IV - Chapitre 31 : L'espace d'un divin après-midi

CADEAU DU 1er MAI <3 

(Pour celle.eux qui n'ont pas insta, j'ai lancé un sondage il y a une heure pour savoir si vous vouliez un cadeau en ce jour férié. A l'heure où je vous écris, le "oui" l'emporte à 79% !) 

Allez c'est cadeau, ça me fait plaisir (je prends des toises à la belote cette après-midi, j'ai besoin de vous pour me remonter la moral !) 

En parlant de cadeaux, je vous ai parlé du cadeau de l'Hydre (oui je l'ai fait sur insta, mais tout le monde n'a pas insta !). Elles m'ont offert un bracelet petit soleil, comme Vic' <3 Et une boite qui imitation livre ancien Hamlet ! Voilà, vrai thème pour la fin d'O&P, c'était des jolies attentions, merci les filles ! 

Allez, je vous donne le chapitre ! La citation a peu de rapport, mais c'est honnêtement l'une de mes préférées de Jean-Jacques Goldman <3 

***

I can give you the force
Of my ancestral pride
The will to go on when I'm hurt deep inside
Whatever the feeling whatever the way
It helps me go on from day to day

Je te donne nos doutes et notre indicible espoir
Les questions que les routes ont laissées dans l'histoire
Nos filles sont brunes et l'on parle un peu fort
Et l'humour et l'amour sont nos trésors

- Je te donne 
J.J Goldman et M. Jones

*** 

Chapitre 31 : L'espace d'un divin après-midi. 

Susan avait tenu deux jours à Poudlard.

Deux jours, avant de devoir se cacher avec deux autres élèves dans la Salle-sur-Demande après que ses Mangemorts de professeurs aient décidé de faire une rafle au milieu de l'école. Ça avait d'abord été le leader de l'A.D., Neville Londubat, qui avait décidé après le départ de Ginny d'accélérer les choses. Susan avait été la seconde, deux jours plus tard, et c'était un camarade dortoir de Neville, un certain Seamus, qui l'avait amené jusqu'à un abri au sein de Poudlard, inconnu des Carrow, où elle pourrait continuer de mettre son grain de sel tout en demeurant à l'abri.

Simon s'était étranglé à la lecture du long message de Susan, totalement dépourvu d'inquiétude et de remords. C'était même dit sur un ton délibératif propre à la future juriste qu'elle était. Il avait littéralement fallu qu'on s'y mette à trois pour empêcher Simon de transplaner dans la seconde à Terre-en-Landes prévenir ses parents. C'était Miles qui s'en était chargé, une seconde après que je m'étais proposée. Sauf que j'étais recherchée quand lui avait l'avantage d'être un total inconnu et il avait informé Rose et George de la tentative d'enlèvement sur Susan. Depuis, leur grande maison était aussi sous Fidelitas et l'entièreté de la famille Bones sous cloche. Ça avait littéralement rendu Simon malade et pour le distraire de sa détresse, nous nous étions mis à trois pour rééduquer sa main. Le trois s'étaient vite transformés en un, parce qu'Eugenia et moi avions vite laissé Miles se charger de la chose. Il était pour l'instant le seul à pouvoir crier plus fort que Simon. Moi je risquais de fondre en larmes au moindre hurlement.

-Au moins maintenant il reprend la magie, grogna Miles, en position de gainage.

Nous profitions du beau soleil et de la température qui, pour une fois, était ouvertement assez clémente pour s'aventurer dans le jardin en tee-shirt, pour faire notre sport dehors. Lui avait la capacité que j'admirai de pouvoir discuter en même temps que maintenir un gainage impeccable, mais ce n'était pas encore mon cas. Les dents serrées, les mains pressées l'une contre l'autre pour soutenir la pression, je me contentai de dodeliner la tête.

-On nous a planté une épine dans le pied, mais il s'en est retiré une sacré, ça lui a quand même fait du bien de pouvoir reprendre la baguette, poursuivit-t-il d'un ton badin.

A bout de force, je me laissai tomber à plat ventre avec un grognement sur le tapis que j'avais étalé sur l'herbe et y restai quelques secondes, les bras écartés et le cœur cognant brutalement contre mes côtes. Miles éclata de rire sans bouger d'un pouce.

-Record battu ! Tu vois que tu reprends la forme !

-La ferme, marmonnai-je, le visage enfoncé dans le tapis. Mais j'approuve tout ce que tu viens de dire. (Il me fallut encore quelques secondes de repos avant de rouler sur le flan avec un gémissement). Sûr que tu ne veux pas qu'on lui demande d'extrader tes sœurs ?

Et par sœur, j'entendais bien évidemment Felicity. La veille de la tentative d'enlèvement de Susan, nous lui avions demandé de garder un œil sur la jeune fille, quitte à lui donner carte blanche sur les manœuvres. En bonne Bones soucieuse de la justice – et, je le soupçonnais, plutôt désireuse d'en découdre avec la famille Selwyn – elle avait évidemment accepté ... mais pourrait-elle être d'une grande aide en étant confinée dans la Salle-sur-Demande ? La Salle-sur-Demande ... Susie-Jolie, planquée au milieu de Poudlard avec une bande d'ado rebelle ... La situation était inédite, même pour cette école centenaire. Combien de temps cela pourrait durer ?

-Non, non, ce serait plus dangereux qu'autre chose, évalua Miles avec une grimace. Je veux dire, peut-être que ça préserverait Felicity, mais ça voudrait dire mettre les parents dans la merde jusqu'au cou ... Et puis, elle va faire quoi Susan ? Se cacher jusqu'à cet été, voler dans les cuisines et puis après ? Comment elle rentre, comment elle sort de là ?

-Pitié, ne pose pas toutes ses questions quand Simon est dans les barrages ... (Je poussai un soupir si las qu'il vida mes poumons). J'aime pas ça, c'est moche qui se passe ... Les Weasley et les Bones sous Fidelitas, des Rafles au sein même de Poudlard, et aucunes nouvelles de Tonks qui avait un plan ...

-Et même Potterveille j'ai l'impression qu'ils sont moins consistants, comme si l'info circulait moins, admit Miles. Si au bout de quelques mois de guerre, tout s'essouffle ...

Je pressai mes paumes contre mes yeux, mal à l'aise avec la conclusion. Oui, c'était aussi ce que je ressentais. Une sorte de stagnation qui ressemblait à s'y méprendre à une régression. Ou bien était-ce mon regard sur les actions qui avaient changés, maintenant que la force et l'espoir avaient réinvesti mon cœur ? Le devenir de Harry semblait également en suspens ... C'était incroyable. Il me faisait l'effet d'une baleine qui effleuraient parfois la surface de l'eau pour cracher un geyser propre à éclabousser la communauté magique avant de sombrer de nouveau dans des profondeurs insondables. Il semblait y être retourné depuis le déménagement de la famille Weasley chez la tante Muriel ... L'eau était d'un calme plat presque désespérant. J'espère que tu as raison Ginny. Qu'il y a un plan. De tout cœur.

-Il ne faut pas qu'on perde, murmurai-je face au ciel. Sinon je jure devant Dieu que je traverse la Manche pour demander de l'aide à la France et leur rappeler que c'est nous qui sommes venu sauver leur cul le 6 juin 1944.

-Hein ?

