I - Chapitre 23 : Une corneille venant de la gauche
Bonjour Bonjour !
J'espère que vous allez bien, que les vacances font du bien et que pour ceux qui ont eu des examens ils ont été réussis !
On s'approche doucement de la fin de la première partie, après ça il ne restera que trois chapitres. Je ferais sans doute un bébé-bilan pour savoir comment vous avez perçu la fanfiction, s'il y a des choses à améliorer ou à changer - je dis ça notamment ici parce que le nombre de votes va décroissant et j'aurais voulu savoir si c'était parce que vous aimiez moins ou si vous aviez moins le temps ! (j'ai aucun problème avec les deux, c'est juste pour évaluer :) )
Pour le titre du chapitre : j'ai étudié un texte de latin au lycée (j'adorais le latin, ne jugez pas) où il était dit que voir une corneille venir de la gauche était mauvais présage, alors j'ai utilisé l'idée pour le titre !
Voilà bonne lecture !
Chapitre 23 : Une corneille venant de la gauche.
-Branchi-quoi ?
Simon fixait Hermione Granger avec une expression d'incrédulité qui me fit doucement rire. Emily était la seule assez professionnelle pour garder le visage impassible. Hermione haussa les épaules. Elle ne nous regardait pas, fouineurs que nous étions, et continuait sa tâche qu'était prendre le plus de livres que ses bras et son sac étaient capables de contenir.
-Branchiflore, répéta-t-elle avec une certaine impatience. C'est une plante aquatique qui permet, quand on la prépare bien, de faire pousser des bronches. Vous deviez plus vous intéresser à la botanique. Votre directrice de Maison en est la professeure, non ?
Mais ses joues rosirent, si bien que je me demandais si c'était réellement en s'intéressant à la Botanique qu'ils avaient trouvé cette solution pour Harry concernant la seconde tâche.
-Ingénieux, souffla Emily, visiblement bluffée. Je ne suis pas mauvaise en Botanique, j'aurais pu y penser ... Mais on a tendance à croire que ce Tournoi se réduit à la baguette, quelle arrogance ...
-Ta directrice de Maison est professeur de Métamorphose, répliqua Simon à l'adresse d'Hermione. Est-ce que ça fait de toi une bonne élève en métamorphose ?
-Je suis excellente en métamorphose, rétorqua Hermione, les joues vivement colorées. Et si je n'avais pas autant de livres à porter, je te le prouverais bien.
-Ne te prive pas, lui dis-je précipitamment avec un sourire. Tu veux que je te porte tes livres ?
Simon me jeta un regard torve. Hermione fit volte-face pour prendre un nouveau grimoire sur l'autre étagère, et je me tordis le cou pour en lire le titre.
-Affronter l'ennemi sans visage, lus-je tout haut. C'est pour Harry ?
-Je ne pense pas que ça te regarde ...
-Peut-être qu'elle cherche juste un sortilège à jeter à Simon, plaisanta Emily, avant d'ajouter gravement : maintenant que j'y pense, on devrait songer aux plantes pour la seconde tâche. Chourave peut-être retorse quelques fois : imagine qu'elle mette un filet du diable dans le labyrinthe ?
-Hey ! protesta Simon en pointant du doigt une Hermione qui avait ouvert de grand yeux intéressés. Ne parle pas de stratégie devant la meilleure amie du concurrent de Cédric !
-Simon, t'es un bébé.
Qui, tout bébé qu'il était, me tira la langue d'un air puérile. Hermione fusilla Simon du regard, avant qu'un sourire suffisant de fende son visage.
-Ne t'en fais pas, Harry connaît déjà le filet du diable, on y a été confronté en première année. Et il sait adroitement s'en défaire. Je ne pense ce soit le cas de Cédric, non ?
Là dessus, et devant l'air hébété de Simon, elle fit prestement volte-face et sortit des rayonnages. Un sourire approbateur retroussa mes lèvres. J'aimais de plus en plus cette fille.
-Tu crois que c'est vrai ? s'enquit Simon à l'adresse d'Emily.
-Potter a tué le monstre de la chambre des Secrets avec l'épée de Godric Gryffondor, répliquai-je avant qu'Emily n'ait pu ouvrir la bouche. Alors un pauvre filet du diable ...
-Et un pauvre labyrinthe, ajouta Emily avec un soupir de défaite. On a intérêt à bien préparer Cédric.
-Et qu'il se laisse préparer, surtout, enchérit Simon. Je vous rappelle qu'un « champion doit réussir seul ».
-Potter a l'air vachement seul, ironisa Emily qui s'était avancée sur le bord du rayon. Regardez.
Nous nous massâmes autour d'elle pour constater que Hermione avait posé sa pile de livre sur une table qu'occupait Harry Potter et Ronald Weasley. Si ce dernier avait l'air là plus pour parler qu'aider, le champion de Gryffondor notait contentieusement chaque sortilège qu'Hermione lui dictait. Mon regard glissa sur la droite, où notre propre champion était seul à sa table, accoudé face un manuel de défense contre les magies noires.
-Harry est plus jeune, plaidai-je devant le nez froncé d'Emily.
-Hum. Ça se voit au classement. Ah par la barbe de Merlin, si seulement Cédric nous écoutait un peu ...
-Peut-être qu'il écoutera Cho, proposai-je en me souvenant de notre conversation dans le vestiaire. On devrait lui souffler toutes nos idées pour qu'elle lui en parle.
Emily et Simon inclinèrent la tête en un parfait ensemble, comme pour me concéder ce point. Cédric prenait des notes sur son parchemin avec une certaine frénésie, mais je fus presque ravie de voir Cho passer la porte de la bibliothèque. Le visage de Cédric s'éclaira quand elle l'embrassa sur le sommet du crâne avant de s'asseoir face à ses côtés. Intriguée, j'observai la réaction de Harry Potter, et je vis parfaitement la petite œillade furtive qu'il leur lança, avant de bouger sa chaise pour leur tourner résolument le dos, secouant la tête comme agacé.
-Mais de quel droit elle bouge mon sac, elle ? s'indigna Emily, alors que Cho écartait effectivement son sac de la chaise pour pouvoir s'y installer.
-Les sacs ne sont pas faits pour être sur des chaises, fit remarquer Simon avec un sourire goguenard. Alors en soit, elle est dans son droit ...
Emily le frappa sèchement sur le bras, avant de s'en retourner vers les rayonnages, bougon.
-Allez, venez. On avait une mission avant que Simon ne se jette sur cette pauvre Hélène ...
-Hermione, rectifiai-je machinalement en la suivant. On ne devrait pas aller voir les plantes dangereuses, du coup ?
Emily me pointa de ses deux index avec un grand sourire, me confirmant que j'étais sur la bonne voie, et nous abandonnâmes Simon qui s'occupait des maléfices. Au rayon Botanique, nous sélectionnâmes quatre livres, et je passai sur les étagères des Soins aux créatures magiques pour en prendre deux supplémentaires. Cédric parut effaré par la pile qui se forma devant lui.
-Dites, vous, nous interpella-t-il en pointant sur nous une plume à la pointe menaçante. Je n'ai pas dit que je devrais me débrouiller seul ?
-On ne t'aide pas, répondis-je avec un adorable sourire. On prend des livres pour notre culture générale. Après libre à toi de nous les emprunter ou non.
