I - Chapitre 4 : Pour la gloire de Poufsouffle
Bonjour à tous !
Chapitre 3 d'O&P ! Au programme, l'arrivée des délégations ! J'espère que ça vous plaira, bonne lecture !
****
Le grand homme en souffrant s'élève au rang des justes.
La gloire en ses trésors augustes
N'a rien qui soit plus beau qu'un laurier foudroyé.
- Victor Hugo, Œuvres complètes.
***
Chapitre 4 : Pour la gloire de Poufsouffle.
Si la rage de Rusard avait été féroce (« Du sang sur le sol ! A quelques jours d'accueillir les délégations ! Ah Bennett, si je pouvais encore vous pendre par les pieds au cachot ... »), celle de Chourave et McGonagall furent mémorables. Pour la première, le fait que son élève se fasse agresser était un affront pour sa Maison et elle avait, d'après le portrait près du cachot, vociféré pendant des heures contre Rogue pour que cette attaque soit punie avec sévérité. Quant à McGonagall, elle avait insisté sur l'effet que pourrait avoir de tels actes sur la réputation de l'école, en pleine passe d'accueillir pour la première fois depuis des siècles le Tournoi des Sorciers. Mes agresseurs avaient écopés d'un retrait de cinquante points chacun et d'un mois de retenue. Et bien évidemment, ma baguette avait été retrouvée et rendue, pour mon plus grand soulagement et à la frustration de Selwyn. Emily était venue me voir le soir même à l'infirmerie pendant que Madame Pomfresh soignait mon nez, et m'avait sérieusement demandé s'il fallait qu'elle me suive à la trace comme à l'époque de la Chambre des Secrets et j'avais faillis étrangler Simon le lendemain en Défense contre les Forces du mal quand il m'avait demandé avec un grand soupir désabusé « quand est-ce que j'apprendrais à tenir ma baguette du bon bout ». Ma forte réaction m'avait valu une séance supplémentaire d'Imperium de la part de Maugrey – Merci Simon ! Mais dans l'ensemble, on parla assez peu de cette affaire à Poudlard : toute l'attention était prise par le Tournoi et l'arrivée prochaine des délégations. Cela avait prodigieusement agacé Cédric le matin du 30 octobre, alors que tous ne parlaient que cela.
-Tu ne t'es faite agressée qu'il y a quelques jours à peine et personne ne s'en soucie, avait-il ragé avec un regard pour mon nez qui portait encore les stigmates de ma mésaventure. Et McGonagall qui ne se soucie que de l'intégrité de l'école ...
Mais j'avais gratifié Cédric d'un sourire à la fois reconnaissant et rassurant. Cela m'allait de ne pas être sous les feux des projecteurs. Surtout de cette façon là. Que lui, Emily, Miles ou Susan s'inquiètent pour moi était déjà bien assez gênant à mon goût.
Mais le soir même, même Cédric oublia que j'avais été agressée il y avait de cela quelques jours. Les délégations de Beauxbâtons et Durmstrang arrivèrent de façon spectaculaire dans la fraîche nuit écossaise, à bord respectivement d'un immense carrosse tiré d'immense chevaux et d'un bateau majestueux qui avait fendu le lac. La directrice de Beauxbâtons et sa gigantesque carrure délia les langues et Emily m'avait vivement attrapé le bras, extatique, me répétant que l'on avait enfin trouvé l'âme sœur de Hagrid. Simon avait ri si fort devant l'enthousiasme d'Emily qu'il avait dû s'éloigner quand la délégation de Durmstrang s'était avancée. Nous l'avions rejoins un instant plus tard, bouche bée et abasourdis.
-Qu'est-ce qu'il vous arrive ? nous demanda Simon qui nous attendait dans le Hall, à peine remis de sa folle hilarité.
-Viktor Krum, lâchai-je du bout des lèvres, toujours sur le choc. Voilà ce qui nous prend.
-Vicky, arrête de ne penser qu'au Quidditch.
-Elle ne plaisante pas, insista Emily, elle aussi toujours incrédule. Viktor Krum, le Viktor Krum, genre le grand attrapeur Bulgare, lui-même en personne qui a attrapé le Vif d'Or à la dernière Coupe du Monde ... est élève à Durmstrang.
-Vous plaisantez ?
Avant que nous ne puissions répondre, le flot d'élève revenant de l'extérieur nous envoya dans la Grande Salle sans aucune forme de procès. Nous nous retrouvâmes assis à notre table sans même l'avoir décidé, contemplant bouche-bée les élèves de Durmstrang en robe sang enlever leurs épaisses capes de fourrure et observer avec ravissement le plafond magique et les torches chaleureuses. Un groupe de fille passa côté de nous et je reconnus leur accent roulant et slave à souhait.
-Ils parlent polonais, soufflai-je à Cédric à côté de moi.
-Comment tu le sais ?
Il se tordait le cou alors que les élèves étrangers défilaient entre nos tables, et je compris à ses yeux brillants qu'il cherchait Krum du regard. Simon laissa échapper un petit rire :
-Tu crois que son nez est anglais ? Et ces belles joues ... ça se voit que c'est du polak, non ?
Il fit mine de vouloir me prendre la joue entre le pouce et l'index, mais je m'esquivai avec un claquement de langue agacé.
-Bats les pattes, Bones !