-Peu importe, éludai-je, peu désireuse de me lancer dans une grande leçon historique, avant de rouler de nouveau sur le ventre. Mais au-delà de ça, que fait l'Europe, sérieux ?! Quand c'est Grindelwald qui terrorisait les pays de l'est, Dumbledore a traversé le continent pour les sauver d'un destin gouverné par la magie noire. Maintenant le pays de Dumbledore sombre et personne ne bouge le petit doigt ? Eux ne se gênent pas, c'est parce qu'ils reçoivent de l'aide de l'étranger que je suis encore en vie !

Il fallait d'ailleurs que je songe envoyer une carte de remerciement aux Liszka pour cela. Mais avant cela, j'irai embrasser mon grand-père qui avait, sans doute inconsciemment, donner du poids à mon mensonge. J'avais douté de mon choix et de ma chance quand j'étais coincée avec un épouvantard avec les visites journalières de Nestor, mais avec le recul, le choix me paraissait excellent. Personne ne serait venue me chercher à Azkaban : je serais encore au milieu une île, sous le pouvoir des Détraqueurs. Dans les geôles du Ministère, mon intériorité avait été réduite en cendre ; mais entre les murs de cette prison, j'aurais peut-être été réduite à une coquille vide ...

Miles me lança un drôle de regard. Bref, mais intense, presque insistant, le genre qui perçait le front et pourtant la seconde d'après il était rivé sur le tapis. Ce ne fut que lorsqu'il le réitéra que je poussai un profond soupir.

-Quoi ?

-Rien.

-Menteur.

-Mais rien. (Il modifia sa position, se hissa sur un bras et sur une jambe tout en gardant le long de son corps tonique). C'est juste ... je ne sais pas, ça me fait un drôle d'effet que tu dises que c'est grâce à ça que tu es encore en vie.

J'essuyai un petit rire et joignis mes deux mains à hauteur de mon cœur.

-Mille excuses Miles Bletchley, c'est grâce à toi !

-Non, ce n'est pas ce que je veux dire, me détrompa-t-il avec lenteur, sans la moindre trace de gêne. Non, c'est juste ... Victoria, j'étais là, je t'ai portée dans mes bras. Tu n'étais pas en vie. Tu n'étais ... pas avec nous, en quelque sorte, tu ...

Les secondes s'égrainèrent à l'infini et dans l'inspiration qu'il prit, ce fut mon souffle qu'il vola. Toute l'insouciance et la bonne humeur insufflée par l'exercice et le soleil se réduisit à peaux de chagrin et lorsqu'il reprit la parole, j'eus la sensation qu'un Détraqueur soufflait sur ma nuque :

-Victoria, tu appelais Cédric. Cédric, désespérément.

Je fermai les yeux, profitant que lui ait rivé les siens au loin. Il ne surveillait pas ma réaction et c'était tant mieux, car je sentis tout mon être se tendre et un drôle de bruit monta dans ma gorge. Je parvins à le réprimer, mais elle se noua en représailles. Cédric, c'était une sorte de secret de polichinelle. Evidemment que Miles avait tout entendu. Sans comprendre, si ce n'était que j'étais au plus mal. Plus proche de la vie que de la mort. Je pris une profonde inspiration pour chasser l'air glacé qui s'était infiltré dans mes poumons.

-Oh ... je ne m'en souviens pas, mentis-je à mi-voix, le cœur compressé. Je délirais sûrement ... j'avais de la fièvre, non ?

Le regard de Miles se planta de nouveau sur moi et je fis mine d'étudier le ciel pour ne pas avoir à l'affronter, que lui qui était si perspicace ne lise pas le mensonge et le trouble dans mes prunelles. Non, il ne savait pas. Même Simon ne savait pas et ne saurait jamais. C'était à moi. C'était ma vérité, mon mystère. Le lien obscur entre la vie et la mort prendrait toujours pour moi les traits immortels de Cédric. Il me fallut mobiliser toute ma volonté pour ne pas me mettre à tripoter mon bracelet.

-C'est peu de le dire, finit-t-il par admettre du bout des lèvres.

Il reprit sa position initiale de gainage et je relâchai lentement mon souffle en comprenant que la discussion était close pour lui. Mes doigts s'infiltrèrent alors sous les perles et le simple contact du petit soleil sur ma peau apaisa mon rythme cardiaque.

-Mais pour revenir à ton idée d'alerter toute l'Europe ..., reprit Miles. Octavia m'en avait parlé. Ils veulent éviter la contagion. Pour eux nous aider, c'est plonger leur pays dans une guerre. Qui veut la guerre de son plein gré, sincèrement ?

-On aurait dû laisser les Français se débrouiller avec les Allemands, maugréai-je, mortifiée. Churchill, t'as été trop gentil.

-Au risque de me répéter : hein ?

-Retiens juste que dès que Simon va mieux, je vous laisse la maison et je vais traverser la Manche pour bouffer de la cuisse de grenouille. Littéralement s'il le faut.

-Parfois j'ai l'impression que tu parles dans une langue étrangère.

Pour toute réponse, j'appuyai mon pied contre sa hanche. Il fallut que je pousse fort, mais Miles finit par vaciller et à rouler dans l'herbe avec un éclat de rire, nullement déconcerté par le regard noir que je plantai sur lui.

-Mets le nez dans les bouquins d'Histoire moldue, sorcier ignare, tu as du temps à tuer. Tu crois que je sais encore faire un équilibre ?

Je tâtai mes bras maigres, mais qui avaient, pour ma grande satisfaction, avaient retrouvé du tonus. L'heure était peut-être venue de tester leur nouvelle résistance ... Je coinçai mon tee-shirt dans mon jogging avant de me relever. Histoire de me tester, je fis une roue dans l'herbe et, satisfaite de la tenue de mes bras, j'enchainai sur un équilibre, m'étendant comme si mes orteils pouvaient toucher le ciel et caresser les nuages. Mes jambes commençaient à peine à vaciller que Miles se relevait pour m'attraper la cheville et me maintenir en position.

-Hé ! protestai-je.

-Tiens un peu. Allez, gaine plus que ça, tu retombes déjà !

-Mais !

Je pris une profonde et pénible respiration pour m'exécuter et raidir mon corps. Le sang afflua rapidement à mes joues et ma tête devint si lourde qu'elle sembla avoir pour seule volonté que de s'enfoncer dans le sol. Je relâchai mon souffle, les yeux rivés sur la porte de la véranda pour garder mon équilibre. J'étais sur le point de lâcher prise et de demander grâce à un Miles qui maintenait toujours fermement mes chevilles quand quelqu'un sortit de la véranda. Puis une seconde silhouette suivie. Mes yeux s'écarquillèrent lorsqu'une troisième émergea. Je crus la reconnaître, mais ma vision inversée et le sang qui affluait dans mon cerveau embrouillait mes sens. J'agitai mon pied pour l'arracher à la prise de Miles et retombai dans l'herbe de la manière la plus gracieuse que possible d'une pirouette. La réception n'était pas trop mauvaise, estimai-je, des étoiles dansantes devant les yeux. Quand elles s'estompèrent enfin, je remarquai que les silhouettes s'étaient multipliées, trois femmes et trois hommes. Simon bien sûr, Eugenia qui était restée dans l'embrassure, appuyée contre la verrière ... alors si Eugenia était là, qui était la blonde qui scrutait le jardin de ses grands yeux bleus ? Je plaquai une main contre ma bouche et cherchai le regard de Miles qui m'adressa un doux sourire qui m'indiqua que leur apparition n'était pas une surprise pour lui.

-Qu'est-ce que tu crois ? Elle est venue réclamer sa vénération éternelle ...

-Sa vénération ...

