II - Chapitre 23 - 1 : "La vie, c'est comme une boite de chocolat..."

MAIS QU'EST-CE?!

La preuve de ma faiblesse.

MAIS ce n'est qu'une demi faiblesse. Ce chapitre est long (environ 20 pages) DONC je le coupe en deux comme ça vous en avez une partie cette semaine et une partie la semaine prochaine ! Et après on reprend toutes les deux semaines, ça vous va?

MAIS AVANT TOUTE CHOSE, MOMENT PUUUUUB

ATTENTION WATTPAD LADIES AND GENTLEMAN événement aujourd'hui : mon amie @PtiteCitrouille a, après quelques semaines d'harcèlement de notre part, posté sa fanfiction sur Minerva McGonagall sur la plateforme ! (Lien en commentaire). Bon, le titre est explicite, ça parle de l'une des meilleures profs de Poudlard, de son parcours de sa jeunesse et c'est prévu jusqu'aux années 90 (années HP). C'est super bien écrit, c'est super bien pensé, c'est génial donc ALLEZ Y et votez et commentez en masse (On lui a vendu des gentils commentaires, ne nous décevez pas) !

La fanfiction et aussi validée par Cazolie et Annabethfan (pour reprendre les mots de Cazo, on est un quatuor diabolique)

CHAPITRE MAINTENANT BONNE LECTURE ! Désolée, cette semaine c'est la partie la moins intéressante, mais c'est toujours mieux que rien !

Chapitre 23 (1/2) : « La vie, c'est comme une boite de chocolat... »

-Et vous ne l'avez pas fait ?!

Le cri d'Emily embrasa mes joues et je lui fis sèchement le signe de se taire. Sa présence était d'autant plus embarrassante que j'étais en retard : le Poudlard Express n'allait pas m'attendre et j'étais l'une des dernières élèves à quitter le hall.

-Bon sang, Emily, je n'allais pas le faire dans une salle de classe, enfin ! Laisse-moi le temps ! Et lâche-moi un peu, je vais louper le train !

-Bon, d'accord, tu as raison de prendre ton temps, convint-t-elle avant de fouiller ses poches. Il faut le faire quand tu seras prête. Et dans les meilleures conditions possibles ... Mais au cas où ...

Elle me tendit une potion à la robe mauve et translucide que je pris avec perplexité. Puis je compris ce que c'était et mes joues rougirent de plus belle.

-A prendre dès le début de ton cycle, au cas où ça déraperait pendant les vacances, ajouta-t-elle avec un malicieux sourire. Mais si la robe devient épaisse, ne la boit surtout pas, ça veut dire qu'elle est passée et ... bon, bref, tu prendras tes précautions.

-Bon sang, Emily !

Mais mon amie se contenta de se fendre d'un immense sourire et m'envoya un baiser de la main. A la fois agacée et affolée par l'heure qui avançait, je jetai un sort de lévitation à mes bagages et me mis à courir à travers le parc sans me soucier de ce qu'elles pourraient heurter en me suivant. J'arrivai à la dernière diligence à bout de souffle et laissai Kenneth, qui rentrait également, monter ma malle à bord. Simon m'attendait sur le quai de Pré-au-Lard, son pied tapant impatiemment le sol tout en consultant sa montre.

-Pas trop tôt, maugréa-t-il en montant dans le train. J'ai cru qu'on allait le louper ... et vu ce qui se trame chez toi, ça aurait été catastrophique.

Le rappel de Simon fut comme une pierre posée dans mon estomac. Je plongeai ma main dans ma poche pour effleurer la lettre que j'avais reçu la veille au matin et dont les mots étaient imprimés dans mon esprit :

Victoria,

J'ai fini par faire ce dont on avait convenu, la dernière fois. Mon frère ne change pas, pas assez pour me rassurer et j'ai fini par conclure que tu avais raison. J'ai préféré le faire avant les vacances, comme ça je sais que tu seras là pour lui pendant au moins deux semaines. Encore une fois, je suis tellement désolée... Mais ne t'en fais pas, ce que je t'ai dit vaut toujours. Je ferais tout ce que je peux.

Prends soin de toi - et soin de lui. Bonne chance pour tes ASPICs.

