IV - Chapitre 3 : Reprendre le flambeau
Hello again my darlings <3
Comment vous allez ?
Personnellement je vais bien, je profite bien de Lisbonne (je valide la ville à 200 pourcents, par ailleurs, très agréable, énormément de chose à faire, gens très gentils et PASTEIS DE NATA mon Dieu je vis pour ces pâtisseries. Moi gourmande?).
Alors je rappelle pour ceux.elles pour qui ce n'est pas encore fait qu'il faudrait profiter des vacances pour aller lire L'héritage d'Ilvermorny, fanfiction de annabethfan à laquelle je fais référence parfois ! Il est encore temps, et en plus c'est vraiment incroyable !
Sinon par ici on continue de suivre le cours du tome 7 tout doucement ! Et il faut le dire, l'été 1997 est ... riche en rebondissement, il faut l'admettre. Bonne lecture à tous.tes <3
(Vous savez ce qui est pratique à l'étranger? Pouvoir regarder des films différents sur les plateformes streaming. En France, on a la règle des 3 ans pour protéger l'audiovisuel, mais ici Disney+ a Encanto <3 Je le saigne du coup avant de rentrer. Oui, ça veut dire que j'ai clairement les chansons dans la tête. Allez, tous.tes en coeur ! NE PARLONS PAS DE BRUNO NO NO NO )
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L'absurdité des batailles, qui sont des batailles de mot mais qui tuent des hommes de chair.
- Boris Vian
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Chapitre 3 : Reprendre le flambeau.
-Papy, tu as mis où mes magasines ?
-Lesquels ? Ceux sur tes voitures ou ceux que tu ne montrerais jamais à ta copine ?
-Mais papy !
Mon grand-père pouffa sur son fauteuil, l'air fier de sa plaisanterie. Mais son rire se fondit même sur une toux si virulente qu'il se plia en deux et pressa un mouchoir contre sa bouche. Alexandre, pourtant rouge de confusion, se dépêcha de donner de grandes tapes dans son dos, visiblement inquiet. Toute la pièce, pourtant encombrée, tourna le regard vers lui jusqu'à ce qu'enfin Miro Liszka se relève, le visage empourpré, une main crispée sur sa poitrine. Il tapota l'épaule d'Alexandre.
-Merci mon petit. Tes magasines sont dans un carton dans le garage, on avait besoin de place dans le placard ...
Alexandre considéra encore une seconde notre grand-père avant de partir chercher son bien dans le garage. Depuis que mes grands-parents s'étaient installés dans sa chambre après la destruction de la maison de Portishead, il était forcé de déménager ses dernières affaires. En face de moi sur un fauteuil, l'air royal, Melania avait un sourire attendri malgré ses joues rosies par la gêne suite à la blague de Miro. Ses longs cheveux châtains étaient ramenés en une longue tresse sur son épaule et elle portait une mignonne robe fleurie qui pour une fois laissait paraître ses épaules et ses jambes. Sans être un standard de beauté avec un nez étrange, assez évasé aux ailes et un visage en lame de couteau, je lui avais toujours trouvé une grande classe qui la rendait presque intimidante – cela en plus de sa haute stature.
-Je ne sais pas malheureuse s'il leur arrivait un accident d'ici à ce qu'on parte, lança-t-elle tranquillement à la cantonade, avant de donner un coup de coude à Simon à côté d'elle. Tu m'arranges ça, le petit génie ?
-Tu es une sorcière aussi, rappela mon père de derrière son journal avant que Simon n'ait pu ouvrir la bouche. A moins que ce ne soit Victoria qui s'en occupe ... Victoria ?
Je pris la peine d'à moitié relever la tête que j'avais entre mes mains depuis quelques secondes pour river mon regard sur mon père. C'était de lui que j'avais hérité mes yeux, leur forme en amande, leur couleur claire et changeante entre le bleu et le gris selon la luminosité. C'était également lui qui m'avait transmis cette tranquillité, cette ouverture d'esprit et cette bienveillance qui m'avait longtemps caractérisée. Mais depuis quelques semaines, mon père était tendu, fatigué. Le regard qu'il plantait sur moi n'était plus serein, mais constamment inquiet. Ses sourcils se froncèrent.
-Un mariage s'est censé être une bonne nouvelle, pourquoi tu fais cette tête ?
Je battis des paupières pour chasser les quelques larmes qui voilaient encore ma cornée. Mes yeux se baissèrent machinalement sur le carton carré que je contemplai depuis quelques minutes, depuis que Simon était apparu devant ma porte, le visage si dur que ses traits semblaient avoir été sculptés à la serpe. C'était pourtant un joli carton d'invitation qui lui été adressé, sur un papier doré avec une élégante écriture calligraphique qui annonçait le mariage prochain de Bill Weasley et Fleur Delacour le 1er août. Puis je l'avais ouvert et avait découvert l'horreur derrière la douceur. Un petit morceau de parchemin, coincé dans le ruban qui ornait la carte, écrit d'une main tremblante.
Fol Œil tombé. Passez quand vous pouvez. F.
Tombé ... Comme Dumbledore du haut de la tour d'Astronomie, avais-je lu entre les lignes, au bord de la nausée, presque en état de choc. Face à ma réaction, Simon s'était efforcé de distraire ma famille, avant qu'Alexandre ne débarque et ne détourne complètement leur attention. J'avais alors eu le loisir de lâcher discrètement larmes qui avaient détrempés le carton aux feuilles dorées.
Ce n'était pas de la douleur personnelle. Dans les faits, j'avais à peine connu Alastor Maugrey, Fol Œil, une légende parmi les Aurors et dans l'ensemble du monde magique. J'avais cru le fréquenter pendant toute une année comme élève ... avant de découvrir que j'avais eu à faire à un imposteur. Le propre cousin de Simon, avais-je appris bien plus tard, Barty Croupton Junior qui vivait maintenant sans âme à Ste-Mangouste. Néanmoins, celui-ci m'avait donné deux leçons qui me guidaient maintenant dans la plupart de mes combats : rester vigilante ... et penser à attaquer. Le vrai Maugrey l'avait agrémenté d'une ultime pierre : ne pas me laisser pousser des ailes. Quand on volait trop près du soleil, on s'écrasait à terre.
Non, mon rapport à Maugrey avait été ambivalent, presque professionnel. Je n'avais pas de liens affectifs avec ce colosse à la jambe de bois ... mais énormément de respect, de révérence. Et surtout, j'avais conscience de l'importance qu'il avait dans l'Ordre. Dumbledore mort, c'était lui qui incarnait la résistance. Lui qui avait tout vu, survécu, comme en témoignait ses nombreuses cicatrices. Tout ce qu'il risquait dans cette guerre, c'était une cicatrice de plus ... pas la mort. Jamais la mort. Et voilà qu'il était tombé ...
Etait-ce que le glas de la résistance que j'entends sonner au fond de mon esprit ?
Je pris une tremblante inspiration et tentai de sourire à mon père.
-C'est une drôle d'époque pour se marier ...
-On devrait aller les remercier, d'ailleurs, pour l'invitation, enchérit immédiatement Simon en se dressant sur ses pieds.
-Pas si vite le moustique, tempéra mon grand-père en plissant les yeux.