Je me tournai de nouveau vers le bord de la véranda et alors que la captai, cette belle chevelure d'acajou qui flamboyait au soleil. Je l'avais à peine reconnue, pas à cause de mon équilibre, mais à cause des vêtements. Pas de robes de sorcière, pas de chapeau élégant : un pantalon de toile mauve et un chemisier crème habillait Octavia McLairds. Ses cheveux coulaient librement dans son dos et une nouvelle frange couvrait son front. Elle était distante de plusieurs mètres et pourtant nos regards trouvèrent le moyen de s'accrocher. Sa bouche s'arrondit légèrement et elle quitta immédiatement le côté d'Eugenia pour se précipiter sur la pelouse qui lui arrivait à mi-mollet. Ce fut comme si elle venait de tirer sur un fil pour m'attirer irrémédiablement vers elle : je suivis son pas, de plus en plus vite, le cœur battant la chamade dans ma poitrine et lui sautai au cou dès qu'elle fut à portée de bras. Sans la moindre hésitation, malgré tout ce que je savais qu'Octavia McLairds et qui s'effrita dès qu'elle m'étreint avec force, à m'en briser les côtes.

-Oh mille gargouilles galopantes, murmura-t-elle dans mon cou d'une voix rauque. Oh Victoria ...

Les larmes inondèrent mes yeux. La dernière fois que j'avais entendu cette voix, j'étais plus proche de la mort que de la vie, si proche que Cédric se tenait à mes côtés et qu'il m'apparaissait nettement plus réel qu'elle. Maintenant je pouvais sentir sa présence, son corps contre le mien, son souffle dans mes cheveux. Et lorsqu'elle s'écarta pour prendre mon visage en coupe, je pus détailler chaque détail, jusqu'aux larmes qui perlaient à ses cils.

-Merci, soufflai-je, la gorge serrée. Merci, merci, merci ...

-Oh, tais-toi, rétorqua-t-elle d'un ton qui lui ressemblait déjà plus. Tais-toi, tu n'as pas à me remercier ...

-Mais Simon doit se prosterner, c'est ça ?

Un petit rire nous secoua toutes les deux et brisa quelque peu la bulle d'émotivité dans laquelle nous étions plongées. Son bras glissa de mon visage à ma taille et nous avançâmes de quelques pas vers la maison, juste assez pour nous rapprocher d'une Emily qui courrait déjà vers moi pour plonger dans une étreinte étouffante pleine de larme et de plaintes. Elle tâta mes épaules, mon visage, mes boucles courtes comme pour s'assurer que j'étais réellement devant ses yeux.

-Oh la la, c'est tellement bon de te voir pour de vrai, haleta-t-elle, me dévisageant de ses grands yeux. Je suis trop contente de te retrouver ... Pour de vrai, regarde tes cheveux ! Oh mon Dieu, c'est idiot, mais je suis si heureuse de retrouver tes cheveux courts, c'est la coupe qui t'allait le mieux, c'est tellement toi !

-Bien sûr les cheveux, c'est important, railla Octavia, avant de repousser Emily d'un doigt. Ne te l'accapare pas, Fawley, on a dit qu'on partageait !

-Je t'ai laissé lui faire un câlin, maintenant c'est mon tour, dégage McLairds !

Mais c'était prononcé avec un éclat de rire qui annihila toute acidité et pour peu ce fut presque comme si j'étais enlacée à la fois par Octavia et Emily, les deux anciennes rivales de Poudlard, deux filles que j'avais détesté à un stade de ma vie, qui m'avaient exaspérée par leur perfection et leur dédain propre et qui maintenant étaient mes deux plus proches amies. Touchée au-delà des mots, je les pris chacune par le cou pour les serrer contre moi et rendre réelle l'impression, la gorge compressée par l'émotion. Mon geste les réduisit toutes les deux au silence et nous restâmes longuement enlacées au milieu du jardin, en un tableau qui devait faire s'étrangler d'indignation tous ceux qui nous avait connu à Poudlard. Ce ne fut que lorsque j'entendis le « clic » de l'appareil photo que nous relevâmes toutes les trois la tête. Simon baissa l'appareil, un sourire caustique aux lèvres.

-Pardon de gâcher le moment, ça devait être immortalisé ...

-Oui c'est clair qu'on peut toujours compter sur toi pour tout gâcher, marmonna Emily, une moue aux lèvres.

Elle repoussa une mèche blonde de son front. Elle aussi avait recoupé ses cheveux en un carré aux épaules qui lui donnait cet air éminemment mature et dynamisait son visage, et portait la même combinaison crème et nuit que le jour de mon anniversaire, presque un an plus tôt. Pourtant, malgré sa pique et l'appareil que Simon tenait toujours entre ses mains, elle jeta ses bras à son cou le serra contre elle. Un peu pris de court, il se contenta de lui tapoter maladroitement la tête, provoquait le rire de l'homme à ses côtés. Un sourire ému s'étira sur mes lèvres.

-Salut Julian.

Julian sourit, de manière presque timide, et parut aussi déconcerté de Simon lorsque je l'enlaçai. Il accepta mon étreinte de bonne grâce et finit même par me la rendre. Il y avait longtemps que j'attendais leur visite : le centre-ville d'Oxford était à dix minutes en bus. C'était certainement pour cela que j'avais reconnu Noah Douzebranches, à l'envers et la vision brouillée par la pression sanguine qui avait pulsé contre mon crâne. Il attendait patiemment derrière Julian, les mains dans les poches de son jean, des lunettes de soleil teintées de jaune sur le nez qui me masquait l'expression de son regard. Ses sourcils s'envolèrent sous les boucles noires qui couvraient son front lorsque je me détachai de Julian pour pivoter vers lui.

-Alors là tu rêves, lança-t-il avec flegme. Tu viens de faire du sport et tu penses que tu vas venir me faire un câlin ?

-Tu le mérites qu'à moitié, Perroquet noir.

Le rictus qui ourlait ses lèvres s'effaça immédiatement et il jeta un regard nerveux par-dessus mon épaule, certainement en direction de Simon. Je n'avais pas oublié nos retrouvailles : Noah avait clairement fait partie des personnes sur sa liste de personne à tuer. Et par-là j'avais compris qu'ils avaient réalisé que les recherches du Perroquet Noir avaient entrainé ma Rafle. Ou était-ce juste parce que Noah n'avait pas su me retenir ce jour-là ? Mes entrailles se rétractèrent dans mon ventre. Pourquoi le blâmer pour une décision qui m'avait totalement appartenue ? Avant de laisser la culpabilité nous ronger tous les deux, je lui ouvris les bras avec un sourire tremblant. Noah mit quelques secondes à me le rendre et eut l'audace de trainer les pieds pour combler la distance qui nous séparait. Pourtant quand il me prit dans ses bras, j'eus l'étrange impression qu'il s'affaissait sur moi, m'enveloppait comme pour me fondre en lui et que cette fois je ne passe pas sa porte pour disparaître. Je joignis mes mains derrière son dos et enfonçai mon visage dans sa poitrine, le serrant comme pour imprimer dans l'étreinte que je lui pardonnais tout. Qu'il n'y avait rien à pardonner. Absolument rien.

-Petite peste, tu révèles mon identité secrète devant tes copines pour frimer, murmura-t-il à mon oreille.

-Toi aussi tu m'as manqué.

-Encore quelques secondes et j'arriverais peut-être à rendre ton copain jaloux. Histoire un peu de me venger de son frère.

-Dans tes rêves.

