IV - Chapitre 34 : Chanter ou tomber
HELLOOOOO
Et oui toujours pas de craquage cette semaine ! Comme je l'ai expliqué à certain.es, on a fêté hier les 80 ans de mes grands-parents et leurs 60 ans de mariage ! ET C'ETAIT DE L'ORGANISATION ! Cérémonie et vin d'honneur à la marie, graaaand repas entroucoupé de textes, de discours et de chansons, séances photos avec tous les cousins (les branches sont innombrables). Mais ça en valait le coup, parce que vraiment mes grands-parents maternels sont les plus belles personnes du monde pour moi <3 Funfact, Jaga est inspirée de ma mamy (alors ce n'est pas la polonaise, non non juste du sang belge, mais le côté digne et pince-sans-rire, et les cheveux toujours noirs malgré l'âge)
MAIS VOUS N'ETES PAS LA pour m'entendre parler de mes grands-parents ! (Oui oui jusqu'au bout vous aurez des racontages de vie)
Je vois que vous avez adoré la superposition du chapitre dernier avec What shall we die for ! Et ça me fait immensément plaisir parce que, comme je vous l'ai dit, j'ai vraiment toujours imaginé ce moment avec cette chanson.
Là encore ce chapitre est étroitement lié à certains sons parce que pour me mettre dans l'ambiance de la gravité de la bataille de Poudlard, je l'ai écouté avec Two Steps from hell dans les oreilles (c'est de l'instrumental ultra épique). Si ça vous intéresse je vous mets quelques morceaux que vous pouvez écouter avec le chapitre :
- Victory
- El Dorado
- Flight of the Silverbird (<3)
- Unleashed
Maintenant, préparez-vous dans un endroit confortable, posé.e et cosy, le pop-corn ou la petite collation et un petit paquet de mouchoir et vous pouvez y aller !
(Et pour bien vous mettre dans le bain ... cette citation :)
***
Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés , haletants d'anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait.
- Les Misérables
Victor Hugo
***
Chapitre 34 : Chanter ou tomber.
Nous courrions à perdre haleine dans le parc plongé dans la pénombre. Dans le ciel qui nous recouvrait tel un voile obscur et vaporeux se découpait le croissant si paisible de la lune. C'était loin d'être la lumière éclatante et réconfortante qui devait s'infiltrer dans nos cœurs pour nous insuffler du courage, mais sans elle l'espoir aurait totalement été étouffé par les ténèbres nocturnes. Au moins elle était là, réduite à peau de chagrin, mais refusant de totalement s'éclipser devant les ombres qui tentaient de la noyer.
Cette lune, c'était nous. Tremblait-t-elle aussi de peur et d'effroi depuis son trône étoilé ?
Mon cœur battait et s'essoufflait dans ma poitrine, tel un oiseau effrayé qui aurait voulu exploser la prison qui le retenait pour s'échapper. Fuir, loin, loin de cette folie, loin de ces traits de lumière qui se fracassaient et s'irisaient sur un dôme invisible qui semblait recouvrir le château. Sous mes pieds, la terre trembla et je vacillai, sous le choc. Devant moi, l'un des garçons qui nous accompagnait avait carrément été jeté au sol par la secousse et je lui pris le bras pour l'aider à se relever.
-Merci ..., souffla-t-il avant de me dévisager avec surprise. Bennett ?
Un nouvel éclair, bleu et froid et qui cette fois jaillissait des tours de Poudlard, éclaira les traits gracieux et juvéniles d'Anthony Goldestein. Le préfet de Serdaigle, dont le visage s'était imprimé dans ma mémoire en raison des sentiments que Susan avait pu nourrir à son égard ... Avant que je ne puisse articuler quoique ce soit, je fus rudement propulsée vers l'avant par Podmore.
-Allez, plus vite ! Il faut qu'on arrive à la muraille nord ...
-C'est quoi ces secousses ? s'écria l'autre garçon à nos côtés.
La faible lumière laissait supposer des cheveux clairs et un visage pâle, mais la chose qui me marqua davantage était son accent irlandais. A la traine derrière nous, Remus profita de notre semblant de pause pour nous rejoindre.
-Seamus, va rejoindre Arthur Weasley du côté du saule cogneur. Et préviens-le que Voldemort semble avoir apporté ...
-... ses géants, murmura Anthony, épouvanté.
Je pivotai vers l'endroit auquel il s'adressait, la bouche ouverte. L'objet de sa terreur se déroba à moi, jusqu'à ce qu'un essaim de sortilège fuse droit sur nous et éclairent en contre-jour de hautes silhouettes, hautes comme les montagnes environnantes et dont les ombres s'étiraient jusqu'au parc. La vision horrifique me coupa le souffle l'espace d'une seconde et même lorsque les lumières des sortilèges s'évaporèrent dans la nuit, j'eus la sensation d'être encore écrasée par l'immensité des silhouettes. Sous nos pieds, le sol tremblait à intervalles irréguliers, marquant la cadence de leur marche vers nous et nos cœurs s'harmonisaient à ce rythme horrifique.
-Allez, Tac, m'incita Podmore d'une voix rauque. Tac, il faut qu'on avance, allez. Remus ...
-Je vous suis, Pod.
Mais avec difficulté : alors que nous nous remettions à courir – Seamus vers le cœur du parc, nous longeant la lisière de la Forêt Interdite vers le nord – Remus se trouva vite haletant, en queue de groupe. J'eus à peine le temps d'être rassurée par ma forme physique restaurée grâce à Miles que je m'inquiétais de celle de mon ancien professeur, qui gardait la tête basse et emplissait notre espace de son souffle lourd et laborieux. Je n'étais pas la seule : Anthony se retournait régulièrement, ralentissait le pas, malgré Podmore qui le remuait et le poussait sans ménagement vers l'avant. Le mur d'enceinte de Poudlard couvrait jusqu'à la Forêt Interdite, espace inhospitalier et frontière naturelle entre notre monde et celle purement magique, sauvage et fantastique des créatures qui peuplaient la Sorcellerie. Notre but était justement cette muraille fragile au moment où elle frôlait la lisière : c'était l'un des nœuds où les sortilèges de protections risquaient d'être le plus faillible et l'armée de Voldemort semblait l'avoir bien compris. Face à nous, un mur de sortilège d'une gamme allant du bleu au mauve s'abattait sur le dôme protecteur, s'éclataient en mille filaments qui courraient au-dessus de nos têtes en de drôles d'étoiles filantes et éclairaient notre chemin.
Tout se fendilla. Lorsqu'un éclair vert et glacé fendit le voile et alla se fracasser contre l'une des tours du château.
-Non, souffla Remus, effaré.
Quelques pierres chutèrent du point d'impact, de gros blocs qui roulèrent sur la pente avec fracas et Podmore éleva un bouclier pour que l'un des éclats ne nous atteigne pas. Les traits de lumières venant des tours se multiplièrent, mais rien n'y faisait : la faille magique était actée. Ils allaient entrer. C'était inéluctable.
Ma main se raffermit sur la baguette de Nestor, mais je ne sus réellement si c'était l'émanation de ma détermination ou si c'était pour masquer les tremblements qui s'éprenaient d'elle. Je portai rapidement mon regard vers notre objectif, la muraille nord, où moment où les pierres se fondaient dans la forêt et fus la première à reprendre la marche en avant. C'était comme dans le Hall, avec Simon. Si je m'attardais, si je m'arrêtai, j'allais dépérir. Mes peurs et mes angoisses reprendraient le dessus, me paralyseraient, m'abattraient. Tant que je courrais, elles étaient trop occupées à trainer derrière moi comme une ombre sordide pour planter leurs griffes dans les entrailles.
