II - Chapitre 24 - 2 : La famille cachée
BONJOUR TOUT LE MONDE
Voilà le chapitre en entier ! Ce sera le dernier que je pourrais couper, les suivants sont en trois temps donc plus difficilement coupable et puis c'est bien d'avoir l'unité de chapitre !
Encore merci à tout ceux qui ont participé à la FAQ, je commence un peu à y répondre le soir c'est drôle ! Je rappelle que vous avez jusque début juillet si vous avez d'autres questions à poser !
Et je voulais remercier @emma_gzlv qui a fait une critique adorable sur son livre d'avis, ça m'a beaucoup touchée, réellement ! N'hésitez pas à aller voir ses avis, je les trouves complets et très bien faits !
Allez je pense que c'est tout : BONNE LECTURE
Chapitre 24 (2/2) : La famille cachée.
-Les Tornades ? Mais c'est impressionnant !
Je fusillai du regard la petite Cora, qui m'adressa un sourire adorable teinté de contrition. Son père, Oliver Bletchley, supervisait joyeusement la marmite de bœuf qui frémissait sur la gazinière tout en me parlant, sous l'œil scrupuleux de Miles. C'était un homme bedonnant aux épais cheveux bruns filés de gris et au sourire doux, quoique qu'empreint d'une certaine incertitude constante. Comme je l'avais anticipé, je n'eus aucun mal à m'entendre avec lui : il était calme, avenant, et n'avait visiblement aucun grief contre les nés-moldus puisqu'il me questionnait régulièrement sur notre mode de vie. Il semblait en revanche totalement soumis à sa femme, Selena Bletchley, une grande femme qui avait légué à Miles et à Felicity son beau visage et son teint mat, mais qui me mettait nettement plus mal à l'aise. C'était elle qui m'avait ouvert la porte lorsque je m'étais présentée, les entrailles nouées et accompagnée d'Isabel McDougal, devant la petite maison mitoyenne dans la banlieue de Manchester et son regard s'était baissé de chaque côté de son nez droit, l'air d'évaluer si la petite fille chétive que j'étais serait capable de porter ses petits-enfants. Mais je n'avais pas eu à souffrir plus de sa présence, puisqu'elle s'était éclipsée dans sa chambre immédiatement après, non sans avoir demander – ou plutôt ordonner – à son mari de préparer le dîner. Avant que je ne puisse songer que la mère de Miles était peut-être le principal problème de cette maison, son père s'était chargé de me mettre à l'aise avec une conversation bienveillante et badine. Mais c'était avant que, alors que la discussion s'orientait vers le Quidditch, Cora ne lâche, avant d'écraser sa bouche de ses deux paumes, qu'un essai m'attendait chez les Tornades.
-Tu dois être douée, les Tornades sont premiers du championnat depuis deux ou trois ans ! poursuivit Mr. Bletchley, visiblement impressionné. A quel poste tu joues ?
-Je suis gardienne. Mais ce n'est qu'un essai, je ne suis même pas encore sûre que je le passerais, en plus ...
-Pourquoi ? s'étonna Isabel, perplexe. Tu es une super gardienne, je suis sûre que tu pourrais réussir ...
-Et les Tornades sont vraiment une opportunité en or ! enchérit Cora en hochant vivement la tête avec ferveur. J'ai toujours rêvé d'aller voir un match d'eux, de ce que j'entends à la radio ça a l'air tellement fou ! Comme ça tu m'auras des places !
J'eus un sourire crispé à son encontre mais son père m'appuya en ensorcelant une cuillère de bois pour qu'elle frappe le crâne de sa benjamine qu'il accompagna d'un regard d'avertissement. Cora se frotta la tête, l'air ennuyé.
-Mais quoi ?
-Laisse-la tranquille, sinon elle va s'en aller, intervint Felicity en levant les yeux au ciel en un geste somptueusement dédaigneux. Victoria n'a peut-être pas envie de travailler dans le Quidditch ...
-Mais qui refuserait d'aller chez les Tornades ?
-Cora !
