante. Et ce que je sais, c'est qu'une Garrrdienne titulaire chez les Tornades peut larrrgement prétendre à une place chez les Vautours. (Il marqua une petite pause, plus sérieux). Tu seras un beau symbole, chez nous. On a peu de femmes dans les équipes. Mais de nées-moldus, encorrre moins. J'avoue que c'est aussi ce qui me pousse à renouveler mes propositions.
Il avait touché une corde sensible de quoi qui vibra longuement jusqu'à constituer le premier véritable argument en faveur de Vratsa depuis la première proposition. Celle-ci, je l'avais à peine prise au sérieux. Elle avait été jetée à une gamine crasseuse sur les bords d'un match amical de Quidditch. Mais à chaque nouvelle, j'avais la sensation qu'elle prenait en poids et en légitimité. Assez pour me flatter, mais pas pour m'arracher à l'Angleterre et je me fendis d'un nouveau sourire qui donna sa réponse à Viktor.
-Forrrt bien, céda-t-il. Mais ne te ferme pas de porte, Victorrria. Ce serait dommage que tu te prrrives d'une belle aventure.
Il nous salua d'un hochement de tête cordial et d'un dernier regard entendu avant de se mêler à la faute. Dès qu'il bougea, quelques jeunes filles et garçons admiratifs le suivirent, dédaignant la première danse entre Fleur et Bill qui s'exécutaient avec grâce sur la piste. Les musiciens en veste d'or jouaient sur une estrade et toutes les tables à nappes blanches étaient occupées par des groupes de convives. Les jumeaux avaient retrouvé Lee Jordan, remarquai-je, amusée de voir mon ancien camarade en tenue de soirée, les dreadlocks sagement nouées sur sa nuque. C'était bien Hermione entre Ron et le « cousin » Barny aux cheveux bouclés, dans une jolie robe lilas. Krum s'installa justement à leur table, assez renfrogné et je leur tournai le dos pour faire face à Simon. Mon regard furibond le fit reculer d'un pas.
-Quoi ?!
-Je vais le répéter, j'ai l'impression que le message n'est pas assez passé. Je n'irai pas en Bulgarie, Simon Sirius Bones, tu m'entends ?
Simon eut une moue presque boudeuse et fit tourner son jus de citrouille dans son verre avant de faire mine d'observer les danseurs. Bill et Fleur avaient été rejoint par d'autres invités – dont Ron et Hermione qui tournoyait de façon assez raide, mais avec un étrange sourire sur leurs lèvres. Puis de nouveau, ses yeux se fixèrent de nouveau sur son verre et ses lèvres se pincèrent.
-Tu ne veux pas danser ?
Je le contemplai, certaine d'avoir mal entendue. Mais le regard fixe de Simon au fond de son jus de citrouille me fit comprendre que j'avais parfaitement saisi et je m'empourprai.
-C'est le moment de me proposer ça, tu crois ?
-Je ne sais pas. Je tente.
Je tente. Depuis quand n'avait-il tenté quelque chose avec moi... ? Malgré mon agacement, j'y fus assez sensible pour répondre dans un filet de voix :
-Je ne sais pas danser.
Je savais que c'était son cas. Contrairement aux apparences, c'était un très bon danseur et il l'avait prouvé à mainte reprise avec Emily ou Susan dans la Salle Commune des Poufsouffle. Mais moi, jamais. Un sourire tordu retroussa les lèvres de Simon et ce fut de nouveau à son verre qu'il s'adressa :
-Et donc tu vas laisser filer l'occasion d'avoir une raison valable de m'écraser les orteils ?
Touchée. La petite note de défi qui jouait dans sa voix me frappa en plein cœur. Sa connaissance de mes mécanismes me fascinait et m'attendrissaient à fois. Avec un sourire confus, je pris la main qu'il me tendait et le laissai me mener au milieu des danseurs. La musique avec un rythme lent que je reconnus comme une valse et j'en fus soulagée car il s'agissait de l'unique pas que je connaissais. Un peu mal à l'aise, je plaçai pour la première fois une main sur son épaule alors que la sienne allait se loger sur ma taille. Un petit rire secoua Simon lorsqu'il remarqua ma raideur.