-Attention, professeur Lupin ! hurla Anthony.
Je fis volte-face, assez vite pour voir un homme débouler de la lisère, la baguette en avant, et tressaillis devant le trait vert qui passa à un cheveu de l'épaule de Remus. Les filaments, éclairs et étincelles qui continuaient d'illuminer le ciel éclairèrent un visage taillé à la serpe et dont la barbe couvrait la lèvre et ses joues. Il m'était affreusement familier, si familier que j'étais certaine qu'il faisait parti des dix évadés initiaux, les premiers à s'être échappés d'Azkaban lorsque Voldemort était revenu. Il n'attendit pas qu'on soit remis de notre surprise pour de nouveau attaquer. Son maléfice vint s'écraser sur le bouclier de Remus.
-Partez ! s'époumona Remus. Vite, partez ! Je vous couvre !
Il ne put en ajouter plus car de nouveau, le Mangemort abattait ses sortilèges sur lui. Une dernière fois, le regard ambré de mon ancien professeur accrocha le mien, au moment où j'ouvrais la bouche pour hurler mes protestations, au même moment où ma baguette se levait pour le défendre parce que la seule chose que je voyais, c'était Remus reculer, battre en retraite devant la puissance brutale du Mangemort. Et alors je le lus au fond de ses iris dures et alerte, cet avertissement qu'il avait élevé en moi en faiblesse ultime.
Tu ne peux pas sauver tout le monde, Victoria.
Non, je ne pouvais pas. Parfois, la meilleure chose à faire était de passer son chemin et de laisser les autres face à leur destin ... Cette certitude avait beau étreinte mon cœur, il fallut bien la poigne ferme et urgente de Podmore pour que je me remette en marche, pour que je daigne me détourner, la gorge si serrée qu'elle parut vouloir surchauffer. J'avais l'impression que mon âme venait de se déchirer et une partie se fondit avec les maléfices et sortilèges qui étaient vociférés dans mon dos jusqu'à devenir des murmures qui se fondaient dans l'agitation. Les larmes me brûlaient les yeux et Seigneur que ce fut dur de les ravaler, de ne pas me retourner – surtout pas me retourner. Mais devant se jouait un spectacle apocalyptique avec une nuée de sorts qui s'abattaient sur ce qui demeurait de dôme protecteur et qui éclairaient les silhouettes des géants en arrière-plan. Leurs grandes jambes s'enfoncèrent dans la forêt et même là l'épais et immense tapis sylvain ne suffit pas à les faire disparaître. Un couinement de frayeur resta coincé dans ma gorge et j'entendis à mes côtés Podmore éructer toute sorte de juron pour faire passer l'appréhension.
Je n'entendais plus Remus, ni son assaillant. En revanche j'entendis distinctement un rire derrière la muraille, un rire qui hérissa tout mon être et me donna envie de rentrer sous terre. Il se répercutaient sur les plaques de métal qui couvraient les armures postées en ceinture devant le mur, deux rangés de soldats sans vie et sans âme qui attendaient, épées et boucliers levés, que le mur tombe. Au-dessus de nous, le voile du dôme protecteur se déchirait, et lorsque nous attînmes enfin notre but, les premières pierres de l'enceinte commençaient déjà à se fissurer. Nous dûmes élever trois bouclier, résignés à la voir céder, pierre par pierre, sort par sort, attaqué par les éclats qui fusaient dans tous les sens jusqu'à ce qu'enfin, le mur se fende. J'attendis, ma baguette levée, le cœur battant au rythme des coups qui s'abattaient. Chaque roc, morceau ou même sortilège qui heurtait mon bouclier occasionnait une secousse dans mon bras qui mettaient mes muscles et ma volonté à rude épreuve. A côté de moi, Anthony serrait les dents, blême. Pourtant, son bras ne bougeait pas.
-Bon, c'est le moment où on dit nos dernières volontés, lança-t-il avec un rictus sans joie. Tu pourras dire à Caroline Bones que je l'aime, si je ne m'en sors pas.
-Oh je t'en prie pas de ça, m'agaçai-je, de façon très triviale que c'était totalement par loyauté envers Susan.
-Vraiment ? T'as de message pour son frère ?
Son cousin, faillis-je rectifier. Caroline n'avait jamais su être la sœur de Simon, et inversement. Je le lorgnai vaguement, simplement pour ne pas subir la pluie d'éclat et d'étincelle qui brutalisaient mon bouclier. Ce garçon, si jeune, si apeuré et qui pourtant regardait devant lui avec tellement d'aplomb. Ça lui donnait un air mature, dus-je admettre, comprenant brusquement à la lueur des sorts ce qui avait pu attirer une Caroline Bones de plus de trois ans son aînée. La poitrine engloutie sous une chape de plomb, le bras engourdi, je levai mon visage au ciel, aux mille et un traits de lumière qui filaient par-dessus de nos têtes, se fracassaient les uns contre les autres, allaient détruire une fenêtre dans la brisure se répercutait dans le tout le parc, sifflaient à nos oreilles. Au bout de l'un de ses traits de lumière, il y avait Simon. Du bon bout, il fallait que je m'en persuade. C'était pour cela que je n'avais pas le droit de faire le moindre pas en arrière, que mon bras devait soutenir les assauts. J'étais la seconde ligne, immédiate derrière les armures alors que les autres, tous ceux que j'aimais – Simon, Susan, Miles – demeuraient au cœur du château. Je devais tenir pour eux.
Je vous protégerai, avais-je promis à mon frère le jour où la Marque des Ténèbres avait refait surface. Plus que la tenir, il fallait étendre la promesse, la rendre absolue, viscérale, vitale. C'était la tenir, ou faire de l'image d'un Simon gisant brisé sur le sol une réalité. La volonté s'éprit de moi, s'ancra dans mon cœur, dans mes veines, m'infesta jusqu'à m'enraciner fermement à ma position. L'ultime secousse faillit avoir raison de mes forces et alors la brèche fut assez grande pour qu'un cri de joie retentisse. Déjà des silhouettes y grimpaient, tête nue comme le Mangemort qui avait assailli Remus, sourire aux lèvres et baguette en l'air. Comme pour une promenade. Le rire résonna sur ma peau, mais cette fois fit flamber la colère plutôt que l'effroi. L'idée de provoquer un carnage semblait leur procurer tant de plaisir que j'en étais révulsée.
-Chargez ! s'égosilla Podmore.
Et dans un cri de rage dans lequel s'engouffra toutes mes inquiétudes et mes angoisses, je chargeai.