Mel.

Melania avait été prudente dans une lettre qu'Ombrage avait sans doute lue, mais je n'eus aucun problème à la décrypter. Elle avait fini par quitter Alexandre, pour le protéger - et ferait en sorte que Nestor ne m'atteigne pas. Lorsqu'il avait lu la lettre, Simon avait évoqué la possibilité que Melania empoisonne Nestor et je lui avais envoyé une cuillère de marmelade à la figure. Mais la bonne nouvelle, c'était que ce spectre-là s'éloignait également. J'allais ramasser Alexandre à la petite cuillère pendant les vacances, mais au moins c'était son cœur que je retrouverais en miette ... pas son corps.

Je montai dans le train à la suite de Simon qui me mena à une cabine étrangement composée de sa sœur, et de la fratrie Bletchley dans son ensemble, ainsi que de la petite Isabel McDougal qui avait visiblement Cora. Lorsque Simon ouvrit la porte coulissante, les éclats de voix me parvinrent enfin et me donnèrent presque envie de faire demi-tour :

-De toute façon, je vais finir par en parler aux parents, comme ça tu seras bien obligée de l'inviter chez nous !

-Felicity ! On a dit que c'était moi qui le disais !

-Personne ne dira rien à personne !

-Tu nous saoules, Miles ! En plus, papa adorerait Victoria : il n'a rien contre les nés-moldus et il sera très content que tu lui présentes ta copine. Moi je te trouve injuste ...

-Et je veux pouvoir inviter Isabel, comme ça Victoria pourra l'amener.

-Cora !

Isabel tira sur la manche de son amie pour me pointer du doigt. Je m'étais figée dans l'encadrement de la porte, à la fois amusée et gênée par le débat des deux jeunes filles face à Miles. Felicity était celle qui lui ressemblait le moins avec ses grands yeux bleus et son visage de porcelaine qui semblait en faire une fille délicate. Cora en revanche avant les yeux et la chevelure brune de Miles, mais également sa vivacité : c'était une gamine qui ne tenait pas en place et c'était peut-être pour cela que Susan la Tranquille la fixait d'un air consterné. Miles se plaqua la main contre le front, l'air dépité, mais Felicity profita de mon apparition pour le pointer du doigt et s'écrier :

-Tu peux lui dire que c'est un idiot et que ça ne te dérangerait pas du tout de venir à la maison, une fois ?

Non, ça ne me dérangerait pas. Mais je savais que ça embarrassait énormément Miles et j'avais fini par conclure que c'était du fait des conditions de vie de sa famille : ils n'étaient ni riches ni prestigieux, et c'était un milieu dont Miles voulait d'extirper. Et j'avais également la net impression depuis le repas avec Alexandre qu'il souffrait d'un sentiment d'infériorité vis-à-vis des Bones qui se confirma lorsqu'il jeta un regard furtif à Simon qui venait de s'installer, un léger sourire aux lèvres. Puis il le planta à nouveau sur Felicity et cingla :

-On reprendra cette discussion plus tard.

-Non, on va en parler maintenant ! exigea sa sœur, impérieuse. Et je ne sortirais pas de cette cabine avant que tu m'aies fait la promesse que papa rencontrera Victoria avant que tu ne quittes Poudlard ! Sinon, je te promets, dès que je saute sur le quai, je vais droit sur lui et je lui dis tout ! Tu veux jouer ? Avec moi ? Je suis plus vicelarde que toi, Miles, fais attention !

-Susan ? appela Simon, l'air de réprimer son rire. Je t'aime, ma sœur, tu le sais ?

Mais Susan ne lui répondit que par un regard réprobateur qu'appuya Miles. Puis il contempla Felicity, puis Cora qui lui adressa un sourire féroce, puis enfin ses yeux se posèrent sur moi. Et je lus dans sa frustration que la menace de Felicity était assez crédible pour qu'il y cède.

-Bon. Ça te dérangerait ?

Tous regards se tournèrent vers moi et je sentis malgré moi mon visage s'empourprer. Simon semblait se délecter de mon embarras et je fis discrètement un signe à Susan qui le frappa à l'arrière de la tête. Je m'efforçai de sourire.

