I - Chapitre 5 : Rien de bon n'arrive jamais à Halloween



Bonjour à  tous ! 

D'abord et avant tout, encore un IMMENSE merci à Annabethfan pour la couverture ! Je ne sais pas vous mais je la trouve trop belle, j'adore les couleurs, Anna' est trop douée (faut aller lire ATDM les gens - ça doit être la millième fois que je le dis ahah !) 

Bon maintenant l'instant fatidique où le nom de Harry sort de la coupe ... TADAAA  ! Bon j'espère que ce chapitre vous plaira, parce que sur celui-là et les suivant j'avais un peu patiner, j'espère qu'ils ne seront pas trop bancales, n'hésitez pas à le dire ! 

Bonne lecture ! 

***

Halloween n'a rien de drôle. Ce festival sarcastique reflète plutôt une soif de vengeance des enfants sur le monde adulte. 

- Jean Baudrillard

***

Chapitre 5 : Rien de bon n'arrive jamais à Halloween.

J'avais raison.

Rien de bon n'arrivait à Halloween.

Emily fulminait dans le fauteuil face à moi, et Helga Poufsouffle semblait bougonner silencieusement dans son cadre par dessus la cheminée. Nous étions rentrés dans la Salle Commune immédiatement après le banquet, guidé par une professeur Chourave singulièrement secouée. Depuis, la Salle Commune était baignée dans un murmure permanent, entre excitation, perplexité et colère, et je ne savais dire quelle était l'émotion qui primait le plus. Chez Emily, c'était la colère. Chez Simon, la perplexité. Chez moi, un mélange d'inquiétude irrationnelle et de fierté inavouée.

Le nom de Cédric était sorti de la Coupe de Feu.

Le problème, c'était qu'il n'était pas le seul.

Cela n'avait aucun sens. La Coupe de Feu n'était censé fournir qu'un nom par école. Sans surprise, c'était celui de Viktor Krum qui avait surgi pour Durmstrang, et celui de Fleur Delacour pour Beauxbâtons. La jeune fille, d'une beauté exquise et surnaturelle, s'était alors levée de la table des Serdaigle, et j'avais dû donner un violent coup de pied à Simon pour lui remettre les yeux en face des trous. Puis cela avait été le tour de Poudlard et Dumbledore avait appelé Cédric. Nous nous étions dressé sur nos pieds avec des cris de triomphe et Emily lui avait sauté au cou avant qu'il ne parte suivre les autres champions dans la pièce adjacente. Nous pensions que c'était fini, et me concernant, l'anxiété de savoir mon ami engagé dans une telle aventure n'était pas encore apparue que la Coupe de Feu s'était à nouveau animée, ses flammes passants du bleu au rouge. Et sous nos regards désorientés, elle avait craché en une gerbe d'étincelle son dernier nom.

Harry Potter.

Bien. Au moins nous étions fixés sur ce qui allait lui arriver cette année.

-Il n'a même pas dix-sept ans, rageait toujours Emily. Il est en quatrième année ... Comment il a fait pour passer la limite d'âge, par Merlin ?!

-Il a bien détruit Tu-Sais-Qui en étant un bébé, laissai-je échapper de façon posée. Mais ce que je n'arrive pas à comprendre c'est pourquoi il aurait fait ça.

-Pourquoi ? Tu te poses sérieusement la question, Victoria ?

-Mille Gallions, la gloire éternelle pour toi, pour ton école ..., compléta Mathilda d'un air songeur. J'avoue, les « pourquoi » ne manquent pas.

-La gloire éternelle il l'a déjà, il a détruit Tu-Sais-Qui, répliquai-je vertement.

-Et l'argent, je ne suis pas sûr que ce soit ça qui intéresse un Potter, ajouta Simon. Le grand-père a gagné une fortune avec une lotion pour cheveux, de ce point de vue là je pense qu'il est tranquille.

-Une lotion pour cheveux ?

Un gloussement s'échappa de ma gorge, m'attirant les regards noirs de Mathilda et Emily. J'imaginais le grand-père de Harry Potter en l'un de nos coiffeurs moldus, et l'image qui en ressortait était assez drôle. Je supposais que j'avais de la pression à relâcher, après cette soirée. Simon secoua la tête en me considérant, l'air désespéré.

-En attendant, Poudlard a deux champions ! râla Emily en croisant les bras sur sa poitrine.

-Ce n'est pas une bonne chose ? demanda innocemment Susan.

C'était l'une des rares à rester indifférente à ce qui se passait : elle recopiait une carte du ciel à même le sol, ne relevant que rarement la tête.

-Poudlard a deux fois plus de chance de gagner, du coup. Ce n'est pas ce qui compte, que Poudlard gagne ?

-Mais si c'est Harry qui gagne, ce sera encore pour Gryffondor ... Il y en a marre que ce soit toujours pour les autres !

-Calme-toi, Em' ! l'exhorta Simon d'un ton résolument calme. Comme tu l'as rappelé, il n'a pas dix-sept ans. Peut-être qu'ils ne laisseront pas concourir, ce serait de la folie ... Ce n'est pas pour rien qu'ils ont interdit ce Tournoi aux mineurs.

Son intervention fit revenir la bonne humeur autour de nous. Effectivement Potter pouvait ne pas concourir et Cédric être le seul champion de Poudlard. Malgré tout, j'étais sceptique. Je me souvenais que trop bien des mots de Dumbledore sur le fait de ne pas prendre le Tournoi à la légère. Une fois que son nom était sorti de la Coupe, on ne reculait pas, avait-il dit ... Alors comment Harry pouvait-il reculer ?