Il fut totalement englouti dans le fracas des armures qui s'élancèrent en avant, l'épée au clair et qui – satisfaction extrême – assommèrent le premier Mangemort qui passa la brèche. Sonné, il tomba raide sur le sol et fut presque piétiner par l'escouade qui protégeait Poudlard dans un tonnerre de cliquetis. La première fut fracassée par un formidable maléfice qui la décapita, une seconde para de son bouclier et un trait de lumière mauve alla se perdre dans la pelouse et faire fumer le sol. Et au milieu de tout cela, des jets colorés, du fracas des combats presque primaires, j'étais là, tournoyante, levant bouclier et maléfice en fonction de ce que je voyais arriver dans mon champ d'horizon. C'était chaotique : autour de nous, le mur d'enceinte continuait d'être désagrégé et nous étions éclaboussés par les éclats et les pierres qui tombaient sur le parc. Pour autant, rien ne semblait pouvoir enrailler la lutte qui s'était engagée. Je n'avais pas qu'un adversaire : tout le monde se battait contre tout le monde, protégeait, houspillait, dans un ballet sans queue ni tête. Je sautais par-dessus une statue explosée sur le sol, esquivais les pierres qui gisaient, parai chaque maléfice qui m'approchait d'un peu trop près. Je donnai même un coup de pied dans le dos d'un homme derrière moi qui attaquait Anthony et qui finit étaler de tout son long, saucissonné par Podmore qui veillait plus loin. Dans mes veines courraient la même rage, la même vigueur qui m'avait étourdie lorsque je m'étais retrouvée devant Nestor chez Angelina. Sauf que cette fois c'était quelque chose de bien plus efficace, de bien plus pure que la haine qui la nourrissait, la pompait depuis mon cœur jusqu'au bout de mes doigts où jaillissait la magie qu'ils avaient osé vouloir m'ôter. Je me battai pour les autres, mais pour mon existence aussi. Enfin, songeai-je alors que je cueillais un Mangemort qui se précipitait dans la brèche d'un sortilège en pleine poitrine, je comprenais ce que Jaga avait ressenti. Plus ils me prennent, et plus au fond de moi je me disais : moi ils ne me prendront pas.
Ils ne me prendront pas.
-Avada kedavra !
Je crus voir ma dernière heure arriver lorsque le jet de lumière verte s'élança vers moi, terrible, imparable, éblouissant. Je n'eus même pas le temps de formuler la moindre pensée, d'invoquer la moindre image, de tenter la moindre esquive : une armure fut brusquement devant moi, en position d'attaque, le bouclier levé ... et fut désagrégée par la puissance du sortilège. Immédiatement, elle s'effrita et sa poussière vola sur moi comme un linceul qui m'obstrua les voies respiratoires et brûla ma cornée. La vue brouillée, je distinguai une femme émerger des particules en suspension dans l'air, perchée sur un morceau du mur d'enceinte encore debout. Sa folle et indomptable chevelure volait autour d'elle comme une cape brumeuse et il me fallut une seconde pour distinguer un éclat rouge qui fila vers moi. Très vite, je parai, mais ma réussite ne déclencha que le rire de la femme. Ce rire à glacer le sang, si joyeux, si sonore. Il me perçait littéralement les tympans.
-J'adore les voir résister, susurra-t-elle. On dirait des asticots désespérés au bout d'une ligne ...
La délectation avec laquelle elle prononça les mots m'hérissa l'échine. Je n'avais affronté qu'une minorité de Mangemort et j'étais loin de connaître les caractéristiques de chacun, mais il y en avait une en particulier qui était connu pour son sadisme. Et sadisme il y avait, constatai-je lorsque je récupérai la vue et que je vis des yeux sombres briller dans l'obscurité. Oui, sadisme il y avait toujours lorsqu'il était question de Bellatrix Lestrange.
Le menton relevé, l'allure noble à la manière d'une Lysandra Grims avec qui elle partageait ses gènes, elle descendit de son piédestal, sereine malgré le chaos qui faisait rage autour d'elle. Sans même y regarder, elle repoussa un maléfice qui fusait vers elle comme on chasserait une mouche insolente. Son regard étincelant était planté sur moi et au fond de ses prunelles luit la joie du chat lorsqu'il contemplait une souris.
-Alors petit asticot, tu vas gigoter pour moi ?
Oh Seigneur. Protège-moi.
Je ne sais pas réellement ce qui me pris. Honnêtement, j'étais presque certaine d'avoir entendu faux-Maugrey hurler à mes oreilles : « il faut songer à attaquer, Bennett ! ». Oui, attaquer. Ce n'était pas avec des boucliers qu'on faisait face à une femme pareille. Alors sans plus laisser le temps à mon cerveau de se laisser paralyser par l'enjeu, j'armai ma baguette. Le trait de lumière rouge la prit par surprise – enfin, je le crus, puisque sa bouche s'arrondit de stupeur. Mais elle l'esquiva surtout très vite pour riposter avec un sortilège qui creusa un trou fumant dans le sol lorsque je bondis de ma position. L'odeur âcre du brûlé me prit à la gorge et dans la fumée qui s'éleva, je lus toute la puissance destructrice qui animait chaque enchantement qui jaillissait de la baguette de cette femme.
Je n'étais pas une souris, j'étais un moustique. Un moustique qu'elle allait anéantir avant même qu'il n'ait songé à la faire saigner.
Alors qu'est-ce que me pris de repartir à l'attaque avec un hurlement désespéré, rageur et qui sembla rouler dans l'air comme le tonnerre ? Qu'est-ce qui me prit d'avancer vers elle, de répondre à l'ange destructeur qu'elle incarnait par tout ce qu'elle voulait : un insecte insignifiant qui s'épuisait contre elle, qui jetait toutes ses forces dans une bataille qu'elle ne pouvait gagner ? Bellatrix Lestrange semblait se délecter de chacune de mes tentatives pour l'atteindre, les parai avec insolence et toujours ce rire qui se percutaient à mes cris. A un moment, elle décida qu'elle avait assez joué et après avoir bondi partout je reculai, acculée par les assauts. A mes attaques se substituèrent des boucliers. Je n'étais pas encore physiquement touchée et pourtant je sentais mon être se courber face à la prestance impérieuse de Bellatrix Lestrange. Elle levait haut sa baguette, l'inclinait comme pour me porter sous son joug. Chacun de ses mouvements étaient fluides, précis, terribles. Elle ne semblait n'avoir aucune faille. Rien ne l'atteignait, pas les éclats des pierres, pas les sortilèges qui fusaient de partout, pas même ceux que je tentai vainement de lui asséner pour faire cesser sa marche.
-Alors, fini de gigoter ? ricana-t-elle. Comme c'est dommage ...
La terrible prédatrice n'avait d'yeux que pour sa proie. Et là constituai sa faiblesse, réalisai-je brusquement. Parce que derrière elle, les pierres virevoltaient pour s'empiler les unes contre les autres et avant même qu'elle ne brandisse sa baguette, la tour lui tomba dessus avec fracas. Un cri strident s'échappa des lèvres de Bellatrix et je me dépêchai de m'éloigner à reculons, n'y croyant pas à ma chance. Je trébuchai sur les gravas d'une armure détruite mais quelqu'un me rattrapa par le bras pour me maintenir sur pied. Je levai les yeux, m'attendant à voir Podmore ou Anthony ... Mais ce fut un regard sombre, presque identique à celui que je venais de quitter, qui m'attendait. Sauf qu'autour de lui se composait un visage en forme de cœur et une chevelure rose faite d'épis.
-Tonks ?!
-Bellatrix Lestrange, c'était peut-être un peu au-dessus de ton niveau, non ?
Plus qu'au-dessus et maintenant que l'adrénaline refluait dans mes veines, je pris conscience avec effroi que Tonks venait certainement d'un sort peut-être pire que la mort. Par ailleurs, ses doigts s'enfonçaient toujours dans mon bras, si fort que je sentais la morsure de ses ongles dans ma chair.
-Ne recule pas face à ce genre de personne, Vic', asséna-t-elle avec vigueur. Un pas en arrière, et ils flairent la faiblesse et tu es fichue, d'accord ?
-Merlin qu'est-ce que tu fais là ?!
