II - Chapitre 29 : Le retour du phénix - 1

Pourquoi - POURQUOI Wattpad met tout mon texte en italique? *va rectifier ça en bougonnant*

Avant toute chose, je tenais à vous remercier pour vos commentaires de la semaine dernière ! J'ai reçu une mauvaise nouvelle le vendredi (j'ai pas eu mon concours) donc vos réactions m'ont vraiment mis du baume au coeur et rappelé que je valais plus que le 3 qu'ils m'ont mis ahah ! Donc merci à tous !

Pour ceux qui le voulaient d'un coup, je vous invite à passer votre chemin et à attendre la semaine prochaine ! Après, normalement les deux parties sont consistantes - celle de la semaine prochaine un peu plus.

A un moment, je vais réutiliser une chanson, vous aurez le lien en commentaire avec le moment qui m'a inspiré pour la scène ! Voilààààà

BONNE LECTURE !

Chapitre 29 : le retour du phénix.

Après réflexion, j'avais compris que la semaine avant les ASPIC était sans doute le pire moment possible pour rompre.

Déjà, il y avait le regard des autres. J'avais passé une soirée à pleurer dans mon lit et Emily avait très vite compris où était le problème : Mathilda et elle avaient tenues à me réconforter alors que la seule chose dont j'avais besoin était de me plonger dans mes livres. Tous les jours, au moins une personne venait me voir pour me demander si j'étais encore avec Miles, remuant ainsi le couteau dans une plaie déjà ouverte et béante. Je faillis assassiner Erwin qui soutint pendant une heure que ce n'était que passager, un stress dû aux ASPIC et que demain notre couple se reformerait, mais Susan me sauva la mise en testant son sortilège de mutisme sur lui.

Puis on ajoutait à cela la reconstruction personnelle. On ne sortait d'un an de relation indemne : il fallait réapprendre à vivre seule, déconstruire nombre d'habitude. Changer de place en Sortilège où j'étais à côté de Miles, cesser d'échanger quelques mots avec lui à la fin de chaque cours, ne plus chercher son regard lorsque je m'ennuyais. Des pans entiers de ma journée se trouvaient à présent vides et c'était dans ces moments, dans tous les petits rappels qui avaient fait la joie de ma relation avec Miles où le manque se faisait cruellement subir. J'avais beau ne pas regretter ma décision, ce vide restait douloureux, comme la vision du visage fermé et marqué de Miles presque quotidiennement. L'amour n'était jamais apparu, mais la tendresse avait été présente et je m'en voulais de lui imposer cela avant une échéance si importante.

Car le jour où ils arrivèrent, les ASPIC nous écrasèrent totalement. L'avenir de nombre d'entre nous dépendaient de cette quinzaine, et j'avais senti l'immense tension dans le groupe de cinquième et septième année qui attendaient l'ouverture des portes de la Grande Salle le lundi. De plus et pour ma grande gêne, vous étions répartis par ordre alphabétique et je me retrouvai au premier rang avec Miles dans mon dos et Simon encore derrière qui avait passé une grande partie de son examen de métamorphose à regarder par la fenêtre malgré un parchemin fort fourni. L'épreuve pratique l'après-midi faillit occasionner pour moi une crise d'angoisse car je me retrouvais également avec Miles, avec qui la communication était devenue gênante et difficile et Simon, l'un des élèves les plus brillants de l'école et à côté duquel nous avions tous l'air de singe armés de bâton. J'étais d'ailleurs certaine que ce fut de son entière faute et des remarques enthousiastes de son examinateur, Mr. Tofty, que je ratais cette épreuve. La fille de Gryffondor qui passait avec nous, April Callen, fut tellement angoissée par la perfection des sortilèges de Simon qu'elle quitta la salle en pleurs. C'était d'autant plus agaçant qu'après cela, l'examinateur l'avait retenu de longues minutes, m'obligeant à l'attendre de pied ferme en dehors de la place pour le voir sortir avec un sourire immensément satisfait. De quoi lui donner de grandes claques sur ses joues couvertes de tâches de rousseurs.