-Mais tu t'appelle Bennett, s'étonna Susan, qui mangeait à côté de moi.
-Quoi, t'as jamais vu les Liszka venir manger à Terre-en-Landes ? pouffa Simon en me jetant un coup d'œil. C'est beau à voir, pourtant.
-Oh, la ferme ! répliquai-je fermement, avant de me tourner vers Susan. C'est les parents de ma mère qui sont polonais.
Et j'adorais cette partie là de ma famille. Mes grands-parents, Miro et Jaga Liszka, avaient émigré de la Pologne communiste alors que ma grand-mère était enceinte de ses jumelles, ma mère Marian et ma tante Beata, qui étaient donc nées anglaises. C'était une famille très unie, qui se réunissait au moins une fois par mois pour déjeuner. Même dans les pires instants de tension familiale, ça avait été des moments extraordinaires et gais qui avaient permis de faire retomber les pressions. La vie de famille était sacrée pour ma grand-mère et je savais pourquoi : toute sa famille avait été victime de la Shoah pendant la seconde guerre mondiale, et elle-même ne devait la vie qu'à l'abnégation de mon grand-père. Alors elle veillait farouchement sur celle qui lui restait.
-Des origines polonaises, comprit Emily, songeuse. Victoria, tu ne veux pas aller parler polonais à Krum pour ... tisser le lien ?
-Non seulement il est bulgare, mais en plus je ne parle pas polonais. Va demander ça à mes grands-parents
-Baisse la tête, le voilà !
Emily appuya sur mon crâne et je dus me tordre le cou pour apercevoir le célèbre attrapeur remonter l'allée de sa démarche gauche et s'installer avec tout les membres de son école à la table des Serpentard, provoquant de nombreux déçus dans la salle. Je ne pouvais pas m'empêcher de le trouver disgracieux, ce qui devait sérieusement contraster avec son vol s'il était aussi prodigieux qu'on le disait. Simon s'esclaffa.
-C'est lui, Viktor Krum ? Par Merlin, ça lui arrive de défroncer les sourcils ?
-Simon, tu as devant toi un immense génie du Quidditch, répliqua Cédric avec un sourire. Alors pour une fois, tu respectes et tu la fermes.
-Amen mon frère ! approuvai-je en toquant mon verre de jus de citrouille contre le sien.
-C'est bon, les joueurs, je vous laisse Krum, déclara brusquement Emily. Je vais faire dans le français, moi ...
Les élèves de Beauxbâtons venaient de s'asseoir à la table des Serdaigle. Ils semblaient moins enchantés que les élèves de Durmstrang et nombre d'entre eux portaient encore des écharpes. Quand Dumbledore leur souhaita la bienvenue, celle qui était la plus couverte rit ouvertement, et je lui jetais un regard torve. Les français commençaient à prodigieusement m'agacer avec leurs écharpes collées à leur nez, et leur air craintif. Mais peut-être était-ce également dû à la haine envers les « mangeurs de grenouilles » qui coulaient dans les veines de chaque anglais. Je fus surprise des plats qui se disposèrent sur la table : des plats inconnus, certains aux odeurs alléchantes, d'autres qui firent froncer mon nez slave. Je reconnus simplement avec la joie d'une enfant les pierogis, sorte de raviole polonaise que ma grand-mère nous faisait quand on allait chez elle. Je m'en servis une belle part, sous l'œil effaré d'Emily.
-Smacznego*, lançai-je avec un sourire ravi.
-A tes souhaits.
-Je pensais que tu ne savais pas parler polonais, s'étonna Susan, qui contemplait avec méfiance une soupe qui semblait être à base de poisson.
-Juste les mots de bases, mes grands-parents n'ont jamais voulu m'apprendre. C'est quoi ?
-Aucune idée, mais je n'en veux pas, répondit-t-elle en repoussant la soupière.
-Vous ne vous en servez plus ?
Deux garçons de Gryffondor de cinquième année venaient de se retourner vivement vers nous, posant des yeux emplis d'avidité sur la soupe de poisson. Surprises d'une si vive réaction, Susan et moi échangeâmes un regard avant de hocher la tête.
-De bonne grâce, ajoutai-je en leur tendant la soupière.
-Merci mille fois, fit le premier garçon avec un sourire extatique.
-Vous nous sauvez la soirée, enchérit le second avant de se tourner vers son ami. Viens, on va la voir, peut-être qu'elle voudra à nouveau de Bouilla ... Bref, ce truc.
Et ils disparurent sec, la soupière entre les mains, sous nos regards perplexes. Emily laissa échapper un rire de dépit.
-Elle ? Sans doute déjà sous le charme d'une belle française ...
-Tu voulais chasser du français il y a à peine vingt minutes, lui rappela Cédric avant de piocher l'un de mes pierogis. Alors, goûtons cette chose ...
Cédric avait dû être l'un des plus ouverts de la table, car il se fit un devoir de goûter à tout. Mais une partie de moi songeait que c'était son appréhension qu'il trompait en mangeant et en riant avec Simon. La moitié de la table le couvait d'un regard admiratif. Tous attendaient la fin du dîner et l'ouverture officielle du Tournoi pour que Cédric se déclare. Alors que chacun finissait son assiette, Rusard apporta à table une épaisse boite, et Mr. Croupton et Mr. Verpey, respectivement chefs de la Coopération magique internationale et des Jeux et Sports, s'étaient invités à la table des professeurs. C'était eux qui avaient notamment travaillé d'arrache-pied à la renaissance du Tournoi.
