III - Chapitre 4 : La double-vie
Hola.
Chers amis, la planète sport est en deuil. Sérieusement, nous avons été victimes d'un enchaînement terrible qui mérite que je m'y attarde un petit peu.
Commençant par ordre chronologique par la mort de Christophe Dominici, rugbyman français auteur d'un essai mythique contre les All-Blacks en 1999. Puisse-t-il reposer en paix.
Ensuite, Dieu est mort comme l'a titré L'équipe. Diego Maradona, génie du football, auteur de la main de Dieu comme du but du siècle (le tout dans le même match qui donna la coupe du monde à l'Argentine) s'est éteint. C'était ... un personnage, mais je décide de retenir ce qu'il était : l'incarnation du pire comme du meilleur du football. Qu'il repose également en paix.
(Désolée je suis une fan de sport, ces morts m'ont touchées. D'ailleurs, je vous ai dit que le biathlon revenait bientôt? MEME DEMAIN MAINTENANT QUE J'Y PENSE)
VOILA J'ARRETE. Maintenant, tout autre chose : sur ma petite analyse de samedi dernier, @cornflzkes a proposé de faire un petit sondages des lecteurs. Alors à tous ceux qui lisent : quelle est votre Maison à Poudlard? (ou du moins la dominante, celle dont vous vous sentez le plus proche). Je donnerais les résultats dans deux semaines !
MAINTENANT CHAPITRE
C'est le genre de chapitre qui fait que je perds du temps parce que c'est très clairement un chapitre de mise en place. Mais j'espère que vous apprécierez quand même ! Bonne lecture !
***
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.
- Article 2 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, août 1789.
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Chapitre 4 : La double vie.
Accumulation de Sorcellerie
Particulièrement Intensive et Contraignante
Le candidat est admis s'il obtient les notes suivantes :
- Optimal (O)
- Effort Exceptionnel (E)
- Acceptable (A)
Le candidat est recalé s'il obtient les notes suivantes :
- Piètre (P)
- Désolant (D)
- Troll (T)
VICTORIA ANNE JADWIGA BENNETT A OBTENU :
Etude des runes : E
Sortilèges : E
Défense contre les Forces du mal : E
Etudes des moldus : O
Botanique : E
Histoire de la magie : O
Métamorphose : P
Je relus le parchemin, un petit sourire fier aux lèvres. Les résultats d'ASPIC étaient arrivés le matin même et je m'étais précipitée vers mon vélo pour me rendre compte qu'en réalité Simon m'avait devancé en attrapant le sien pour venir à ma rencontre et ouvrir son enveloppe avec moi. Susan l'avait suivi de près, ses BUSE déjà décachetés entre les mains. Nous étions accoudés sur la table de ma cuisine, le regard rivé sur nos résultats sous le regard anxieux de mon père qui préparait le repas de midi.
-Conforme à ce que je pensais, le rassurai-je en lui tendant le parchemin. Je savais que j'avais raté la Métamorphose, de toute manière ...
Sans le vouloir, je jetai un regard courroucé à Simon que je considérais comme responsable de cet échec cuisant. Lui était obnubilé par sa liste de note qu'il suivait du doigt pour la troisième fois et sa main couvrait habilement son nom complet pour entretenir le mystère. Je les lus à l'envers et poussai un grognement de dépit en lui arrachant son parchemin.
-Hé !
-Tu n'as loupé l'Optimal qu'en Potion, arrête de faire cette tête !
-Et en Etudes des runes et Botanique !
-En même temps tu es un handicapé avec tes mains, cingla Susan avec un charmant sourire. Et le jour de l'Etude des Runes, on avait tous la tête ailleurs. Tu as tout validé et tu as les notes maximales là où ça importe, c'est le principal, Sim'.
-C'est vrai que c'est impressionnant, admit mon père qui avait attrapé le parchemin de Simon. Mes félicitations, mon garçon. Maintenant, rends sa couleur naturelle à ma fille, s'il te plait, le mauve ne lui va pas au teint.
Un sourire narquois retroussa les lèvres de Simon et je le fusillai du regard. A dire vrai, la couleur tenait plus du lilas – digne des robes de Gilderoy Lockhart – et ma mère s'était étranglée en me voyant arriver ainsi autant que Susan avait explosé de rire. Mais j'admettais que ça avait valu le coup de passer ainsi devant l'Ancien et de voir son visage passer du rouge au violet puis à l'indignation la plus totale. Simon caressa sa baguette et je me dépêchai de saisir la mienne pour parer à tout maléfice.
-Ce ne serait pas réaliste qu'elle reprenne sa couleur naturelle tout de suite, les couleurs moldues dégorgent lentement et deviennent de plus en plus foncé ...
-Simon, j'ai rendez-vous au camp d'entrainement des Tornades dans une heure alors au diable la vraisemblance !
-Et le Secret Magique, Victoria ? rétorqua-t-il d'un ton tranquille.
-Simon, sois charitable s'il te plait, intervint mon père. Au moins pour son rendez-vous ...
-Comment ça « au moins » ? Je veux qu'il me rende mes cheveux !
-Si ça peut te rassurer, je trouve que le lilas te va mieux que ta coupe au bal. Quelle idée idiote de lisser tes boucles ...
-Ce n'est pas faux, intervint Susan avant de se mordre la lèvre inférieure pour retenir un éclat de rire.
Je les fusillai du regard, proprement agacée. La réaction de l'Ancien face à mes cheveux ne compensait pas les inconvénients – à commencer par le rire qui prenait notre amie Chloé chaque fois qu'on se voyait dans la rue. Et Chloé avait un rire si bruyant et particulier qu'elle attirait systématiquement l'attention sur elle – et sur moi. En deux heures, le village entier avait été au courant que la petite Victoria Bennett, fille de révérend, pétait littéralement les plombs et s'était teint les cheveux en violet. Merci Simon.
-Simon, j'ai fait pousser mes cheveux exprès pour que toutes les mèches puissent tenir dans une queue-de-cheval à la rentrée et je veux que ce soir la seule chose qu'ils remarquent en terme capillaires, pas que j'ai les cheveux lilas. C'est quoi le prix pour récupérer ma couleur ?
-Mon amusement est inestimable, Victoria. Peut-être même que je serais capable de te laisser comme ça jusque jeudi ...
Je m'empourprai violemment, ce qui devait sacrément jurer avec le lilas de mes cheveux. Il était tout bonnement hors de question que je me présente à ma première réunion de l'Ordre et devant Alastor Maugrey avec cette coiffure – sans compter les jumeaux Weasley qui surpassaient Simon en terme de taquinerie gratuites.
-Tu n'oserais pas ...
