I - Chapitre 27 : Life must go on

Demain je serais sans doute occupée alors voilà le dernier chapitre de la partie 1 ! Au bout du chapitre il y aura un petit speech pour la suite :) 

Le dernier passage je l'ai écrit en écoutant une musique, celle de la Comté du Seigneur des anneaux (une des plus belles musiques du cinéma) et j'ai trouvé qu'elle collait parfaitement avec le moment (quand ils sont arrivés à Londres, en gros), je vous mets le lien en commentaire si vous voulez l'écouter comme moi :) 

Allez, sinon bonne rentrée à tous ! <3 

*** 

Si, un jour vous avez à choisir entre le bien et la facilité, souvenez-vous de ce qui est arrivé à un garçon qui était bon, fraternel et courageux, simplement parce qu'il a croisé le chemin de Lord Voldemort. Souvenez-vous de Cédric Diggory.

- Albus Dumbledore, Harry Potter et la Coupe de Feu

***

Chapitre 27 : Life must go on.

-Emily, ne me dis pas que tu n'es pas encore prête ?

Je contemplai les habits qui jonchaient le lit de mon amie, interdite. Emily frotta ses yeux et observa passivement la tâche qui l'attendait.

-Je sais, je m'y suis prise tard ...

-Les diligences ne vont pas tarder à partir ! nous pressa Simon, qui nous attendait sur ses valises. Sérieux, Em', tu abuses ...

Dans son état normal, Emily l'aurait houspillé en le fusillant du regard. Mais là, elle se contenta d'un mouvement vague d'épaule avant de pointer sa baguette sur ses chaussettes. Elles s'entortillèrent l'une sur l'autre avant de retomber dans la valise en une boule difforme. Simon et moi échangeâmes un regard paniqué.

-On ferait mieux de l'aider, se précipita-t-il en sortant sa propre baguette. Tu t'y connais en sort ménager ? Je n'ai jamais pris le temps de les apprendre.

-Moi si, j'ai la flemme de ranger ma chambre.

Un sourire effleura les lèvres de Simon, et je pointais ma baguette sur les vêtements d'Emily. Ses chemises se plièrent grossièrement mais cela suffirait, et ses cravates et jupes s'engouffrèrent dans sa malle avant d'être suivie de chaussettes et des chaussures. Enfin, la robe du bal de noël alla rejoindre le reste et Simon contempla mon rangement approximatif, dubitatif.

-Hey, je n'ai pas dit que ce serait parfait !

-Ça ira, me rassura Emily avec un pauvre sourire. Au fait, qu'est-ce qu'il a dit Dumbledore au déjeuner ?

Comme chaque jour depuis la mort de Cédric, elle avait sauté le petit-déjeuner pour rester dans son lit, ce qui expliquait qu'elle soit si en retard dans la préparation de sa valise. Simon et moi échangeâmes un regard gêné. Ce matin, Dumbledore avait rendu hommage à Cédric, un magnifique hommage qui m'avait arraché quelques larmes. Et ce faisant, il avait révélé à Poudlard la véritable raison de la mort de Cédric : le meurtre par Tu-Sais-Qui, à qui Harry Potter avait échappé par je ne savais quel miracle. Je n'avais pas observé la réaction des autres élèves, trop occupée que j'étais à sécher mes larmes et à remercier silencieusement Dumbledore. Son regard avait affleuré le mien, et il m'avait adressé un hochement de tête déterminé.

« Nous ne sommes qu'ombres et poussières. Mais avant de retourner à la poussière, nous nous battrons ».

Emily s'engouffra dans la salle de bain pour réunir ses affaires de toilettes, sans même s'intéresser à notre réponse. Simon posa une main sur mon épaule. Lui aussi avait pleuré lors du discourt du directeur, et ses yeux en gardait les marques.

-Il t'a écouté, remarqua-t-il avec un sourire tenu. Albus Dumbledore t'a écouté.

-Il ne fallait pas que la mort de Cédric soit vaine ...

-Elle ne l'a pas été. Bien joué, minus.

Un sourire releva la commissure de mes lèvres, et je donnais un léger coup de poing dans l'épaule de Simon.

-Minus toi-même. (Mes lèvres se tordirent néanmoins) J'espère simplement que les élèves croiront Dumbledore plutôt que le Ministère.

-On a semé les premières graines. S'ils décident d'être des crétins comme Fudge, ce sera leur problème.

Je hochai doucement la tête. Je doutais que le Ministère prenne favorablement la décision de Dumbledore de révéler la vérité à ses élèves, mais peu m'importait. Il fallait qu'on y croie, et il fallait se battre. Pour Cédric.

Emily revint un instant plus tard et largua sa trousse de toilette dans sa malle. Nous pûmes enfin la refermer, et la tirer hors de notre chambre. Il régnait dans la Salle Commune un silence de tombeaux, uniquement réchauffé par le sourire radieux que nous adressa Helga Poufsouffle lorsqu'on passa la porte. Nous lui adressâmes un dernier signe avant de s'engouffrer dans le couloir.

-On doit être les derniers, râla Simon en passant son étui à guitare en bandoulière.

-T'inquiète, on aura les diligences, le rassurai-je en consultant ma montre. On a encore un peu de temps ... Il ne faut pas se fier à notre Maison : ils font toujours preuve d'une prudence excessive.

-Je ne fais pas preuve d'une prudence excessive.

-Si.

-Non.

-Si ...

-Arrêtez tout les deux !

Simon et moi rivâmes un regard abasourdi sur Emily, surpris par son éclat. Elle avait ramené ses cheveux en une queue-de-cheval, et deux mèches trop courtes pendaient tristement autour de son visage. Elle secoua la tête en se passant une main sur son visage.