-L'ancien patron de mes parents, commenta Simon en fronça son nez pointu. Ma mère le détestait, quand il était à la tête de la Justice Magique ...
-Il doit avoir un balai où je pense, ajouta Emily avec un sourire malicieux.
-Par Merlin, vous deux vous avez du mal avec la notion de respect.
Simon et Emily eurent un identique sourire coupable. Enfin, au bout du suspens, Dumbledore révéla l'antique coupe de bois, le fameux « juge impartial » dans laquelle il faudra glisser le nom des candidats. Un murmure enthousiasme parcourut les rangs de Poudlard lorsqu'une flamme bleue vint la coiffer, brillant d'une lueur étrangement froide et intimidante. Les mots du directeur sur le contrat magique lui lierait le champion à la coupe, l'obligeant ainsi à concourir, me firent frémir d'appréhension. Tous à notre table regardaient Cédric.
-Jusque demain, s'exalta Justin Flinch-Fletchley en approchant de mon ami. Ça ira, Cédric ? Tu vas le faire ?
-On compte sur toi, Cédric !
Même Cho Chang, l'attrapeuse de Serdaigle, lui adressa un signe de la main encourageant et je me rembrunis. Si même les autres Maisons s'y mettaient ... Nous nous levâmes de table en un raclement de chaise synchroniques, et nous nous dirigeâmes vers la sortie.
-Une simple limite d'âge, songea Simon avec un sourire. Combien on parie que les Weasley vont essayer ?
-Peu importe les obstacles que Dumbledore aurait mis sur leurs chemin, ils auraient essayé, dit Emily d'un air docte. Qu'est-ce qu'il se passe, là ?
Un bouchon s'était formé à l'entrée de la grande Salle, et moi et ma petite taille avions beau tenté de nous grandir, je n'y vis que vaguement les capes rouges des élèves de Durmstrang. Puis une voix à l'accent russe prononcé s'écria :
-Vous !
-Moi, répondit alors une voix que je reconnus comme étant celle de Maugrey. Et à moins que vous ayez quelque chose de précis à dire à Potter, Karkaroff, il vaudrait mieux dégager le passage. Vous bloquez la sortie.
-Potter, répéta Emily d'un ton songeur alors que la sortie se fluidifiait enfin. Par Merlin, je n'y avais pas songé à lui ... Qu'est-ce qui va lui arriver cette année, vous pensez ?
Je ne répondis pas, me contentant d'observer le quatrième année quitter la salle précipitamment à la suite du directeur de Durmstrang et de ses élèves, flanqué de son amie aux cheveux bouclés et du petit frère des Weasley.
Harry Potter. Le Survivant.
J'en avais tellement entendu sur lui avait qu'il n'arrive à Poudlard ... Pour ne découvrir qu'au final qu'un gamin chétif dont la seule chose que je trouvais remarquable était son don au Quidditch et son extraordinaire capacité à s'attirer des ennuis. Depuis qu'il avait foulé les sols de Poudlard, des malheurs s'abattaient sur lui : des épreuves dans l'aile du troisième étage interdit, la descente dans la Chambre des Secrets, une histoire avec Sirius Black l'an dernier ... Emily avait raison : que pouvait-il bien lui arriver cette année ?
-Peu importe, finit par achever celle-ci avec un sourire. Ce sera balayé par le Tournoi ... Pour une fois que Potter n'aura pas la vedette ... Pas vrai Cédric ? Cédric ?
Je me tournai vers mon ami, mais lui fixait Simon. Celui-ci s'était retiré quelque peu du groupe en sortant de la Grande Salle, et je pus remarquer que son teint avait blêmi sous ses tâches de rousseurs. Emily lui mit sa main sur l'épaule.
-Hey, Simon ...
-Oui ?
Il sourit, comme pour faire mine de, mais Simon n'avait jamais su mentir. Et quand bien même il y arrivait, je le connaissais depuis assez longtemps pour reconnaître les signes. Emily ne parut pas dupe, car elle fronça les sourcils. Elle ouvrit la bouche pour poser une nouvelle question, mais Simon reprit d'un ton badin :
-On ferait bien d'y aller, sinon c'est nous qui allons former un bouchon.
Emily parut un instant perplexe, mais n'insista pas et nous suivîmes les garçons jusqu'à notre Salle Commune.
***
-Warrington ?!
-La vérité.
-Mais ce n'est pas possible ! Comment tu as pu le laisser faire ?
Miles me jeta un regard torve par dessus son livre de Sortilège. C'était le samedi matin le lendemain de l'arrivée des délégations de Beauxbâtons et Durmstrang, et nous nous étions installés à la bibliothèque pour finaliser un devoir sur les sortilèges de mutisme – que j'avais hâte de pouvoir tester sur Simon. L'après-midi était bien entamée, et j'avais profité d'une pause pour apprendre que cet imbécile de Cassius Warrington avait déposé son nom dans la Coupe de Feu. Mon nez fraichement réparé en frémit d'indignation.
-Je ne sais pas si tu as remarqué, mais Cassius ne fait pas parti de mes grands amis, répliqua calmement Miles en trempant sa plume dans son encrier.
