I - Chapitre 19 : Avenirs
Bonjour bonjour !
Voilà le chapitre 19, une sorte de transition après le petit bisous entre Miles et Vic' ahah ! J'espère qu'il vous plaira, bonne lecture !
PS : pour ceux qui lisaient Lucy, un OS est posté sur Lysander :)
Chapitre 19 : Avenirs.
-Je suis vraiment content que vous vous entendiez avec Cho, se réjouit Cédric en mordant dans une miche de pain.
C'était le petit-déjeuner du samedi matin, et un état de fébrilité régnait dans la pièce. Certains se préparaient à leur vacances de Pâques, ce qui expliquaient que la Grande Salle était plus éparse : les élèves qui partaient profitaient des derniers heures pour finaliser leurs valises. En l'absence cette fois-ci de bal pour les retenir, plus de personnes partaient pour les vacances de Pâques, y compris certains sixième année. Wilkie Tycross refusant de perdre la moindre minute de cours de transplanage, celui-ci avait été avancé de huit à neuf heure et demi – assez tôt pour que personne ne puisse rater le train qui partait à onze heure de Pré-au-Lard. A présent, presque tout ceux qui prenaient des cours au village avaient réussi au moins une fois à transplaner et ceux qui faisaient du sur-place se comptaient sur les doigts d'une main – peut-être deux. Etait-ce utile de préciser que je faisais parti de ceux là ?
-Ça me tient vraiment à cœur, insista-t-il en remarquant que personne ne répondait. Vraiment ...
-Ne t'inquiète pas, on aime bien ta copine, le rassurai-je, malgré la défiance que je pouvais avoir pour elle. Tant qu'elle ne monopolise pas ton vol : on retourne quand faire une course ?
-Cette après-midi après le transplanage, si tu veux ?
-Je dois travailler mon Histoire de la Magie, je prends du retard ... Mais cette semaine !
-Tu ne devrais pas réviser ton épreuve ? s'inquiéta Emily en trempant sa tartine de marmelade dans son café. Ce sera quoi, le 24 juin ?
Cédric haussa les épaules.
-Aucune idée, ils ne nous rien dit – à part qu'ils nous convoqueraient pour nous en parler à un moment. Je verrais à ce moment là, je pense. Ce que la première tâche m'a appris, c'est que me plonger dans des révisions qui n'avaient ni queue ni tête ni but me bouffait littéralement. Je préfère attendre de savoir ce que j'aurais à faire.
-Amen mon frère, soupirai-je avant de souffler sur mon chocolat brûlant.
J'étais rassurée de voir comment Cédric abordait la dernière tâche : avec sérieux et sérénité, bien plus sainement qu'il n'avait accueilli la première. Malgré tout je le voyais également plus songeur et son regard se portait souvent sur les autres champions et particulièrement sur Harry, qui était premier ex-aequo avec lui. La dernière tâche serait la grande finale qui les départageraient, la grande finale qui désignerait le vainqueur de ce tournoi. Celui qui gagnerait les milles gallions, le trophée et qui entrerait dans l'Histoire. Et à ce titre, je sentais la pression monter de jour en jour en Cédric, sans qu'elle ne le submerge.
Simon observait silencieusement Cédric, sa tasse de café à quelques centimètres de ses lèvres. Chez lui aussi la pression montait, mais j'ignorais à quoi s'était dû. Quand il ne regardait pas Cédric, il fixait les fenêtres, et j'avais fini par deviner que c'était le courrier qu'il attendait. Courrier qui finit par arriver quand des centaines de hiboux passèrent les portes, poussant des hululements stridents, le son de leurs ailes fouettant l'air emplissant l'espace.
-Pas trop tôt, marmonna Simon, confirmant mon intuition.
-Tu attends des nouvelles de chez toi ? s'enquit Mathilda qui détachait un paquet de la patte de sa chouette.
Simon ne répondit pas et réceptionna une chouette effraie qui lui livrait La Gazetteavant de glisser trois noises dans sa bourse. La chouette reprit immédiatement son envol et Simon se plongea dans le journal. Emily lui jetait un regard consterné. Elle n'avait rien reçu mais ce n'était pas surprenant : elle avait peu de rapport avec ses parents. Sa famille n'était pas ce qu'on pouvait appeler une famille unie. Le silence se fit autour de la table alors que chacun lisait les lettres de parents ou de proches et moi je sirotais mon chocolat, lorgnant La Gazettede Simon. La première page parlait du prochain concert de la célèbre chanteuse Celestina Moldubec, mais je ne pus en lire plus car le hibou grand-duc des Bones vint se poser entre le journal et moi.
-Granger a reçu moins de courrier aujourd'hui, remarqua Emily en désignant la table des Gryffondors. Les harpies commencent à se calmer.
-La pauvre en même temps, compatit Cédric en relevant la tête de la lettre qu'il lisait. Je n'aimerais pas voir ma vie privée étalée par Rita Skeeter ...
-C'est elle la harpie, marmonna Simon alors que son grand-duc s'envolait. C'est quoi ça ... ?