-Arrête, gémis-je en laissant aller mon front contre son épaule. Je ne sais vraiment pas danser ...
-Mais si, tu le sais. Tu le faisais très bien avec Bletchley ...
Il n'y avait aucune amertume dans le ton de Simon : simplement une volonté de me rassurer. Alors plutôt que de protester et de repousser le souvenir de Miles d'une pichenette, je m'écartai un petit peu pour le gratifier d'un sourire espiègle.
-Parce que tu me regardais danser ?
-J'espérai te voir trébucher, prétendit-t-il avec aplomb.
-Bien sûr ...
La joute verbale me détendit assez pour que Simon se permette quelques pas, m'entrainant avec lui. Cela ne manqua pas : les premières furent maladroits et je me trompais plusieurs fois, mais chaque fois que je voulais m'enfuir, mortifiée, il m'attirait de nouveau avec un éclat de rire. Et comme c'était l'unique manière que j'avais d'être dans ses bras devant tous ces gens sans le gêner, je finis par céder complètement.
-Une seule, exigeai-je finalement en me laissant emporter de bonne grâce.
-Une danse et on y va. Promis.
Je hochai la tête, les yeux rivés sur les petits pas qu'esquissaient mes pieds avec moins de cadence et de grâce que Simon. Je finis par comprendre que c'était inutile et je fixai mon regard sur un point devant moi, me concentrant sur ma respiration et la main de Simon sur ma taille. Bill et Fleur nous frôlèrent mais étaient trop obnubilés l'un par l'autre pour nous prêter la moindre attention et Tonks s'était laissée emporter par le compagnon de Joséphine, laquelle attendait plus loin en s'efforçait d'ignorer Charlie. Dehors, le soleil rougeoyait dans ses derniers rayons et des bulles lumineuses commençaient à éclairer l'intérieur du chapiteau, donnant à l'assemblée une nouvelle coloration presque plus intime.
-Ni Bulgarie, ni Etats-Unis, précisai-je alors, dans l'espoir de reprendre la conversation. Je ne veux pas que tu me mettes dans un avion de force, Simon. Tu n'y arriveras pas.
-Je sais, soupira-t-il dans mes cheveux. Je sais, tu es butée quand tu veux. Mais ne m'en veut pas de tenter de trouver des solutions, Vicky. Les nouvelles qu'on a ne sont pas très optimiste, il faut commencer à couvrir nos arrières.
Mon cœur manqua un battement, mais par miracle mes jambes suivirent la cadence imposée par Simon.
-Mais on n'est pas obligé d'en parler ce soir, ajouta-t-il avec douceur. Remus a dit qu'il nous préviendrait, quand ... quand il sera temps.
J'ignorai quand le « si » était devenu un « quand », mais la contestation me glaça complètement. S'il n'y avait pas eu le rythme qu'impulsait Simon, je me serais complètement arrêtée, les jambes coupées. Pourtant il était là, sa main dans la mienne, me poussant à poursuivre, à avancer malgré mon inertie. Là pour me tirer lorsque le reste ne répondait plus. Je fermai les yeux, la gorge serrée. Il sera là. Il va tenir sa promesse. On affrontera ça ensemble ... J'avais entendu sans écouter mais il fallait à présent que je m'en persuade. Si je doutais maintenant, c'était fini. Je n'avais plus de place pour les doutes.
-Lundi j'ai entrainement. Le premier avec l'équipe A ... j'en profiterai pour en parler avec Leonidas.
-Leonidas est prêt, ce sera surtout tes parents qu'il faudra convaincre ...
-C'est vrai, concédai-je dans un souffle.
Un frisson me parcourut l'échine et je me pressai un peu plus contre Simon. La conversation m'avait complètement ankylosée. Je n'avais pas envie de prendre ces décisions et de toute manière elles ne m'appartenaient pas complètement. Alexandre me le rappelait assez vertement chaque fois qu'il en avait l'occasion, encore blessé de la manière où j'avais géré sa vie deux ans plus tôt. Mais le fait que leur destin m'échappait et me filer entre les doigts ne faisait que m'angoisser davantage.