-Mais est-ce que tu as au moins le moindre ami à Serpentard ?
-Peu, admit Miles avec un sourire penaud. Mais comme je suis un gardien talentueux ... On me laisse en paix.
-Et si modeste ...
-Oh ma belle, la modestie c'est surfait.
Mon pied fusa et atteint son tibia avec une précision chirurgicale. Miles grimaça en se frottant la jambe.
-Au fait ..., entonna-t-il doucement avec une certaine prudence. Ça va mieux, toi ? Par rapport à ... ce qui s'est passé ?
Ma plume se figea sur mon parchemin, et je levai des yeux gênés sur mon ami. Je savais que « ce qui s'est passé » faisait référence à l'attaque de Warrington, Selwyn et Flint à mon égard. Inconsciemment, je tâtai mon nez, mais il avait depuis un moment cicatrisé. Seul mon amour-propre restait blessé, mais en cela j'étais habituée.
-Ça va, assurai-je en m'efforçant de sourire. Ils ont été punis et j'ai retrouvé ma baguette, c'est le principal.
Miles me jeta un regard pénétrant où perçait l'inquiétude, mais avant qu'il ne puisse insister d'avantage, Angelina Johnson, l'une des poursuiveuse de Gryffondor de notre année, passa devant nous. Je lui adressai un bref salut et elle me le rendit avec un sourire.
-Alors ça y est ? m'enquis-je en remarquant que certains Gryffondor la regardait avec un grand sourire. Tu as mis ton nom dans la Coupe ?
-Oui, ce midi, me confirma-t-elle, l'air vaguement gêné. Je sais que chez toi, vous soutenez plutôt Diggory mais ...
-Je serais heureuse si c'était toi aussi, lui assurai-je en posant sa main sur son bras. Tu es une excellente sorcière, Angelina.
Et une poursuiveuse hors-paire, c'était un véritable plaisir et défi de jouer contre elle. Il émanait d'elle une assurance simple et sereine et son sourire franc plaisait à tout le monde – et particulièrement au commentateur des matchs, Lee Jordan.
-En fait je serais heureuse, du moment que ce n'est pas Warrington, ajoutai-je avec un sourire.
-Quoique si on y réfléchit ... Qui prendrait les paris d'un nouveau mort ?
Angelina et moi gratifiâmes Miles d'un coup œil irrité.
-Par Merlin, Bletchley ne parle pas de malheur ..., gronda-t-elle, ses yeux sombres posés sur lui avec désapprobation. Pas maintenant que je viens de mettre mon nom ... Bon, je vais retrouver Alicia. On se revoit au banquet ?
-Je les trouve tous bien naïfs, poursuivit néanmoins Miles une fois qu'elle fut partie. Franchement ... des gens sont morts dans ce Tournoi, pourquoi ils pensent que cette fois ce sera différent ?
-Parce que Dumbledore a promis qu'ils avaient tout fait pour évite que cela arrive, tentai-je de les défendre, bien que je partageais son point de vue. Qu'il ne leur arrivera rien ...
Le rire amer de Miles révélait tout son scepticisme.
-C'est clair qu'avec un ancien Mangemort dans le jury, il ne leur arrivera rien ...
-Quoi ?
Cette fois je levai complètement les yeux de mon parchemin, alerte. Miles me considéra en fronçant les sourcils.
-Le directeur de Durmstrang. Igor Karkaroff. C'est un ancien Mangemort, mais il s'est fait libéré après avoir dénoncé un bon nombre de gens à sa place ... Bones ne te l'a pas dit ? Avec son père au Magenmagot il doit savoir, lui ...
Non, Simon ne m'avait rien dit. Mais je me souvins de sa pâleur inhabituelle alors que nous sortions de la Grande Salle, la veille. Peut-être que cela avait un rapport ...
-Tu n'es pas plus inquiète que ça ? s'étonna Miles alors je reprenais mon devoir. Par Merlin, Victoria ! C'est n'importe quoi que Bones ne t'ait rien dit, tu dois faire attention, tu ...
-Je suis les cours de Rogue depuis cinq ans, et pourtant il ne m'a pas détruit plus qu'un autre élève, répliquai-je fermement. Et pourtant tout le monde dit qu'il adore la magie noire ...
-Rogue n'est pas Karkaroff. Karkaroff était un vrai Mangemort, il a simplement passé un marché avec le Ministère ... Il enseigne même la magie noire à ses élèves !
-Miles, ça suffit !
Je refusai de me laisser envahir à nouveau par la peur, et qu'il ne se mette à me couvrir comme avaient pu le faire Emily, Cédric et Simon pendant la Chambre des Secrets.
-Karkaroff est peut-être un ancien Mangemort, mais Dumbledore ne l'aurait pas laissé poser le moindre orteil à Poudlard s'il pensait qu'il était un danger pour ses élèves. Et du reste, je pense que Karkaroff aura des choses autrement plus importantes à faire que de chasser les né-moldus. Maintenant, arrête de vouloir m'effrayer, et rappelle-moi si le sortilège de mutisme marche avec les humains, il faut que j'aille l'essayer sur Simon Bones.