Le mardi eut lieu l'épreuve de sortilège, qui se passa plus sereinement maintenant que je savais à quoi m'attendre : j'évitai soigneusement de me retourner en épreuve théorique et je fis en sorte de tourner le dos à Simon lors de mon teste de pratique. Cette fois, c'était moi que le professeur Tofty interrogeait et il fut enchanté de me voir pratiquer l'ensemble de l'épreuve sans prononcer la moindre formule quand Miles et April devait encore le faire pour les sortilèges les plus complexes. Galvanisée par cette marque d'encouragement, j'abordais la Défense contre les Forces du mal avec confiance et réussis même à faire apparaitre un patronus qui commençait presque à définir les formes d'une petite silhouette, réduisant à néant les allégations de Simon sur un possible chien. Bien sûr ce n'était rien comparé au faucon qui fendit l'air, écœurant littéralement Miles et April. Du fait du manque de pratique de Défense contre les Forces du mal, j'ignorais combien d'élève avaient leur patronus corporel. Emily me confirma qu'elle n'avait pas réussi à en produire, à sa grande frustration car Gloria Flint à côté d'elle avait fait apparaitre un magnifique corbeau et le professeur Flitwick nous avoua à mi-mots que c'était anormal d'avoir une génération de septième année aussi peu avancée en termes de maléfice et contre-sorts. Seuls ceux qui avaient pratiqués par eux-mêmes et certains membres de l'A.D. comme Angelina et Alicia réussirent brillamment l'examen.

La Botanique se déroula sans le moindre problème et je fus prématurément en week-end lorsque Simon et Emily passèrent leur épreuve de Potion. J'en profitai pour flâner seule dans le parc et expier toute la tension qui s'était éprise de moi pendant cette dure semaine. Avec toute cette intensité, je n'avais pas eu la moindre seconde pour songer à quoique ce soit d'autres qui ne concernait pas un sort, une définition, une traduction et maintenant que les épreuves s'étiolaient j'avais l'impression que l'adrénaline retombait pour ne laisser qu'une immense fatigue. Je laissai mes jambes me porter dans la chaleur de juin et fit un véritable bond en croisant quelqu'un au pied de l'une des tours du château. La personne en face de moi poussa un cri de surprise.

-AH ! Bennett, il faut pas me faire des frayeurs pareilles ! Avec ta petite taille et tes cheveux bouclés, j'ai cru que tu étais Ombrage !

-Excuse-moi ?! me récriai-je, à la fois blessée et incrédule.

Lee Jordan eut un sourire d'excuse, serrant contre sa poitrine un sac qui semblait étrangement frétiller. Le Gryffondor était tristement solitaire depuis le départ des jumeaux, errant comme une âme en peine dans Poudlard et retrouvant parfois un peu de gaieté en trainant avec Angelina et Alicia. Celle-ci se trouvait avec lui et lui jeta un regard peu amène.

-Tu es horrible, la tança-t-elle en lui donnant un coup sur la main.

Lee ne cachait pas la fine marque, moins creusée que celle de Simon, sur le dos de sa main et qui clamait : « Je dois obéir aux règles ». Je lui jetai un regard hargneux.

-Oui, tu as raison, Victoria est quand même plus mignonne, plaisanta Lee, sans doute dans l'espoir de te racheter. Ça a été la semaine ?

-J'ai raté la pratique en métamorphose, mais le reste je pense que ça a été, oui. Et vous ?

-Très bien, assura Alicia avec un sourire, avant que Lee n'ajoute :

-Niquel, j'ai même réussi à faire rire la vieille Marchebanck en sortilège. Il faut dire qu'avec les jumeaux, j'en ai appris des bonnes ...

Une certaine nostalgie fit briller ses prunelles et il jeta un long regard mélancolique sur le parc qu'il avait dû arpenter si fréquemment avec eux, plus ou moins légalement. J'eus un sourire attendri. Cela devait être douloureux d'achever sa vie à Poudlard sans eux.

-Tu as quelques nouvelles ?

Lee haussa les épaules.

-Non, aucune. Je pense qu'Ombrage censure toutes leurs lettres et qu'ils sont de toute manière trop occupés par la boutique ...

-Et tu vas les rejoindre dans la boutique, après Poudlard ?

A ma grande surprise, Lee secoua la tête, fouettant ses épaules de ses dreadlocks. Son sac se mit à nouveau à s'agiter et il le pressa un peu plus contre lui. Avant que je n'aie pu l'interroger sur son contenu, il embraya précipitamment :

-Non, la boutique c'était leur idée. Ils me donnent un pourcentage sur les produits que j'ai aidé à conceptualiser, mais c'est leur projet, leur bébé, le fruit de leur vie, pratiquement. Ils m'ont proposé d'être leur associé, mais je préfère le leur laisser, je comprendrais moins qu'eux. Et puis, je n'ai pas envie de faire dans la Farce et Attrape, plus dans le Quidditch, à dire vrai. J'ai postulé à la radio pour les émissions de sport et dans plusieurs stades pour un poste de gestion de la communication du club ou de speaker, Bibine et McGonagall m'ont fait de belles lettres de recommandations. (Il nous adressa un grand sourire). Qui sait, peut-être que l'année prochaine je commenterais vos matchs.