Pauvre gosse, songeai-je vaguement. Du peu que j'avais pu découvrir de lui ces trois dernières années, je ne pensais que c'était le genre à fanfaronner, à se mettre sciemment en danger. J'avais tendance à songer que les ennuis le trouvaient bien assez vite. J'avais l'impression que du plomb avait été injecté dans mes entrailles. Seigneur, cette année commençaient vraiment sur les plus mauvais présages.

Cédric parut quelques minutes plus tard, le visage pâle et sans l'ombre d'un sourire sur le visage. Normalement, nous aurions dû l'accueillir avec des cris de joie et l'arroser des bièraubeurres que nous avions ramenées de la cuisine. Mais la triste vérité, ce fut que nous nous étions massés devant lui avec impatience, les remarques fusant sans queue ni tête :

-Il n'a que dix-sept ans, ils n'ont pas le droit !

-Qu'est-ce qu'ils ont dit ?

-C'est un tricheur !

-Tu es le vrai champion de Poudlard, Cédric !

Cédric leur jeta un sourire à la ronde et attendit que le silence se fasse de lui-même, levant juste le bras en attendant. Quand il l'obtient, il dit d'une voix résolument calme :

-Le problème avec une magie si ancienne, c'est qu'elle n'est pas réversible. Un contrat magique lie les joueurs à la coupe alors ... ils sont obligés de le laisser concourir.

C'était bien ce que j'avais songé et une véritable tempête de protestation s'éleva autour de nous. Je me mordis la lèvre en observant Cédric tenter de calmer Emily, qui vociférait la plus fort, ses cheveux blonds s'agitant furieusement autour de son visage. La quête d'identité de Cédric commençait bien mal. Ils râlaient parce qu'on ne prenait pas notre Maison en considération, mais au lieu de fêter notre champion, ils protestaient contre le second. Je jetai un regard sur la foule d'élèves courroucés et finit par apercevoir Simon, qui attendait à la porte de son dortoir les bras croisés sur sa poitrine. Je contournai la foule qui se massait toujours autour de Cédric et le rejoins un instant plus tard.

-Combien de temps il va tenir comme ça, tu crois ? m'enquis-je en me postant à côté de lui.

-Ça ira, jusqu'à la première épreuve.

Son ton était énervé. Simon était quelqu'un qui détestait ne pas comprendre, et qui était particulièrement protecteur avec les gens qu'il appréciait. Cela expliquait pourquoi il couvait son meilleur ami du regard, une lueur alerte dans les yeux.

-On est censé faire la fête, là, pas l'assommer de questions, soufflai-je alors que certains se poussaient pour atteindre Cédric. Et je pense qu'il en a besoin, de cette fête ...

Simon me jeta un regard de biais, soupçonneux.

-Qu'est-ce que tu mijotes, Vicky ?

-Moi ? Rien. En revanche, toi, tu vas aller vite chercher ta guitare.

Un sourire retroussa les lèvres de Simon et il observa un instant nos camarades révoltés.

-En temps normal, je détesterais obéir à tes ordres mais là ... Oui, une petite chanson s'impose. Tu m'accompagnes ? Le chant ecclésiastique t'a donné une voix correcte.

Je lui donnai un coup de pied dans le bas du dos alors qu'il filait dans son dortoir, un éclat de rire aux lèvres. Il revint deux secondes plus tard avec sa guitare et je pris une caisse de bièraubeurre pour distribuer les boissons. Nous avions grand besoin de faire la fête et de nous détendre, ce soir, et ce fut pour cela que j'acceptais d'entonner avec Simon un humiliant Un beau matin j'ai rencontré l'hippogriffe.

***

-Sautillant, boitillant, bel hippogriffe fringuant ...

-Ferme-la.

-Il me regarde, l'œil brillant, fier fort et noblement ...

-Simon, je t'ai déjà dit que j'allais te tuer ?

Le sourire de Simon s'agrandit devant moi et dans ses yeux étincelaient une lueur ravie que j'aurais voulu à tout prix effacer. Nous étions le premier novembre, le lendemain d'Halloween. Et j'avais affreusement mal à la tête.

-Après la soirée de cet été, je pensais que tu aurais compris que tu ne tenais pas l'alcool, se moqua Simon.

-Tu veux que je te parle de ton propre état à cette soirée ? J'ai dû te ramener chez toi !

-Peut-être mais moi au moins j'ai compris.

Je lui jetai un regard vénéneux par dessus ma tasse de chocolat. J'avouai avoir peut-être bu une ou deux bièraubeurre en trop, hier soir. Et j'avais passé ma soirée à chanter, ce qui expliquait que ma voix croassait affreusement, et que ma gorge était aussi sèche que le Sahara.

-Arrête de te moquer et passe-moi le miel, s'il te plait.

-S'il te plait ? Tu dois vraiment être dans un sale état pour être si polie avec moi.

Ce fut sans doute pour cela qu'il me passa le miel sans résister et j'en mis une bonne dose dans mon chocolat. Peut-être que cela soignerait ma gorge. Nous étions les deux seuls à être descendu de si bon matin. Je n'avais que peu réussi à dormir et Simon m'avait découvert en explosant de rire dans l'un des canapés, avachie, la tête entre les mains. Il m'avait forcé à descendre prendre mon petit-déjeuner, les épaules secouées par l'hilarité, entonnant Un beau matin j'ai rencontré l'hippogriffe d'un ton moqueur. Heureusement que la Grande Salle était presque déserte.

-J'ai tellement hâte de raconter ça à Alexandre, ajouta-t-il avec ravissement. De lui dire que la si sage Victoria est montée sur la table basse pour nous chanter ... c'était quoi, déjà ?