-On a assez de problème comme ça, si vous continuez de vous disputer comme ça ...

-Emily, on plaisantait, dit Simon, déconcerté.

J'opinai vigoureusement du chef, tout aussi déroutée. Jamais nos relations n'avaient été si calme ... Emily pinça des lèvres, et nous dépassa d'un pas rapide. Il me sembla qu'une nouvelle larme avait roulé sur sa joue. J'écartai les bras, impuissante.

-Je ne sais plus quoi faire.

-Il lui faudra peut-être un peu plus de temps que toi, songea Simon en haussant les épaules.

-Que moi ? Tu me crois insensible ?

-Mais non, Vicky. Je pense que toi tu as rapidement trouvé un sens à tout ce qui arrive – et un but pour te sortir du noir. Emily est loin de tout ça, le pourquoi du comment est flou pour elle. Ça ne l'aide pas.

J'inclinai la tête pour lui accorder ce point. Il était vrai que depuis ma discussion avec Dumbledore, je me sentais plus forte. Je n'étais pas remise : ma gorge se serrait toujours affreusement au nom de Cédric, et la mention de sa mort ne manquait pas de faire monter des larmes dans mes yeux. Comme pour Emily, ça prendrait du temps. Mais pour tuer ce temps, j'avais une mission : prendre soin de ma famille, et répandre la bonne parole. Tu-Sais-Qui était revenu. Et malgré la douleur toujours présente en embuscade dans ma poitrine, ça me donnait une énergie folle. C'était un moyen de tromper la souffrance et la colère, sans nier la réalité. Mes lèvres se tordirent lorsque je repensais aux conseils que m'avaient donné Dumbledore.

-Voldemort.

Simon sursauta si fort que ça en fut comique, et m'arracha un sourire. Ses yeux s'exorbitèrent en me fixant.

-Mais ça va pas, la tête !

-Ce n'est qu'un nom, rétorquai-je en reprenant les mots du directeur. Si on fait de son nom un tabou, on l'élève au rang de dieu, d'entité à peine nommable qui n'est pas du même monde que nous. Ce n'est qu'un homme, et il s'appelle Voldemort.

-OK alors en vrai il s'appelle Tom Jedusor, m'apprit Simon dans un murmure précipité. Ne me demande pas comme je sais ça, je ne sais pas d'où je sors cette info. Alors si tu veux on l'appelle Tom, ou alors Tommy, mais il est hors de question que je prononce ce nom.

Malgré ma surprise d'apprendre le véritable nom de Lord Voldemort, j'éclatai d'un rire qui se répercuta dans les couloirs. Je n'étais tellement plus habitué à faire ces mouvements de mâchoires que cela me fit un drôle d'effet dans un premier temps, puis tout se délia, et au moment de sortir à l'air libre je riais toujours à gorge déployée, et Simon m'avait rejoins dans mon hilarité.

-Tommy, vendu, pouffai-je en reprenant mon souffle. Je trouve que ça casse bien le côté Mage Noir sanguinaire.

-Oh bon sang ..., haleta Simon avec un sourire insensé. Il n'y a que toi pour inventer ça...

-Hmm, en réalité c'est toi qui l'a inventé donc ...

Pour toute réponse, Simon me tira la langue. Emily traversait déjà le parc seule en tête et nous avait largement distancé pendant notre hilarité. Mathilda et Erwin saluaient des élèves de Beauxbâtons main dans la main, et Renata tapait impatiemment du pied en les attendant près d'un arbre. Elle m'adressa un léger sourire lorsque je passai près d'elle auquel je répondis brièvement. L'autre personne qui me salua lointainement fut Fleur Delacour, qui me fit un grand signe de la main depuis le carrosse de Beauxbâtons dans lequel elle s'apprêtait à entrer. Et lorsque je retournais, c'était un autre étranger qui me toisait de toute sa hauteur.

-Seigneur ! sursautai-je en me rattrapant à Simon.

-En rrréalité, je m'appelle Viktorrr, se moqua Viktor Krum, la commissure des lèvres relevées.

Mais son visage retrouva vite son habituel air renfrogné. Derrière moi, le fou rire avait reprit Simon, et entre deux gloussements, il m'indiqua qu'il m'attendait plus loin. Je fusillais sa nuque du regard le long de son chemin avant de me retourner sur Krum.

-Excuse-le, il pète un peu les plombs.

-Ce qui se comprrrends un peu, fit remarque sombrement Krum.

Mon sourire mourut lentement sur mes lèvres et la douleur se réveilla, éclatant brusquement dans ma poitrine.

-Oui, murmurai-je en passant une main dans mes cheveux. Effectivement.

-Je tenais à t'adrrresser mes condoléances. J'aimais bien Diggorrry, il a toujourrs était trrrès poli avec moi. Et aussi à m'excuser pour l'attitude de Kamila ... Je ne comprrrends pas je t'avoue, Kamila a toujours eu la magie noirrre en horrreur, je ne vois pas pourrrquoi elle aurrrait voulu te jeter un sorrrtilège de la mort ... Mais sache que je ferrrais en sorte que ça n'arrive plus.

Son regard s'était fait aussi dur de l'onyx, si bien que je le croyais sur parole. J'acceptais ses condoléances et ses excuses d'un hochement de tête, les bras croisés sur ma poitrine. La sollicitude qui brillait dans le regard sombre de Krum m'embarrassait et accélérait les battements de mon cœur.

-Et je venais aussi pour réitérer ma prrroposition, ajouta-t-il avec l'ombre d'un sourire. Les Vautourrrs de Vrrrasta ont besoin d'excellentes joueuses dans leur équipe, et je pense que tu peux être l'une d'entrrre elle. Envoie-moi une lettrrre à la fin de tes études. Tu finis l'année prrrochaine ?