-Harry m'a demandé de sortir de la Salle, et j'ai considéré que j'avais la bénédiction du deuxième petit orphelin de guerre pour me battre, expliqua-t-elle de façon lapidaire. Dix partout, le souafle au centre et Tonks décide !
Là-dessus, elle envoya au Mangemort qui se battait contre Podmore un maléfice si puissant qu'il fut projeté contre ce qu'il restait du mur d'enceinte. Cela lui donna le répit nécessaire pour de nouveau se tourner vers moi. La lueur des sorts éclairaient des traits tirés par l'inquiétude.
-Où est Remus ? s'enquit-t-elle immédiatement. Abelforth m'a dit qu'il l'avait vu se battre avec Dolohov dans le parc ...
-Tu ne les as pas ... ?
Le reste de ma phrase s'étouffa dans ma gorge lorsque je compris où allait ma question. Quelle réponse Tonks allait évidemment donner. Quelles conséquences cela avait. Si elle nous avait rejoint, retracé notre chemin sans retrouver son mari ... Un cri de détresse monta dans ma poitrine et je parvins par miracle à le laisser coincer derrière mes dents. Non, c'est impossible ... il a dû partir soutenir un autre groupe, aller retenir quelques géants dans la forêt ... c'est ça, forcément ... ça doit l'être ... Je ne pouvais pas envisager autre chose. Et pourtant ... les premiers gestes du duel tournaient dans mon esprit. Et Remus avait reculé. Dès le premier sort. Dès le premier échange.
Il avait reculé. Reculer c'était céder.
Elle parut lire quelque chose sur mon visage, car le sien se décomposa en écho, sans qu'un mot ne soit échangé. Dans la fureur des combats, nous nous faisions face, immobiles, paralysée par un spectre qui flottait autour de nous et un poids invisible qui s'abattait sur nos épaules. L'unique chose qui se mouvait c'étaient ses paupières, qui battaient, papillonnaient, de façon désespérée. Si l'une de nous deux craquaient, verbaliser le spectre, c'en était fini de nous. Et Merlin que c'était dur de me protéger de la terrible vague qui s'abattait sur moi, propre à détruire tous les ancrages que je m'étais crée pour tenir, à m'arracher à mes liens pour m'emporter. Il n'existait pas de sortilège de protection pour un tel assaut. Seulement la fuite en avant ...
-On va se battre ensemble, haletai-je d'une voix qui avait gagné une octave. On est binôme, non ? Tu te rappelles ? Tonks, il faut qu'on se batte ... sinon ... sinon ...
Ma phrase se perdit dans le fracas d'une explosion dont le souffle nous projeta à terre, elle et moi. Un cri m'échappa lorsque ma tête heurta un gravas et une douleur vive vint irradier depuis ma tempe. Sonnée, j'y portai la main et en retirai des doigts poisseux qui luisaient à la lumière des sorts. Autour de nous volaient éclats et poussières et émergeant du chaos, Bellatrix Lestrange s'était redressée. Malgré sa superbe retrouvée, il n'y avait plus la moindre trace de rire, d'amusement et de légèreté sur son visage aux traits usés. Son nez saignait et une ligne sombre se découpait sur sa peau pâle pour venir maculer ses lèvres. Une bouche de sang faite pour articuler des sentences de mort.
-Nymphadora, murmura-t-elle, comme une invocation.
Chaque syllabe m'hérissa l'échine. Je voulus me redresser, bondir sur mes pieds, mais aussitôt ma vision se brouilla et le sol sembla se renverser sous mes pieds. Ma baguette se leva à l'aveugle, prête à invoquer un bouclier au besoin – et encore, la formule peina à s'épanouir dans un esprit qui valsait. Un éclair jaillit, me brûla la rétine et rencontra avec le grésillement d'une ligne à haute tension un autre qui venait du sol. Lorsque le lien fut rompu, je découvris Tonks qui s'efforçait de se remettre à genoux, le visage fermé. Ses cheveux semblaient avoir absorbé un peu de la lumière éclatante qui s'était échappée de sa baguette et étaient plus rose et électrifiés que jamais. Ils s'agitaient furieusement autour de son visage pâle comme l'étendard d'une identité qu'elle revendiquait contre la noirceur de Bellatrix.
-J'ai toujours détesté qu'on m'appelle comme ça, lâcha-t-elle d'une voix sifflante.
Et sur ce, elle bondit vers sa tante, baguette en avant. Sans un mot superflu, sans un cri, elle se fendit, virevolta, para face à une Bellatrix qui avait cessé de jouer. Le sol sur lequel je me retrouvais étaient arrosés des lueurs de leurs sortilèges et de leurs ombres qui dansaient, me recouvraient totalement. La main pressée contre ma tempe qui saignait toujours, je parvins péniblement à me redresser. Mes oreilles bourdonnaient toujours et mon sang pulsait brutalement contre mon crâne. Bon sang, Vic' ..., gémis-je intérieurement en me retrouvant sur mes pieds.
Et alors je fus confrontée à une vision de l'horreur. Par-dessus Bellatrix et Tonks qui s'étaient lancées dans un ballet infernal, par-dessus les murailles en ruines du château et les arbres de la Forêt Interdite dont les branches tendaient à nous effleurer, par-dessus les sortilèges qui illuminaient toujours notre ciel, une dizaine de silhouette noire se fondaient dans la nuit. A mesure qu'elles avançaient, l'air se rafraichissaient, se chargeait d'un poids qui n'était pas là avant et qui pesait lourdement sur mon cœur. Des voix, des bruissements commençaient à retentir dans mon esprit déjà embrumé par l'explosion et la blessure.
-Seigneur ...
-Victoria !
La voix de Tonks brisa la bulle de torpeur, comme le jet de lumière verte qu'elle évita souplement car le simple fait de s'adresser à moi l'affaiblissait. Pourtant elle jeta un nouveau et féroce maléfice à Bellatrix avant de planter son regard dans le mien. Etait-ce des larmes qui brillaient dans ses yeux ?
-Victoria, sors-moi ton plus beau patronus ! Allez !
Parce que je ne peux pas le faire moi-même, semblait hurler son regard. C'était cela, ses prunelles sombres et brillantes n'étaient un poignant cri de désespoir. La raison pour laquelle le patronus lui était inaccessible, autre que son duel engagé contre Bellatrix. Son bonheur s'en était allé.
Non, refusai-je fermement, un cri au bord des lèvres. Non, il faut avancer ... Luttant contre l'engourdissement des membres et la paralysie de mon esprit, je mobilisai toute la chaleur de ma vie, les campagnes de Terre-en-Landes, le rire de Simon, les pendentifs que mes doigts effleurèrent, y compris le bec pointu du colibri. C'était une lutte pour exister et c'était ce que j'étais. Ma baguette se leva seule vers le ciel obscur.
-Spero patronum !
Les volutes argentées s'élancèrent immédiatement pour se solidifier quelques mètres plus haut en un colibri lumineux. Ses ailes battirent si vite qu'elles n'étaient plus qu'un halo nimbant son petit corps alors qu'il s'élevait toujours à la rencontre des taches noires et trainantes découpées par la lumière des sortilèges. Son éclat stoppa la route de deux d'entre eux qui rebroussèrent chemin en direction de la Forêt.
-C'est ça, Tac, couvre-nous ! me lança Podmore, occupé contre un Mangemort. Et nous on te couvre ! Allez ! Quelque chose de joyeux, fais-moi briller ce zoziaux !