-Je voudrais déjà être roi, marmonnai-je de mauvaise grâce, provoquant un nouvel éclat de rire de la part de Simon. Il faut que tu regardes Le Roi Lion. Et par pitié, ne dis rien à Alex. Ou attends qu'il soit bourré.

-Ah oui j'oubliais que la fragilité était de famille ...

Je tentai de lui donner un coup de pied par dessous la table mais je n'étais pas très réveillée et je manquais mon coup. J'agrippai ma chaîne au bout de laquelle pendait une médaille de baptême pour la faire tourner entre les doigts et faire passer la frustration.

-Pourtant avec tes origines polonaises tu devrais bien tenir l'alcool ..., poursuivit malicieusement Simon.

-Hey ! Non mais c'est quoi ces préjugés ? Je pensais que tu luttais contre ça, monsieur-le-grand-défenseur-du-droit-des-gens-comme-moi.

-Touché, admit-il en lorgnant les œufs brouillés qu'engloutissait un deuxième année. Franchement, qui a envie de manger comme un porc au petit-déjeuner ?

Je le contemplai d'un air entendu. Simon n'était pas plus épais qu'une feuille de parchemin. Par les jours de grand vent, on pouvait craindre qu'il ne s'envole. Alors de mon humble avis, il ferait mieux de manger des œufs brouillés au petit-déjeuner.

-C'est moi Simba c'est moi le roi, du royaume animal ..., chantonna Simon pour détourner l'attention de sa carcasse de poussin.

-Ah ! Tu vois que tu t'en souviens !

-J'ai une excellente mémoire Vicky, évidemment que je m'en souviens. Sans compter que tu l'as chantée trois fois.

-J'ai compris. C'est ça, ta fameuse vengeance ? M'humilier ?

-Oh non, ça c'est juste de la moquerie gratuite, Bennett. Ma vengeance, je cherche encore et elle sera terrible – d'autant plus que tu as renversé de l'encre sur mon parchemin au dernier cours.

Je levai les yeux au ciel. Nous étions en novembre, et nous ne nous étions pas encore entretués en cours de Défense contre les Forces du mal. Je considérais qu'au regard de notre passif c'était un miracle, et je l'attribuai à notre peur du professeur Maugrey. Chaque fois que l'ombre d'une dispute semblait s'amorçait, il nous fixait de ces deux yeux asymétriques et notre dispute mourrait dans l'œuf. Cela dit, ça demandait énormément de nerf de notre part.

-Au moins on a réussi à distraire Cédric, marmonnai-je après une gorgée de chocolat. Même s'il a fallu que je sois joyeuse pour ça.

-Tu étais plus que joyeuse, mais c'est un autre débat. Enfin, tu as peut-être raison. Cédric en avait besoin, après cette soirée...

-Je l'avais dit, Simon. Rien de bon n'arrive jamais à Halloween.

Simon garda un instant le silence, toute trace de sourire désertant son visage. Il regarda un instant la table des professeurs. Le professeur Dumbledore était en grande conversation avec Maugrey, et Madame Maxime couvait ses élèves, déjeunant à la table des Serdaigle, du regard. Karkaroff, à l'autre bout de la table, ne touchait pas le moins du monde à sa nourriture, et cela se voyait d'ici qu'il contenait sa fureur.

-Les directeurs des autres écoles n'ont pas dû apprécier, songeai-je alors. Qu'il y ait deux champions de Poudlard ...

-Ça non, répondit sombrement Simon. Mon père m'a envoyé une lettre quand Dumbledore a annoncé le Tournoi – il faisait parti de la cellule du Magenmagot qui s'occupait du droit international et qui a aidé aux négociations entre les écoles. Pour eux, c'est loin d'être un Tournoi amical, ils veulent battre Dumbledore. Et sachant qu'à présent Dumbledore a deux champions ...

-Peut-être que c'est un complot contre Dumbledore, suggérai-je avec un coup d'œil pour notre directeur. Que quelqu'un de Durmstrang ou Beauxbâtons voulait salir l'image de Dumbledore, le faire passer pour un tricheur aux yeux de la Communauté Magique Internationale ... Derrière, ils aident leur champion à gagner le Tournoi et Dumbledore est humilié.

Je connaissais assez Simon pour savoir qu'il ne pensait pas que Harry avait mis son nom dans la Coupe, alors aussi pouvais-je faire cette suggestion sans qu'il ne s'insurge.

-C'est une possibilité, admit-il en hochant la tête. Mais cela dit, je ne sais pas si ça va marcher ... La presse va adorer cette histoire. Le Survivant en champion de Poudlard ... Les journalistes ne pouvaient pas rêvés meilleur scénario.

J'aurais voulu poursuivre cette conversation – Simon était une véritable mine d'information et d'information, j'en étais avide – mais Emily venait de passer les portes de la Grande Salle. Erwin et Mathilda descendirent un instant plus tard. Erwin n'était pas dans un meilleur état que moi, et je fus ravie de voir la taquinerie de Simon changer de cible. Bientôt, la table se remplit doucement, jusqu'à que Cédric entre, sous les acclamations de tout Poudlard. Ses joues d'albâtre s'étaient colorées alors qu'il s'installait à nos côtés.

-Bienvenu, champion, le saluai-je avec un grand sourire. Du café ?

-Volontiers ! accepta Cédric avec un soupir. C'est à cause de tes chants, ta voix cassée ?

Simon s'esclaffa et je suspendis mon geste pour jeter un regard torve à mon ami. Ses yeux brillaient d'amusement et il entoura mes épaules de son bras.