Je pris une profonde inspiration et chassai mes sombres plans de mon esprit. Leur unique avantage était qu'ils m'avait tant déconcentré de la danse que mon corps s'était mis à se mouvoir seul, prenant le rythme qu'imprimait Simon avec une fluidité dont je ne me serais jamais cru capable. Mes paupières se fermèrent seule pour apprécier les dernières notes de musiques, l'assurance de Simon, la sensation de bouger en totale harmonie avec lui jusqu'à ce qu'enfin la mélodie s'éteigne. La prochaine enchaina vite et fut plus rythmée, moins dans mes cordes. Néanmoins, je restai contre Simon, sa main dans la mienne, l'autre pressée contre son épaule. Je ne voulais plus danser, mais je n'avais pas la moindre envie de bouger. J'avais survécu à ma première danse avec Simon Bones et je voulais prolonger l'instant de grâce.
-On rentre ? proposai-je alors en levant les yeux. C'est le moment où je dévore le chocolat de chocolat pour passer mon stresse ...
Un étrange sourire ourla les lèvres de Simon et ses doigts tressautèrent nerveusement dans les miens.
-Tu as besoin que je reste ... ?
-Besoin, non. Envie, oui ...
Moi-même je ne sus réellement définir les nuances du mot « envie » et Simon parut parfaitement le percevoir car il hésita longuement, la main crispée sur ma taille. J'étais sur le point de renouveler ma promesse de chasteté pour le convaincre quand il lâcha un long souffle qui vint se répandre dans mes cheveux et effleurer ma joue.
-Très bien.
***
Il nous fallut quelques secondes pour saluer l'heureux couple, occupé à se dévorer du regard et à partager un bonheur qui n'avait pas besoin de mot. Tonks m'attrapa ensuite au vol, outrée que j'aie omis de lui faire part de ma promotion pendant que Simon observait Bill et Fleur toujours occupés à danser, fendant la foule avec grâce et assurances, comme si aujourd'hui rien ne pourrait leur arriver. L'ombre mélancolique qui avait traversé son visage m'interloqua, mais j'attendis d'être rentrée dans ma chambre pour l'interroger. Mes parents et mes grands-parents avaient profité de la soirée pour se changer les idées et aller au théâtre à Gloucester : ça avait été l'unique idée capable d'égayer Jaga depuis un mois. La maison était donc sinistrement vide quand nous pénétrâmes à l'intérieur. Simon prit le temps d'écrire un message à ses parents pour le confier à Archimède avant de me rejoindre dans la chambre où j'avais déjà jeté mes chaussures au loin avec un soulagement palpable. Simon éclata de rire. Lui-même avait enlevé son nœud de soie et légèrement ouvert sa chemise avant même de transplaner du Terrier. Il se laissa lui-même tomber sur le lit en exhalant un gros soupir, les bras en croix.
-Le meilleur moment de la soirée, c'est ça ?
-De loin ! confirmai-je en m'attaquant à présent à la tresse. Oh la la, Mel m'a mis une tonne de fleur ... Attends ...
Je m'assis sur mon bureau, les doigts passés dans mes cheveux à dégotter chaque fleur que Melania avait glissé dans les mèches. Des petites aux pétales blancs, pour jurer avec ma chevelure sombre. L'effet n'était pas mal, dus-je admettre en me contemplant une dernière fois dans le miroir, la coiffure à moitié défaite. Je m'étais maquillée moi-même sobrement et en dehors des fleurs la coiffure n'était pas si sophistiquée. Simplement inhabituelle pour moi qui avait toujours eu les cheveux courts ... Pas d'artifice et pourtant je me trouvais l'air si mature. J'avais eu la même impression en croisant mon reflet avant de partir ... c'était bien Victoria qui m'avait regardé, je n'avais pas eu la sensation d'étrangeté que j'avais pu avoir au bal de noël quelques années plus tôt. Non, c'était simplement une Victoria différente. Une Victoria qui n'était à présent plus une enfant mais presque une femme. J'attendis la vague de panique et d'illégitimité qui m'assaillait souvent à pareille constatation, mais cette fois je fus agréablement sereine. Visiblement, je commençais à me faire à l'idée de grandir ... peut-être qu'au fond ce n'était pas mon apparence qui avait changé mais simplement le regard que je portais.