-Bien, j'ai l'impression que si je dis non, j'aurais deux petites diablesses qui me le feront payer, n'est-ce pas ?

-Exactement, confirma Cora en hochant gravement la tête. Donc c'est oui ?

Elles pivotèrent de nouveau vers Miles, attendant la sentence. Il finit par lâcher un immense soupir qui sonnait comme une concession et Felicity et Cora se tournèrent l'une vers l'autre avec un sourire radieux. Elles se tapèrent dans la main, embrassèrent leur frère et se précipitèrent hors de la cabine, extatiques. Je pus enfin me faufiler à l'intérieur et la refermer, un sourire amusé aux lèvres. Miles se passait les mains sur le visage sous le regard moqueur de Simon, mais une nouvelle fois, Susan le rappela à l'ordre d'une tape sur la cuisse. Je m'assis à côté de lui sans me fendre du moindre commentaire et le train s'ébranla dans cette ambiance quelque peu particulière.

Le trajet fut long : Simon lisait Hamlet en face de moi et me jetai parfois au hasard des vers en espérant trouver ceux que je préférais, Miles commençait déjà les devoirs que nous avions à faire avant les vacances et Susan avait fini par rejoindre Hannah dans la cabine voisine. Mais ce ne fut que lorsque Miles se leva en quête de la distributrice que Simon ferma brusquement son livre pour me lâcher :

-Ecoute. J'ai pensé à un truc, récemment.

Je l'écoutai jusqu'au bout, à la fois éberluée et blessée par sa proposition. Blessée parce qu'elle faisait saigner de nouveau une plaie que j'avais en moi et éberluée parce que je n'y attendais absolument pas :

-Tu veux que j'aille voir mon grand-père pour qu'il reprenne la magie ? Mais pourquoi ?

-Parce que tu vas en avoir besoin, Vicky. Plus il y aura de personnes autour de toi capable de se défendre face à un sorcier, mieux ce sera pour toi et ta famille, tu ne penses pas ?

Je gardai le silence, voyant dans ces mots un écho de ceux que Dumbledore avait pu prononcer lors de notre dernier entretien. S'il savait ma famille en danger, mon grand-père ne résisterait pas à l'idée de la défendre. Mais il y avait autre chose qui m'avait gêné dans les propos de Dumbledore et j'avais fini par mettre le doigt dessus. Qu'il reprenne la baguette, c'était exactement ce qu'il espérait. J'en fis part à Simon et ses lèvres se tordirent, hésitantes.

-D'un point de vue stratégique, ton grand-père serait une arme idéale, convint-t-il en passant une main dans ses cheveux. C'était un très bon sorcier, un duelliste de talent ... Et c'est un Liszka. Ça pourrait avoir une certaine résonnance à l'étranger de savoir qu'un Liszka se bat contre Tommy.

-Alors Dumbledore ne m'a aidé que pour avoir une arme stratégique dans sa manche ?

J'avouais que l'idée me décevait affreusement mais d'un autre point de vue, elle était parfaitement logique. Quelles raisons avaient un immense sorcier très occupé comme Albus Dumbledore d'aider une élève anonyme comme je l'étais dans une histoire personnelle ? La bouche de Simon se tordit, comme embarrassée.

-Ce n'est pas ce que j'ai dit. Sans doute qu'il a vraiment voulu t'aider mais que ... il s'est rendu compte que ça pourrait aussi lui être utile. Et il n'a pas tort, Vicky. Il faut que tu ailles le voir pour lui raconter ce qui se passe - y compris Selwyn, y compris Melania. Il faut mettre toutes nos chances de notre côté.

Je me laissai aller contre le dossier de la banquette, les bras croisés en un geste de repli. Ma discussion avec Dumbledore avait mis en lumière un point : malgré tout, j'étais incapable de détester mon grand-père. L'homme qui avait tué Agata était mort avec elle, et celui qui m'avait élevé était quelqu'un de bien. Mais ça ne voulait pas dire que j'oubliais, ni ne pardonnait. Tout cela continuait de former une boule d'émotion très douloureuse en moi, mais Simon marquait un point. A cause de ce que j'avais fait à Nestor Selwyn, ma famille était en danger. La rupture de Melania avec Alexandre minimisait peut-être le risque mais ... elle ne l'effaçait pas totalement.

