III - Chapitre 27 : Mais ne doute jamais de mon amour
Hello again my darlings !
(Oui je craque mais vous me connaissez, je suis faible et je n'ai aucune volonté)
Pour ceux qui l'ignorent, j'ai fini de poster Les fantômes des oubliés - à savoir, la réécriture de Lucy. N'oubliez pas le petit bilan et pour ceux qui ça intéresse une nouvelle FAQ est ouverte à la fin (et j'ai besoin de matière ahah) <3
MAINTENANT suite et fin du "Quatuor du Simoria". Mais oui mais oui, un jour il va bien falloir que ça se termine ... Croyez-moi, j'étais aussi triste que vous. J'ai fini ce chapitre un peu décontenancée en me disant "et qu'est-ce que je vais faire maintenant?"
Bon, finalement j'ai trouvé quoi faire (et j'ai par ailleurs repris dix chapitres d'avance, je suis HEUREUSE). Concernant ce chapitre, c'est peut-être celui sur lequel j'ai le moins de certitude mais j'espère qu'il vous plaira tout de même ! Bonne lecture, profitez bien et on se retrouve en bas :-*
(Et pour ceux qui s'inquiétaient pour moi il y a deux semaines : vous êtes trop mignons et vos commentaires m'ont remonté le moral ! Ce n'était pas grave, j'avais juste passé une journée déprimante et frustrante mais ne vous en faites pas tout va bien pour moi <3)
***
C'est que l'amour est comme un arbre, il pousse lui-même, jette profondément ses racines dans notre être, et continue souvent de verdoyer sur un cœur en ruine. Et ce qu'il y a d'inexplicable, c'est que plus cette passion est aveugle, plus elle est tenace. Elle n'est jamais plus solide que lorsqu'elle n'a pas de raison en elle.
- Victor Hugo
Notre-Dame de Paris
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Chapitre 27 : « ...Mais ne doute jamais de mon amour ».
-Ensuite ?
Je ne lâchai pas Simon du regard, toujours à reculons sur la pente descendante de la colline mais il semblait rassembler ses pensées à quelques mètres de moi, les mains dans les poches de son sweat, la tête basculée vers l'arrière. J'avais presque l'impression de voir les pensées se bousculer dans ses iris vertes et cela se répercutait sur son langage corporel : ses épaules étaient crispées, les traits de son visage tendus.
-Non, pourquoi plutôt, rectifiai-je finalement pour le forcer à parler. Qu'est-ce que tu faisais dans ce couloir ?
Simon pinça des lèvres et riva le regard devant lui. Nous descendions la colline sur laquelle était perchée Terre-en-Landes et seul le ruban de la Rikker river de laquelle découlait le ruisseau tranchait avec les champs. Les pavés devinrent glissants et je dis me résoudre à reprendre une marche normale – et une attitude moins frontale. Il déploya ses bras pour ne pas perdre l'équilibre.
-Alors non, je ne t'espionnais pas, insista-t-il. Emily avait oublié un livre et m'a envoyé ... C'était un hasard total. Mais du coup oui, je suis tombé sur vous...
-Et ...
-Et ... Ce n'était pas agréable, avoua-t-il du bout des lèvres. Je ne pensais pas. Jusque là, l'idée m'amusait. Ça te mettait si mal à l'aise, c'était si facile de t'embêter avec ça ... Je te jure que si tu me frappes j'arrête de parler, me prévint-t-il alors que je levais une main, entre amusement et agacement.
-D'accord, pardon ...
La vérité, c'était que les premiers mots de Simon avaient dénoué le nœud qui s'était fait dans mon estomac et je me surpris à sourire – pas trop pour ne pas être embarrassée, assez pour démontrer ma joie. Plus que ce qu'il racontait, c'était le simple fait de le voir se livrer qui me rendait extatique. C'était à moitié arraché, certes, mais ça venait de lui. Je le sentis me jeter un regard circonspect avant de reprendre lentement :
-Bref. Tout ça pour dire qu'avant de vous surprendre, je me fichais que tu en pinces pour Miles. Mais je ne sais pas ... La réalité était complétement différente. Je vous ai vu vous embrasser et ... je me suis rendu compte que je n'aimais pas ça. Du tout.
C'était indécent de sourire à un tel aveu, aussi laissai-je Simon prendre de l'avance pour qu'il ne le voie pas, qu'il ait l'impression de plus se dévoiler aux champs qu'à moi. Qu'il se libère de ma présence.
-Je te jure, je ne comprenais pas pourquoi. Tu parlais de cerveau en ébullition hier ? C'était exactement ça, pendant quelques jours. Ça n'a rien à voir avec Miles : au fond, je l'appréciais et je savais qu'il prendrait soin de toi ...
-C'était important ?
Simon tourna le visage pour darder sur moi un regard à la fois interdit et exaspéré.
-Vicky, je te rappelle un peu ton palmarès en sixième année ? Le 5 Novembre, la Chambre des Secret, Selwyn qui te casse le nez, les messages ... ? Evidemment que ça importait : ton petit-ami était la personne qui garderait un œil sur toi quand je ne serais pas là.
Il repoussa impatiemment une mèche qui lui tombait dans les yeux et riva de nouveau son regard devant lui. Il semblait parcouru d'énergie nerveuse, comme si les troubles de l'époque s'éprenaient de nouveau de lui. Je fixai sa nuque, bouche bée. Je ne m'étais pas rendue compte d'à quel points mes mésaventures avaient pesé sur Simon, sur sa perception de notre relation. J'étais passée de son ennemie d'enfance à la petite sorcière qu'il fallait protéger ... Même au moment où la seule personne dont je songeais à me protéger, c'était lui. Même là, nous avions été en décalage. Je n'avais senti ma perception de Simon changer qu'en fin de sixième année et je l'avais conclu à Cédric de la façon suivante : j'avais besoin de lui. Il faisait parti de mon équilibre. Ça n'empêchait pas que j'avais envie de lui arracher les yeux chaque jour que Dieu faisait. Simon avait mûri bien plus vite.
Encore sonnée par cette réflexion, j'avais ralenti le pas et Simon avait pris quelques mètres d'avance. Sa voix emportée par le vent me parvenait de façon presque atténuée, voilée, mystique.
-Tout ça pour dire que ce n'était pas Miles qui me dérangeait. C'était ... je ne sais pas, Miles et toi, toi et Miles. Quelque chose ne collait pas, ça me rendait presque en colère. Je te jure les images tournaient en boucle dans mon esprit. J'essayais de me dire que je m'inquiétais juste pour toi, qu'Alex m'avait demandé de veiller sur toi, que même là tu allais réussir à te mettre dans une situation impossible ... Et le pire c'est que pendant quelques semaines j'ai cru à mes conneries !
-C'est pour ça que tu ne m'as jamais parlé, réalisai-je, soufflée. Je t'avais vu, je t'avais reconnu, j'étais presque certaine que c'était toi ... Comme tu ne m'en as pas parlé, je ne t'en ai pas parlé non plus. Je ne voulais pas que tu te moques, tiens ...
Simon laissa échapper un petit rire et étira ses bras vers l'arrière.
-Non, je voulais à tout prix éviter la confrontation. J'avais peur de me mettre en colère et que tu ne comprennes pas. Ou que tu me cries dessus parce que je vous avais surpris ... Ou pire, que tu sentes que j'étais troublé.
