II - Chapitre 2 : le chant du phénix
Bonjour ! Comment allez vous en cette belle matinée?
Bébé instant pub pour commencer :
Pour ceux qui aiment Percy Jackson et qui ne lise pas ma fanfiction La cour des miracles (ce que je peux comprendre pas de problème - et que j'ai finie en plus je suis contente !), mon amie PtiteCitrouille a posté le début de la sienne Aucun demi-dieu ne guérira ton coeur, un petit truc qui fera 7 chapitres et qui raconte l'histoire de Reyna avec un mortel ! C'est super bien écrit, très remuant, drôle, avec de l'action, de la romance et la plus badass des romaines donc allez jeter un coup d'oeil pour ceux qui veulent et allez voter/commenter !
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Fin de l'instant pub
Ah et je tenais à faire part de mon désespoir à l'idée que Lily et James de Cazo finissent bientôt.
Bon allez chapitre : bonne lecture et à dans deux semaines !
Chapitre 2 : Le chant du phénix.
-Aïe.
-Ça fait cinq minutes, remets-toi.
-Mais ça fait mal ! Tu t'es entrainé sur des arbres pour être sûre qu'elle claque autant ? J'ai cru que ma tête allait partir !
-T'es un bébé.
-Bébé toi-même.
Nous nous étions assis sur le perron qui menait au petit jardin entouré de hautes haies de la Maison Hantée. Il devait avoir des visiteurs de type « taupe » du reste car la terre y était fraichement retournée. A côté de moi, Simon se massait la joue, qui avait pris une vive couleur rouge avec la gifle. Malgré la colère qui bouillonnait toujours en moi, je l'observai à la dérobée. Décidemment, il avait grandi, et c'était peut-être la chose qui me frappait peut-être le plus maintenant que je voyais pour la première fois depuis un mois. Peut-être même que maintenant il dépassait le mètre soixante-dix – et moi d'une petite tête. Son nez me semblait moins pointu aussi, et s'était redressé. Peut-être était-il un peu grand pour son visage mince aux tâches de rousseurs que le bronzage effaçait. Et il était grand temps qu'il coupe ses épis blonds qui partaient dans tout les sens. Seuls ses yeux verts d'eau semblaient les mêmes. L'unique chose que je m'autorisais à trouver belle chez lui, et elle ne suffisait pas à m'adoucir.
-Je m'attendais à passer un anniversaire de merde, mais là ...
-Tu t'attendais à quoi ? répliquai-je vertement. Une banderole « Bon retour chez toi » et des confettis ?
-Tu les aurais fait pour Susie.
-Elle m'a envoyé des lettres, elle.
La bouche de Simon se tordit. Nous nous étions battus toute notre vie, Simon et moi. Nous habitions dans la même ville, il avait été le premier à avoir conscience que j'étais une sorcière. Nous nous étions haïs et construits ensemble, et voilà que la première fois que j'avais besoin de lui, il allait se planquer en France pour un mois, sans nouvelle. Et revenir comme une fleur à une demi-heure de sa majorité ... avec un sourire si agaçant ... Toute la haine que j'avais pu ressentir ma vie durant pour Simon était remontée d'un coup, mais maintenant que j'avais pu l'extraire d'une gifle, je la sentais doucement redescendre, ne laissant plus qu'un vide glacé en moi.
-Vous avez des postes sur la Côte d'Azur, poursuivis-je en un souffle. Des postes moldues. C'était si difficile d'acheter une carte postale ? Ou ils n'ont pas de cabines téléphoniques en France ? Ils sont arriérés que ça ?
-D'abord on était sur la façade Atlantique, près de Biarritz. Ensuite je n'avais pas d'argent moldus donc pour les cartes et le téléphone ...
-Simon ? J'en ai rien à faire. Tu aurais dû trouver un moyen.
Je savais que j'étais dure, et que j'étais exigeante. Mais malgré des parents plus attentionnés que jamais, les après-midi avec Ethan et l'escapade à Oxford pour retrouver Miles, je ne m'étais jamais sentie aussi seule que cet été, emmurée dans mon deuil et mon angoisse. Simon garda longuement le silence, la main toujours plaquée sur sa joue.
-Oui, j'aurais dû, admit-t-il comme un aveu. Mais ... je ne savais pas quoi écrire, Vicky. J'ai essayé, j'ai écris plusieurs lettres ... elles me semblaient plus fades et vides de sens les unes que les autres alors je me disais plutôt rien que ... ça.
Il y avait tellement de contrition dans la voix de Simon acheva de faire fondre la boule de haine et de colère qui s'était formée au creux de mon ventre. Je rejetai ma tête en arrière pour pousser un gros soupir.
-Juste une carte postale avec ta date de retour ça m'aurait été.
-Je n'y arrivais pas. Je suis désolé.
Et il était sincère : ça se voyait dans sa façon s'éviter mon regard, dans le fait d'enfouir le bas de son visage dans ses bras ... Le voir si contrit m'agaça autant que ça m'attendrit.
-J'ai jeté des sortilèges de protection dans plusieurs endroit du village. La mairie, l'église, ma maison, et même celle des MacDougal, je ne sais pas s'ils croient ou non au retour de Tommy.
-Tommy ? Oh ... (Simon se prit le visage entre les mains). Je viens à peine de rentrer, Vicky, ne me prends pas autant à froid !
-Tu le mérites. D'ailleurs, pourquoi tu as les cheveux verts ?
-Quoi ?!
Pour toute réponse, je pointai sur lui ma baguette avec un sourire malicieux. Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur, mais avant qu'il ne puisse éviter physiquement le sortilège c'était trop tard : un vent magique souffla sur le visage de Simon et ses cheveux prirent immédiatement une teinte turquoise. Il porta les mains sur son crâne et ses yeux louchèrent pour apercevoir l'une de ses mèches. J'eus un méchant sourire.
-Maintenant, on est quitte.
-Bennett ... tu es au courant que dans un quart d'heure je pourrais te faire cent fois pires ?
-Hé bien tu commenceras par t'enlever cette couleur de cheveux. Bon sang, je pensais faire un vert plus immonde que ça, là c'est assez beau en définitive ...
Simon me jeta un regard torve, avant de lever les yeux pour apprécier ses mèches turquoise. Il avait toujours été meilleur en magie que moi – meilleur que beaucoup, en réalité. Même Cédric, préfet et considéré comme l'un des meilleurs de notre classe avait peur une fois à la pointe de la baguette de Simon. En revanche une fois que la magie s'effaçait les rapports étaient inversés et j'avais le dessus sur lui. J'avais attendu toute ma vie ce mois de juillet 1995 où je pourrais faire de la magie, et lui pas.