Miles esquissa un sourire crispé, mais je fus soulagée de le voir se replonger dans son devoir. Nous sortîmes quelques minutes plus tard. Il faisait froid et venteux derrière les vitres, et la lumière déclinait lentement par dessus les nuages. Un temps bien sinistre pour Halloween, qui constatait avec l'ambiance du château. Rusard et Hagrid avaient passé la mâtinée à installer les décorations. Je me rembrunis en songeant à ce qui se passerait ce soir.
Rien de bon n'arrivait jamais à Halloween.
-Tu vas retourner dans ton cachot ? me moquai-je pour tromper l'appréhension.
-Et toi les cuisines ... Franchement cette discrimination au sein même de Poudlard, moi aussi je veux être près des cuisines.
-Je te ramènerais des restes, la prochaine fois. Je sais comment y entrer.
-Sérieux ? Tu vas devenir mon héroïne, ma belle !
Je souris, embarrassée, et ne répondis rien. Miles semblait se délecter de la couleur rose que prenaient mes joues, si j'en jugeais par ses yeux étincelants.
-Ça me donne une idée ... Un dîner aux chandelles dans les cuisines ... ça peut être un super idée, qu'est-ce que tu en dis ?
Il avança doucement sa main pour me caresser la joue. Mais je sortis de ma torpeur et m'écartai souplement avec un sourire désolé.
-Bien tenté, Miles. Mais toujours pas.
Il ne réagit d'abord pas d'un prime abord, avant de sourire avec une certaine suffisance. Mais ses yeux gardèrent une certaine dureté.
-Par Merlin, Victoria, tu es tenace ...
-Je te l'ai déjà dis plusieurs fois, dis-je avec une certaine douceur. Je ne te vois pas ... comme ça.
-Et je t'ai répondu que je ne désespère pas que cela change.
Je me trémoussai, mal à l'aise, sous les yeux scrutateurs de Miles. Je ne savais pas quoi ajouter sans le blesser d'avantage. C'était un équilibre précaire, mon amitié avec lui : le repousser assez pour qu'il reste à distance, mais avec assez de douceur pour que cela ne le heurte pas et pouvoir ainsi rester son amie. C'était précaire, oui. Et je savais qu'un jour, mon bel équilibre vacillerait et que je serais forcée de basculer soit d'un côté, soit de l'autre. Je crus que j'allais juste finir par partir, prendre la fuite comme je l'avais fait devant Selwyn, mais une voix vint me tirer de ma situation délicate :
-Vic' ! Je te cherchais partout !
Cédric remontait le couloir, un sourire aux lèvres. Miles se tendit. Il savait qu'aucun de mes amis n'avait d'affection particulière pour lui, alors ce fut sans doute pour cela qu'il me gratifia d'un dernier sourire, moins froid, avant de s'engouffrer dans les corridors. Mon cœur dévala dans ma poitrine alors que je le regardais remontrer le couloir, puis disparaître à un angle. Un jour, il en aurait assez que je le blesse à chaque demande. Et il partirait, exactement comme cela.
-Victoria ? (Cédric me prit délicatement le bras). Ça va ? Il t'a ... ?
-Quoi ? Non !
Je secouai vivement la tête et cela eut au moins pour mérite de m'éclaircir les idées. Je réprimai l'agacement qui montait en moi. Cédric comme Simon se méfiaient de lui, simplement à cause des couleurs qu'ils abhorraient. Simplement par son écusson était frappé d'un serpent. C'était aussi stupide que les gens qui me méprisaient parce que mes parents étaient moldus.
-Seigneur, Cédric, arrête ! Miles ne me fait rien de mal !
-Alors pourquoi tu as la tête de quelqu'un a qui on a fait du mal ?
-Cédric !
-Très bien, céda-t-il au bout de quelques secondes. Je te laisse gérer. Après tout, tu es une grande fille ...
-Merci bien.
-Mais je m'inquiète, Vic', surtout après ce qui s'est passé la dernière fois. Et ne monte pas sur ton grand hippogriffe, ajouta-t-il précipitamment alors que j'ouvrais la bouche. Je ne m'inquiète pas parce que tu es née-moldue, ou parce que tu es un peu moins douée en magie que moi ... Simplement parce que tu es mon amie, d'accord ?
Ses yeux gris brillaient de sollicitude et je me sentis me radoucir. Je posais une main rassurante sur son épaule.
-Je sais. Mais je suis capable de me défendre seule. Et si tu veux regarder les gens qui me veulent du mal, regarde plutôt du côté de ton meilleur ami.
-Oh par Merlin ...
Je fus rassurée de voir un sourire effleurer les lèvres de Cédric. Maintenant que la tension était retombée entre nous, je remarquai des petits détails sur le visage de mon amis : ses cernes, ses traits tirés, la lueur songeuse dans son regard. Je consultai ma montre, et compris alors en un éclair. Mon sang se figea dans mes veines.
-Tu l'as fait.
Cédric me jeta un regard surpris, avant de hocher la tête. Nous nous assîmes sur l'un des bancs qui bordaient le couloir et il s'affala véritablement sur le mur avec un soupir.
-Oui, je l'ai fait il y a une heure, avec Emily. Enfin, non Emily n'a pas jeté son nom dans la coupe, elle ...
-J'avais compris.
Je le dévisageai un instant. Puis je finis par lâcher du bout des lèvres :
-Pourquoi ?
Cédric ne répondit pas sur l'instant. Il avait croisé ses doigts derrière sa nuque, le regard rivé sur l'eau qui dégoulinaient sur les fenêtres.
