Chapitre de transition : L'horloge

Bonjour à tous ! 

Je rentre du travail, je suis épuisée, je meurs de froid, ça me semble être un moment parfait pour poster ! 

C'est parti, on ouvre cette nouvelle histoire et ce nouveau volet dans la vie de Victoria ! J'espère que ça va vous plaire. Je vous avoue que j'ai du mal à trouver mon rythme, peut-être que ça se ressentira : je dois poser de nouvelles bases, prendre de nouveaux repères, enclencher de nouvelles dynamique et ça prend du temps. J'espère que vous comprendrez et que vous serez patient et que vous aimerez la mise en place ! 

Mais je vous rassure, je trouve que ce passage et les deux premiers chapitres que j'ai écrit sont réussis, je pense quand même réussir à vous capter ! 

Par ailleurs, j'espère que le bonus vous a plu (si on peut dire ça comme ça !) Je remercie tous ceux qui l'ont lu et commenté, c'était adorable ! 

Enfin, vous vous souvenez que j'avais dit que j'annonçais toujours mes chapitres avec des citations sur BN et que je renouerais peut-être avec la tradition? J'ai décidé de le faire (j'ai déjà commencé avec le bonus à dire vrai héhé) à partir d'ici ! N'y voyez pas une copie d'Anna', on faisait toutes ça sur BN, c'est juste qu'avec la desertion j'ai fini par arrêter de prévenir ... 

Ah et on m'avait demander les résultats du sondage Lucy VS O&P. A ce jour (2 octobre 2020) nous sommes à : 

- 8 pour Lucy 

- 24 pour O&P 

- 4 ne se prononcent pas 

Sachant que pour plus de la moitié des réponses ça ne se joue à pas grand-chose ahah ! J'en profite pour vous remercier pour toutes vos réponses ! 

Allez, on y va pour le chapitre de transition ! Bonne lecture et encore une fois, sincèrement, un immense merci à vous de continuer  suivre cette histoire ! 

***

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher à tout coup ! C'est la loi.

Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi !

Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

- L'Horloge, Les Fleurs du mal, Baudelaire.

***

Chapitre de transition : L'horloge. 

Tic-tac. L'horloge semblait être seule réalité dans la pièce, la dictatrice qui rythmait chaque journée et qui symbolisait le cours effroyable de la vie qui jamais ne cessait d'aller vers l'avant. Chaque avancée de l'aiguille tressautant rapprochait quiconque de la tombe et de son dernier souffle. C'était la machine impitoyable qui ne daignait jamais être compatissante lorsqu'on espérait durant un heureux instant que le temps s'arrête ou s'accélère, qu'il suive le cours de nos envie, l'horloge était là pour rappeler que le temps était la constante la plus sûre de l'existence : il s'écourtait, toujours au même rythme, inlassablement, inéluctablement. L'horloge était là pour rappeler à tout homme l'humilité et la brièveté d'une vie, car quand le temps finissait toujours par avoir son dû et réduisait les chairs à la poussière tout en poursuivant son cours.

Amelia Bones aimait cette horloge. Elle lui rappelait que chaque jour, elle n'avait pas une minute à perdre avant que le temps ne fasse son œuvre et ne fauche à son tour son souffle.

Elle redressa le monocle que lui imposait une vue extrêmement basse sur son œil droit. Elle aurait bien sûr pu choisir des lunettes à la correction différenciée, mais elle aimait assez cet anneau de fer qui la distinguait des autres et qui ne faisait qu'ajouter à l'aura de fermeté qui la baignait. Amelia était connue pour être une femme incorruptible et elle aimait que son apparence ne laisse aucun doute là-dessus.

Tic-tac. Le coucou sortit du ventre de l'horloge, annonçant les vingt-trois heures. Devant elle, penchée sur un coin de son bureau, sa belle-sœur Rose sursauta avant de mettre une main sur son cœur.

-Amy, cette horloge fait vraiment beaucoup trop de bruit, à chaque fois ça me fait peur ...