-C'est ça, confirmai-je. Je n'ai pas réalisé la dernière fois et me rend compte maintenant que ... je ne t'ai pas dit à quel point j'étais touchée par ta proposition. Touchée et honorée. Je ne pensais pas avoir un talent remarquable pour le Quidditch.

-Vraiment ? s'étonna Krum en arquant des sourcils fournis. Pourrrtant la Grrrande-Bretagne est connue pour avoir un excellent championnat de Quidditch, c'est étrrrange que perrrsonne dans ton école n'ait remarqué ton talent ...

Son sourire se fit un plus franc, et il retira son gant pour me tendre sa main.

-Une chance que je l'ai remarrrqué en premier, peut-êtrrre que c'est quelque chose qui pèserrra dans la balance le jour où tu devrrras prendre ta décision. J'espère qu'on se reverra vite, Victoria.

-Ce sera avec plaisir, assurai-je en serrant sa main. Et bonne chance pour ta nouvelle vie.

Viktor Krum inclina humblement la tête et me dépassa après un dernier regard entendu. Je le vis rejoindre un groupe composé de Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger, et entrainer celle-ci plus loin. Un triste sourire effleura mes lèvres. Au moins le Tournoi avait eu pour mérite de créer certain lien, de souder les communautés magiques étrangères. Puis je repensais à Kamila Tokarsky, à la haine et aux larmes dans ses yeux, à la promesse de Krum qu'elle ne me toucherait plus. Irait-elle traverser les continents pour un jour me retrouver et achever de réclamer le sang que ma famille avait pris à la sienne ? Presque aussitôt dans le fil de mes pensées vint l'image de mon grand-père et l'angoisse que cela suscitait. Il faudrait aussi que je réfléchisse à ça aussi pendant les vacances.

-Bennett ! Tu rêves ?

Les Jumeaux Weasley descendaient vers moi, les immenses malles trainant derrière eux. Ils portaient tout deux un pull frappé d'un « G » et d'un « F ». Je les pointai du doigt, un sourire aux lèvres.

-J'adore ces pulls ! Vous devriez les porter tous les jours !

-On les portera si ça peut te faire sourire, s'amusa George en ébouriffant ma tignasse. Ravie de voir que tu reviens aux affaires, Bennett.

-Des fois que tu aurais envie de changer d'air cet été, appelle-nous, enchérit Fred en se remettant en marche.

-Pour vous aider dans notre boutique ?

Leurs visages s'assombrirent, et ils échangèrent un regard chargé de dépit et de tristesse. Mon cœur tomba dans ma poitrine.

-Qu'est-ce qui se passe ?

-Tu te souviens de la conversation que tu as surpris, Bennett ? L'histoire de pari avec Verpey ?

Je hochai la tête, déboussolée. Une moue dépitée déforma les lèvres de George.

-On avait parié avec lui sur l'issue de la finale de Quidditch, et on avait gagné. Sauf qu'il nous a payé avec de l'or du farfadet et a gardé toute nos économies ...

-On a appris plus tard que Verpey avait de grosses dettes de jeux, et que des gobelins de Gringrott le harcelait pour réclamer leur dû, enchérit Fred, tout aussi irrité. Le soir de la coupe du monde, ils l'ont dépouillé de tout l'or qu'il avait – dont le notre ... Et lorsqu'on a demandé à Verpey de nous rembourser notre mise, il a refusé.

-Il vous a arnaqué ? m'indignai-je, les yeux écarquillés. Mais c'est un haut-fonctionnaire du Ministère, c'est illégal ! Il faut que vous en parliez à quelqu'un ...

-Même si on le voulait, ça ne servirait à rien, répondit George en haussant les épaules. Verpey avait tellement de dette qu'il a tout misé sur Harry en pariant avec les gobelins sur le Tournoi, histoire d'effacer l'ardoise. Sauf que les gobelins ont considéré que Harry n'était pas le seul gagnant du Tournoi mais qu'il a gagné ex-aequo avec Cédric ...

Il me lorgna du coin de l'œil, comme pour appréhender ma réaction. Je ne pus retenir un tic nerveux au coin de ma bouche et tordis mes lèvres pour reprendre contenance.

-Bref, conclut Fred avec défaitisme. Avec ce nouvel échec, Verpey avait tellement de dette qu'il a préféré prendre la fuite ...

-Et évidemment, sans nous rembourser.

-Oh les gars, soufflai-je, émue pour leur détresse. Je suis vraiment désolée ... votre boutique est une super idée ...

-Etait.

-Il y a peut-être une solution ... Vous ne pouvez pas emprunter à la banque ? Ou à votre famille ? Désolée, personnellement je n'ai pas grand-chose à vous donner, je suis boursière mais ...

-Ah Bennett, s'esclaffa Fred, se ragaillardissant soudainement. Tu es toute mignonne et on te remercie, mais ne t'inquiète pas pour nous. On est Fred et George Weasley, on s'en sortira toujours.

George hocha la tête avec un grand sourire, et ils toquèrent leur poing l'un contre l'autre. Malgré tout lorsqu'on atteint les diligences que leurs visages s'étaient à nouveau rembrunis, comme si malgré leur optimisme de façade ils ne pouvaient s'empêcher d'être déprimé par la situation.

Simon et Emily étaient déjà montés dans une diligence et je les rejoins rapidement suivie des jumeaux, puisque la plupart des autres étaient déjà pleines. Quand ils montèrent à ma suite, Emily se recroquevilla sur elle-même en leur jetant un regard méfiant.

-Qu'est-ce que vous faites là ?