-D'ailleurs, je te donne celui-ci tout de suite, renchérit Simon en lui tendant un manuel de sortilège avancé. Je me suis rendu compte que je l'avais déjà lu.
-Vous êtes pas croyables.
Mais un sourire avait retroussé la commissure de ses lèvres, et il prit le livre que lui tendait Simon. Cho eut un sourire approbateur quand il l'ouvrit, et j'en profitai pour lui chuchoter :
-Tant qu'on y est ... Dis-lui de jeter un œil aux manuels de botanique. Qu'il sache comment se sortir d'un filet du diable.
-Je suis déjà en train de l'obliger à accepter la liste des créatures préférées de Hagrid que votre Batteur lui a fait, dit Cho en un murmure agacé. C'est une véritable tête de mule.
-Fais lui tourner la tête, alors.
Les joues de Cho rougirent, et un sourire embarrassé s'étala sur ses lèvres. Elle hocha doucement la tête, avant de se replonger dans ses révisions de sortilèges. Emily revint du bureau de Mrs. Pince où elle avait emprunté les livres de Botanique qu'elle ajouta à la pile, provoquant le profond soupir de Cédric.
-Si vous voulez vraiment m'aider, il me faudrait un cobaye pour les maléfices ...
-Vicky.
-Simon.
Face à notre proposition simultanée, nous échangeâmes un regard, et Emily partit d'un petit rire en tapant dans le dos de Simon.
-Si vous vous proposez, je suis ravie d'éviter cette peine ...
-Pourtant j'étais ravi de pouvoir utiliser le sortilège d'entrave sur toi, fit Cédric, la fixait d'un air charmeur à travers ses cils.
Emily plissa les yeux, avant de soupirer face au regard prolonger de Cédric.
-Très bien. J'ai promis de t'aider alors ...
-Merveilleux, tentai-je de me réjouir. On peut commencer quand j'aurais fini de recopier mon devoir d'Histoire ?
-Prends ton temps, me rassura Cédric, avant de consulter le premier rouleau de parchemin que je venais de sortir. Tu as déjà recopié tout ça ?
-Et encore, si j'ai bien évalué d'après mes notes ... (Je consultai mes nombreux morceaux de parchemins, parfois à moitié déchirés, parcourues de ma petite écriture de pâte de mouche) je pense que je devrais arriver à trois ou quatre rouleaux.
-Quatre rouleaux ? se récria Cho en levant des yeux incrédules sur moi. Mais tu n'auras plus de main après ça !
Je haussai les épaules, et pris mon plan pour commencer un nouveau rouleau. L'autre passa de main en main, mais j'abandonnais son chemin pour rester sur mon devoir. J'avais une semaine pour achever de le rédiger, et ça mettait effectivement ma main au supplice. J'avais interrogé une seconde fois Kamila pendant les vacances pour avoir quelques détails sur Grindelwald et avait commandé à Mrs. Pince un livre moldu pour avoir le point de vue de l'autre côté de la médaille. Nous n'étions que deux à continuer l'Histoire de la Magie, moi et Octavia McLairds. Binns était toujours si ennuyeux, et toujours si peu attentif à ce que faisait ses élèves – quand bien même elles n'étaient que deux. Alors Octavia et moi en avions profité pour avancer, et rédiger nos devoirs. Mais en trois cours je n'avais réussis qu'à recopier un rouleau, alors j'avais constaté que les heures d'Histoire ne seraient pas suffisantes. Alors j'avançais sur mon temps de révision.
La porte de la bibliothèque claqua, et je levai la tête pour voir entrer Krum et Kamila, discutant à voix basse. Si la polonaise m'adressa un grand sourire quand elle passa à côté de nous, Krum se renfrogna et jeta un regard noir en direction de la table de Harry. Sans un mot, il s'engouffra dans les rayonnages.
-Hey ben, souffla Simon avant de lever les yeux sur Kamila. Ça le rend nerveux la troisième tâche ?
-Non mais je te jure, marmonna Kamila en lorgnant sombrement Simon. Tu crois vraiment que je vais te donner des infos sur mon champion ? Qu'est-ce que tu lis ?
-Heey ! protesta Simon en maintenant le parchemin hors de sa portée. Tu crois qu'on va te donner des infos sur notre champion ?
-C'est mon devoir d'Histoire de la Magie ça Simon.
De toute manière, Kamila n'avait pas besoin de moi pour arracher le morceau de parchemin aux mains de Simon : elle était si vive qu'il eut à peine le temps de la voir arriver qu'elle tenait déjà mon devoir entre ses doigts, un léger sourire aux lèvres.
-Vraiment ? s'enquit-t-elle avec amusement en me jetant un bref regard. J'espère que mon nom est cité ...
-Il le sera à la fin, dans mes sources, promis-je en trempant ma plume dans l'encre. Tu peux lire le début si tu veux, voir si je retransmets bien.
-Je te fais confiance, assura-t-elle en rendant le parchemin à Simon. Tu avais l'air très professionnelle.
-Tu es sûr pour l'orthographe de la ville ? s'enquit Simon, qui avait poursuivi sa lecture. Comment ça se prononce, Gdansk ? Et pourquoi elle a deux noms ? Danzing ?
-Das Vidania, prononce ça bien, râla Kamila avant d'articuler : Dantzig. C'est le nom Allemand de Gdansk.
-Tu n'as jamais entendu parlé du couloir de Dantzig ? ajoutai-je distraitement, fouillant dans mes nombreuses notes. C'est la lande de terre qui coupait l'Allemagne en deux, dans l'entre-deux-guerres. Les Allemands n'ont jamais accepté cette frontière, et c'est les premiers territoires que Hitler a envahis en 1939. Mais je ne m'attends pas à ce que vous y compreniez quelque chose, marmonnai-je en remarquant que tous, même Kamila, levait sur moi un regard hébété.
Ce qui était complétement contre-intuitif pour moi, qui m'appelait Victoria parce que j'étais née un 8 mai, jour saint de l'Armistice en occident. Avec mon grand-père paternel qui avait été combattre en France, et mon grand-père maternel qui avait fui la conscription dans l'armée Allemande une fois la Pologne envahie, j'avais été baignée dans la mémoire de la guerre. La seule chose qui n'avait pas été racontée avait été l'histoire de ma grand-mère Jaga, internée à Auschwitz pendant quelques mois. Elle n'avait jamais pipé le moindre mot sur cette période, comme si garder le silence pouvait refermer la blessure qu'avait causé son passage dans le plus gros centre de mise à mort.
-Moi la seule chose que je sais de cette guerre, c'est que l'Ancien a douillé en Normandie et qu'en rentrant, il a vu deux femmes se battre pour un rognon de cheval.
Je me figeai un instant en entendant la voix de Simon, avant qu'une autre ne se superpose à la sienne et me fit éclater de rire, si fort et si soudainement que Mrs. Pince me jeta un regard mauvais par dessus ses lunettes.
-Et que sa femme était forcée de faire des queues pendant des heures pour avoir une miche de pain, ajoutai-je en imitant la voix de l'Ancien, un vieil homme qui avait passé les quatre-vingt-dix ans, et qui ne manquait jamais dès qu'il nous croisait de nous faire part d'une anecdote sur ses années de guerre. Alors vous les jeunes vous avez intérêt à profiter de ce que vous avez, parce que moi j'ai connu l'Angleterre qui n'avait rien !