-Moi je l'apprécie. C'est ma grand-mère Antonia qui me l'a offerte le jour où Herbert Perkins m'a demandé en mariage. Elle a été fort désappointée quand j'ai refusé.

Rose partit d'un petit rire et Amelia lui fut reconnaissante de ne pas avoir posé la question que chacun aurait posée à sa place. Pourquoi ne pas avoir accepté ? Pourquoi ne pas s'être mariée et avoir fondé une famille, comme ses frères ? Cela devait affreusement lui manquer ... Mais Amelia déconcertait tout le monde en répondant que ce n'était absolument pas le cas. Elle était une femme de conviction et de travail, toute l'énergie qu'elle avait en elle, elle avait envie de la donner à la soif de justice qui brûlait dans ses veines et à sa volonté profonde de rendre ce monde meilleur. Par ailleurs, pourquoi faire des enfants alors qu'elle savait pertinemment faire une mère abominable ? La seule fois où Edgar lui avait laissé son fils Matthew âgé de trois ans avait suffi à le prouver. Non, réellement, la famille qui s'était constituée autour d'elle suffisait à son bonheur. Elle aimait tendrement ses frères qui avaient tous deux épousé des femmes de valeur qui avaient fini par devenir ses sœurs. Ses neveux et nièces étaient là pour assurer son envie de transmission, pas de son sang mais de son savoir. Elle était aussi fière de sa famille que de sa carrière, mais la perte d'une partie avait été sa plus douloureuse épreuve. Elle se souviendrait toute sa vie du jour où George était venue la sortir de son lit, dans ce même appartement, pour lui apprendre qu'il était arrivé malheur à Edgar. C'était elle, membre plus âgée et à présent cheffe de la famille Bones, qui avait été reconnaître son corps ainsi que celui de Cassiopée et de leurs deux fils à Ste Mangouste. Ce fut par ce droit d'aînesse qu'on lui avait proposé de reprendre la maison parentale de Terre-en-Landes et d'avoir la garde du petit Simon, unique survivant de la tuerie. Mais elle les avait refusés tout deux : que ferait-t-elle d'une maison si grande ? Par ailleurs, le titre de propriété se transmettait en ligne directe et c'était donc Simon qui en était le propriétaire en tant que dernier héritier d'Edgar et l'enfant serait bien mieux élevé avec George, au milieu de ses cousines Caroline et Susan et avec Rose qu'il ne lâchait plus depuis qu'elle l'avait découvert dans le placard.

Amelia ferma les yeux pour refouler tous ses souvenirs. Par Merlin, cela avait été des heures sombres ... Mais des heures qu'elle semblait destiner à revivre. Car le Seigneur des Ténèbres était de retour. Et c'était ça qui la faisait travailler jusque tard dans la nuit.

-Rosie, tu peux repartir chez toi, je pense, évalua-t-elle en avisant la fatigue de son amie. Nous finirons ça demain ...

-Attends ... J'aimerais finir le dossier de la réhabilitation de Sirius.

Amelia abaissa son parchemin et jeta un regard compatissant sur Rose. Sa belle-sœur lui adressa un sourire penaud.

-Je sais, il y a plus urgent, mais ... J'ai laissé Croupton l'envoyer à Azkaban sans procès, je n'ai pas pris la peine de réviser son dossier derrière ... Et maintenant il est mort.

Elle se frotta la tempe, le visage décomposé par la dure réalité.

-Cassie ne l'aurait pas laissé pourrir à Azkaban ... Elle savait que Sirius était quelqu'un de bien ...

-Je doute que Cassie aurait pu faire quelque chose, même moi je n'ai pas réussi à faire entendre raison à Barty pour le procès de Sirius ... Et de toute manière, je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose avec les preuves qu'on avait ... Jusque la semaine dernière, j'étais intimement persuadée que Sirius était coupable. Peter Pettigrow avait bien joué son coup ...

-Et maintenant Sirius est mort et lui court dans la nature ... Bon sang, vivement que tu deviennes ministre.