-Je plaisante, Vic' ! Tu chantais super bien.

-Et tu nous as bien fait rire, toujours, ajouta malicieusement Emily, avant de s'adresser à Cédric. Alors ? Cette première nuit en temps que champion ?

-Mouvementée, rit-il en prenant la tasse de café que je lui tendais. Merci Vic'.

-Tu veux un peu plus de miel ? me taquina Simon en avançant le pot vers moi.

Pour toute réponse, je lui donnai un coup de pied qui cette fois, atteint sa cible. Simon grimaça et se frotta le tibia.

-Je suppose que ça veut dire non.

-Non, ça veut juste dire que tu m'agaces, répliquai-je en me resservant en chocolat et en miel. Oh non ...

Octavia et Gillian venaient de passer les portes de la Grande Salle, et au moment où j'espérais qu'elles s'installent à leur table, elles bifurquèrent vers la nôtre, un immense sourire aux lèvres. Emily poussa un grognement sonore qui interloqua Simon, avant que sa petite-amie ne claque un baiser sur sa joue.

-Ça va chéri ? susurra-t-elle en caressant ses cheveux couverts d'épis. La fête n'a pas été trop longue chez les Poufsouffle ?

-Ça dépend pour qui, répondit-t-il en me lorgnant.

-On aurait aimé venir, mais Flitwick nous a directement renvoyé dans notre dortoir, déplora Gillian Fawley avec un soupir à fendre l'âme. Alors Cédric ? Qu'est-ce que ça fait d'être champion de Poudlard ?

Le sourire mielleux qu'elle lui adressa me donna envie de rendre mon petit-déjeuner. J'échangeai un regard avec Emily et faillis m'étrangler de rire devant le dégoût dans ses yeux. Cédric eut un sourire tranquille, quoique quelque peu crispé.

-L'un des deux champions, rectifia-t-il.

-Oh je t'en prie, rétorqua Gillian sans se départir de son sourire. Potter a triché, il n'est pas vraiment ...

-Son nom est sorti de la Coupe de Feu. C'est un champion de Poudlard.

Le sourire de Gillian ne fana face au ton péremptoire de Cédric, et Emily jeta à celui-ci un regard brillant de mille mercis pour avoir rabattu le caquet de sa cousine.

-C'est idiot, lâcha Octavia, qui paraissait surprise par la nouvelle. Ils ne peuvent pas le laisser concourir, il est mineur ...

-Un contrat lie les champions à la coupe, expliqua posément Simon. Ni les juges, ni Potter ne peuvent rien faire contre ça ... Mineur ou pas.

-Il a bien joué son coup alors ...

Des murmures appréciateurs et agacés lui répondirent sur toute la table. Simon et moi échangeâmes un regard. Nous devions être les deux seuls ici présent à penser que Harry Potter n'y était pour rien dans ce qui s'était passé hier.

-Il m'a dit que ce n'était pas lui, se sentit obliger de dire Cédric, à la stupeur générale. Hier, il m'a dit qu'il ne l'avait pas fait. Je ne sais pas si c'est vrai mais ... Je ne sais pas. Il avait vraiment l'air d'être le premier effaré parce ce qu'il se passait.

-Il est peut-être bon acteur, objecta Gillian d'un ton énervé. Ce garçon fait tout pour attirer la lumière sur lui depuis qu'il est arrivé ! Vous vous souvenez de la fois où il est arrivé en voiture volante à Poudlard ? Honnêtement, qui ferait ça ?

Les jumeaux Weasley auraient été capables, songeai-je vaguement. Mais le dire n'aurait pas plaidé pour Potter, car Fred et George souhaitaient vraiment attirer l'attention.

-C'est vrai, admit Emily du bout des lèvres. Franchement, je ne comprends pas comment il a pu faire ça ...

-L'important, c'est que le nom de Cédric soit sorti, rappelai-je fermement. Est-ce qu'on pourrait se concentrer là-dessus ?

Cédric me jeta un regard de biais où pointait la reconnaissance. Mathilda sourit également et allongea le bras pour prendre la main de Cédric.

-Evidemment, c'est le plus important. Porte haut nos couleurs, fier fils de Poufsouffle.

-On va demander à MacMillan s'il veut bien être le héraut du champion, se reprit Emily avec un sourire carnassier. Il adorerait, je suis sûre ...

-Tu peux nous signer un autographe ? s'enquit Erwin d'un air faussement extatique. Qui sait, quand tu auras gagner le Tournoi, peut-être que ça pourra se vendre cher ...

-Oh pitié, tout sauf ça ...

Malgré tout, nos plaisanteries eurent l'air de le détendre, malgré l'œil avide de Gillian. Cela se voyait qu'elle n'aurait pas été contre un autographe. Nous sortîmes un instant plus tard et je prétextai devoir lui demander quelque chose en Sortilège pour extirper Cédric des griffes de Gillian Fawley. Une fois que nous nous étions éloignés dans les couloirs qui menaient à notre Salle Commune, Cédric poussa un profond soupir.

-Merci. Un peu plus et je perdais mon calme.

-Nerveux ?

Cédric passa une main dans ses cheveux d'un brun mordoré. Des cernes soulignaient ses yeux gris, montrant son manque de sommeil qui n'était en rien dû à notre fête.

-Un peu. Ce n'est pas une façon idéale de commencer un Tournoi ... Toute cette polémique autour de Harry, par Merlin ... Ça nous a tous mis à cran.

-Tu penses qu'il a vraiment mis son nom dans la Coupe ?