La coiffure avait ravi à mes cheveux le peu de structure qu'ils avaient et lorsque je les repoussai enfin dans mon dos ils s'étalèrent en une masse informe. Même Simon eut une moue boudeuse lorsque je m'assis sur le lit et qu'il effleura du bout des doigts une mèche brune.
-Ça a cassé toutes tes boucles ...
Un petit sourire effleura mes lèvres. Après quelques années à me traiter de caniche ou à me comparer au calamar géant, ça avait été une petite surprise de comprendre qu'en réalité, Simon était littéralement fasciné par mes cheveux et leur texture. Je frémis lorsque ses doigts glissèrent de la mèche à mon bras nu pour le caresser dans un geste qui paraissait machinal.
-Elles seront là demain, assurai-je doucement. Même après lissemplis, elles ont fini par revenir. Elles sont coriaces.
Un petit ricanement secoua la poitrine de Simon. Je l'observai du coin de l'œil. Il avait l'effort de se couper les cheveux avant le mariage, mais il restait une certaine longueur pour que les mèches blondes viennent former une auréole rendue étincelante par ma lampe de cheveux toute proche. Il plaqué son bras contre ses yeux, l'air proche du sommeil et pourtant ses doigts continuaient de parcourir ma peau, m'effleurant doucement dans un rythme lent et régulier qui m'apaisait autant qu'il m'exaltait. Sa chemise déboutonnée sur quelques boutons laissait apparaître sa clavicule et mon regard s'y fixa mécaniquement, tentés. C'était une zone que mes lèvres n'avaient pu jusque là jamais pu atteindre ... Ce fut le moment que Simon choisit pour rouvrir les yeux et me découvrir en pleine contemplation. Je ne sus réellement ce que disait mon visage, mais Simon me connaissait trop pour s'y tromper. Avec un étrange sourire, il se redressa subitement sur les coudes.
-Qu'est-ce qui se passe, Bennett ?
Le simple fait qu'il m'appelle par mon nom de famille était un appel à lui tout seul. Comme la lueur qui s'était mise à embraser ses prunelles, ce feu que je percevais rarement et qui pourtant qui donnait aux iris de Simon ses plus belles couleurs. Même là, elles étaient encore voilées par une marque d'appréhension, d'indécision qui matérialisait la distance, l'abandon, le lent pardon. Mais cette fois, je ne le laissai pas emporter par la colère des souvenirs. Non, j'avais enfin envie de passer outre.
-Bones toi-même.
-Ça n'a strictement aucun sens ! s'esclaffa Simon, incrédule.
Mais son rire alla se perdre contre mes lèvres lorsque je me penchais sur lui pour l'embrasser. Non, ça n'en avait pas et ça n'avait pas à en avoir. Ça n'avait pas eu de sens que j'enrage contre lui, ça n'avait pas eu de sens qu'il abandonne et ça en avait encore moins qu'un mois après ces événements qui nous avait meurtri, nous nous retrouvions à nous embrasser à perdre haleine sur mon lit d'enfant.
Simon abandonna vite l'idée de trouver un sens à mes mots, mes agissements, et se redressa pour approfondir le baiser, passer ses deux mains derrière ma nuque, comme s'il craignait de me voir lui échapper. La constatation me brisa le cœur et je pris le temps de rompre notre étreinte sans pour autant m'écarter. Hors d'haleine, je posai mon front contre le sien, m'enivrant de son souffle erratique qui se mélangeait au mien.
-Je veux y croire, murmurai-je, frissonnante. A tout ce que tu m'as dit ici, à ce que tu m'as promis ... Je veux douter de tout ... sauf de ça, Simon. Sauf de toi ... (Je fermai les yeux, subitement incapable de contenir mon émotion). Moi aussi je t'aime ...