Alicia et moi échangeâmes un regard entendu et gêné. Nous étions les seules joueuses de l'école à avoir reçu des propositions de club, mais les siennes étaient au nombre de deux : le club des Flaquemare, qui avait sa préférence en raison de la présence de son petit-ami et ancien Gardien de Gryffondor Olivier Dubois, et les Faucons de Falmouth. Angelina avait elle reçue une proposition des Harpies qu'elle avait décliné, préférant un poste comme potionniste. Alicia s'avança vers moi et me frotta le bras avec un pauvre sourire.

-Tu sais, Lee avait raison pendant le match, tu aurais mérité la coupe de Quidditch. Si ces enfoirés ne t'avaient pas blessé ... (son inflexion baissa et elle sembla hésiter). Euh ... c'est à cause de ça que tu n'es plus avec Miles ?

Je reçus la question comme un coup de poing dans l'estomac et mon sourire se fana sur mes lèvres. Alicia parut désemparée et échangea un regard paniqué avec Lee. Je n'avais pas eu le temps de songer à Miles durant la semaine écoulée, contrairement à la semaine précédente de révision qui avait presque tournée au tour de cela. Et j'avouai ne pas être heureuse de revoir ce spectre venir me hanter. Je déglutis et m'efforçai d'ânonner une nouvelle fois :

-Non, pas seulement. On n'était simplement plus en phase.

-Bon, dans ce cas ...

-Moi je trouve ça bien, intervint Lee avec sérieux. Je pense vraiment que tu mérites mieux que Bletchley, Bennett.

Je me gardai de lui répondre ou même de sourire, une impression de vide au creux du cœur. Je ne voulais pas me laisser aller à l'angoisse qui, selon Emily, était naturelle après une rupture, que je ne retrouverais jamais quelqu'un d'aussi bien.

-On verra bien, je n'ai pas très envie d'en parler, éludai-je au moment où le sac bougeait à nouveau. Mais sérieux, vous allez me dire ce qu'il y a là-dedans ?

Alicia jeta un regard exaspéré à Lee puis à la bosse qui continuait de tressauter sous le cuire du sac. Avec un grand soupir, il mit celui-ci en bandoulière et entreprit d'extraire une étrange créature de l'intérieur. Son nez plat frétilla une fois à l'air libre, humant les effluves de juin avec avidité. Il me fit vaguement penser à un ornithorynque au pelage d'un gris bleuté et aux yeux noirs et brillants. Je ne pus retenir une exclamation attendrie lorsqu'elle renifla en ma direction qui arracha un immense sourire à Lee.

-Tu vois, je t'avais dit qu'un Niffleur ça peut marcher du feu de Dieu avec les filles, lança-t-il à Alicia. Tu veux le prendre, Bennett ?

-Alors c'était toi le Niffleur dans le bureau d'Ombrage ? réalisai-je en refermant prudemment mes mains sur la créature.

Son pelage était rêche mais sa façon de remuer sa petite truffe était absolument adorable. Avant que je n'aie pu l'en empêcher, il se mit à fourrer son nez contre ma peau, suivant mon poignet où brillait ma montre, puis ses petites pattes griffues allèrent gratter du côté de ma gorge et agrippèrent ma chaine en or. Aussitôt, Lee bondit pour arracher le Niffleur de mon cou, ce qui m'étrangla presque parce que la créature avait refermé sa petite patte sur la chaine.

-Jordan, bon sang !

-Lâche ça petit voleur ! râla le Gryffondor en se débattant avec le Niffleur. Je vais te donner une bien meilleure victime ... Alicia, aide-moi !

La créature avait une sacrée poigne, et avant que la pousuiveuse ne puisse intervenir, le fermoir de ma chaine se brisa, faisait choir mes deux breloques qui y pendaient. Pendant que je me penchais précipitamment pour les récupérer, le Niffleur se dépêcha de ranger son butin dans une sorte de poche sur son ventre. Mais Lee pendit cruellement l'animal par ses pieds et, mu par la gravité, le précieux trésor tomba à terre sous forme de quelques gallions d'or, un bracelet en diamant et quelques boucles d'oreilles. Alicia ouvrit de gros yeux outrés devant le recelle étalé sur l'herbe.