La réprimande venait à la fois de Felicity et de Miles et la jeune fille se rembrunit en croisant boudeusement les bras sur sa poitrine. Isabel échangea avec moi un regard gêné. Elle aussi dormait chez les Bletchley, visiblement après une longue et harassante dispute entre Cora et sa mère, qui ne voulait pas la charge d'un autre enfant, mais elle n'avait rien à craindre d'Isabel. La jeune fille s'était d'ailleurs attiré la sympathie de Mr. Bletchley en mettant la table sans qu'on lui demande et en l'aidant pour la préparation du repas pendant que Miles et moi révisions dans le salon. J'entrepris d'ailleurs de ranger mes affaires tout en observant l'environnement. Miles avait été gêné en me la faisant visiter, gêne qui s'était caractérisé par une phrase significative « ça doit te paraitre plus petit que chez les Bones ». Il était vrai que les Bones habitaient une très belle maison victorienne aux grandes proportions, à la fois noble et humble, mais je ne m'en servais absolument pas de point de comparaison. Pourtant, le sentiment d'infériorité de Miles semblait latent alors que j'observais les poutres apparentes de la salle à manger ou sa petite chambre qui pouvait à peine contenir son lit double et son bureau. J'avais tenté de le rassurer : ma propre maison n'était pas beaucoup plus grande que la sienne et je trouvais à celle-ci un certain charme. Le mobilier était certes usé et les pièces étroites mais je ne voyais là rien dont Miles pourrait avoir honte. Mais visiblement, rien ne pouvait le soulager et je remarquais régulièrement son regard ardent planté sur son père et des mots qu'ils échangeaient à voix basse avant que le pauvre homme ne baisse les yeux.
Une chose était sûre, c'était qu'Oliver Bletchley avait une tendance certaine à baisser les yeux. Et c'était peut-être cette attitude de soumission constante qui provoquait la contrariété dans ceux de son fils.
Je pinçai les lèvres en rangeant mes révisions par-dessus celles de Miles. Il y avait une dynamique étrange dans cette famille dont je n'arrivais pas à saisir tous les aspects. Faute de me faire une réelle idée, je rejoignis le reste de la famille pour le dîner. Nous venions de nous mettre à table lorsque Mrs. Bletchley descendit, portant une élégante robe d'un bleu pervenche qui lui seyait particulièrement bien. Elle s'assit gracieusement à la tête de la table et se servit sans attendre dans le plat. Felicity dressa un sourcil.
-Tu sors encore, maman ?
-Oui, je vois quelques amies, répondit distraitement sa mère avant de vriller ses yeux bleus sur moi. Alors, Victoria, nous n'avions pas eu l'occasion de parler ... J'ai entendu parler que tu te destinais au Quidditch ?
Je ne sus que penser de la lueur qui s'alluma dans le regard de Selena Bletchley et qui vacilla aussitôt pour ne laisser qu'un sourire aimable. Si Cora et Isabel parurent ravies de revenir sur cette conversation, mon sauveur prit le visage de Felicity, qui insista l'air buté :
-Justement, Victoria est là, peut-être que tu pourrais rester pour une ...
-Chérie, la coupa sa mère d'un ton nettement plus froid. C'était une sortie prévue de longue date, je suis navrée qu'elle tombe lors de la visite de Victoria, vraiment, désolée ma chère ...
-Oh, ce n'est rien, je ne voudrais pas bouleverser votre emploi du temps ...
Elle m'adressa un adorable sourire qui dévoila des dents incroyablement blanches. Alors que le silence s'installait de nouveau dans la pièce et que l'on entendait plus que les couverts dans les assiettes et le son peu agréable des mastications. Plusieurs conversations badines s'en suivirent et Mrs. Bletchley finit par se lever gracieusement de la table, enfiler une cape très élégante malgré la couleur passée et partit sans demander son reste. Après cela, Felicity fixa la porte d'un regard brûlant alors que Cora et Isabel se dépêchaient de s'isoler dans leur chambre. M'abstenant du moindre commentaire, j'aidais le père de Miles à débarrasser la table et à faire la vaisselle. Mon petit-ami, qui avait amorcé un mouvement pour monter dans sa chambre, dût se résoudre à ensorceler les assiettes pour qu'elles se rangent dans les armoires. Son père lui jeta une œillade amusée.
-C'est bien la première fois que je te vois faire la vaisselle, tiens ... Tu veux montrer à Victoria que tu es un homme à marier ?
Les joues de Miles rosirent et l'une des assiettes ensorcelées manqua sa cible et alla se fracasser contre le mur. Pestant à voix basse, il la répara d'un coup de baguette et la rangea manuellement.
-Que veux-tu, marmonna Miles en refermant les portes du placard. L'année prochaine je ne serais plus ici, il faut bien que j'apprenne ...