Simon ferma les paupières, l'air proprement exaspéré avant de lancer un regard entendu à Miro. Ils s'affrontèrent silencieusement quelques secondes, quelques secondes pendant lesquelles je percevais presque littéralement les pensées de Simon se transférer dans l'esprit de mon grand-père. Ce n'était pas toujours un mécanisme conscient : la plupart du temps, Miro Liszka ne contrôlait pas sa légilimencie. Les pensées des gens autour de lui volaient littéralement jusque lui, surtout quand leur esprit était aussi ouvert que celui de Simon. C'était sans doute une sensibilité pareille que les Mangemorts étaient venus chercher en juin dernier ... Cela, en plus de son aura de prodige de Durmstrang et d'héritier d'une puissante lignée polonaise. Ce rappel avait rendu Miro morose. Depuis quelques semaines, il était plongé dans un mutisme songeur et bougon, entrecoupé de quinte de toux, posté près d'une fenêtre la baguette à la main ou derrière Jaga qui se remettait lentement du choc. Parfois, il servait même de chauffeur et de garde du corps à ma mère qui refusait de rester à la maison, et contrevenait à ses principes en accompagnant mes parents chaque dimanche à l'église. Nous protéger était réellement devenu son unique raison de vivre.
Ce qui expliquait qu'il ne lâche pas du regard Simon, se nourrissant de ses pensées. Son visage demeura impassible jusqu'à ce qu'il se fende d'un grognement dépité et ne se détourne pour observer la fenêtre.
-Hum. C'est bon, vous pouvez y aller.
-Je vous remercie, grinça Simon.
-Pourquoi vous vous sentez obliger de fouiller son esprit chaque fois ? soupira mon père en abaissant son journal.
-Rectification, il me laisse fouiller son esprit. S'il veut le préserver, il n'a qu'à me bloquer comme le font Mel et Victoria.
-Pas forcément hyper consciemment, protestai-je en me redressant, les mains serrées sur le carton d'invitation. Mais papa a raison, arrête ça, papy.
-Le jour où tu diras « papa a tort », commenta Alexandre, sa pile de magasine entre les mains. Je rêve où j'ai entendu depuis le garage que quelqu'un ourdissait un attentat contre mes trésors ?
Il lança une œillade suspicieuse à Melania qui le contempla avec un flegme royal agrémenté d'un joli sourire. Mon frère ne tint pas longtemps avant d'abandonner son « trésor » pour picorer un baiser sur les lèvres de sa petite-amie. Jaga leva les yeux au ciel devant le spectacle et Miro se fendit d'un ricanement.
-Tu oses l'embrasser devant ton père sans l'avoir épousé ?
-Ah non papy, ne commence pas à mettre cette idée dans la tête de papa, s'agaça Alexandre, furibond.
-Je n'ai pas besoin de Miro, commenta mon père en tournant négligemment une page. Je vise même plus haut que le mariage, moi, je suis ambitieux. Non, je vise le baptême.
Alexandre haussa les sourcils, avant d'écarquiller les yeux. Il échangea un regard avec Melania que j'eus à peine le temps de décrypter : déjà, celui de Simon se dardait sur moi, presque paniqué. « Après eux, c'est nous », semblait-t-il dire – et visiblement, il n'était pas prêt à laisser mon père fantasmer sur un possible mariage ou pire, des petits-enfants. La vérité, c'était que je ne l'étais pas non davantage. Notre fuite se fit sous le rire gras de mon grand-père, qui avait évidemment dut percevoir les pensées de Simon mais fort heureusement, elle s'était déjà transformée en quinte de toux avant même que nous ayons passé la porte.
-Je le déteste, marmonna Simon en s'engageant dans mon allée. Je te jure que je le déteste.
-Je pense que tu vas trouver quelqu'un d'autre à détester dans un futur proche ...
Les épaules de Simon s'affaissèrent et il jeta un regard furtif à l'invitation que je tenais toujours dans mes mains. Il se passa une main sur le visage et me prit le bras dès que je posais le pied dans la ruelle en face de chez moi, déserte s'il on exceptait un chat. Avec un soupir, je le laissai nous faire transplaner. Parfois, cela avait pu m'agacer qu'il m'oblige au transplanage d'escorte, mais depuis j'avais découvert que Simon était claustrophobe. Même si ses grandes capacités magiques lui avaient permis de vite maîtriser l'exercice, il était loin de l'apprécier et avait besoin de contrôler absolument toutes les étapes en plus d'être rassuré par un contact. De plus, j'avouai que depuis ma désartibulation violente au possible de juin, j'étais secrètement heureuse de ne juste me laisser transporter.
Nous atterrîmes en plein soleil, au milieu d'un champ qui couvrait une colline. En contre-bas s'étendait un minuscule village niché entre deux pentes mais ce qui attira rapidement mon œil fut l'étrange maison près de laquelle Simon nous avait amené. Un sourire retroussa mes lèvres malgré mon cœur en berne.
-On m'aura montré cent maisons que j'aurais pu te dire que c'était celle-là, celle des Weasley.
Simon eut un vague sourire. C'était une étrange bâtisse, bâtis à partir d'un corps de ferme qui avait vite semblé beaucoup trop petits et avait été agrandi de façon bancale. Le toit rouge était percé de plusieurs cheminées et sur le sol de terre battue se disputaient les bottes et les poulets. L'ensemble semblait tenir debout par la simple force de la magie et ce fut sans doute pour cela que Simon effleura machinalement les briques en arrivant.
-Hum ...
-Si tu me sais dire le nombre de sortilège qui ont été lancé alors je saurais avec certitude que tu es Simon Bones.
Je fis vivement volte-face pour voir Bill remonter la cour, une botte de carotte dans une main et un vieux chaudron rouillé dans l'autre. Mon souffle se bloqua dans ma gorge lorsque je vis les nombreuses cicatrices qui striaient dorénavant les beaux traits de l'aîné des Weasley. J'avais beau l'avoir croisé une ou deux fois depuis que Fenrir Greyback l'avait attaqué, je ne me faisais pas à ce nouveau visage ... qui plus était singulièrement grave et affecté, pour un garçon qui voulait se marier. Des cernes marquaient le contour de ses yeux bleus et ses cheveux étaient lâchés sur ses épaules, sans éclat ni tenue.
-Mais je vais t'éviter l'examen, le rassura-t-il néanmoins avec un faible sourire. Alors, vous venez à mon mariage ?
Il pointa le carton d'invitation que je tenais toujours à la main. J'eus toutes les peines du monde à lui rendre son sourire. Entre la nouvelle de la mort de Maugrey et le visage dévasté de Bill, j'avais la sensation que la vie avait perdu toute chaleur.
-Parce que c'était une vraie invitation ? s'étonna Simon.
-Evidemment que c'en était une vraie. Tu es un peu de ma famille, non ? Nos grand-mères étaient sœurs ... Bon d'accord elles ont complètement cessé de parler, mais autant renouer le lien. Venez au moins à la cérémonie, ça nous fera plaisir ... (Son regard glissa ostensiblement vers moi). Fleur y tient, en plus.