-Méfie-toi Victoria, j'oserais parfaitement. Cela dit, ton père m'a demandé d'être charitable alors j'accepte de foncer progressivement ta couleur afin que tu retrouves tes cheveux dans un délai disons ... Jusque mon anniversaire ? Comme ça, ce sera réaliste aux yeux des moldus.
-Ce n'est pas de la charité, c'est du sadisme, fit remarquer mon père avec un soupir.
Mais la réprimande ne parut pas particulièrement heurter Simon, qui me fixait avec un sourire satisfait. Malheureusement, je n'avais pas beaucoup d'option. J'avais tenté avec Melania qui ne se déshonorait pourtant pas en métamorphose, de faire disparaitre cette couleur mais je ne l'avais rendu que pire et avait même réussi à me teindre les sourcils en orange et faire passer mes cheveux en jaune. Alexandre et Simon, présents pour la tentative, en avaient été explosés de rire sur le canapé. Si j'avais été heureuse de provoquer pour la première fois une telle hilarité chez mon frère depuis longtemps, leurs éclats restaient comme des poignards veinés d'humiliation. Simon avait daigné réparer les dégâts mais seulement pour teindre de nouveau mes cheveux en lilas.
-Très bien, cédai-je, agacée. Mais à condition qu'ils soient naturels pour jeudi.
-Alors là tu rêves. Deux semaines, décoloration progressive. Du mauve pour aujourd'hui et je peux t'assurer un prune pour jeudi. Dernière offre.
-Mais il se passe quoi jeudi ? s'agaça Susan en fronçant les sourcils.
-On va voir des amis, éludai-je sans trop m'éloigner de la vérité. D'ailleurs, quelqu'un a des nouvelles d'Emily ?
Simon garda un silence éloquent. Le retour sur terre de notre amie avait été violent et elle ne nous adressait plus la parole depuis plus d'un mois et le moment où le Ministère avait admis publiquement le retour de Voldemort. Pas qu'elle nous en voulait, d'après la dernière lettre que j'avais reçu de Roger Davies, son petit-ami. Mais elle ne se sentait tout simplement plus capable de nous regarder dans les yeux. Pire que tout, elle avait l'impression d'avoir bafoué la mémoire de Cédric pendant un an. Simon avait ironisé sur le fait qu'elle se souciait plus des morts que des vivants mais la mort d'Amelia s'était chargée de lui faire payer la pique. J'enroulai le parchemin qui contenait mes notes.
-Je vais tenter de lui envoyer une lettre pour savoir comment elle a réussi ... Et toi, Susie, ça donne quoi ?
-Je ne suis pas reçue en Potion, mais je m'y attendais, je n'ai jamais été bonne, avoua-t-elle avec un haussement d'épaule. Mais je le suis partout ailleurs, même en Histoire de la Magie – et pourtant ce jour-là ce que c'était dur de garder les yeux ouverts ...
-Bravo à tous les trois, nous félicita mon père en sortant des verres des placards. Allez, des examens, ça se fête et comme on ne boit pas dans cette maison, ça se fêtera avec du thé glacé maison.
Simon s'étrangla sur le « on ne boit pas » et je me chargeai de le rappeler à l'ordre d'un coup de parchemin sur la tête. Susan remercia mon père, rayonnante. Visiblement, ses notes de BUSE étaient la première bonne nouvelle qu'elle recevait des vacances. Elle porta un toast en direction de son frère, hilare.
-Et après, tu fais passer Vic' de lilas à violet foncé !
***
La ville de Tutshill dans le Gloucestershire était si modeste que je ne comprenais pas par quel moyen un club de Quidditch avait pu s'implanter en son sein. Située au bord de la rivière Wyl et au cœur de la forêt de Dean, l'espace ne me faisait guère plus d'impression que Terre-en-Landes avec ses petites maisons, ces cottages et ses petits commerces. Et j'étais encore plus désappointée en transplanant devant un vieux bâtiment à l'écart de la ville, une gare désaffectée traversée par des rails qui prenaient l'herbe et la rouille depuis des décennies. Je vérifiai deux fois l'adresse, transplanai une seconde fois en y mettant toute ma détermination et ma destination en revenant à cette même gare. Sauf que la seconde fois, une grande femme aux longs cheveux noirs et à la peau brune m'attendait devant la porte écaillée qui tenait à peine sur ses gongs. Elle pressait contre sa poitrine un carnet et un sourire amusé retroussait ses lèvres pulpeuses.
-Alors ça ne paye pas de mine mais tu es au bon endroit, m'assura-t-elle, amusée. Comment tu vas Victoria ?
Gwladys Sayer, recruteuse des Tornades de Tutshill, me tendit une main que je serrais avec un sourire crispé. A mon grand soulagement, elle ne parut pas s'attarder sur la couleur infortune de mes cheveux.
-Très bien, merci. Je n'aurais jamais deviné que ...
-Les sorciers aiment se cacher derrière des ruines. Tu n'as jamais été à Ste Mangouste, encore ? Franchement, la première fois tu oses à peine y rentrer tant c'est miteux, mais c'est le prix de notre tranquillité ... (Elle ouvrit la porte qui grinça terriblement). Après toi, je t'en prie.
J'entrais, prête à voir un vieux hall de gare qui prenait la ruine et la poussière, mais la vérité était tout autre. L'espace était modeste mais moderne, propre et éclairé. Devant moi, un sorcier en robe bleu-ciel s'affairait derrière un bureau. Sur sa poitrine était frappé le double « T » des Tornades. Il m'adressa un sourire éclatant.
-Vous l'avez trouvée, madame Sayer ?
-Oui, merci Philibert. Il faudrait qu'on explicite l'extérieur, tu ne pourrais pas mettre notre emblème sur la porte ? Cameron avait eu du mal à trouver aussi ... (Elle me pointa du pouce en s'accoudant au bureau). Victoria Bennett, gardienne de réserve. Tu as son dossier, il faudra faire son badge.
-Ce sera fait, madame. Et pour l'extérieur, j'en parlerais à Monsieur Grims.
-Désolée, on est en plein déménagement, m'avoua-t-elle en m'amenant vers un escalier qui descendait en sous-sol. On vient de changer de locaux, les premiers étaient au cœur du village – peu pratique et devenus trop petits avec notre nouvelle notoriété. Philibert nous sert de réceptionniste et de sorcier-vigile.