Il avait raison. Ce n'était pas assez. Ils étaient nombreux, et mon colibri si petit ... Ce n'est pas la taille qui importe, c'est l'éclat, martela Simon dans la tête et rien que cette mention amplifia la brillance du patronus. Reculant, le visage toujours tourné vers le ciel à m'en tordre le cou, je levai mes deux mains, guidant l'oiseau de ma baguette. Il n'était plus le seul : face à l'armée de Détraqueurs qui s'avançait, des animaux argentés et des brouillards brillants s'étaient mis à emplir la voûte obscure. Une véritable bataille pour les cieux de Poudlard s'engageait. Pourtant rien ne semblait suffire : je repérai à peine mon colibri au milieu des capes ténébreuses qui se frayaient un passage jusqu'au château.
-Seigneur, haletai-je, la main serrée sur mes pendentifs. Cédric, sois avec moi ... Cédric ...
L'image de mon meilleur ami s'imposa dans mon esprit, invoqué par le pouvoir des Détraqueurs comme autant de désespoir... Pourtant, loin d'atténuer ma lumière, le souvenir raviva l'éclat du patronus qui chassa de ses rayons ardents un Détraqueur de plus. Non, Cédric n'avait jamais été le désespoir. Au contraire, il était mon lien le plus tangible à la vie, ma plus belle lumière intérieure. Lorsque l'obscurité m'avait emportée, lorsque j'étais tombée dans un gouffre si obscur qu'il avait failli m'aspirer toute entière, il avait été la seule lumière capable de briller en moi. L'unique personne capable de m'accompagner dans les enfers sans sombrer. Cédric était la personne qui m'avait protégé, comme ce colibri qui brillait de tout son âme pour me préserver des noirceurs du monde. Si Simon avait été mon socle, Cédric avait été mon bouclier. C'était lui qui avait naître cette flamme en moi, cette flamme dont se nourrissait à présent le colibri pour trouver la force de briller autant et toujours plus.
Je suis une sorcière. Je ne laisserai personne dire le contraire. Je suis capable de le faire.
Chante, Victoria, murmura Cédric dans le fond de mon esprit, de cette voix qui au fond n'était jamais morte. Chante pour ne pas tomber.
-Do you hear the people sing lost in the valley of the night? It is the music of a people who are climbing to the light...
Ma voix dérailla l'espace d'un instant sur ces mots mais la douleur qu'ils causèrent ne fit que verrouiller mon cœur en une détermination féroce. Ça mais pas plus. Pas si j'avais mon mot à dire, ma pierre à apporter à l'édifice. Et avec ce colibri argenté dont l'aura nimbait la nuit et l'éclairait comme une seconde lune, je l'avais.
-For the wretched of the earth, there is a flame that never dies ... even the darkest night will end and the sun will rise ! They will live again in freedom in the garden of the Lord ...
Le bras levé vers le ciel, les doigts toujours accroché à mes pendentifs, j'avais la sensation de déployer tous les efforts du monde. Mon souffle se raccourcissait, obstrué par une gorge qui se refermait sous l'assaut des émotions qui menaçaient de me submerger. Je maintins le chant, désespérément, comme une ligne directrice pour ne pas perdre la raison, le fil de mes actes. Je me battais, pour mon existence, pour les autres. Pour que Tonks puisse terrasser sa tante sans laisser la douleur avoir raison d'elle, pour que jamais ses terribles créatures n'atteignent Simon et laissent éclater ses faiblesses. Regarde, Simon, je suis là ! Et le colibri s'éleva encore pour repousser cette fois trois ou quatre Détraqueurs qui détalèrent vers la Forêt.
-Will you join in our crusade? Who will be strong and stand with me? poursuivis-je inlassablement. Somewhere beyond the barricade is there a world you long to see? Do you hear the people sing? Say, do you hear the distant drums? It is the future that they bring when tomorrow ...
Mon chant se fondit dans un hurlement lorsqu'un sortilège de la mort fusa vers moi : je ne dus la vie qu'à un réflexe insensé qui me poussa à me jeter à terre, quitte à réveiller ma blessure à la tête et rompre ma concentration. Au-dessus de nos têtes, le colibri cessa net de briller. Le point où je m'étais tenue une seconde plus tôt fumait et au bout de cette ligne, Bellatrix se fendait d'une moue contrariée. Son image vacilla une seconde plus tard lorsque quelqu'un vint se mettre entre nous deux, les bras écartés.
-Sale garce ! éructa Tonks, hors d'elle.
-C'est comme ça que ma tendre sœur t'a appris à parler ?
-Laisse-la tranquille ! C'est moi que tu veux !
Bellatrix n'eut rien à répondre à cela, si ce n'était un nouveau maléfice que Tonks para avec la vivacité d'un chat. Profitant d'être de nouveau dans l'ombre, je reculai, baguette toujours en main et m'efforçai de retrouver mes esprits. Une seconde plus tard, le colibri s'élevait de nouveau pour protéger nos cœurs de la morsure du froid. Le ciel était à présent plein de ses trainées argentées qui luttaient contre les capes noires et mon cœur manqua un battement lorsque, depuis le haut d'une tour, un grand oiseau exécuta un gracieux demi-tour pour fondre vers l'ennemi. Un rapace, vu la vivacité. Un faucon ? Simon ...
-Je suis la seule chose que tu veux dans ce foutu château ! ajouta rageusement Tonks une seconde avant que sa baguette se fende l'air. C'est ça, hein ? Tu te fiches du reste, tu veux juste élaguer quelques branches pourries de ton arbre généalogique ! Alors viens, je suis là !
-Tu sembles pressée de mourir, Nymphadora ...
-Je m'appelle Tonks ! répliqua-t-elle d'un ton acerbe. Tonks, mais le nom de mon né-moldu de père doit t'écorcher les lèvres, pas vrai ? Remarque, elles saignent déjà, ça ne devrait pas faire grande différence ...
Oui, Bellatrix saignait toujours, mais le goût du sang qui devait saturer ses papilles ne la rendait que plus féroce. Malheureusement, ce n'était pas moi face à elle. C'était Nymphadora Tonks, c'était une Auror et je compris enfin à quel point elle était dangereuse lorsque je l'observai se battre. Tous ses mouvements étaient fluides, dépourvus de la moindre hésitation. Jamais ses lèvres ne bougeaient et pourtant chacun de ses maléfices avaient une puissance monstrueuse. Certes, contrairement à Bellatrix, elle avait passé les derniers mois à l'écart de toutes luttes, mais c'était pour donner la vie. Quel combat surpassait celui-ci ? Quelle douleur, quel effort, que celui d'insuffler la vie à un petit être ? De se battre pour lui ? Que pouvait Bellatrix Lestrange face à une femme qui avait survécu à l'amour ?
Je reculai toujours pour me faire oublier, jusqu'aux ombres que la Forêt étendait sur nous. Pas pour me dérober aux combats, mais pour ne plus être un poids à protéger pour Tonks et Podmore qui se battaient toujours devant la brèche ouverte.
-Tonks ! hurla celle-ci, comme un cri de guerre, comme si le nom de son père pouvait lui donner plus de force.
Le maléfice qu'elle jeta dans la foulée fut si puissant qu'il teinta l'horizon de mauve. Et je le vis. Je le vis ce pas en arrière qu'exécuta Bellatrix, ce simple déséquilibre face à la puissance de l'attaque, ce pas qui était tout un espoir. Et l'espoir, c'était tout ce dont avait besoin mon colibri qui brilla de mille feux dans les cieux.
-Do you hear the people sing ? Singing a song of angry men ! It is the music of the people, who will not be slaves again ..., chantai-je sans relâche.