Qu'à cela ne tienne. Il en avait été tellement effrayé qu'il avait été se planquer en France.
-Plus qu'un quart d'heure dans cet état, soupira Simon. Mais j'avoue que je m'attendais à bien pire donc je ne vais pas plaindre. Alors, quoi de neuf dans le merveilleux monde de Terre-en-Landes ?
-Tracy a les cheveux rouges. Ethan a le béguin pour Tracy. Mes parents ont invité l'Ancien à manger chez nous ...
-Beurk.
-Et puis les villageois ont un regain d'intérêt pour la sécurité routière.
Le visage de Simon s'assombrit et il se mordit la lèvre inférieure. Il avait été là lorsqu'on avait décidé que la mort officielle de Cédric aux yeux des moldus serait un accident de voiture.
-Oui, je suppose que c'était à prévoir ...
-Et les gosses ont vidé mon stock de bonbon dès les deux premières semaines, ajoutai-je par souci d'amener la conversation vers un sujet plus léger.
Ça avait été criant dès que le spectre de Cédric avait flotté au dessus de nous : les traits de Simon s'étaient crispés, et son regard s'était porté au loin, comme fixant un autre monde pour tenter d'atteindre notre ami. Pour lui c'était pire : dès les premiers jours à Poudlard ils avaient été proches. Pendant six ans ils avaient partagé le même dortoir. La rentrée serait déjà bien assez douloureuse : Simon n'avait pas besoin qu'on en parle maintenant. Un sourire effleura ses lèvres.
-Ça aussi c'était à prévoir.
Nous nous murâmes dans un silence pesant et lourd de sens. Les mots flottaient autour de nous, volants avec toutes les questions que l'on n'osait pas se poser, alourdissant l'air autour de nous. Au final ce fut Simon qui le rompit en demandant du bout des lèvres :
-Du coup, Tommy ? Des nouvelles ?
Malgré lui, un sourire absurde s'étira sur ses lèvres. « Tommy ». Il avait résulté d'une discussion que j'avais eue avec Albus Dumbledore qu'il ne servait à rien de nier le nom de lord Voldemort, et plutôt que de l'appeler par le nom qu'il avait choisi, nous étions revenus aux fondamentaux : le véritable nom de Voldemort, Tom Jedusor. Longtemps cet été je m'étais demandé d'où Simon avait bien pu tenir cette information – sans doute d'une conversation perdue entre ses parents. J'aimais assez l'idée d'appeler le plus grand mage noir qu'ait connu l'Angleterre « Tommy ». Il s'en dégageait un parfum de scandale et une dédramatisation de ce qu'il était qui me permettait de mieux appréhender cette question. Je me passai une main sur le visage en me rappelant des maigres informations qu'avait pu m'apprendre La Gazette.
-Pas grand-chose. Le Ministère a refusé de bouger sa ligne de conduite : Dumbledore et Harry mentent, et tout va bien.
-Sérieusement ?
-Je te jure. Ils font même de drôles de blagues sur Potter en utilisant l'article de Skeeter le disant fou, et Dumbledore est dépouillé de ses potes un par un, en disant qu'il est trop vieux ... A vrai dire j'ouvre tous les jours La Gazette en ayant peur qu'ils l'aient renvoyé de Poudlard.
-Il ne manquerait plus que ça ..., marmonna Simon, consterné. Je ne pensais pas que ça irait si loin ... je pensais que ... j'en sais rien, que Dumbledore ramènerait Fudge à la raison, ou que Tu-Sais ... Tommy ferait quelque chose qui le découvrirait ...
Mais je secouai la tête, tout aussi dépitée.
-Rien du tout. Pas de disparition ou de morts suspectes. Aussi insaisissable qu'un fantôme.
C'était à s'en demander s'il était réellement revenu, songeai-je avec une pointe de honte. Si je n'avais pas rêvé la marque noire de Karkaroff sur son bras, son cri lorsqu'elle l'avait brûlé : « il est revenu ». Je m'ébrouai pour reprendre contenance. Non, il ne fallait pas que je baisse la garde. Pas maintenant.
-Je savais que Fudge était un imbécile sans caractère, entonna Simon avec une certaine rage dans la voix. Mais de là à nous mettre tous en danger ... Je ... je ne comprends même pas pourquoi il fait ça ! Quel intérêt ça a pour lui ?
-C'est Saint-Thomas.
-C'est lequel celui-là ?
-Celui qui ne croit que ce qu'il voit.
Simon émit un son qui ressemblait à un feulement de chat. Et furieux, le chat.
-Quel imbécile, sérieusement ... Comment il ... Cédric ...
Sans pouvoir m'en empêcher, je posai une main douce, mais ferme sur le genou de Simon. Ses lèvres se tordirent pour ravaler les mots – et peut-être les larmes – mais il garda assez de contenance pour poursuivre d'une voix claire :
-Qu'il le voit, ou non, ça ne change rien à la réalité. Si ... si Tu-Sais ... – Tommy, pardon il faut que je m'y fasse – bref si Tommy est de retour et reconstruit son armée ... Et que le Ministère ne fait rien ...
-Le Ministère ne fait peut-être rien, mais je doute que Dumbledore reste les bras croisés, le rassurai-je en pressant son genou. Il est l'unique personne qui a su faire peur à Tommy, il doit être le plus apte à le combattre. Comme il a vaincu Grindelwald.
-Avec tout le respect que j'ai pour Dumbledore, il n'avait pas le même âge quand il a vaincu Grindelwald. Oh, à ce propos ... ?
Son regard coula vers moi, intrigué. Mais je secouai une nouvelle fois la tête.
-Non. Enfin, je l'ai vu cet été mais ... je n'ai pas pu, Simon. Rien que l'idée de me retrouver devant lui me rendait malade.
-C'est que tu as dû détecter une toute petite part de vérité dans les propos de Kamila, évalua Simon avec douceur.
Je ne répondis rien, trop troublée pour mettre des mots sur ce que je ressentais. Kamila Tokarsky, une élève de Durmstrang, avait prétendu que mon grand-père avait assassiné sa grand-mère et estropié sa mère à l'époque âgée d'un an. Et je parlais d'une époque où la Pologne était en proie à de grand troubles : envahie par Hitler côté moldu et sous la coupe de Grindelwald côté sorcier, via son bras armé la famille Liszka.