Je hochai la tête en la suivant dans l'escalier qui descendait en spirale en dessous de la gare. Je savais que les Tornades avaient eu du succès au début du siècle avant de lentement s'éteindre, jusqu'à ce qu'un fond d'investissement venant des Etats-Unis leurs permettent d'être de nouveau compétitif sur le plan financier. Le rachat datait de trois ans et depuis ils avaient raflé deux coupes de la Ligue et étaient s'étaient hissé en finale de Coupe d'Europe. Le club changeait de perspective et cela se sentait alors que j'arrivais au sous-sol de la gare. Sauf que rien ne ressemblait davantage à un sous-sol. Mes yeux s'écarquillèrent alors qu'un sourire satisfait s'étirait sur les lèvres de Gwladys. Nous étions descendues dans un très long couloir dont le premier mur était étrangement composées de fenêtre laissant entrer à flot la lumière et le second était tapissé d'immense photographie entrecoupé de portes. Difficile de croire que vous étions au sous-sol ...
-Bienvenu au domaine Roderik Plumpton !
Lequel devait être le sorcier qui couvrait tout un pan latéral du couloir, un homme mince et athlétique qui passait de photo en photo qui couvraient le mur à la chasse d'un Vif d'Or. Au-dessus, des lettres d'or brillaient et clamaient :
RODERICK PLUMPTON
(1889-1987)
Capitaine et Attrapeur des Tornades de Tutshill de 1908 à 1934,
22 sélections en Equipe Nationale.
Vainqueur de cinq coupes de la Ligue consécutives.
Recordman de la capture la plus rapide du Vif d'Or.
-Impressionnant, murmurai-je en alors que son image passait devant moi à toute vitesse à la recherche du Vif d'Or. Il me semble que j'ai une carte de Chocogrenouille de lui ...
-Presque tout le monde en a une, Roderick est une légende dans toute l'Angleterre. Ici, c'est l'étage administratif, avec notre intendant, notre gestionnaire – c'est avec elle que tu régleras ton salaire et ta bourse ...
-Ma bourse ?
-Celle qui te permettra d'acheter tout ton équipement, précisa-t-elle avec un sourire bienveillant. Nous avons des partenariats avec différents équipementiers. Nos balais sont fournis par Nimbus, par exemple et nos robes nous viennent de Tissard et Brodette, le tissu est de qualité supérieure. Comme nous comprenons que nos joueurs de réserves n'ont pas tous les moyens de s'acheter un Nimbus ou de se payer les robes de Tissard, le président de notre club a alloué un budget redistribué en bourse pour vous permettre de vos équiper selon nos contacts.
-Donc je vais être obligé de m'acheter un Nimbus ?
La perspective me déplaisait assez. Les Nimbus étaient peut-être parmi les meilleurs balais sur le marché, mais ils étaient aussi les plus chers et bourse ou non, ça me mettait assez mal à l'aise de mettre une telle somme alors que j'étais le poste dans lequel le vol était le moins important ... Mais Gwladys hocha la tête.
-Bien sûr, nous avons un contrat avec eux depuis l'année dernière. Je sais que les Harpies préfèrent garder le partenariat avec Brossdur et il me semble que les Magpies ont dépensé une somme colossale pour les Eclairs de Feu ... Mais Nimbus nous a promis un prix sur son dernier modèle, le 3000, tu pourras en profiter. Si tu veux bien me suivre ...
Elle me fit visite une série de salle. Le premier étage, magiquement éclairé par des fenêtres ouvertes sur la forêt de Dean, semblait concentrer l'administration et l'apparat : une salle des Trophés contenant les sept coupes de la Ligue qu'avaient gagné le club ainsi que les prix Dai LLewelyn dit « le Dangereux » qui récompensaient le joueur ayant pris le plus de risque dans la saison, la gestion tenue par une petite sorcière replète absolument débordée, et enfin, en retrait, le bureau du président du club, Leonidas Grims, un américain issu de la famille qui avait investi dans le club. Le deuxième étage un cran en dessus m'intéressa plus : il s'agissait de toutes les installations de remise en forme avec les bureaux du médicomage du club et de son maître des potions, une salle ouverte sur l'espace central de verdure que semblait entouré l'étage avec tous les équipements de cardio, une vingtaine de tapis de course magique qui flottaient seuls à quelques centimètres du sol et même une entière dédiée à la kiné avec ses tables de massage et à la relaxation avec sauna et baignoires.
-Cette partie-là nécessite encore des travaux, m'apprit Gwladys alors que je visitais l'endroit, éberluée. Elle ne sera pas disponible avant septembre, voire octobre, mais l'idée est que cela n'ait rien à envier à la salle de bain des préfets de Poudlard.
-Et c'est pour les professionnels, tout ça ?
-Pas seulement, la réserve utilise les mêmes espaces. Vous n'avez juste pas les mêmes vestiaires et pas le même rythme. L'équipe A s'entraine presque tous les jours avec une souplesse certains week-end : vos entrainements à vous sont au nombre de trois par semaine, avec le mercredi en même temps que les professionnels pour jouer un match amical, c'est aussi le moment pour la réserve de montrer qu'elle mérite sa place en A. Tu sais à peu près comment fonctionne la Ligue de Grande Bretagne ?
-Treize équipe, donc douze matchs par an, récitai-je pour avoir fait mes petites recherches. Un par mois dans six stades homologués par la Fédération Anglaise de Quidditch. Du coup, chaque équipe n'a pas son stade ?
-Non, regretta Gwladys en haussant les épaules. On aimerait beaucoup – et les supporters encore plus – mais ce serait trop difficile de gérer et de dissimuler ... Et encore, avant la Coupe du Monde l'année dernière, on en avait cinq, l'événement a permis la création d'un sixième stade. En Irlande, c'est la Guiness Arena, le stade Pendragon au Pays de Galle, le MacFarlan Stadium en Ecosse et ici on a celui de la Coupe du Monde qu'on a simplement appelé « l'Ovale » et qui est le stade des grands matchs, et la Lande Bodmin, le plus ancien. Effectivement, on a douze matchs par an, donc un match par mois pour les professionnels comme pour la réserve. Tu sais en quoi va consister ton rôle en tant que Gardienne de réserve ?
-Remplacer le gardien de l'équipe A s'il est blessé ?
Gwladys partit d'un petit rire amusé face à la simplicité de ma réponse. Elle m'invita à prendre un nouvel escalier pour descendre d'encore un étage.
-Oui, en un sens. L'équipe professionnelle, celle qui est suivi par des centaines de fans, est constitué d'un groupe de neuf joueurs – les sept titulaires, et un poursuiveur et un batteur en plus qui tournent. Les Attrapeurs et les Gardiens ne sont pas doublés, donc effectivement si l'un se blesse, c'est l'attrapeur ou le gardien de réserve qui est appelé. Ce qui veut dire que si Leonard Spielman, le Gardien titulaire, se blesse, tu seras appelée pour jouer le match en professionnel.
-Mais qui jouera le match avec la réserve, dans ce cas ? Je veux dire, on a bien des matchs ?