-Très bien, cédai-je en un souffle. Je comptais y aller, de toute manière ... (Je contemplai un moment Simon, prise d'une soudaine idée). Et tu vas venir avec moi.

-Pourquoi ?

Je me mordis la lèvre. La vérité, c'était que je pensais que rencontrer ma grand-mère, une femme qui avait tout perdu puis tout reconstruit pouvait inspirer Simon - dans le bon sens du terme. Mais si je le lui disais en ces mots, c'était certain qu'il fuirait.

-Parce que je n'ai pas envie d'y aller seule.

Je croisai les doigts dans la poche de ma cape alors que les yeux de Simon se levaient vers moi, à la fois surpris et soupçonneux. Les cernes qui marquaient toujours sa peau et rendaient ses prunelles d'un émeraude bien trop sombre me confortèrent dans ma requête et l'argument parut peser car Simon finit par hocher la tête.

-Qu'est-ce que tu ferais sans moi, vraiment ...

-Je serais moins experte en fouillage de journaux.

Les yeux de Simon luirent d'un éclat intense l'espace d'une seconde et ses mains nouées se contractèrent l'une sur l'autre. Sa réaction était toujours vive chaque fois que je ne faisais qu'évoquer ses origines et montrait que, malgré ses pleurs sur le pont, il n'acceptait toujours pas son histoire. Et ce fut sans doute pour se soustraire à des insistances de ma part qu'il s'éloigna brusquement pour se plaquer contre la banquette et plongea son regard à travers la fenêtre.

-La ferme, crevette.

Je l'observai fixer obstinément le paysage qui défilait sous ses yeux, comme si cela pouvait effacer les images que j'avais ramené à son esprit. Ce n'était peut-être pas le moment de le troubler ... Mais il faudrait que j'en parle avec Rose et George à Terre-en-Lande. Il ne pouvait pas continuer comme ça. Alors je plongeai à mon tour mon regard à travers la fenêtre et soupirai machinalement :

-Crevette toi-même.

***

J'avais été plus qu'heureuse de constater que, une fois encore, mon père m'attendait sur la voie 9¾ aux côtés de George. Simon se fit une joie de l'annoncer à Miles quand nous descendîmes du train et je vis mon petit-ami blêmir, tout en commentant que selon lui, je ne ressemblais absolument pas à mon père, un grand homme aux cheveux châtains et aux yeux gris - l'une des rares choses dont j'avais hérité. A l'abri du train, Miles m'avait embrassé en me prévenant qu'il me tiendrait au courant pour la promesse arrachée par ses sœurs et Cora me fit un immense sourire avec un « on se voit bientôt ! ». De toute manière, j'avais d'autres préoccupations en tête pour être gênée par l'air entendu des sœurs de Miles. Lorsque George aperçut Simon, il l'enveloppa dans une étreinte d'ours qui montrait clairement que l'évasion massive des Mangemorts avait fait basculer quelque chose en lui et je fus rassuré de voir Simon lui rendre son accolade, comme un signe de pardon. Mon père m'avait paru soucieux lorsque je m'étais approché et j'avais compris pourquoi lorsqu'il m'avait avoué à mi-voix que la relation entre Mel et Alexandre avait pris fin et que mon frère était en route pour passer la soirée chez nous. Et effectivement, lorsqu'il arriva le soir même, ses traits étaient tirés et ses cheveux bruns si ébouriffés que je doutais qu'il ait même daigné les coiffer. Il m'adressa un sourire fatigué sans l'énergie qui le caractérisait pourtant et alla très vite s'isoler dans la cuisine avec ma mère. J'avais voulu les suivre, mais mon père m'en avait empêché.

Pour une fois, c'était de ma mère qu'Alexandre avait besoin. C'était à la fois si surprenant et si touchant que j'en eus les larmes aux yeux.