Amelia leva les yeux au ciel. Elle savait être pressentie pour remplacer Fudge aux élections qui auraient lieu à la fin de la semaine. Le ministre sortant avait tenté pendant deux semaines de se maintenir à un poste où il n'avait plus aucune légitimité après l'année atroce qu'il venait de faire subir à la Communauté Magique. Et alors qu'il déployait des trésors d'ingéniosité pour rester ministre, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom lui avait posé un ultimatum qui se traduisait par « ne te dresse pas contre moi, ou je tuerais de moldus en masse ». L'effondrement causé par des Mangemorts du pont de Brockdale et l'attaque de géant qui avait lieu dans le Somerset avait eu raison de l'acharnement de Fudge, qui avait été mis en minorité au Mangemagot, déclenchant des élections expresses pour lesquels Amelia semblait favorite. Ce n'était pas une surprise, ni même une pression. C'était une éventualité à laquelle elle se préparait depuis qu'elle avait posé un pied au ministère, depuis qu'elle avait revêtu le badge de préfète-en-cheffe, depuis que Choixpeau avait susurré à son oreille qu'elle avait d'immense capacité que Poufsouffle affinerait, depuis que sa mère Susan l'avait emmené sur la tombe de leur ancêtre Seraphina Bones pour lui rappeler que les femmes de la famille étaient des femmes d'exception. Quelques années elle avait douté, car elle était tombée dans une fratrie, exceptionnellement dans la famille, c'était un homme qui prenait toute la lumière. Elle avouait qu'une sorte de rivalité l'avait animé face à Edgar, ce frère si doué, intelligent et prestigieux. C'était à la fois un modèle et un adversaire qui l'avait rendu plus forte. Et c'était bien pour cela qu'elle s'était crue mourir lorsqu'elle avait avisé son visage rendu blafard par la mort.

Ce poste de ministre qui semblait lui tendre les bras, elle le devait bien à Edgar. Parce que c'était grâce à lui qu'elle était devenue apte à l'occuper. Et qu'elle refusait qu'une telle tragédie se reproduise.

Elle réprima un soupir. Il y avait bien d'autres sorciers capables d'assumer le poste. Elle savait que Rufus Scrimegeour, le chef du bureau des Aurors, se présentait également et avait nombre de partisan, des partisans de la ligne dure, de ceux qui avaient portés aux nues Barty Croupton lors de la première guerre. Mais Amelia avait une certaine avance, celle que lui donnait l'expérience, du nom et de la stabilité. Personne ne doutait des capacités d'Amelia Susan Bones, de son sens de la justice, de son incorruptibilité qui en faisait la personne idéale face à des forces aussi sournoises que celles du Seigneur des Ténèbres. Et ça l'obligeait à régler sa succession à la Justice Magique, puisqu'elle comptait bien emmener sa brillante belle-sœur dans ses bagages et lui donner le poste de Dolores Ombrage.

-Je pensais à Tiberius Ogden pour prendre la tête du Département. Il a plusieurs années d'expérience au Magenmagot et il a été l'un des rares à prendre de bonnes décisions pendant l'aveuglement de Fudge et à résister à la pression de Malefoy ...

-Je ne suis pas sûre qu'il ait la stature, Amy et puis c'est ton cousin, on t'accuserait de favoritisme ... Pourquoi pas Pius Thickness ?

Amelia grimaça. Evidemment que Pius Thickness avait une plus grande autorité : il était membre du Mangemagot depuis plus longtemps, avait fait parti de commission importante et était assurément un animal politique très habile. Trop habile, Amelia n'avait jamais réellement réussi à le cerner alors qu'il serpentait avec habilité d'un haut fonctionnaire à l'autre pour dispenser de ses conseils, ce qui lui avait donné un soutien certain. De l'impartialité ou de l'opportunisme ... Amelia n'avais jamais su le dire. Avec un pincement au cœur, elle songea que Cassie ou Edgar avec leur instinct sûr aurait su. Un fin sourire s'étira sur les lèvres.

-Va me chercher Simon. Il va me dire.

-Oh, si tu veux un bon flair, demande plutôt à Victoria. Elle a un bien meilleur instinct que Simon et surtout, elle est bien plus réfléchie, Simon est un peu trop impulsif ...