Il retourna la lettre qu'il avait entre les mains pour lire le destinataire et un éclair de compréhension traversa son regard. Il me tendit l'enveloppe.
-Tiens Bennett, ton courrier.
-C'est si aimablement apporté, raillai-je alors qu'il se retranchait derrière sa Gazettesans un mot de plus.
Je déchirais l'enveloppe, et dépliai un papier de facture moldue. Un sourire fleurit sur mes lèvres quand mon regard effleura le premier mot.
Perelko,
J'ai été ravi d'apprendre par tes parents que ton noël s'était bien passé dans ton école. Il est dommage que tu étais retenue la-bas pour cet échange international, tu nous as réellement manqué pendant les fêtes. Babka a tenu à mettre une assiette en bout de table pour toi – mais je crains d'avoir manger tout tes pierogis aux oignon. Tu comprends, je n'ai jamais pu y résister ... Mais je tiens à te remercier pour ton cadeau – Aleksander nous l'a transmis, non sans commentaires agacés : je pense que tu lui as aussi beaucoup manqué à noël. Je suis content que notre cadeau t'ait plus, j'espère que tu en profites bien à ton internat. Quand tu rentreras, nous irons acheter des CD ensemble quand tu viendras chez nous, qu'est-ce que tu en dis ?
J'espère que tout se passe bien dans ton école – les cours comme les petits maux. Cet échange international est une véritable aubaine pour toi, tu as toujours rêvé de voyager, et voilà que d'autres cultures viennent à toi ! De quelles nationalités sont vos invités ? Tu as réussis à parler à certains d'entre eux ? Ah comme j'aimerais être à ta place, Viktoria ! Cette expérience doit être passionnante.
Aleksander m'a appris que tu t'inquiétais pour le cancer de ta tante Beata : ne t'en fais pas, les médecins disent qu'il en bonne voie de guérison. Elle a fait sa dernière séance de chimio le mois dernier, et elle commence à reprendre des forces : les médecins sont optimistes. Nous allons régulièrement chez elle, tout comme ta mère qui s'occupe de tout les rendez-vous de Beata – il faut bien comme Marta est toujours à l'étranger ... Parfois ça me rend malade de voir que sa propre fille n'est pas là pour l'aider dans sa maladie. Aleksander a dit qu'il passerait plus souvent également, maintenant qu'il a réussi à obtenir son permis. Je l'ai aidé pour son déménagement à Bristol, un beau petit appartement pour un beau jeune homme. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis fier de le voir enfin trouver sa voie, même ta mère a versé une larme sur la route du retour après avoir laisser son garçon seul à Bristol. Babka et moi sommes aller dîner chez lui la semaine dernière : il a l'air bien installé, que ce soit dans la ville que dans son travail, et je ne crois pas avoir eu vent de la moindre dispute avec tes parents depuis. Il semble que tes prières aient été exaucées !
J'espère te voir aux vacances de Pâques, bien que ton frère nous ait prévenu que ça risquait d'être difficile ... Ce n'est pas grave, je prendrais mon mal en patiente et t'attendrais de pied ferme aux vacances d'été ! Peut-être accepteras-tu de venir passer quelques jours chez tes vieux grands-parents ...
Bonne chance pour tes examens futurs, et n'hésite pas à me renvoyer des lettres, j'ai toujours plaisir à les lire ! Je t'aime, perelko.
Avec tout mon amour,
Ton grand-père.
Je relus une deuxième fois la lettre, un sourire triste accroché aux lèvres. Tout dans la lettre me touchait, des larmes de ma mère quand elle avait dû quitter Alexandre, à la sollicitude de mon grand-père en passant par ses fautes d'orthographes (il n'avait jamais été à l'aise avec l'anglais) et les nouvelles rassurantes sur l'état de santé de ma tante Beata. Un cancer du sein lui avait été diagnostiqué cet été, heureusement vite traité, et j'avais eu peu de nouvelles de l'avancée de la maladie par Alexandre. J'étais rassurée d'entendre par mon grand-père que la sœur jumelle de ma mère se portait à présent bien, malgré l'absence de ma cousine Marta à ses côtés. J'effleurais l'écriture calligraphique de mon grand-père, sortie d'un autre âge et que je le soupçonnais d'écrire au porte-plume, mon prénom et celui d'Alexandre rapporté à une orthographe qui lui était plus familière, puis le premier mot de la lettre.
-Ça veut dire quoi ? s'enquit Mathilda, qui lisait par dessus mon épaule.
-Petite perle, avouai-je en rougissant. C'est un surnom que mes grands-parents me donnent ... Bref.
-C'est cool que tes grands-parents t'écrivent. Moi ils ne prennent pas la peine, surtout côté sorcier. Mais mes parents compensent, ils m'envoient plus de provision de chez moi.
Elle agita la boite qu'elle venait de recevoir, qui se retrouva être emplie de cookies dans lesquels Erwin piocha sans vergogne.
-Miam, se régala-t-il en se resservant, puisque Mathilda ne disait rien. Ta mère est vraiment une super cuisinière.