-En fait, si mes souvenirs sont bons, j'avais prévu de brûler ton corps à l'acide et d'enterrer tes restes dans la forêt interdite.
Cette fois j'en fus quitte pour un coup d'épaule qui m'arracha un glapissement et je quittai le chemin de pavé pour marcher dans la terre impeccablement creusée des champs. Simon ne daigna pas m'aider à sortir de ce bourbier et poursuivit dès que j'eus atteint sa hauteur :
-Bref. J'ai essayé de faire le mort quelques jours, de te parler le moins possible – et ce n'était pas difficile, Cédric approchait de sa dernière tâche ...
-Ah, compris-je avec une grimace.
J'avais oublié que j'aurais à faire au fantôme de mon meilleur ami dans cette histoire. Que ce que me racontait Simon venait d'un monde où il était encore vivant, que son sourire n'était pas qu'un souvenir et que son éclat de rire ne s'était pas encore fondu dans la brume de l'oubli. Mon cœur se serra affreusement quand Simon leva longuement les yeux au ciel, mouvement universel pour s'adresser aux défunts. Sa bouche s'était pincée en une mince ligne.
-C'était lui, Vicky, murmura-t-il en un souffle. C'est lui qui m'a ouvert les yeux. Après que tu aies failli te faire arracher le bras par la potion ... ça nous a tous sonné et en plus de ça il s'est emporté contre Miles pendant que Chourave te parlait ... Puis elle m'a convoqué moi et quand je suis revenu à la salle commune tout le monde était parti manger mais moi je suis resté dans ma chambre. Cédric y était. Par les chaussettes de Merlin, je crois que je ne l'ai jamais vu si furieux ...
Ma gorge se noua et je resserrais mes bras sur mon ventre où une douleur sourde venait d'apparaître. Je ne m'étais vraiment pas attendue à voir Cédric surgir dans cette conversation mais c'était d'une logique implacable. Avant d'être mon meilleur ami, ça avait été celui de Simon. Son égal. Presque son frère.
-Qu'est-ce qu'il a dit ? m'enquis-je à mi-voix.
Simon quitta enfin les yeux du regard et ses paupières papillonnèrent rapidement, comme pour chasser les larmes. Merlin quelle douleur ça avait été de le perdre pour lui... Je pensais n'avoir jamais réalisé jusque maintenant. Maintenant qu'il se dévoilait dans son entièreté.
-Que j'étais stupide, entonna-t-il avec ricanement de dépit. Qu'il voyait bien depuis quelques mois que j'étais plus attaché à toi que je ne l'avouais. Que je ne veillais pas sur toi parce qu'on me l'avait demandé mais parce qu'au fond je t'aimais. Que ce n'était pas avec Miles que tu devais être mais avec moi.
Mes lèvres s'entrouvrir face à la stupéfaction qui déferlait en moi. Cédric, le grand arbitre de tous nos conflits, Cédric qui nous avait forcé à cohabiter à Poudlard ... Cédric le visionnaire. Seigneur il n'y avait que lui qui avait pu discerner cela à ce moment-là de notre vie ... Simon me le confirma en poursuivant :
-Même lui, je ne voulais pas le croire. Même quand il me l'a crié à la face, je ne voulais pas l'écouter. J'ai une certaine expérience dans le déni, c'est là que ça m'a sauté aux yeux. Parce qu'au final tous ses mots, toutes ses conclusions, elles ne faisaient que faire écho à ce que je ressentais vraiment. Je n'étais juste pas prêt à le voir. (Il passa sa paume sur son front et pressa un point entre ses sourcils, les yeux clos). Il m'a juste dit ... qu'il espérait que je ne le regretterais pas. Et depuis la seule chose que je regrette, c'est de ne pas lui avoir dit qu'il avait raison.
-Oh Simon ...
Je franchis le mètre qui nous séparait, l'espace que je lui avais accordé pour qu'il se sente libre mais cette voix enrouée en fin de phrase avait eu raison de ma résolution. Je passai machinalement une main derrière son dos, juste pour lui assurer que j'étais là et que quoiqu'il arrive je le soutenais. Il laissa échapper un rire étranglé devant mon geste.
-Ne t'en fais pas, ça va ... C'est juste ... Whao, ça fait une éternité que c'était resté bloqué ...
-Tu n'en as jamais parlé à personne ? dis-je en caressant doucement son dos.
-Ça, non ...
-Oh, oh ! (Je crispai une main sur son côté et il grimaça). Comment ça « ça » ? ça veut dire ...
-Pss ! Une chose à la fois, la crevette !
-Crevette toi-même !
Simon éclata de rire face à la réplique rageuse, spontanée et familière et enroula dans l'élan un pas autour de mes épaules. Je me retrouverais à moitié pressé contre lui, un bras passé derrière son dos et sentis mes joues prendre une teinte rosée quand son souffle se répandit dans mes cheveux et effleura ma joue. Nous continuions pourtant de marcher, la brise fraiche de février de souffler et Simon semblait grelotter dans son sweat et pourtant chaque geste de lui mettait le feu à mon âme.
-Donc, repris-je pour reprendre le contrôle de mes pensées. Ensuite ?
-Ensuite ... il y a eu le labyrinthe.
-Oh Seigneur, lâchai-je en me frappant le front du plat de la main. Tu te souviens, une fois tu as dit que toutes les étapes de notre vie étaient malheureuses ? Bien en voilà la preuve concrète !
-J'ai osé dire ça ? douta Simon avec l'ombre d'un sourire.
-Je t'assure. Donc. Le labyrinthe ?
Le léger sourire se fana sur les lèvres de Simon et j'eus l'impression de lire quelque part dans ses traits les traces d'un deuil qu'il portait toujours un peu. Je caressai le côté que ma main atteignait pour lui donner de la force et en retour ses doigts se serrèrent sur mon épaule.
-Ça a complétement rebattu les cartes ... C'était ... c'était horrible. J'avais besoin de toi, j'avais besoin de ton soutien, que tu me dises que tout irait bien ... Je t'avais toujours traité de Sainte, j'avais toujours détesté ce côté angélique toute mignonne qui faisait de moi systématiquement le méchant dans notre affaire ... Et c'est là que j'ai compris à quel point il était précieux, ce côté de toi. A quel point j'y étais malgré tout attaché, accroché même, à quel point tu m'impressionnais à porter les autres avant de porter de toi. Par Merlin, Vicky ... Je ne te l'ai vraiment jamais dit, mais j'avais tellement besoin que tu me portes ce jour-là ...
J'aurais voulu répondre quelque chose à ça. Que c'était réciproque et que je n'avais jamais eu autant besoin de Simon qu'en cet instant, que ce jour-là toute la haine que j'avais cru un jour lui vouer s'était effrité comme de la peinture écaillée. Que j'avais eu conscience de cela et que j'avais fait de mon mieux pour jouer mon rôle de pilier. Mais tout était resté bloqué au fond de ma gorge : je craignais de fondre en larme si jamais je laissais échapper ne serait-ce qu'une syllabe. Alors une boule chauffée à blanc dans la gorge, j'écoutais la suite :
-Mais le problème, c'était ce qui s'était passé. Miles, Cédric. J'étais complétement perdu. Je ne voulais pas penser à toi comme ça, que tu deviennes une source de maux et de troubles alors j'ai ... expédié le problème.