C'était invraisemblable. Car tout Liszka qu'il était, mon grand-père était un moldu.
Néanmoins les accusations de Kamila avaient semé le doute dans mon esprit. J'aurais dû en parler à mon grand-père, mais c'était au dessus de mes forces. L'unique fois où je m'étais retrouvée face à lui me l'avait prouvé.
-Je ne sais pas, admis-je avec lenteur. Ce que je sais, c'est que je n'y arrive pas. Alexandre m'a emmené dîner chez eux et ... Seigneur Simon, je te jure que j'avais mal au ventre. Je n'y arriverais pas.
-Ça te rongera si tu n'y arrives pas ... Vicky, je ne vais pas te l'apprendre, cette année c'est les ASPIC. On aura assez de Tommy, de Cédric et toutes les choses qu'on ne sait pas encore ... Tu ne veux pas te retirer cette épine du pied tout de suite, avant de la trimballer toute l'année ?
-Lui en parler n'arrangera sans doute pas les choses, fis-je valoir avec amertume. Si c'était vrai, Simon ? Si j'étais la petite-fille d'un assassin, et que l'une des personnes que j'aimais le plus sur cette terre m'avait menti toute ma vie ? Tu crois que je me sentirais mieux en sachant ça ?
Simon garda le silence, ses prunelles luisant dans l'obscurité fixées sur moi. Il avait amorcé un mouvement puis s'était interrompu et avait fini par agripper sa baguette pour justifier son geste.
-Peut-être pas. Mais au moins ça te permettrait d'avancer.
-Je commence à avoir trop de poids sur mes épaules pour songer à avancer ...
-Ne dis pas ça, Vicky, cingla Simon d'une voix dure. Bien sûr qu'il faut qu'on avance, peu importe ce qu'il se passera. C'est ce qu'il aurait voulu.
Mais il disait ça comme s'il voulait se convaincre lui-même. Son regard avait glissé jusqu'à mon poignet, et j'ignorais s'il contemplait les cicatrices qu'avait laissées sur eux ma confrontation avec Kamila ou le bracelet au petit soleil que Cédric m'avait offert pour mon anniversaire. A mon autre poignet, les marques étaient dissimulées par une montre que je consultais. Les deux aiguilles étaient presque à la verticale.
-C'est pour bientôt, souris-je en tapotant le cadran. Alors, quel sera ton premier sort ?
La commissure de ses lèvres se releva légèrement, et il riva ses yeux sur sa baguette. Son bois était plus chaud que le mien, presque ambré, et il me semblait qu'elle était également plus fine et plus longue. Je la touchais de la pointe de la mienne.
-C'est quoi ? Ta baguette ?
-Bois d'acacia, plume de phénix. Rigide, trente centimètres et demi.
La fierté qui avait pointée dans sa voix m'arracha un sourire. Chaque sorcier était éminemment fier de sa plus fidèle compagne, et je devais admettre que celle de Simon était élégante.
-J'ai regardé un jour la signification des bois de baguette, continua Simon, à présent bien plus détendu. La plume de phénix s'adapte à toutes les formes de magie, et ouvre un large panel, et le bois d'acacia ... n'exprime son potentiel qu'avec les sorciers doués.
-Voyez-vous ça ..., ironisai-je en toquant mon poing contre son crâne. Ta tête n'a pas trop enflée, après ça ?
-Non, du coup j'ai regardé les baguettes des autres. Celles en bois de saule sont pour les sorciers qui ont un certain potentiel, mais qui souffre d'un sentiment d'insécurité.
-Ah.
Embarrassée, j'effleurai du bout du doigt ma baguette de saule. C'était un bois assez doux et clair que j'avais toujours apprécié, ne s'arrêtant qu'à son apparence. Je n'avais pas songé à en apprendre plus.
-Tu sais, ce n'est pas grave, ça se soigne, plaisanta Simon. Bon, combien de temps de souffrance il me reste ?
-Deux minutes, je pense. Alors, ce sort ?
-J'hésite entre un maléfice de Chauve-Furie pour toi, ou un sortilège de mutisme pour l'Ancien. Tu crois qu'il dort, là ?
-Je n'en sais rien, mais dépêche toi ...
-Des étincelles ? Les gens croiront que ce sont des jeunes qui font des feux d'artifices, ce n'est pas gênant. J'ai toujours aimé produire des étincelles, ça me rappelle ...
La fin de la phrase s'étouffa dans la gorge de Simon. J'eus un sourire en comprenant ce qu'il l'avait ainsi arrêté. Il fut un temps où ça m'aurait effrayé, mais j'allais mieux vis-à-vis de ça.
-La nuit de Guy Fawkes, achevai-je avec douceur. Je comprends. C'est vrai que c'était super. Remember, remember, the fifth of November ...
-Gunpowder, treason and plot, termina Simon, un sourire tenu aux lèvres. Je trouve ça presque terriblement d'actualité.
-Des bons souvenirs et de l'actualité. Va pour les étincelles, alors.
-Ensemble ?
Je fus si surprise par la proposition que j'éclatai d'un rire absurde. Simon dut y voir mon consentement, car il se leva, la baguette fermement empoignée. Je le suivis dans le jardin laissé en friche, où les mauvaises herbes me montaient presque au genou. Mon regard restait fixé sur ma montre, jusqu'à ce que l'aiguille des secondes n'entame son dernier quartier. Simon bondissait sur place.
-Combien de temps ?
-Dix ...
Il poussa un cri entre l'excitation et la frustration, la baguette frémissante. Je me mordis la lèvre inférieure pour contenir mon rire.
-Cinq ... quatre ... trois ... deux ...
-UN !
Nous levâmes nous baguettes d'un même mouvement et aussitôt des étincelles jaillirent dans le ciel, illuminant le vieux jardin de milles couleurs. J'avais choisi la couleur jaune de notre Maison, et elles formèrent maladroitement un blaireau avant d'exploser en milles gerbes sur nous. Celles de Simon étaient plus lumineuses, de rouge et d'or. Le dessin fut plus long à s'exécuter avant que je ne me rende compte qu'ils formaient un phénix écarlate au bec doré. Le phénix battit deux fois des ailes, nous aspergeant d'étincelles qui descendirent sur nous telle une fine poussière d'or, avant de prendre son envol et de se consumer dans les flammes. Les cendres formèrent des gerbes de milles couleurs qui s'évanouir dans l'air à mesure qu'elle retombait, ne laissant vivre la magie que dans nos yeux et nos souvenirs.