Noah s'esclaffa dans un rire qui semblait sonner comme un défi et nous nous détachâmes, les lèvres tordues pour masquer nos sourires respectifs. Pour faire bonne mesure, mon premier acte fut de piquer ses lunettes et de les planter sur mon nez pour que mon univers se colore de jaune. Noah se contenta de lever les yeux au ciel et se rapprocha de Julian pour passer un bras autour de ses épaules.

-Bon, Miss Colibri, passons aux choses sérieuses. Jules ou moi ?

-C'est sérieux ? ris-je, perplexe. Julian tous les jours !

-Excellent choix, approuva celui-ci avec un sourire en coin.

Et de derrière son dos, il sortit une enveloppe carrée qui me fit sautiller sur place, car je reconnus l'écriture d'Alexandre immédiatement. La forme et les couleurs douces et soignées du papier accélèrent mon rythme cardiaque et un petit cri euphorique m'échappa lorsque j'en sortis un faire-part. Je le savais, je le savais ! C'était pour cela que j'avais attendu Julian et Noah, de pied ferme depuis que Tonks était venue avec son fils. Si Tonks avait eu son bébé, alors Melania, tombée enceinte peu avant, devait forcément avoir donné naissance au sien. Et avec un immense sourire et des larmes de bonheur dans les yeux, je découvris le visage de ma nièce, née le 19 mars. De façon très honnête, je lui trouvais très peu de différence avec Teddy Lupin. Peut-être des yeux plus petits, en amande comme Alexandre et moi mais c'était là tout. Mais c'était la fille d'Alexandre, de mon stupide frère, celui qui m'avait appris à me battre, boire et fumer. Et ça, ça faisait toute la différence. Euphorique, je tendis le carton à Simon avant de m'intéresser au petit mot qui l'accompagnait.

Ma chère petite sœur,

Je suis tellement heureux de pouvoir te présenter ma petite Alice Victoria Bennett. Papa a hâte de baptiser sa première petite-fille, mais ça ne pourrait pas se faire sans sa marraine ... alors dépêche-toi de mettre fin à cette guerre qu'on puisse rentrer. Je ne veux pas que ma fille grandisse américaine. C'est une question de principe.

Melania te salue, comme toute la famille. Tu nous manques atrocement, j'ai hâte de pouvoir te présenter ma fille pour de vrai ... Tu verras, elle est incroyable. En même temps avec les parents qu'elle a, ce n'est que normalité.

Embrasse le crapaud pour moi. A bientôt. Il y a intérêt. Je vous aime.

Alex, Mel et Alice.

-Même là je ne réalise pas, lâcha Simon, les yeux rivés sur la photo de la petite Alice. Non, Alex papa, c'est tout simplement une donnée que je n'arrive pas à intégrer.

-Mais elle a l'air mignonne comme tout, s'ébahit Emily par-dessus son épaule. Alice Victoria ? Oh c'est adorable ... Tiens, ajouta-t-elle en prenant le carton des mains de Simon pour le donner à Octavia. Habitue-toi, ça va arriver vite après ton mariage.

Octavia tenta de la fusiller du regard, mais son visage écarlate gâchait l'effet. Pour garder contenance, elle saisit sèchement le faire-part et lui accorda un intérêt poli. Derrière le groupe, Miles se glissa silencieusement comme une ombre, avec un regard pour Emily qui dévisageait Octavia avec un sourire carnassier, puis pour Eugenia qui avait hissé Bella la Fléreur dans ses bras. Je haussai les sourcils au moment où il disparut dans la véranda sans avoir salué personne pour sans doute se noyer sur la douche et faire disparaître la couleur rosée qui parait ses joues. A la fois amusée et interloquée par la scène, je fis volte-face pour de nouveau me tourner vers Noah, un grand sourire aux lèvres.

-Et toi, c'était quoi ton cadeau ?

-T'as choisi Julian et volé mes lunettes, tu ne le mérites pas, rétorqua-t-il du tac au tac.

-Oh allez !

-Oui, Noah, allez, renchérit Julian avec un regard aigu. Ça fait des semaines que tu aurais dû le donner à Simon.

Noah pressa son poing fermé contre lui, l'air outré par les déclarations de Julian.

-J'ai dit que c'était moi qui lui donnais !

-Oh je te jure quelle diva, soupira Julian en vissant une main sur sa tempe. Alors qu'est-ce que tu attends ?

-Oui, allez, donne mon cadeau ! insistai-je en battant des mains, excitée.

Noah ménagea encore quelques secondes son suspens, la commissure de ses lèvres frémissant en un sourire. Avec une lenteur insupportable, il brandit son poing fermé, avant de lever deux doigts. Un cliquetis se fit entendre alors que se déployer une chaine d'or qui captait chaque éclat du soleil. Mes yeux s'écarquillèrent lorsqu'ils tombèrent sur les breloques qui oscillaient tel un pendule hypnotique. La vision surgit du passé me coupa le souffle. Automatiquement, mes doigts se perdirent sur mon sternum avant de remonter sur ma nuque pour ne découvrir que ma peau nue, orpheline.

-C'est ...

-En voyant que tu ne revenais pas, on t'a cherché, expliqua Julian avec douceur. Ils avaient laissé ta chaîne là sur les pavés, avec ...

Avec le corps de Renata. L'idée que c'était eux qui l'avaient trouvé et qui avaient donc dû annoncer la terrible nouvelle faillit me donner la nausée. Fort heureusement, l'éclat des breloques emplissait tout mon esprit. Je tendis la main et effleurai la chaine, interdite. Elle n'était pas un mirage, pas plus que ne l'avait été Simon lorsqu'il était revenue, porté par Oh ! Darling. Elle n'était pas Cédric venu m'arracher au monde des morts. Elle était réelle, dure et tiède après avoir été enfermée dans la paume de Noah. Presque vivante sous mes doigts.

Ils tombèrent naturellement jusque ma médaille de baptême. Il fallait que j'en achète une pour Alice ... j'étais sa marraine, c'était moi qui devais lui acheter sa médaille ... Puis l'étoile de David cogna contre ma peau, cette étoile que ma grand-mère avait reçu de sa propre grand-mère, mais jamais porter. Pour Jaga, elle n'avait rien signifié, mais pour moi elle était tout ... Mon combat et ma force. Un peu perplexe, je constatai qu'elles n'étaient plus seules au bout de ma chaîne. Avec un sourire insensé, je pinçai entre le pouce et l'index un petit colibri d'or, finement ciselé, si délicat que je ne pus m'empêcher de tourner les yeux vers Julian.

-Ton œuvre ?

-Notre œuvre ! rectifia Noah, indigné. Son dessin oui, mais c'est moi qui l'aie façonné !

-Ça ne te dérange pas ? murmura Julian, presque timidement. On sait que c'est un bijou très personnel ... mais on s'est dit que ça te correspondait bien. Ton identité, en quelque sorte.

Mon identité. Celle que Nestor avait failli m'arracher, celle à laquelle je m'étais accrochée chez eux pour vivre et non survivre. Celle qui flamboyait à travers un colibri argenté chaque fois que je devais invoquer un patronus, avec tout au fond de mon cœur cette fierté d'être une sorcière capable de produire un tel éclat. Un étau vint me broyer la trachée et l'émotion noya ma reconnaissance. Pour toute réponse, je refermai la main sur mes breloques et tirai d'un coup sec pour l'arracher à la prise de Noah. Puis en guise de remerciement, j'embrassai la joue mal rasée de Julian avant de bondir en direction de Simon. Sa bouche s'ouvrit légèrement lorsqu'il découvrit ma chaine au creux de ma paume. Dans ses yeux, je lus le même miracle et sus que le retour de cette chaine signifiait autour pour lui que pour moi.