-Tu m'as poussé vers Miles, me souvins-je et le baiser dont il m'avait gratifié me brûla la tempe. Tant que j'étais avec Miles, tu n'avais pas à te demander ce que tu ressentais pour moi ...
Le sourire dépité de Simon m'indiqua que j'avais visé juste. Et ce qu'il signifiait surtout, c'était que cela avait été un cuisant échec et je fis le lien avec ce qu'il m'avait avoué hier pendant qu'il mangeait ses sandwichs. Je tentai de réprimer mon rire mais un bref éclat franchi mes lèvres et Simon me jeta un regard outré.
-C'est pour ça que tu espérais que ça finisse plus vite que ça, songeai-je en tentant de reprendre mon sérieux. Entre Miles et moi. Parce que ta méthode n'a pas été un franc succès ...
-Alors sache que ça a marché le temps de l'été ! protesta-t-il. Loin des yeux, loin du cœur alors heureusement que j'étais en France ... Je me suis dit que j'avais juste eu un moment de panique, de trouble et que je n'étais juste pas habitué à te voir avec un autre gars ... Je pense que je commençais à comprendre le poids que tu avais dans ma vie et que j'avais un peu peur de devoir te partager, aussi. C'était égoïste mais je n'ai jamais brillé par mon altruisme ...
-Qu'est-ce qui t'a fait comprendre, alors ?
Mon impatience fit sourire Simon. Je tentai de tout faire pour la réprimer mais tout finissait par me troubler et je devenais nerveuse. Quelque part, je me sentais coupable de n'avoir rien vu, rien vu des questionnements de Simon, qu'il ait tout porté seul, tout intériorisé. Maintenant que j'avais l'idée d'ensemble, je me sentis indigne. Indigne de lui, indigne de nous. Si Cédric avait pu le voir, pourquoi y avais-je été aveugle ? Moi qui étais censé tout savoir, même ce qu'il me cachait ? Moi qui savais lire chacune de ses expressions, chacun de ses gestes ? Et je n'avais pas vu ça ?
Non, je ne voulais pas qu'il me rappelle encore à quel point j'avais échoué dans mon rôle. Et ce que Simon ajouta par la suite me donna envie de rentrer sous terre :
-Je ne sais pas réellement. Ça s'est fait progressivement, je suppose ... Quand je me suis rendu compte que ça m'agaçait que tu ne quittes pas Miles malgré son manque de soutien, quand je me suis rendue compte que je cherchais plus ta présence que celle d'Emily, quand je t'ai vu pleurer après que tu sois revenue de chez ton grand-père ... Je me souviens juste avoir compris qu'il fallait que j'arrête de faire l'autruche ... Il y a un an, tiens. Aux Trois Balais. Pendant qu'on parlait avec Selwyn et Melania ...
Je ne veux pas que tu meures, Vicky. J'avais eu raison : c'était trop intense. Simon s'en était rendu compte, mais le trouble lui avait laissé échapper ces maques de l'anormalité de ses sentiments. Au pire moment, en pleine tourmente : qui souhaitait s'appesantir sur des sentiments amoureux quand le meurtrier de sa famille s'était échappé ? La mâchoire de Simon s'était contractée et malgré mon émotion j'orientais ses confidences vers une pente plus douce :
-Quand j'ai dormi avec toi ?
Ses joues prirent une teinte rosée mais il inclina la tête pour m'accorder ce point.
-J'avoue ... que ça ne m'a pas laissé indifférent. Que tu sois capable de prendre soin de moi comme ça ... ça m'a touché. Beaucoup trop pour être net.
-Est-ce que tu t'es fait « Oh, oh », dans ta tête ? tentai-je de plaisanter.
Simon éclata de rire en rejetant sa tête en arrière et rien que ce son détendit mes muscles et m'arracha un sourire absurde. Son bras glissa de mes épaules et il s'écarta. Je m'efforçai de masquer ma déception de me retrouver ainsi privée de sa chaleur quand je me rendis compte qu'il cherchait juste ma main et il noua mes doigts aux siens dans un geste fluide, sans accroc. Il contempla nos mains, un sourire incrédule aux lèvres et qui se teinta d'amusement quand ses yeux se posait de nouveau sur moi.
-Pourquoi ? A un moment tu t'es fait « Oh, oh », dans ta tête ?
-Sous le perron, avouai-je en piquant un fard. Hum ... Quand tu m'as offert la machine à écrire. C'était ... vraiment un très beau cadeau ...
-Bon sang !
Le juron me surprit par sa véhémence et je considérai Simon avec surprise. Il semblait moitié satisfait, moitié agacé face à ma révélation et son visage s'était un peu plus coloré.
-J'ai ... Bon sang, si j'avais su ... Je ne pensais pas ... J'ai remarqué tu étais touchée mais pas à ce point ...
Il se passa une main sur sa nuque quand il capta mon regard interrogateur et se détourna pour ajouter d'un ton perplexe, presque déboussolé :
-C'est ... c'est peut-être le seul moment où j'ai senti ... Que peut-être ...
Il secoua la tête et sa main se relâcha dans la mienne : il plia et replia les doigts sur les miens, comme s'il avait des fourmillements. La nervosité montait en lui et je lui jetai un regard inquiet. Je passai le pouce sur le dos de sa main dans un geste que j'espérais apaisant.
-Pourquoi tu n'as pas osé ? le poussai-je doucement en comprenant que c'était de ça qu'il s'agissait. Simon, ça fait ... huit mois que je ne suis plus avec Miles et ça fait presque deux ans que tu cogites sur tout ça ... Pourquoi il a fallu que tu te sentes piégé pour m'en parler ?
Au soupir que poussa Simon, je compris que j'avais posé la question, plus épineuse que tout le reste. Celle devant laquelle il aurait le plus de mal à se justifier. Nous avions atteint un point où la pente de la colline s'était tassée et où les pavés laissaient place à des sentiers indistincts formés au grès des pas des différents passants, agriculteurs ou vagabonds comme nous, avaient tassés. Le gèle rendait la terre dure mais avait figé les marques de boue qui rendaient le sol irrégulier. Je trébuchai sur une pierre saillante et Simon me retint in extremis par la taille.
-Ouh la, on ferait mieux de retourner sur les pavés, proposa-t-il en levant le regard vers les bâtisses qui parsemaient la colline.
-Bonne idée, marmonnai-je, désorientée. Je pense que tu auras besoin au moins du trajet retour pour répondre à ma question ...
-Non, en fait c'est très simple.
-Ah bon ?
Simon parut s'amuser de mon ton interdit et attendit d'être revenu sur le sol plus stable des pavés pour reprendre :
-Bien ... Réfléchis Vic'. Si j'analyse bien ce que tu m'as dit, tu réfléchis depuis quelques semaines. Avec un début de certitude à noël donc ? Et un brin de panique quand j'ai parlé d'Adrianne ...
-En parlant de ça ... Oh espèce de saloperie vicieuse et fourbe, rageai-je quand son sourire s'agrandit. Mais espèce d'enfoiré, tu voulais me tester !