Je m'étais refusé à lui retourner les mots, lorsqu'il s'était agenouillé devant moi et je savais que même s'il avait compris, c'était une omission qui avait pu le meurtrir. Et la blessure semblait être toujours présente car sa respiration se bloqua dans sa poitrine avant de se relâcher de façon chaotique. Mais de seconde en seconde, le rythme s'apaisa jusqu'à ce que sa voix se mêle à son souffle :
-Merci ...
Je lâchai un ricanement nerveux face à la réaction mais comme moi une seconde plus tôt, Simon captura mes éclats dans un baiser. Lui aussi n'eut aucun sens, fut entrecoupé de rire, de sourire. Aux lèvres se substituaient la langue avant que la bouche ne s'écarte vers la peau, enivrée par cette complicité retrouvée, cette certitude si fortifiante qui m'emplissait de nouveau. J'avais pris de l'assurance, ces dernières années et c'était sans doute cela que j'avais également perçu dans le miroir sous l'air mature – mais il n'y avait que sous les lèvres de Simon que je m'étais sentie réellement puissante. Spéciale. Unique.
Les sensations montèrent rapidement, échauffant mon visage et mes veines jusqu'aux zones inavouées. Les doigts de Simon descendirent, effleurèrent ma taille, me brûlant à travers le tissu de ma robe. Il n'en fallut pas plus pour que je m'enhardisse : mes lèvres se décollèrent des siennes pour parcourir sa mâchoire. Un petit rire secoua Simon lorsqu'il comprit ce que j'avais en tête, vite aspiré dans un râle qui ressemblait à s'y méprendre à un gémissement lorsque j'atteignis le point sensible en bas de l'oreille. Le son me fit complètement vriller, résonna en moi plusieurs fois à des strates jamais atteintes. Fière d'avoir pu arracher ce son aux lèvres de Simon, je poursuivis mon exploration, traçant une ligne de baiser sur sa gorge jusqu'à la clavicule qui m'avait tant tentée quelques minutes plus tôt. L'atteindre provoqua un frisson sur ma colonne vertébrale, d'autant que les mains de Simon s'était mis à s'agiter sur ma taille, agrippant le tissu par endroit. Sans pouvoir m'en empêcher, je tirai sur sa chemise jusqu'à même dégrafer un bouton, le souffle coincé dans ma gorge. Une partie encore lucide de moi s'y attendait et cela ne manqua pas : cette fois, Simon se figea.
-Vicky ...
Je m'écartai avec douceur, les mains levées. Je réprimai la partie de moi qui hurlait de frustration en plantant mes dents dans ma lèvre gonflée par les baisers.
-Pardon, j'arrête ...
Simon me contempla, l'air vaguement embarrassé. Me dévoiler, me découvrir, c'était la dynamique qui le rassurait le plus. Parce que ça me concernait, qu'il pouvait avancer à son rythme. Ça répondait à ses désirs et ses envies. En revanche se dévoiler lui restait une épreuve. Il craignait mon regard, il craignait ses sensations, il craignait tellement de chose que c'était difficile de répondre à chacune de ses peurs. Cependant, il refusa de me laisser m'échapper et enlaça derechef ma taille. Sa tête alla se loger au creux de mon cou dans une étreinte qui m'arracha un frisson.
-Attends ... attends, une minute ...
Intriguée, j'obtempérai, restant immobile dans ses bras pendant que son souffle se répandait lourdement sur ma peau. Ses doigts glissèrent de ma taille pour parcourir ma jambe dans un pianotèrent plus rythmé, certainement une musique qu'il jouait toujours pour tromper la nervosité avec cette fois ma peau pour instrument. Mais la façon dont ils s'attardèrent sur l'endroit charnière, là où ma robe se coupait pour laisser place à ma peau, confortèrent les mots de Simon. Ce n'était pas une question d'envie. C'était une question de sauter le pas.