-Oh mille gargouilles, c'est ... ?

-Ils l'ont ramassé, révélai-je d'une voix enrouée. Ils l'ont retrouvé ... Seigneur, je ne pensais jamais... (Je coupai court à une phrase qui risquait de dérailler et tendis plus franchement la main vers lui) Tu peux me le mettre ?

La question était vive, presque urgente : maintenant que je les avais retrouvé, j'avais plus que jamais conscience de ce vide sur ma poitrine, de l'absence des maillons contre mon cou. Mais l'émerveillement rendait Simon lent, et Emily saisit mon pendentif dans mes mains avec un sourire caustique.

-Laisse Vic', un garçon ça ne sait jamais s'en sortir avec les fermoirs. Allez, retourne-toi !

J'eus l'impression que quelque chose se débloquait en moi quand les pendentifs retrouvèrent leur place naturelle contre ma peau, au creux de mon sternum, aimanté à mon cœur. Incrédule, je portai mes doigts à ma chaine, avide de sentir chacun de ses maillons et ce poids sur ma nuque. Elle m'avait manqué, tous les jours, dès les premiers instants. Jamais je n'aurais cru un jour la récupérer ... Le regard brillant que j'échangeai avec Julian et Noah se passait littéralement de mot. C'était inestimable.

Les larmes passèrent pour se muer en rire, l'ambiance émotive en légèreté que seule apportait le printemps. Simon fit léviter la table dehors, même si après ça il dût subir un examen consciencieux de Julian qui vérifia sous toutes les coutures que le maléfice ne se réveillait pas. Noah préféra s'affaler dans un transat plutôt que de prendre une chaise et offrit son visage au soleil. Octavia suivit Simon partout, répétant qu'elle attendait sa récompense pour avoir sauvé « sa précieuse Victoria » et je faillis recracher ma gorgée d'eau lorsque je vis Emily émerger de sa conversation avec Eugenia pour regarder autour d'elle et demander :

-Et Miles, il est passé où ?

-Oh, aux fourneaux c'est notre cuisinier-en-chef, répondit tranquillement Eugenia. Il a laissé à Simon une liste de course longue comme le bras, on a dû aller au supermarché à deux.

-Comment vous allez au supermarché sous Fidelitas ? interrogea Emily, un sourcil dressé.

-Sous cape d'invisibilité et rusant pour mettre de l'argent dans les tiroirs-caisses ouverts, indiqua Simon, blasé. Une sacrée gymnastique, je ne pensais pas que c'est le genre de talent dont j'aurais besoin pendant une guerre ...

-Je persiste à croire que ce coin est parfait pour un potager, proposa Eugenia en montrant le jardin du menton. Le verger offre déjà plein de fruits... Comme on mange végétarien pour Miles, ça nous suffirait presque.

-Je vais aller l'aider d'ailleurs, décréta Emily en se levant. Le pauvre, il est seul en cuisine ...

Elle m'enlaça brièvement par derrière, m'embrassa sur la tempe et fila à l'intérieur d'une démarche étrangement raide, les mains fébrilement nouées derrière son dos. Je la suivis du regard, avant de tomber sur Simon qui lui aussi ne la lâchait des yeux. Sans les détourner, il se pencha vers moi pour me chuchoter :

-Un jour, il faudra quand même qu'on pose la question.

-Qu'on la cuisine, rectifiai-je en acquiesçant vigoureusement. Pour se venger de toutes les fois où c'est elle qui nous a torpillé jusqu'à ce qu'on cède.

-Je fais des cauchemars des interrogatoires d'Emily Fawley. Ça marche.

Je lâchai un petit rire et pivotai plus franchement vers lui, songeuse. Les lunettes de Noah effaçaient ses taches de rousseurs et assombrissait la nuance de ses prunelles, mais rien ne pouvait éclipser la lueur espiègle et joyeuse qui brillait dans son regard. Apaisée par cette vision, je glissai ma main dans la sienne. La gauche, libérée de tout bandage. Quelques raideurs demeuraient, mais ses doigts se nouèrent aisément aux miens.

-Tu as comploté ça dans mon dos ? compris-je.

-Je ne vais pas te mentir, ce n'était pas juste pour tes beaux yeux, avoua-t-il à voix basse, comme une confession honteuse. Je me suis juste rendu compte qu'un jour, j'allais m'emporter contre Miles et qu'Eugenia allait me frapper si on restait juste enfermé entre nous quatre.

Ça, je ne pouvais pas le nier. Les heures de rééducations avaient soudé autant que crispés les deux garçons, bien aidées par les parties d'échecs qu'ils entonnaient parfois en soirée. Et face à la mauvaise humeur, Eugenia était plus encline à blâmer Simon que Miles. Pour des raisons qui m'apparaissaient évidentes ... Pourtant, depuis que je l'avais surpris quitter la chambre d'Eugenia en catimini, je n'avais observé aucune interaction qui aurait pu éveiller mon intérêt. Et ce n'était pas faute de garder un œil sur eux ...

-Alors tu as préféré mettre Noah, Emily et Octavia dans un même chaudron et touiller tout ça. Brillant Bones.

-Si je t'ennuie, je peux partir, lança Noah d'une voix traînante.

-Contente-toi de te tenir tranquille, le tança Julian avant de se tourner vers Octavia avec un sourire avenant. J'ai entendu parler d'un mariage ? C'est pour bientôt ?

Le léger sourire qui flottait sur lèvres d'Octavia se figea sur ses lèvres. Je la connaissais capable de le maintenir coûte que coûte sur son visage, quitte à s'en fendre la peau, mais là elle le laissa glisser jusqu'à complète disparition. Julian parut catastrophé de poser une question indiscrète, mais Octavia prit tout de même la peine de répondre :

-Oui, c'est en juin ...

-Et ça a l'air de te combler de bonheur, railla Noah sans ouvrir les yeux.

-Pitié Julian, lance-lui quelque chose, marmonna Simon, consterné.

Je m'en chargeai personnellement en faisant une boule avec de la mie de pain qui l'atteint sur la tempe. Le « aïe » qui s'éleva parut satisfaire Octavia car un sourire amusé ourla ses lèvres. Son regard avait quelque chose d'acéré.

-C'est difficile d'être comblée de bonheur quand la moitié des tes invités sont liés de près ou de loin aux Mangemorts, ironisa-t-elle. D'autres questions ?

-Oh non, c'est sérieux ? soufflai-je, atterrée. A cause de Nestor ?

Les doigts de Simon tressautèrent contre les miens et Octavia hocha gravement la tête, le regard perdu au loin.

-Evidemment. Les Selwyn sont dans une position scabreuse. Ils sont passés de respectables financiers à rallier à la cause des Mangemorts par Nestor, réinstauré héritier de la famille. (Elle baissa les yeux sur le faire-part d'Alice posé au centre de la table). Tout le monde sait que ce n'est qu'un mariage de raison, alors ils sont particulièrement scrutés. Mon mariage doit être une vitrine pour prouver qu'ils sont bien fondus dans le moule ...

-C'est terrible, commenta Julian, compatissant.

-Octavia, je suis désolée qu'ils te volent ton jour comme ça ...

-Je me suis fait une raison. En fait, j'ai juste hâte que ça arrive, le plus vite que possible. D'être débarrassée de ça une bonne fois pour toute et de m'éloigner d'eux.