J'avais profité de ce temps pour défaire ma valise dans ma chambre, cet espace si rassurant et familier - un espace rien qu'à moi où je pus jeter mes affaires sur mon lit et mes chaussures sur le sol sans qu'Emily ne me fusille sur du regard. Malgré les yeux veinés de rouge d'Alexandre, l'étreinte d'ours de George Bones lorsqu'il avait serré Simon dans ses bras, et le regard inquiet de mon père qui me suivait depuis que j'étais revenue, le fait de retrouver mon village m'apaisait au-delà des mots. Un téléviseur, la balançoire du parc, le regard acerbe de l'Ancien quand j'étais passée devant le café en trainant ma valise, le profil de l'église Saint-Edward à l'allure si particulière ... On ne faisait pas plus bel écrin que l'endroit duquel on venait. Il n'y avait qu'ici que j'avais l'impression d'être pleine et entière et que rien ne pouvait m'arriver. Rien n'arrivait à autant me donner ce sentiment de sécurité, pas même tous les sortilèges de défense et la présence Dumbledore à Poudlard. Je fermais les yeux en m'enfonçant dans mon matelas, m'imprégnant de sa chaleur et de l'odeur familière de jasmin qu'on avait toujours utilisé.

Si vraiment je devais me défendre contre l'impossible, ce serait d'ici. Parce que c'était ici que j'étais entière. Parce que c'était ici que j'étais la plus forte.

Quelques coups frappés à ma porte m'arrachèrent au bien-être qui commençait à m'envahir et au sommeil qui engourdissait mes membres. Je me redressai sur un coude pour voir Alexandre pousser le battant, une plaquette de chocolat et deux bières à la main. Il m'adressa un sourire en coin qui manquait cruellement de conviction, mais qui avait pour mérite d'être là.

-Il parait que tu m'as piqué ma télé. On se matte un petit film en avalant des tonnes de calories ?

-C'est un sacré programme approuvai-je en sortant ma baguette. Attends ...

Je tapotai mon menton de sa pointe en cherchant la formule, avant de l'agiter et mes affaires s'entassèrent maladroitement dans ma malle pour dégager mon lit. Alexandre n'attendit pas un instant de plus pour s'y affaler, me laissant le soin de décapsuler les bières avec ma baguette et fouilla les cassettes qui trainaient dans le tiroir de ma table de nuit. Il finit par arrêter son choix sur Forrest Gump avec un sourire entendu qui se teintait quelque peu d'amertume.

-Exactement ce qu'il me faut. Un simple d'esprit dont toute la vie n'est qu'un immense malentendu.

Je sentais pertinemment que c'était lui qu'il décrivait à travers Forest et lui donnai une bourrade sur l'épaule pour masquer mon malaise.

-Arrête. Sa vie n'est pas un immense malentendu. C'est juste ... Une boite de chocolat.

Un éclat de rire franchit les lèvres d'Alexandre et je fus rassurée de voir enfin son visage se détendre. Il se leva pour planter la cassette dans le magnétoscope et lança le film avant de se nicher dans mon lit et de me prendre par l'épaule pour que je me love contre lui.

-« On ne sait jamais sur quoi on va tomber », acheva-t-il alors que les premières images défilaient. Et le petit sorcier, il va bien ? Il a fini par croire au grand méchant loup ?

Je grimaçai face à la façon qu'avait Alexandre de coder toujours ses propos, de telle sorte qu'on ait une sorte de langage exclusif compréhensible par le plus petit nombre. Mais je savais que c'était aussi une manière pour lui de dédramatiser la situation. Je lui résumai alors l'essentiel de mon trimestre - l'évasion des Mangemorts, l'article de Harry, le renvoi de Dumbledore. Ça me brisait le cœur de devoir mentir concernant Melania, dissimuler que j'étais la cause de son malheur ... Mais avant que la culpabilité ne m'étouffe totalement, Alexandre rebondit sur mes propos, passablement mécontent :

-Tu sais ici, avec un gouvernement aussi incompétent, il y en aurait du monde dans la rue ...

-Thatcher a tenu des années avec l'Angleterre entière contre elle, me souvins-je sombrement. J'ai l'impression que ce soit du côté magique ou non magique, le dirigeant anglais a la tête dure.

-Mouais. Mais avec ça, je comprends que Simon ait des envies de meurtre.