-Sa tête quand Alex lui a dit qu'il n'irait jamais se battre en Irak, se souvint Simon, un immense sourire aux lèvres. « Quand les drapeaux t'appellent, tu dois y aller mon petit ! Moi j'ai saigné pour Saint George et défendre mon pays de la merde fasciste, alors à toi tour de nous débarrasser de la merde arabe ! ».
-Tout en délicatesse, me rappelai-je avec un certain déplaisir.
Je n'avais pas aimé les mots de l'Ancien, mélange d'amalgame et de haine construite par la guerre qui menait à la déshumanisation de celui qui était à l'autre bout de son arme. Et je n'avais pas d'avantage aimé, lorsque l'Angleterre s'était rangée aux côtés des Etats-Unis pour entrer dans la guerre du Golf, qu'il incite mon frère à s'engager dans l'armée, songeant qu'un gamin sans avenir comme lui ne pouvait trouver plus grande fierté que d'aller combattre sous les drapeaux à l'autre bout du monde. Mais c'était le seul homme vivant à Terre-en-Lande qui avait combattu lors des deux conflits mondiaux – notre dernier poilu. Alors il en gagnait une certaine notoriété qui en faisait la voix incontournable du village.
-L'Angleterre moldue a vraiment fait la guerre en Irak ? se troubla Emily. Je veux dire ... l'Irak c'est loin, qu'est-ce qu'ils iraient faire là-bas ?
-Sadam Hussein avait envahi le Koweït, expliquai-je succinctement. Et il y a du pétrole au Koweït, et comme la société moldue d'aujourd'hui en est peu ou proue dépendante ... Par Merlin, si je devais vous expliquer la poudrière qu'est le Moyen-Orient ...
-Ne te donne pas cette peine, continue ton devoir, me dit précipitamment Emily en levant les mains.
Je lui jetai un regard agacé, avant de me replonger dans mes notes. Kamila nous quitta pour aider Krum, et Cédric murmurait silencieusement les formules apprises. Lorsque la cloche sonna, annonçant notre cours de Botanique, j'avais réussi à recopier une cinquantaine de centimètre, et j'avais découvert Simon profondément happé par le premier rouleau, les sourcils froncé au dessus de son nez. Je le récupérai discrètement, provoquant son regard noir à mon égard.
-Mais !
-La récréation est finie, retourne jouer en classe.
-Je n'ai pas fini de lire ...
-Mon sujet t'intéresse ?
Les yeux de Simon roulèrent dans ses orbites, et il rangea ses affaires en maugréant. Cédric, Emily et Cho se tenaient devant le bureau de Mrs. Prince, et je fus rassurée de voir qu'ils empruntaient quelques livres que l'on avait sélectionnés. Je m'apprêtai à les rejoindre quand Simon me prit par le bras et m'indiqua du menton la sortie. Intriguée par sa mine sérieuse, je le suivis docilement dans les couloirs, où il sortit une lettre de sa poche.
-Ma mère m'a envoyé ça ce matin, expliqua-t-il alors que contemplait le parchemin, perplexe. Je me suis dis que ça pouvait t'intéresser.
Je parcourus la lettre, sourcils froncés, tout en poursuivant mon chemin jusqu'aux serres. Les premiers mots étaient anodins, des nouvelles de ses parents, de sa tante Amelia qui pestait contre la passivité de Fudge. La suite sur Amelia Bones fut plus croustillante :
« Elle l'accuse, lui et cet inconscient de Verpey, de ne rien avoir fait pour retrouver Bertha Jorkins. Par Merlin, j'admets volontiers que cette histoire m'inquiète, il y a des mois que Verpey aurait dû envoyer des gens la chercher ... La première escouade de recherche est revenue bredouille, ils ont perdu sa trace dans une auberge d'Albanie. L'Albanie, par Merlin, même le plus infini des idiots pourrait faire le lien – ça te donne une idée des compétences de Fudge ...
D'ailleurs, tu m'as dis dans ta dernière lettre que tu t'inquiétais de la santé de Croupton, et de ne plus le voir aux tâches. Le Ministère ne veut pas que ça s'ébruite, mais en tant que mère je ne préfère pas te le cacher – par Merlin ne dis rien à ton père, il veut vous préserver. Effectivement pendant des semaines nous n'avions eu aucune nouvelle. Je suis moi-même allée le voir chez lui – nous nous étions quittés au Département de la Justice en de mauvais termes, mais j'ai toujours respecté l'immense sorcier qu'il était. Je n'ai trouvé aucune réponse ... Et je ne pouvais pas compter sur son assistant, ce benêt arrogant, trop content d'avoir la charge du département à lui seul ... Et voilà quelques jours que Fudge nous annonce à Amelia et moi qu'il a carrément disparu ! Disparu, rien que ça, comme Bertha ! Fudge n'a rien voulu nous dire de plus, même pas les circonstances de sa disparition. Il a simplement demandé à Amelia de lui fournir quelques Aurors de grande discrétion pour le retrouver ...
Si je te raconte tout ça, c'est que la situation m'inquiète. Je me ne suis plus trouvée dans une situation de telle fébrilité depuis quatorze ans ... Je préfère te prévenir pour que tu sois sur tes gardes : Poudlard n'est pas épargné. Le nom de Harry Potter dans la coupe, Dumbledore qui sort Maugrey de sa retraite et bien sûr la présence de Karkaroff ... Je ne suis pas sereine, je préfère que tu saches ce qu'il en est pour agir en conséquence. Ne fais pas de folie, respecte le couvre-feu, et ne te mets pas dans des situations trop compliquées. Garde un œil sur ta sœur – et sur Victoria aussi. Je ne veux pas t'inquiéter inutilement, peut-être que ce n'est rien. Mais en attendant, je préfère que vous soyez prudent.
-Whao.
Simon hocha sinistrement la tête. Nous traversions à présent le parc en direction des serres, et j'avais été si profondément plongée dans la lecture de la lettre que Simon m'avait guidé à travers les couloirs, les mains sur les épaules pour me faire pivoter et éviter les obstacles. Je me dégageai à présent et baissai la lettre pour lever des yeux éberlués vers lui.
-Si même ta mère, qui en plus d'être une sorcière brillante, est haut placée au Ministère, sent que quelque chose cloche ... C'est que quelque chose cloche ?
-Oui, je pense qu'on peut effectivement officiellement dire que quelque chose cloche, confirma Simon. Ma mère ne m'aurait pas dit tout ça si elle n'était pas réellement inquiète pour notre sécurité. Et maintenant que je lis le début de lettre, je comprends mieux ...
-Par rapport à l'Albanie ? compris-je en relisant la phrase qui m'avait aussi interloquée. « Même le plus infini des idiots pourrait faire le lien ». Quel lien ?
Simon passa une main troublée dans ses cheveux, visiblement embarrassé. Comme nous étions parvenus aux serres, il m'entraina à l'arrière de l'une d'entre elle, pour être à l'abri des regards et des oreilles. Tant de précautions m'intriguèrent autant qu'elles m'inquiétèrent : de quoi s'agissait-il cette fois ?