La question me tenait à cœur, et je n'avais trop su quoi penser des réactions de Cédric à cet égard. Encore une fois, rien ne fut clair : il pinça les lèvres d'un air indécis.

-Je ne vois rien d'autre. Je veux dire, comment son nom ce serait retrouvé dans la Coupe si ce n'est pas lui qui l'y a mis. Je veux bien croire que ce gars n'a pas de chance mais ... A ce point ?

J'aurais voulu objecter, et faire part de mes impressions, mais je ravalai mes protestations. Cédric n'avait pas besoin que je lui parle de ça. A présent, il était l'un des champions de Poudlard. A présent, je devais le soutenir, non lui prendre la tête. Alors je me tus, et enroulai mon bras autour du sien.

-Allez viens, champion. On va faire un devoir de Sortilège tout les deux, ça te videra l'esprit.

***

Il apparut vite que tout Poudlard pensait comme nous : Harry avait triché et Cédric était le vrai champion de Poudlard. Le pauvre Gryffondor n'apparaissaient que très peu en public, et pour cause. En plus du sentiment général, Emily avait confectionné des badges qui clamaient « vive Cédric Diggory, le VRAI champion de Poudlard ». Elle pensait ainsi soutenir notre ami, et tout Poufsouffle s'était muni de ces badges. Pas moi. Je trouvais ça parfaitement stupide. Emily n'avait pas insisté d'avantage.

Cédric avait n'avait pas l'air ravi par la situation. Je voyais bien que cette histoire de badge le gênait. D'un côté il était d'un naturel pacificateur qui l'empêchait de dénigrer Harry, et de l'autre, il était tellement absorbé par la préparation de la première tâche qu'il ne s'inquiétait pas de ce que pouvait penser Emily. Un jour, en cours de métamorphose, un garçon de troisième année vint le chercher pour l'emmener avec les autres champions. Nous l'avions attendu dans la Salle Commune et il revint l'œil sombre. Visiblement, quoiqu'il soit arrivé, ce n'était pas de son goût.

-Ils ont juste vérifié si nos baguettes étaient en bon état de fonctionnement, nous expliqua-t-il à peine assis. Pour qu'il n'y ait pas de problème pendant les tâches.

-Et la tienne va bien ? s'enquit Emily.

-Parfaitement bien – j'y veille. Ah et sachez-le messieurs, Fleur Delacour est en partie Vélane.

-Sérieusement ? s'écria la moitié de ceux qui étaient présent.

Erwin Summers écarquillait les yeux. Il était l'un des plus sensible au charme de la belle championne de Beauxbâtons. Simon grogna sur son devoir de Potion.

-Rien de surprenant. Son pouvoir se sent à des miles à la ronde ...

-Et c'est pour ça que tu n'arrives pas à la lâcher des yeux quand elle est dans les barrages, se moqua Emily, provoquant un nouveau grognement de la part de Simon.

-Je suis presque persuadé que c'était parce que j'étais avec Cédric, et qu'elle a utilise ses pouvoirs quand elle est à proximité de lui.

-Tu dis n'importe quoi, répliqua celui-ci en se penchant sur son propre devoir.

Mais je ne pus m'empêcher de remarquer que ses joues se coloraient. Cédric était un grand timide avec la gente féminine, d'une timidité presque maladive. Dès qu'une fille lui manifestait de l'intérêt, il redevenait un petit garçon.

-Mais comment tu le sais ? s'enquit Erwin, qui ne s'était toujours pas remis de la nouvelle sur Fleur Delacour. Qu'elle est Vélane ?

-Oh ... Elle a dit que le cheveu qu'elle avait dans sa baguette était celui de sa grand-mère.

-Beurk, commenta Emily en fronçant du nez. C'est perturbant. Je préfère mon ventricule de dragon.

-Tu veux rire ? répliqua Erwin avec un grimace. Rien que le mot « ventricule » est perturbant.

Je sortis ma propre baguette et la contemplai. Elle était en bois de saule, ce qui lui donnait un aspect clair et doux que j'appréciai. Elle faisait vingt-quatre centimètres trois-quarts, et avait à l'intérieur un crin de licorne, d'une femelle particulièrement farouche m'avait précisé Ollivander le jour où il m'avait vendu ma baguette. C'était impressionnant à quel point ce simple objet avait pris de l'importance dans ma vie. Dans les premiers jours, ma pire angoisse avait été de la perdre. C'était trivial, mais j'avais toujours été très étourdie. Puis je m'étais rendue compte qu'un sorcier ne pouvait jamais perdre sa baguette. C'était comme si nous savions que notre vie était instinctivement liée à elle. Je la fis tourner doucement entre les doigts et des étincelles jaillirent à son extrémité, me faisant sourire. Rien que pour ces petits moments simples, j'adorais le fait d'être une sorcière.

-Et c'était tout ? demanda Simon en relevant la tête. Juste un examen des baguettes ?

-Non, répondit Cédric avec lenteur. Il y avait une journaliste de La Gazette pour un article qui paraîtra sur le Tournoi, du coup on a pris quelques photos ...

-Quelle journaliste ?

Cédric fronça les sourcils et se frotta le front.

-Une femme ... Très kitch, blonde, ongles rouges ... Des lunettes pleines de pierre ...

-Rita Skeeter, reconnut Simon d'un air sombre. Je vois très bien le genre. Une plume à scandale ... Je suppose qu'elle a dû particulièrement s'intéresser à Harry, non ?

-Oui, admit Cédric d'un ton détaché. Oui, elle a même passé pas mal de temps dans le placard à balai avec lui, jusqu'à que Dumbledore arrive ...

-Dans le placard à balai ? gloussa Emily.