Mais l'information ne fit que lancer une nouvelle pierre sur mon cœur qui s'enfonça un peu plus dans ma poitrine. L'unique lien qui m'unissait à la belle Fleur Delacour, c'était Cédric. En un sens, c'était elle qui m'avait appris sa mort ... Un silence épais accueillit les paroles et Bill finit par tomber le masquer et baisser la tête. Il mit les carottes dans le chaudron et avança la main vers la poignée.
-Et encore, il y a pire ... j'espère que vous êtes prêts. Entrez.
-Pire que ça ? me récriai-je en le suivant, incrédule. Pire que Fol Œil, sér ... Oh mon Dieu !
Je me figeai complètement sur le seuil de la porte, horrifiée. Elle donnait sur une petite cuisine que j'eus à peine le temps de détailler : mon attention entière était fixée sur les personnes assises à la table de bois vieilli et usée par les ans et une famille de sept enfants. Je reconnaissais Arthur Weasley à son front dégarni et son sourire avenant, Ginny à sa chevelure rousse et son regard flamboyant et les jumeaux ... n'étaient plus identique, pour la première fois que les connaissais. L'un, parfaitement sain, vrilla sur moi un regard désabusé. L'autre, la tête enveloppée de bandage dont le côté gauche était imbibé de sang, leva largement les bras pour nous accueillir avec un grand sourire.
-Bennett ! Regarde, j'ai une oreillole !
-Quoi ? couinai-je, abasourdie.
Ginny, supportant visiblement peu le trait d'humour de son frère, s'enfuit de la cuisine d'un pas rapide, une main sur la bouche. Simon chercha une réponse du côté de Bill, visiblement à court de mot. Celui-ci poussa un profond soupir et ferma la porte derrière lui.
-Asseyez-vous, je vais vous expliquer. Et Fred, rends-toi utile et sers-leur à boire. Je crois qu'on n'a pas fini le whisky-pur-feu hier ...
-Parfait, j'ai toujours rêvé de voir ce que Bones donnait bourrée, se réjouit le jumeau sain.
C'était donc George, compris-je, épouvantée. George, toujours le même sourire, les mêmes taches de rousseurs, les mêmes épaules larges et sculptées, faite pour envoyer de monstrueux cognards ... mais George qui venait de perdre son oreille droite, nous apprit Bill d'un ton sinistre – et il me fallut vider mon verre cul-sec pour digérer la nouvelle. Fred me resservit en ricanant.
-Peut-être qu'on verra Bennett partir plus vite que Bones ...
-Je tiens mieux que lui, marmonnai-je machinalement, toujours secouée. Et tout ça, c'est arrivé pendant le transfert de Harry ?
-Je t'épargne les détails, mais oui, confirma George en grattant ses bandages. Mais voilà : même si Fol Œil n'est plus là, Bill et moi on est là pour assurer le quota de cicatrice et de mutilation dans l'Ordre.
-Trop tôt, Georgie, intervint son père, livide. Trop tôt.
George parut vaguement penaud et prit une longue gorgée de jus de citrouille – pour la cicatrisation, il prenait quelques potions qui lui interdisaient l'alcool. Je ne pouvais m'empêcher de le contempler, à la fois fascinée et écœurée par le sang qui tâchait son bandage, par la façon dont il épousait la forme de sa tête, marquant par là même le manque de l'oreille dessous. Face à cette mutilation terrible, la mort de Fol Œil m'apparaissait comme secondaire et je me retrouvais même honteusement à remercier le ciel que ce soit lui, et non George qui soit tombé. Car si un maléfice avait touché son oreille, c'était qu'il s'en était fallu de peu pour qu'il le reçoive en plein front ...
-Ne fais pas cette tête, Bennett, me lança George, remarquant bien que je ne pouvais pas m'empêcher de le fixer. Tout va bien. Au moins tu sauras nous reconnaître maintenant ...
-Je le savais déjà.
Les deux jumeaux s'accordèrent pour me gratifier d'un identique regard incrédule. Leur expression était si identique qu'une vague rassurante monta dans ma poitrine et m'apaisa. Mutilé ou pas, les jumeaux resteraient à jamais les mêmes.
-Mais il faut que je vous regarde dans les dents. George a une canine mal alignée.
-Mais comment tu as remarqué ça ? s'ébahit Fred.
-Victoria remarque tout, rappela Simon d'un ton peu sec.
Il n'avait pas touché à son verre de whisky pur-feu, sans que je ne sache si les récentes nouvelles lui avait noué l'estomac ou s'il ne souhaitait simplement pas donner satisfaction aux jumeaux. Comme le père des Weasley, il était blême et avait même semblé au bord de la nausée au fil du récit. L'unique autre émotion qui avait animé ses traits avait été la colère lorsque Fred avait laissé entendre que Severus Rogue était responsable de la blessure de George.
Rogue. Encore lui.
-On voit ça, enchérit George avec un petit sourire. Enfin bref. Remballe ta tête, Bennett. Moi je ne t'ai pas regardé comme ça quand j'ai appris que tu t'étais désartibulée pour sauver tes grands-parents.
-Ou que tu t'es faite agressée par une élève de Durmstrang à la fin du Tournoi, ajouta Fred en comptant sur ses doigts. Ou encore attaquée par des Détraqueurs à Londres. Sinon ça va ta vie, Bennett ?
Cette fois, le sourire passa plus facilement mes lèvres – notamment parce que je comprenais complètement le besoin de George de ne pas lire son état sur le visage de ses interlocuteurs. Et il était vrai qu'à chacune de mes aventures, les jumeaux avaient été d'une remarquable discrétion, préférant passer outre ou tout simplement me changer les idées plutôt que d'approfondir le sujet. Pour lui répondre, je me palpai le bras.
-Et bien écoute, je suis vivante et c'est le principal, pour l'instant.
-Une survivante à ce stade, s'amusa Arthur Weasley avant de se lever. Bon je vous laisse, je dois aller au Ministère ... A ce soir, les enfants.
Il passa une main sur le bras de George, sourit à Bill avant de prendre sa mallette et de sortir. Aussitôt, un son métallique se mit en route et je finis par l'identifier en posant les yeux sur une belle horloge de bois. Le cadran comprenait neuf aiguilles qui n'indiquaient pas les heures, mais les membres de la famille Weasley. Celle d'Arthur venait de passer de « A la maison » à « en déplacement ». Quelques minutes plus tard, elle se fixa parallèlement à celle d'un certain Percy et Charlie face à « En danger de mort ». Un frisson glacé parcourut mon échine.
-Il est toujours en Roumanie, votre grand frère ?
-Petit frère, rectifia Bill, l'air blessé dans son orgueil. Charlie est plus jeune que moi de deux ans. Et oui, mais il doit venir au mariage.
-Il sait que Joséphine est enceinte ? lança immédiatement George, l'air avide. Pitié, laisse-moi lui dire que Joséphine est enceinte !
-Farhan est passé avant toi et m'a interdit de dire quoique ce soit. Visiblement, il veut lui faire la surprise le jour du mariage.
-Tu les as invités au mariage ? Tu n'as pas peur que Jo te le gâche ?