-Bien, entonna Simon d'une voix prudente. Je ne sais pas si on t'a déjà parlé de la façon dont Tu-Sais-Qui a disparu ...
-Tu-Sais-Qui ? répétai-je d'une voix qui monta dans les aigus.
-Chut ! Tu comprendras après ... Comment on t'a raconté sa disparition ?
Malgré la soudaine peur qui me serrait le ventre, je fouillais mes souvenirs. C'était Caroline, la sœur ainée de Simon qui m'avait pour la première fois parlé de Tu-Sais-Qui, chez les Bones l'été où j'avais reçu ma lettre. Un mage noir qui en avait après les gens comme moi, l'avait-elle décrit, avant de préciser qu'il avait tué il y avait quelques années par un certain Harry Potter. Et je me souvenais parfaitement de la réaction de sa mère Rose, qui était présente à superviser le récit de sa fille :
-Pas tué, avait-elle rectifié avec amertume. Détruit. C'est ce que disent les Mangemorts, et c'est ce que dit Dumbledore. Il n'est pas mort : il a été détruit.
Puis, voyant mon air confus et effrayé, elle m'avait gratifié d'un sourire rassurant.
-Mais ne t'en fait pas. Un fantôme n'a pas de pouvoir : tu n'as rien à craindre. Il ne te fera jamais de mal, à présent.
-Il n'est pas mort, réalisai-je alors, revenant au présent avec l'impression d'avoir gardé un peu de la petite fille craintive. C'est ... un fantôme.
-Un fantôme dont les pouvoirs ont été détruits, confirma Simon avec gravité. Evidemment par abus de langage, on dit qu'il est mort et les gens ont fini par vraiment le croire ... Mais c'est faux. Son esprit vit toujours, et si on en croit les sources de ma mère il se serait réfugié ...
-En Albanie.
C'était d'une si glaçante logique que j'en restai bouche-bée. A présent, tout les signes qui semblaient venir de nul part se concentraient autour de l'unique image que j'avais du mage-noir – la Marque des Ténèbres, qui avait brûlé au dessus de la finale de Coupe du Monde de Quidditch en début d'année.
-Seigneur oui, soufflai-je, incrédule. Seul un idiot finit ne pourrait pas faire le lien ... La Marque, Bertha qui disparaît en Albanie, l'un de ses anciens fidèle à Poudlard, celui qui l'a détruit plongé dans un dangereux Tournoi ... C'est lui le lien ?
Simon poussa un profond soupir, comme pour évacuer la tension, et s'adossa à la serre.
-Oui, Vicky. Je pense que c'est lui.
***
On aurait pu essayer d'en parler à Cédric et Emily, mais Simon avait avoué, agacé, qu'il avait tenté d'en toucher un mot à Cédric sans que celui-ci ne le prenne réellement en sérieux. Quant à Emily, elle croyait dur comme fer que Tu-Sais-Qui était mort, mort depuis que son sort avait ricoché comme par magie sur Harry Potter. Alors j'avais voulu en parler à Harry lui-même : après tout, si son nom avait été mis dans la Coupe de Feu, Tu-Sais-Qui pouvait possiblement y être pour quelque chose. Mais là encore, Simon semblait certain que Harry était d'ors et déjà au courant, ne serait-ce que par Dumbledore, qui ne l'aurait pas laissé parcourir sans lui révéler les tenants et les aboutissants. Il avait conclu en disant que la seule chose que l'on pourrait faire c'était se protéger les uns les autres en attendant que Dumbledore dénoue cette intrigue, puisqu'on ne pouvait compter sur le Ministère pour le faire. Et ce fut sans doute dans cette optique qu'il resta avec moi à la bibliothèque le soir venu, lisant le début de mon devoir d'Histoire de la Magie pendant que je recopiais le reste.
L'unique autre personne au courant de nos suspicions était Susan, à qui Simon avait également montré la lettre pour qu'elle soit sur ses gardes. Susan n'était pas du genre à se balader seule dans les couloirs – bien que quelques fois, elle jouait à cache-cache dans Poudlard pour éviter Sullivan Fawley, qui depuis le bal où il avait été son cavalier semblait fou d'elle.
-Je te jure c'est atroce, gémit-t-elle un midi, deux semaines avant la troisième tâche. Parfois il m'attend même à la fin de mes cours ! Je me cache derrière Ernie et à la première opportunité je file dans les couloirs !
-Oui bah là viens plutôt me voir à la bibliothèque, répondis-je en tournant une page de mon manuel de métamorphose. On révisera ensemble.
-Vendu. Tout, sauf passer ne serait-ce qu'une minute avec lui. Par Merlin, tu verrais le poème qu'il m'a envoyé pour la Saint-Valentin ! Plus gênant, tu meurs ... Zacharias Smith a lu par dessus mon épaule, il s'est moqué de moi pendant des mois après ça ...
-Hey Susie. L'unique avantage à ce qu'il n'y ait pas de Quidditch cette année c'est que je ne suis pas obligée de fréquenter Smith alors ne viens pas le mettre dans cette conversation.
Susan eut un sourire tenu. Je la plaignais d'être dans la classe de Smith, un garçon arrogant et imbu de lui-même, mais malheureusement notre meilleur Poursuiveur. Si en plus de cela Sullivan Fawley la suivait partout ...
-Sinon demande à Simon d'aller lui « parler », proposai-je avec un sourire mutin. Je suis sûre qu'après ça tu serais tranquille.
-J'aimerais avoir à m'en sortir sans avoir recours à la baguette, soupira-t-elle en posant sa joue contre son poing. Et quand bien même ce serait nécessaire, je ne demanderais pas à Simon. Je suis une grande fille qui jette de corrects sortilèges de Chauve-Furie. Et Simon est déjà bien trop protecteur – surtout depuis la lettre de maman, lui aussi je suis sur le point d'essayer de le fuir.
-Si tu veux qu'il soit pire, je t'en prie ...
Susan grimaça et elle tourbillonna sa fourchette dans ses pommes-de-terre. Je refermais mon manuel pour à mon tour m'attaquer à mon assiette, et ce faisant mon regard se promena sur la Grande Salle. A la table des professeurs, Dumbledore était en grande discussion avec Madame Maxime, et les yeux de Karkaroff sautaient d'un élève à un autre en ne s'attardant qu'une demi-seconde. Fleur Delacour riait avec Roger Davies à gorge déployée : visiblement, la troisième tâche ne la traumatisait pas outre mesure. Puis mes yeux furent irrémédiablement attirés par la table des Serpentards. Miles était assis en bout de table avec la petite-amie de Roger Davies, Camilla Farley – l'une des rares personnes qu'il appréciait réellement dans sa Maison. Il dut sentir mon regard sur lui car il leva les yeux sur moi. Nous échangeâmes un sourire furtif avant que je ne reporte mon attention sur mon assiette. Avec les révisions et la préparation de Cédric à sa tâche, nous nous voyions moins, et par dessus tout, nous évitions soigneusement de parler de ce qui s'était passé dans la forêt. Après des débuts idylliques, j'avais l'impression que la réalité me heurtait de plein fouet, de façon brusque et inattendue.
-Tu comptes en parler à Cédric un jour ?