-On voyage, Fawley, répliqua George en levant les yeux au ciel. Je t'avoue qu'on a la flemme d'aller à la gare de Pré-au-Lard à pied.

-Flemme, répéta Fred, songeur, avant d'agripper le bras de son frère. Flemme, George ! J'ai une idée !

-Quelle idée ? s'enquit Lee Jordon en grimpant dans la diligence.

Il fut suivi d'Angelina et d'Alicia, qui m'adressèrent toute deux un sourire radieux. Toutes les places pourvues, la diligence d'ébroua, et se mit en route. Je regardais Poudlard s'éloigner, me désintéressant totalement de la conversation entre Fred, George et Lee, ou de celle entre Angelina et Simon qui comparaient leur note d'Etude des Runes. Malgré le chaos qu'avait été ma vie cette année, j'avais réussi le miracle de valider la totalité de mes examens, avec en primes les notes maximales en Etudes des runes et Histoire de la Magie. Les métamorphoses avaient été justes, et McGonagall m'avait trouvé des circonstances atténuantes et m'avait donné des conseils de révision cet été pour commencer sereinement les ASPICs. Mais je doutais avoir la foi de réviser les métamorphoses cet été.

La gare de Pré-au-Lard fut alors en vue et la diligence s'immobilisa au milieu de toute les autres. Fred me donna une grande tape dans le dos en me dépassant sur le quai.

-Si on ne se revoit pas, Bennett, bonnes vacances !

-Prends soin de toi ! enchérit son frère. On se retrouve en septembre pour plus de bataille de poêle dans la cuisine !

-Bataille de poêle ? répéta Angelina, perplexe.

J'eus pour toute réponse un sourire énigmatique. Ce qui se passait dans les cuisines de Poudlard restait dans les cuisines de Poudlard.

Nous cheminâmes le long du quai, longeant l'immense locomotive écarlate qui déversait un panache de fumée blanche sur les élèves. Hagrid se tenait débout dans son manteau en peau de taupe, promenant son regard brillant sur chacun d'entre nous. Il m'adressa un grand sourire qui fit frémir sa barbe.

-Bonne vacance, Victoria.

-A vous aussi Hagrid, répondis-je avec un sourire sincère. A l'année prochaine.

Il me fit un dernier signe avant que je ne m'engouffre dans le train à la suite d'Alicia. J'avais mis cinq ans à faire plus ample connaissance avec le garde-chasse, mais mieux valait tard que jamais : cet homme était d'une bonté qui me touchait vraiment. Peu importe que sa mère soit une géante. Nous parcourûmes le couloir central mais nous arrivions parmi les derniers et peu de compartiments étaient vides. Simon finit par s'immobiliser devant l'un d'entre eux, et après une grimace il se fendit de son plus beau sourire et ouvrit la porte.

-Salut Bletchley ! On peut venir t'embêter ?

Je m'empourprai violemment et ne résistai pas à l'envie de lui flanquer mon pied au postérieur. Simon poussa un glapissement sonore qui fit s'esclaffer Alicia.

-T'es une plaie, Bones, marmonnai-je en entrant derechef dans le compartiment.

-Plaie toi-même ! Pourquoi tu me frappes toujours ?

-Tu vas te planquer en France pendant un mois, Simon, tu n'as rien à dire.

Miles observait notre joute verbale, un sourire incertain aux lèvres. Nous installâmes nos bagages et je m'assis à côté de lui, sous le regard malicieux d'Alicia et Angelina qui avaient décidé de faire le voyage avec nous. Et je présageais que leur présence serait plus agréable que celle d'Octavia et Gillian à l'allé. Emily plongea son regard par la fenêtre, callée au fond de son siège, et ne pipa mot jusqu'à ce que le train s'ébroue enfin. La gare disparut rapidement de notre champ de vision et le Poudlard Express traversa les Highland tel un serpent écarlate. Miles effleura ma main de la mienne.

-Dans quelques heures tu seras enfin rentrée chez toi, me chuchota-t-il, sans doute pour ne pas alerter Emily qui venait de fermer les yeux.

Elle n'était pas la seule. Dès les premiers tressautements du train, Simon s'était blotti contre le mur, sa cape l'enveloppant telle une couverture et cachant la moitié inférieure de son visage. Puis qu'il avait passé les dernières nuits dans notre dortoir, j'avais pu constater qu'il dormait très peu, malgré les cajoleries de sa sœur pour qu'il puisse trouver le sommeil. Mais le train paraissait avoir l'effet d'une berceuse, et surtout il n'était pas Poudlard : le souvenir de Cédric était moins présent.

-Oui, je suis contente, murmurai-je à mon tour malgré l'appréhension qui me labourait les entrailles. Et je vais pouvoir y retourner en pouvant faire de la magie ...

-Ça c'est le mieux ! enchérit Angelina, elle aussi à voix basse pour ne pas réveiller les dormeurs. Et j'ai eu mon permis de transplanage en avril en plus, franchement je ne me suis jamais sentie aussi enthousiaste à l'idée de rentrer chez moi ! Avant j'avoue qu'il y avait un peu d'amertume : tu quittes Poudlard où tu peux utiliser la magie plus ou moins librement pour oublier ta baguette pendant deux mois complet et à dépendre totalement de tes parents. Mais là ...

Un air extatique se peignit sur son visage, ce qui fit rire Alicia à côté d'elle. Le trajet se passa globalement bien à défaut d'être réellement serein : Emily et Simon dormaient et je dus faire des signes frénétiques à Susan quand elle entra dans notre compartiment une heure après le début du trajet. A pas de chat, elle s'installa entre moi et la masse endormie de son frère, le couvrant d'un regard tendre. Mais malheureusement, je ne pus rien faire contre la petite tornade qu'était Felicity Bletchley, et qui ouvrit la porte qui claqua de façon sonore contre le montant. Cela réveilla Simon d'un bond, qui ouvrit de grands yeux déboussolés sur la sœur de Miles, et Emily gratifia la Serpentard d'un regard noir que je fus presque ravie de retrouver. Felicity eut un sourire penaud à l'adresse de Simon.