Nous fûmes deux à tiquer sur la phrase, mais pas pour les mêmes raisons : Mr. Bletchley ne paraissait plus mortifié que surpris de la pique et se contenta donc de lorgner la vaisselle qui se faisait seule d'un air morne. Moi, j'interrogeai Miles du regard, qui articula silencieusement « plus tard » avec un haussement d'épaule évasif. Pressée d'entendre les explications, je jetais un sortilège de séchage si puissant que même l'eau dans l'évier s'évapora, mais cela parut plus amusé Mr. Bletchley que l'ennuyer.
-Toi en tout cas, tu es une fille à marier, plaisanta-t-il, me faisant piquer un fard. Enfin, pas parce que tu sais lancer des sortilèges ménagers et que tu es une fille, comprends le bien ... Bref (il se gratta la tête, l'air embrassé). Merci du coup de main, toujours.
-Un plaisir, le rassurai-je avec un mince sourire. Et merci pour le repas, c'était très bon. Chez moi c'est mon père aussi qui fait la cuisine, mais j'avoue que ses pommes-de-terre sont moins bonnes que les vôtres.
C'était faux, mon père était un virtuose de la pomme-de-terre autant qu'il était un spécialiste de Dieu, mais j'espérais par cette information dissiper l'embarras du père de Miles d'être ainsi cantonner aux tâches ménagères. Trois heures passées chez les Bletchley m'avaient suffies à commencer à appréhender la dynamique de cette famille et j'avais compris que cet homme adorable avait besoin d'être gratifié. Il était écrasé par une femme qui, visiblement, le méprisait, sans doute parce qu'elle songeait que sa beauté aurait pu lui apporter une meilleure vie que celle-là et un fils au caractère plus affirmé qui semblait en perméance être déçu de son attitude de soumission. Il m'adressa un sourire reconnaissant avant que Miles ne me prenne pas le bras en me proposant de monter. Je ne pus m'empêcher de lui jeter un regard contrarié.
-Tu n'es pas un exemple de gentillesse avec ton père ...
Miles leva les yeux au ciel, la mâchoire contractée. Visiblement, ma réaction était précisément celle qu'il redoutait.
-Tu sais, ça ne m'étonne même pas que tu le défendes. Mais c'est atroce, Vic', franchement, j'ai envie de le secouer comme un prunier dès que je me retrouve devant lui. Il passe tout à mes sœurs et elles l'idolâtrent pour ça, il laisse ma mère lui marcher sur les pieds, sortir quand elle veut, faire de lui son elfe de maison ... Bon sang, il n'a aucune dignité.
J'ouvris la bouche pour répliquer avant de ravaler mes mots et me mordre l'intérieur de la joue, un brin frustrée. Je n'étais pas venue là pour sermonner Miles et si son attitude envers son père, qui se démenait visiblement pour subvenir aux besoins de la famille à la fois domestiquement et financièrement, était injuste, je comprenais son agacement à le voir abandonner tout aspect de sa vie. J'étais une personne qui fuyait par nature les conflits, mais j'admettais avoir eu envie d'inciter le pauvre homme à répondre davantage à sa femme.
-Donc, ta mère sort souvent ? m'enquis-je à la place, dans l'espoir de mieux cernée cette femme.
Je savais qu'elle n'avait jamais occupé d'emploi, sans doute pour s'occuper de la maison, avais-je supposer. Mais comme c'était le père de Miles qui semblait tout faire ... Miles poussa un profond soupir et poussa la porte de sa chambre. Je m'y engouffrai à sa suite et m'assit précipitamment sur la chaise de bureau – je ne voulais pas m'approcher du lit, pas maintenant, pas avant d'avoir mis les choses au clair.
Et j'avouais que depuis que j'étais entrée pour la première fois ici, l'idée de me retrouver dans ce lit avec Miles m'horrifiait autant qu'elle faisait pousser en moi de brûlantes envies dont je n'avais jusque alors pas conscience.
Mes joues s'échauffèrent et malgré moi, mon corps me trahit sous forme d'une accélération brusque des battements de mon cœur et d'une chaleur qui se diffusa étrangement dans mon bas-ventre. Le goût sucré de la potion d'Emily qui j'avais avalée par précaution la semaine précédente me revint en bouche et je déglutis pour le faire passer. Bien sûr, on n'acceptait pas de dormir chez son petit-ami sans que l'idée soit émise mais ...