J'arrachai ma main de la sienne et bourrai son épaule de coup de poings sous ses éclats de rire. Je n'étais pas particulièrement virulente malgré les joues rouges de honte et de colère quand je songeais à tous ce qu'Adrianne avait pu provoquer en moi mais il ne cherchait pas à se dérober non plus. Le seul coup un peu plus fort fut quand j'assénai avec aigreur :
-J'aurais dû m'en douter dès qu'Emily l'a dit ! A quel moment tu aurais accepté de lui dire ça sans espérer qu'elle m'en parle ! Tu es sûr que le Choixpeau n'a pas hésité avec Serpentard ?
-Juste un petit peu au début, répondit-t-il avec un grand sourire, l'air assez fier de lui. Oui, je savais que c'était une possibilité pour qu'Emily t'en parle, mais non ce n'était pas le but. Elle est juste beaucoup trop douée pour m'extorquer des informations. Par contre ...
Ses doigts s'agitèrent compulsivement sur les miens et j'emprisonnai son index entre deux des miens pour l'écraser et lui arracher une grimace.
-J'ai vu comment tu as réagi quand Octavia en a parlé. Ce n'était pas forcément significatif mais c'était loin d'être une réaction naturelle pour toi. Pas de moquerie, pas de harcèlement ... Juste une fuite, une bonne fuite Victorienne comme je n'en ai plus vu depuis une éternité. Pas grand-chose mais comme l'avait dit Octavia ... Un verre, ça ne coûtait rien. Je savais que ça ne déboucherait sur rien. Mais ça m'en dirait beaucoup plus sur toi que sur moi.
-Et tu es venu me voir le soir-même pour vérifier que ton plan avant bien l'effet escompté, conclus-je avec une certaine amertume. Et c'est moi qui t'aie piégé ?
-Hé ! J'ai fait ça sans y croire, réellement ! Je voulais juste ... Bon sang Vicky ... Je te l'ai dit hier soir, je ne sais pas du tout quoi attendre de nous, où est-ce que ça va déboucher, ce dont j'ai réellement envie ... C'est aussi pour ça que je ne t'ai pas parlé après ta rupture avec Miles : très honnêtement, je n'y voyais pas plus clair que quand Cédric m'a parlé. Oui j'ai compris que je détestais le fait que tu sois avec Miles, un petit peu parce que j'enviais sa place. Mais ce que j'ai surtout compris, c'est que la mienne était largement préférable sur bien des points. Oui, j'ai compris que ... (Il leva les yeux au ciel et ses doigts se crispèrent sur les miens) que je t'aimais. Mais ...
Mais. Le gouffre – ou la boite de Pandore selon l'expression qu'avait utilisé Simon. On avait ouvert un espace dans lequel les possibilités étaient infinies, s'élevaient les unes les autres pour nous embrouiller, nous déstabiliser. Et Simon commença avec la plus angoissante d'entre elle :
-J'ai déjà été en couple et je ne peux pas dire que l'expérience m'ait plu. Alors loin l'idée de comparer à Octavia, vous n'avez rien à voir et ... ce que je ressens n'a vraiment strictement rien à voir. Octavia, c'était pour voir. Toi ...
Sa voix s'étrangla, comme si les mots étaient trop gros, trop brûlants et étaient incapable de s'échapper de sa gorge.
-C'est là depuis l'enfance, complétai-je dans un murmure. Et ça grandit. Un peu plus chaque jour. Je sais.
Simon me contempla longuement, sans l'ombre d'un sourire. Juste un long regard, sans artifices et je pus facilement y lire l'angoisse que la perspective lui inspirait mais aussi le soulagement à l'idée que mes réflexions semblaient s'être faites en mémoire des siennes. De nouveau, je sentis se tendre ce lien à travers ce regard, ce fil qui s'était tissé dès la première fois que nous nous étions croisés et qui n'en finissaient plus de se renforcer. Il avait été noué ses dernières semaines, réduits à un amas de fibre indistinctes mais de nouveau il nous unissait, simple, solide, linéaire. Aujourd'hui au milieu de la campagne du Gloucestershire, rien ne semblait compter plus que ce fil. L'éteinte de nos doigts s'était détendue et nous n'étions plus liés que par le frôlement de nos index mais cela suffisait à tout matérialiser. Le regard de Simon passa de moi à nos mains et un petit sourire ourla ses lèvres.
-Evidemment que tu sais ...
Il décocheta son index du mien et récupéra sa main pour la plonger dans sa poche de sweat. Je fis de même, déçue malgré moi mais Simon paraissait préoccupé. Et surtout, il semblait avoir froid : il rentra sa tête dans ses épaules avec un frisson. Dans sa précipitation de semer Caroline, il avait sans doute oublié de prendre un manteau. Il fit quelques pas qui l'éloignèrent de moi et pour éviter de sentir le vide que cela occasionnait je sautais sur un muret de pierre qui longeait la départementale que nous venions d'atteindre. J'étais si concentrée sur mon équilibre que je n'angoissais pas quand Simon entonna :
-Ecoute, Vicky ... Je ne mentirais pas : si j'ai tenté d'enfouir que je ressentais ...
-C'est que tu en avais peur, achevai-je d'un ton neutre. Et que tu as une capacité certaine pour le déni, j'ai compris ...
Il leva les yeux au ciel, sans toutefois nier mes dires. Il avait toujours été un grand sceptique des sentiments : je me souvenais encore d'un débat avec Cédric sur le fait qu'il considérait qu'à notre âge, on ignorait totalement ce qu'était l'amour. J'imaginais parfaitement que ça avait dû le déstabiliser de réaliser qu'il en ressentait pour moi ... puis se rendre compte que c'était loin d'être éphémère. Il me lorgnait du coin de l'œil, comme s'il craignait que je trébuche et ne dévale du muret, mais j'avais le pied très sûr.
-Disons cela ... Un sentiment beaucoup trop absolu auxquels je ne croyais même pas et la perspective que la seule chose qui pouvait les assouvir c'était d'être en couple, à savoir une expérience que j'ai détesté ...
-Qui t'a parlé de couple ?
J'avais conscience de reprendre les mots exacts de Miles, mais ils m'étaient revenus à l'instant, quand mon cœur s'était serré au mot qui me déboussolait également. Encore une fois, je n'arrivais pas à mettre d'étiquette sur Simon : « petit-ami » restait impropre, restrictif. De plus, le couple revêtait un statut beaucoup trop officiel, beaucoup trop codifié, des codes qui ne s'appliquaient pas à Simon et moi, à notre relation, à nos tempéraments. J'avais plus apprécié la chose avec Miles que lui avec Octavia, certes. Mais c'était trop tôt. J'avais besoin de prendre mes marques, d'apaiser mon esprit, de comprendre qui m'arrivait. Je n'étais pas prête à ça.
Simon fronça les sourcils.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-On n'est pas obligé de mettre en couple, Simon. C'est vrai que c'est ce que nos ... sentiments appelleraient. La voie logique, ce que tout le monde ferait. Mais depuis quand on est comme tout le monde ?