-C'est mon père qui cuisine chez moi en fait, répondit-t-elle avec amusement. On ferait mieux de se préparer pour la leçon, sinon Tycross va nous tirer les oreilles.
-A une fille aussi mignonne que toi ? Non il n'oserait pas !
Mathilda s'empourpra violemment face au compliment d'Erwin et plongea dans son sac pour y ranger les cookies – et éviter de répondre. Ils partirent ensemble vers le parc, sous le regard amusé de Cédric.
-Il faudra prévenir Mathilda, commenta Emily, qui n'avait rien perdu de l'échange. Un vampire, ça mord.
-Ne te mêle pas de ça, toi ! la prévins-je en pointant un index menaçant sur elle. Laisse-les gérer leurs affaires.
-J'espère que ça se gèrera bien, ils forment un beau couple je trouve, ajouta Cédric en les suivant du regard. Mais Mathilda a raison, on ferait bien de se dépêcher. Hey l'asocial ! (il tira sèchement sur La Gazettede Simon, pour découvrir le regard courroucé de celui-ci). On y va, décroche un peu.
-Je sais transplaner, tu crois que je peux sécher maintenant ?
-Tu sais très bien que Tycross aime te prendre en exemple, plaisanta Emily en se levant.
De mauvaise grâce, Simon rangea sa Gazette nous suivit jusqu'au parc. Le mois de mars avait définitivement chassé le froid sur les montagnes et le soleil brillait plus franchement dans le ciel, si bien que nous pûmes retirer nos capes pour nous exercer. Les Serpentards étaient déjà sans la zone dédiée, Miles coincé entre Graham Montague et une fille effacée de son année. Il dut sentir mon regard sur lui, car il releva lentement les yeux. Je détournai immédiatement le visage, les joues soudainement en feu. Nous nous étions pas reparlés depuis ce fameux moment dans la cuisine, et chaque fois que je posais les yeux sur lui, mes entrailles se tordaient douloureusement. La seule chose que je savais, c'était qu'il repartait chez lui pour les vacances puisque j'avais vu sa petite sœur Felicity descendre avec sa valise. Nous étions dans une situation impossible à laquelle je n'arrivais à apporter de réponse. J'espérais que l'éloignement me refroidirait l'esprit et me la donnerait.
Je poussai un gros soupir pour reprendre le contrôle de moi-même, et relevai les yeux pour croiser le regard moqueur de Simon sur moi. Il sifflota un air nuptial et je lui écrasai vigoureusement le pied, les joues écarlates.
-Par Merlin, Bennett et Bones, nous apostropha le professeur Chourave, l'air dépité. Arrêtez vous gamineries et placez-vous.
-Oui professeur, répondis-je amèrement en me positionnant devant le cerceau de fer.
-Et ne vous découragez pas, Bennett, ajouta-t-elle en me tapotant l'épaule. Vous y êtes presque.
Elle s'éloigna pour échanger quelques mots avec Cédric et Emily, me laissant pantoise devant mon cercle. Le cours commença dans la même optique que les précédant : je tournais vainement devant mon cerceau sans aucun résultats probant. A mes côtés, Simon, qui maîtrisait parfaitement le transplanage, s'était assis sur l'herbe et commentait moqueusement chacune de mes tentatives. Cédric ne réussissait pas à chaque fois, mais il ne s'était jamais désartibulé et apparaissait toujours dans son cercle. Emily avait plus de problème avec la précision, même si ses tentatives étaient plus fructueuses. Et moi je tournais, inlassablement à en avoir le tournis, telle une ballerine sans foi, un pantin auquel on refusait de couper les fils.
-Huit séances, maronnai-je en fixant hostilement ce maudit cerceau de fer. Huit séance et je ne fais que tourner dans le vide.
-Mais tu vas y arriver, m'encouragea Cédric avec un sourire. C'est juste que ... Tu n'as pas l'air franchement concentrée. Tu es sûre que ça va ?
A vrai dire non, ça n'allait pas vraiment. Je ne cessai de jeter des regards furtifs au groupe de Serpentard auquel Miles s'était greffé – et qui au passage réussissait merveilleusement à transplaner. Chaque fois, mes yeux venaient se reposer sur l'anneau de fer, presque déçus de ne pas avoir pu croiser ceux de Miles.
Bon sang. Voilà qu'à seize ans et à un mois de ma majorité je commençais à faire mon adolescente de base.
-Ça va, marmonnai-je, forçant mon regard à rester rivés sur le cerceau. Il faut que ça aille.