Je levai les yeux vers Susan, qui me fixait un léger sourire aux lèvres. Devant mon regard perplexe, elle fit un vague mouvement de tête pour désigner les tables derrière elle, et je compris qu'elle parlait de Miles.
-Un jour, éludai-je vaguement. Tu peux me passer les pâtes ?
-Mais tu ne devais pas lui parler après qu'il ait su la troisième tâche ? me rappela-t-elle en me tendant le plat.
Je poussai un grognement qui était tout, sauf une réponse.
-Cédric t'aime beaucoup, plaida Susan avec douceur. Si tu lui expliques, il l'acceptera ...
-J'ai tenté de lui expliquer quand Miles et moi étions amis, et il n'a jamais vraiment accepté. Alors maintenant que c'est plus ...
-Je ne dis pas que ce sera du jour au lendemain. Mais laisse-lui le temps, disons ... jusqu'au mariage ?
Je m'esclaffai doucement devant l'air malicieux de Susan. Effectivement, il faudrait ce laps de temps pour que Cédric comprenne.
-Nouveau plan, dis-je en me servant un verre de jus de citrouille. J'attends la fin du Tournoi que la pression redescende, et je lui dis sur le quai de gare avant les vacances pour qu'il digère ça pendant l'été. Qu'est-ce que tu en dis ?
-Qu'il t'en voudra de ne pas l'avoir prévenu plus tôt, rétorqua Susan. Après tout Emily, Simon et moi sommes au courant, et depuis presque le début. Il ne comprendra pas qu'il le sache après nous – surtout Simon, tu es d'accord que ce n'est pas logique ?
Sauf que je n'ai rien dit à Simon, rageai-je en noyant ma frustration dans une gorgée de jus de citrouille. Sale petit fouineur.
-Peut-être mais Simon est d'un étonnant mutisme quant à Miles, fis-je remarquer. Je n'avais pas été aussi tendre quand il a commencé à sortir avec Octavia ...
-Etonnant, je ne sais pas, évalua Susan en me dévisageant. Simon est très mal à l'aise quand il s'agit de parler d'amour et de sentiment. Et surtout d'une grande maladresse. Alors souvent il préfère simplement ... ne rien dire.
Je haussai les épaules, mais je ne pus m'empêcher de remarquer que le regard de Susan s'attardait sur moi, comme songeur. Quand je dressai les sourcils pour l'interroger, elle se fendit d'un sourire.
-Je suis vraiment contente que tu aies trouvé quelqu'un. Tu le mérites vraiment, même si tu ne veux pas le croire ...
-Je ne sais pas vraiment si le mot « mériter » est approprié, mais je suis contente quand même.
-Alors si tu es contente, Cédric peut aller se faire voir. C'est ce que tu ressens qui importe. Si c'est ton ami, il fera avec. Simplement, ne fais pas pire que mieux en lui annonçant qu'il le sait un mois après les autres – là il pourra t'en vouloir et il aura en partie raison.
Je contemplai mon amie, un air à la fois dépité et amusé peint sur le visage. Susan avait rassemblé ses cheveux en son habituelle natte qui pendait sur son épaule, et ses yeux verts pétillaient. Elle aussi méritait quelqu'un qui prendrait soin d'elle, tout d'adorabilité qu'elle était.
-Susan Bones, tu es la voix de la sagesse, me moquai-je.
-Alors écoute-moi : va parler à Cédric.
Ça ne manquait pas de sens, ce que disait Susan. C'était même lucide et clair, et si j'avais un minimum de jugeote, je devais appliquer son conseil. Pourtant, j'hésitais terriblement. Je craignais une réaction exagérée de Cédric, et que notre amitié puisse en pâtir. C'était stupide, car comme l'avait rappelé Emily, elle-même avait très bien accepté Octavia tout en restant proche de Simon. Mais l'animosité de Cédric envers Miles allait au delà de la simple rivalité qu'entretenait Octavia et Emily : c'était viscéral. Je soupirais profondément et laissai tomber mes couverts, l'appétit soudainement coupé. De toute manière la cloche teinta au dessus de nous, annonçant la reprise des cours. Je quittai Susan avec un sourire, et elle descendit vers les cachots pendant que je rejoignais mes amis devant la salle de Défense contre les Forces du mal.
-Alors cette séance d'exercice ? m'enquis-je avec un sourire.
-Stupéfixion, très bien, entrave aussi, mais un peu plus compliqué pour le sortilège de la boussole, énuméra Simon, l'air de très mauvaise humeur. Par Merlin, la prochaine fois ce sera toi le cobaye.
-Je crevais la dalle !
-J'essaie de convaincre Cédric de faire du yoga pour quand il se trouvera devant un filet du diable, plaisanta Emily, avant de pester quand elle entra dans la salle : C'est pas vrai ! Encore les élèves de Durmstrang ?
-Ça sent une nouvelle séance de duel, ça, marmonna Simon avant de me jeter un bref regard. Alors opération on-n-attire-pas-Maugrey, d'accord ?
J'opinai du chef et nous nous installâmes à notre table en se faisant le plus petit possible. Kamila assura près la moitié des duels du côté de Durmstrang et elle expédia même Roger Davies, qui était l'un des meilleurs duellistes, au bout d'une minute. Et bien que Simon et moi n'avions pas échangé le moindre mot, et que j'avais passé la moitié du cours allongée sur ma table, l'œil magique de Maugrey finit par se vriller sur moi, et m'appeler au tableau en remplacement de Kamila et Selwyn. Je dus affronter Özil, le garçon qui avait également joué contre nous au Quidditch. Le combat fut long, et tentai de repousser chacun de ses sortilèges, en évitant même certain en m'écartant souplement. Malheureusement, un sort de désarmement finit par me heurter, et ma baguette décrivit un arc de cercle pour atterrir dans sa main.
-C'était pas trop mal, Bennett, grogna Maugrey alors qu'Özil me rendait ma baguette. Mais un jour, il faudrait que tu songes à attaquer.
-Oui, professeur, maugréai-je en rangeant ma baguette dans ma poche.
La cloche sonna à cet instant, et le mouvement caractéristique des fins de cours emplit l'espace. Simon rangeait ses affaires en parlant avec Kamila, et Flint et Selwyn, qui étaient juste derrière nous, trainaient en discutant à voix basses. Alors je me rapprochais plutôt d'Emily et Cédric d'un pas bondissant.
-Tu ne voudrais pas demander deux trois sorts à Maugrey ? proposai-je avec un sourire.
-Arrête, répliqua Cédric en assénant son rouleau de parchemin sur ma tête. On a le temps d'aller à la bibliothèque avant le dîner, tu viens ?
-Je dois aller rendre mon devoir d'Histoire de la Magie avant ... Mais on se retrouve après ?
-Je viens avec toi, j'ai quelque chose à demander à McGonagall avant l'examen de Métamorphose ..., proposa Emily, avant de se pencher pour prendre et me lancer mon sac. On se grouille ?
Je hochai la tête et nous nous élançâmes dans les couloirs d'un pas rapide, sous l'œil inquisiteur de Maugrey. Emily jeta un regard dérouté à la porte.
-Franchement, je ne sais pas à quoi m'attendre pour cet examen. Tu crois qu'il va nous faire subir le sortilège d'Imperium et nous donner une note en fonction de comment on y résiste ?