Le colibri avait littéralement percé le maillage des Détraqueurs : autour de lui et de son aura éclatante ne subsistaient aucune terrifiante créatures. Je le poussai alors plus loin, vers celles qui tendaient d'atteindre le château. Le tableau qui m'attendait faillit me faire m'étrangler d'horreur. Poudlard était littéralement pris d'assaut : des fenêtres se brisaient à tous les étages, et au lieu de la lueur chaleureuse des chandelles l'intérieur était éclaboussé par les sorts. Certains niveaux étaient même éventrés et je compris une seconde plus tard lorsqu'un géant émergea de derrière une tour et passa sa grosse main dans l'une des brèches. Les cris à glacer le sang qui s'élevaient et roulaient sur le parc perçaient mes tympans aussi bien que mon cœur.
Seigneur, pitié. Pitié, des forces.
-Will you join in our crusade ? Who will be strong and stand with me ? Beyond the barricade is there a world you long to see ... ?
Mon chant semblait avoir moins de corps et de cœur, mes lèvres être aussi mourrantes que le jour où Cédric m'avait demandé de chanter dans ma geôle. Comment se battre contre ce géant qui arrachant des tuiles aux tours et abattaient des gourdins aussi hauts qu'un arbre ? Je fermai les yeux, les doigts crispés autour de la baguette. Mon bras semblait être sur le point de lâcher, abattu par cette vision de désespoir.
Victoria, c'est chanter sinon tomber.
Alors je chantai. Je chantai, fis briller mon patronus vaille que vaille, oubliée dans les ombres. La situation semblait déjà bien assez désespérée comme pour qu'on y ajoute l'effroi des souvenirs. Je chantai, parce que sinon je risquai de chuter dans l'herbe et laisser les sanglots qui me nouaient la gorge exploser. Je chantai, même si dans mon esprit, une petite voix murmurait qu'on ne pouvait pas gagner. Non, on ne pouvait pas gagner. On avait beau y avoir mis toutes nos forces, celles de Voldemort restaient supérieur. Mon colibri avait beau briller de tout son éclat, il restait des Détraqueurs dans le ciel.
Ce ne serait jamais assez suffisant.
Et soudain, les ombres dans lesquelles j'étais retranchées se colorèrent de vert. Seule lumière au monde qu'on ne désiraient voir, elle chassa littéralement l'obscurité, découpa ma silhouette sur le sol et lorsqu'elle reflua, un bruit sourd d'un corps qui chutait emplit mon espace auditif.
Comme un couperet qui tombe. Incisif. Froid. Définitif.
Quand je fis volte-face avec mon chant toujours au bord des lèvres, je vis Bellatrix Lestrange, riant aux éclats sous le ciel illuminé par mes soins, baignée dans une aura pure, belle et argentée qui jetait ses ultimes couleurs sur le visage de Nymphadora Tonks. Etalée sur l'herbe au milieu des décombres, inerte, figée comme les statues morcelées sur le sol. Ses yeux étaient rivés sur le ciel et reflétaient patronus et traits de lumière qui parcouraient la voûte. Leurs éclats s'incrustèrent dans son regard pour l'éternité.
Tonks.
Seigneur, Tonks.
Non. Tonks, non. Non ! Non !!
Un hurlement vint percuter le rire de Bellatrix, l'envelopper, le noyer, l'étrangler. Ce ne fut que lorsque la lumière argentée cessa et que le monde se retrouva de nouveau avec la faible lueur de la lune et celle, terrible, cruelle, et destructrice des sortilèges que je réalisai que c'était moi qui venais d'ainsi crier, un cri que j'avais à peine conscience d'avoir poussé. Mon corps l'avait poussé tout seul, déserté par mon esprit fracturé en mille morceaux par cette chute, cette épouvantable chute symbolisé par ce son qui ne quittait pas mes oreilles. Mes genoux heurtèrent le sol, comme si je n'aspirais qu'à rejoindre Tonks sur l'herbe, à être moi aussi happée par cette couleur verte qui avait éclaboussé mon monde une seconde plus tôt. Et toujours, Bellatrix riait, même lorsque mon cri s'éteignit. D'une démarche bondissante, elle s'approcha de la jeune femme allongée dans l'herbe, la baguette toujours pointée vers elle. A la vision des étincelles qui crépitèrent à son extrémité, mon esprit morcela réintégra brutalement mon corps et je jaillis des ombres :
-Ne la touchez pas !
Bellatrix sembla interdite de me voir ainsi débarquer, baguette en avant, avec une voix si déformée qu'elle n'avait plus rien d'humain. La stupidité mon acte ne m'effleura même pas : l'idée même que Bellatrix S'échappant des morceaux éparpillés de mon esprit, les mots se bousculaient dans ma gorge, repoussèrent vertement les sanglots pour venir s'articuler avec fureur :
-Ne la touchez pas espèce de cinglée ! N'y songez même pas !
-Et tu comptes m'en empêcher comment ? cingla Bellatrix, un rictus aux lèvres.
-Tac !
En une seconde, Podmore fut à mes côtés, baguette brandie, provoquant un levé de sourcil de Bellatrix. L'instant sembla se prolonger à l'infini alors que nous étions face à face, avec entre nous le corps désarticulé de Tonks. Les mèches de Bellatrix barraient son front et son visage et toujours cette bouche sanglante souriait. Ce fut le moment où le sol choisit de trembler, trembler si fort que même Bellatrix baissa les yeux sur l'herbe, surprise. Moi, c'étaient plutôt les cimes qui attirèrent mon regard et je fouillai frénétiquement les arbres à la recherche d'une tête de géant qui dépasserait. Mais ce n'était pas cela. Bientôt, les secousses furent accompagnées de cliquetis affreux, des bruitages visqueux qui hérissèrent ma nuque.
-Oh par le caleçon de Merlin ..., lâcha Podmore. Merlin, Merlin ... Tac, viens !
Et sans attendre, ni plus se soucier de Bellatrix devant nous, il m'attrapa la main et se mit à courir. Ce ne fut que lorsque mes yeux rencontrèrent la Forêt que je compris ce qui venait d'effrayer Podmore, l'effrayer au point de tourner le dos à Bellatrix, de tourner le dos à Tonks toujours gisante au milieu des gravats. La Forêt semblait soudainement avoir mille yeux, mille yeux larmoyants et luisants par-dessus des mandibules qui claquaient impitoyablement. L'épouvante chassa la douleur et ma main serra celle de Podmore avec désespoir.
-C'est quoi ça ?!
-Des Acromentules ! Merlin, des putains d'Acromentule de merde !
Les jurons de Podmore n'apaisèrent en rien l'horreur qui m'étreignait. Je n'avais jamais croisé cette créature, mais je visualisai parfaitement une araignée géante, avec le corps qui seyait à ces yeux globuleux. Prise de nausées, je jetai un vague coup d'œil par-dessus mon épaule pour constater que Bellatrix également avait fui l'avancée des Acromentules.
-On ne pourra pas leur échapper, il faut qu'on grimpe ! décréta Podmore en s'immobilisant face à un arbre.
-Mais ... Tonks !