-Oui bien sûr, vous formez une Ligue parallèle avec toutes les équipes de réserves du championnat, on appelle ça la Petite Ligue. Et la réserve est plus hétéroclite ... Vous êtes semi-professionnels. Donc elle se divise entre deux genres de joueurs : les futurs professionnels comme toi qui peuvent faire une véritable carrière de Quidditch et qui sont là pour passer un pallier. Cameron, le Batteur de réserve, est comme toi aussi ainsi que Joana, l'Attrapeuse – tu les rencontreras bientôt. Mais presque la moitié sont des joueurs qui ont une autre activité professionnelle et qui sont là plus par loisir et par passion que par ambition. Ses personnes peuvent tourner entre différents postes et notre autre Batteur, Arnold, n'est pas mauvais au poste de Gardien et te remplacera si jamais tu dois être appelée en équipe A.
-Moi aussi je serais appelée à tourner ?
L'idée m'était désagréable : je doutais être d'une quelconque utilité à un autre poste que le mien. Attrapeuse, à la limite parce que j'en avais le gabarit ... Mais Gwladys secoua de nouveau la tête.
-Bien sûr que non, toi tu es un espoir du club. Tu dois te concentrer sur ton poste. (Son visage se crispa légèrement). Ecoute Victoria, je ne vais pas te mentir, ça a été très compliqué pour moi de convaincre l'entraineur de l'équipe A. Rudolph est arrivé depuis l'année dernière, en même temps que le président, Leonidas Grims, et c'est un homme qui vise l'excellence, il ne croyait pas en une gardienne d'un mètre cinquante-six. Dalia, l'entraineuse de la réserve – ton entraineuse – a fini par se ranger à mon avis après tes magnifiques essais et le président a lui aussi tranché, mais Rudolph reste à convaincre. Alors il faudra que tu sois professionnelle, Victoria, et que tu fasses tout pour progresser et montrer que tu as ta place en équipe A. Même si ça signifie travailler un petit peu plus que les autres.
Mon cœur se serra devant l'injustice d'être encore une fois jugée sur ma taille. Mon apparence m'avait longtemps fait préjudice, mais comme les remarques par rapport à mon statut de sang, je le supportais de moins en moins. Néanmoins, cela réveillait de vieilles peurs que j'avais sur mon niveau. Il avait fallu les louanges de Viktor Krum, puis de Gwladys pour me convaincre que j'avais de l'avenir dans le Quidditch. Je ne voulais pas découvrir en arrivant dans le monde professionnel qu'en réalité, je n'étais pas si bonne que cela.
-Le travail, ça ne me fait pas peur, songeai-je en pensant aux heures que j'avais passé vainement sur la métamorphose. Je ferais tout pour être à la hauteur de vos espoirs.
-Voilà quelque chose qu'on aime entendre ici.
Je sursautai en entendant cette voix grave derrière mon dos et je me retournai d'un bond. Un homme de grande stature aux cheveux poivre et sels plaqués en arrière avançait vers nous, une main dans une poche et une pile de dossier sous le bras. Ses yeux d'un bleu cobalt pétillaient d'amusement.
-Monsieur le président, salua cordialement Gwladys. Je vous présente la nouvelle recrue de la réserve, Victo ...
-Victoria Bennett, la coupa Leonias Grims en me tendant chaleureusement la main. Oui, je me souviens. J'ai vu vos essais en juin dernier. J'avoue avoir été impressionné, votre abnégation et votre vision du jeu compense amplement votre taille.
Je serrai sa main en retenant la grimace qui me montait aux lèvres. Définitivement, j'en avais assez qu'on me rappelle constamment que j'étais petite, quand bien même la remarque se voulait aimable et émanait du président du club.
-Je vous remercie, dis-je plutôt sobrement, puisqu'il était l'homme à ne pas froisser. J'espère être digne de la confiance que vous m'avez accordée.
-Et j'espère que les Tornades se trouveront digne de votre choix. Vous aviez d'autres propositions ? Dont une place de professionnelle chez les Harpies, il me semble ...
Son accent américain se ressentait dans certains mots, bien que les années en Angleterre semblaient l'avoir progressivement effacé. Malgré son air aimable et ses yeux étincelants, il paraissait s'imposer cette posture droite et ce menton relevé qui, avec le costume impeccable qu'il portait, le faisait passer pour un respectable homme d'affaire. Et de bonne famille de surcroit. Ses sourcils se froncèrent légèrement.
-Je suis curieux, par ailleurs. Pourquoi avoir choisi la réserve chez les Tornades plutôt que l'équipe professionnelle chez les Harpies ? Beaucoup de joueurs n'auraient pas résisté à une place de titulaire et au salaire à la clef ...
La question me mit mal à l'aise. L'une des raisons était que j'avais voulu me dégager du temps pour l'Ordre et que l'agenda d'un joueur professionnel était bien plus lourd que celui d'un joueur de réserve. Fort heureusement, j'avais d'autres arguments à avancer qui avaient pesé tout autant dans ma décision.
-Je ne voulais pas brûler les étapes, répondis-je alors avec simplicité. Je ne voulais pas m'imposer le statut de joueuse professionnelle sans savoir si je pouvais supporter la pression. Et je n'ai pas atteint le maximum de mes capacités, je pense qu'il faut que je m'améliore encore avant d'envisager une carrière professionnelle.
-Mais vous n'aurez pas un gros salaire dans la réserve. Vous n'avez pas un loyer à payer ?
-Oh, j'ai de la chance, j'habite juste à côté, à Terre-en-Landes.
Monsieur Grims se fendit d'un « Ah ! » compréhensif et m'examina encore un instant, les yeux plissés en frottant sa mâchoire carrée.
-Ah, je vois ... De l'autre côté de la forêt de Dean, pas vrai ? J'ai eu l'occasion de visiter le village, très belle bourgade. (Il se tourna vers Gwladys avec un charmant sourire). Je vais vous accompagner dans votre visite, Madame Sayer, je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter les installations sportives. Mais j'ai su que l'équipe professionnelle en était très satisfaite. J'ai donné le feu vert pour débuter les entrainements en vue de la prochaine saison. Après vous.
Il ouvrit galamment la porte à Gwladys, qui passa devant lui avec une certaine raideur. En les observant tous deux badiner des banalités cordiales, je compris parfaitement l'antagonisme entre les deux personnages. Gwladys paraissait être une ancienne joueuse si j'en jugeais par sa carrure athlétique et son nez brusqué qui semblait avoir pris un ou deux cognards. Sans doute une ancienne des Tornades qui s'était reconvertie dans son staff et qui avait connu l'ancien temps où l'équipe était modeste mais vaillante. Leonidas Grims ne me paraissait pas être homme à monter sur un balai, mais plutôt à compter les Gallions et à négocier des contrats. S'il paraissait charmant, je ne pouvais m'empêcher de lui trouver des restes de snobisme qui trahissaient une noble origine américaine alors que Gwladys avait un accent gallois à couper au couteau. Ils étaient issus de deux mondes différents et sans doute que la recruteuse aimait peu le renouveau que symbolisait les Grims.