J'avais beau le savoir, ce n'était que maintenant que je réalisai à quel point Simon était doué.
-Waho.
Simon ne répondit rien, les mains profondément enfouies dans ses poches. Il fixait l'endroit où le phénix avait disparu le visage fermé, comme si user librement de la magie pour la première fois ne l'avait absolument pas soulagé.
-J'ai toujours assimilé le phénix à l'espoir, murmura-t-il dans la nuit. Et par Merlin, Dieu sait que j'ai besoin d'espoir en ce moment.
Touchée par l'émotion apparente sur le visage de Simon, je m'approchais de lui, et enroulai mon bras autour du sien. Les dernières étincelles jaunes que j'avais produites continuaient de virevolter, éclairait son visage tourné vers le ciel d'une pâle lueur qui ne réussissait pas à réchauffer l'expression de son visage.
-Il était joli, ton blaireau. Tes étincelles durent plus longtemps que les miennes.
Un sourire ourla mes lèvres. Il fut un temps où Simon Bones ne m'aurait jamais dit quelque chose de pareil. Il se serait moqué de mon dessin, de la couleur, et m'aurait demandé si j'avais bien tenu ma baguette dans le bon sens. Mais depuis, Cédric était mort, et nous avions pleuré dans les bras l'un de l'autre. Ce genre de moment était une réelle prise de conscience : il y avait bien trop de haine viscérale dans ce monde pour que j'en rajoute une animosité excessive pour Simon. Il était ce qu'il était, avec ses nombreux défauts. Mais il avait toujours fait parti de ma vie. Il était nécessaire à mon équilibre. J'avais besoin de lui. Alors quand ces faits étaient établis, quelle place restait-il à la haine ?
Avec une infinie précaution, je me levai sur la pointe des pieds et posai mes lèvres sur la joue de Simon, avant d'y appuyer mon front. Je sentis une larme glisser sur sa joue et se perdre dans mes cheveux.
-Joyeux anniversaire, crevette.
Un rire étranglé secoua la poitrine de Simon.
-Crevette toi-même.
***
Nous avions attendu que les dernières étincelles jaunes s'évanouissent et que Simon ne remette sa couleur d'origine avant de quitter la Maison hantée. Je passai chez moi prévenir que j'allais rendre visite aux Bones, et nous prîmes silencieusement la route de la maison de Simon.
-Susan dormira peut-être, me prévint Simon alors que nous arrivions sous le porche. Elle était crevée en rentrant ...
-Et Caroline ?
Simon haussa les épaules à l'évocation de sa grande sœur.
-Elle est venue à peine une semaine, après elle est rentrée au Ministère. Je t'ai dit qu'elle avait pris un appartement avec Andrew à Londres ? Je te jure, dans un an ils nous annoncent qu'ils se marient et que le bébé est en route ...
-Tu ferais un oncle abominable. Oh en parlant de ça ! (je couvris son épaule de coup de poing, extatique). Alex a une copine !
-Une quoi ?
Son incrédulité lui valut un nouveau coup de poing sur l'épaule. Nous étions arrivés au bas de la porte et quelques éclats de voix nous parvenaient depuis l'intérieur. Ils furent amplifiés lorsque Simon ouvrit le battant, si bien que j'en grimaçais.
-... s'agit de la sécurité de nos enfants, George, on doit en savoir plus ! Je ne vois pas en quoi interroger Dumbledore est une mauvaise idée ...
-Je te le déconseille, Rosie. Si Fudge sait que tu es en contact, de près ou de loin avec Dumbledore il te mettra au placard. Il est extrêmement paranoïaque en ce moment ...
-Tu vois ce que je te disais ? Tu veux risquer ta carrière pour des fables ?
-Des fables ?!
J'échangeai un regard horrifié avec Simon. Il s'était pincé l'arrête du nez, l'air désespéré et je l'avais même entendu se fendre d'un « par Merlin, Papa ». Je reconnaissais les voix de Rose et George Bones, les parents de Simon, mais la troisième, sèche et tonitruante m'était inconnue. Simon me fit signe d'entrer, et je le suivis à l'intérieur de la maison. Aussitôt les voix se muèrent en chuchotement pressant jusqu'à qu'on entre dans la Salle à manger où trois personnes se faisaient face. Rose était la seule debout, ses cheveux châtains s'agitant furieusement autour de son visage en forme de cœur. George, son mari, était assis en milieu de table. C'était un homme de taille modeste, chauve et dont la barbe auburn (qui mériterait d'être taillée) était striés de fils gris. Ses bras musculeux étaient croisés sur sa poitrine et il échangea un regard embarrassé avec la femme qui se tenait en bout de table. Elle devait avoir la cinquantaine bien passée, avec des cheveux gris et courts impeccablement coiffés et une mâchoire carrée qui durcissait son visage. J'étais sérieusement en train de me demander qui elle était lorsque ses yeux croisèrent les miens : d'un vert perçant que j'avais contemplé toute mon enfance.
-Ma tante Amelia, me souffla Simon, bien que c'était inutile. Cheffe du département de la Justice Magique.
La sœur aînée de George : outre leurs yeux dont avaient hérité Simon et Susan, ils avaient la même silhouette massive, et un nez droit qui pour le coup s'accordait parfaitement à leur visage. Rose me sourit et m'ouvrit les bras.
-Victoria, ma grande ! (elle m'enlaça avant de me prendre à bout de bras). Comment tu vas ?
-Ça va ... et vous ?
-Des fables ? attaqua directement Simon à l'adresse de son père. C'est comme ça que tu appelles le retour de Tu-Sais-Qui ?
Rose lui jeta un regard que Simon ignora superbement, les yeux furieux fixés sur George. Elle soupira face à moi, et me quitta pour poser une main sur l'épaule de son fils.
-Ce n'est pas le moment d'en parler ... Va te coucher, on verra ça demain ...
-On a éviter d'en parler pendant un mois ! répliqua sèchement Simon. Un jour il va bien falloir que ça sorte !
-Oh par Merlin, soupira Amelia en sortant un pipe de bois et de nacre de sa poche. Je refuse de parler de ça sans tabac.
Elle l'alluma du bout de sa baguette et en tira une longue bouffée sous le regard désapprobateur de son frère.
-Ces saloperies te tueront, Amy.