Ma supplique fut enveloppée d'un sanglot devant lequel Sturgis Podmore lâcha quelques larmes. Elles brillèrent sur ses joues et allèrent se perdre dans sa barbe blonde mais ne l'empêchèrent pas de me prendre rudement par le bras et de me propulser vers la branche la plus basse. Luttant contre les pleurs qui m'enserraient la poitrine, je grimpai, tendis la main à Podmore pour le hisser. Son pied quitta le sol une seconde avant que la première créature ne franchisse l'orée de la Forêt. Leur aspect me donna envie de rendre le maigre contenu de mon estomac. Immenses, leur corps volumineux couverts de poiles et toujours accompagnée de ce tonnerre de cliquetis glaçant, elles s'avancèrent dans le parc en une armée des plus horrifiques. Terrifiée par-delà les mots, je grimpai sur une nouvelle branche, puis encore une nouvelle jusqu'à ce que j'estime qu'elle ne m'attraperait jamais avec leurs longues pattes velues. De ma position, j'avais une vue parfaite sur la muraille éventrée, les pierres qui gisaient en un cimetière et au milieu de tout cela le corps brisé de Tonks auréolé d'un halo de cheveux roses. Secouée par les sanglots, je pointai péniblement ma baguette en sa direction.
-Protego !
Un dôme irisé se forma autour de la jeune femme, mais de toute manière les araignées ne s'intéressèrent pas le moins du monde à elle : elles filèrent droit vers Poudlard.
-Diffindo ! s'égosilla Podmore.
L'araignée sous lui poussa un cri strident au moment où un sang noir et épais jaillit d'une blessure à la tête. Elle s'écroula, mais ses sœurs escaladèrent son corps pour poursuivre leur marche en avant, vers Poudlard toujours assaillie par les géants et d'où s'élevaient des sorts et des cris. Les larmes roulant sur mes joues, me brûlant comme de l'acide, je me mis à imiter Podmore, à lacérer ces créatures qui grouillaient sous nos pieds pour que le moins possible atteigne le château. Mon colibri avait chassé les Détraqueurs et pourtant jamais le désespoir n'avait autant plombé mon âme. J'étais réduite à des gestes mécaniques, rageurs, à un instinct des plus primaires qui me poussaient à saigner devant des araignées, des peurs d'enfants. Je n'avais jamais craint les araignées, jamais, jamais. Même là, depuis mon perchoir, je les craignais à peine. J'avais seulement l'envie viscérale et brûlante d'accumuler le plus de corps sous mon arbre. Le sang giclait, parfois jusque mes mains et pourtant rien ne pouvait m'arrêter. A chaque sorts, je pleurai Tonks. Oui, je pleurais Tonks qui reposait tranquillement sous la voûte étoilée, le visage pâle arrosé de mille couleurs.
Cela parut durer indéfiniment. Chaque fois qu'une accalmie se présentait et que l'un d'entre nous posait le pied sur une branche inférieure, une nouvelle créature jaillissait de la Forêt. L'une des Accromentules, plus grosse que les autres, réalisa enfin qu'une force aveugle et vengeresse sévissaient depuis les hauteurs. Avec un son strident qui me donna envie de me courber, les mains plaquées sur les oreilles, elle s'attaqua à l'arbre à côté du nôtre, y planta ses mandibules. Du venin devait les parcourir, car lorsqu'elle s'écarta, le tronc fumait et répandait une odeur de soufre.
-Diffindo ! m'exclamai-je et son cri de douleur me perça les tympans.
Gigotant sur le sol, elle fit volte-face et planta ses yeux globuleux sur nous. Aussitôt, elle s'élança contre notre arbre en claudiquant, laissant sans son sillage une traînée de sang sombre et visqueux.
-Oh, Tac, murmura Podmore, horrifié. Elle nous a repéré !
Remarque inutile : sa charge contre l'arbre m'obligea à étreindre le tronc de mes deux bras pour ne pas être désarçonnée. Mon cœur s'était remis à battre la chamade alors qu'une seconde secousse faisait trembler tout mon être. Me tenant à une main, je tentai de pointer ma baguette sur l'araignée, mais chacun de ses assauts me faisaient valser et m'empêchaient de viser. Une ultime saccade accompagnée d'un grincement sinistre et je sentis l'arbre centenaire vaciller. Mon cœur tomba comme une pierre lorsque mon monde s'inclina et que le sol se rapprocha, de plus en plus vite.
-Pod !!
-Saute ! s'époumona-t-il, la baguette levée.
Et je sautai, dès que le sol sembla être à ma portée. Je fermai les yeux, appréhendant la réception, mais Podmore avait été assez vif pour amortir notre chute d'un sort. Le choc fut en revanche plus brutal lorsque je roulais à l'infini loin de la zone et à mes côtés, l'arbre s'abattit au milieu des fracas et des craquements sinistres. Ma fuite fut stoppée par les gisements d'une statue, mais surtout par le cri de triomphe de l'Accomentule. Le son de ses pattes qui s'écrasaient sur le sol m'obligea à me redresser vivement sur un coude et à lever la baguette. Ce ne fut pas une formule qui s'échappa de mes lèvres, mais un hurlement, bestial, sauvage, monté en ligne droite de mes entrailles. Ma magie parut comprendre et fit le reste : un éclair rouge, de la pure couleur du sang, illumina l'orée de la Forêt et l'Acromentule tomba à son tour. Le silence qui s'en suivit fut assourdissant, uniquement marqué par les pattes velues qui s'agitaient compulsivement en signe d'agonie.
-Bien joué, Tac, grogna Podmore.
Il avait toutes les peines du monde à se relever et lorsque ce fut fait, je remarquai la grimace qui lui tordait les lèvres, la façon dont il se massait le poignet, puis dont il boita lorsqu'il s'avança vers moi. Encore sonnée par la chute et étourdie par le cri qui m'avait été arraché, je finis aussi par me remettre sur pied, baguette toujours fermement plantée en main. Fort heureusement, la Forêt semblait avoir épuisé son lot d'Acromentule : un nombre certain reposaient à ses pieds, mais elles étaient encore plus nombreuses à avoir trouvé la voie qu'au château. Je toisai les immenses arbres d'un air dégoûtée. Je n'aurais jamais songé que cette Forêt ancestrale, ombre inquiétante, mais familière de Poudlard, puisse lâcher des forces contre nous ainsi. Qu'elle puisse être du côté de l'ennemi. Un amer sentiment de trahison me grignotait le ventre et dans un élan de colère, je donnai un coup de pied à l'un des arbres.
-Garde tes forces, je ne suis pas sûr que ça serve à grand-chose, maugréa Podmore en me mettant une main sur l'épaule. Rien de cassé, championne ?
Championne. Le mot se répercuta à l'infini dans ma boite crânienne et mes yeux tombèrent de nouveau sur le corps de Tonks allongé dans l'herbe. Elle m'avait déjà nommé ainsi, me rappelai-je, littéralement émiettée par le souvenir. Sa dépouille sembla m'attirer comme un aimant et mes jambes marchèrent seule pour la rejoindre, totalement déconnectées du reste, de la bataille qui continuait de faire rage. De la brèche n'apparaissait plus personne, de la Forêt ne jaillissait plus de créature. Les géants faisaient toujours autant trembler la terre, le ciel s'illuminait toujours de sortilège et ces cris, ces cris effroyables qui bourdonnaient toujours, les échos des peurs, des angoisses, des douleurs ... Ils éclataient dans ma poitrine et menaçait de me disloquer. A bout de force, je tombai à genoux devant le corps de Nymphadora Tonks, presque fascinée par la sérénité apparente de ses traits. Sa main reposait au-dessus sa tête, ses doigts lâches enroulés autour de sa baguette. Jusqu'au bout, elle l'avait tenu.