Elles soupirèrent toutes deux, le nom de Cassie au bord des lèvres. Son neveu avait beaucoup de sa mère biologique et elle avait très surprise que le Choixpeau ne l'ait pas envoyé comme elle et Matthew à Gryffondor. A dire vrai, elle soupçonnait que Simon, qui avait profondément enfoui son traumatisme à s'en persuader qu'il ne l'avait pas vécu, s'était totalement refusé à l'idée d'entrer dans cette maison qui n'était pas celle de George et Rose. Parfois, le Choixpeau prenait en compte les préférences de chacun ... Puis un sourire retroussa ses lèvres lorsqu'elle repensa à la petite Victoria, la voisine de Rose qui avait été répartie à Poufsouffle avec Simon. Une jeune fille qui lui avait paru manquer d'une certaine assurance d'un prime abord, mais Amelia avait très vite perçu que ce n'était qu'une surface qui dissimulait une grande force. Elle avait très vite apprécié sa fraicheur et sa vivacité d'esprit.

-Victoria ... Voilà une femme qui mériterait d'un jour porter le nom de Bones ...

Rose eut regard éperdu avant de gratter son nez du bout de sa plume.

-Tu penses ? Avec Simon ? Enfin, Amy, ils se tapent dessus depuis qu'ils ont l'âge de le faire ... Je sais qu'ils se sont rapprochés, mais ... 

De nouveau, Rose gratta l'arrête de son nez de sa plume et un pli soucieux apparu entre ses sourcils. C'était une expression habituelle chez elle lorsqu'un souci la tiraillait et qu'il concernant l'un de ses enfants. Et à bien des égards, Simon était devenu son fils, dès l'instant où il s'était désespérément accroché à elle lorsqu'elle l'avait extirpé de ce maudit placard. Amelia fronça les sourcils.

-Qu'il y-a-t-il ? C'est ... c'est par rapport à Edgar, Simon est encore troublé ?

-Non, ça va un peu mieux, soupira Rose en laissant tomber sa plume. Vraiment, c'est ... surprenant. La semaine dernière, il m'a demandé des détails sur Edgar, par exemple. Sur sa vie à Poudlard ...

-C'est parfait. Alors pourquoi tu fais cette tête ?

Rose se trémoussa sur sa chaise.

-Disons que George et moi ... on soupçonne que Dumbledore lui ait proposé d'intégrer l'Ordre du Phénix. Et qu'il ait accepté.

A dire vrai, Amelia en était intimement persuadée sans avoir aucune information. Elle connaissait Dumbledore et elle connaissait son neveu, qui était le digne fils de ses parents. L'entrée de Simon dans l'Ordre du Phénix était une évidence pour elle depuis qu'elle avait compris que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était de retour. Bien sûr, ce n'était pas un choix qu'elle approuvait, elle qui était une femme de loi. Elle considérait qu'il n'y avait rien de pire que de s'opposer à Lui en utilisant les mêmes méthodes de clandestinités et de tromperies. S'il fallait triompher, il fallait que ce soit fait dans le cadre de la loi car les actions comme celles de l'Ordres réduisait celles du pays en miette et justifier qu'au nom d'un idéal, on pouvait les outrepasser. C'était que jeter l'autorité du Ministère à terre que cet Ordre. Malgré tout, elle comprenait mieux que quiconque pourquoi il avait été mis en place et quand bien même elle le désapprouvait, elle acceptait de coexister et de coopérer avec lui. Si vraiment il fallait qu'un tel organisme existe, alors autant que ce soit lui, guidé par le plus grand sorcier de tous les temps, du meilleur Auror que le Ministère n'ait jamais connu et ... Edgar avait participé à sa formation. C'était son héritage et Amelia n'y était pas insensible. Simon non plus, visiblement.

-Si c'est le cas, j'espère que Victoria aura accepter aussi, dit-t-elle en trempant sa plume dans l'encrier. Ça ne serait pas surprenant avec tout ce qui se passe autour d'elle avec les Selwyn ... et elle calmerait les ardeurs de Simon.