-Une fois c'est le travail, une fois c'est le tabac, rétorqua Amelia de sa voix tonitruante. De toute manière il faut bien mourir de quelque chose. (Elle vrilla ses yeux sur son neveu). Tu veux parler ? Remarque tu es majeur, maintenant, c'est ton droit le plus strict. Assis-toi, nous parlerons.
-Mais enfin, Amelia, s'étonna Rose, perdue. Il n'est pas ...
Paniquée, j'accrochai son regard en tapotant discrètement ma montre. Le visage de Rose pâlit, et elle plaqua une main contre son front.
-Par Merlin, je n'ai pas regardé l'heure ..., s'excusa-t-elle en prenant Simon par les épaules. Joyeux anniversaire mon chéri ...
-Dix-sept ans, enchérit George avec un sourire qui fit frémir sa barbe. Mon dieu, je n'ai pas vu le temps passé ... Il me semble que c'est hier que ...
Ils échangèrent un long regard mélancolique avec Rose qui adoucit quelque peu l'atmosphère, bien que le visage de Simon restait fermé, et qu'Amelia fumait toujours sa pipe les yeux plissés.
-Joyeux anniversaire mon garçon, grogna-t-elle en rejetant dans l'air un nuage de fumée malodorant. Maintenant je ne compte pas rester ici jusqu'au bout de la nuit, j'ai une audience à préparer – il faudra que je vous parle de ça, d'ailleurs. La petite est majeure aussi ?
Ses yeux inquisiteurs se rivèrent sur moi, floutés par la fumée qui émanait de sa pipe.
-Depuis mai dernier, assurai-je, intimidée.
-Amy je te présente Victoria, ajouta George. C'est la voisine née-moldue.
-Ah, je vois. Je suppose que toi aussi tu veux parler ? (Elle désigna les chaises devant elle d'un geste brusque de la main). Allez, asseyez-vous, qu'on en finisse.
Malgré l'accueil peu chaleureux, et les yeux de Simon qui restaient fermement ancrés sur son père, nous prîmes place autour de la table. Seule Rose resta debout, faisant des allés-retours sur toute la largeur de la pièce comme un lion dans sa cage. Amelia grogna contre le tuyau de sa pipe, lorgnant Rose du coin de l'œil.
-Je vous avais dit de ne pas vous couper du monde pour les vacances ...
-C'était mieux pour les enfants, protesta George. Ils n'ont pas à tout savoir ...
-Je suis majeur maintenant, rappela Simon, mettant sa baguette sur la table comme pour le prouver. Et ne t'inquiète pas, si tu ne veux rien me dire je m'arrangerais pour savoir. Alors comme ça tu ne crois pas ce que dit Dumbledore ? Et toi non plus ? ajouta-t-il à l'adresse de sa tante.
Le frère et la sœur contemplèrent longuement Simon sans un mot. Si George paraissait embarrassé, ce n'était pas le cas d'Amelia, qui se fendit d'un vague mouvement d'épaule.
-On va dire que devant le manque de preuve, je réserve mon jugement.
-Devant le manque de preuve ? se récria Rose en s'immobilisant. Bertha, Croupton, Maugrey séquestré dans sa malle ! C'était quoi, ça ?
-Séquestré dans sa malle ? répétai-je, interdite.
Nous avions appris en fin d'année dernière que le professeur qui nous avait fait cours de Défense contre les Forces du mal toute l'année, Alastor Maugrey un célère Auror, était en réalité un imposteur. Nous avions seulement aperçu le vrai Fol-Œil au banquet de fin d'année. Amelia soupira :
-Oui, le pauvre. Je lui ai parlé après la fin de l'année, il avait l'air de se remettre – enfin, façon Maugrey. Je suppose que Dumbledore ne vous a rien dit ?
Simon et moi secouâmes la tête. Amelia parut frustrée.
-Même Fudge reste discret sur le sujet. La seule chose qu'il a daigné me dire c'était qu'un fou avait pris l'apparence de Maugrey, et que c'était lui qui avait mis le nom de Potter dans la Coupe de Feu et tuer Croupton. Le détraqueur qu'il avait amené avec lui pour l'interroger c'est ensuite fait une joie de l'embrasser.
-Raison de plus d'interroger Dumbledore, enchérit Rose alors qu'un frisson glacé me parcourait. Il doit savoir, lui – et plus que Fudge.
-Comme je te l'ai expliqué avant que les enfants arrivent, Fudge est très anti-Dumbledore en ce moment – et absurdement il faut le dire. Le virer de la présidence du Magenmagot parce qu'il est trop vieux, quelle sottise ... Dumbledore a peut-être les cheveux blancs, mais je suis persuadée que son esprit reste plus vif que la plupart des gens.
-Alors pourquoi vous ne le croyez pas ? demandai-je, déconcertée. Vous savez que des choses étranges se sont passées l'an dernier, surtout à la fin ... (je déglutis pour faire passer le nom de Cédric dans ma gorge). Et maintenant un sorcier que vous estimez vous annonce que Voldemort est de retour. Alors pourquoi vous n'y croyez pas ?
Tout les Bones eurent une réaction quand le nom du mage noir franchit mes lèvres : George glissa presque de sa chaise, Rose plaqua une contre sa bouche et Simon eut un mouvement d'épaule agacé. Même Amelia écarta sa pipe de sa bouche pour me contempler, ébahie. Puis un fin sourire s'étira sur ses lèvres.
-Tu aurais plu à mon frère, toi. Lui non plus n'avait pas froid aux yeux – jusqu'à prononcer des noms dangereux. Je ne nie pas que l'année dernière a été plus que troublante, et j'ai moi-même songé à une résurgence du Seigneur des Ténèbres. Mais pour l'instant, tout ce que j'ai sont des murmures, le souffle d'une voix dont on ne perçoit pas la provenance. Des morts, je l'admets – et j'en suis désolée. Mais rien qui ne les relient toutes fermement à Voldemort. Ça peut bien être l'œuvre d'un fou, pour autant que j'en sais. Le jour où j'aurais du tangible, ne t'en fais pas que je changerais d'avis.
-Du tangible ? répéta Simon d'une voix tremblante. Mon meilleur ami est mort assassiné et ramené à ses parents par un garçon qui proclamait le retour de Tu-Sais-Qui ! Par Merlin tante Amelia, ne me dis pas que Cédric ce n'est pas du tangible ?