Mais je cessais net de les observer lorsque Gwladys me fit entrer dans le vestiaire des professionnel, une vaste pièce où chaque joueur avait un banc assigné en dessus de son nom gravé en lettre bleu marine au-dessus de leurs robes. Celui de la réserve était plus modeste : pas de noms et pas de bancs individuels mais chacun avait son casier et elle menait à une salle de douche spacieuse qui permettait une certaine intimité. Le président hochait vigoureusement la tête, satisfait.
-Bien mieux que les derniers, tout le monde partageaient les douches et les pros avaient tendance à ne laisser que peu d'eaux chaudes à la réserve ... Parfait ! Qu'en pensez-vous, Victoria ?
-Euh, lâchai-je stupidement.
La vérité était que je ne savais absolument pas à quoi m'attendre et que le seul comparatif que j'avais en tête était les installations de football professionnel. Il y avait peu de dissemblance dans les faits, mais je doutais que la comparaison soit bien prise par des sorciers.
-Ça me semble très bien. Je pense que je serais heureuse d'avoir de l'eau chaude après une séance d'entrainement.
La remarque fit s'esclaffer le président et Gwladys daigna esquisser un sourire amusé.
-Je suppose, oui. Je sais que tu rentres de vacances mais tu as commencé un programme de remise en forme ?
-Dès le début des vacances j'ai repris le jogging, confirmai-je puisque c'était ce qu'elle m'avait conseillé au moment de la signature de mon contrat. Mais je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup voler ...
-C'est normal, on préfère largement que vous travailliez le vol dans nos locaux, dit Monsieur Grims. Il ne faudrait pas mettre le secret magique en péril ... Par ailleurs, vous avez un choix de coiffure fort singulier, Victoria. Il ne me semble pas que vos cheveux étaient mauves à vos essais ...
Par automatisme, je mis une main horrifiée sur mon crâne et me sentis rougir face aux yeux étincelants du président de club. L'espace d'un instant, dans l'euphorie de la découverte, j'avais oublié que mes mèches brunes avaient passé au mauve. Dans son dos, Gwladys lui jetait un regard peu amène.
-Nous n'avons jamais imposé de codes capillaires aux joueurs des Tornades. Alors ce n'est pas pour une joueuse de réserve que nous ...
-Oh madame Sayer, ne vous fâchez pas ce n'était absolument pas un reproche ! Simplement, le bleu aurait été une meilleure idée pour votre premier jour ici, non ?
-C'est temporaire, jugeai-je utile de préciser, les joues brûlantes. Une erreur de sortilège. Ce sera rectifié d'ici une semaine.
Simon, dès que je rentre je te crève les yeux. Et c'est dommage parce que c'est la seule belle chose chez toi. Un sourire moqueur s'étira sur les lèvres de Monsieur Grims.
-Oh, mais faites comme bon vous semble ! Simplement, je trouve que ce mauve ne vous sied pas particulièrement, vraiment tentez le bleu marine. Ça s'accordera parfaitement avec votre robe. (Mes joues s'embrasèrent un peu plus avant qu'il n'enchaine : ) Gwladys vous a parlé de la bourse qui a été mise en place pour la réserve ? Vous la récupérez en partant et vous pourrez commander balais et tenues au Chemin de Traverse. Maintenant, passons à la meilleure partie !
Théâtralement, il ouvrit en grand la porte qui se trouvait en face des deux vestiaires. Je dus plisser des yeux, éblouie par la lumière, une main toujours stupidement plaquée sur mon crâne mauve. Une brise vint ébouriffer les mèches folles qui s'étaient échappées de mon chignon et je fis un pas en avant, comprenant que, malgré quatre étages de dévaler, nous nous rendions à l'extérieur. Et l'extérieur fit écarquiller mes yeux si fort que cela arracha un rire à Monsieur Grims et Gwladys.
-J'avoue, c'était l'une de nos meilleures idées.
Ça, sans doute. Il s'agissait d'un stade, un immense ovale creusé dans la terre de plusieurs mètres – la hauteur que je venais de descendre – et dont la pente douce était parsemée d'arbre qui se fondaient dans la verdoyante forêt de Dean. Un sorcier sur balai polissait les anneaux flambant neufs de chaque côté du terrain et qui captaient chaque rayon du soleil. Des gradins modestes avaient été installés autour de la pelouse et deux personnes, un homme et une femme, les arpentaient en discutant si vivement que j'entendais d'ici l'éclat de leurs voix. Je tournais sur moi-même, fascinée par ce qui n'était qu'un terrain d'entrainement et qui pourtant avait des proportions supérieures au stade de Poudlard.
-Nous sommes l'une des rares équipes à avoir un vrai stade pour l'entrainement, m'apprit Leonidas avec une once de fierté dans la voix. Les Harpies le font encore sur une vaste prairie juste à côté de leur centre et les Canons et les Faucons doivent se partager la Lande de Bodmin. Alors, Parkin, on apprécie le nouveau matériel ?
L'homme qui discutait sur les gradins se retourna vivement au cri du président. Ni une, ni deux, lui et sa compagne enfourchèrent des balais et atterrirent devant nous une seconde plus tard. L'homme, grand, sec aux cheveux d'un châtain délavé nous ignora Gwladys et moi pour aller parler à Monsieur Grims. La femme avait une trentaine d'année, les cheveux courts et blonds que le vent avait ébouriffé, des traits lourds mais volontaires. Ses yeux perçants s'abaissèrent de chaque côté de son nez aquilin pour m'examiner.
-Ah ! Mais elle est à moi celle-là ! (Elle me tendit une main cordiale) Dalia Thickey, entraineuse de la réserve. Et bien sûr, Rudolf Parkin, l'entraineur des A.
-Parkin ?
Pour avoir lu Le Quidditch à travers les âges au moins deux fois depuis que je savais que ce sport serait mon avenir, le nom me sonnait aux oreilles et détonnaient dans l'univers bleu des Tornades. De mémoire, les Parkin étaient les fondateurs des Vagabonds de Wigtown et l'équipe comptait toujours au moins un descendant dans ses rangs. Glwadys et Dalia échangèrent un sourire désabusé.
-Il est arrivé l'année dernière, quand Monsieur Grims est arrivé à la présidence, précisa mon entraineuse avec un ton pincé. Visiblement, l'argent américain a réussi à le débaucher de l'écosse ...
Gwladys lui donna un coup de coude impétueux et Dalia s'éclaircit la gorge.