Bill lui lança un regard aigu qui ne tempéra pas l'enthousiasme de son frère. Les laissant à leur conversation qui m'échappait, je tirai à moi l'exemplaire de la Gazette qui trainait sur la table. Je n'avais jamais été abonnée au journal : Simon et Emily l'avaient été et je m'arrangeais toujours pour lire les nouvelles après eux. Mais depuis quelques semaines, je m'étais véritablement coupée des informations pour me préserver. C'était ainsi que j'avais raté le bel article de Charity Burbage, que j'avais pu lire dans la semaine, les larmes aux yeux, me répétant comme Chourave me l'avait suggéré que maintenant, elle était certainement heureuse auprès de Matthew Bones. Mais cette fois, ce fut le visage carré d'une femme blonde qui attira mon regard et fit monter dans ma gorge un feulement de chat furieux. Simon dressa un sourcil en baissant les yeux sur le journal.
-Skeeter ? reconnut-t-il avec un déplaisir certain. Elle écrit de nouveau, celle-là ?
-Pire. Elle écrit un livre. Oh mon Dieu ... (Je pointai une ligne de texte, les yeux écarquillés). Regarde-moi ça ! Vie et mensonges d'Albus Dumbledore ... Elle écrit un livre sur Dumbledore, cette tarée !
Le chapeau indiquait une interview de la sulfureuse journaliste en page 13 et je m'y précipitai, rendue fébrile par l'indignation. Si l'introduction avait suffi à me mettre en ébullition, le reste me glaça complètement le sang. Je relevai les yeux vers Simon, épouvantée.
-« Une source pour laquelle les journalistes seraient prêts à donner leur baguette ? », répétai-je d'une voix blanche.
-Ce ne sont pas les carnets de mon grand-père, me rassura immédiatement Simon en pointant la suite. Regarde, elle parle de quelqu'un qui était proche des Dumbledore pendant leur jeunesse ... (Il parut faire un vague calcul). Nicholas est né dans les années vingt, Dumbledore était déjà professeur à Poudlard. Et je l'aurais su s'ils avaient été proches ... et toi tu en aurais lu quelque chose dans les carnets.
Je hochai la tête, amorphe. Oui, j'avais épluché les carnets de Nicholas Bones, le père d'Edgar, Amelia et George qui s'était improvisé historien de Terre-en-Landes dans les dernières années de sa vie. Mais sans le vouloir, j'en avais surtout donné l'accès à la moins déontologique des journalistes. Je relus le début de l'article, révulsée et un brin jalouse. Neuf cents pages en quatre semaines. Quatre semaines ... Sans trop extrapoler, je pouvais facilement imaginer qu'elle avait commencé ses recherches au moment où elle avait copié les carnets de Nicholas en mai, lorsque Simon et moi étions partis à la découverte de la première maison des Dumbledore.
-Peut-être ... Mais c'est sans doute là-dedans qu'elle a trouvé la piste, non ? Je l'ai mise sur les rails.
-Arrête, me tança fermement Simon. On n'a déjà parlé de ça, Vicky. Arrête de porter le poids du monde sur tes épaules. Elle a profité de notre vulnérabilité pour copier les carnets. Elle est malveillante, point. Toi, tu n'y es pour rien.
Et vulnérabilité il y avait eu ce jour-là ... avec un frisson, je me souvins des flammes qui avaient dévoré les murs et m'avaient arraché un cri de terreur. Résignée, je dardai l'article d'un regard dégoûté. Je l'achevai tout de même, sans même effleurer le papier, comme s'il risquait de me brûler. C'était tout ce que j'imaginais ... Le livre vendait du rêve. De la polémique. Plus le sujet était clivant, plus il était accrocheur, avait assuré Irène McAdams, la directrice des Petits trolls rouges. Et là, Skeeter touchait au summum du clivant, tout en promettant du sulfureux, du scandale. C'était une évidence que ce livre allait se vendre comme du petit pain – et lui, les grandes maisons d'édition ne l'avaient pas dédaigné ... même s'il risquait de ruiner l'image de l'homme qui encore maintenant incarnait tout ce que Voldemort n'était pas. Cependant, les dernières phrases de l'article me laissèrent perplexe et je fronçai les sourcils en les parcourant.
-« Des témoins oculaires, à l'intérieur de Poudlard, ont vu Potter fuir le lieu du drame quelques instants après que Dumbledore fut tombé, eut sauté ou été poussé dans le vide. Par la suite, Potter a accusé Rogue, un homme contre lequel il nourrit une rancune bien connue. Les choses se sont telles passées telles qu'elles apparaissent ? ».
-Vic', cache ça avant que Harry ne débarque, me prévint George. Il devient un tantinet bougon dès qu'on évoque Skeeter ou Dumbledore ...
-Il est ici ? comprit Simon avec stupéfaction. Tout simplement ?
-Et on compte sur vous pour tenir votre langue. La maison est protégée mais quand même. On compte lui faire avaler du polynectar pour le mariage – mais ça va il commence à avoir l'habitude ...
-Mais elle se rende compte de ce qu'elle écrit ? éructai-je, hors de moi. Elle n'est pas plus du journalisme à scandale, là, elle est partisante ! Elle donne ouvertement des pistes à Voldemort pour décrédibiliser complètement Dumbledore et Harry ! Si les gens perdent foi en eux, qu'est-ce qui les empêcheront de se dire que Voldemort est finalement acceptable ?
Chacune des personnes présentes autour de la table avait tressailli au nom du mage noir et je rejetai la tête en arrière, profondément agacée. J'attrapai l'article pour le mettre sous le nez de Simon.
-Elle accuse implicitement Harry tout en dédouanant Rogue ! Mais je rêve, je vais lui faire manger sa plume à papote !
L'image arracha un sourire à Simon qui parut songeur, comme si la scène se déroulait devant ses yeux.
-S'il te plait, rappelles-toi en la prochaine fois que tu te trouves face à elle, je veux absolument voir ça.
-Mais tu as touché un point, Vic', enchérit sombrement Bill. Honnêtement, je pense qu'elle a reçu une certaine somme d'argent de certaines familles pour écrire un livre pareil et jeter le doute sur l'aura de sainteté de Dumbledore ...
-Est-ce qu'elle a vraiment besoin de ça ? objecta Simon. Salir les réputations parfaites, c'est la raison de vivre de Rita Skeeter. Elle se fiche de la situation. Pour moi elle n'est pas partisane, juste inconsciente, égoïste et opportuniste.
-Et bien pour moi c'est pareil, conclus-je sèchement. Quand tu écris des choses pareilles, c'est que tu veux que Voldemort gagne.
-Bennett, il va falloir que tu arrêtes, me prévint Fred, une main sur la poitrine. Mon cœur s'arrête chaque fois que tu prononces ce nom !
-Et quoi, tu as peur qu'il débarque dans ta cuisine simplement parce que je l'appelle ?
Fred me considéra, la mine outrée alors que Bill partait d'un petit rire. George, lui, préféra s'adresser à Simon en me désignant d'un air dramatique.
-Bones, pourquoi il fallut que tu déteignes sur notre gentille petite Bennett ? Rendez-nous le petit ange de Poudlard !
-Depuis le temps que je répète qu'elle est un véritable démon, fit Simon avec un sourire cynique. Elle montre enfin son vrai visage, je suis heureux que vous l'appréciez.