Rose voulut poser ses mains sur son épaule pour l'apaiser, mais il la repoussa, le regard rivé sur sa tante. Le regard d'Amelia s'était adouci, et je fus surprise de voir un éclat de douleur traverser ses prunelles rivées sur son neveu.
-Je sais que c'est douloureux, entonna-t-elle d'une voix résolument douce. Et que lorsqu'on souffre, on cherche des réponses par tous les moyens. Mais ce n'est pas une raison de se précipiter ...
Simon esquissa un mouvement pour se lever mais je plantai une main ferme sur son genou. Il raisonnait par l'affect, et tant que ce serait le cas Amelia n'entendrait pas ses arguments. Il était temps de mettre un peu de logique dans le raisonnement.
-Dans ce cas là, vous pourrez peut-être m'expliquer pourquoi Igor Karkaroff s'en enfui dès qu'il a senti sa marque le brûler.
-Mais enfin Victoria, qu'est-ce que tu racontes ? s'étonna George, abasourdi.
Simon m'adressa un « merci » du regard, et se laissa aller contre sa chaise, le nez pincé entre le pouce et l'index. Rose et Amelia me fixaient avec un intérêt nouveau.
-Victoria ? dit la mère de Simon en posant une main sur mon épaule. Tu as vu quelque chose ce soir là ?
J'opinai du chef, les souvenirs affleurant à mon esprit. Le cri de Karkaroff, la voix sèche de Rogue, et la marque, noir comme les ténèbres ... Tout ça était gravé au fer rouge dans ma mémoire. Amelia inspira dans sa pipe avant de recracher un panache de fumée grisâtre.
-Je t'écoute. Qu'est-ce qui s'est passé ?
-J'ai eu disons ... un problème avec une élève de Durmstrang pendant la troisième tâche, et Rogue a été cherché Karkaroff pour le régler.
-Tu t'es retrouvée avec Karkaroff ?
La voix de Rose débordait de mépris et d'inquiétude. Elle avait contribué à le mettre derrière les barreaux avant qu'il ne passe un arrangement avec le ministère.
-Oui, mais je n'étais pas seule : il y avait Rogue et Emily. Et pendant qu'ils statuaient ... Karkaroff s'est mis à paniquer, ils ont agrippé leur bras ...
-Quel bras ? s'enquit durement Amelia.
Je fronçai les sourcils, fouillant ma mémoire.
-Le gauche. Et Karkaroff l'a montré à Rogue et j'ai pu voir ... Sur son avant-bras, je l'ai vue. La Marque.
-Comment elle était ? demanda Rose avec douceur.
Elle s'était rassise à la droite d'Amelia, le menton niché dans sa main. Elle ressemblait tant à sa fille Susan en cet instant que c'en était troublant.
-Noire, décris-je avec un frisson. Un tête de mort, avec un serpent qui sortait de sa bouche ... Et vraiment, noire de jais.
-Ça alors, lâcha Amelia.
-Et après, Victoria ? poursuivit Rose avec une pointe d'avidité.
Il y avait un peu de la procureure qu'elle avait été dans ses intonations : je n'avais aucun mal à l'imaginer dans un tribunal. Le pied de Simon effleura le mien, comme pour me donner le courage de continuer.
-Ils sont sortis, et se sont disputés. Karkaroff voulait partir au plus vite, mais pas Rogue. Ils ... ils ont dit qu'il était revenu – Voldemort, précisai-je, arrachant un frisson à la famille Bones. Et que comme ils étaient tout deux des traitres, il allait les traquer, et ... les tuer.
Un silence de mort s'abattit sur la pièce, et mon dernier mot sembla résonnait cent fois autour de nous. Rose observait Amelia, attendant sa réaction, mais la cheffe de la Justice Magique demeurait impassible. Simon fronça les sourcils.
-J'avouais oublié ce détail ... Rogue était un Mangemort ?
Amelia et Rose échangèrent un regard alors que mes entrailles se contractaient. C'était une chose à laquelle j'avais réfléchie également pendant les vacances : le professeur de Potion qui m'avait tant angoissé durant ma scolarité avait été l'un des sbires de Voldemort. J'avais la certitude que Rogue n'était pas quelqu'un de bien – il n'y avait qu'à voir comment il traitait ses élèves – et la rumeur avait couru qu'il était fasciné par la Magie Noire. Mais ce n'était qu'en juin dernier que j'avais découvert à tel point et je craignais le jour où je me retrouverais à nouveau devant mon professeur de Potion.
-Il a été innocenté, nous appris alors Rose. Dumbledore s'en est porté garant ... Apparemment, il espionnait pour son compte.
-Et on est sûr que c'est vrai ? doutai-je.
Un lent sourire retroussa les lèvres d'Amelia.
-Je pensais que tu avais une confiance aveugle en Dumbledore, petite ?
Je ravalai mes protestations, mise devant mes propres contradictions. L'explication parut satisfaire Simon, mais je pensais surtout qu'il voulait recentrer le sujet sur la lutte contre Voldemort et ce fut sans doute pour cela que son regard se fit plus incisif quand il se darda sur sa tante. Ils s'affrontèrent longuement du regard jusqu'à ce qu'Amelia écarte le tuyau de sa pipe de ses lèvres pour cracher un nouveau panache de fumée grise.
-Il est vrai que Karkaroff a disparu immédiatement après la troisième tâche, admit-t-elle en penchant la tête sur le côté. Et qu'un retour inopiné du Seigneur des Ténèbres pourrait possiblement expliquer ça ...
-L'autre fille qui était avec toi, intervint alors soudainement George. Emily. Elle a vu et entendu la même chose que toi ?
Mon cœur tomba dans ma poitrine et je secouai la tête. Moi seule avais vue la marque, et écouter la conversation entre Rogue et Karkaroff. Les lèvres de George se pincèrent.
-Alors ça pose le même problème que Harry Potter. Ton récit est seul et isolé, tu pourrais très bien raconter ce que tu veux ...
-Tu la traites de menteuse ? s'hérissa Simon, ulcéré. Sérieusement ?
-Et toi Simon tu as fait bien pire alors ne viens pas me faire la morale ! J'expose juste les faits.
-Les faits sont que pendant que Karkarroff s'enfuyait après la brûlure de la marque et que Cédric mourrait, Tu-Sais-Qui revenait, rétorqua Simon. Il n'y a pas un mais deux témoignage et je suis sûr que si vous interrogez Rogue il vous dira qu'il l'a appelé cette nuit là – et ça ferait trois. (Il vrilla un regard ardent sur Amelia) Vous avez besoin d'encore combien de témoignages concordants avant de vous mettre à vous bouger ?