Je me figeai, créant un silence qui laissa éclater la voix de Tom Hanks dans la pièce (« le truc le mieux quand on rencontre le président des Etats-Unis, c'est la bouffe ») et arracha un rire à Alexandre, tant les préoccupations de Forrest étaient aux antipodes des nôtres. Alors qu'il craquait un nouveau morceau de chocolat, je me fis la réflexion que s'il avait vécu, Spencer Bones aurait le même âge que lui. Seigneur oui, ils ont le même âge ... Et les Bones avait tenu à mettre leurs enfants dans une école élémentaire moldue pour qu'ils soient éduqués aux arts primaires et en contact avec la société non-magique. C'était comme ça que je m'étais liée avec Simon : lorsque notre instituteur nous avait mis l'un à côté de l'autre du fait de l'ordre alphabétique et qu'on s'envoyait nos trousses à la figure au bout d'une semaine de cours.

-Alex ? Est-ce que tu te souviens ... qu'il y avait d'autres personnes qui habitaient la maison de Simon, avant lui ? Jusqu'à que tu aies environ sept ans ...

Alexandre fronça les sourcils en mastiquant son morceau de chocolat, l'air perplexe. Il laissa Bubba déblatérer sur la crevette avant de répondre prudemment :

-Ouais, je me souviens. Ça devait être de la famille parce qu'ils s'appelaient Bones aussi. Papa m'a dit qu'ils étaient morts, apparemment, une fuite de gaz ... J'avais un de leur garçon avec moi à l'école, quand j'étais petit. Un gars étrange, il ne parlait quasiment pas, ne jouait pas, quelqu'un d'assez craintif ... Samuel, Steven, quelque chose comme ça ...

-Spencer.

Alexandre avait connu le frère de Simon. Ça rendait les liens si réels que je ressentis encore plus durement la mort d'un enfant que je n'avais jamais connu. Alexandre coula sur moi un regard circonspect.

-Si tu sais, pourquoi tu me demandes ?

-Comme ça, pour vérifier. Tu devais connaître le grand aussi, Matthew ?

-Ouaip, un peu. Enfin, c'est loin, mais je me souviens parfaitement de cette tête de citrouille qui faisait le caïd dans la cour de l'école. Et leur mère, aussi, elle venait souvent parler à papa. Mais leurs discussions m'ennuyaient vite - ça tournait souvent autour de Dieu - alors j'allais jouer dehors.

Mon sang se glaça dans mes veines alors qu'Alexandre se replongeait rapidement dans le film. C'était une révélation à laquelle je ne m'attendais absolument pas, mais elle tombait sous le sens. Si les Bones étaient allés à l'école élémentaires avec nous, Cassiopée et Edgar avaient dû croiser mes parents à la sortie ...

Ce qui voulait dire que l'un de mes parents - probablement mon père - devait parfaitement avoir conscient des véritables origines de Simon. Ils avaient dû croiser Cassiopée enceinte ou tenant dans ses bras un nourrisson ... qu'ils avaient retrouvés enfant dans une autre famille. Bon sang, Susan avait raison. C'était la vérité la mieux oubliée de l'Histoire.

Les minutes du film défilèrent et j'entendis Alexandre renifler avec un certain mépris à chaque scène entre Forrest et son amour de toujours, Jenny. Pourtant, ses yeux se vidaient soudainement et se mettaient à luire et je savais que Melania occupait alors ses pensées. Au moment où Jenny revenait en Alabama et qu'il lâcha carrément un grognement de dépit, je mis la cassette sur pause, les entrailles nouées et demandai sans le regarder :

-Tu veux qu'on en parle ?

-De quoi ? rétorqua durement Alexandre. Elle m'a quitté, point. Remets le film, c'est pile quand elle lui brise le cœur, ça va être drôle.

-Et quoi ? Tu veux te mettre à courir à trois ans pour oublier, comme Forrest ? C'est pour ça que tu voulais regarder ce film, pour faire un parallèle entre lui et toi ? Désolée, mais Tom Hanks a quand même vachement plus la classe.