Je fus prise d'un double élan contradictoire qui me poussa à planter mon coude dans ses côtes pour le faire taire, ou l'embrasser pour sceller tout ce chemin que j'avais pu parcourir notamment grâce à lui, à nos piques insupportables et qui avaient en grande partie forgé mon caractère. Faute de trouver un compromis, je me fendis d'un simple sourire avant de prendre une gorgée de whisky pur-feu, au moment où une femme entrait dans la pièce, un panier de linge callé sur la taille. Elle avait la silhouette trapue des jumeaux, l'œil brun flamboyant de Ginny et les cheveux roux de chacun des Weasley.
-En parlant de livre, poursuivit Bill, ignorant la nouvelle arrivante. Le tien en est où, Vic' ?
J'hésitai à répondre, quelque peu indisposée par la mère des Weasley que je voyais pour la première fois. Mais visiblement, elle faisait peu état de notre présence. Après avoir posé son panier de linge devant les jumeaux, elle sortit sa baguette et la pointa sur une marmite : aussitôt, des flammes bleues léchèrent le cuivre. Prenant soin de nous tourner le dos, elle s'attela à animer les couteaux et les légumes.
-Euh ... et celui d'Octavia, précisai-je prudemment. En relecture. Flavia m'a envoyé une lettre hier pour me dire que ça touchait à sa fin que normalement elles le publieraient tel quel.
Et j'avais reçu la lettre avec un immense soulagement. Bouger ne serait-ce qu'une virgule m'aurait arraché le cœur. Fred se fendit d'un long sifflement mais ce fut le sourire fier qui ourla les lèvres de Simon qui réchauffa mon être.
-Bennett écrivaine, franchement je ne l'aurais pas parié...
-Ça tombe bien, je n'aurais jamais parié sur Fred Weasley en chef d'entreprise.
-Touché, concéda-t-il en inclinant la tête. Hâte de lire ça. Enfin non, hâte de l'acheter, de l'exposer, de prétendre à tout le monde que je l'ai lu et de faire des promotions. « Si vous nous présentez le livre de Victoria Bennett, on vous offre un chapeau coupe-tête ! ». Sacrée affiche, qu'est-ce que tu en dis ?
Pour toute réponse, je portais une main à ma poitrine, étrangement émue par la proposition saugrenue. Fred balaya ma réaction d'un revers de la main et s'apprêtait à répondre avant que la voix de sa mère ne fuse :
-Au lieu d'ourdir des nouvelles façons de t'enrichir, tu ne pourrais pas plier le linge que je viens de poser devant toi ?
-George peut le faire, aussi !
-George est blessé !
Mrs. Weasley se retourna en même temps que son cri et les éclats de rage et de chagrin dans son regard me heurtèrent autant que son cri. D'un bond mécanique, je me pressai contre Simon qui m'enlaça d'un bras. Agitée, elle pointa une pomme de terre sur ses fils.
-Il est blessé, tu peux bien plier son linge !
-Je peux plier mon linge tout seul, protesta vivement George en tirant le panier vers lui. Je vais bien maman. Je te jure.
-C'est bien la première fois que je le vois se battre pour plier son linge, fit remarquer Bill en se glissant derrière sa mère. Tu as réussi l'impensable, maman.
Il l'embrassa tendrement sur la joue, mais cela ne suffit visiblement pas à apaiser Molly Weasley. Elle plissait les yeux en direction de ses jumeaux, avec dans ses prunelles l'ombre d'une férocité voilée par l'abattement. George passa un bras jaloux autour de son panier.
-De toute façon, essaie de me le reprendre ! clama-t-il haut et fort. Arrière !
Il brandit une baguette qui se transforma immédiatement dans sa main en poulet en caoutchouc. Si Bill, Simon et moi le gratifiâmes d'un regard blasé, celui de Mrs. Weasley s'embrasa véritablement.
-Je vous ai dit de ne pas laisser traîner vos saletés ! Qu'est-ce qui se passerait si quelqu'un en prenait une au lieu de leur véritable baguette, hum ? En pleine attaque ? Vous devriez même les retirer de la vente !
-Ce n'est pas faux, me souffla Simon.
C'était bas, mais Mrs. Weasley l'entendit tout de même et le désigna d'un geste du bras si large que Simon tressaillit sur sa chaise.
-Vous voyez !
-On y pensera, promit George avec une étrange douceur. En même temps que je plierai mon linge.
Mrs. Weasley renifla avec dépit avant de quitter la cuisine, non sans avoir demandé à Bill de surveiller le ragoût. Avec un soupir, l'aîné s'y pencha et touilla négligemment dans la marmite.
-Je vous présente la seule et l'unique Molly Weasley. Elle est un peu ... enfin ...
-Elle est toute pardonnée, assurai-je dans un murmure.
Un fils mutilé, un autre scarifié. Une horloge qui clamait ouvertement le danger mortel qui guettait sa famille dès qu'elle posait un orteil hors de la maison. Comment la blâmer d'être dans un tel état de fébrilité ? Bill eut un vague sourire et annonça sombrement :
-En tout cas elle m'offre une magnifique transition ... parce que je n'avais pas tout à fait fini la gazette du jour.
Contre ma poitrine, ma main se crispa mécaniquement, emprisonnant à travers mon tee-shirt les breloques qui pendaient sur mon sternum. Le ton mortellement sérieux de Bill avait également eu raison des sourires des jumeaux et tendu Simon à côté de moi. Ce fut d'ailleurs lui qui prit la parole en premier, désabusé :
-Parce qu'il y a encore autre chose ? Maugrey est mort, George a perdu une oreille et ce n'est pas fini ?
-Il y a des choses qui découlent de ça, admit Bill. On a eu une grosse confirmation de quelque chose qu'on soupçonnait, mais qui est maintenant officielle pour nous. Deux, en réalité. La première, c'est que Thicknesse est passé à l'ennemi.
-Oh par Merlin, lâcha Simon, épouvanté.
Pius Thicknesse était le directeur de la Justice Magique, me souvins-je avec un certain désarroi. A savoir, l'un des plus importants du Ministère. C'était un haut fonctionnaire, qui côtoyait régulièrement Scrimegeour ... et également le successeur de l'insubmersible Amelia Bones, songeai-je en contemplant le visage fermé de Simon. La justice magique était l'apanage de sa famille depuis deux siècles et leur sanctuaire venait d'être bafoué.
-Ça me semblait important d'en parler à un Bones, ajouta justement Bill, visiblement affligé. Tes parents travaillent tous les deux là-bas, non ?
-Et ma sœur, mais elle est plus dans les services du Mangenmagot ... elle le voit moins, elle ... (Il se prit le visage entre les mains, désespéré). Oh Merlin ...
-On ne sait pas encore avec exactitude quel genre de revirement c'est. S'il est vraiment partisan de Tu-Sais-Qui, s'il a été corrompu, s'il est menacé ... ou sous Imperium. Mais ça ne change rien à la finalité ... On a un grand fonctionnaire de son côté.
Un silence de mort s'abattit sur l'assemblée. Les jumeaux semblaient déjà au courant, mais restaient abattus par la nouvelle – plus qu'ils n'avaient semblé l'être pour la blessure de George. Et moi, les implications de cette révélation m'explosèrent avec violence au visage.
-C'est bon, il a un pied au Ministère, compris-je, la poitrine compressée. Et nous personne ...