-Mais bon, il était un brillant attrapeur de son temps, avec plus de vingt sélections en équipe nationale et force est d'admettre qu'il a mené les A à la victoire la saison dernière. Mais ça c'est parce que j'avais fait de l'excellent travail avec la formation en amont et c'est pour ça, ma grande, que c'est moi qui faut écouter et pas lui. Lui, te dira sans doute que tu es petite et maigrichonne et que les femmes ont une corpulence moins propice au poste de Gardien de but. Moi je dis que tu as un jeu atypique et détonant qui va désarçonner plus d'un Poursuiveur et que j'ai rarement vu une Gardienne prendre autant de risque pour sauver un souafle.
-Euh ... Merci.
-Ce n'était pas un compliment, rétorqua Dalia avec une pointe de sécheresse. Certes, tu n'as pas peur de la balle et on voit que tu mets toutes tes ressources pour aller chercher le souafle, mais cette stratégie n'est valable que dans les cours de l'école. Ici, Victoria Bennett, nous sommes dans le monde professionnel et dans le monde professionnel, les risques inconsidérés mènent aux blessures. Il va falloir que tu réavalues ton jeu, que tu ailles contre ton instinct, que tu te forces à doser les risques et à accepter que parfois, un souafle ne peut pas être sauver. Pour convaincre le monstre derrière moi, il va aussi falloir que tu aies une hygiène de vie irréprochable, que tu cours tous les jours en plus de faire de la cardio et de la musculation, que tu sacrifies alcool et soirée festives – tabac aussi. Te sens-tu prête à faire tout cela, Victoria Bennett ?
Je déglutis nerveusement. Moi qui avais toujours été biberonnée par Pomona Chourave à Poudlard, le franc parlé de Dalia changeait radicalement. Elles m'auraient peut-être intimidé à l'école et je me serais retrouvée à bredouiller comme une enfant face à son regard implacable, mais au fur et à mesure des années, je m'étais trouvée des forces et qualités qui m'avaient permis de trouver une certaine assurance. Ce fut grâce à cela et à toutes ses épreuves qui m'avaient forgé que je pus regarder Dalia dans les yeux et affirmer avec conviction :
-Oui, je suis prête.
Gwladys m'adressa un sourire approbateur en levant le pouce alors que les lèvres de Dalia daignaient se retrousser.
-Alors bienvenue en professionnelle, Victoria.
***
-Alors là, hors de question.
-C'est dix Gallions pièce, Bennett, avec ton nouveau salaire tu peux te le permettre ! En plus la couleur s'assortit divinement avec tes cheveux.
-Alors premièrement, j'ai un petit salaire en réserve. Secondement ... (Je brandis le flacon rose pour le secouer sous le nez de mon interlocuteur). Est-ce que tu penses que je suis si désespérée pour utiliser un filtre d'amour, Fred ?
-Moi c'est George.
-Non, c'est Fred parce que j'ai entendu George t'appeler il y a cinq minutes.
Je savourai le juron que poussa Fred Weasley face à ma réplique et repoussai ma chevelure qui, au lieu du prune promis par Simon, restait d'un violet plutôt criard. La blague avait par ailleurs été accueilli par de grands éclats de rire par les jumeaux qui avaient offert à Simon une boite à flemme pour l'exploit. Autour de nous, l'univers bourdonnait de toutes leurs créations, de la simple farce et attrapes aux pires pièges possibles – les crèmes canaris avaient ma plus grande méfiance. J'étais en train d'observer leur gamme de magie moldue, vaguement amusée, quand Fred m'avait forcé à visiter sa gamme pour sorcière. Je lui réservai mon regard le plus méprisant.
-C'est hyper sexiste, comme stand. Par ailleurs, je suis sûre que les filles ne sont pas les seules à se servir de filtre d'amour, j'ai souvenir qu'Erwin Summers en avait versé dans le jus de citrouille d'Emily en quatrième année.
-Et elle l'a bu ? Pourquoi on ne m'a jamais raconté cette histoire ?
-Parce qu'elle ne l'a pas bu, imbécile, rétorqua Simon avec un sourire tordu. Cédric l'a vu faire et lui a passé un sale savon. Il a fallu attendre un an avant qu'Emily ne daigne reparler à Erwin ...
Nous échangeâmes un bref regard avant de se détourner pour ne pas nous plonger dans la nostalgie. La mention de Cédric et d'Emily, qui n'avait pas répondu à ma dernière lettre, restait quelque peu douloureuse. Fred, insensible à notre trouble, continua de babiller tranquillement :
-En même temps, un garçon comme lui n'avait que ça comme solution pour emballer une fille comme Emily. (Il donna un coup de coude à Simon). Avoue, Bones, toi aussi tu as fait ça avec Octavia. J'ai retourné mes brillantes neurones plusieurs fois et c'est la seule conclusion qui me vient.
-Du respect et de l'intelligence suffit, tu devrais essayer, Weasley. Bon, elle ferme quand votre boutique ?
-George vire les retardataires. Une fois on a trouvé un gosse évanoui entre deux étagères : il avait mangé trop de nougat néansang. (Il poussa un soupir à fendre l'âme). Je l'avais dit qu'il ne fallait pas les parfumer au caramel ...
Simon lui jeta un regard perplexe face à la mine amusée de l'ancien Gryffondor. Fred, vêtu d'une robe magenta qui semblait être l'uniforme de la boutique mais qui jurait furieusement avec ses cheveux, semblait être lui-même un véritable enfant dans sa propre boutique. Mais l'instant d'après, il se transformait en redoutable homme d'affaire que j'avais assez peu perçu à Poudlard. George, de l'autre côté, fermait le rideau de sa boutique de sa baguette magique. L'endroit était immense, couvraient plusieurs étages et je poussai un soupir de contentement lorsque tous les bruitages cessèrent à la fermeture du rideau. C'était une merveille, un paradis pour gosse ... mais c'était beaucoup trop bondé pour les casanières comme moi.
-J'avoue, même pour nous ça fait du bien, avoua George en revenant vers nous. Alors Bennett, tentée par les philtres d'amour ?
-Non mais vous êtes sérieux ? Et lui ? (Je pointai Simon du doigt et il eut un mouvement de recul). Il est célibataire depuis plus longtemps que moi !
-Bennett, tu as vu ta coupe récemment ?
-Et puis, on est galant, on préfère offrir notre aide aux demoiselles et laisser ces messieurs galérer.
-Mais je rêve, maugréai-je, outrée. C'est d'un sexiste ...
-Mais ça fait parti de nos meilleures ventes. Maintenant arrête de râler, et négocions mon autographe de Josefa Ramirez.