Tu restes sur ce cerceau, m'intimai-je, luttant contre la volonté de glisser les yeux vers Miles. C'est ça l'important, le cerceau. Non tu ne regardes pas l'affreux Serpentard à ta gauche, lui il sait transplaner, pas toi. Après avoir été certaine que Miles avait déserté mes pensées et que le cerceau les emplissait à sa place, je pris une impulsion et tournai ... Pour me trouver à nouveau à l'exact endroit d'où j'étais partie, sans avoir bouger d'un pouce. Ma mâchoire se contractait de frustration et je posais la main sur mon ventre, où le familier fourmillement s'était fait sentir au moment où je tournais. Il était là, ce fourmillement, latent, sous-jacent, picotant au creux de mon ventre. Il indiquait que la magie agissait en moi, et pourtant elle était toujours incapable de me transporter d'un point à un autre. Sans doute n'avais-je pas assez de détermination. J'attendis que la sensation se résorbe avant d'essayer à nouveau. A chaque échec, j'entendais Simon rire derrière moi, la remarque encourageante de Cédric, et sentais sur moi le regard compatissant d'Emily. Je fis rouler des épaules pour me détendre.
-Allez Vic', ce n'est pas pire qu'un match de Quidditch contre Serpentard, me dit Cédric en me donna une tape dans le bras. Rappelle-toi du pénalty de Warrington que tu as arrêté dans les dernières secondes du match ...
-Je dois transplaner, Cédric, pas produire un patronus, fis-je remarquer en haussant les épaules. Alors me rappeler des bons souvenirs, ça ne me rendra pas plus performantes ...
-Peut-être mais ça te détend. Et te détendre te rendra plus performante.
Je levai les yeux au ciel face à l'argumentaire, mais un sourire furtif passa sur mes lèvres et Cédric me tapota gentiment la tête en me conseillant de m'y remettre.
-Me concernant, je trouve plus que le personnage ça ressemble plus à ... un panier de basquet.
Le groupe fit volte-face pour contempler Simon, toujours assis en tailleurs sur l'herbe. Si je le fusillai du regard, Mathilda le toisa d'un air consterné.
-Simon, tu es au courant que quand la balle passe dans le panier ... Elle ne disparaît pas ?
-Evidemment que je le suis, répliqua-t-il d'un ton pincé. Je m'y connais en artisanat moldu.
-Alors quel rapport entre le transplanage et le panier de basquet ?
-Peu importe, Vicky comprend.
Mathilda me jeta un bref regard, avant de hausser les épaules et de se remettre au travail. Elle transplanait remarquablement bien à ce stade, comme sa jumelle Renata qui venait de réapparaître dans son cercle sans se départir de sa mine froissée. Quant à moi, je lorgnai hostilement Simon en secouant la tête, et il me renvoya un sourire qui se voulait innocent.
-Un panier de basquet, maugréai-je en me replaçant devant mon cercle.
Evidemment que je le comprenais : il me rappelait les difficultés que j'avais eu à mettre mon premier panier sur le terrain de sport de Terre-en-Lande. Il s'agissait d'un grand terrain ouvert au centre du village, accolé à la salle de sport dans lequel nous nous retrouvions régulièrement. L'objet de toutes nos convoitises avait été cet immense panier de basquet, qui à nous enfant que nous étions paraissait inaccessible et que l'on regardait le menton levé. Nous avions essayé chacun notre tour. A l'époque, Simon et moi étions parmi les plus jeunes, et il était plus grand que moi : quelques centimètres qui avaient suffi à lui faire réussir à mettre son panier après quelques tentatives. Cela avait été plus difficile pour moi. J'avais été une enfant minuscule avec des problèmes de croissances, et j'avais beau avoir mis toutes mes forces et toute ma volonté dans mes tirs, jamais ils n'atteignaient l'anneau. J'étais trop petite, et mes muscles sous-développés, mon corps ne suivait pas ma volonté. Alors j'avais adapté mon corps, pris des courses d'élan, appris à bondir devant le panier. A force d'entrainement j'avais réussi à le passer, et il avait été suivi de beaucoup d'autre, mais je me souviendrais toute ma vie de la complexité du premier.
Je fixai mon cerceau avec humeur. Simon avait raison. Dans les deux cas, il s'agissait de passer un anneau, et dans les deux cas, je n'étais pas assez forte pour y parvenir.
Maudit cerceau. Je le fixai, jusqu'à qu'il imprègne totalement mon esprit, avec de virevolter à nouveau. Le fourmillement était là, insistant comme pour me narguer, mais mes pieds restèrent fermement accrochés au sol.
-C'est ma magie qui est fainéante, suggérai-je à Cédric qui revenait vers moi après avoir transplaner. Je te jure, jamais je n'aurais autant de destination, décision et tout ce qu'il faut ...
-Alors c'est que la fin est proche. Je presque sûre de t'avoir vu trembloter comme si tu allais t'évaporer, là.
Je lui jetai un long regard dubitatif auquel il répondit par un doux sourire. Mais il s'avéra par la suite qu'il avait raison. Car lors que je me mis à nouveau devant mon cerceau, une nouvelle fois de tellement de fois, ni nombreuse que je ne les avais pas comptées, et que je pris une impulsion, cette fois ce ne fut pas un fourmillement qui parcourut mon ventre : j'eus l'impression qu'on accrochait un hameçon à mon estomac et que la personne au bout du fil tirait d'un coup sec. Ce fut si déstabilisant que je ne pris pas conscience du reste. Je fermais les paupières pour faire refluer la drôle de sensation, une main crispée sur mon ventre. Le monde s'était mis à tourner autour de moi et une légère nausée menaçait de poindre son nez, et ce fut avec une infinie précaution que j'ouvris les yeux. Je voyais trouble, et la sensation que le parc valsait autour de moi était accrue par une étrange impression de déséquilibre. Mais à travers le voile de brume, une satisfaction : j'étais dans mon cercle.