-Parle autrement à ta tante, gronda sourdement George, les yeux plissés. Elle fait ce qu'elle peut !
Mais Amelia ne paraissait pas vexée outre mesure : la lueur mélancolique c'était même accentuée dans son regard.
-Il y a indéniablement un côté Edgar en toi, souffla-t-elle, et Simon pâlit sous ses tâches de rousseurs. Un amour de la justice mêlé à un côté « tête brûlée ».
-Et on voit où ça a mené Edgar ! explosa George en se levant d'un bond. Lui, Cassie, les enfants – tous mort ! Tout ça parce qu'il a décidé d'écouter Dumbledore et d'entrer dans ce stupide Ordre, c'est ce que tu veux ?!
Il s'adressait cette fois à Rose, qui s'était figée sur sa chaise. George leva une main pour désigner son fils. Simon aussi s'était totalement immobilisé, toute couleur désertant son visage devant l'éclat soudain de son père.
-Tu veux écouter Dumbledore, te battre contre Tu-Sais-Qui et risquer que quelqu'un vienne nous assassiner et tuer nos enfants ?! Qu'on finisse tous comme Edgar et Cassie ? Tu ne trouves pas que cette famille a déjà assez souffert ? Diable ! Spencer avait à peine neuf ans, et ils l'ont débusqué sous son lit pour le tuer de sang froid !
-Je sais parfaitement ce qu'il s'est passé, persiffla Rose, coulant néanmoins un regard inquiet pour Simon. J'étais là, une des premières sur les lieux, c'est moi qui ai ... (sa voix s'étrangla et elle secoua la tête). Moi non plus je ne veux pas revivre cette époque, George, dieu sait que nous avons tous souffert ... Mais ce n'est pas en nous voilant la face que nous arrangeront les choses.
-Si tu te voiles la face, et que tu refuses de voir la réalité, entonna Simon d'une voix qui me glaça jusque la moelle, ça n'empêchera rien. Si ce n'est pas nous, ce sera d'autres, et ne t'inquiète pas, d'autres enfants mourront, comme Matthew et Spencer.
-Et bien je préférais que ce ne soit pas nous, rétorqua durement George. Les Bones ont déjà assez donné de leur sang, c'est assez. Nous ne nous mettrons pas le Ministère à dos sous la parole de l'homme qui a mené mon frère à la mort. Fin de la discussion.
Là dessus il jeta un regard flamboyant à sa femme, et s'en fut sans un mot. Rose fixa sa nuque, les yeux furieux luisant de non-dits, jusqu'à qu'il disparaisse par l'escalier. Simon s'était replié sur lui-même, comme si cette joute verbale avec son père l'avait vidé de ses forces. Je n'osais rien dire, à la fois gênée et songeuse. Je n'arrivais pas à déterminer si George ne croyait tout simplement pas au retour de Tommy, ou s'il préférait ne pas voir – et surtout, ne pas s'impliquer – pour protéger sa famille. Amelia tapota doucement la main de Rose.
-Il va se calmer. Edgar est toujours un sujet très sensible, pour lui, je m'en veux de l'avoir évoqué ...
Rose poussa un profond soupir résigné, avant de pivoter vers Amelia, le visage résolument déterminé.
-Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Et sérieusement, Amy, pas de langue de bois.
Tout le monde retint son souffle en attendant le verdict d'Amelia. Elle mâchouillait toujours le tuyau de sa pipe bien que celle-ci fut éteinte depuis plusieurs minutes.
-Je pense qu'il faut rester prudent sur tout les plans, finit-t-elle par lâcher. Comme tout le monde autour de cette table, je n'ai aucune envie que Vous-Savez-Qui soit de retour, mais s'il l'est réellement, il se trahira forcément. Et ce jour là, il va falloir qu'on soit prêt.
Les paroles d'Amelia Bones m'apaisèrent quelque peu. Sans admettre totalement le retour de Voldemort, elle n'en excluait pas la possibilité, et tendait même vers elle en un sens. Elle jeta un regard d'avertissement à Rose.
-Et surtout, ce jour là il faut qu'on soit au sein du Ministère pour pouvoir faire quelque chose. Et pour y rester, même si ça ne me plait pas, il faut éviter de contrarier Fudge. Alors il va falloir faire le dos rond pendant quelques temps, Rosie. Ne pas discuter avec Dumbledore, ne pas lui faire penser qu'on complote contre lui – oui, ajouta-t-elle quand Rose ouvrit de grands yeux exorbités. On en est là. Je te le dis, Fudge est complétement paranoïaque, et c'est pour ça qu'on soit là, pour que malgré sa paranoïa le Ministère puisse tourner et être efficace. Il faut qu'on soit apte, Rosie, tout en n'attirant pas la foudre de Fudge sur nous. Alors prends sur toi.
-D'accord, céda Rose, le visage enfouie entre ses mains, lasse. Je te promets de faire ce que je peux.
-Et ça vaut aussi pour toi, enchérit-t-elle en pointant sa pipe sur Simon. J'admire ta vergue et ton esprit, Simon, mais il va falloir que tu te calmes en entrant en Poudlard. Dumbledore n'arrive pas à trouver un professeur de Défense contre les Forces du mal, ce qui explique que vous n'ayez toujours pas reçu vos lettres. Je sais que Fudge manigance pour faire entrer quelqu'un du Ministère à ce poste pour qu'il soit ses yeux, ses oreilles et surtout ses mains à Poudlard. Tu veux protéger ta famille ? Commence déjà par te calmer.
Le hochement de Simon parut lui être imposé par l'Imperium tant il était raide et peu naturel. Je crispai mes doigts sur ma baguette avec l'impression d'avoir du plomb dans les entrailles. Un homme du Ministère à Poudlard ? J'étais persuadée que Dumbledore se révolterait contre cette idée, mais s'il ne trouvait pas de professeur d'ici la rentrée, que se passerait-t-il ? Amelia rangea sa pipe dans la poche de sa cape, et se leva.
-Bien. J'étais venue pour vous mettre au courant des dernières nouvelles, et c'est chose faite. Je t'attends demain au Ministère, Rosie, nous avons des affaires urgentes à régler – notamment au sujet de l'audience du 12 août. Il faudra que je voie George aussi à ce propos, tu pourras transmettre ?
-Bien sûr, accepta Rose en se levant pour raccompagner sa belle-sœur.