-Ça ne t'inquiète pas ? s'étonna Rose avec une note de reproche. Ton neveu qui ressemble décidemment trop à Cassie s'engage dans l'Ordre du Phénix et va risquer sa vie, et ça ne t'inquiète pas ?

-Je n'ai pas attendu ça pour être inquiète pour Simon, rétorqua Amelia, piquée au vif. Dès que Jugson s'est échappé, j'ai eu peur. Pourquoi crois-tu que je sois venue autant pendant les vacances de Pâques ? Jugson a tué tout le monde, même Spencer sous son lit. Il aurait tué Simon s'il avait eu le temps de le chercher et je ne pense pas qu'il soit ravi que le benjamin lui ait échappé. D'autant qu'il doit se douter que Simon a quelque part dans l'idée de venger ses parents et ses frères. C'est une menace réelle pour lui.

Rose écarquillait les yeux, soudainement anxieuse. Amelia s'en voulait ainsi d'agiter ce spectre sous son nez, mais c'était une triste réalité : même sans l'Ordre, Simon était en danger.

A dire vrai, quand on connaissait leurs antécédents, toute personne portant le nom « Bones » était en danger.

-Et pour ceux qui savent qu'il est le fils de Cassiopée ... Elle a tué deux Mangemorts pour le compte du Ministère et de l'Ordre, tu le sais, Rosie, et d'autres s'en souviendront lorsqu'ils se retrouveront face à son fils. Plus Rosier que Maugrey a tué parce qu'il avait fait parti de l'attaque contre elle ... Et ajoute à ça qu'avec l'héritage des Croupton et d'Edgar, Simon doit être dans les cinq chambres fortes les plus remplies de Gringrotts et que certaines familles partisanes peuvent avoir des droits sur cet argent ...

-J'ai compris, la coupa Rose, livide. Ordre ou pas, ça ne change rien pour lui... Mais quand même, Amy, il n'a que dix-sept ans ...

-Bientôt dix-huit, si je ne m'abuse. Il est majeur, Rose. Je sais que c'est douloureux, mais tu n'as plus ton mot à dire sur ses choix de vie. Si tu y tiens vraiment, j'irais lui parler, mais je doute que ce soit efficace. J'avais essayé de parler à Edgar et regarde ce qu'il s'est passé ... Par ailleurs, ne sous-estime pas ton fils, Rose. Il a été accepté à l'IRIS, par Merlin, ça montre à quel point il est brillant. Même pour la petite Victoria je ne me fais qu'un souci modéré : occlumante, patronus corporel et ce qui s'est passé à Bristol montre parfaitement qu'elle a des capacités de duel. Elle a des atouts indéniables pour s'en sortir. Ils veulent se battre pour rendre le monde meilleur et même si j'aurais préféré qu'ils le fassent autrement, c'est une volonté que je respecte et j'admire. Comme je l'ai fait chez Edgar et Cassie.

Rose paraissait déchirée et Amelia ne pouvait pas l'en blâmer. Elle tapota la main de son amie avec un sourire qui se voulait rassurant.

-Rentre chez toi et pense à ça. Le dossier de Sirius pourra attendre demain.

-Très bien, céda-t-elle en s'arrachant de sa chaise. Oh et demain il faut aussi qu'on arrange ton programme pour l'élection ...

-Mon programme est simple, l'interrompit fermement Amelia. Mettre tout en œuvre pour détruire les forces de Tu-Sais-Qui et le soumettre à la justice.

Rose eut un faible sourire, un sourire désabusé. Elle se drapa de sa cape d'été et posa son chapeau de soie violette qu'Amelia lui avait offert pour son anniversaire sur sa tête.

-Mon dieu, Amy, parfois je me dis que tu ne vaux pas mieux qu'Edgar ... A demain.