J'avais réussi.
Un sourire effleura mes lèvres, mais ma joie fut vite modérée par ce déséquilibre et cette brume qui persistait. J'amorçai un mouvement pour porter ma main à ma tempe, mais l'interrompit vite en sentant une décharge douloureuse me traverser le bras, transperçant la nappe de brume et ravivant la nausée. Je portai mon autre main sur ma tête.
Je venais de comprendre d'où venait le déséquilibre.
-Victoria, ne panique pas, m'intima Cédric, qui s'était matérialisé à mes côtés.
Il prit derechef ma main et enlaça ma taille et je me laissai aller contre lui. Je gardai les yeux fixés sur l'herbe, de peur de les lever et de voir mon bras pendre ... sans ma main au bout. Car maintenant que tout le monde convergeait vers moi et me fixait avec des yeux horrifiés, j'avais bien conscience que c'était cela qui s'était passé. J'avais transplané et j'avais laissé ma main droite derrière moi.
-Désartibulée, compris-je en refoulant ma nausée et la douleur qui remontait dans mon bras. Cédric ... Cédric j'ai besoin de m'asseoir ...
-Tout de suite, répondit précipitamment mon ami.
Il m'aida avec d'infinies précautions à l'installer sur le sol, opération rendue difficile par mes paupières closes.
-Par le caleçon de Merlin, gronda Emily que je sentais proche. Où sont les profs et la Demi-Portion, là ?
-Montague s'est désartibulé une seconde avant, ils sont avec lui.
Cette voix me fit ouvrir les yeux et je vis Miles, accroupi devant moi la respiration haletante, comme s'il venait de piquer un sprint. Il m'adressa un sourire crispé lorsque je croisai son regard. J'aurais voulu le lui rendre, mais mes muscles refusèrent de m'obéir.
-Si j'étais toi, j'éviterais de ... regarder à droite.
-J'en avais pas l'intention, murmurai-je dans un filet de voix.
-Qu'est-ce que tu viens faire ici ?
-Cédric ! lança sèchement Emily. Pas maintenant !
Mes entrailles se tordirent, et je jetai un regard de coin à Cédric, qui lorgnait Miles d'un air mauvais, ce que Miles lui rendait bien. Mon cœur soulevé par la nausée retomba dans la gêne.
-Ouais maintenant ce n'est peut-être pas le moment. La main qui m'a si souvent tiré les oreilles gît à quelques mètres.
Si Emily, Miles et Cédric levèrent un regard irrité sur Simon, un rire étranglé secoua ma poitrine et je me laissai aller vers l'arrière où je rencontrai ses jambes. Je crus qu'il se décalerait, mais contre toute attente il resta et je levai les yeux sur lui.
-Tu profites du spectacle ?
Un sourire effleura ses lèvres, mais ses yeux parcouraient la foule, comme s'il cherchait quelque chose.
-Non, je cherche un appareil photo. Il faut que j'immortalise ce moment.
-Bones, par Merlin, souffle Miles en secouant la tête. Tu es obligé maintenant ?
-Surtout maintenant.
Je sentis son genou presser légèrement mon épaule, et je lus en ce geste une certaine nervosité. Un sourire fleurit sur mes lèvres.
-Sinon il s'évanouirait. Il ne supporte pas la vie du sang.
-Vicky, c'est toi qui t'aies désartibulé alors si j'étais toi, je ne la ramènerais pas.
-Simon pour l'amour de Merlin, la ferme !
Je pressai la main de Cédric pour le rassurer, car des accents d'angoisse avaient percés sa voix. Miles tapota mon genou avec douceur.
-Je vais voir si les professeurs ont fini avec Montague. Tiens-bon, t'es une championne.
-Merci ...
Il m'adressa un dernier sourire d'encouragement, empreint d'une certaine nervosité, et sa main quitta mon genou, sa chaleur avec. J'eus à peine le temps de m'en émouvoir car une mélodie nuptiale venait de mon dos s'éleva dans l'air et je levai des yeux agacés sur Simon.
-Tu vas arrêter ?
-Mais quoi ? Ça y ressemble de plus en plus ...
-A quoi ? s'étonna Cédric.
Il serrait toujours ma main valide et je m'accrochai à cette pression pour ne pas penser à mon autre membre. Tout mon bras était comme engourdis, des décharges de douleurs le traversant à intervalles irréguliers. Je pressai les paupières. Tout, sauf songer à ça.
-C'est si moche ? ne pus-je m'empêcher de demander.
-Je t'avoue que je ne regarde pas, admit Emily en caressant mes cheveux avec douceur.
-Ce n'est pas moche du tout, promit Cédric.