-Mais c'est à moi, ça ! s'écria-t-elle en récupérant le bracelet. Et ces boucles d'oreilles sont à April ! Lee, je pensais que tu le gérais !

-Que veux-tu, c'est un sale petit vicelard ! Tiens, Bennett (Il avait récupéré la fine chaine d'or qu'il me tendit). Maintenant, toi petite chose, hop ! Chez le crapaud !

A genoux dans l'herbe, récupérant précieusement mes breloques et ma chaine, je vis Lee faire léviter le Niffleur qui battit des pattes d'un air paniqué. Il s'éleva, s'éleva, s'éleva jusqu'au cinquième étage où une fenêtre était entrebâillée pour laisser entrer l'air. Attirée par le trésor que recelait la pièce, la créature s'engouffra immédiatement dans l'ouverture. Lee se fendit d'un petit « hum » satisfait, mais Alicia se mordait anxieusement la lèvre.

-On ferait bien de partir ... Si Ombrage nous voit ... J'en reviens pas que tu me pousses à l'illégalité, Jordan.

-Je ne l'aurais pas fait si ça n'avait pas été anonyme, rétorqua-t-il en caressant vaguement le dos de sa main qui devait être couverte de cicatrice. Qu'est-ce que tu crois, moi non plus je n'ai pas envie de retourner dans son bureau et de me faire charcuter, pourquoi penses-tu que je sois si discret ces temps-ci ? Mais ... C'était le dernier héritage de Fred et George, il fallait bien qu'il arrive à son but ...

Lee renifla et Alicia lui jeta un regard circonspect.

-Oh mon dieu, tu ne vas pas te mettre à pleurer ?

Le ton incrédule d'Alicia m'arracha un éclat de rire et j'achevai de glisser les breloques sur la chaine avant de la réparer de ma baguette. Mais Lee semblait bel et bien avoir une poussière dans l'œil qu'il fit mine d'essuyer avec un reniflement feint et adressa un signe d'adieu à la fenêtre.

-Au revoir, vaillant compagnon ! Tu resteras dans mon cœur comme celui qui mettra Ombrage dans une telle rage qu'elle en deviendra aussi rose que son cardigan !

-Non mais je vous jure, s'amusa Alicia en levant les yeux au ciel. Bon, ne restons pas là, il ne faudrait pas qu'on nous prenne sur le vif ...

-On va boire un thé chez Hagrid ? proposai-je avec un sourire. Histoire de se détendre après cette folle semaine ...

-Et d'oublier un certain Serpentard, excellente idée, ça te changera les idées avant la deuxième semaine d'examen ! approuva Lee en nous prenant par l'épaule. Tournée générale de thé brûlant et de biscuits dégueux !

***

Simon revint bougon de son examen de Potion. Il n'avait pas aussi bien réussi qu'Emily qui elle était rayonnante, persuadée d'avoir décroché un Optimal. Je fus donc ravie d'avoir eu l'occasion d'avoir pu me détendre en compagne de Lee, Alicia et Angelina qui nous avait rejoins après son épreuve avant d'affronter leurs humeurs. Les deux étaient encore très stressés par leur examen d'arithmancie qui arrivait pendant la seconde semaine, plus consacrée aux options. La matière était très exigeante et cruciale pour leurs deux formations. Mais à titre personnel, je vis avec joie arriver le lundi matin mon épreuve d'étude des moldus (dont le nom me crispait chaque jour un peu plus. C'était les animaux qu'on étudiait, pas les humains). Je pris un plaisir particulier à faire ma rédaction sur « lien art et histoire dans le monde des moldus » et j'en ressortis avec un immense sourire qui exaspéra Roger. Le mardi fut une journée de révision intensive pour Simon et Emily en vue de l'arithmancie le mercredi après-midi. Avec soulagement, je les vis arriver pour le diner assez confiant sur leurs performances et je révisais jusqu'à une heure avancée mon vocabulaire de rune avec Simon pendant qu'Emily jubilait : elle avait fini ses ASPIC.

-C'est fantastique, se réjouit-t-elle en avalant une dragée surprise de chez Bertie Crochu.

-Ferme-la, il nous reste encore un examen, maugréa Simon en me montrant une rune. C'est « organiser » ou « défendre » ?

-Je crois que c'est « abattre » en fait ... Et pour ta gouverne, il me reste deux examens. J'ai ma soutenance d'Histoire de la Magie avec Octavia demain après-midi.

-Ça, c'est toi qui l'as choisi, chantonna doucement Emily.