Après un dernier signe, elle se dirigea vers la cheminée et les flammes vertes l'enveloppèrent pour l'emmener jusque Terre-en-Lande. Amelia se pencha de nouveau vers ses nombreux dossiers et jeta un coup d'œil sur celui de la réhabilitation de Sirius Black. Une photo, prise avant le drame, représentait un homme brun et souriant aux traits nobles et au charme indéniable. Une vie doublement fauchée par la guerre ... Amelia s'était demandé pourquoi il n'avait jamais clamé son innocence et elle avait fini par comprendre qu'une partie de lui était morte le jour où son meilleur ami James Potter avait été tué. Qu'Azkaban avait été sa punition pour ne pas s'être dressé pour empêcher cette catastrophe.

Tic-tac. Minuit approchait et la pile des dossiers semblait encore haute. Mais Amelia ne s'attendait pas à avoir le moindre répit dans les années à venir. Pour une fois, elle se surprit à espérer que le temps ne suspende son cours assassin. Et le temps se chargea de lui rappeler qu'il n'avait aucune pitié. La trotteuse avançait toujours de son rythme infernal et un grand cri rempli l'espace, un cri strident qui perça les oreilles d'Amelia. Elle se leva d'un bond, baguette à la main, le cœur battant la chamade.

Ça, c'était son charme du cave inimucum. Et ce cri, ça signifiait qu'un ennemi était en train dans son champ d'action.

Amelia regarda un instant la vieille horloge avec une certaine amertume avant qu'un grand bruit ne se fasse entendre à l'intérieur de sa maison. Une sensation glacée s'empara de ses jambes et elle reconnut les effets du sortilège anti-transplanage. Alors son sang ne fit qu'un tour et elle entreprit de s'activer dans son bureau, le barricadant avec tous les sortilèges de protection qu'elle connaissait.

Evidemment. Amelia s'attendait à être un jour la cible du Seigneur des Ténèbres, comme Edgar l'avait été, non pour son appartenance à l'Ordre, mais parce que sa place au Ministère menaçait le bon déroulé de ses plans. Personne ne voulait de l'inébranlable et incorruptible Amelia Bones pour guider de façon avisée le Ministère.

Les volés se fermèrent, la clef tourna dans la porte pour la verrouiller, des ondes de lumières bleues, blanches et argentées ondulèrent dans l'air alors qu'elle se faisait prisonnière de son propre bureau. Avec un rire cynique, Amelia songea que cela résumait bien sa vie : prisonnière de son bureau, mariée à son travail, aliénée à ses dossiers. Et pourquoi ? Parce que la soif de justice coulait dans ses veines comme dans celles de chaque Bones et ce fut avec ce sang centenaire qui battait à ses tempes qu'elle attendit, la baguette dressée, qu'un ennemi voulant faire voler en éclat la justice de ce monde ne se présente devant elle. Alors que son cœur battait la chamade, elle invoqua à elle l'habilité de son frère Edgar, le courage de Cassiopée, les mots de sa mère Susan face à la tombe de leur ancêtre. Les Bones sont des femmes d'exception. Elle entendit un rire aigu de l'autre côté de la porte, sentit les secousses du mur alors qu'ils tentaient de briser ses sorts de protection. Alors qu'elle songeait qu'elle aurait peut-être le temps d'annihiler leur sortilège anti-transplanage, une déflagration retentit depuis le centre de la pièce et Amelia se trouva projetée au sol, le souffle coupé mais la baguette toujours fermement enfermée dans sa main. Elle se redressa aussi vite que lui permettait ses vieux os et son cœur faillit s'arrêter de battre lorsqu'elle vit qui était soudainement apparu dans la pièce, un fin sourire aux lèvres et la baguette d'if tenue entre ses longs doigts blafard.

Lord Voldemort en personne était venu s'occuper d'elle.

Elle se dressa sur ses pieds, prête à affronter la mort personnifiée en cet homme qui n'avait plus grand-chose d'humain. Sa tête plate et sans relief évoquait celle d'un serpent et ses yeux rougeoyait d'une lueur malsaine. Elle ignorait totalement comme il avait réussi à briser ses sortilèges : la pièce était intacte, la porte encore verrouillée, la fenêtre fermée de ses volets. Il connaissait décidément des trésors de magies inconnu du commun des mortels ... Elle sentit à peine la peur l'envahir, tout étourdie qu'elle était encore par la chute. L'homme en face d'elle semblait jubiler.