-Et de son adresse pour qu'on puisse envoyer des petits filtres ... euh, mots d'amour.
Je haussai les yeux face à l'insistances des jumeaux. Depuis qu'ils savaient que je signais chez les Tornades, ils me harcelaient sur la pétillante Poursuiveuse espagnole, Josefa Ramirez, que j'allais côtoyer dans mes entrainements. J'avais à peine eu le temps de visiter les locaux tant ils m'avaient assommé de question sur mes premiers pas chez les Tornades.
-Je pense que vous avez le temps avant que je ne l'approche, rappelai-je pour la troisième fois depuis mon arrivée. Bon, allons-y plutôt ...
-Oui, tu as raison, enchérit George en hochant la tête d'un air docte. Ne réveillons pas le dragon qui dort ...
-Il ne dort pas le dragon, rétorqua Fred en nous guidant vers une porte dérobée dans la réserve. Je suis sûr que même quand il dort, son œil magique veille ...
Un frisson me parcourut à l'image et je suivis Simon dans l'étroit escalier à l'odeur de renfermé. Il débouchait sur un petit salon aux poutre apparente et désordonné au possible avec des parchemins collés aux murs, des larges grimoires renfermant les comptes posés en équilibre précaire sur la petite table et des boites de nourriture à emporter encore ouverte dans le canapé.
-Pas trop tôt, grogna Alastor Maugrey.
Il était assis sur le fauteuil le plus propre et le plus confortable, sa jambe de bois posé sur un tabouret devant lui. En face de lui, Renata était raide comme un piquet sur sa chaise. Ses cheveux châtains étaient retenus en queue-de-cheval et elle redressa ses lunettes rondes à fine monture sur son nez retroussé. Elle avait préféré monter immédiatement devant l'agitation de la boutique, quitte à se retrouver en tête à tête avec le visage balafré et les yeux asymétriques de Maugrey. Je retins un frémissement. Son œil mécanique, d'un bleu électrique, me terrifiait toujours autant.
-Désolé Fol Œil, du temps ce sont des Gallions, fit valoir Fred en prenant place sur un canapé, juste à côté des boites vides. Mais pour tes beaux yeux, on s'occupera de ranger la boutique après ton départ.
-J'ai du travail, petit, alors ne t'en fait pas tu retourneras vite à ta boutique. C'est juste une mise au point pour les recrues ...
Il nous désigna les fauteuils de la canne noueuse qui l'aidait à se déplacer. Je m'assis prudemment au bord du second canapé, plus petit et encore plus miteux et Simon prit la dernière chaise à côté de Renata alors que George s'affalait à côté de moi avec un soupir de contentement.
-C'est du sport de rester debout toute la journée !
-Si tu es fatigué maintenant, Weasley, alors renonce tout de suite, prévint Maugrey avec un sinistre sourire. Car ta vraie vie n'a pas encore commencé.
L'annonce jeta un froid dans la pièce et parut même souffler l'amusement des jumeaux, qui cessèrent immédiatement de sourire. Je nouais mes mains sur mes genoux, une boule au creux du ventre. La visite des locaux de Quidditch m'avait déjà propulsée dans ma vie d'adulte, mais une vie progressive, avec un sport connu et un rythme soutenable. Mais cette réunion, c'était le début de l'inconnu, de l'absolu. C'était l'avenir qui me prenait aux tripes. C'était la lutte pour que mon monde de finissent pas en cendre et poussières.
La pression s'abattit presque physiquement sur mes épaules et je fus prise d'une envie soudaine de me lever et de quitter la pièce en courant, courir loin, fuir. Je pensais que c'était ce poids sur mes épaules qui me permis de rester clouer ce canapé pendant que Maugrey promenait son regard sombre sur nous. Seul Fred eut un sourire impatient.
-Parfait. On commence quand ?
Maugrey planta son œil mécanique sur lui. J'avais tant l'impression d'avoir devant moi mon ancien professeur de Défense contre les Forces du Mal ... C'était déroutant de se dire que ce n'était pas la même personne.
-Tu crois vraiment que je vais envoyer des blancs-becs comme vous en mission ? Vous venez de sortir de l'école, vous sentez encore la bienveillance et la naïveté à plein nez.
-Mais vous avez bien envoyé Bennett ...
Je vis Simon grimacer du coin de l'œil.
-Bennett était une exception, cingla Maugrey avec impatience. Cracovie était une occasion qu'on ne pouvait pas laisser passer. Et ce n'était pas une mission dangereuse.
-Pas une mission dangereuse ? répéta Simon, dubitatif.
J'étais trop loin pour lui écraser le pied, mais Renata se chargea pour moi de couler sur lui un regard qui le réduisit au silence. Je me doutais pertinemment que nous aurions des adversaires bien plus redoutable que Kamila. L'œil valide de Maugrey se tourna vers Simon pendant que l'autre surveillait toujours Fred.
-Ils étaient deux contre une et c'était une gamine. Crois-moi, petit Bones, quand tu retrouveras seul face à cinq Mangemorts comme les Prewett tu repenseras à ta phrase et tu réaliseras à quel point tu étais con. Moi qui pensais que tu étais peut-être le moins naïf de tous ...
Ce fut comme si un Détraqueur était entré dans la pièce. Simon devint livide face à ce rappel en touffe et sans délicatesse de son passé, mais la réplique heurta aussi Fred et George qui blêmirent sous leurs tâches de rousseur. Je jetais un regard interrogatif à George dont le regard brun était grave pour la première fois de sa vie. L'air satisfait de son effet, Maugrey poussa un grognement et se redressa. Sa jambe de bois claqua sinistrement sur le sol.
-Vous voyez, vous êtes encore naïfs. Vous ne savez pas ce qui vous attend. A dire vrai, je ne saurais pas mettre des mots sur ce qui vous attend. Jamais vous ne serez prêts, jamais ne vous pourriez imaginer ... Chaque expérience est différente. Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui est un nouveau départ pour vous. Vos vies vont changer. Vous allez changer. Vous allez changer parce que vous allez vivre des choses, entendre des choses, voir les choses. Vous allez sacrifier des choses – peut-être même votre vie. Peut-être que ce sera en vain, par ailleurs. Peut-être que vous parviendrons pas à changer les choses, peut-être que notre action est une goutte d'eau sur ce qui se joue en ce moment, peut-être que Voldemort vaincra et que nous échouerons.
Il marqua une pause, laissant les mots s'imprégner en nous et alourdir la pression qui s'était abattue sur nous dès l'entrée dans la pièce. La lueur du soleil couchant éclairait les terribles cicatrices sur son visage et assombrissait davantage son œil valide.