Ce fut étrangement jouissif de la voir s'étouffer avec son dragée goût piment qui la fit rougir comme une pivoine. Elle s'éventa désespérément le visage avec l'un de nos parchemins qui trainait sur la table, les larmes aux yeux. Il était plus de vingt-trois heures et la Salle Commune s'était vidée des cinquième années partis pour leur épreuve d'Astronomie. Quelques septièmes années avaient fini comme Emily leurs ASPIC et profitaient bruyamment de leur liberté. Cela finit par agacer Renata qui retourna dans notre dortoir avec raideur. Je la suivis des yeux un instant, tiraillée. Ma camarade de dortoir prenait un soin tout particulier à me fuir depuis l'incident dans la cuisine. J'aurais voulu qu'elle ne se sente pas seule dans sa douleur, mais la jeune fille semblait être de celles qui souffraient en silence et en solitaire. Le bruit sourd d'un livre qui se fermait me sortit de ma rêverie. Simon venait de rabattre rageusement son dictionnaire de rune, un œil noir dardé sur le groupe qui s'esclaffait bruyamment un peu plus loin, ignorant ceux qui révisaient encore.

-Je vais finir de relire tout ça dans ma chambre, ils m'agacent. Bonne nuit, les filles.

-Oui, on va y aller aussi, assura Emily, toujours rayonnante. On fêtera tout ça demain soir !

Je la suivis dans notre dortoir, des livres et parchemins plein les bras. Malheureusement pour moi, la fatigue commençait à me tomber sur les épaules et je m'écroulais sur mon lit avec un grognement sonore qui fit rire Emily.

-Va dormir, Victoria, il faut que tu sois en forme pour demain, fit-t-elle valoir en retirant ses chaussures. Enfin, tu es bonne en étude des runes, ça devrait aller ...

-Je pense, oui. Je m'inquiète plus de l'après-midi ... Je n'ai pas l'habitude de ce genre d'exercice ...

-Oh ... Laisse Octavia faire, elle adore s'écouter parler.

Octavia était certes bien plus à l'aise que je ne l'étais à l'oral, mais nous serions notées toutes deux distinctement en fonction de nos performances, j'avais donc plutôt intérêt à être bonne dans l'exercice. Malgré tout, je sentais que la pression s'amenuiser de jour en jour. Il ne me restait que deux épreuves, deux épreuves que, sauf immense catastrophe, je pouvais assurer. Un sourire insensé retroussa mes lèvres lorsque je me rendis compte que, contre toute attente, j'avais survécu aux ASPIC. Puis la nostalgie s'abattit sur moi et me comprima ma poitrine : cela signifiait que Poudlard était bientôt fini pour moi. Que dans deux semaines à peine, je prendrais une dernière fois le Poudlard Express pour rentrer chez moi. Et malgré ma hâte de retourner à Terre-en-Landes et de revivre une vie qui m'avait tant manquée, je ne pouvais m'empêcher de de me sentir déçue de quitter de vieux château, sa magie, ses mystères. Emily vint s'asseoir au bout de mon lit et me contempla un moment.

-Tu as l'air songeuse.

-Hum ? Oh, t'inquiète, je suis juste perdue dans mes pensées.

Les lèvres d'Emily se pincèrent.

-Vic', tu sais que si tu veux parler de Miles ...

Je n'y avais pas songé, mais à présent que les ASPIC quittaient un à un mon esprit, le manque se fit cruellement ressentir. Je l'avais croisé chaque jour d'épreuve, parfois assis derrière moi en théorique, ou passant en même temps que moi la pratique. Nous avions soigneusement évité de nous parler, et même de nous regarder. C'était douloureux, mais c'était le prix à payer pour définitivement se détacher l'un de l'autre. Je me redressai, assez contrariée de revoir le sujet venir sur la table alors que je pensais avoir réussi à le chasser de mon esprit.

-Emily, ça va ...

-Tu n'en as presque pas parlé, insista-t-elle néanmoins. Je veux dire, je comprends que tu aies préféré te concentrer sur tes ASPICs mais ... A un moment, il va falloir que ça sorte, que tu en parles et que tu lui parles. Vous vous entendiez bien, ce serait dommage que vous perdiez totalement contact ...

-Non, refusai-je immédiatement. Non, Emily... j'ai besoin de prendre du recul, de me concentrer sur moi, de réapprendre à vivre sans lui. Et lui aussi. Il vaut mieux qu'on ne se parle pas pour l'instant, vraiment ...

-Victoria Bennett, faire l'autruche, ce n'est pas la solution ...