-Amelia Bones, entonna-t-il d'une voix qui la caressait comme du velours. Je dois dire que ... c'est un honneur.

Amelia n'attendit pas qu'il joue avec elle comme d'une souris : elle attaqua. Voldemort para sans peine et jeta un sortilège de la mort qu'elle évita d'un bond. Pendant plusieurs minutes, l'adrénaline gonfla ses veines et à chaque étincelle projetée en l'air elle voyait un pan de sa vie, un visage perdu, des personnes qu'elle avait aimées. Elle revoyait sa mère, cette femme forte et intègre qu'un Mangemort avait fauché un jour, Edgar, prêt à se battre pour ses enfants et pour la justice, Cassiopée la lionne capable de lutter jusqu'au dernier souffle. Elle puisa en eux pour livrer au Seigneur des Ténèbres un combat acharné : le miroir derrière elle vola en éclat, le pied de son bureau fut brisé, déséquilibrant le plateau qui envoya valser son contenu, un sortilège l'atteint au bras d'où du sang se déversait à présent en abondance. Et alors qu'il prenait le dessus sur elle, elle se fendit avec un cri de rage et un éclair sombre l'atteint à la joue, y creusant un sillon écarlate. Le sang qui perla jusqu'au coin de sa bouche si fine qu'elle semblait être une cicatrice parut décupler la fureur qu'il éprouvait face à sa résistance : avec un cri de rage, il projeta contre elle un sortilège qui l'atteint en pleine poitrine et l'envoya s'écraser contre le mur, haletante, meurtrie. Elle passa une main sur son flanc où une tâche de sang de plus en plus étendue tâchait sa robe de sorcière, s'écoulant comme sa vie d'une plaie qu'elle sentait profonde. Elle tenta de se relever mais la douleur était insoutenable et elle s'affaissa contre le mur sous les yeux satisfait du seigneur des ténèbres. Malgré tout, elle continua d'attaquer depuis sa modeste position, des sorts de plus en plus faibles qu'il n'eut aucun mal à parer jusqu'à ce sa baguette s'échappe de ses mains pour aller rouler contre le parquet, vaincue. Amelia se laissa aller contre le mur, à bout de souffle, la main crispée contre son côté alors que Voldemort approchait à pas lents pour pointer sa baguette sur sa tête. Amelia leva les yeux et un sourire absurde s'étira sur ses lèvres. Depuis la mince ligne écarlate sur sa joue, du sang s'écoulait toujours. Les dieux ne saignaient pas. Lord Voldemort, malgré ses pouvoirs hors norme, malgré sa résurrection inexplicable, malgré tous ses prodiges, était un homme. Comme eux, sa vie était liée à son sang. Et comme eux il saignait.

-Vous ne gagnerez pas, lança-t-elle d'une voix rendue rauque par le combat. Un jour, quelqu'un se dressera et vous prouvera que vous n'êtes que mortel.

-Et qui pourrait se dresser contre moi, dis-moi ? douta Voldemort d'une voix doucereuse. Quand Albus Dumbledore n'a pas su au Ministère me vaincre, quand toi qu'on dit plus grande sorcière de ta génération gît devant moi comme une proie offerte ... Qui pourra se dresser contre Lord Voldemort ?

-Je n'ai pas la réponse. Mais la Mort vient toujours chercher son dû. Ce n'est qu'une question de temps.

Tic-Tac. L'horloge n'avait pas dit son dernier mot alors que les secondes qui rapprochaient Amelia de la mort ne semblait jamais avoir été si courte. La fureur anima brièvement les traits floutés du mage noir et il siffla avec colère :

-Avada kedavra !

La lumière verte devint la seule réalité d'Amelia alors que son temps arrivait à son terme et que l'horloge qui régissait sa vie enfin s'apaisait avant de se briser. Son esprit quitta cette vie avec la certitude que son combat n'était pas perdu. D'autres étaient là pour le mener à sa suite ... pour réduire son assassin à ombres et poussières. 

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