-Pourtant, cette goutte d'eau peut avoir son importance. Une action, un homme, une femme, une décision peut peser dans la balance et faire la différence. Ça peut être nous, ça peut être le Ministère, ça peut être quelqu'un de cette immense masse de sorcier qui pense ne jouer aucun rôle, mais en joue un quand même. Pour autant, nous ne serons pas les héros. Nous serons les travailleurs de l'ombre, ceux dont le grand public ne connaîtra pas l'existence. Les Mangemorts nous traqueront ; le Ministère ne veut pas de nous et tentera de nous écarter. Peut-être même que certains d'entre vous iront faire un séjour à Azkaban – cela dit ça doit être plus agréable depuis que les Détraqueurs l'ont déserté. Vous prendrez des risques inconsidérés, perdrez des parties de vous-mêmes, mentales comme physiques, parfois des proches et vous serez blâmé. Vous serez au fond du trou et pourtant il faudra reprendre la baguette, passer une nuit de surveillance, faire de la représentation en souriant à tout le monde ou se battre. Il va falloir puiser en des ressources que vous ne pensez pas avoir en vous. Peut-être même pour certains que vous n'avez pas ses ressources.
-Ça suffit.
La voix sèche émanait de Renata et fit même sursauter George qui semblait plongé dans le discours de Maugrey. Nous lui adressâmes un regard surpris. Ses prunelles sombres flamboyaient dans la lueur du couchant malgré ses traits qui restaient figé en un masque impassible.
-On sait très bien pourquoi on a tous signé. On a tous mûri notre décision, le professeur Dumbledore s'est chargé de faire votre beau discours. Nous avons tous ici des raisons de nous battre et des ressources pour le faire. Maintenant peut-on passer au plus concret ou devons-nous supporter ce discours apocalyptique destiné à détruire tout espoir en nous ?
Maugrey ne souriait pas, pourtant il me sembla percevoir un vague éclat amusé au fond de son regard.
-Je ne veux pas détruire l'espoir. Je ne veux pas qu'il vous guide et vous consume. J'ai connu des personnes très bien, optimistes, la flamme dans le regard et les capacités pour changer les choses. Je les appelle les Icare. A l'approche du soleil, ils explosent en plein vol, ils se détruisent. Soyez lucide, gardez la flamme, mais contrôlez-la. L'espoir incontrôlé, c'est dangereux. Aussi dangereux que de pas en avoir.
Son regard mécanique passa brièvement sur George et moi sans que je ne sache sur lequel de nous il s'attarda avant de se planter sur Renata, toujours d'une remarquable impassibilité. Le coin de ses lèvres s'éleva en un rictus.
-Mais c'est une leçon que vous apprendrez à la dure, comme toutes les leçons les plus importantes de la vie. Moi, je ne peux rien pour ça. En revanche, je peux faire mon possible pour vous préparer au maximum. Comme je l'ai dit, vous êtes encore des bleus, des gamins à peine formés. Même si je sais que l'imposteur vous as entrainer à la magie martiale, je doute qu'il ait été assez stupide pour faire de vous de bons duellistes. Or, même si les missions martiales sont sommes toutes les moins nombreuses qui vous serons assignées, vous devez être capable de soutenir un duel – un duel contre des hommes qui ne respecterons aucunes règles. Vous devez aussi avoir des connaissances accrues en Défense contre les Forces du Mal – et là-dessus, votre formation est incomplète à cause de Dolores Ombrage – et aussi avoir des notions de dissimulation et de discrétion ...
-En claire, l'interrompit Simon, vous proposez une formation accélérée et succincte d'Auror ?
-Alors là, on n'ira pas en mission avant l'année prochaine, marmonna Fred en croisant les bras sur sa poitrine.
-En fait, je visais octobre, précisa Maugrey avec un petit sourire. Ça vous laisse deux mois d'entrainements intensif pour être prêt à vous défendre seul. Evidemment, le feu vert se donnera au cas par cas en fonction aussi de votre état psychologique. Il est hors de question que vous nous fassiez foirer un plan à cause de vos états d'âmes.
Il ne cita aucun nom et ne fixa personne, mais presque tous les regards de la pièce glissèrent ostensiblement sur Simon. Celui-ci avait porté une main à sa tempe et la vrilla, l'air de se cacher à l'intention des autres. Personne n'ignorait qu'à l'évasion de Robert Jugson, il s'était totalement écroulé. Je toussai pour faire passer le bouchon qui me cintrait la gorge et l'attention de la pièce se concentra alors sur moi.
-Et ces entrainements, c'est vous qui nous les donnerez ?
-Moi ? eut l'air de m'amuser Maugrey. Oh, non. Vous n'avez pas eu l'occasion de le voir, mais j'aurais été un professeur détestable. J'ai toujours détesté la formation. Cassiopée Bones disait de moi que j'étais pire instructeur que mondain. C'est dire.
Simon pâlit encore d'une teinte et je considérais Maugrey les yeux plissés. Il avait été le mentor de la mère de Simon et je pouvais m'empêcher de songer que ces rappels inconstants étaient un moyen de le tester face à la pression. C'était presque mesquin.
-Qui alors ? s'enquit George, perplexe.
-Je pense que le voilà, évalua Maugrey en penchant la tête, l'air à l'écoute.
En effet, des grincements sonores émanaient du vieil escalier qui menait au salon des jumeaux. Immédiatement, Simon, Renata et Fred tirèrent leurs baguettes et Maugrey eut un hochement de tête approbateur. Quelques coups espacés furent toqués à la porte, comme un code, et l'ancien Auror rengaina sa baguette.
-C'est bon, c'est lui. Tu peux entrer !
-Tu ne vérifies même pas mon identité ? Tu te ramollis, Fol Œil.
Le sourire de l'homme qui ouvrit la porte acheva de faire fondre la boule d'appréhension qui chauffait dans ma gorge. Des mèches grises avaient envahi sa chevelure et les cernes assombrissaient considérablement son regard ambré, mais la bienveillance dans sa posture restait la même. Il nous ouvrit les bras.
-Ah, chers élèves, nous salua Remus Lupin avec chaleur. C'est comme si nous étions de retour à Poudlard, pas vrai ?
J'avoue, j'ai moi-même eu un immense sourire en écrivant cette dernière phrase.
Petit point Quidditch à présent ! Déjà un immense merci à l'hydre (que je ne présente plus) pour le brainstorming sur le nom des stades et l'organisation du Quidditch ! La plupart des informations viennent du Quidditch à travers les âges (Roderick Plumpton, le nom de "La lande de Bodmin", par exemple). Pour le reste (organisations des équipes, rythme des matchs, équipement) j'ai dû inventé et j'avoue m'être inspiré des fonctionnements des sports moldus. Du coup ça en fait un chapitre un peu technique, j'espère qu'il vous aura plu quand même et dans deux semaines !
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