Une main vint recouvrir mon épaule et la presser avec une vigueur qui me donna l'envie de la recouvrir de la mienne. La marque de soutien ne parut que la faire trembler davantage.
-Une grande dame, renifla Podmore, la voix enrouée. Vraiment, grande parmi les grandes ...
Les sanglots lacéraient littéralement ma gorge et pourtant j'y portai une main pour les contenir. Le regard sombre et vide de Tonks semblait m'aspirer, aspirer tout ce qui restait de bon en moi, tout ce qui avait fait luire le patronus. Oui, une grande, belle et opiniâtre. Morte pour l'amour, terrassée par l'amour. C'était ça qui l'avait animé, cela qui l'avait portée jusqu'à son destin. L'amour pour Remus. L'amour pour son père, sa mère. L'amour pour ce monde et ses valeurs. L'amour pour son fils. Le souvenir d'un Teddy Lupin enveloppé dans ses couverture, paisible dans les bras de Simon, faillit avoir raison de moi et moi l'éloigner, mes lèvres chantèrent seule face au désespoir :
-Do you hear the people sing lost in the valley of the night? It is the music of a people who are climbing to the light...
La main de Podmore sous la mienne se figea. Sincèrement, il devait me prendre pour une folle, à chanter éperdument sur le cadavre d'une belle guerrière aux cheveux roses. Mais c'était vital.
-Vous avez combattu vaillamment.
Les mots tonnèrent, si proche que la brise glaciale sur ma nuque me sembla être le souffle qui accompagnait cette voix. Prise d'un sursaut, je me retournai vivement. Rien. Juste les ténèbres de la nuit à peine percés par les éclats de plus en plus faible des sorts et les modestes rayons de la lune. Et Podmore, qui scrutait les cieux, un air perdu absolument déchirant peint sur le visage.
-Lord Voldemort sait reconnaître la bravoure, poursuivit-t-il d'un ton caressant. Mais vous avez subi de lourdes pertes. Si vous continuez à me résister, vous allez mourir, un par un.
Je pressai ma paume poisseuse de sang contre mon front et ravalai les sanglots qui m'enserraient la gorge. C'était vrai. Elle était terrible, cette vérité, mais lorsque je contemplai Tonks allongée sur l'herbe, je ne voyais que cela. Elle avait été merveilleuse, elle s'était élancée face à son destin avec les intentions les plus pures du monde, armée d'une magie aguerrie et redoutable. Ça n'avait pas suffi. Elle était la première d'une longue liste ... C'était inéluctable.
Simon. Seigneur, Simon ...
-Je ne le souhaite pas, poursuivit Voldemort dans une parodie de compassion. Chaque goutte de sang versé d'un sorcier est une perte et un gâchis. Lord Voldemort est miséricordieux. J'ordonne à mes forces de se retirer immédiatement.
-Oh Seigneur, merci, murmurai-je, à peine honteuse face au soulagement qui éclatait dans ma poitrine.
-Vous avez une heure, ajouta-t-il néanmoins et la sentence tomba comme une lame sur ma nuque. Occupez-vous de vos morts avec dignité. Soignez vos blessés. Maintenant, je m'adresse à toi, Harry Potter ...
Le nom résonna dans le parc, comme une terrible incantation. Podmore, toujours debout, immobile et figé derrière moi, parut le prendre comme la fin du discours le concernant : il se laissa tomber sur l'herbe avec lourdeur, la tête entre les mains. Je n'osai même pas poser les yeux sur lui. J'avais peur de contempler une détresse en miroir de la mienne.
-Tu as laissé tes amis mourir à ta place au lieu de m'affronter directement. J'attendrai une heure dans la Forêt Interdite. Si, lorsque cette heure sera écoulée, tu ne t'es pas rendu, alors la Bataille recommencera. Cette fois je participerai moi-même aux combats, Harry Potter, et je châtierai jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme, jusqu'au dernier enfant qui aura essayé de te cacher à mes yeux. Une heure.
-Mille gargouilles de mille gorgones, souffla Podmore.
Je maintins mes lèvres tremblantes désespérément scellées. J'avais peur de ce qui jaillirait si jamais j'ouvrais la bouche. Des sanglots. Le contenu de mon estomac. Un cri déchirant et inhumain. La prédiction était terrifiante. Nous avions été écrasés, alors même que Voldemort était resté à l'écart. Qu'est-ce que ce serait s'il se joignait aux combats ? Dans le but ultime et viscéral de tuer chaque personne qui le séparaient de Harry, Harry l'unique à l'avoir vaincu ? Mes doigts serrèrent deux de Tonks à lui en briser les os. Au moins, elle n'avait plus à souffrir de mon angoisse.
Au bout de ce qui me sembla une éternité, Podmore se redressa quelque peu avant de ramper jusque nous. Les sortilèges avaient cessé d'illuminer le ciel, et plus loin, le château jusque là nimbé d'agitation et de cri avait été réduit au silence par l'ultimatum.
-Une heure, Tac ..., répéta-t-il dans un filet de voix. Viens, on va la ramener.
Il fallut mobiliser les maigres forces qui me restaient, mais mes doigts parvinrent à se dénouer de ceux de Tonks pour se porter vers son visage. Une larme dévala ma joue et creusa un sillon brûlant dans la poussière qui la maculait lorsque je fermai pour toujours les yeux de la fière et joyeuse guerrière. Mécaniquement, mes lèvres continuaient de chanter. Toujours, les notes mélodieuses et entrainantes emplissaient mon esprit pour lui éviter la paralysie du désespoir.
C'était chanter ou tomber. Et je n'avais pas encore le droit à la chute. Pas encore. Non, pas encore.
***
...
Je vais vous laisser le temps de reprendre votre respiration. Inspirez profondément. Bloquez dans vos poumons. Et expirez lentement. C'est bon, ça va un peu mieux?
Je ne vais pas vous faire l'affront de vous demandez si vous avez aimé ou pas, c'est évident que c'est éprouvant. Pour autant, étant l'un des passages qu'il m'ait été les plus douloureux à écrire de ma vie, je suis curieuse d'avoir vos avis ...
Vraiment si ça peut rassurer celle.eux qui me détestent, est-ce que ça vous rassurerait de savoir que je suis ressortie de ce chapitre dans un état absolument lamentable? J'ai pleuré quand j'ai tué Tonks comme si c'était moi qui lui enfonçais le poignard dans le coeur. C'était à un tel point que mon copain, qui ne suis que d'un œil mes écrits (il n'aime pas Harry Potter mais je l'aime quand même) m'a lancé "bon toi tu ne touches plus ton ordinateur de la semaine, on va arrêter les dégâts".
(Non je ne suis pas du tout dans l'excès, pas DU TOUT drama-queen sur les bords, pas du tout hypersensible)
C'est d'autant plus difficile que c'est un chapitre que j'ai dû un peu retravailler. Je pense qu'entre la musique épique qui tonnait à mes oreilles et ma grande émotivité pendant l'écriture, ça a donné quelque chose d'un peu ... too-much, lourd? Je ne sais pas, mais Anna' a a eu aussi cette impression à la relecture, une sorte de trop-plein. J'ai essayé de fluidifier un maximum et j'espère que la version finale vous plait !
Mais de manière générale la Bataille de Poudlard c'est un putain de défi d'écriture. Je ne vous parle pas du chapitre suivant qui, en plus d'être le plus long de la Partie IV est celui que j'ai le plus retravaillé de tout O&P, vraiment. Enfin je vous raconterai son histoire à lui la semaine prochaine !
Bisous tout le monde, remettez-vous bien !
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