-Je ne suis pas sûre que Dumbledore le laisserait faire, fis remarquer en fouillant dans mon sac, repoussant mon dictionnaire de rune d'une main pour attraper les parchemins qui constituaient mon devoir. Bon sang, j'ai l'impression qu'il me manque un rouleau, tu peux ...
-Ouais, accepta Emily en me débarrassant des deux premiers. Mais tu en as fait combien ?
-Quatre, répondis-je en lui tendant le troisième. Bon sang, j'espère que Simon ne l'a pas regardé ... Va savoir pourquoi, il a tout lu ... Aïe !
Je retirai vivement ma main de mon sac, et observai ma paume qui avait pris une vive couleur rouge en effleurant quelque chose de brûlant.
-Par Merlin, qu'est-ce que c'est ?
-Montre ? s'enquit Emily en prenant ma main, sourcils froncés. Qu'est-ce qui t'a fait ça ?
-Quelque chose dans mon sac ...
-Alors ... c'est pour ça qu'il est en train de fumer ?
J'écarquillai les yeux, avant de les baisser sur mon sac. Effectivement, une fumée d'un vague jaune-orangé émanait de l'intérieur, et je sentais le cuir se réchauffer de seconde en seconde. Paniquée, j'écartai les deux pans pour trouver l'origine de cette fumée, mais avant que je ne puisse l'identifier, Emily arracha le sac de mon épaule, et l'envoya valser au loin dans le couloir désert.
-Mais Em' ! protestai-je, proprement consternée. Qu'est-ce que ...
Le bruit sourd d'une explosion étouffa la fin de ma phrase dans ma gorge, et Emily et moi nous repliâmes l'une sur l'autre, les mains crispées sur nos oreilles. Nous restâmes un long moment enlacées, le cœur battant, avant que je n'ose lever un œil sur le couloir. Mon sac gisait plus loin, complétement calciné. Le reste de mes manuels brûlaient toujours et quelques flammes s'échappaient encore du cuir noirci. Nous contemplâmes les ruines de mon sac, choquées, et des pas précipités retentirent dans le couloir. Un instant plus tard, Cédric m'arrachait à Emily avant de prendre mon visage en coupe.
-On a entendu une explosion ! Qu'est-ce que ...
D'une main tremblante, je pointai le fond du couloir du doigt, et le regard de Cédric effleura mon sac brûlé.
-Oh Seigneur.
Je levai les yeux sur Simon, qui fixait le cuir noirci avec horreur. Cédric m'enlaça d'une main et ramena Emily contre lui de l'autre.
-Le sac de Vic' s'est mis à fumer, raconta Emily, des trémolos dans la voix. J'ai reconnu la fumée, la couleur, l'odeur ... C'est du feu liquide.
-Du feu liquide ? répétai-je d'une voix morte.
Emily hocha la tête avec lenteur. Maintenant que le choc de l'explosion était passé, ses sourcils étaient plus froncés que jamais, et elle maintenait mon devoir d'Histoire de la magie fermement serré contre sa poitrine.
-Une potion explosive qu'on enferme dans le flacon. On allume la substance, on referme le flacon, et le feu mange la potion, le transformant en gaz jaune ou orange ... Une fois que le liquide est complètement consommé ...
-Le gaz explose, acheva Simon.
Dès l'instant où Emily avait avoué que le sac brûlé était le mien, son regard s'était dardé sur moi, inquisiteur, et horrifié. La prise de Cédric sur moi s'était figée.
-Mais ... c'est dangereux, souffla-t-il. Très dangereux, qui ... ?
-Effectivement, enchérit Simon, les yeux toujours rivés sur moi. Qui ?
Je ne répondis rien, le cœur battant la chamade et le regard toujours happé par les restes de mon sac. Alors que le feu mourrait doucement et que le vent qui balayait le couloir emportait avec lui les cendres de mes manuels, mes yeux tombèrent sur un volume qui se consumait toujours, plus petit que les autre. Mon cœur tomba dans ma poitrine. Mon dictionnaire de rune.
Dans lequel j'avais caché les messages.
« Your turn to burn »
J'effleurai le regard de Simon, et hochai doucement la tête, vaincue. Il était temps d'en parler à un professeur.
***
Chourave était passée par tout les états. Elle avait horrifiée lorsqu'elle avait vu ma main, toujours rouge après, comme je l'avais deviné, le contact avec la fiole brûlante qui contenant le feu liquide se consumant. Alors ce fut la main enveloppée dans des algues qui, disait-elle, calmerait la brûlure que je lui racontais comment mon sac avait explosé. La suite avait jailli de ma bouche, mue par l'urgence et l'épouvante : les mots, et par suite, devant l'air consterné et interrogatif de Chourave, ce qui s'était passé le cinq novembre. Son visage rond d'ordinaire si bienveillant avait été traversé de tant d'émotion que je n'avais su comment l'interpréter, et cela alourdit la boule d'angoisse qui s'était formée au creux de mon ventre au moment où j'étais entrée dans son bureau – seule, j'y avais veillé. A présent, j'attendais que le verdict de tombe, fixant le visage figé de Chourave en espérant trouver des brides de réponses.
-Par Merlin, Bennett, lâcha-t-elle finalement, visiblement troublée. Si je m'attendais à tout ça ...
-Professeur, si vous saviez comme je regrette ...
Je me mordis la lèvre inférieure, y plantant mes dents pour l'empêcher de trembler. Chourave garda encore un long moment le silence, avant de se lever et de commencer à faire les cents pas devant sa fenêtre.
-Vous savez, ce matin j'ai vu une corneille surgir de ma gauche, m'apprit-t-elle alors, devant mes yeux déboussolés. Ma grand-mère me disait toujours que c'était un sombre présage. J'aurais dû l'écouter, j'aurais compris que cette journée serait difficile.
-Professeur ...
-Si vous êtes sur le point d'encore vous excuser, Bennett, je préférerais que vous vous taisiez, et que vous me laissiez réfléchir un instant.
J'obéis docilement, puisque j'allais effectivement répéter à quel point j'étais désolée. Chourave fit encore quelques pas devant sa fenêtre. Son bureau me rappelait un peu notre salle Commune : c'était une pièce ronde et accueillante où la lumière entrait en abondance pour nourrir les plantes qui somnolaient sur son rebord de fenêtre. Elle finit par se rassoir sur son bureau et mon considéra d'un œil vif.
-Vous comprenez que je vais devoir toucher un mot de ce qui vient de se passer – et de ce qui s'est passé – au directeur ?
-Oui, professeur. Je ... je vais commencer mes valises ...
-Mais enfin, Victoria, de quoi parlez-vous ?
L'usage de mon prénom me surpris, et je compris en cela, et en la sincère compassion qui brillait dans ses yeux que ma directrice de Maison était de mon côté. J'en étais si soulagée qu'un filme de larme vint embué ma vue. Chourave avança sa main pour tapoter la mienne d'un geste qui manquait de délicatesse, certes, mais qui acheva de me rassurer.
-Je ne pense pas qu'il s'occupera de votre cas tout de suite, fit-elle valoir avec douceur. La troisième tâche approche, et le directeur est très occupé avec tout ces préparatifs alors quoiqu'il arrive, et peu importe la décision qu'il faudra prendre, elle attendra la fin du Tournoi – et donc des examens. Concentrez-vous là dessus, Victoria.