Le ton de sa voix ne me plut pas, et j'entrouvris les paupières pour l'observer échanger quelques mots silencieux avec Simon. Quand je levai la tête sur celui-ci, ses yeux roulaient dans ses orbites alors que le visage de Cédric se crispait. Avant que je ne puisse me sentir dépitée par la situation, Miles revint, avec dans son sillage Wilkie Tycross et les professeurs Rogue et Chourave. Le visage de ma directrice de Maison rayonnait.
-Bravo Bennett ! me félicita-t-elle en s'approchant. Vous voyez, vous y êtes arrivé à force de persévérance ...
-Sans sa main, mais on peut dire ça ...
-Bones, je n'ai pas entendu le professeur Chourave solliciter vos commentaires, répliqua sèchement Rogue en sortant sa baguette. Maintenant éloignez-vous tous.
En un instant les présences rassurantes de Cédric et Emily disparurent, me laissant seule nez à nez avec l'un des cauchemars de ma scolarité. Son regard noir et froid se posa sur l'extrémité de mon bras droit, et aucune émotion ne vint pas troubler son visage cireux. Chourave vint remplacer Simon derrière moi et posa ses mains potelées sur mes épaules.
-Respirez un grand coup Bennett, ce sera vite fini ...
-Mais qu'est-ce qu'il va ... ?
Avant que je ne puisse finir de formuler la question, Rogue avait asséné un coup sec sur mon avant-bras et j'étouffai un cri quand la chair de mon poignet chauffa à blanc. Une épaisse fumée violette jaillit de la pointe de la baguette sombre du maître des Potions, et la brûlure laissa place à une sensation glacée sur ma peau. Mais quand je roulai les épaules quand Rogue s'écarta, l'équilibre était revenu dans mon corps, malgré l'impression que j'avais laissé ma main dans un sceau glacé pendant plusieurs jours. Elle était engourdie, et je la sentais pendre lourdement au bout de mon bras, mais au moins elle y était rattachée.
-Merci professeur, balbutiai-je en faisant faire quelques mouvements à mon poignet.
-Allez faire quelques pas pour vous en remettre, me proposa Chourave en m'aidant à me relever. Mais c'était très bien Bennett, vous y êtes !
-Merci ...
Elle me servit un sourire maternel et s'éloigna pour échanger quelques mots avec Cédric et Emily. Miles, après un dernier regard à mon égard, était retourné s'entrainer côté Serpentard, et Simon était à nouveau assis dans l'herbe, et me contemplait avec un sourire narquois. Je plissai les yeux, massant toujours mon poignet pour lui faire retrouver des sensations.
-J'espère que tu as aimé le spectacle ... malgré ta phobie du sang.
-Je n'ai pas la phobie du sang, rétorqua Simon en passant une main dans ses épis blonds.
-Arrête, quand Chloé n'est salement coupé la jambe l'été dernier tu n'étais pas rassuré ...
-Elle pissait le sang aussi, j'ai cru qu'elle allait s'en vider et ... On s'en fiche.
-C'est ça.
Je me laissai tomber sur l'herbe à côté de lui, mon poignet toujours dans ma main, lâchant un gros soupir pour évacuer la pression. Maintenant que j'observai le groupe d'élève, ma désartibulation avait l'air de s'être passée dans l'indifférence générale, et chacun continuait sa tâche avec plus ou moins d'entrain. Si Octavia McLairds prenait à un soin tout particulier à ce que son transplanage soit parfait, les jumeaux Weasley étaient d'avantage occupés à comploter dans les derniers rangs. De temps en temps, pour faire bonne figure, l'un d'entre eux tournoyer pour réapparaitre dans son cercle. Je fronçai les sourcils en songeant à la conversation qu'ils avaient alors qu'ils entraient dans la cuisine, cette histoire de paris non payés avec Verpey. Voir les jumeaux Weasley mêlés à une histoire d'argent avec un haut fonctionnaire du Ministère était loin d'être rassurant.
-Tu connais bien Ludo Verpey ? m'enquis-je à l'adresse de Simon.
Il me jeta un regard suspicieux, avant de hausser les épaules.
-Comme tout le monde. Un ancien batteur, particulièrement féroce, sélectionné en Equipe d'Angleterre, tout ça. Tellement populaire que ça suffit à le propulser à la tête du Département des Jeux et Sports Magiques.
-Un ancien joueur de Quidditch, soufflai-je, les yeux toujours rivés sur les jumeaux. Je suppose qu'il doit aimer les paris sportifs, donc ?
-Pas faux, concéda Simon. Mon père revient souvent avec des « Verpey a encore voulu parier avec moi sur les matchs du week-end ». Peine perdue, mon père n'aime pas le Quidditch, et les paris d'argent encore moins. Mais pourquoi tu me demandes ça ?
-Pour rien.