-Je sais que tu n'étais pas franchement d'accord, déclara-t-il finalement, toujours sans me regarder. Et si tu veux savoir, Simon pense un peu comme toi, il n'est pas serein, c'est pour ça que j'ai demandé à Emily de venir avec moi pour mettre mon nom. On a attendu que Hall se vide un peu, tout les élèves de Beauxbâtons étaient là pour s'inscrire ... Ah et les jumeaux Weasley ont essayé de passer la ligne d'âge, apparemment. Ils sont à l'infirmerie avec une longue barbe blanche.
-Pourquoi, Cédric ?
La bouche de mon ami se tordit.
-Je t'ai déjà parlé de ma famille, Vic' ?
-Ton père travaille au Ministère, me souvins-je, perplexe. Et ta mère ... Elle s'est occupée de toi, c'est ça ?
-En gros, oui. Mon père ... Il est vraiment parti de rien, il a dû batailler au Ministère pour avoir une place, se battre. Il abat un boulot phénoménal, et il est à peine remercié. Je suis son fils unique, j'ai d'excellents résultats et ... il espère que je ferais mieux que lui.
Je ne répondis rien. Quand Cédric avait été porté à être candidat, je n'avais alors pensé qu'il ne subissait que la pression de Poufsouffle. Visiblement, je m'étais trompée : la pression était aussi familiale. Je me pris le visage entre les mains, coudes sur les genoux.
-Il m'a toujours mis sur un piédestal, poursuivit Cédric avec un ricanement. Dès qu'il y a du monde ... Mon fils par-ci ... Cédric par là ... Et tu l'aurais vu, quand on a rencontré Harry à la Coupe du Monde ... La seule chose qui l'intéressait, c'était de lui rappeler que je l'avais battu au Quidditch.
-Cédric ... Tu ne peux te lancer dans un truc pareil, pas simplement parce que ton père le veut. C'est du suicide. Tu as entendu Dumbledore, ce qu'il a dit sur le « contrat magique » et les risques ...
Cédric poussa un profond soupir et secoua la tête en se redressant.
-Non, Vic', tu n'as pas compris. Mon père planifie presque mon avenir, quand on a reçu mes BUSEs il prévoyait déjà ma carrière au Ministère ... Et tous les Poufsouffle qui me regardent comme si j'étais leur chef ...
Le dépit qui brillait dans son regard me fit de la peine. Cédric prenait tellement tout avec le sourire ... Je n'avais pas songé que l'attention dont il faisait l'objet dans notre Maison pouvait le troubler. Il se mit une main sur une tempe, la mâchoire contractée.
-Vic', tout le monde compte sur moi. Mon père, la Maison ... Et moi, je suis là, à tenter de répondre aux attentes de tout le monde ... « Oui papa, je ferais une carrière au Ministère » ... « oui, Professeur Chourave, je mènerais l'équipe en finale » ... Et j'en sais rien ... Quand je regarde autour de moi, je vois des gens tellement plus ... admirable que moi ... Simon est meilleur que moi dans la plupart des cours, et pourtant personne ne vient le voir lui quand ils ont un problème dans une matière. Emily est une virtuose en Potion, une préfète exemplaire et tout le monde l'apprécie, pourtant c'est moi que Chourave vient voir quand il y a un problème. Et bon sang ... Harry Potter, tout ce qu'il a vécu, tout ce qu'il a enduré ... Et mon père qui pense que je suis plus fort que lui parce que je l'ai battu au Quidditch ...
-Tu oublies toutes les filles qui bavent sur toi alors que franchement, tu n'es pas si beau que ça.
Cédric me jeta un regard étonné, avant d'éclater de rire. Je souris en réponse, soulagée de l'entendre ainsi s'esclaffer. J'avais tendance à être une véritable éponge, à ressentir chaque émotion qui était exprimé dans mon entourage. Et la tristesse que je ressentais chez Cédric me pinçait beaucoup trop le cœur, il fallait que je fasse quelque chose. Et j'étais assez douée pour faire rire, parfois. Cédric me passa un bras autour des épaules.
-Et je t'ai pas oublié, Vic'. Quand certaines personnes vont mal ou qu'elles ont un problème avec quelqu'un, elles viennent me voir en espérant que je les aide alors que la vérité, c'est que c'est toi le petit soleil de Poufsouffle. Les gens sont idiots de ne pas s'en rendre compte.
Je rougis face au compliment, et lui rendis maladroitement son étreinte. Il m'attira contre sa poitrine et cala son menton par dessus ma tête. Nous étions amis depuis assez longtemps pour que je lui permette ce genre de geste. En un sens, il me rappelait parfois Alexandre et c'était pour cela qu'il avait fini par me devenir si précieux.
-Je sais que tu n'es pas rassurée, Vic'. Mais ... j'ai besoin de savoir ce que je vaux réellement. C'est toujours dans l'adversité qu'on arrive à se trouver, il paraît. Dans l'épreuve. Alors ... je pense que ce Tournoi peut m'y aider. Je ne le fais pas pour mes parents. Je te promets que je le fais pour moi.
Je méditais un instant sur ce que Cédric venait de me dire, sur son père, la pression, sa recherche de valeur. Au final, j'acquiesçai doucement.