Mon pied se tordit devant une pierre glissante et mes bras se déployèrent naturellement de chaque côté de moi pour maintenir mon équilibre. Ma position m'évitait à avoir à affronter la réaction de Simon et je compris ce qu'il avait cherché en s'éloignant un peu : un peu de paix pour avoir cette impression que seuls les champs et les fougères étaient témoins de nos mots. Ça me donna la force de renchérir :
-Tu n'aimes pas ça et je ne suis pas prête : on n'en a pas envie tous les deux. On peut ... peut-être juste faire un test ? Accepter ce qui vient de se passer sans vraiment mettre de mots dessus ? Prendre de nouvelles marques, de nouveaux automatisme ... Juste ... vivre ce qu'on a à vivre, sans se prendre la tête.
Simon ne répondit pas rien et se plongea dans un mutisme songeur, quelque part en dessous de moi. De ma position élevée, je commençais à apercevoir la maison des Bones, parmi les premières qu'on atteignait depuis la route car elle était à l'écart de lu village, l'une des plus basses sur la colline, puis plus haut la tour carrée de l'église Saint-Edward. Cette vision, plus les mots que Miles avait prononcé la dernière fois, finirent par injecter du plomb dans mes entrailles. « Vu vos deux tempéraments, Bones et toi vous avez une espérance de vie qui va se réduire à mesure que Tu-Sais-Qui prendra le pouvoir ».
Vivre. Vivre avant que le temps et la guerre ne nous réduisent à l'ombre et la poussière.
J'arrivais sur la fin du muret. Simon avait un peu d'avance sur moi et me tendit une main quand je me trouvais au bord du vide – d'une trentaine de centimètre, le vide. Je le gratifiai d'un petit sourire en saisissant sa main et sautai à terre avec aplomb. Je pensais que Simon allait retirer sa main mais il emprisonna la mienne et je lui jetai un regard interloqué. Un sourire incertain s'étirait sur ses lèvres.
-Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?
-Oui, répondis-je sur le ton de l'évidence. Simon, ça fait dix-huit ans qu'on se connait. Sur dix-huit, au moins seize où on ne faisait que s'insulter ou se taper dessus – même si c'était plus compliqué que ça. Ça fait deux ans qu'on est dans une sorte ... de mutation, on va dire. Une mutation qui nous amène ici. Ça me semble logique qu'on se laisse du temps pour continuer.
J'espérais qu'évoquer de la logique, de la rationalité, apaiserait Simon et son esprit pragmatique mais il souriait toujours d'un air indécis, sa main figée sur la mienne. Mon cœur tomba dans ma poitrine et je murmurai :
-Pourquoi ? Toi tu ne veux pas ?
Les yeux de Simon clignèrent et ses lèvres se pincèrent quelque peu.
-Non. Enfin, si je veux dire, ce que tu viens dire c'est ... Tu as complétement raison ... C'est juste ... Bon sang, je ne veux pas que tu fasses ça juste pour moi, parce que je suis « un handicapé des sentiments » et un peureux des relations, que tu finisses frustrée parce que ...
-Simon, le coupai-je en mettant une main sur son torse. Ce n'est pas pour toi que j'ai proposé ça, c'est pour moi aussi. J'ai besoin de temps.
Mes doigts trouvèrent le cordon de sa capuche et jouèrent machinalement avec. Il avait une taille parfaite pour m'embrasser sur le front, remarquai-je en rougissant, et pour la première fois je ne maudissais pas le fait qu'il ait grandi un peu. Ses lèvres m'étaient pour la première fois accessibles : je n'avais qu'à lever la tête ... me hisser à peine d'un centimètre ... Tirer sur le cordon pour l'attirer vers moi ... Je réfrénai ma frustration et poursuivis plutôt :
-C'est pour ça que je voulais te parler ... Parce que mon cerveau était au bord de l'implosion et qu'à cause de ça, j'avais perdu tous mes repères avec toi. Te toucher, pas te toucher, est-ce que cette phrase a une signification, est-ce que ce geste veut dire plus, ne dis pas ça on va penser des choses ... Je voulais mettre les choses à plat. Te faire prendre conscience que ... il ne pouvait y avoir que toi. Et que l'inverse était vrai.
-Quelle prétention, chuchota Simon avec un petit sourire.
-Quelle évidence, rétorquai-je avec aplomb. Tu ne peux pas te passer de moi, Bones. Je le savais. Je pensais juste ... Enfin, je ne pensais pas, mais alors vraiment pas, que tu avais réalisé toi aussi ...
-J'ai toujours été un peu plus perspicace que toi.
J'écarquillai les yeux, ahurie.
-C'est faux et tu le sais ! Tu as simplement eu conscience plus vite que tu pouvais me perdre !
Je ne savais pas d'où je tirais cette conclusion mais c'était une nouvelle preuve de mon intuition exceptionnelle, souvent louée par Simon et qui me rendait clairvoyante et douée dans les duels. Je sus que j'avais raison quand ses lèvres se tordirent de nouveau et cela provoqua un sourire effronté sur mon visage.
-Voilà. Toujours est-il que ... je n'ai jamais douté de tes sentiments, en réalité. Je savais que ce qu'on vivait c'était exceptionnel et que même toi tu devais le voir. Simplement, je ne pensais pas que de ton côté, ils avaient pris une coloration ... romantique.
-Aïe. Ça fait mal à entendre.
-Adorable, commentai-je d'un ton sec. Maintenant peux-tu cesser de faire le cynique et me dire si oui ou non tu approuves mon plan ?
Je repoussai une mèche qui me barrait le front d'un geste impatient. Avec la brise, beaucoup de boucles s'étaient échappées de ma queue-de-cheval et chatouillaient mes joues et mes lèvres. J'étais certaine que c'était ce que Simon suivait du regard, pour me contempler sans avoir l'air de le faire. Il se tut si longtemps que mon estomac avait commencé à se tordre jusqu'à ce qu'enfin Simon souffle :
-Oui. Oui, ça me va.
Un soupir de soulagement se coinça derrière mes dents et je serrai les lèvres pour ne pas le laisser échapper. J'étais soulagée, certes, mais pas encore rassurée. Je baissai le regard sur le cordon avec lequel je jouais depuis quelques minutes. Le dos de main était plaquée contre sa poitrine qui se soulevait et s'abaissait à un rythme lent et régulier.
-Du coup ?
-Du coup quoi ? s'étonna Simon.
-Du coup je peux t'embrasser ou pas ?
La poitrine de Simon se bloqua et son souffle se dérailla quelque peu. Je m'efforçai de garder un visage impassible et fis toujours couler le cordon entre mes doigts pour fixer mon esprit sur quelque chose qui n'était pas le silence de Simon. Je savais que l'intimité était l'une des choses qui le dérangeait dans la notion de couple. Octavia l'avait prouvé en se vantant d'enfin pouvoir avancer avec son petit-ami ... Ce qui signifiait qu'avancer avec Simon était laborieux – et là-dessus, je voulais bien la croire. Pourtant, je n'avais pas eu l'impression qu'il avait détesté l'expérience hier soir ... Mais plus les minutes s'égrainaient, plus je doutais.
-Ce n'est pas grave si c'est non, précisai-je à mi-voix. Je comprends ...
-Normalement, ce n'est pas quelque chose dont je suis fan, avoua Simon en haussant les épaules. Mais hier soir ...