L'ombre d'un sourire flotta sur les lèvres de mon frère et il m'attira un peu plus contre lui pour ébouriffer mes boucles. Il pressa sa joue contre le sommet de mon crâne, ce qui m'empêcha d'avoir un contact visuel avec lui mais ça m'allait : j'avais peur de craquer, de me mettre à pleurer ou pire, de tout lui avouer si je ne faisais qu'effleurer la douleur dans ses yeux.

-C'est juste ... bizarre. A la fois je l'ai vu venir, ça faisait quelques semaines qu'elle était distante, elle parlait beaucoup de sa famille - elle est de la haute, tu sais, je crois que ses parents sont plutôt friqués. On se disputait sur le fait qu'elle ne voulait pas me les présenter depuis cet été et du coup j'avais l'impression ... Je ne sais pas, qu'elle avait honte de moi, tu vois ? Le petit mécano qui a abandonné ses études et vivait au fin fond des campagnes du Gloucestershire.

Oh, Seigneur, Alex, non. Elle voulait te protéger ... Je pinçai les lèvres pour ne pas laisser échapper ma plainte et serrai la main de mon frère pour l'inciter à continuer. Un souffle tremblant se répandit dans mes cheveux et tomba comme une pierre sur mon estomac, alourdissant la boule de culpabilité.

-Au final, c'était apparemment le nœud du problème. On ne faisait pas parti du même monde, alors ... C'est tout, ça c'est fini. Ce qui est étrange, c'était que ... pendant un moment, ça allait très bien. On ne parlait plus de nos familles, on faisait des projets ... et des projets sur le long terme. Acheter une maison à Bristol ... Ouvrir mon propre garage ... Je me suis surpris à rêver de choses dont je ne pensais même pas avoir le désir, simplement parce que j'étais avec elle et finalement, ce n'était que ça ... un rêve.

-Oh, Alex ... (je pressai sa main avec douceur, gardant le regard rivé sur la télé à m'en assécher les yeux). Ce n'était pas qu'un rêve ... Elle a réveillé quelque chose de réel en toi ... Rien ne t'empêchera de réaliser tout ça avec quelqu'un d'autre ...

Alexandre se fendit d'un vague mouvement d'épaule en observant d'un œil vide Jenny et Forrest consommer leur amour pour la première fois. Je fus tentée d'avancer le film quand ensuite Jenny s'enfuyait avant le réveil de son amant pour disparaitre ensuite de sa vie. Non, décidemment, Alexandre n'avait pas choisi ce film au hasard.

-Je n'en sais rien. Tu me connais, je suis pragmatique : je ne crois pas à ces histoires d'âme sœur, d'amour éternel et de Dieu qui te soutient dans toutes tes épreuves. Mais ... En nous, j'y croyais. Je nous croyais capable de construire quelque chose, qu'elle était ... « la bonne », si on veut. Mais visiblement, je n'étais pas le bon.

« C'est la première personne qui m'a prise pour ce que j'étais et pas pour mon nom de famille ou mon compte en banque » souffla la voix de Melania dans mon esprit. « La seule avec laquelle je me sente parfaitement en sécurité ... Je ne retrouverais ça nulle part ailleurs alors quand tu l'as trouvé ... Non, tu ne dois pas le lâcher. » Je pris une profonde inspiration et me forçai à contrer d'une voix neutre :

-Si elle n'a pas su voir ça en toi, c'est que c'est une idiote ... Laisse la retourner dans son monde, Alex. Ici, on sait très bien que ta vie n'est pas un ensemble de malentendu. Et qu'il y a encore plein de bons chocolats à prendre dans ta boite ...

Je m'en voulais de charger ainsi Melania qui avait fait preuve d'une remarquable abnégation ... Je me blottis contre Alexandre en constatant qu'il ne répondait pas à ma remarque et qu'il fixait la télévision, la mâchoire contractée. Je préférai ne pas insister et voir Forrest vivre ce dont il rêvait sans doute en ce moment même : que Jenny revienne et qu'ils vivent la vie qu'ils avaient rêvés... jusqu'à ce que la mort les sépare.

VOILAAA donc on se revoit la semaine prochaine et en attendant, allez lire et commenter Minerva McGonagall de PtiteCitrouille ! Bonne semaine !

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