Ma bouche se tordit d'appréhension. Un parieur invétéré, donc. C'était dangereux d'engager de l'argent avec ce genre de personne ... Et si les jumeaux avaient mis toutes leurs économies dans un pari avec lui ... Seigneur, j'espérais que ça se terminerait bien pour eux. J'avais trouvé prometteuse leur idée de boutique de faces et attrapes, et j'avouai que je serais triste si cela ne se concrétiserait pas. Même outrageusement déçue. J'attendis patiemment que la sensation de froid dans mon poignet et dans ma main pour me relever et me remettre au travail. Il me fallut trois autres tentatives pour transplaner à nouveau, cette fois entière mais à quelques mètres de mon cercle. Je bousculais Alicia Spidnett, trop heureuse pour moi pour m'en vouloir, avec à chaque fois l'impression que ma tête bourdonnait.
-Je préfère le balai, annonçai-je à Cédric lors que Tycross décréta la fin du cours. Chaque fois que je transplane, j'ai l'impression d'entrer dans un bocal à poisson.
-Tu vas t'habituer.
Le ton de sa voix était quelque peu prudent, et je vis son regard glisser ostensiblement vers le groupe de Serpentard où figurait Miles. Je sentis mes joues rosirent, entre gêne et irritation.
-Tu as quelque chose à dire Cédric ?
Ses yeux se posèrent sur moi et il s'empourpra un peu. Il dût sentir qu'une réponse positive n'était pas de mise car il répondit :
-Non, Vic', rien. Simplement ...
-Alors aucun problème, le coupai-je en m'efforçant de sourire.
Je fis volte-face et rejoignis Emily, tentant d'oublier cet embarras qui me labourait les entrailles. Elle était occupée à observer Roger Davis rejoindre sa petite-amie de Serpentard, les yeux plissés par la désapprobation.
-Allez viens, me lança-t-elle en me prenant par le bras. On va réviser la métamorphose.
-Mais c'est le premier jour des vacances ! protestai-je.
Et la journée était belle, et une fine brise soufflait agréablement sur le parc. Un temps de printemps extrêmement agréable pour le Quidditch. Ça aurait été parfait pour faire un match. Le projet avait mûri pour faire une rencontre avec les joueurs en manque de match, mais Alicia repartait chez elle pour les vacances, comme une grande partie de l'équipe de Poufsouffle et de Serdaigle – et il était hors de question d'inviter Warrington ou Montague. Mais Angelina était restée, tout comme Cho, les jumeaux Weasley, l'une de nos poursuiveuse Leslie Graham, deux autres de Serdaigle ... J'avais fait l'inventaire avec Angelina des joueurs qui restaient pendant les vacances et il avait moyen de faire un joli petit match, mais il fallait que je me refasse une forme. Emily soupira quand elle remarqua que mon regard vagabondait vers le terrain de Quidditch.
-Allez va chercher ton balai, soupira-t-elle avec un geste vague. Je vais travailler la métamorphose avec Simon ... Mais avant, prépare ton plus joli sourire.
-Mon quoi ?
Elle m'adressa un sourire malicieux et agita la main en fixant un point derrière mon épaule.
-Salut Bletchley, passe de bonnes vacances !
-Merci Fawley.
Je me figeai totalement en entendant la voix de Miles dans mon dos. Mon regard se riva sur Emily, la suppliant de ne pas me laisser seule, mais elle se contenta d'un sourire de coin avant de s'échapper. La seule chose que je trouvais positive dans sa fuite fut qu'elle faucha au passage les coudes de Simon et Cédric. Si le premier se contenta d'un sourire sardonique avant de faire volte-face, le regard soucieux et suspicieux de Cédric nous accompagna longtemps. Miles parut le remarquer car il demanda :
-Pourquoi j'ai l'impression que Diggory va me tuer ?
-Tuer c'est un peu fort.
Pestant intérieurement contre l'intolérance de Cédric et le départ d'Emily, je me retournai lentement pour faire face à Miles. Il fixait toujours la nuque de Cédric, les sourcils froncés. Mon cœur fit une embardée dans ma poitrine quand il baissa les yeux sur moi. Je m'écartai d'un pas et détournai le regard.
-Tu ferais mieux de te dépêcher, marmonnai-je en enfonçant mes mains dans mes poches. Sinon tu vas louper le train ...
-Oui, j'y vais. Mais ... je voulais te parler avant.
Je coulai sur lui un regard en coin, et remarquai qu'il avait l'air aussi nerveux que je pouvais l'être. Cette constatation me rassura étrangement, et je lâchai un gros soupir pour évacuer la pression.
-Ah.
-Ouais, ricana Miles en portant une main à sa tête. Ouais c'est ...
-Embarrassant ?
Un sourire effleura mes lèvres, chargé de gêne et d'amusement contenu. Je passai une main dans mes cheveux. Un silence pesant s'installa entre nous deux, d'autant plus pesant que je vis les jumeaux Weasley passer derrière le dos de Miles et m'adresser des sourires goguenards.
-Ecoute, finis par lâcher Miles, crevant enfin le lourd silence dans lequel nous étions plongés. J'ai conscience de ... m'être enfui comme un voleur quand les Weasley sont arrivés et je suis désolé.
-Pas grave, j'ai géré.
-Peut-être, mais je suis quand même désolé. Surtout que ... Bon sang ce que c'est compliqué !