Amelia se drapa de sa cape, et nous nous dressâmes sur nos pieds pour la saluer. Elle m'adressa une vigoureuse poignée de main, avant de pivoter vers son neveu. Elle posa sa main sur son épaule.
-Simon, je sais qu'il y a mille pensées qui doivent tourbillonner dans ta tête avec tout ce qui se passe. Mais maintenant, tu es majeur, et l'heure est à la sagesse. Contrôle-toi, d'accord ?
-Je vais essayer, marmonna-t-il en passant une main sur sa nuque. Bonne nuit, tante Amelia.
Elle le gratifia d'un léger sourire avant de suivre Rose dans le salon – vers la cheminée qu'elle utiliserait pour rentrer chez elle. Simon se passa une main sur le visage, l'air las.
-Désolé pour la scène.
-Oh, pas grave. J'ai grandi avec Alexandre, j'ai vu pire.
Un sourire passa furtivement sur les lèvres de Simon, et il se laissa à nouveau tomber sur sa chaise. Je pressai brièvement son épaule avant de m'asseoir à mon tour. Non, vraiment ce n'était rien. J'avais été ravie de voir enfin la fameuse Amelia Bones, et la discussion avait été aussi frustrante qu'instructive. Mais elle semblait avoir vidé Simon de toute son énergie. Alors que je le contemplai, prostré sur sa chaise, la raison pour laquelle ses parents l'avaient emmené en France ne me semblait plus si évidente. Même si elle m'avait attristée, je l'avais comprises : faire un break pour mieux se remettre. Mais j'avais plutôt l'impression que Simon avait emmagasiné toutes ses émotions et qu'il éprouvait à présent le besoin de tout dénouer. Sauf que ça ressortait à présent avec plus de forces, et qu'un soupçon de rage était venue s'ajouter à la douleur. Dans l'idée d'alléger un peu l'atmosphère, j'agitai ma baguette en murmurant :
-Cadeau.
Simon releva la tête, interloqué. Un paquet informe était apparu sur la table – et j'étais assez satisfaite d'avoir réussi à le faire apparaître, le sortilège d'Apparition était de ceux que je n'avais pas réussi lors de mes examens. Il était mieux réussi que mon papier cadeau, mais il fallait dire que la chose molle que j'avais emballé ne m'avait pas facilité la tâche et qu'empaqueter les cadeaux avaient toujours été une tâche que j'avais détesté faire. Un sourire releva la commissure des lèvres de Simon quand il attrapa le paquet.
-Tu n'étais pas obligé.
-Ouvre-le, avant de dire ça.
-Mon dieu, qu'est-ce que tu m'as fabriqué ?
J'eus un sourire malicieux qui arracha un rire à Simon. Il déballa soigneusement mon hideux paquet pour en tirer un bonnet d'un joli jaune moutarde, assez agréable à regarder et qui m'évoquait la couleur de nos canapés dans la Salle Commune de Poufsouffle. Il était rehaussé d'un pompon noir et sur le bord des fils en laine noire également formaient le mot « Minus ». Cette fois, le rire de Simon se fit plus franc.
-« Minus » ? Tu n'as rien trouvé de mieux pour m'afficher ?
-C'était ça, ou « crevette », expliquai-je d'un air mutin. Mais crevette c'était trop long, j'ai déjà galéré magiquement avec « Minus », Miles a dû m'aider ... Et sache que même avec ça je le trouve infiniment moins immonde que ton bonnet orange que tu trimballes depuis dix ans.
-Miles ? Bletchley ?
Un sourire à la fois entendu et coupable se dessina sur mes lèvres, et je rougis face au coup d'œil suggestif de Simon. Ma relation avec Miles aurait pu s'arrêter avec la mort de Cédric, et c'était lui qui m'avait convaincu de renouer avec lui. Lui et moi en avions conscience et c'était pour ça que Miles m'avait aidé de bon gré à former les mots sur le bonnet jaune.
-Tu l'essaies ? réclamai-je en tentant d'avoir l'air enjoué. Au moins je serais sûre que tu l'as mis une fois, je suis presque sûre que tu vas continuer à mettre ton bonnet orange mais bon ...
-A Poudlard il y a de grandes chances, admit-t-il, toujours souriant.
Je poussai un grognement sonore. L'attachement absurde de Simon à ce bonnet me paraissait toujours obscure, l'un des seuls mystères qui persistaient chez lui, et c'était pour cela que j'avais trouvé ce cadeau. Avec un grand soupir dépité, Simon empoigna les deux pans du bonnet, et l'enfonça sur son crâne jusqu'à en couvrir ses yeux.
-Whao, t'en paraitrais presque mignon, plaisantai-je en prenant un bord pour l'abaisser encore plus. Il faut juste cacher aussi le nez, il est beaucoup trop grand pour ton visage. Quelle idée d'avoir un nez pareil ?
-Je te remercie, tu iras te plaindre aux Bones, rétorqua Simon en repoussant ma main pour redresser son bonnet sur son front. Comme pour les yeux.
-Oh les yeux ça va, en vrai. Susie a les même.
Simon leva les siens au ciel, désabusé. J'étais assez fière de le voir garder le bonnet sur sa tête plus d'une minute, malgré le « Minus » qu'il clamait. Il finit néanmoins par l'arracher à sa tête, l'électricité statique faisant dresser ses cheveux sur sa tête.
-Merci, minus, dit-t-il en ébouriffant mes cheveux. Je réfléchirais à une vengeance pour noël. Peut-être un bonnet avec « Minus toi-même ». Au fait, t'as tout coupé ?
-Noël aussi ? me récriai-je alors qu'il attrapait une de mes mèches. Hey, bat les pattes, Bones !
J'arrachai la mèche à ses doigts et la coinçait derrière mon oreille. Mes boucles avaient atteint à la fin de l'année dernière une longueur qu'ils n'avaient jamais obtenue, cascadant sur mes omoplates. J'avais toujours eu les cheveux courts, au dessus des épaules, et c'était ce que j'avais demandé à la coiffeuse Jenny en allant les couper au début de l'été.
-Et évidemment, je n'allais pas rester avec ses tentacules qui me servaient de cheveux. Sérieusement, noël aussi ? Mais si tu te venges du bonnet à noël, il va falloir que je me venge de ta vengeance ? Et sans savoir la nature de la vengeance ?
Simon me contempla d'un air blasé, secouant doucement la tête.
-Hey bien. Ça ne va pas être simple ...
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