Un brin de panique était venu enroué ma toux et je toussai pour la faire passer. Je sentis la main de Simon effleurer la mienne et je nouai mes doigts aux siens dans un besoin irrépressible de me rattacher à quelque chose.
Voldemort était entré au Ministère. Par la grande porte. Il avait ouvert une faille béante dans laquelle il pouvait s'engouffrer avec toute sa puissance. La chute du Ministère entre ses mains n'était plus dès lors une possibilité, mais une probabilité grandissante. Le barrage qui nous séparait du chaos me paraissait alors bien mince ...
-L'Ordre, non, mais le Ministère n'est pas simplement géré par des gens complaisant ou neutre concernant cette guerre, rappela Bill d'un ton qui se voulait rassurant. Scrimegeour a passé toute sa vie à combattre la magie noire. Il n'aime pas l'Ordre, l'Ordre ne l'aime pas, mais je suis persuadé que jamais il ne laissera Tu-Sais-Qui s'emparer du Ministère sans avoir lutté de toutes ses forces.
-Je veux bien le croire mais ce serait quand même plus efficace si on pouvait unir nos forces, rétorqua Fred, irrité.
-Quelles forces ? bougonna George. Tu nous as vu ? Le seul qui vaut quelque chose dans l'Ordre c'est Kingsley ...
-C'est lui qui va prendre la tête ? demanda Simon. De l'Ordre ?
C'était également le seul nom que j'avais en tête. Kingsley était un Auror émérite, l'un des membres les plus puissants, solides et stables de l'organisation. Je ne l'avais que très peu croisé durant l'année écoulée mais chaque fois il m'avait fait une grande impression. Les lèvres de Bill se pincèrent et il haussa les épaules.
-On n'a pas encore eu le temps de parler de ça ... Mais ce sera soit lui, soit Remus, il est l'un des derniers survivants du premier Ordre ... voire les deux, je les vois bien en sorte duo.
-Je ne comprends pas pourquoi on ne met tout simplement pas le seul capable de reprendre cette charge avec panache, fit mine de s'offusquer Fred.
-Toi ? tentai-je avec un ricanement dépité.
-Je suis touché par ta confiance Bennett mais je pensais au seul et unique Mondingus Fletcher.
-Il est sorti d'Azkaban ?
L'information répandit un goût de cendre dans ma bouche. C'était l'emprisonnement de l'escroc pour cambriolage – et incitation à la terreur car il s'était pour cela déguisé en inferi – qui nous avait laissé pied et main liés pour l'énigme de la poignée de porte quelques semaines plus tôt. Et visiblement, je n'étais pas la seule à lui en tenir une certaine rancœur : les traits de George, qui avait travaillé avec moi sur cette affaire, se tendirent immédiatement.
-Oui, il est sorti début juillet ... Mais je te jure que si le croise, il va regretter Azkaban.
-Ding était avec nous, hier, nous apprit sinistrement Fred. Avec Fol Œil, pour être exact. Il n'a pas supporté de se retrouver face à Vous-Savez-Qui en personne ... il s'est enfui.
-Donc on n'est clairement pas là de le voir, acheva Bill. Remus m'a dit qu'il allait tenter de le trouver pour parler, mais je pense qu'il est parti se planquer comme un rat. Je ne sais même pas si on doit lui en vouloir ... Ding est un indic' incroyable, quelqu'un de très utile ... mais pas un combattant. On aurait dû demander à quelqu'un d'autre.
-Oui c'est vrai ça, pourquoi on n'a pas demandé à Bennett ? Elle vole super bien et elle est bonne en duel, elle !
De nouveau, Bill fit taire ses frères d'un regard incendiaire. A côté de moi, Simon s'était quelque peu crispé et sa prise sur sa main s'était fermement resserrée.
-Peut-être parce qu'elle avait ses propres problèmes à gérer, me défendit-t-il avec une pointe d'acidité. Tu avais d'autres nouvelles, du coup ?
Il se tourna derechef vers Bill et ignora les deux jumeaux qui avaient levé les yeux au ciel avant de faire des mimiques moqueuses et des baisers silencieux. Cette fois, ce furent mes yeux froids dardés sur eux qui leur firent cesser leur petit manège. Bill m'appuya d'un vague mouvement de la main les invitant à décamper, ce à quoi Fred marmonna « Charlie nous aurait tirer les oreilles, lui ... » qui arracha à l'aîné une mine consternée. Après leur départ – et George avait pris soin d'emporter avec lui son panier de linge – il prit tout son temps pour annoncer la suite des nouvelles. Pendant quelques secondes, il fixa la fenêtre, la mâchoire contractée avant de lâcher du bout des lèvres :
-Hum ... La seconde ... c'est qu'il a eu une nouvelle évasion massive à Azkaban.
-J'ai lu La Gazette ce matin, protesta Simon. Et il n'y avait ...
-Et elle est restée muette là-dessus. L'évasion a eu lieu il y a quelques jours, on pense ... on avant des soupçons pour tout dire ... mais on a croisé quelques personnes hier qui devraient être derrière les barreaux. Stan Rocade, par exemple, le contrôleur du Magicobus. Mais on a la certitude que beaucoup d'autres s'en sont échappés ... Malefoy, par exemple, c'est quasiment sûr ...
J'avais la sensation qu'un liquide glacé s'était instillé dans mes veines et m'ankylosait très lentement. Le ton détaché de Bill ne suffisait pas à contrebalancer la tension latente qui l'animait visiblement et malgré son regard toujours fixé sur la fenêtre, je sentais son attention complètement focalisée sur Simon. Et alors je sus que je ne m'étais pas leurrée lorsqu'un nom avait éclaté dans mon esprit au terme de « évasion massive ».
Robert Jugson, celui qui avait mené l'attaque contre la famille Bones et assassiné de sa propre baguette Spencer, était de nouveau lâché dans la nature.
Je me pris le visage entre les mains, le souffle court. Je me sentais incapable d'affronter la réaction de Simon face à cette nouvelle déchirante. La première fois que Jugson s'était échappé, il s'était complètement laissé couler. Le contexte était différent : il s'était remobilisé, avait affronté son passé mais si les événements de juin m'avaient appris quelque chose c'était que jamais Simon ne se remettrait totalement de ce qu'il avait vécu à trois ans. Parfois, une vague viendrait des profondeurs du gouffre et le submergerait totalement. Et l'évasion de Jugson était un événement à provoquer ce genre de vagues.
Il eut un instant de silence glacé, un instant où je refusais de sortir de mes mains, où je les crispais contre mon visage à en enfoncer mes ongles dans la peau. A côté de moi, la respiration de Simon s'était faite irrégulière, erratique. Elle fut mon unique réalité jusqu'à ce qu'enfin il réagisse d'une voix atone :
-Je ... je vais prendre l'air, je reviens.
Sa chaise racla contre le sol et le son de ses pas meublèrent le silence jusqu'au fracas de la porte. Seulement là, je m'autorisai à m'effondrer, la tête entre les bras, incapable de réprimer un gémissement de désespoir.
-C'est pas vrai ... il manquait plus que ça ...
-Ça va aller, Vic', me rassura Bill en mettant une main sur son épaule. Ecoute ... pendant qu'on travaillait ensemble, je pense qu'il s'est senti assez en confiance pour me raconter tout ce qui s'est passé. La mort de ses parents, ce qu'elle a provoqué chez lui ... Il réagira mieux que la dernière fois, tu le sais ...