Elle cracha littéralement le mot, si bien que c'était inutile pour moi de savoir qui se cachait derrière ce « eux ». Nestor et sa mère Thalia devaient rendre la vie particulièrement rude à Octavia en prenant son mariage en otage. Les sourcils de Simon s'étaient froncés.

-Eloignés ? Tu comptes aller où ?

-Idéalement, j'aimerais retourner en Ecosse, confessa Octavia avec un pauvre sourire. Hé, je sais ce que tu vas dire, ajouta-t-elle précisément quand Simon ouvrit la bouche, stupéfait. Oui, j'ai dit que je me sentais plus britannique qu'écossaise un jour ...

-Que tu te sentais plus française qu'écossaise ...

-Ah la la, Bones, je sais que je peux compter sur toi pour retenir ce genre de phrase, soupira-t-elle, dépitée. Oui, j'ai dit ça un jour, mais là je veux vraiment m'éloigner de toute cette effervescence, toute cette oppression ... j'ai envie de respirer. (Elle me lança un petit regard). J'ai fait ma part.

Je lui rendis son sourire. Ça aurait pu être facile de la targuer de lâcheté, mais je n'en avais pas la moindre envie compte tenu de ce qu'elle avait fait pour moi. J'étais une exception dans la vie d'Octavia, son seul acte de rébellion, mais Seigneur qu'elle avait marché sur le fil ce jour-là ... C'était elle qui avait pris tous les risques, qui avait tenu la valise à visage découvert, elle qui était descendue dans les geôles. Elle aurait pu tout perdre ce jour-là, y compris la vie. Pour une personne prudente et dans les règles comme Octavia, cela méritait qu'elle se retire en Ecosse pour jouir d'une paix tranquille. Ce fut certainement pour cela qu'elle me surprit en ajoutant avec le plus grand des sérieux :

-Cela dit, si un jour vous avez un souci et que vous avez besoin d'un refuge ... Notre porte sera ouverte. Faites-le savoir ... à ceux qui doivent le savoir.

-Oh, lâchai-je, prise au dépourvue. Euh ...

-On s'en occupe, promit Noah avant lancer une œillade taquine à Octavia. Et s'il faut qu'on vienne faire un peu de grabuge à ton mariage ...

-Hors de question, refusa Julian d'un ton ferme. On n'a pas fait cesser les activités du Perroquet Noir et de La voix du chaudron pour aller s'inviter à une fête de Mangemort.

-C'était vous le Perroquet Noir ? comprit Octavia, abasourdie.

Pour toute réponse, Noah se contenta d'un salut militaire étrangement sobre pour cette entreprise qui avait toute sa vie depuis son arrivée en Angleterre. Un coup de poing invisible heurta mon estomac lorsque je vis ses traits se rembrunir à l'évocation de ce nom qu'il avait dû abandonner suite à ma disparition. Autant dire que pour un homme aussi entier que Noah Douzebranches, c'était s'arracher le cœur. Je lui avais arraché le cœur. Mes doigts accrochèrent machinalement mon pendentif et cherchèrent plus particulièrement le colibri. Il faudrait du temps pour s'habituer à ce nouveau poids, mais j'appréciais déjà les reliefs sous ma peau. Je tâtai un peu la douce pointe du bec de l'oiseau dorée, songeuse, avant de me lever pour faire passer la nervosité. Je fis mine d'aller me changer, puisque j'étais toujours en tenue de sport, et me jetai de l'eau sur le visage pour raffermir mes nerfs. En redescendant, je cédai à la curiosité et risquai un coup d'œil vers la cuisine. Miles et Emily se faisaient face et tournaient le dos aux fourneaux qui fumaient. Si un sourire retroussait les lèvres de mon amie, Miles semblait lui danser d'un pied à l'autre et changeait sans cesse de position. Oh oui, un interrogatoire en bonne et due forme, décrétai-je en retournant vers le jardin. Seulement, je n'avais pas encore décidé si je le faisais subir à Miles ou à Emily.

-Fais une place, exigeai-je à Noah en plantant devant le transat.

-S'il te plait ô toi trésor national.

Je répondis à son sarcasme par un coup léger dans sa cuisse et il feint un soupir à fendre l'âme avant de daigner se décaler pour que je puisse allonger mon maigre corps à côté du sien. Nous restâmes quelques secondes, les yeux rivés sur le ciel décoloré par les lunettes qui teintait les nuages de jaune.

-Tu fais quoi du coup ? interrogeai-je du bout des lèvres. S'il n'y a plus de journal ...

-Je peins, j'écoute de la musique, je peins encore et je roule des pelles à Julian Shelton. Ou je peins sur son corps selon mon humeur. (Il tourna vers moi un sourire qui se voulait éclatant). Ma vie va bien, t'inquiète Miss Colibri.

-Mais ...

-Victoria, me coupa Noah d'un ton plus ferme. Qu'est-ce qu'on va faire ? « Pardon Noah d'être partie – Pardon Victoria de t'avoir mis en danger », pleurer comme des madeleines et s'accorder l'absolution ?

Je pinçai des lèvres, pour retenir à la fois des rires et des larmes. Je pris le temps d'inspirer longuement pour les refouler et lançai plutôt :

-Parce que tu as versé quelques larmes pour moi ?

-Ne te donne pas trop d'importance, répliqua Noah en levant le nez. Au fait, à quoi tu jouais quand on est arrivé ? Tu faisais le poirier avec un gars ?

-Pas avec un gars, objectai-je avec un sourire caustique. Avec mon ex.

-Avec ton ex ?!

Un véritable hurlement de rire s'échappa des lèvres de Noah et son visage s'illumina tant que j'eus l'impression de lui avoir offert le plus beau des cadeaux. Il se redressa brusquement sur un coude, comme pour avoir Miles en visuel, avant de marteler mon épaule de son doigt.

-T'es sortie avec ce type ? Et après ça, t'es allée avec Simon ? Mais il s'est passé quoi dans ta petite tête ?

-Non mais je rêve, t'es bien passé d'une fille à Julian !

-Rien à voir, Julian Shelton est la perfection même, prétendit Noah d'un air pompeux en faisant un geste vers son compagnon. Regarde-moi ça, ces cheveux blonds qui dorent au soleil, ses magnifiques prunelles vertes qui se fondent avec la verdure printanières ...

-Excusez-moi ...

Nous tournâmes la tête si brusquement que j'entendis les cervicales de Noah craquer. Dans l'ouverture de la verrière, chacun un plat dans les mains, Miles et Emily nous dévisageaient. Le sourire qui fendait le visage de ma meilleure amie me donnait l'envie de m'enterrer dans le sol.

-C'est Simon que vous décrivez ainsi ?

-Oh, Morgane, lâcha Noah avant de me lorgner, horrifié. Elle a raison. On a le même type. Blonds aux yeux verts, ensorceleurs de métiers, un brin chétif ...

La constatation catastrophée m'arracha un fou rire qui consterna Octavia, Simon et Julian à la table. Ce dernier dressa un sourcil sceptique.

-Vous voulez parler, les deux casse-cous aux boucles brunes ?

Mon fou rire redoubla et je tentai de l'étouffer en plaquant mes deux mains sur ma bouche. Noah sembla me décréter perdue pour l'humanité et m'enjamba pour rejoindre s'assoir ostensiblement sur les genoux de Julian, un bras passé derrière sa nuque. A côté d'eux, Octavia devint écarlate et détourna pudiquement les yeux, à la grande satisfaction de Simon. L'air ravie de son effet, Emily ramena joyeusement les plats sur la table et Eugenia mit les assiettes d'un coup de baguette. Un couteau faillit se planter dans la main de Miles, mais ce fut là le seul incident. Je m'installai entre Simon et Emily, et ma meilleure amie posa brièvement la tête sur mon épaule avant de s'attaquer au gratin de légume et fromage de chèvres.