-Désolée. Je voulais juste demander un truc à mon frère ...

-Les petites sœurs, toutes des plaies ...

Susan lui flanqua un coup sur la jambe qui acheva de le réveiller, et qui lui fit marmonner qu'elle passait décidemment trop de temps avec moi. Felicity pilla Miles de toute sorte de friandises avant de lui arracher la promesse qu'il m'amènerait chez eux pendant les vacances. Elle repartit satisfaite, les poches pleines de patacitrouille avant que le chariot ne passe devant notre compartiment. La tête de la vendeuse s'invita entre les battant de la porte.

-Un petit quelque chose les enfants ?

Je bondis sur mes pieds, effleurant dans ma poche l'argent que j'avais préparé en faisant mes bagages. Je tendis la main devant le nez de Simon et Susan.

-Allez enfants de Terre-en-Landes, donnez pour le peuple.

-Tu vas te faire engueuler par l'Ancien, me prévint Simon en sortant quelques mornilles.

-On s'en fiche, Arthur adore les chocogrenouilles, il serait déçu si on ne lui en ramenait pas, répliqua Susan qui ajouta des pièces de bronze et d'argent.

Avec la collecte, je pus faire un stock raisonnable de friandises sorcières que je réservais pour les enfants de Terre-en-Landes. Ils étaient si habitué de me voir revenir avec ces bonbons étranges aux goûts peu commun qu'ils m'en redemandaient chaque fois que je revenais de Poudlard. Miles voulut s'approprier une boite de dragée surprise mais je lui donnais une tape sèche sur la main.

-Bas-les-pattes ! C'est pour chez moi !

-Juste un, Vic' ! Ma sœur m'a tout pris !

-J'en reviens pas que tu râles tant pour t'acheter en robe, mais que tu mettes presque un ou deux gallions pour acheter des bonbons, déclara Emily, incrédule.

-Vicky a toujours préféré manger que s'apprêter.

-Susie, tape-le.

-Susie ne me tape pas !

Par mesure de prévention, il croisa ses poignets au niveau de son visage, et Susan lui jeta un regard mortifié sans esquisser le moindre geste. En revanche, elle se retrancha derrière lui lorsque Sullivan Fawley passa devant notre compartiment, suivi d'un garçon qui ouvrit timidement notre compartiment.

-Euh ... Salut.

Nous nous figeâmes pour dévisager Roger Davies. Il avait déjà revêtus des vêtements de moldus et son regard vagabondait distraitement vers Emily. Je me tournai vers mon amie, guettant sa réaction avec nervosité. Elle n'avait pas amorcé le moindre geste, se contenter de le gratifier d'un regard froid et vide. Néanmoins, les traits de son visages s'étaient quelques peu tendus. Roger se dandina d'un pied à l'autre.

-C'est juste ... est-ce qu'on peut parler, Emily ?

Nous nous tournâmes mécaniquement vers elle, attendant sa réponse. Et à ma grande surprise, elle poussa un soupir de résignation et se levant en frottant ses mains.

-Allons-y.

Même Roger parut déconcerté qu'elle ait accepté si vite et se précipita de s'effacer pour la laisser sortir du compartiment. Ils disparurent de notre champ de vision et nous échangeâmes des regards interloqués. Simon eut un haussement d'épaule à mon égard, l'air de dire « si ça peut l'aider ». Je hochai la tête et ma main attrapa machinalement celle de Miles. J'observai nos doigts entrelacés, un douleur sourde piquant soudainement mon cœur. J'aurais sans doute besoin de cela pour me remettre – alors peut-être que Roger était l'une des clefs de la rémission d'Emily. Plus que moi et Simon pouvions l'être. Etourdie par le sentiment de perte qui m'éprenait brusquement, je me laissai aller contre l'épaule de Miles. Il parut percevoir mon trouble car il m'amena contre lui d'un bras et plaqua un baiser dans mes cheveux.

Emily n'était pas réapparue lorsque que le Poudlard Express entra en gare de King's Cross, le long du quai de la voix 9¾, et lorsqu'elle entra précipitamment dans le compartiment, ses yeux étaient rouge mais elle paraissait moins abattue. Je surpris même un sourire inexplicable sur ses lèvres lorsque nous descendîmes du train, trainant nos malles derrière nous. Avant de m'engouffrer dans la foule de parents, Miles me retint un instant, à l'abri des regards. Il écarta tendrement une mèche folle qui me barrait le front en un geste qui m'arracha un frisson.

-Je sais que cet été ne sera sans doute pas facile, souffla-t-il en me prenant la main. Mais je t'écrirais, d'accord ? Beaucoup. Et visiblement, tu es cordialement invité à venir chez moi.

-Et toi chez mon frère, parce que chez moi ce sera un carnage.