-D'accord. Si tu le fais pour toi, que tu en as envie ... alors d'accord. Je te soutiendrais.
-Merci, Vic'. Et je le fais pour moi, mais je t'assure que ... dans le fond ça ne me déplaira pas d'être nommé champion et d'amener enfin un peu de paillette à Poufsouffle.
Je hochai la tête avec un sourire. Oui, et Poufsouffle lui en serait éternellement reconnaissait, s'il était choisi et si de surcroît il ramenait le Trophée pour Poudlard.
-Pour toi, conclus-je finalement en un soupir. Et pour la gloire de Poufsouffle.
***
-Mais j'ai dix-sept ans dans deux jours !
-La limite d'âge s'en fiche de ça, Erwin.
-Deux jours bon sang !
Emily contemplait un Erwin Summers sur le point d'imploser. Je retins avec difficulté un sourire moqueur. Erwin était un garçon de notre année, d'ordinaire calme et sympathique, mais là c'était comme si des années de frustration sortaient d'un coup. Ses joues habituellement si pâles qu'il en était surnommé « le vampire » étaient marbrées de rouge, et ses yeux bruns brillaient de dépit. Il venait de sortir de l'infirmerie après avoir tenté de passer la limite d'âge pour poser son nom dans la Coupe de Feu, considérant que deux jours n'y changeraient rien. Mais cela changeait tout pour la magie, qui l'avait envoyé au tapis avec une épaisse barbe blanche digne de Dumbledore. Emily et Mathilda, qui avait vécu la scène, tentaient en vain de se retenir de rire et l'avaient ramené fulminant à la Salle Commune.
-Je te jure, tu as intérêt à être choisi, persiffla Erwin à l'adresse de Cédric. Parce qu'en plus si avec ça c'est un Serpentard qui est champion de Poudlard ...
-Warrington s'est porté volontaire, me souvins-je en hochant la tête. Par pitié, tout sauf ça.
-Ne t'en fais pas, on ne laissera pas ce gros veau raciste être le champion de Poudlard, me promit Emily en me mettant une main sur l'épaule. Pas sans lui imposer quelques épreuves supplémentaires.
-Qui d'autre a déposé son nom pour Poudlard, vous savez ? s'enquit Cédric.
Il abordait un sourire tranquille et serein. Il m'avait avoué à la fin de notre conversation dans le couloir ne pas se mettre la pression sur le choix du champion – il trouverait d'autres manières de prouver sa valeur, s'il le fallait. Mathilda se mit à compter sur ses doigts.
-Toi, Warrington ... Roger Davies ne l'a pas fait au dernier moment, je n'ai pas trop compris pourquoi ... Mais Isabel MacDougal a mis son nom, de Serdaigle ... Avec deux autres septième année, mais je ne les connaissais pas. Kenneth Tolwer aussi, je l'ai vu se glisser doucement, il a fait semblant d'y tomber ... Ah, et la moitié des septièmes années de Serpentard également, si on en croit la rumeur. Et la moitié des septième année Gryffondor ...
-Angelina Johnson a mis son nom aussi, lui appris-je avec un léger sourire. Si c'était elle, ça ne me dérangerait pas non plus.
-Non, elle est sympa, admit Emily avec néanmoins une petite moue. Et en réalité à Poufsouffle, assez peu de personne. Leslie Graham et Julius Ackerley en septième année. J'ai l'impression qu'on compte tous sur toi, Cédric.
Je tentai de donner un coup de pied à mon amie, sans réussir à l'atteindre. Quand bien même je comprenais l'envie de Cédric de participer au Tournoi, je restais sur mon idée que notre Maison lui mettait une pression néfaste et injustifiée.
-Evidemment qu'on compte sur toi, ajouta Erwin, et je poussais un profond soupir. Franchement, de tout les noms que j'ai entendu, c'est toi le plus apte. Je t'aiderais s'il le faut.
-On t'aidera tous, promit Mathilda avec un gentil sourire.
C'était une fille naturellement gentille, cette Mathilda. Gentille devait être son second prénom. Elle et sa sœur jumelle Renata, également à Poufsouffle, ne pouvait pas être plus différente : Mathilda était douce et ouverte, quand Renata était agressive et renfermée. Cela devait être pour cela qu'elle passait la majorité de ses journées seule à la bibliothèque, à lire et à fusiller du regard quiconque s'approchait d'elle – excepté sa sœur jumelle. Celle-ci coinça l'une de ses mèches d'un châtain doux derrière son oreille avant d'entonner :
-Enfin, avec nos maigres moyens, je ne suis pas à ton niveau ou à celui d'Emily, en cours. Et Simon, n'en parlons pas, c'est un extra-terrestre. Oh par Merlin, mais renseignez-vous sur les moldus ! soupira-t-elle alors que chacun lui renvoyait un regard dérouté.
-Amen, ma sœur ! me réjouis-je en tapant dans sa main.
C'était l'une des autres choses appréciable de Mathilda : son père était moldu. Elle était de Sang-Mêlé et c'était un véritable bonheur de parler de mon autre monde avec elle.
-J'ai déjà fait Etude des moldus pendant deux ans, répliqua Erwin en étouffant un bâillement. C'est déjà bien assez. Ne me regarde pas comme ça, Victoria, j'ai tout le respect du monde pour les moldus. Sans eux, il y a longtemps que les Sorciers se seraient éteints, et pour cela on devrait leur en être reconnaissant, au lieu de les persécuter. Mais ça, seuls des gars comme Selwyn ou Warrington ne le comprennent pas ...