-Oh la la, et en plus il cuisine bien ce garçon, laissa-t-elle échapper après la première bouchée. Il raison l'Américain, rappelle-moi pourquoi tu l'as lâché pour Simon Bones ?

-Attaque, me murmura Simon, les dents serrées.

Il ponctua l'ordre d'un coup de pied dans ma jambe. Je n'avais pas besoin de cela pour adresser un sourire mielleux à Emily et minauder :

-Mais certainement pour te le laisser.

Emily s'étrangla dans son verre d'eau et je pus goûter au gratin avec une extrême satisfaction. C'était vrai qu'il était savoureux. Miles avait fini par me faire prendre goût aux plats végétariens.

-N'importe quoi, finit-t-elle par hoqueter, le visage empourpré. Vraiment n'importe quoi ... Déjà pour penser à ... quelqu'un, il faudrait que je sois guérie de Roger.

-Ce n'est pas le cas ?

Emily haussa les épaules et fit passer son embarras dans une longue gorgée de citronnade. Lorsqu'elle émergea de son verre, elle exhala un long soupir dépité et son regard se perdit dans la contemplation de la verrière.

-J'ai ... des hauts et des bas. Je te l'ai dit Vic', c'était tellement contre-intuitif de quitter Roger ...

-Tellement que j'en suis tombée de ma chaise quand je l'ai appris, intervint Octavia, les sourcils froncés. Tu regrettes ?

-Non, affirma Emily, avec cette expression butée sur le visage que je lui connaissais par cœur. Non, pas du tout, c'était nécessaire ... Simplement, c'est plus difficile de couper les ponts que je le pensais. D'autant que ... (Ses joues rosirent légèrement). Enfin, il veut que je revienne. Il vient régulièrement chez moi, avec des fleurs, des cadeaux ...

-Oh, ça pue le romantisme, grimaça Octavia, écœurée. Le joli bracelet, ça vient de lui ?

Elle désigna les perles de turquoise qui lui enserraient le poignet et Emily lui renvoya un regard indigné.

-Mais ça ne va pas, c'est un cadeau d'anniversaire de mes parents !

-Et puis en terme de romantisme tu n'es pas forcément en reste, cingla Simon d'un ton délicieusement acide.

-Et c'est pour ça que tu n'es pas invité à mon mariage, décréta Octavia en carrant dignement les épaules. Enfin ça, le fait que les Bones sont actuellement recherchés et que j'aurais des Mangemorts à ma fête, à commencer par mon beau-frère. (Une lueur espiègle alluma son regard charbonneux). Enfin, vu comment vous avez apprécié ma fête de fiançailles, je pense que ça ne va pas nous gêner ...

Heureusement qu'elle détourna le regard pour porter sa fourchette à sa bouche, parce que Simon venait de délicatement s'empourprer et elle ne put savoir qu'elle venait de gagner la joute verbale par K.O.

-J'ai le droit de venir, moi ? demanda Emily avec nonchalance. Je ne suis pas recherchée et j'ai besoin de sortir. Il suffira juste que tu me mettes à une table où il n'y pas de Mangemort et je m'en estimerais satisfaite.

Nous fûmes nombreux à lui jeter un regard consterné, y compris Miles à l'autre bout de la table qui paraissait avoir suivi la conversation – ou fui la sienne, parce que le hasard l'avait installé aux côtés de Noah. Octavia papillonna des yeux face à la mine mortellement sérieuse d'Emily. Et puis une fois que l'idée ait imprégné son esprit, un sourire reconnaissant s'étala sur les lèvres de la jeune fille.

-Oui. Oui, ça peut se faire. D'autant que ... j'aurais peut-être besoin de quelqu'un pour me maquiller, le jour-J. Je veux bien l'admettre ... tu as la main adroite pour ça.

-C'est gentil, accepta humblement Emily avec un petit sourire. Et très joli pantalon, par ailleurs.

Elles retournèrent à leurs assiettes respectives comme si de rien n'était, mais quand j'échangeai un regard avec Simon et Miles, nous étions réellement passés dans une nouvelle dimension. Celle où deux rivales qui s'étaient détestées viscéralement se tendaient la main pour se soutenir pour se sortir de la solitude. Eugenia, elle, nous observa tous, masquant mal son air perdu. La pauvre était de deux ans plus âgée que nous, nous avait à peine côtoyé à Poudlard – et le « à peine » tenait à Octavia qui venait elle aussi de Serdaigle. Pourtant elle s'efforça de suivre les conversations, discuta même avec Julian de son travail à l'IRIS et, cerise sur le gâteau me concernant, Emily plissait les yeux chaque fois qu'elle la voyait se pencher sur Miles, qui semblait être sa bouée de sauvetage au milieu de cette bande d'inconnus.

-J'adore Emily, décréta Noah une fois dans la cuisine, les assiettes le suivant docilement.

-Est-ce que ça surprend quelqu'un ? ironisa Julian.

Il évita souplement une assiette qui volait vers l'évier où elles s'empilèrent en un équilibre précaire qui m'obligea à me précipiter pour qu'aucune ne se brise. Après un instant d'hésitation, je saisis la baguette de Nestor et la pointai sur la vaisselle. Aussitôt, elles se couvrirent de mousse et s'alignèrent une à une pour sécher. Julian me fixa, interloqué.

-Où est-ce que tu as récupéré une baguette ?

-Je l'ai conquise, éludai-je avec un haussement d'épaule. Dis, toi qui es à moitié Américain ... Tu crois que je peux envoyer Melania leur demander de l'aide ?

L'idée avait germé, quand j'avais accroché le faire-part de naissance d'Alice au frigo et que j'avais songé qu'à l'instar de Tonks, Melania était libérée d'un poids qui l'avait clouée au sol et poussée à l'exil. Mais le triste sourire de Julian brisa tous mes espoirs.

-Tu penses que Leonidas et Lysandra se tournent les pouces ? Tous les jours ou presque, ils campent devant le bureau du président du MACUSA. Ils espèrent qu'à force d'insister, ils finiront par obtenir quelque chose ...

-Mais tu en doutes, compris-je, le cœur morcelé. C'est ça ?

-Tu connais l'histoire des Etats-Unis, Victoria. Il a fallu Pearl Harbor pour les embraquer dans la seconde guerre mondiale. Il ne faudra pas moins pour qu'ils daignent s'engager dans une guerre de l'autre côté de l'Atlantique. Ils ont leurs propres problème ... une guerre risquerait de les attiser.

Je retins un soupir coincé derrière mes dents. Les mêmes arguments qu'Octavia avait utilisé lorsque je l'avais interrogée sur le cas de la France. L'Angleterre était tombée si rapidement que les autres pays d'Europe tremblaient de voir leurs propres adeptes de magie noire s'enhardirent de cet exemple. Aider l'Angleterre, c'était polariser leur propre société et risquer de les déchirer. Personne n'était encore prêt à prendre ce risque. Ils étaient prêts à parier que Voldemort n'était qu'une exception en Europe. Une exception qu'il fallait confiner sur son île, endiguer à tout prix pour éviter la contagion.