-Oh ça te va bien de dire ça ...

Je me mordis aussitôt la lèvre mais c'était trop tard et les mots s'envolèrent de ma bouche. Emily blêmit et parut choquée. Nous faisions tout pour éviter de parler de Voldemort, surtout depuis qu'elle se trouvait en minorité au sein de l'école et où elle semblait moins encline à clamer haut et fort sa conviction.

-Ce n'est pas ..., bredouilla-t-elle, interdite. C'est juste que ...

-Qu'est-ce que c'est ?

Renata venait de se lever vivement de son lit pour s'avancer vers notre fenêtre qui donnait sur le parc. Elle ouvrit en grand le battant et se hissa sur le rebord pour observer les alentour, l'éclat de la lune de reflétant spectralement dans le verre de ses lunettes. Mathilda s'était avancée à sa hauteur et tentait également d'apercevoir l'extérieur, soudainement inquiète.

-Moi aussi je l'ai vu, on aurait dit un sort de stupéfixion, il était rouge, exactement pareil ... (elle plaqua sa main contre sa bouche, soudainement effrayée). Vous pensez que les Mangemorts ...

-Ne dis pas de bêtise, Poudlard est protégé, la rabroua Emily d'un air bougon.

-Taisez-vous toutes ! exigea Renata en se penchant un peu plus.

Je tendis l'oreille comme elle. Un grand tumulte semblait se faire entendre de l'extérieur, de vagues cris bestiaux et le son de coups portés ... Nous échangeâmes des regards horrifiés. C'était l'écho d'une scène de bagarre. J'ouvris une autre fenêtre et montai sur le chambranle pour mieux apercevoir l'extérieur, mais nous n'avions vu que sur la partie est du parc. Au moment où je basculais mes jambes de l'autre côté avec la ferme intention de voir d'où venaient ses cris, Emily me rattrapa par le bras et m'obligea à descendre.

-Mais où tu crois aller ? C'est le couvre-feu, si Ombrage te voit dehors ...

-Mais il se passe quelque chose !

-Les cinquième année ont peut-être vu de la Tour d'Astronomie, suggéra Mathilda avant de consulter sa montre. Ils doivent bientôt avoir terminé ...

Mathilda avait raison : quelques instants plus tard, les cinquième année entrèrent en masse dans la Salle Commune, discutant avec animation. Lorsque j'y pénétrais avec les filles, certains d'entre eux avaient le visage couvert de larmes et paraissaient pétrifiés parce qu'ils venaient de voir. Hannah se précipita vers Emily, paniquée.

-C'est terrible ! gémit-t-elle en tordant l'une de ses nattes entre ses doigts. Franchement, c'est atroce ...

-Ce n'est pas atroce, c'est scandaleux ! s'écria Susan, qui elle semblait en colère. Franchement, quelle harpie, quelle pourriture ...

-Bon sang, jura Emily.

Devant l'agitation croissante qui consumaient nos cadets, elle se hissa sur une table et pointa sa baguette sur sa gorge pour amplifier sa voix.

-TAISEZ-VOUS !

Son cri résonna dans la Salle Commune et tous se turent enfin pour se tourner vers la préfète-en-cheffe. Mais elle n'avait pas fait que les réduire au silence : ceux qui n'avaient pas été réveillés par le tumulte le furent par elle et je vis Simon entrer, le regard ensommeillé et les cheveux en bataille.

-Je peux savoir ce qui se passe ?!

-C'est ce qu'on essaie de déterminer, répliqua Emily avant de promener son regard impérieux sur la Salle. Quelqu'un peu calmement m'expliquer ?

Ce fut Hannah qui s'en chargea. Lorsqu'elle acheva son récit, tous gardèrent le silence, trop sonnés pour réagir. Simon s'était écroulé dans un fauteuil, la tête entre les mains et je m'étais assise en tailleur sur le sol, proprement déroutée et la culpabilité me rongeant les entrailles. Je n'arrivais tout simplement pas à assimiler ce que je venais d'entendre ...

-C'est une catastrophe, laissa échapper Erwin. Je veux dire, McGonagall était l'une des seules à pouvoir encore s'opposer à Ombrage et Hagrid ... enfin, c'est un demi-géant mais ...

-Et alors ? rétorqua vertement Susan. C'est une personne adorable ! Elle l'a surprise en pleine nuit, sans sommation avec quatre Aurors ! Voilà à quoi sont utilisés les Aurors du Ministère, à coffrer des innocents !