-Mais chacun chez soit avec sa culture et tout ira bien, c'est cela ?
-Ce n'est pas ce qu'il a dit, Vic', m'apaisa Emily avec un soupir. Mais c'est déjà difficile d'emmagasiner tout ce qu'il y a à savoir sur les Sorciers alors ...
Je pinçai des lèvres pour retenir le flot de parole indigente qui remontait dans ma gorge. Cela ne servait à rien de débattre là dessus, même les plus modernes et ouverts des Sorciers faisaient parfois preuve d'un esprit étriqué lorsque cela concernait le monde moldu. Simon choisit ce moment pour réapparaître, et recula d'un pas en croisant mon regard noir.
-Qu'est-ce que vous lui avez fait ? s'énerva-t-il en me pointant du doigt. Je refuse de payer pour vos conneries !
-Simon pas maintenant, marmonna Cédric en se passant la main sur le visage.
-Hey ! Je vous rappelle que chaque fois que vous l'énervez, c'est sur moi qu'elle se venge ! Alors merci, mais ne l'énervez pas !
-Et inversement, lui rappelai-je vertement. Alors maintenant soit gentil et tais-toi parce que sinon je vais vraiment m'énerver.
-Abstiens-toi, marmonna Simon en s'asseyant à côté d'Erwin. Je te rappelle que tu as beaucoup d'avance après ce qui s'est passé en début d'année.
-Seigneur, Bones, tu vas m'en vouloir longtemps ?
-Jusqu'à que je trouve une vengeance adéquat.
-Alors Cédric, nerveux ? nous coupa Emily pour faire cesser notre dispute. Le dîner approche ...
Ce n'était ce genre de conversation qui allait m'apaiser, mais au moins Simon et moi cessâmes de nous disputer pour lever un regard inquiet sur Cédric. Il nous sourit avec sérénité.
-Ça va. Adviendra que pourra, de toute manière.
-Vous pensez que les Weasley auront gardé leur barbe blanche ? songea Mathilda, un sourire retroussant ses lèvres. Ce serait bien leur genre.
-Sophie Faucett en cinquième année a essayé aussi, nous apprit Simon. Octavia m'a dit qu'elle avait passé l'après midi à l'infirmerie, Pomfresh n'arrive pas à redonner à ses cheveux leur couleur d'origine.
-Tu vois, tu as de la chance, lança Cédric à Erwin avec un éclat de rire. Tu aurais pu rester avec ta barbe !
La grimace d'Erwin causa l'hilarité générale. Les minutes qui nous séparaient du banquet d'Halloween s'estompèrent et beaucoup virent saluer Cédric pour lui souhaiter bonne chance. Ernie MacMillan vint lui faire un grand discours sur l'importance qu'il aurait quand il serait champion et combien Poufsouffle serait fier de le soutenir, avant que son amie Hannah Abbot ne l'éloigne en comprenant que cela embarrassait plus Cédric qu'autre chose. Leslie Graham, la septième année qui avait mis son nom dans la coupe, fixait hostilement mon ami, visiblement peu enchantée qu'il ait toute l'attention des Poufsouffle alors qu'il n'était pas leur unique candidat. Puis vint le moment où il fallut se diriger vers la Grande Salle et nous sortîmes en bande de la Salle Commune.
-Cédric !
Nous nous tournâmes vers un groupe de fille de Serdaigle de cinquième année qui descendait de leur tour, parmi lesquelles Cho Chang, l'attrapeuse. Elle quitta ses amis pour nous rejoindre et servit un sourire éclatant à Cédric.
-C'est le moment de vérité ! Tu n'es pas trop nerveux, j'espère ?
-Viens, me souffla Simon alors que Cédric répondait avec un sourire gêné. Fais-moi confiance, il vaut mieux les laisser seuls.
-Il y a quelque chose que j'ignore ? m'étonnai-je en me laissant entrainer par Simon.
Son regard malicieux m'agaça autant qu'il m'intrigua et je pris son bras pour l'exhorter à balancer ses informations, mais Octavia vint me l'arracher pour piquer un baiser sur ces lèvres. Même Simon parut surpris et me jeta un regard presque paniqué auquel je répondis par un sourire et un signe de main moqueur. Je n'avais jamais compris leur couple, et l'annonce de leur amour soudain en fin d'année dernière m'avait laissée pantoise. Simon n'était pas connu pour son intérêt de la gente féminine et Octavia ne semblait pas s'intéresser à des garçons comme Simon. Mais l'amour avait ses raisons que la raison ignore, je supposais. Je ne comprenais pas d'avantage l'acharnement de Miles à mon égard. Je restai un instant seule sur le bas de la porte de la Grande Salle. Il y régnait une atmosphère d'attente et d'exaltation qui me serra le cœur. A la table des Serpentards, Miles me fit un clin d'œil alors que Selwyn, Warrington et Flint me fixaient d'un air mauvais. Ils n'avaient pas dû apprécier leurs retenues. Je me tournai vers le Hall. Cédric parlait toujours avec Cho, mais je voyais ses épaules se tendre. Il n'était pas si serein. Et j'espérais sincèrement qu'il avait tort de l'être.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top