Un sourire fier retroussa mes lèvres et j'arrachai mes yeux du cordon pour lui jeter un regard mutin. Quelques mèches blondes lui tombaient sur le front et tremblait devant la brise et ses yeux s'étaient perdus quelque part sur mon visage – pas très loin de mes lèvres. Hier soir, c'était lui qui avait comblé le centimètre qui nous avait séparé ...
-J'embrasse mieux qu'Octavia McLairds, c'est ça que tu veux me dire ?
-Tu fais un tas de chose infiniment mieux qu'Octavia McLairds, répliqua-t-il en plantant fermement son regard dans le mien. Et ce n'est pas forcément ce que je veux dire. J'ai deux ans de plus, ce n'était pas le même contexte ... Mais c'était mieux, beaucoup mieux que dans mon souvenir ...
-Alors pourquoi tu hésites ?
Les joues de Simon rougirent et je compris en étudiant cette teinte qu'avait pris sa peau, une teinte particulière, écarlate, qui revenait chaque fois que je lui demandais jusqu'où il avait été charnellement avec Octavia McLairds. Ce n'étaient pas les baisers, le problème : c'était la suite. La suite logique, qui allait là encore avec la notion de couple et d'étape que ça imposait. Etapes que j'avais toutes ou presque cochées avec Miles, et Simon devait le soupçonner. Nous n'étions pas égaux sur ce point-là et ça participait à son appréhension.
Je n'avais pas songé à cet aspect-là. A l'idée que je n'étais plus vierge et qu'à ce titre je pouvais me considérée comme expérimentée. En vérité, ce n'était pas du tout la sensation que j'avais. J'avais expérimenté, mais je n'étais pas expérimentée. Après la première fois, je ne m'étais pas sentie différente, plus sûre de moi. Je n'avais jamais été très sûre de ce que je faisais et ce serait toujours le cas maintenant. Surtout avec Simon. Je décrochai la main de mon cordon et écartai une mèche de son front. Il tressaillit à mon contact.
-Un baiser mais à tout prendre, qu'est-ce ? plaisantai-je doucement.
-C'est dans Cyrano, ça ? reconnut Simon avec les frémissements d'un sourire.
-Ouaip.
Je me hissai sur la pointe des pieds et embrassai brièvement sa joue. Une caresse, à peine une brûlure qui espérait le rassurer sur mes intentions. Puis je lui souris et repris ma marche en avant sur la départementale sans l'attendre, ma queue de cheval bondissant joyeusement dans mon dos. Inutile de brusquer les choses. On avait toute l'après-midi pour en discuter.
Simon nous força à prendre un autre chemin pour éviter d'avoir à passer devant chez lui. Caroline y était toujours selon lui et il voulait éviter d'avoir à faire à son œil inquisiteur. Nous avions pénétré dans le village et le regard des quelques passants nous força à nous taire, à éviter les mouvements suspects – surtout quand nous passâmes devant l'épicerie d'Elisabeth Fisher qui répétait aux clients tout ce qui se passait devant sa vitrine. Faute de mieux, nous retrouvâmes le terrain ombragé et abrité du vent du parc de jeu et je me laissai tomber sur la plaque tournante cassée avec un soupir. Frigorifiée, je lâchai mes cheveux pour qu'ils puissent couvrir mon visage et mon cou. Malheureusement, Simon n'avait pas la chance d'avoir une chevelure qui participait à la retenue de la chaleur corporel et le fit comprendre avec un violent frisson.
-Merlin ce qu'il fait froid ! souffla Simon en plongeant sa main dans sa poche.
Il en ressortit sa baguette qu'il porta à son visage et tapota doucement son menton de sa pointe, l'air songeur. Il fit un bref mouvement circulaire vers le haut. Je sentis comme une onde me parcourir et posai la main sur mon cœur, surprise.
-Hé mais qu'est-ce que tu fais ?
-Je teste quelque chose. J'ai oublié de prendre un manteau ... ça allait tant qu'on marchait mais là ... Attends ...
Il fit un geste plus large et cette fois l'atmosphère parut sensiblement changé, comme si l'air s'était réchauffé. Simon eut un grand sourire satisfait et passa sa baguette sur une ligne invisible devant ses yeux : je vis alors un voile apparaître, scintillant et transparent, autour de nous comme dôme puis disparaître face aux rayons du soleil. J'ouvris alors mon manteau, soudainement haletante : ce n'était pas qu'une impression, l'air s'était réchauffé. Et c'était visiblement le but de Simon.
-Un mirco-climat, expliqua-t-il face à mon air interrogatif. C'est quelque chose qu'on n'apprend pas à Poudlard, je suis en train de le faire à l'IRIS ... On n'arrive pas encore à le faire sur de grandes surfaces ou des airs déjà gorgée magiquement – Poudlard, typiquement. Mais sur l'espace du parc ... Je ne pensais quand même pas le réussir du premier coup !
-Pas si vite, monsieur le grand sorcier. Je vais vite te faire dégonfler le ballon de baudruche qui te sert de tête.
Les joues de Simon s'embrasèrent, à ma plus grande satisfaction – et sans que ça n'ait à voir avec la chaleur qu'il avait crée, plus proche de celle du printemps. Il se gratta la nuque de la pointe de la baguette, le regard rivé vers les haies, comme s'il pouvait contempler son sortilège malgré son invisibilité. Cela dit, si j'avais bien écouté les cours de sortilège en ASPIC, certains sorciers plus sensibles que d'autres pouvaient sentir la magie, ses vibrations, sa présence comme une petite onde qui vibrait en nous en touchant les cordes de nos pouvoirs. Nul doute que Simon était de ceux-là. Il avait toujours eu ce petit côté prodige qui pouvait être impressionnant voire fascinant.
La douceur ambiante eut raison de mon manteau et de mon écharpe et je donnai un coup de pied sur le sol pour que la plaque se mette à tourner en un grincement qui me fit grimacer.
-Bon. Je dois savoir d'autres choses ?
J'attendis d'avoir fait un tour complet avant de freiner du talon pour attendre la réponse de Simon. Il s'était installé sur la balançoire, l'air moins crispé – le froid avait dû accentuer son malaise pendant la promenade – et semblait réfléchir sérieusement à la question. Sa baguette pendait toujours dans sa main gauche.
-Non, je pense que je t'ai parlé de l'essentiel ...
-Tu étais jaloux d'Eden ? Tu n'as vraiment jamais rien voulu tenter ? Est-ce que Susan se doute ... ? Hé, ne me regarde pas comme ça ! protestai-je quand il me toisa, l'air agacé. Je t'avais dit que j'allais faire dégonfler ton égo !
Ses yeux roulèrent dans leurs orbites et il agita les jambes pour mettre la balançoire en mouvement, des oscillations lentes et laconiques. Sa joue s'appuya contre la main qui enserrait la chaine et ses yeux verts fixait un point proche de mes pieds. L'univers végétal ambiant leur donnait une teinte proche du feuillage des hêtres, claire et chatoyante.