-Mais ... Mon sac, si ça recommence ...
-C'est bien pour ça qu'il faut que j'en parle au directeur, Victoria et non pas pour demander votre renvoi. Il faut qu'on prenne des mesures pour votre sécurité : c'est ça l'important dans un premier temps. Je connais le feu liquide : si vous aviez eu votre sac à l'épaule au moment de l'explosion, cela vous aurez arraché le bras – au mieux. C'était un acte de pure malveillance qui ne restera pas impuni.
-Comme ce que j'ai fait à Nestor Selwyn.
Les sourcils de Chourave, du même gris fer et dur que ces cheveux, se froncèrent au dessus de son nez. L'éclat de fureur qui brillant dans son regard acheva de donner à son visage un aspect quelque peu inquiétant.
-Bien sûr que non, Victoria. Si votre récit est la vérité – et vous connaissant, et ayant connu Nestor Selwyn je pense qu'il l'est – alors ce qui s'est passé n'avait rien à avoir avec de la malveillance. C'était de la défense, et vous auriez dû venir nous parler de cela beaucoup plus tôt. Dumbledore est d'une tolérance concernant les actes anti-moldus qui frise le zéro.
-Mais je lui ai quand même brûlé le visage, professeur ! Et je n'ai rien dit, je n'ai rien fait, j'avais tellement peur que ... Je me suis contentée de fuir ... Vous voulez me faire croire que le père de Nestor n'aurait pas demandé mon renvoi après ça ?
Chourave poussa un profond soupir, et ses traits se détendirent quelque peu. Une nouvelle fois, elle tapota ma main valide.
-C'est évidemment votre seul tord : de ne pas être venu nous voir immédiatement après l'accident. Je ne peux pas parler pour le directeur, mais je ne suis pas sûr que ce soit un motif suffisant pour demander votre renvoi, et comme je vous l'ai expliqué c'est une chose sur laquelle le directeur statuera après la fin du Tournoi, à mon humble avis. Mais sachez que quelques soit les réflexions de Dumbledore, je prendrais votre défense, Victoria, d'accord ?
Incapable de prononcer le moindre mot, trop émue par la confiance que me témoignait ma directrice de Maison, je hochai la tête. Un sourire retroussa les lèvres de Chourave avant de se faner quand elle reprit :
-Le plus urgent, c'est ce qui c'est passé cette année : les lettres, et la potion glissée dans votre sac. Là encore, vous auriez dû venir nous voir dès le début ... Mais je suppose que vous aviez dû croire que l'on vous renverrez ? Ah Bennett, soupira Chourave quand j'eus répondu par la positive. Vous ne nous facilitez pas la tâche – d'autant que maintenant les lettres sont détruites. Mais vous m'avez dit que Miles Bletchley les avait vues ?
-Et Simon aussi ... Ce sont les deux seuls au courant de toute l'histoire.
-Bien, il faudra que je leur parle avant d'aller voir le directeur ... Je sais que ce ne sera pas facile, mais il va falloir vous enlever cette histoire de la tête, Victoria. Focalisez-vous sur les échéances urgentes : vos examens, et soutenir Diggory pour la troisième tâche. Je me chargerais du reste.
-Professeur ? l'appelai-je alors qu'elle se levait pour chercher quelque chose dans son armoire. Vous ... allez en parler à Cédric ?
Chourave parut hésiter, une bobine de bande blanche dans les mains. Elle me demanda d'un geste de présenter ma main couverte d'algue, et banda celle-ci pour que les plantes aquatiques tiennent contre ma peau. Déjà, la morsure de la brûlure semblait loin.
-C'est à votre appréciation, Bennett. Je ne vais pas divulguer à vos camarades des choses que vous tenez à garder secrète mais ... Dans ces cas là, il me semble important d'être soutenu par ses amis. (Elle serra le nœud de la bande et tapota une dernière fois ma main). Bien. Gardez les algues encore quelques heures, et si ça ne va vraiment pas n'hésitez pas à aller à l'infirmerie.
-Merci professeur, soufflai-je en me levant, comprenant que l'entretien était terminé. Vraiment ...
-Vous n'avez pas à me remercier, Bennett, enfin, répliqua-t-elle en me raccompagnant à sa porte. Je regrette simplement que vous n'ayez pas eu assez confiance en moi pour venir m'en parler dès le début ...
-Ça n'arrivera plus, promis-je avec un sourire tenu.
Chourave me sourit en retour, et mit la main sur la porte. Des éclats de voix nous parvenaient, mais le son fut amplifié quand elle ouvrit le battant, m'assourdissant presque. Et quand je vis la scène dehors, j'eus envie de retourner dans le bureau et de m'y cacher jusque la fin de mes jours.
Simon, Emily, Cédric et Miles m'attendaient devant la porte, et c'était de ces deux derniers qu'émanaient les cris. Ils étaient debout l'un face à l'autre, et je vis distinctement Cédric mettre la main à la poche pour sortir sa baguette. Chourave dut le percevoir également car elle s'écria :
-Diggory, Bletchley ! Je peux savoir ce que cela signifie ?
Cédric se figea en plein geste et Miles rentra les épaules, comme s'il recevait physiquement le cri de Chourave. Après avoir échangé un dernier regard haineux, ils se tournèrent vers la professeure, les yeux rivés sur leurs pieds. Emily et Simon s'accordèrent derrière eux pour m'adresser un regard désolé. Chourave poussa un grognement sonore, visiblement mécontente.
-Bien. Puisque vous êtes là, autant en profiter. Dans mon bureau, Bletchley. Et vous aussi, Bones.
Ils parurent aussi surpris l'un que l'autre, et s'engouffrèrent dans le bureau sans demander leur reste. Chourave criait rarement, mais quand elle le faisait elle en devenait presque effrayante. Si Miles m'adressa un sourire crispé quand il entra, Simon passa devant moi sans un regard. Chourave adressa un dernier avertissement à Cédric avant de refermer la porte sur nous. Emily se précipita vers moi, me prenant par les épaules avec douceur :
-Alors ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
-Qu'elle allait en parler au directeur, résumai-je succinctement, n'osant en dire plus.
La journée avait été trop éprouvante pour que je parle à Emily des messages et du cinq novembre. Le passage dans le bureau de Chourave m'avait vidé de toute énergie, et je n'éprouvais à présent plus que l'envie d'aller sous ma couette, et d'oublier ce qui venait de se passer dans les méandres du sommeil. Mais avant ça, j'avais une dernière chose à faire, et ce fut pour cela que je me tournais vers Cédric. Il avait croisé les bras sur sa poitrine, et faisait les cent pas devant la porte avec la tension d'un lion en cage.
-Qu'est-ce qui se passait, là ... ? demandai-je avec plus de sècheresse que je ne l'aurais voulu.
Je ne me faisais aucune illusion sur la teneur de la dispute, et le regard presque blessé que Cédric leva sur moi me conforta sur mon idée. Et étrangement, ça ne me faisait rien. J'étais comme à des miles de ça, de la colère de Cédric, et des conséquences que pourrait avoir cette discussion. J'avais juste ensuite de très vite rentrer à la salle commune, de faire une avance rapide jusque la troisième tâche et d'enfin quitter Poudlard, les lettres, les marques et les sacs qui brûlent. Le grognement d'Emily m'interpella et je tournai le visage pour la voir fusiller Cédric du regard.