Miles n'eus lui aucun mal à s'affaler dans son lit, les bras en croix, le regard rivé sur son plafond.
-Ouais, pas mal. Surtout depuis qu'on est tous entré à Poudlard et qu'elle a de moins à moins de choses à s'occuper ici alors ... elle voit beaucoup de monde.
Il y avait beaucoup d'amertume dans ces derniers mots et je me rendis soudainement compte avec un grand malaise que le « beaucoup de monde » devait comprendre des hommes. Devant le regard à la fois dur et mortifié de Miles, une partie de moi souhaita grimper sur le lit et effacé cet air triste de son visage, mais l'enfant en moi n'en crispa que plus les mains sur la chaise pour être certaine que toute Victoria y reste soudée.
-Très bien, je vois, soufflai-je, embarrassée. Je suppose que ça explique que tu veuilles quitter cette maison dès cet été ...
Ça avait beau être une information en soit car nous n'en avions jamais parlé, elle ne me surprenait qu'à moitié : Miles brûlait d'indépendance et surtout de prouver qu'il valait mieux que la famille au sein de laquelle il avait vu le jour. Et c'était d'autant plus compréhensible qu'il fallait admettre que l'ambiance dans la maison était assez nauséabonde. Assez pour expliquer qu'il ait refusé que j'y entre pendant des mois. Miles m'adressa un sourire penaud.
-En partie, oui. Et puis, à quoi ça servirait que je reste ? En septembre, j'espère avoir un salaire, de quoi subvenir à mes besoins. Je ne vais pas rester chez mes parents comme un gosse, non ?
-Tu as déjà regardé pour entrer au Ministère ? interrogeai-je plutôt que s'attarder sur le fait que j'étais personnellement encore une enfant.
J'avais déjà vu certains élèves de septième année commencer à parler de l'avenir qui approchait à grand-pas, des discussions que j'avais fui comme la peste dans le sillage de Simon. Emily commençait déjà à constituer un solide dossier sur la formation comme Langue-de-plomb au Département des Mystères, Mathilda avait plusieurs fois échangé avec Chourave sur le métier d'apothicaire et d'herboriste, et Roger travaillait d'arrache-pied pour obtenir tous les ASPICs qui lui ouvrirait les portes de la médicomagie.
-J'attends les entretiens qu'on aura après les vacances, avoua Miles en haussant les épaules. Je doute que Rogue m'aide beaucoup, mais on ne sait jamais ... Je me dis que je peux avoir un bon dossier pour entrer dans le Contrôle et la Régulation des Créatures Magiques, non ? On est que trois à poursuivre les cours avec Hagrid mais Angelina n'est pas très intéressée je pense et je crois qu'Alicia est plutôt partie pour poursuivre dans le Quidditch ...
Là-dessus, il me jeta une œillade entendue, un sourire fier aux lèvres. Une chaleur qui n'avait rien à voir avec celle qui persistait au creux de mes reins me monta aux joues et je détournai le regard, embarrassé. Miles poussa un grognement.
-Vic' ... Tu évites d'en parler depuis que tu as reçu la lettre des Tornades ... A moi tu peux le dire. Qu'est-ce qui te fait peur ?
Mes lèvres se tordirent et je masquai la grimace avec un sourire penaud. Il n'était pas le seul à tenter de m'arracher des confidences à ce sujet : George et Rose, prévenus par Susan de la proposition d'essai, m'avaient immédiatement proposé de m'y accompagner et même de me faire une avance pour m'acheter un nouveau balai, plus performant pour le niveau professionnel. Tant d'insistance ne faisait que me faire battre davantage en retraite, mais Miles semblait détaché, plus serein que les jours qui avaient suivi la proposition. C'était moins angoissant de pas être acculé, propulsée dans un avenir fantomatique.
-Je ne sais pas, lâchai-je, en m'asseyant en tailleur sur la chaise de bureau. Je pense que dans le fond ... J'ai envie d'être utile dans ce que je fais et je ne vois aucune utilité dans le Quidditch.
Les yeux de Miles papillonnèrent, comme s'il était surpris que je cède si vite. Il se redressa soudainement sur ses coudes pour me contempler, l'air perplexe, mais aussi consterné.