Un léger sourire retroussa les lèvres de Miles, et il se pencha sur moi pour effleurer les miennes d'un baiser. Je l'embrassai en retour, passant timidement ma main dans son cou. Mes gestes avaient perdus de leur spontanéité, comme si mon corps n'avait pas la tête à ça, mais j'avais bon espoir que ça revienne avec le temps. Peut-être que ça serait difficile. Je n'avais pas pris le temps de parler à Miles du retour de ... Voldemort – Tommy. Et pour cause, il était le seul à qui j'avais observé la réaction lorsque Dumbledore en avait parlé au dernier banquet, et sa bouche s'était tordue, dubitative. J'attendrais de voir comment évolue sa pensée lors de l'été – peut-être serais-je surprise. En attendant je ne voulais pas gâcher notre fragile relation avec ça. J'avais besoin de lui, peu importait de ce qu'il pensait. Nous nous séparâmes et il pressa ses lèvres contre mon front en un ultime baiser avant d'affronter la terrible foule de parents qui attendait leur enfant avec inquiétude. Il m'aida à descendre ma valise du train, et nous remontâmes difficilement le quai.

-Tes parents viennent te chercher ?

-Non, répondis-je, désabusée. Je repars toujours avec les Bones. Souvent c'est leur père qui vient – ou Caroline mais je n'y crois pas vraiment ...

-C'est la plus grande Caroline ?

J'opinai du chef, tentant de garder les tresses auburn de Susan dans mon champ de vision. Soudainement Miles s'immobilisa dans la foule, et désigna un groupe de personne du menton. J'identifiai Felicity qui courrait vers un homme, grand et bruns qui l'accueillit dans ses bras avec un éclat de rire sonore. L'image était si attendrissante que je ne compris pas l'ombre qui était venue assombrir le visage de Miles. Un sourire de façade s'étira sur ses lèvres.

-C'est l'heure pour moi d'y aller.

-D'accord ... Alors ... Bonne vacance.

Je me dressai sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue et il se fendit d'un sourire plus enjoué. Il caressa une dernière fois ma joue, avant de s'éloigner avec un « on se voit bientôt ». Je le regardais fendre la foule, jusqu'à une fillette d'une dizaine d'année – sa petite sœur Cora, sans doute – qui lui sauta dans les bras, l'enfouissant sous une tonne de badinage enfantin que j'entendais d'ici. Avec un pincement de cœur je me détournais de la petite famille pour retrouver les personnes qui me ramèneraient à la mienne. Je fouillai la foule à la recherche d'un Bones mais fut net coupée dans mon élan car une voix fort déplaisante qui retentit derrière moi :

-Victoria Bennett. Ça faisait longtemps.

Je sentis un liquide froid parcourir mes veines au son de cette voix, me figeant totalement. La nuque raide, je fis lentement volte-face pour découvrir le regard bleu, froid, délavé et barré de quelques mèches châtain de Nestor Selwyn. Puis mes yeux effleurèrent le reste de son visage et un cri inarticulé resta coincé dans ma gorge. Des cicatrices brunâtres tapissaient le bas de sa joue gauche et une grande partie de son cou, vestige de notre dernier face à face près de la forêt interdite. Même si on exceptait les cicatrices, je lui trouvais moins de charme que son frère cadet : il se tenait voûté, un rictus perpétuel aux lèvres et il se dégageait de son attitude une arrogance fort déplaisante. Je déglutis violemment, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Malgré l'angoisse qui s'était épris de moi, je trouvais la force de rétorquer :

-Pas assez longtemps.

-Toujours autant de verve, ricana-t-il, un éclat glacé dans le regard. Tu n'as pas compris que ça pouvait te jouer des tours ?

-Et toi ?

Malgré mes fanfaronnade, toutes les fibres de mon corps me criait de détaler d'ici, de ne pas rester près de ce psychopathes, et j'avais bien envie de les écouter. Nestor Selwyn éclata d'un rire qui m'arracha un frisson sur l'échine.

-Fais la fière. Mais les temps changent, Victoria. Et les temps qui s'ouvrent ne sont pas réellement propices à des petites Sang-de-Bourbe comme toi.

Il inclina la tête, rapprocha son visage balafré du mien. La peur et la culpabilité me clouaient sur place, et je ne bougeais pas d'un pouce lorsqu'il souffla :

-Alors fanfaronne, Victoria. Sois teigneuse comme la fois où tu as flanqué son pied dans les couilles de mon frère, ou comme la fois où tu as osé user de ta magie impure sur un Sang-Pur ... (Un sourire dément s'étira sur les lèvres) Les choses sont en train de changer, mais moi je n'ai rien oublié. Souviens-toi de ça lorsque les ténèbres s'abattront sur toi.

-Nestor !

Je m'éloignai vivement au cri, mon sang battant douloureusement à mes tempes. Une fille fendait la foule, ses yeux se dardant sur Nestor Selwyn. Sa sœur jumelle, réalisai-je en remarquant ses longs cheveux châtains, son port altier et la froideur de son regard quand elle le posa sur son frère.

-Père nous attends, lui cria-t-elle pour couvrir les voix et la distance. Ulysse et Enoboria sont arrivés, il faut y aller.

-J'arrive Melania ! lui répondit-t-il avant se pencher un nouveau sur moi. Un simple avertissement, Bennett.

Et me gratifiant d'un dernier rictus malsain, il s'enfonça dans la foule, envoyant lourdement balader un première année qui poussa un cri de surprise en s'étalant sur le sol. Ignorant mon cœur qui battait toujours dans ma cage thoracique, je me précipitais vers le petit aux couleurs de Gryffondor et l'aidai à se relever.

-Ça va aller ?

-Oui, me rassura l'enfant en époussetant ses vêtements.

-Vicky !

Simon se précipitait vers moi, évitant difficilement les passants et bagage pour m'attraper le bras. Son regard brillait.

-Ce n'était pas ...

-Si, avouai-je d'une petite voix. Il semblerait qu'il n'ait pas oublié ... notre petite altercation.

Simon me contempla un long moment sans rien dire, avant de plaquer sa paume contre son front.

-Non franchement comment tu te fais pour te mettre dans des situations pareilles ?