Une minute, ce fut effectivement ce qu'il fallut à Simon pour se redresser, le souffle moins chaotique. Il me fallut une seconde pour comprendre que dans le même élan, ses doigts s'étaient attardés sur le bas de sa chemise et déboutonnai fébrilement les boutons inférieurs. Ma respiration aurait pu se bloquer dans ma poitrine si Simon n'avait pas voulu tromper la nervosité en me volant un baiser.
-A ton tour, Bennett, murmura-t-il contre mes lèvres.
J'eus un petit rire pour constater que la chemise était à présent ouverte sur son torse. Avant de m'occuper de la robe, je fis glisser le tissu sur ses épaules sans prendre le risque d'effleurer la ceinture. Cela attendrait. En attendant, j'avais tout un monde à découvrir.
-Tu es au courant que tu m'as déjà vue torse nu plein de fois ? se moqua Simon devant ma fascination manifeste.
-Pas dans ma chambre, dans mon lit, alors que je m'apprête à retirer ma robe ...
Simon pencha la tête sur le côté avec un petit sourire, l'air de m'accorder silencieusement ce point. Je m'écartai un petit peu pour atteindre la fermeture dans mon dos. Evidemment, l'action fut difficile et plus ridicule qu'autre chose mais eut pour mérite de définitivement détendre Simon qui pouffa. Il eut au moins la présence d'esprit de m'aider et de faire glisser la fermeture éclair. Son regard observa ma robe qui s'affaissait à mesure qu'elle se détendaient, dévoilant durant la descente des parties de moi éclairées d'une nouvelle façon, par une autre lumière que celle du salon des McLairds. C'était une nouvelle découverte, plus visuelle que Simon appréhenda avec lenteur mais envie. Ses mains s'engouffrèrent dans la brèche laissée béante par ma robe pour m'effleurer avec curiosité, dessinant la courbe de la colonne, hérissant ma peau à chaque passage. Lorsque ses lèvres se posèrent de nouveau sur les miennes, je les sentis brûlantes, avides. Mes mains parcoururent ses épaules, descendirent dans son dos sans la barrière frustrante du tissu.
-Je t'aime, répétai-je une nouvelle fois.
-Je sais ...
Un peu surprise par la sonorité familière de la réplique, je m'écartai d'un souffle, les yeux écarquillés.
-Est-ce que tu es en train de citer Star Wars contre moi ?
Simon éclata de rire et assura qu'il n'avait jamais vu aucun film. J'en profitai pour me débarrasser fébrilement de ma robe pour m'emparer de nouveau des lèvres de ses lèvres. La sensation de sa peau contre la mienne, sans le moindre filtre, sans la moindre barrière, fut si délicieuse qu'un gémissement monta dans ma gorge. Sous ses caresses, je réalisai qu'il ne me restait qu'un maigre morceau de tissu pour me masquer, que je m'étais de nouveau dévoiler comme jamais je l'avais fait à Simon ... Mais une nouvelle fois ça attendrait. Mon ardeur nous fit basculer sur le lit mais loin d'angoisser Simon, cela lui arracha un rire qui trembla sur ma peau. Et je ris avec lui, rires entrecoupés de baiser, baiser entrecoupés de rire. Amour et insouciance.
Une dernière fois avant de sombrer.
***
Alors?
Oui, j'ai choisi de ne pas représenter la chute du Ministère, je les ai fait partir plus tôt. J'avais un autre plan d'attaque depuis le début et j'ai préféré m'y tenir. ça impliquait de faire de ce chapitre un véritable dernier moment de joie et d'insouciance !
(Et autant faire du Simoria sinon ce n'est pas drôle)
Et alors pour les lecteur.ices de LDP : je vous ai fait plaisir, je ne veux pas de spoile sur là-bas. Pour celle.eux qui n'ont pas lu et qui sont en cours de lecture, désolée pour le (léger) spoile !
(Pour info : normalement je comptais pas faire de mystère sur le couple principal de LDP. Et c'est quand je ne veux pas faire de mystère que j'ai 50 ships qui fleurissent, ça m'a fait la même sur Lucy)
Donc voilà j'espère que ce début vous plait ... et que vous en avez profité. Parce qu'à partir de maintenant ... ça ne va plus être la même histoire.
MOUAHAHAHAHAH.
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