L'idée de ce pauvre Harry coincé dans un placard à balai avec une journaliste kitch et amoureuse du scandale, m'arracha un sourire. Simon leva les yeux au ciel.

-Par Merlin, Rita Skeeter ... Honnêtement, Cédric, n'attends rien de l'article. Cette femme est une plaie pour le journalisme. Tu verrais l'article qu'elle a écrit sur ma tante Amelia ... J'ai cru que mon père allait lui faire manger sa plume à papote.

-Bon sang, pourquoi s'est-il retenu ? s'esclaffa Cédric, la mine soudain plus réjouie.

-Oh, le spectacle aurait été divertissant mais il s'est contenté de lui dire ces quatre vérités. Deux jours plus tard, elle a écrit un article incendiaire sur mon père. Un bon à rien qui s'était appuyé sur la renommée de sa famille pour s'élever. Là j'ai cru que c'était ma mère qui allait lui faire avaler sa plume à papote.

-Elle en aurait été capable, fis-je remarquer en me souvenant du caractère de lionne de Mrs. Bones.

Un sourire effleura les lèvres de Simon, mais il ne releva pas. Je n'étais pas particulièrement enthousiasme à l'idée qu'une journaliste capable de dire de pareilles méchancetés d'un homme aussi bon que Mr. Bones soit responsable de l'article sur le Tournoi.

-Une Vélane. Par Merlin, pas étonnant qu'elle soit si belle.

-Bon sang, Erwin, ne me dis pas que tu es resté bloqué sur ça ! m'ahuris-je alors qu'Emily éclatait de rire.

-Quoi ? Ce n'est pas tous les jours qu'on voit des filles si belles ! Bon sang, personne à Poudlard n'est comme ça !

-On te remercie, répliqua âprement Emily en perdant son sourire. Nous ne sommes pas assez jolies pour toi ?

Elle rejeta ses beaux cheveux blonds avec un sourire enjôleur. Mais Erwin leva les yeux au ciel devant le petit jeu d'Emily.

-Ne t'en fais pas, ma grande, tu restes magnifique. Autant que peut l'être Octavia – Simon, il faut toujours que tu me racontes comment tu as fait ton coup. Mais je ne sais pas, elle ... c'est une autre échelle.

Emily fronça du nez quand il évoqua Octavia. Je leur jetai un regard désabusé devant l'air extatique d'Erwin. C'était impressionnant ce qu'une jolie fille pouvait provoquer ... Cédric se replongea dans son devoir avec l'aide de Simon, lui aussi vaguement amusé. Néanmoins, l'ombre ne disparut pas de son visage. Peut-être en avait-il assez que toute l'attention soit portée sur Harry. Si tout Poudlard semblait le soutenir, et considérait Harry comme un tricheur, l'attention était tout de même concentré sur ce dernier. Celle des professeurs qui s'inquiétaient, celle de Poudlard qui lui en voulait, celle des journalistes qui s'exaltaient ... Cédric n'était pas avare d'attention, bien au contraire. Mais lorsque l'on cherchait à prouver sa valeur, cela pouvait être mauvais d'être relégué à un plan secondaire.

-Ne t'échines pas sur ton devoir de Potion, lui dis-je avec douceur. Tu es exempté d'examen, de toute manière. Va plutôt de vider la tête ...

-C'est gentil, Victoria, me répondit Cédric avec un sourire, sans toutefois me regarder. Mais si je ne fais pas ce devoir, je vais réfléchir à la première tâche alors ... Pour l'instant, je préfère faire ça.

-Mais elle a raison, ne te prends pas la tête, m'appuya Emily. Surtout pour Rogue, tu pourras faire le plus beau devoir du monde, tu n'aurais jamais plus qu'un D ...

-Les filles, finit par s'impatienter Cédric. Vous êtes adorables. Mais ça ira, merci, je vais très bien. Maintenant, j'ai un devoir de Potion à finir. Em', tu veux bien nous aider ?

-Viens, m'entraina Erwin alors qu'Emily s'empressait d'accepter. Nous, nous sommes des gens sains qui ont refusé de supporter Rogue deux années de plus.

Je me laissai emporter avec déception, emportant avec moi mon devoir de métamorphose qui me donnait toute les misères du monde. J'étais quelque peu vexée d'être ainsi congédiée par Cédric et Emily m'adressa un regard désolé par dessus son épaule. Nous rejoignîmes Mathilda et Renata Morton sur une table près du feu. Si Renata ne m'adressa pas le moindre regard, comme à son habitude, Mathilda me servit un sourire éclatant.

-Les autres font de la Potion, ils me dépriment, râla Erwin en s'installant à côté de Mathilda. Et Emily s'est moquée de moi.

-Pauvre chou, fit mine de compatir ma camarade de dortoir. Méchante Emily.

-Tu savais que Fleur Delacour était en partie Vélane ?

Je poussai un profond soupir en m'étalant sur mon parchemin, provoquant le rire de Mathilda et le regard noir de Renata. Elle était en train de lire nonchalamment un grimoire dans un fauteuil, ses pieds nus se balançant de l'autre côté de l'accoudoir. D'épaisses lunettes étaient montées sur son nez un peu trop retroussé, l'unique façon de la différencier de Mathilda qui n'en possédait pas.

-Tu en penses quoi, de tout ça ? m'enquis-je à l'adresse de Renata.

Je ne savais pas vraiment pourquoi je faisais cela. Renata n'avait pas pour habitude de me parler, malgré cinq ans passés dans le même dortoir. Mais quand elle le faisait, elle était juste et très analytique. Sèche, mais intéressante. Elle m'observa par dessus ses lunettes de ses yeux bruns et glacés.