-On savait tous que Hagrid serait le prochain, fit remarquer Ernie d'une voix morte. Elle pensait que c'était lui qui avait mis des Niffleurs dans son bureau, et il était trop proche de Dumbledore.

C'était bien ce que j'avais songé. Le Niffleur. Comment pouvais-je ne pas avoir anticipé qu'Ombrage accuserait Hagrid ? Pourquoi n'avais-je pas empêché Lee de l'introduire dans son bureau ? Et Miles adorait Hagrid, sa fuite le troublerait sans aucun doute ... Et la pauvre professeur McGonagall qui s'était prise quatre éclairs de stupéfixion dans la poitrine ... Mathilda posa à Simon la question que tous avaient au bord des lèvres sans oser la laisser échapper :

-Mais ... à son âge ... est-ce qu'elle peut survivre... ?

Le visage de Simon émergea de ses mains. Ses prunelles avaient repris la couleur sombre de l'émeraude et je le sentais en proie à un grand conflit intérieur. McGonagall, malgré sa sécheresse et son appartenance à Gryffondor, était peut-être la professeure pour laquelle il avait le plus d'estime.

-Je préfère ne pas me dire le contraire. En tout cas je pense que ça l'aura envoyé à Ste Mangouste, c'est un gros choc ...

-Un Poudlard sans Dumbledore ni McGonagall, ni Hagrid ..., soupira Hannah avec un certain désespoir. Elle est en train d'émietter notre école ... Je pensais que Dumbledore reviendrait vite, que tout rentrerait dans l'ordre mais ... Je ne sais plus, j'ai l'impression que tout est perdu ...

Un silence de plomb accueillit les paroles défaitistes de la préfète et personne ne songea à la démentir, plongeant l'assemblée dans une atmosphère de deuil qui me parut insupportable. Je pouvais presque voir toutes leurs petites flammes intérieures lentement vaciller jusqu'à se réduire à une braise à peine rougeoyante, soufflée par les agissements totalitaires et injustifiés d'Ombrage. Avec cette impression que malgré toute notre bonne volonté, elle restait intouchable.

-C'est franchement immonde, éructa Renata, tremblante d'indignation. Susan a raison, voilà à quoi sont utilisés les Aurors, à attaquer les professeurs de Poudlard ... pendant qu'un pire danger croupi dehors ... mais pour ça, bien sûr, le Ministère ne fait rien.

-Oh, ça va recommencer, grinça Emily entre ses dents.

Je lui jetai un regard oblique, mais sa réaction d'opposition ne fut pas la seule. Elle n'était pas l'ultime représentante de la pensée du Ministère : d'autres encore songeaient que Harry mentait et que Voldemort n'était pas revenu. Je les observai tous, les sceptiques, les déçus, les défaits avec l'impression que la révolte insufflée par les jumeaux en partant de Poudlard se mourraient enfin. Qu'Ombrage gagnait. Et alors que le silence s'épaississait, lourd de non-dits, de fracture et d'abandon, je me mis à chanter, sans trop savoir quel effet cela aurait, sans trop savoir pourquoi réellement, les mots s'envolaient de ma bouche. Mais moi aussi j'avais besoin de raviver mon espoir.

-Do you hear the people sing, singing the song of angry men? It is a music of a people who will not be slaves again ... !

Je fus rassurée de voir que quelques voix, reconnaissant l'air qui avait résonné dans Poudlard pendant quelques jours, se joignirent rapidement à moi, machinalement ou avec entrain. Bientôt, ce fut un chœur de Poufsouffle, cherchant désespérément un espoir dans le chant et puisant dans la force de nos voix unies, qui s'éleva, résonnant devant une Helga Poufsouffle dont les yeux peint s'étaient mis à étrangement briller :

When the beating of your heart
Echoes the beating of the drums
There is a life about to start
When tomorrow comes!

Plusieurs refrains furent chantés, prenant chaque fois plus de puissance, une autre couleur, une autre voix. Puis le chœur s'éteignit, se perdit dans le silence, mais je sentais qu'il continuait de résonner dans les âmes. Mes camarades étaient plus apaisés, moins abattus et la flamme en eux flambait de nouveau. Renata, assise sur un canapé auquel j'étais adossé, posa une main sur mon épaule et m'adressa l'un de ses rares sourires. Ses yeux brillaient étrangement.

-Cédric disait que tu étais le « petit soleil de Poufsouffle ». Il ne s'est pas trompé. Je pense que sans toi, beaucoup se seraient éteint cette année.