Non, je n'en savais rien. La façon dont il avait géré la dernière crise instillé un doute terrible en moi. Sauf qu'en deux ans, mes forces s'étaient largement émoussées. J'étais rongée par l'angoisse concernant ma propre famille, meurtrie dans ma chair, épuisée par de longs mois à porter à la fois mes peines et les siennes. Et surtout, je n'étais pas certaine d'en avoir l'envie. Quelque part, je restai blessée d'avoir jeté toutes mes forces pour aider Simon, et de n'avoir eu en retour qu'un abandon. Oui, une partie amère et égoïste de moi se répétait que cette fois, il devrait se débrouiller seul. Que j'avais trop donné. Et c'était elle qui l'emportait pour l'instant puisque j'étais restée vissée à ma chaise. La main de Bill se crispa sur mon épaule.
-C'est juste ..., poursuivit-t-il avec une certaine lenteur. Enfin, Kingsley pense que c'est envisageable que Jugson veuille ...
-Finir le travail.
Je me redressai, étrangement plus apaisée après cet éclairage. C'était un autre objectif qui ne concernait pas la gestion du traumatisme de Simon, mais sa sécurité. Ça, c'était quelque chose de plus rationnel que je pouvais gérer. Angoissante, suffocante, mais rationnelle.
-C'est une vraie possibilité ? m'enquis-je du bout des lèvres.
-Il faut le garder dans un coin de la tête. Je ne pense pas que ce sera une priorité ... si Tu-Sais-Qui les a fait sortir, c'est qu'il va en avoir besoin. Non, les priorités seront Harry et le Ministère ... et c'est facile d'imaginer que si Jugson se retrouve face à Simon, il ne perdra pas l'occasion. Donc pas se cacher ... mais rester prudent.
Je pris une profonde inspiration pour me remettre les nerfs d'aplomb avant de nouer mes mains à hauteur de mon visage pour y poser mon front.
-D'accord ... fort bien ... Dis, il y a autre chose, ou ... ?
-Une dernière, admit Bill dans un murmure. Hier ... hier, ça ne s'est pas passé comme prévu, on va dire. On a eu l'impression que les Mangemorts étaient ... en parti au courant de nos plans.
Une main glacée se referma sur mon cœur, de concert avec les doigts de Bill sur mon épaule.
-C'était très étrange et on est sûr de rien. Mais en attendant ... soyez, très, très prudents, Victoria. Ne communiquez avec nous qu'ici. Venez très discrètement.
-On peut prévenir les parents de Simon pour Thicknesse ... ?
-Non. Laisse faire Kingsley là-dessus. Toi, il faut que tu te concentres sur la publication de ton livre ... Si on a besoin de toi, on te le fera savoir.
J'acquiesçai silencieusement, trop sonnée pour ouvrir la bouche. Le soupçon d'une taupe, il ne manquait plus que cela ... cela sonnait comme une obscure berceuse à moitié oubliée, de la voix d'Arthur qui narrait à mon entrée dans le 12 Square Grimmaurd le double-jeu d'un ancien membre de l'Ordre pendant la première guerre. J'emplis mes poumons d'air avant de laisser tomber mes mains en même temps que mon souffle.
-OK. Est-ce que je peux avoir un dernier verre avant de ... ?
Incapable de décrire ce que j'allais faire, je fis un vague geste vers la porte que Simon venait de de franchir. Le coin de la bouche de Bill s'affaissa et il frotta la barbe de trois jours, certainement destiné à masquer ses cicatrices. Si c'était vraiment l'intention, elles effectuaient vraiment mal leur fonction.
-Ecoute, je peux y aller si tu veux ... Je sais ce qu'il lui ait arrivé, on en a parlé souvent ... ce n'est pas à toi de ...
-Si. Si, c'est à moi...
Malgré tout ce que j'avais pu dire. Malgré le fait que j'étais profondément déterminée à ne plus intervenir, ne plus le porter à bout de bras. Malgré ma lassitude, malgré mon amertume. C'était tellement révélateur d'à quel point j'avais Simon dans la peau, réalisai-je, la main sur la poignée. D'à quel point sa douleur était devenue une partie de moi. En un sens, moi aussi je portais une partie du deuil et du traumatisme. On était uni au point de partager les cicatrices.
Je m'attendais à le voir prostré sur les marches qui donnaient sur la cour, mais au final il était simplement assis sur un chaudron retourné, callé contre les vieilles briques qui soutenaient le mur de la maison, le regard dans le vague. La brise jouait avec ses mèches raccourcies hier et il avait noué les doigts derrière sa tête, dans une posture plus vacancière qu'affectée. J'en fus tellement surprise que je me figeai sur le seuil après avoir fermé la porte derrière moi.
-Euh ... si tu prends trop le soleil, tes tâches de rousseurs vont ressortir, Bones.
Je n'avais pas trouvé de meilleure manière d'annoncer ma présence et ce fut certainement la bonne car un bref sourire ourla les lèvres de Simon. Il passa un doigt sur l'arrête de son nez couvert de petites taches beiges.
-Comme tous les étés. Au moins Alex arrêtera de me demander si j'ai passé les vacances dans le coffre ...
-Simon ...
Le coffre évoquait beaucoup trop le placard dans lequel il avait été enfermé à trois ans, ce placard dont il peinait tant à s'extirper. Et cette image répandait un mélange désagréable de colère et d'abattement dans mes veines. Mais étrangement, ce fut un nouveau sourire qui effleura les lèvres de Simon. Un sourire quelque peu amer, certes, accompagné d'un rire qui l'était encore plus.
-Tu as peur, Vicky ?
L'émotion qui me broya assez brusquement la trachée répondit à ma place, d'une manière si brusque que je faillis tanguer. Oui, j'avais peur. Mêlé à de la lassitude, qui elle-même engendrait des relents de honte qui pesait comme du plomb dans mes entrailles, si lourdement que leur poids m'attira littéralement à terre, à même le sol à côté du chaudron rouillé sur lequel avait pris place Simon.
-Ecoute ... cette fois je pourrais te repêcher. Ce n'est plus possible, je peux pas ... pas avec le Ministère qui est à deux doigts tomber, pas avec mon grand-père qui est certainement surveillé, pas avec ...
La main de Simon s'abattit sur mon épaule, à la fois lourde et ferme. L'intensité de la prise étouffa mes mots dans ma gorge et j'osai enfin le regarder. Ma gorge était serrée, mais mes yeux parfaitement secs purent apprécier le visage étrangement serein et déterminé de Simon.
-Je sais, assura-t-il d'une voix qui ne tremblait pas. Je sais et je ne te le demanderais pas, Vicky.
-Alors s'il te plait ...
Simon ferma les yeux avant de les lever au ciel. Le temps d'une fraction de seconde, une expression exaspérée traversa son visage avant que ses traits ne s'affaissent pour composer une mine épuisée.
-Je ne retomberai pas aussi bas que la dernière fois. Je ne te demande pas de me croire ... Mais beaucoup trop de choses ont changé en deux ans. (Il laissa sa tête aller contre le mur et inspira profondément). Ecoute, je sais qu'à l'époque tu avais peur que je parte à la poursuite de Jugson ... et que ça doit de tirailler maintenant aussi ...