-Pas utile ? Mais Vic' ! Tout le monde te dit que tu es l'une des meilleures joueuses de l'école ! Tu as un potentiel pour atteindre un niveau de jeu professionnel et les Tornades de Tutshill, qui sont ce qui se fait de mieux dans le Quidditch depuis quelques années ! Est-ce que tu te rends compte de la chance que c'est ?
Je fus vaguement honteuse de dénigrer l'honneur alors que, comme le soulignait Miles, certain en rêvait sans doute toute leur vie sans jamais ne serait-ce que l'effleurer. Comme lui, bon gardien, mais qui avait atteint son plafond de verre en étant Capitaine par intérim de Serpentard. Sans doute la fierté qu'il affichait chaque fois qu'il en discutait avec moi masquait une certaine envie. Malgré tout, je ne pouvais faire taire le doute en moi qui me prenait chaque fois que j'évaluais tout ce qui entourait cette décision, tout le contexte immédiat dans lequel se ferait mon avenir.
Qui aurait envie de jouer au Quidditch alors que la vie de sa famille était en jeu ?
Mais est-ce que Miles pouvait seulement comprendre cet aspect ? Il n'avait jamais souffert des guerres contre Voldemort. A dire vrai, j'étais la seule chose qui le reliait au conflit, la seule peur tangible qui pouvait l'atteindre. Aucun de ses proches n'étaient morts quinze ans plus tôt, il n'avait pas observé le visage de Cédric rendu blafard par la mort, il n'avait pas le spectre de tous les dangers qui pesaient autour de chaque personne proche de lui qui flottait autour de lui. La question creusa un gouffre en moi. Si Miles n'était pas capable de comprendre cela ... Je repoussai l'idée, soudainement inquiète. Ce n'était pas le moment de songer à cela.
-Je me rends compte que j'ai énormément de chance, simplement ... Ce n'est qu'un essai. Il faut que je regarde les autres portes, juste ... au cas où.
L'expression de Miles s'adoucit et son sourire se fit plus doux mais également désabusé.
-Vic', tu compliques vraiment tout ... Mais soit, je peux comprendre. Tu as réfléchi à ces portes, du coup ? Des portes utiles ?
-Hum. Je traine les oreilles plus que je ne me renseigne ... Le problème, c'est que je ne connais pas exactement les domaines actifs qui correspondent à mes capacités. Les seules que j'ai pu un peu réfléchir, ce sont le Ministère et Ste Mangouste mais ...
-Ste Mangouste demande des connaissances fines en Potion, peu importe les postes, me coupa Miles, confirmant ce que je songeais. Et le Ministère ...
Miles laissa sa phrase en suspens, mais je pus la compléter sans difficulté : le Ministère exigeait d'excellentes notes en ASPICs et un dossier solide. De brillants étudiants tels Simon et Emily, des profils atypiques pour les bureaux spécifiques comme Miles, mais moi j'avais peu d'avantages. Les BUSEs avaient été arrachés dans plusieurs matières (qui nécessitait des compétences magiques) et mes points forts se situaient sur des disciplines souvent targuées d'inutilité telle l'Histoire de la Magie ou l'Etude des Runes. Et si l'Histoire de la magie avait été une voie sur laquelle j'avais commencé à me pencher, portée par l'élan de mon projet avec Octavia qui m'enthousiasmait, comme le Quidditch la guerre qui pourrait se profiler vidait l'intérêt de toute substance. Alors Simon avait beau tenté de rattraper des années de harcèlement en me trouvant des qualités en duel et mettait en avant mes capacités extraordinaires concernant l'occlumencie, comparé à mes lacunes, ça me semblait bien maigres.
Je soupirai, toute ma chaleur aspirée par l'angoisse que m'inspirait la vie en dehors de Poudlard. Miles avait raison, j'avais peur. Peur de ce que serait ma vie une fois à l'extérieur. Sentant la morosité s'installer en moi, je m'ébrouai et me levai. Sans autre choix pour justifier ce mouvement, je m'assis prudemment au bord du lit et lissai la couverture brodée aux couleurs de Serpentard. La couleur avait été ternies par les années et des bouloches rendaient les coutures irrégulières. C'était une couverture utilisée depuis l'enfance, ça, avant même qu'il ne soit réparti.
-Bref, conclus-je avec un pauvre sourire. Je pense que j'en discuterais avec Chourave aussi, ça va m'être utile.
-Et tes parents, ils en pensent quoi ?
-Mes parents sont moldus, Miles. Ils ont juste assimilé que je n'entrerais pas à l'université après Poudlard.