-C'est vrai, Vic', intervint Judy en hochant la tête. Rien qu'avec le Quidditch ... Jusqu'au bout, on y aura cru et c'est grâce à toi.

-Tu as été la gardienne de la paix, il n'y a que toi qui arrivais à faire le lien entre ceux qui croyaient et ceux qui s'aveuglaient, ajouta Mathilda avec un sourire tenu. Mais tu as su secouer ceux qu'il fallait au bon moment. Vraiment, merci.

-Tu vas nous manquer l'année prochaine, acheva Hannah, les larmes aux yeux. Et bien sûr, tous les autres, hein ... La Salle Commune sera bien triste sans Simon et toi qui hurlent tout le temps dedans.

Un immense rire secoua l'assemblée. Je n'osais répondre, trop émue pour articuler le moindre mot sans craquer. Chaque mot m'avait touchée droit au cœur et je me rendis compte, alors que tous se levaient pour repartir dans leurs dortoirs, tapant dans mon dos et me souriant, que la petite Victoria Bennett, l'anonyme, la personne que personne ne remarquait, était lentement devenue un pilier de Poufsouffle. Je n'avais pas eu conscience de l'importance que j'étais capable d'avoir dans un groupe. Alors que le dortoir se vidait, mue d'une inspiration soudaine, je m'avançai vers la fenêtre et l'ouvrit lentement. Puis pointant ma baguette vers les cieux, je fermai mes paupières et pris plusieurs grandes inspirations, m'imprégnant de toutes les émotions que je venais de ressentir : espoir, joie, fierté ... Le chœur de voix de Poufsouffle se mêla à celui de Poudlard et lorsque le chant retentit puissamment en moi, je relâchai toute la pression pour souffler :

-Spero patronum.

Je n'ouvris pas immédiatement les yeux, de peur d'avoir échoué, que mon intuition ait été mauvaise. Mais lorsque j'en eus le courage, mon cœur fit un bond : une petite silhouette argentée virevoltait dans la nuit, éclairant le frêne devant la fenêtre de sa douce lueur. Je l'observai, fascinée par ses petites ailes qui battait frénétiquement, si vite qu'elles s'étaient plus qu'un halo argenté autour de son corps.

-C'est un colibri.

Je sursautai : Simon s'était glissé à mes côtés et contemplait le petit oiseau qui volait de façon stationnaire avec un léger sourire. Je le considérai un instant, puis reportai mon attention sur le patronus.

-Il est si petit ...

-Ça n'a pas d'importance, me rassura Simon. Il y a déjà eu le cas de sorciers capable de produire des patronus très puissant magiquement et qui pourtant avaient la forme d'une coccinelle ou d'une souris. L'important, c'est la puissance des émotions que tu mets dedans.

Je hochai la tête pour signifier que j'avais compris et continuai de regarder le colibri virevoltait autour des feuilles du frênes, passé son long bec sans ses plumes. Je n'en revenais pas d'avoir réussi à le produire alors même qu'Amelia m'avait prévenu que certain des sorciers les plus expérimentés n'arrivaient à faire de patronus corporels. Ils n'étaient que deux dans notre année à avoir pu exécuter parfaitement le sortilège à l'épreuve d'ASPIC et j'aurais pu être la troisième. Le patronus brilla plus fort au moment où la fierté irradiait en moi. Alors qu'il fallait me persuader que j'étais une vraie sorcière et que ma place était dans ce monde, c'était à la nuit du cinq novembre que je me renvoyais, au moment où ma magie avait agi sans ma baguette pour la canaliser. Mais je savais que ce colibri en était également une preuve indéniable : j'étais une enfant de la magie, capable de réussir dans ce monde, capable d'y être quelqu'un et peut-être même quelqu'un d'important. Et c'était la plus belle chose que venait de m'apporter Poudlard : l'estime de moi.

Voilàààà !

Pour la petite histoire, je ne voulais pas que Vic ait son patronus corporel trop tôt - je pensais plutôt à la 3e partie. Puis quand j'ai écris ce passage et ses émotions, je me suis dis que c'était de très belles émotions pour créer un patronus et que le moment était parfait. Et puis la magie du patronus va bien à Vic' donc ce n'est pas déconnant qu'elle l'ait plus facilement que d'autres !

Et pour l'autre petite histoire, je voulais qu'il soit un chien (je pensais à un labrador), mais mes trois autres cerveaux m'ont dit qu'elles voyaient autre chose et j'ai fait des recherches de fou pour trouver une autre créature qui correspondrait à Vic' MERCI LES FILLES.

VOILA à la semaine prochaine !

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