-Miles est venu voir comment tu allais et Cédric n'a pas pu s'empêcher de l'agresser, m'expliqua-t-elle alors que notre champion gardait obstinément le silence. Et dans la dispute qui a suivi il se peut que ... des informations soient sorties.
-Et ça méritait tous ses cris ?
Je fixai Cédric un long moment, jusqu'à qu'il sente la brûlure de mon regard pour lever les yeux sur moi. Je lus dans l'éclat déterminé dans ses prunelles que la discussion allait être longue. Ses idées étaient arrêtées, et j'étais trop éprouvée pour avoir la moindre patience – et moi qui avais toujours été d'une patience légendaire, ça risquait d'être un changement pour Cédric.
-On va dire que j'ai été ... surpris, lâcha-t-il au bout de quelques secondes de silence. Et que je ne m'attendais pas à apprendre ça de la bouche de Bletchley.
-En même temps tu l'as presque agressé quand il est arrivé, persiffla Emily.
-Je pensais qu'il n'avait rien à faire là !
-Mais c'était une raison ? Et qui tu étais pour jugé qui a le droit de prendre des nouvelles de Vic', ou non ?
-Em', dis-je en posant une main sur son épaule. Tu peux m'attendre dans la Salle Commune, s'il te plait ?
Emily me lorgna un moment, suspicieuse, avant d'opiner sèchement du chef. Elle jeta un dernier regard presque dégoûté à Cédric avant de s'éloigner, sa queue-de-cheval fouettant furieusement l'air. J'entrainai ensuite mon ami un peu plus loin dans le couloir, que Chourave ne vienne pas à nouveau nous hurler dessus, avant de me planter devant lui, les bras croisés contre ma poitrine.
-Allez balance. Tu sais que je sors avec Miles : qu'est-ce qui te dérange là-dedans ?
Cédric me dévisagea un instant, l'air courroucé malgré lui. Puis il entonna :
-Tu sais ce que je pense de Bletchley. Il n'est pas digne de confiance, il n'y a pas si longtemps que ça il passait ses journées avec Selwyn, c'est un ...
-Serpentard ?
-Ce n'est pas que ça !
-Ah bon ? Tu lui as parlé, tu as appris à le connaître ? Tu connais sa nature profonde tellement mieux que moi que tu te permets de m'interdire de sortir avec lui ?
-Par Merlin, Vic' ! explosa Cédric, levant les bras au ciel pour accompagner son éclat.
Il se remit en mouvement, parcourant plusieurs fois la distance entre les deux murs du couloir, comme si ce mouvoir pouvait le calmer. Il était dans un tel état d'agitation que ses doigts tremblaient quand il les passa dans ses cheveux.
-Je ne t'ai jamais rien interdit enfin ! Je m'inquiète juste pour toi, c'est normal, non ? Surtout après ce qu'il s'est passé tout à l'heure ... Et tout les problèmes que tu as eus avec Selwyn, avec Flint ... Comment tu veux que je ne m'inquiète pas quand je vois que tu fréquentes Bletchley ?!
-Je veux juste que tu me fasses confiance ! (A ma plus grande horreur, les larmes me montèrent aux yeux) J'ai jugé que Miles n'était pas comme Selwyn – et il en est même très loin ! Si encore tu avais des arguments, des exemples qui peuvent me prouver que je devrais me méfier de Miles ...
-Il trainait avec Selwyn ...
-Tu les as vu ensemble récemment ?
Cédric demeura coi, si longtemps que je sus que j'avais anéanti son seul argument. J'étais si à bout mentalement que je sentis à peine les larmes dévaler mes joues, et pire, je ne cherchais pas à les en empêcher.
-Vic' ...
Il avança une main vers moi en constatant dans quel état j'étais, avant de suspendre son geste, comme s'il n'osait pas m'approcher. Comme s'il ne savait comment gérer cette situation. Ça devait être la première fois qu'il me voyait pleurer.
-C'est juste que j'aurais aimerais l'entendre de ta bouche, tenta-t-il de se justifier.
Mais sa voix se mourrait – elle était infiniment moins véhémente. J'inspirai profondément pour chasser les pleurs, mais ce fut la gorge serrée par un sanglot que je répondis :
-Je te l'aurais dit ... Mais j'avais peur, Seigneur, j'avais peur de ta réaction, j'avais peur que ça en devienne un drame ... J'avais besoin de sérénité avec Miles pour commencer notre relation et toi tu avais besoin de sérénité pour la Troisième tâche ...
-C'est vrai que là ça n'en fait pas un drame ...
-Cédric !
Il rentra sa tête dans ses épaules, comme si mon cri étranglé l'atteignait physiquement, comme heurté. Il me contemplait, comme s'il me découvrait. Je me passai les mains sur les visages, écrasant les larmes, tentant d'éclaircir mon esprit qui sombrait de plus en plus. Pour ne rien arranger, presser ma main bander contre mon visage avait ravivé la douleur et cela m'arracha une nouvelle larme, de frustration cette fois.
-Cédric, s'il te plait, soufflai-je, entre plainte et détermination. J'aurais dû te le dire plus tôt, et je considère que c'est mon seul tord ici. Maintenant s'il te plait, est-ce qu'on pourrait passer sur cette affaire ?
-Passer ?
-Oui Cédric, passer ! me récriai-je, complétement à bout. Ta tâche est dans dix jours, c'est là dessus que tu dois concentrer toutes tes forces : pas sur une dispute stupide ! Pas sur moi et Miles ! Et Seigneur, pense à moi, je t'en supplie Cédric ... Les examens sont dans trois jours et je ne serais jamais prête à temps ! Mon sac vient d'exploser – si Emily n'avait pas été là j'aurais pu être amputée, ou pire que ça ! La plupart de mes cours sont calcinés, ce qui ne va pas aider pour les révisions, et la troisième tâche ... (Je plaquai mes mains contre mon visage avec désespoir). La troisième tâche par Merlin, qu'est-ce qui va bien pouvoir se passer dans ce labyrinthe ? Je n'aurais pas la force de me battre avec toi, Cédric ... Le reste de l'année m'a déjà tout pompé ... Je t'en supplie, je n'en peux plus ... je n'en peux plus ...
Cette fois le sanglot passa mes lèvres, et fut suivi par de nombreux autres qui secouèrent ma petite carcasse. Je me laissai aller contre le mur, y titubant presque et le heurtant douloureusement. J'aurais pu tomber, mais des bras vinrent soudainement me soutenir. Ça n'eut pour effet que redoubler mes sanglots, et la prise se resserra sur moi. Il m'enveloppa totalement dans ses bras, caressant mes cheveux avec des gestes qui se voulaient apaisant, mais qui étaient en réalité bien trop tremblant, trahissant sa propre émotion. Je m'abandonnai totalement à l'étreinte de Cédric, mes doigts se crispant sur sa chemise et mes larmes la mouillant abondamment. Il me semblait presque que lui aussi pleurait, car il se mettait à trembler comme une feuille, et me serrait à m'en étouffer pour le masquer.
-Je suis désolé. Tellement désolé ...
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