-Du fait que Fleur Delacour est une Vélane ? Ce n'est pas une surprise.

-Sur le Tournoi.

Renata haussa les épaules et se replongea dans son grimoire.

-Pas grand-chose. Ça va agiter Poudlard pendant quelques temps et je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose. Diggory a intérêt à avoir les nerfs solides.

Oui, j'étais à peu près d'accord avec ce qu'elle venait de dire, bien qu'Erwin la contempla en secouant la tête d'un air consterné.

-Mais c'est une chance incroyable ce Tournoi ! Tu te rends compte que Poudlard est au centre de l'attention, tout ce qu'il va avoir cette année, c'est ...

-Des épreuves dangereuses, une foule d'élève surexcité de les voir dans l'arène ..., énuméra Renata avec un soupir de dépit.

-Mais rencontrer des élèves étrangers, je trouve ça très intéressant, la coupa Mathilda. J'ai parlé à une élève de Durmstrang hier, une Norvégienne je crois bien. Elle m'a raconté des trucs fascinant sur son école ...

Renata contempla sa sœur, et je vis à ma grande stupeur un sourire relever la commissure de ses lèvres.

-Rien ne pourrait modérer ton enthousiasme.

Mathilda eut un sourire. La relation entre les deux sœurs était aussi complexe que touchante. Erwin déroula son parchemin et ouvrit son livre de métamorphose avec des gestes lents qui montraient qu'il n'avait aucune envie de s'y mettre. Et par ailleurs, moi non plus je n'avais pas envie de m'y mettre. Je jetais un dernier regard à mon groupe d'ami qui se concentrait sans moi sur la Potion, et pris congé des autres Poufsouffle pour aller faire un tour solitaire dans Poudlard. L'école était en pleine effervescence je vis une partie des Gryffondors autour d'Angelina Johnson. Elle me fit un signe de main auquel je répondis par un sourire avant de m'engouffrer dans le parc. Je m'étais assise sur un banc avec une vue sur le lac où le vent gonflait les voiles du bateau de Durmstrang. Un magnifique vaisseau qui avait fendu l'eau, comme ... par magie. Certains des élèves y retournaient seuls, leur capes de fourrures sous le bras. J'avais vu dans l'un de mes livres d'Histoire que l'école était située dans le grand Nord : même la glaciale Ecosse devait leur paraître chaude. J'avais un sentiment mitigé sur cette école. Si j'étais née en Pologne, comme mes grands-parents, je n'aurais pas pu suivre les cours de Durmstrang : les nés-moldus y étaient proscrits, et l'école était baignée dans une réputation épaisse de magie noire. Et avoir un ancien Mangemort à sa tête ne devait rien arranger. Pour autant, c'était l'école des pays de l'est, et j'y reconnaissais des accents et des traits de visages qui me rappelaient ma famille maternelle. J'avouais ne pas y être insensible.

-Hey l'anglaise ! Tu es toute seule ?

Je me retournai vivement sur mon banc et vit deux filles à l'uniforme couleur sang se dirigeait vers moi. Elles n'étaient pas obligées de s'embarrasser de jupes : leurs tuniques rouges tombaient sur un pantalon resserré d'un brun chaud qui devait être bien plus confortable que mon uniforme. Celle qui s'approchait en premier et venait de m'interpeller était blonde, et si blanche que sa peau semblait translucide. Sa fine bouche écarlate n'en ressortait que plus. Elle tendit une main amicale :

-Je m'appelle Sisko, se présenta-t-elle avec un grand sourire.

Son accent avait quelque chose de sec et froid que son apparence n'arrangeait pas : ses yeux était d'un bleu glacial qui me clouait sur place. Je pris sa main en m'efforçant de lui rendre son sourire.

-Victoria, Maison Poufsouffle. Enchantée.

-Ah ! Enfin un prénom que je peux prononcer ! s'enthousiasma l'autre fille.

Elle avait un accent plus roulant et des traits plus ronds que sa camarade qui la situait dans la partie slave de l'Europe. Ses longs cheveux bruns étaient retenus en une stricte queue-de-cheval qui dégageait son visage aux joues rebondissantes et au nez retroussé. Tout dans son maintien trahissait la guerrière-sorcière qu'elle était.

-Tu es la première anglaise à qui on parle, m'apprit alors Sisko, ses yeux bleus étincelants. Alors, qu'est-ce que tu fais seule sur ton banc ?

Je les fixai, incertaine. Elles avaient l'air amical, mais je ne pouvais m'empêcher de songer que les élèves des autres écoles ne devaient pas être ravis de la tournure qu'avait prise la cérémonie de nomination des champions. Ils devaient être aussi furieux que leur directeur de voir que deux noms de Poudlard étaient sortis de la Coupe.

-Mes amis révisent la Potion, et c'est une matière que j'ai arrêtée, répondis-je en toute sincérité. Vous parlez l'anglais ?

Ce fait m'intriguait au plus haut point. Seul leur accent indiquait qu'elles étaient étrangères : leur anglais était parfait. Elles éclatèrent de rire, me prenant au dépourvu.

-Le directeur Karkaroff a jeté sur nous un sort qui nous permet de vous comprendre et vous de nous comprendre, afin de faciliter les échanges, me répondit alors la fille slave. Parce que sinon, non, je ne parle pas un traitre mot d'anglais !

-La seule chose que je sais dire, c'est « mud-blood », ajouta Sisko avec un sourire carnassier. Quoi ? (La slave lui jetait un drôle de regard). Il paraît que Dumbledore invite ce genre de vermine à suivre les cours ici, il fallait que je sois sûre de pouvoir les remettre à leur place ...