Un peu, c'était inutile de le nier et Simon lut parfaitement mon silence et secoua plusieurs fois la tête. Cette fois, l'agacement se lisait très clairement dans ses prunelles.
-Vicky, déjà avant qu'ils le rattrapent, j'avais pris la décision de me battre pour les vivants, pas pour les morts. Je n'ai pas changé d'avis depuis.
-C'est moi qui t'aie dit ça, me souvins-je, comme d'un flash.
-Après avoir enchanté les armures, confirma-t-il avec douceur. Will you join in our crusade ? Who will be strong and strand with me ...?
« Qui sera fort et débout à mes côtés ? » ... Le beau souvenir tourna aigre dans sa bouche car il tordit ses lèvres avant de fermer les yeux. Se callant de nouveau contre le mur de brique, il offrit son visage au soleil comme si la caresse de ses rayons pouvait l'apaiser. Quelque part en moi, un pincement se fit sentir. Pour peu, j'en serais jalouse qu'il s'en remette au soleil.
-Somewhere behond the barricades is there a world you long to see ?, poursuivis-je dans un souffle, loin de mon timbre habituel. Do you hear the people sing ? Say do you her the distant drums ...
-It is the future that we bring then tomorrow comes, acheva Simon, visiblement soulagé. Je te l'ai dit, Vic' ... je ferais tout pour le prouver.
Je papillonnai des yeux, pas tant pour chasser une quelconque humidité que pour ancrer les mots dans mon esprit. A dire vrai, la part de moi encore meurtrie se permettait encore de doutait, mais celle qui était capable d'être pour une caresse jalouse du soleil s'accrochait à cette promesse de toute ses maigres forces.
-OK.
C'était tout ce que les deux parties contradictoires de moi étaient capable de lui donner et Simon parut s'en contenter. Il allongea ses jambes devant lui et ferma de nouveau les yeux. Malgré le chant qui semblait avoir rapproché nos cœurs, ses épaules demeuraient tendues.
-Je suis juste sorti ... Parce que c'était littéralement le coup de grâce. Maugrey, Thicknesse ... maintenant Jugson. Ça fait beaucoup de coups à la tête, là ... Maugrey bon sang. Ça m'a fait tellement drôle ... Rien de comparable à Cédric ou même à Dumbledore ... Mais quand même. Et surtout, je me suis demandé ... enfin, comment réagirait ma mère quand elle le verrait arriver.
Il avait prononcé les mots sans à peine tressaillir, avec même l'ombre d'un sourire. Il frémit également sur mes lèvres à l'idée de l'âme rompue du vieux guerrier s'élevant pour découvrir son ancienne protégée l'attendant de pied ferme au paradis. Puis je vis la sincère tristesse qui imprégnait les traits de Simon et mes lèvres réagirent par automatisme en proposant :
-Tu veux dormir chez moi, ce soir ?
Avant même que Simon n'ouvre de grands yeux, légèrement choqués, je sus que je venais la boite de Pandore qu'il maintenait désespérément fermée depuis la première fois que nous nous étions embrassés. L'idée m'amusa étrangement, d'autant que ses joues venaient de prendre une vive couleur rose qui n'était en rien dû au soleil.
-Euh ... euh ...
-J'ai beau savoir que c'est l'un des rares sujets qui soit capable de te faire bégayer, c'est toujours quelque peu réjouissant de le constater.
-Mais Vicky !
-On a déjà dormi ensemble, Simon. Plusieurs fois. Alors même que j'avais un copain.
-Mais ...
Il ne termina pas sa phrase, mais je la complétais sans peine. La dernière fois que nous avions partagé un lit remontait littéralement à un autre temps, où les choses entre nous étaient à la fois claire et complexes, sans ambiguïté romantique de mon côté. Pas du sien, songeai-je soudainement, frappée par la foudre. Seigneur, qu'est-ce qu'il a dû penser toutes ses fois ? Je levai à mon tour les yeux au ciel en mimant son irritation.
-Combien de fois il va falloir que je te dise qu'on irait à ton rythme ? Que tu me fasses confiance sur ce sujet ?
-Comment on est venu à en parler de ça ?!
-Tu préfères parler des morts ? Je t'écoute.
Mais Simon demeura coi. Un brin paralysé, les bras croisés en signe de repli sur sa poitrine, le regard fixement planté sur une poule qui picorait la terre battue, mais coi. Satisfaite, je relevai le menton pour asséner :
-Je proposai juste ça parce que je sais que tu vas mal dormir ce soir. Je veux bien te croire ... mais je ne suis pas naïve non plus, évidemment que ça te fait quelque chose et c'est normal. Je ne gère rien du tout, ajoutai-je alors que Simon ouvrait la bouche pour protester. Je fournis le lit, le film, et le chocolat, ainsi que la certitude que ça demeurera une nuit très chaste. Si ça te rassure je peux même te mettre un matelas à côté, même si je trouve ça un peu idiot. Simon, je sais que tu as « une peur irrationnelle de ce qui peut se passer dans un lit », mais je te jure que je ne te toucherais pas. Pas comme ça, en tout cas.
J'avais l'impression que mes mots coulaient sur Simon, bruissaient à ses oreilles sans réellement l'atteindre. Je connaissais ses craintes, je les respectais mais j'avais tout de même pensé que nous avions passé une étape la fois où je m'étais dénudée dans le salon des McLairds aux fiançailles d'Octavia. Pas totalement, certes. Seule moi, certes. Mais depuis ce jour aussi, une vie s'était écoulée ... depuis ce jour, un gouffre s'était ouvert. Les baisers s'étaient fait volés, mécaniques, loin de passion que nous avions enfin pu atteindre sur ce piano, loin même de la tendresse qui était devenue notre nouvelle norme. Etait-ce aussi cette distance que Simon fuyait avec sa réticence ? Je n'eus pas le temps de m'interroger davantage : il finit par incliner la tête, vaincu.
-OK.
J'eus un sourire désabusé. C'était le même « OK » que je lui avais servi, le « OK » tiraillé entre deux réalités, entre les craintes et les désirs, les blessures et le besoin irrépressible d'avancer. Parce qu'il fallait avancer, vaille que vaille, malgré les chutes, les blessures, les morts. C'était ce que j'avais décidé en pardonnant à Simon. C'était ce qu'il avait décidé en renonçant à Jugson ...
Avancer, se battre pour ceux qui vivaient. Reprendre le flambeau laissait à peine rougeoyant par Alastor Maugrey.
***
Alors, verdict?
Il fallait y passer par ce chapitre qui recouvre tout le début chaotique du 7 ! Je pense que certain.es d'entre vous seront même déçu.es de ne pas voir Harry : c'était prévu (genre une vision un peu de loin), mais quand j'ai écris le chapitre je n'ai pas réussi à le caser et encore moins à la relecture, chaque fois que j'essayais ça brisait un peu mes conversations. Donc Harry reste caché dans sa chambre, ruminant la mort de Maugrey et c'est très crédible aussi !
J'espère que vous appréciez ce début de partie en tout cas ! C'est peut-être un peu calme ... mais profitez-en, de ce calme. Vous savez ce qui arrive ...
A dans deux semaines les enfants <3
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