J'eus un sourire penaud, le cœur battant la chamade. La menace de Nestor susurrée à mon oreille ne cessait de tourbillonner en moi, s'infiltrant un peu plus dans mon esprit. « Les temps changent », avait-il dit. J'eus l'impression de recevoir un coup de poing en pleine poitrine.

Il avait attendu cinq ans. Cinq ans c'était long, lorsqu'on avait le visage à moitié calciné. Pourtant il ne venait me voir que maintenant ... maintenant que Voldemort était revenu, lui donnant le courage et la légitimité de se venger d'une née-moldue.

-Tu es sûr de devoir aller en France ? m'assurai-je dans un filet de voix.

-Vicky, il ne fera rien, tenta de me rassurer Simon en me prenant par l'épaule. C'est Dumbledore qui te l'a dit : Tu-Sais ... Tommy (un petit rire me secoua) ne se montrera pas au grand jour tout de suite. Et tant qu'il sera invisible, Selwyn ne tentera rien. Pas sans une assurance d'être protégé derrière.

Il y avait de la logique dans ce que disait Simon, mais je ne pouvais m'empêcher de jeter un regard angoissé à l'endroit où Nestor Selwyn m'avait adressé son avertissement. Simon frotta mon épaule.

-Mais on jettera quand même des sortilèges de protection autour de ta maison. Allez viens, maintenant, ma mère t'attend.

-Ta mère ?

Un léger sourire s'étira sur les lèvres de Simon et il pointa le bout du quai du doigt. Rose Bones enlaçait Susan, visiblement heureuse de retrouver sa mère, et saluait ensuite Emily, au milieu des bagages de ses enfants. Il était rare que ce soit Rose qui vienne nous chercher – elle avait un poste à responsabilité en tant que directrice-adjointe du Département de la Justice Magique – mais je supposais que les circonstances l'imposaient. Pressant une dernière fois mon épaule, Simon me mena jusque sa famille, consentant même à porter l'un de mes sacs pour aller plus vite. Rose fut la première à m'apercevoir, et m'ouvrit immédiatement les bras.

-Victoria !

C'était une grande sorcière qui me dépassait d'au moins une tête mais fine et gracile au sourire affable. Elle avait de Caroline l'épaisse chevelure d'un brun mordoré et le Susan les tâches de rousseurs, le nez retroussé et le visage en forme de cœur. En revanche, Simon lui ressemblait assez peu mais j'avais appris qu'il tenait d'elle ses puissantes capacités magiques. Lorsqu'elle me serra contre elle, les larmes me montèrent aux yeux.

Je rentrais chez moi.

-Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé cette année, souffla-t-elle à mon oreille. On fera tout ce qui en notre pouvoir pour t'aider, je te le jure.

Incapable de répondre, je hochai la tête contre son épaule, et me dégageais de son étreinte avec un sourire ému. Son regard tomba sur mes poignets, et je cru qu'elle observait les cicatrices que m'avait laissé ma mésaventure face à Kamila. Mais ce fut d'une voix réjouie qu'elle s'exclama :

-Oh je savais que cette montre te siérait à ravir ! Vraiment un excellent choix, moi qui pensais que Simon avait hérité de mes goûts douteux ...

-Moi aussi je suis ravi de te voir, maman.

-Oh ne te vexe pas mon chéri. Promis je laisserais Victoria choisir la tienne pour ton anniversaire.

-C'est vrai ? me réjouis-je pendant que Simon blêmissait.

-La, je suis vexé.

Susan planta son coude dans les côtes de son frère pour le faire taire et Rose observa ses enfants, un air attendri sur le visage. Mais je ne pus m'empêcher de remarquer que son regard était drôlement alerte, comme si elle se tenait prête à ce qu'un malheur s'abatte sur nous d'une seconde à l'autre. Rose Bones était l'une des rares personnes à avoir senti la résurgence de Voldemort durant l'année écoulée : il ne faisait aucun doute pour moi qu'elle ne suivrait pas le dogme du Ministère. Son regard glissa sur moi, et les doutes dans ses yeux furent effacés par son sourire.

-Le professeur Chourave m'a envoyé une lettre pour m'expliquer ce qu'il s'était passé pour toi cette année. Tu sais que tu peux toujours compter sur nous, Victoria ? Bien, soupira-t-elle lorsque j'opinais du chef. Et j'ai pensé que tu voudrais sans doute passer ton permis de transplanage, il y a une session de passage en août, tu veux que je t'y inscrive ?

-Je vous dirais, mais ... merci, Rose.

-Tu ferais mieux de le passer, m'enjoignit Emily. Tu y étais aux dernières séances, ça va aller. Bon, je vais y aller, mes parents m'attendent ...

J'observais mon amie, et fut rassurée de voir un léger sourire flotter sur ses lèvres. Quoiqu'ils se soient dits avec Roger, ça lui avait du bien. Après un instant de gêne, nous nous enlaçâmes longuement.

-Ecris-moi, lui demandai-je en m'écartant pour la prendre à bout de bras. Et n'hésite pas à venir.

-Toi non plus.

Elle étreignit ensuite Simon, ébouriffa les tresses de Susan et s'en fut en un dernier signe de main. Rose me prit par le bras, et un sourire effleura ses lèvres.

-A notre tour d'y aller, mais avant j'ai quelque chose à récupérer de l'autre côté de la barrière alors il va falloir porter vos bagages ...

-Tu ne peux pas les envoyer à la maison ? gémit Susan en saisissant sa malle.