Mes doigts se crispèrent machinalement sur la baguette cachée dans ma poche. Evidemment. Si cette école n'accueillait pas de gens comme moi, c'était que la société les haïssait. Les méprisait. Me méprisait. La colère monta en moi de façon brusque.

-Je suis une née-moldue, répliquai-je d'un ton glacial. Et je viens de te serrer la main, alors tu peux vite retourner dans ton vaisseau te la laver. Je risquerais de te contaminer.

Sisko se figea et son regard se refroidit nettement si toutefois c'était possible. Elle me dévisagea de la tête aux pieds et j'eus alors l'impression de n'être qu'un véritable verre-de-terre qui venait de souiller sa précieuse main. Elle se la frotta d'un geste discret et jura dans une langue froide et sèche que je ne comprenais pas.

-Je vois ..., murmura-t-elle, ses yeux toujours posés sur moi avec répugnance. Et bien, éloigne-toi de notre vaisseau, Sang-de-Bourbe, personne ne veut de ta sale engeance ici.

-Sisko !

La fille slave ajouta quelques mots dans une langue qui me chanta aux oreilles, et des éclairs étincelèrent dans les yeux de la blonde. Après un dernier regard venimeux à mon égard, elle fit volte-face et s'éloigna à grand-pas, ses cheveux blonds volants au vent. Mes doigts de desserrèrent progressivement de ma baguette alors qu'elle se rapprochait du bateau. Je jetai un bref coup d'œil à la slave, qui n'avait pas bougé d'un pouce et se trémoussait, mal à l'aise. Je dressai à son égard un sourcil surpris.

-Quoi ? Tu t'attardes ? Tu n'as pas peur d'être souillée ?

-Quoi ? Non ! (Elle secoua sa tête, faisant valser sa parfaite queue-de-cheval). Tout le monde ne pense pas comme ça, à Durmstrang et c'est immonde ce qu'elle t'a dit. Je lui ai d'ailleurs dit qu'elle n'avait pas à le dire, que le but du Tournoi était la coopération magique internationale, et non de se faire des ennemis à Poudlard. Et que si elle recommençait, je me ferais un plaisir de la dénoncer à Karkaroff.

Un doux sourire s'étira alors sur ses lèvres et je me permis de me détendre. Je doutais fort que Karkaroff désapprouve Sisko, mais peut-être ne préférait-il pas que ses élèves attaquent ceux de Dumbledore – encore moins sur les bases d'actes qui l'avaient lui-même amené à Azkaban.

-D'accord. Dans ce cas là ... merci d'avoir pris ma défense – même si ce n'était pas facile de comprendre, dans ta langue ... Mais attends ... C'était du polonais ?

Cela venait de me frapper, et cela expliquerait pourquoi l'accent m'avait paru si familier. La fille me gratifia d'un regard étonné.

-Tu as reconnu ? Vraiment ?

-Mes grands-parents sont polonais, je reconnaîtrais leur langue maternelle n'importe où, répondis-je, me détendant définitivement face à un terrain si connu. Dzień dorby*. Comment étaient les periogi au banquet d'accueil ?

-Incroyable, s'émerveilla la jeune fille en écarquillant les yeux. Incroyable, tu es à Poudlard, moi à Durmstrang et on arrive quand même à se trouve une culture commune ...

Elle me considéra avec tant d'attention que j'en rougis, et eut un nouveau sourire.

-C'est une chance que tes grands-parents aient émigré, en tout cas. Sans ça, tu n'aurais jamais pu connaître le monde de la magie, Durmstrang ...

Son sourire se fana, et son regard vagabonda jusqu'au vaisseau que venait de rejoindre Sisko.

-Je sais, dis-je alors avec douceur. Je n'aurais pas été la bienvenue, dans ton école. Mais je suis à Poudlard alors ... l'histoire se termine bien, au final.

-Pour toi, oui, ricana-t-elle avec plus d'amertume. Imagine les centaines de sorciers qui n'ont pas pu se développer parce qu'ils étaient nés de personnes non-magiques ... Un absurdité. Au fait, je ne me suis pas présentée. (Elle me tendit une main gantée d'un geste élégant). Kamila Tokarsky.

-Un nom bien polonais, plaisantai-je en serrant sa main. Victoria Bennett.

-Et en polonais, ça donne quoi ?

Je fronçai les sourcils, accentuant son sourire.

-Tes grands-parents, comment ils s'appellent ? Désolée, je suis peut-être trop curieuse mais ... On est assez peu de polonais en définitive, à Durmstrang, ça fait tellement plaisir de parler de choses connues !

-Je comprends parfaitement, la rassurai-je, car j'éprouvai souvent le même sentiment. Jaga et Miro Liszka. Ils venaient de Cracovie, je crois bien, ma grand-mère a été ... ça va ?

Le visage de mon interlocutrice venait de se figer, et j'étais persuadée d'avoir vu une lueur brûlante briller dans son regard. Pourtant, quand elle me répondit, son sourire était aimable.

-Oui, ça va ! Cracovie ? Le sud, quelle chance ! Moi je viens de Gdansk, alors j'ai certes le littoral, mais bon sang, ce que les hivers sont longs !

Nous continuâmes à parler de la Pologne un long moment, sur le banc, jusqu'à ce que le soleil ne se couche derrière les montagnes des Highlands, et que la nuit ne tombe sur le château. A ce moment là, je retournai à la Salle Commune des Poufsouffle, avec la sensation ravie que cette conversation avec Kamila venait de sauver ma journée. 

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