-Je n'étais pas jaloux, finit-il par lancer. Je te l'ai dit, j'ai toujours su qu'au fond j'étais à la bonne place. Je n'avais simplement pas envie d'un nouveau Miles, c'est vrai ... Un Miles beaucoup moins compréhensif parce que mine de rien il a fait pas mal de concession. Non, je n'ai jamais rien voulu tenter. D'abord parce que tu étais en couple, ensuite parce qu'il fallait que tu te remettes et enfin parce je ne pensais pas que tu me voyais ... comme ça. Le seul moment où j'ai senti les lignes bouger, c'était au moment de noël et je n'ai pas eu le temps de plus me rendre compte parce que c'est le moment où tu es devenue distante. Non, Susan ne se doute de rien, parce que même si c'est ma sœur et qu'elle est sans doute la personne qui me connait le mieux après toi, je ne pense pas qu'elle ait réellement compris à quel point notre relation changeait.
Son visage se figea et son regard se darda brusquement vers moi, circonspect.
-Pourquoi ? Il y a des gens qui se doutaient ?
La moitié des personnes qui nous voyait ensemble sans connaître notre passif ? songeai-je en me souvenant des questions incessantes de mes coéquipiers dès lors qu'ils avaient rencontré Simon. Miles et Roger ? Emily qui doit attendre depuis des semaines un hibou pour que je lui raconte comment ça évolue ? Je doutais que la réponse convienne à Simon. Il lui avait fallu des mois pour qu'il admette avoir des sentiments pour moi, des mois pour qu'ils les intègrent et mettent des mots dessus, et quelques mois supplémentaires pour qu'enfin il les accepte – et même ça ne l'avait pas poussé à venir m'en parler. J'ignorais si c'était parce qu'ils me concernaient ou que c'était son rythme propre, mais sa lenteur m'induisait clairement le culte d'un secret. Je crispai les mains sur mes genoux et trouvai une réponse alternative :
-Les gens qui nous observent se posent des questions, on va dire. Et c'est leurs interrogations qui m'ont donné le doute, d'ailleurs. Tonks avait l'air de carrément considérer comme acquis qu'on sortait ensemble ...
-Leonidas aussi, avoua-t-il après quelques secondes d'hésitation. Quand je suis venu le voir au centre d'entrainement, il m'a demandé si tu étais ma copine ... Oh par Merlin (Il posa sur moi un regard écarquillé, presque épouvanté). On est déjà un couple, c'est ça ?
Je m'esclaffai devant l'allégation, absurde dans l'absolu mais qui sonnait comme une drôle de vérité. Les gestes tendres, les chamailleries : ça n'avait trompé personne, sauf moi. Je m'imaginais raconter toute cette conversation à Emily et mon cœur se serra devant l'impossibilité de la chose. Elle ne comprendrait pas que le mot « couple » ne ressorte pas. Elle ne comprendrait pas notre besoin de temps alors qu'on se connaissait depuis plus de dix-huit ans. Elle ne comprendrait pas notre rythme, nos peurs et surtout elle poserait sur nous ce regard de représentante de la société que je voulais fuir à tout prix. Elle attendrait qu'on prenne nos marques, songeai-je finalement, tiraillée. Comme tout le monde.
Pour pallier au silence, je me refis le fil des deux dernières années, à la recherche d'un détail, d'un geste qui aurait pu m'interpeller sur les sentiments de Simon. Mais au final, tout n'était rien de plus que ce j'aurais pu faire moi-même ... Et finalement, en un flash, je me souvins d'un événement qui m'avait surprise à l'époque, au point de presque faire vaciller mes perceptions sur Simon Bones.
-C'est pour ça que tu m'as offert mes gants de Quidditch ? Tu ne m'avais jamais offert de cadeau avant ça ...
Simon cligna des yeux, l'air surpris par mes mots. Lentement, il se laissa glisser à terre et la balançoire gémit dans un grincement quand elle fut libérée de son poids. Il paraissait toujours réfléchir pendant qu'il plaçait ses jambes en tailleurs.
-Les gants ? Non, je les avais depuis un moment, bien avant de te voir avec Miles ... Quand j'ai vu l'état des tiens au match de Quidditch et que j'ai compris que tu n'avais clairement pas l'intention de t'en racheter ... (Il fronça les sourcils avant de me lorgner avec un certain agacement). Bon sang, Vicky, tu allais finir par te briser les doigts !
Un sourire attendri retroussa mes lèvres. C'était un sourire parfaitement stupide, j'en avais conscience, mais que ce soit la simple peur que je me casse quelque chose ... ça touchait quelque chose en moi. Ça me rappelait que notre relation n'était pas aussi asymétrique que je l'avais crainte. Simon Bones avait toujours pris soin de moi. Pas parce qu'Alexandre lui avait demandé. Pas parce que j'étais trop faible pour le faire seule. Mais simplement parce qu'il tenait à moi.
Parce qu'il m'aimait. Seigneur que c'était toujours vertigineux de songer ça, mais à présent que l'histoire était dévoilée, ça coulait de source.
Mais les souvenirs semblaient avoir ramené des traces d'agacement en Simon. Il leva les yeux au ciel et replia une jambe contre sa poitrine.
-Et je voulais marquer le coup, tu avais dix-sept ans quand même ... Mais quand je vois les cadeaux que j'ai reçu ensuite, j'en viens presque à regretter de te les avoir offerts ...
-Hé ! protestai-je. Hamlet c'était bien comme cadeau !
Un sourire cynique retroussa les lèvres fines de Simon. Une étincelle familière vint embraser son regard et faire pétiller le vert des yeux bien plus efficacement que les rayons pâles de février.
-C'est vrai que c'était un beau cadeau. Même s'il était un peu à retardement ... Mais ça valait le coup, je pense que je me souviendrais toute ma vie de la teinte cramoisie qu'a pris ton visage quand j'ai cité les vers.
Je fronçai les sourcils, perplexe, avant de brusquement comprendre. L'espace d'un instant, tant d'image défilèrent dans mon esprit que je les reconnus par flash : Simon dans la bibliothèque, me fixant intensément en attendant que je confirme la validité des vers, Simon les récitant de tête dans son salon, le regard rivé dans les flammes, Simon se rapprochant de moi, plus près, toujours plus près ... Mes yeux glissèrent brièvement sur ses lèvres fines qui souriaient toujours avec amusement et l'espace d'un étourdissement je me surpris à vouloir franchir l'espace pourtant immense qui nous séparaient. Puis ses mots s'infiltrèrent dans mon esprit et colorèrent son sourire d'une teinte bien moins romantique. Je sentis mon visage devenir aussi écarlate que ce jour-là dans la bibliothèque et le spectacle dût ravir Simon car il éclata de rire.
-Voilà, exactement cette teinte-là ! Exceptionnel que tu sois capable de la reproduire avec exactitude ...
-Oh, la ferme ! rageai-je, frustrée de n'avoir rien à lui lancer pour effacer ce sourire satisfait. Je suis sûre que tu les pensais ces vers en plus quand tu les as trouvés !
Le sourire de Simon s'effaça sur ses lèvres et je compris avec une coupable réjouissance que j'avais vu juste. Mais la fierté fut soufflée par une réalité que je n'avais jusque-là pas soupçonnée et qui me laissait une sensation glacée au creux du ventre. Bon sang, ça faisait plus d'un an ... Plus d'un an qu'il savait sans rien ne dire ... Et moi je n'avais tenu que quelques semaines.