Rose darda sur elle un regard sévère, et sa fille traina sa malle sans piper mot. Avec un dernier regard mélancolique pour le Poudlard Express et le quai à présent désert de la voie 9¾, je suivis les Bones, et passai la barrière, quittant le monde magique pour retrouver le monde moldus. Les deux espaces étaient superposés, mais ils ne pouvaient pas être plus différents, que ce soit dans l'ambiance ou dans le décors. Je promenais un regard nostalgique sur les trains modernes des quais 9 et 10 lorsque je reçus un coup de coude de Simon.

-Aïe ! Tu vois que tu me tapes aussi !

-Ouvre tes yeux, crevette !

-Crevette toi-même !

-Vous allez changer d'insulte, un jour ?

La voix me figea sur place, mais agréablement, cette fois. Au bout des quais 9 et 10 se tenait dans toute sa splendeur Alexandre. Il était vêtu de son habituel veste en cuire mais avait pris soin de coiffer ses cheveux bruns, et de passer une chemise à carreau. Il me fixait, les mains dans les poches, son habituel sourire insolent aux lèvres.

-Salut Tory.

Ce surnom que je n'avais plus entendu depuis dix mois me sauta aux oreilles. Sans réfléchir à ce que je faisais, je lâchais mes sac et valises, et courus à en perdre haleine jusque mon frère. Il plia les genoux et ouvrit les bras pour me réceptionner, un immense sourire au lèvres et lorsque je me jetais sur lui, il me souleva comme si je ne pesais rien et me fit tournoyer dans le hall de gare avec un grand éclat de rire. Je me pressai contre lui, enfouissant mon visage dans son cou en réprimant les larmes qui me venaient aux yeux.

Seigneur Alex, comme tu m'as maqué.

-Ah bon sang tu m'as manqué Tory, me souffla en écho Alexandre, me maintenant contre lui à quelques centimètre du sol. C'était trop long dix mois sans te voir ...

-Je sais ... je suis désolée ...

L'image de Cédric, pour qui j'étais resté à Poudlard à chaque vacance, s'imposa dans mon esprit et m'arracha une larme qui alla se perdre dans le cou d'Alexandre. Il m'en serra que plus contre lui, humant mes cheveux à plein poumon. Lui sentait le vieux cuire, et l'huile de moteur qu'il tentait de cacher derrière du parfum. Un odeur familière qui détendit mes muscles jusqu'au que je devienne complétement flasque et étourdie dans les bras d'Alexandre. Il finit par me lâcher avec douceur, mais je restais dans ses bras encore quelques instants, me refusant à couper le contact.

-Gardes tes câlins pour d'autres gens, plaisanta Alexandre en le visage d'une pression sous le menton. Papa et maman t'attendent à la maison, et ils ont fait le plein de chocolat.

-Tu restes un peu ? m'enquis-je avec espoir.

-Quelques jours, et après je te ferais visiter mon appart' !

-Ah oui c'est vrai que tu m'abandonnes.

Pour toute réponse, Alexandre me frappa à l'arrière de la tête et je poussai un cri de surprise qui dû ravir Simon.

-Hey, Tory ! Grâce à moi et mes efforts prodigieux la maison est enfin en paix alors tu profites et tu la fermes ! Et dépêche-toi aussi parce que je me suis mal garé devant la gare, je n'ai pas envie de me prendre un PV par ta faute. Elles sont où tes valises ?

Me frottant toujours la tête à l'endroit où il m'avait frappé, je désignai les Bones du menton, aux pieds desquels j'avais abandonné mes bagages. Le visage d'Alexandre se fendit d'un grand sourire et il s'avança à grande enjambée.

-Ça alors Simon ! Je rêve où tu as grandi ?

Ça se voyait à peine car Alexandre approchait le mètre quatre-vingt-dix quand Simon ne dépassait pas les un mètre soixante-dix, mais je compris en voyant mon frère plonger Simon dans une étreinte d'ours qu'il avait raison. Simon avait grandi. Seigneur c'en était un de scoop. Alexandre souleva ensuite Susan, et ce fut avec elle dans les bras qu'il prit ma valise et revint vers moi, sous l'œil ému de Rose. J'adressai à celle-ci un « merci » silencieux, devinant qu'elle était derrière la venue d'Alexandre, et elle passa un bras derrière mes épaules pour plaquer un baiser dans mes cheveux. Mon frère prit la tête de notre troupe, sans lâcher Susan qui éclata de rire, me lançant par dessus son épaule :

-Allez viens, Tory ! On rentre à la maison.

Un sourire retroussa mes lèvres. Oui, je rentrais à la maison, retrouver mon autre vie. Car la vie, malgré les pertes et les embuches, continuait son cours assassin, avant qu'on ne redevienne qu'ombre et poussière.

Mais avant de retourner à la poussière, je me battrais. 


Fin de la partie 1 


BIEN bébé bilan : j'espère que la partie 1 vous a plu ! En commençant à poster j'ai eu du mal à trouver mon rythme et j'ai eu vraiment peur qu'elle plaise moins que Lucy ... C'est pas franchement le même ton ahah. 

Du coup je profite de la fin pour vous demander globalement ce que vous en avez pensé, et surtout qu'est-ce que vous attendez pour la partie 2 qui se passera lors du tome 5 !

La partie 2 est écrite à hauteur de 16 chapitres (+ un petit chapitre de transition qui sera posté dans deux semaines, j'ai assez d'avance, je pourrais le faire). En gros là je suis au moment où les Mangemorts sont échappés, donc si y'a des passages à partir de là qui vous semble obliger et auxquels je n'aurais pas pensé, dites le moi !

AH ET DERNIERE QUESTION : vous préférez que je crée une "nouvelle histoire" pour la partie 2, ou on reste sur celle-là?

Voilà, j'espère que tout vous a plu, merci d'avoir suivi la partie 1, et on se retrouve bientôt pour la partie 2 - et la guerre. 

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