C'était dommage, par ailleurs. J'avais eu l'occasion de discuter avec Cholé et Ethan pendant les rares moments où ils étaient passés à Terre-en-Landes. La première faisait des études de chimies en parallèle de ses obligations sportive à l'université de Bristol et le second s'orientait vers la communication dans celle de Gloucester. Par curiosité, j'avais regardé les enseignements proposés dans les universités et j'admettais volontiers que les programmes de littératures et d'Histoire m'avaient intéressée. Mais lorsque j'en avais parlé avec George Bones, il avait eu un sourire triste à mon égard : je n'avais pas les bases qu'auraient pu me donner un établissement moldu, mais en plus le Ministère était plutôt strict sur les sorciers qui se destinaient à une carrière dans le monde non-magique. Peut-être pourrais-je prendre des cours par correspondance, m'avait-il proposé, mais en parallèle d'une activité qui elle serait magique. Et cela me posait le même problème que le Quidditch : à quoi bon ?
Miles eut un ricanement amusé.
-Et je suppose que ton frère c'est pareil ... il va bien, lui, d'ailleurs ? Après sa rupture avec Melania ?
Je haussai les épaules. Alexandre était revenu ce week-end, les traits tirés, le regard toujours aussi sombre, hanté par cette femme qu'il aimait toujours. Et j'avais beau avoir tenté de l'égayer par des parties de football, des visionnages de films, des courses à vélo qui avaient la saveur de notre enfance, chaque sourire finissait inéluctablement par se fondre dans la morosité.
-C'est difficile. Il l'aimait vraiment, j'ai l'impression. Ça prendra un certain temps avant qu'il ne l'oublie ...
Miles eut une moue et se redressa définitivement pour allonger le bras et prendre la main dans la sienne. Nous échangeâmes un sourire, entre timidité et soutien. J'avais été rassuré qu'il comprenne que j'avais besoin de retrouver ma famille pendant les vacances et qu'il n'ait pas insisté davantage pour me voir, malgré nos rapports décousus ce trimestre. Il tira doucement sur ma main et malgré l'enfant en moi qui s'agrippait aux draps pour ne pas se laisser emporter, je glissai sur le lit pour me rapprocher de lui et poser ma tête au creux de son épaule. Il passa un bras derrière mon dos et m'enlaça, nous collant plus encore l'un à autre. Il m'embrassa sur le sommet du crâne et son souffle alla se perdre dans mes cheveux et effleurer mon visage qui reprenait des couleurs peu naturelles.
-Allez courage, il ne reste que quelques semaines à tenir avant la fin. D'ici là ton frère ira sans doute mieux, tu auras trouvé ce que tu voudras faire, les ASPICs seront finis et on sera libéré de la présence d'Ombrage. On pourra penser des choses plus réjouissantes.
Encore une fois, j'aurais voulu rétorquer que mes problèmes ne s'arrêtaient pas à Poudlard, qu'ils seraient bien pires une fois sortis ... Mais une fois encore, je me tus. C'était inutile d'agiter devant le nez de Miles un spectre qui ne lui était rien et par ailleurs je n'en avais pas la moindre envie. Car c'était également ce qui me plaisait chez lui : il n'avait pas de problème. Chaque fois que je le voyais, je n'étais pas pressée par une urgence quelconque, je n'avais pas une boule d'angoisse au creux de mon ventre en attendant qu'une bombe explose ... C'était reposant de pouvoir être aux côtés de quelqu'un qui n'exigeait rien de moi, et dont je n'exigeais rien. Alors je levai le visage vers lui pour lui sourire, sourire auquel il répondit en se penchant sur moi et en posant ses lèvres sur les miennes. Le baiser raviva toutes les sensations qui effrayaient l'enfant en moi, la chaleur dans les reins, le cœur qui cognait contre ma cage thoracique tel un oiseau terrifié, la volonté de sauter hors du lit pour éviter que les choses ne dérapent ... Mais Miles apaisa chacune de ses peurs en ne pressant en rien les choses : il se contenta de m'embrasser avec douceur, sans rien n'accélérer, caressant mes cheveux d'un geste tendre mais dont je sentais la crispation, la retenue. Il ne voulait pas brusquer le petit oiseau que j'étais.