Simon replia sa seconde jambe contre sa poitrine et détourna le regard. Si le feu sur mes joues s'était résorbé, c'était parce qu'il semblait s'être transféré aux siennes : une légère couleur rosée prenait de l'intensité sur ses pommettes à mesure que je le fixais, attendant une réponse claire. J'avais encore besoin de l'entendre pour y croire. Ses doigts frôlèrent l'herbe et commencèrent à en arracher machinalement quelques brins.
-Tu as tout entendu, Vicky, je pense que tu as la réponse ...
-Bon sang ... Donc tu les pensais vraiment ? Tu me faisais une déclaration sans que je le sache ?
J'aurais voulu mettre une trace de moquerie, d'amusement dans ma voix, ne serait-ce que pour dédramatiser et faire oublier ce creux glacé dans mon ventre, mais ce fut un cuisant échec. Au contraire, j'avais plutôt l'impression de m'être enrouée sur les derniers mots. Simon continua de fuir mon regard et garda les yeux rivés sur les brins d'herbe qu'il arrachait précautionneusement. La rougeur avait à présent atteint ses oreilles.
-Je les ai lus une première fois seul, dans mon dortoir, avoua-t-il finalement. Et dès la première lecture, ils m'avaient frappé. Je ne sais pas ... ça sonnait en moi, tu comprends ? Les mots avaient une résonnance particulière mais c'est quand je les ai lus à voix haute que j'ai compris.
Il déchira un brin en plusieurs morceaux. Je l'écoutai, le cœur au bord des lèvres, avec l'impression de ressentir exactement ce qu'il décrivait ... Cette sensation que les mots vous appartenaient, qu'ils étaient écrits pour vous, et devenaient une part de vous. Que chaque syllabe réveillait des sensations qu'on se s'avouait pas, des souvenirs qu'on oubliait, que chaque phrase vous décrivez avec une exactitude déconcertante. Comme par magie, Simon traduisit les pensées qui restaient coincées dans ma gorge, comme un écho de mon propre esprit :
-C'était ... la description presque exacte de ce que je ressentais pour toi.
C'est exactement ce que je ressens pour toi, Simon Bones.
Un petit rire nerveux s'échappa de mes lèvres. La phrase aurait pu être la même. La preuve ultime qu'il ne pouvait y avoir que lui. La preuve ultime qu'il ne pouvait avoir que moi.
J'eus l'impression qu'un barrage craquer et qu'enfin l'eau ressourçante de la vérité éteignait enfin tous les incendies, les doutes, les complexes, les réflexions des dernières semaines et rependait une grande paix en moi. L'étourdissement maintenant familier me reprit et cette fois, guidé par ce flot libérateur, je ne cherchai pas à lui faire barrage. Sans réfléchir, je glissai vers Simon, mis une main sur sa nuque et inclinai son visage vers le mien pour poser ses lèvres sur les miennes.
J'aurais pu craindre qu'il ne me réponde pas. Qu'il me repousse, moi et mes mains couvertes de terre, moi et ma bouche qui cherchait la sienne pour rendre physiques les mots qui flottaient entre nous, pour concrétiser tout ce qui se passait depuis douze heures. Qu'il prenne peur devant mon impatience, devant ma détermination alors que quelques minutes plus tôt j'avais assuré lui laissait le choix sur cet aspect-là. Mais je ne doutais même plus : le flot avait balayé les doutes et la main de Simon vint une seconde plus tard se perdre dans mes cheveux et serrer une poignée de boucle folle – rêches, couverte de nœud, mais à sa façon de les prendre je compris qu'il avait toujours rêvé de pouvoir faire ce geste.
La spontanéité de nos mouvements me fit sourire tout contre ses lèvres. A son tour, ma deuxième fois caressa sa joue lisse, imberbe et remonta jusque dans ses mèches soyeuses alors que j'approfondissais le baiser. Les yeux clos, j'avais pour la première fois la sensation de réellement sentir Simon, la chaleur de ses lèvres sur les miennes, de son souffle erratique qui me brûlait la peau, de son pouls que je sentais battre sur mes doigts. Et jamais je n'aurais pensé que ça me rendrait si vivante, si euphorique ...
Si moi. C'était comme si je me retrouvais. Me trouvais, tout simplement. Nous trouvais, enfin, la parfaite combinaison. L'équilibre dans notre relation qui rendait nos gestes d'un naturel et d'une logique implacable. Finalement, malgré la rationalité que j'essayais de faire entrer, la lenteur et le rythme que je tentai d'instaurer, j'avais la sensation que toutes nos étapes nous amenaient à ce moment. Définitivement, ça n'avait pas à avoir de sens ...
Ce fut finalement Simon qui interrompit le baiser en s'écartant d'un souffle, ses doigts toujours perdus dans mes cheveux. Il ne s'écarta pas pour autant et contempla les parties de mon visage qui lui étaient accessible. Ses doigts lâchèrent mes mèches une par une avant d'effleurer ma nuque et de m'arracher un frisson.
-Finalement, on va peut-être garder ça ...
J'essuyai un petit rire. En équilibre précaire sur mes genoux, je finis par me laisser aller sur le sol et Simon replia l'une de ses jambes en tailleurs sur moi. L'autre était passée sous les miennes et son bras venait se caller dans mon dos. Il m'entourait littéralement de tout son corps et cela fit rougir mes joues de plaisir autant que cela déploya un incroyable sentiment de sérénité en moi. Je jouais avec les cheveux qui se courbaient sur sa nuque.
-T'aurais-je réconcilié avec les baisers ?
-Vicky, soupira Simon avec une pointe de gravité en plus. Tu es celle qui a su me faire dire que j'étais le fils d'Edgar et de Cassiopée Bones. Je pense qu'honnêtement, ça fait de toi la personne qui a le plus de pouvoir sur moi. Que je suis capable de tout accepter ... du moment que ça vient de toi.
Le reste de ses paroles s'était réduite à un souffle, un aveu filé dans un filet de voix rauque mais qui semblait avoir la brûlure de celles qui étaient restées enfermées trop longtemps. Les mots obstruèrent ma gorge. Jusque là, un petit doute, infime, minime, avait persisté sur la profondeur des sentiments de Simon à mon égard, mais il venait de tout balayer d'un murmure. Comme quoi, il ne suffisait pas de grand-chose pour déclencher une tempête. Touchée, j'inclinai le visage vers lui et il se pencha naturellement sur moi pour effleurer mes lèvres d'un baiser beaucoup doux, beaucoup plus court, beaucoup plus simple. Je posai ensuite mon front sur le sien, un sourire comblé sur les lèvres.
-Ça ... c'est un titre que je prends.
***
Voilà ! J'espère que la discussion n'était pas trop lourde et qu'elle vous a apporté quelques réponses sur le parcours de Simon - qui sera bien évidemment retracé également dans le Bonus !
Et évidemment, ça ne peut pas être simple. Ils ne peuvent pas simplement se dire "on est en couple". Ils ne sont pas normaux, ce n'est pas intuitif : ça m'a paru tout de suite évident que, quoiqu'il arrive, il devait y avoir un temps d'adaptation. D'où cette prudence.
Maintenant si vous voulez approfondir cela, je vais poster sur le Bonus Book l'analyse du Simoria dans la foulée ! Comme ça vous aurez plus d'ample détails sur comment je les ai construits !
A dans deux semaines ! <3
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