Sans doute conscient de ma déception, Julian posa une main sur mon épaule avant de repartir vers la pièce de vie, le gâteau qu'ils avaient rapporté entre les mains. Noah, lui, resta avec moi, la mine grave, appuyée contre le plan de travail. Encouragée par son silence, je me permis de lâcher :

-On ne s'en sortira pas seul. On est plus faible qu'au début de la guerre. Tu as une muselière, Joséphine aussi, l'Ordre est éparpillé et mis sous cloche pour beaucoup. Même Potterveille faiblit. On ne peut pas juste croiser les doigts et attendre que Harry Potter nous sorte du pétrin encore.

-Il l'a bien fait étant bébé, l'âge n'a pu que le rendre plus performant, fit cyniquement remarquer Noah. Mais si ça te dit, je peux faire quelques dessins à envoyer à Leonidas sur mon beau pays qui regarde ailleurs pendant que le tiens s'effondre.

-Ce serait chouette. Enfin, fais-le super discrètement, ajoutai-je précipitamment. On ne voudrait que ... tu sais.

Un sourire tordu ourla les lèvres de Noah. Son regard bleu assombri par les mèches qui lui tombait sur le front ne me lâchait pas et me dévisageait intensément. Il me fallut quelques secondes pour comprendre qu'il était à la recherche de sévices, sur mon corps, mais aussi au fond de mes yeux. Un frisson désagréable me parcourut l'échine et je pivotai face à l'évier pour observer les assiettes qui moussaient, séchaient, puis s'empilaient dans un cliquetis joyeux.

-Ça va tu sais. Ça n'a pas été simple ... mais vraiment, maintenant ça va. Assez pour que je cherche intensément une solution pour trouver une issue à ce cauchemar. Je me dis que l'étranger peut en être une ... C'est une bonne idée tes dessins, c'est une de tes amies qui tient La voix du chaudron là-bas, non ? Ils ne pourraient pas ... ?

-Tu sais ce que j'ai pensé, pendant toutes ses semaines ? m'interrompit-t-il.

C'était comme si mes mots n'avaient pas existé : il les avait balayés avec son habituel aplomb. Je risquai un regard sur lui, pour découvrir ses yeux toujours plantés sur moi, tels deux saphirs incrustés dans un masque d'albâtre.

-Quand je me suis rendu compte que tu étais partie, enlevée, évaporée, poursuivit-t-il implacablement. Peut-être pour toujours. Quand j'ai réalisé que peut-être, je ne te verrais jamais ressortir de ta chambre avec ton pyjama usé jusque la corde et ta petite tête ensommeillée. Ni arroser Hortense la Géranium en chantant Queen juste pour faire enrager Julian. Juste t'entendre chanter, en fait. Même ABBA. Il est là, ton don artistique, Victoria. Tu chantes ... divinement bien.

Cela ressemblait tant à ce que Cédric avait pu me dire au fond des geôles que les larmes inondèrent immédiatement mes yeux. Il me fallut battre plusieurs fois des cils pour les refouler, refouler les souvenirs, refouler le désespoir et la léthargie qui m'avait imprégnée alors que mes lèvres mortes chantaient Do you hear the people sing ?

-Merci, articulai-je, la gorge serrée.

-Mais ce n'était pas ça, le pire. Vraiment pas ça. Le pire, c'est qu'il a fallu ça pour que ... (La poitrine de Noah se gonfla d'un souffle qui tarda à relâcher, comme si le relâcher s'était s'effondrer). Je n'ai jamais voulu d'enfant. Je n'ai jamais cru être fait pour être père. L'idée même de transmettre quelque chose de moi me rend malade. Et ça me ... ça me trouait le cœur de ne pas offrir ça à Jules. Alors imagine ma consternation quand j'ai pensé, après quelques semaines à te chercher partout comme un fou ... que je serais capable d'être père. Oh oui, j'en serais capable. Si ma fille est comme toi, oh oui, je retournerais la terre pour elle.

-Oh, Noah, soufflai-je, à court de mot. Je ...

-Mais seulement si elle est comme toi, insista Noah d'un ton presque menaçant. Aussi rayonnante, insupportable, et casse-cou. D'ailleurs, il se pourrait qu'on ait besoin de tes ovules pour ça, tu y vois un inconvénient ?

Un rire étranglé m'échappa et plutôt que de laisser les larmes s'écouler, j'abandonnai la vaisselle pour enlacer Noah et me perdre dans son étreinte. Il referma ses bras sur moi sans hésiter et relâcha un gros soupir dans mes cheveux.

-Dans tes rêves, prévins-je pour faire bonne mesure. Tes gènes associés aux miens ? L'enfant détruirait votre appartement.

-Jules s'arracherait les cheveux, deviendrait chauve. Je serais dès lors obligé de le quitter, je ne peux pas rester avec un homme chauve et le petit vivrait dans un foyer séparé.

-Mais il aurait des boucles magnifiques.

-A en faire chavirer Julian Shelton. Il lui passerait tout. Un enfer, tu te rends compte ? Je devrais jouer le méchant flic.

-Bébé Perroquet biberonné aux Beatles. J'ai hâte. (Je levai le visage avec un semblant de sourire sardonique). Mais ça se fera quand même sans mes ovules, trouve-toi une autre donneuse.

Noah s'esclaffa doucement et frotta ses phalanges contre mon crâne pour me faire payer la saillie. Lorsque nous retournâmes dans le jardin, il avait passé un bras derrière mes épaules, comme un père promenant sa fille. Le soleil brillait, Emily et Octavia riaient ensemble, Bella la Fléreur se blottissait sur les genoux de Miles qui discutait avec Julian et Eugenia. Et Simon avait ressorti sa guitare. La vieille guitare, celle pour laquelle j'avais crevé de jalousie, mais qu'il avait toujours manié avec dextérité. Même maintenant de sa main à moitié remise, encore raide, mais plus sûre. Les doigts courraient sur les cordes, leur arrachait des chants mélodieux, des notes qui s'imprégnaient dans les cœurs et ourlait sur les visages des sourires.

Elles étaient là, étalées devant mes yeux comme un tableau radieux, toutes les raisons de se battre. Jusqu'au faire-part accroché sur la porte. Pour ces notes, pour ces sourires, pour ces belles personnes, chacun d'entre eux à leur manière. J'avais rendu Miles meilleur ? Mais que dire de tout ce qu'ils m'avaient apporté ? Mon cœur se gonfla d'une reconnaissance inexprimable, et en échos monta la détermination et la révolte, des bouffées brûlantes qui avaient cessé depuis longtemps de m'étourdir. Ma main alla se perdre sur mes pendentifs fraichement retrouvés. C'était tout ce qui m'avait manqué. Pour ce tableau, je pouvais me battre.

Mais en attendant de retourner à l'ombre et la poussière, tout était parfait. L'espace d'un divin après-midi. 

***

ALORS ? :D

Anna' m'a dit "je veux un big câlin quand Noah et Vic' se retrouveront !" Et comme je suis une Perri obéissante, je lui en ai donné 2 ! 

Chapitre réunion qui était dès le début dans les plans de la partie 4 ! Certes on avance pas vraiment dans l'intrigue, mais c'est si doux à imaginer, si drôle aussi ! Franchement il faut bien une situation pareille pour que tout ces gens se retrouvent liés ! 

Pour la petite histoire, j'avais bien prévu qu'Alice Bennett naisse en mars, je crois que la première date que je lui avais mis était le 18. Et mon cousin a eu un petit garçon le 19 mars alors j'ai décalé la date pour faire un petit hommage ! 

Allez petite gourmandise, on se retrouve vendredi pour la suite ! A bientôt les enfants ! 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top