Pendant un moment désagréable, je restai passive, hésitante, le laissant m'embrasser sur les lèvres, les joues, le cou, incapable de savoir ce que je voulais. J'étais étirée entre deux réalités qui se battaient en moi, l'enfant empreinte des principes religieux parentales qui se trouvait trop jeune, trop innocente, et la femme qui commençait à émerger et dont je ne percevais les contours que lorsque j'étais avec Miles car ce que nous faisions n'avaient rien des activités de l'enfant. Je m'étais toujours cachée derrière cette identité de femme-enfant, niant les parties féminines de mon corps, me refusant à prendre la moindre responsabilité d'adulte, m'accrochant désespérément à la part enfantine de moi pour ne pas avoir à grandir. Mais alors que les lèvres de Miles parcouraient ma peau, que mes mains s'aventuraient sous son tee-shirt sans que l'enfant ne puisse les retenir, je me sentais presque prête à céder à la tentation d'enfin accepter l'idée qu'un jour, tous les enfants grandissaient et que c'était à mon tour. Alors que la résolution prenait de l'ampleur en moi je me surpris à répondre avec plus d'avidité aux baisers de Miles, à grimper sur ses genoux pour prendre pour l'une des rares fois de ma vie un peu de hauteur. Son tee-shirt valsa, le mien également, la chaleur en moi se fit plus intense, plus douloureuse, insoutenable, les gestes de Miles moins retenus, son regard plus affamé. Lorsqu'il me bascula sur le lit et qu'il se retrouva sur moi, sa peau contre la mienne, les bras de part et d'autre de mon visage, l'enfant en moi hurla, effrayé, mais la femme l'entoura de ses bras tendres : tout allait bien. Pourtant mon cœur garda des traces du cri car devant l'intensité qui brûlait dans les prunelles de Miles il se mit à battre à la chamade. Mes doigts se figèrent sur son épaule nue et pendant cet instant nous nous plongeâmes notre regard l'un dans l'autre, tous les doutes m'assaillirent de nouveau. Je pensais à mes parents, qui avaient attendus le mariage pour se donner l'un à l'autre, à tous les conseils diffus qu'Emily avait tenté de me donner et que j'avais refusé d'écouter, à l'amour que je sentais dans chaque regard qu'échangeaient mes grands-parents. Je n'arrivais pas à me retrouver dans chacune des situations et cela m'affola plus qu'autre chose. Sentant sans doute mon indécision, Miles m'embrassa tendrement sur le front avant de coller le mien au sien. Sa respiration était laborieuse et je sentais douloureusement sa poitrine se soulever et s'abaisser sur la mienne.
-Victoria, ça va aller, murmura-t-il et son souffle chatouilla ma joue. Si tu es prête et qu'on se fait confiance ...
Je lui faisais confiance. Oui, il ne m'avait donné aucune raison de ne pas lui faire confiance sur ce plan-là : il avait été patient, doux, respectueux de mes besoins et de mon corps. Il le prouvait encore en me laissant l'opportunité d'arrêter le processus, d'en rester là et je fus surprise du « non » catégorique qui monta en moi malgré les doutes. Pour des raisons pragmatiques d'abord : nous n'aurions pas de meilleures occasions à Poudlard, où les instants de frustration avaient été longs. Ensuite parce que Poudlard et le contact de certains avaient déconstruit la vision religieuse de la virginité et que je me sentais libérée de toute entrave divine. Qu'alors que ma peau jouxtait si délicieusement celle de Miles et que nous étions enlacées, mus le feu qui semblait nous animait tous les deux, la femme avait rassuré l'enfant : il était tant de grandir, de se fondre l'un dans l'autre, d'accepter de suivre le fil que traçait la vie jour après jour et qui menait à l'ombre et la poussière.
Mais avant de retourner à la poussière, il fallait vivre.
Alors je hochai la tête contre celle de Miles. Mes doigts remontèrent jusque sa nuque et inclinèrent son visage contre le mien. Mon baiser avait le goût de l'envie, de l'acceptation, de l'ivresse d'une nouvelle expérience. Alors Miles y répondit, resserrant ses bras sur moi et je m'abandonnais totalement à la femme triomphante qui grandissait en moi.
VOilà, j'ai essayé d'aborder le thème de la "première fois" je l'espère en toute pudeur ! Pour celles qui sont pour le Simoria n'en voulez pas trop à Miles, Victoria a le droit de vivre pleinement sa relation avec lui !
Allez, à dans deux semaines !
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