-Quoi donc ?
-Mais toi !
Je dressai un sourcil sceptique. Je n'étais pas sûre que « compliqué » était le qualificatif qui me seyait le mieux. Miles enfonça ses mains dans ses poches, le regard perdu dans la forêt qui se profilait au loin. Il finit par soupirer alors que mon regard persistait avec insistance.
-Tu avais fini ... par me convaincre, me convaincre qu'il n'y aurait rien. J'avais beau essayer, faire différentes stratégies et ... et là ...
-C'est pour ça que tu n'as pas réagi ?
Miles se dandina d'un pied à l'autre avant de répondre :
-Entre autre, oui. Et puis aussi que ... je ne savais pas comment réagir, Vic', on ne va pas se mentir. Je ne m'y attendais pas ça m'a déboussolé et ... je pense que le pire, c'était de sentir que tu étais aussi déboussolée que moi.
Je ne répondis rien, me contentant de le dévisager d'un air songeur. Il avait raison, j'avais été déboussolée. Par les sentiments que j'analysais, par la proximité de Miles, par la rougeur de mes joues ... Miles parut deviner qu'il avait visé juste parce qu'un doux sourire s'étira sur ses lèvres.
-Alors on va dire que les vacances tombent à pic, non ?
-Effectivement, admis-je avec un semblant de sourire. Pour faire le point sur ce qu'on veut vraiment ...
-Moi je sais ce que je veux vraiment, répliqua Miles avec une pointe d'amertume. Malgré mon manque de réaction ... Vic', je sais ce que je veux. Maintenant c'est à toi de voir si tu le veux vraiment.
Je papillonnais des cils, surprise par le ton péremptoire et l'intensité dans le regard de Miles. Il exhala un dernier soupir, avant de se pencher vers moi pour embrasser ma joue, et s'en allait sans se retourner. Je le fixai s'éloigner, une boule douloureuse au creux du ventre, et la main plaquée sur ma joue, comme pour garder la chaleur de cet ultime baiser.
***
-Et pourquoi je n'étais pas au courant ?
-Ça s'est passé il y a une semaine ...
-Et pourquoi je n'ai pas été au courant il y a une semaine ?
Je soupirai en suivant une Emily singulièrement énervée sur le chemin qui nous menait au terrain de Quidditch. Le soleil brillait si fort qu'elle avait enlevé sa cape qu'elle tenait au creux du bras, et ses cheveux blonds étaient agités par la brise. Les vacances avaient commencé et mes réflexions avec. Il m'était vite apparu que je n'arrivais à rien seule alors, malgré ma défiance, j'avais parlé à Emily de ce qui s'était passé dans la cuisine la veille au soir. Mais ma meilleure amie avait été si outrée de n'être au courant qu'une semaine plus tard qu'elle n'avait pas eu le moindre conseil probant à me donner, et j'espérais que la nuit l'avait apaisé. Mais visiblement je me leurrais.
-Vous vous êtes embrassés et je n'étais pas au courant, marmonna-t-elle en levant les bras au ciel.
-Si ça peut te rassurer, tu es la première au courant, râlai-je en m'immobilisant. Em', j'ai besoin que tu m'aides à y voir clair, pas que tu me cries dessus ! Tu es mon amie ou non ?
Elle me jeta un regard pénétrant, entre irritation et réflexion. Puis elle coinça une mèche de cheveux bond derrière son oreille en soupirant.
-Oui Vic', contre toute attente je suis ton amie. Et vraiment, dans le fond, profondément enfouie sous quelques couches d'agacement, de vexation et de colère, je suis touchée que malgré notre passé tu aies assez confiance en moi pour me parler de ça.
-Alors arrête de prendre tout mal et pense au positif, d'accord ?
-Je vais essayer, maugréa-t-elle. Donc dis-moi d'abord ce que tu penses de tout ça ? En résumé, parce qu'on nous attend. Je réfléchirais pendant que vous jouez.
Elle désigna le terrain de Quidditch du menton et un sourire naquit sur mes lèvres. Je me faisais une joie de remonter sur un balai pour un match, si amical était-il. Le professeur McGonagall s'était faite une joie de nous autoriser à utiliser le stade pour l'après-midi et nombre de joueurs restés à Poudlard s'étaient vêtu en conséquence. C'était pour ça que je portais une tenue de sport tranquille – comme nous comptions faire des équipes mixtes du point de vue des Maisons, nous avions décidé de ne pas mettre nos tenues de Quidditch habituelles – et que j'avais ma vieille Comète à la main.
Je résumai vaguement à Emily que Miles avaient eu une attitude ambiguë à mon égard – volontairement vague car je ne voulais pas qu'elle se vexe d'avantage – et que c'était une fois qu'il ait promis d'être un véritable gentleman que mes sentiments avaient vacillé, jusqu'à cette fameuse soirée dans la cuisine. Nous étions au pied du stade quand j'achevais sur la brève conversation que nous avions eue après le cours de transplanage. Emily planta un regard furieux sur moi.
-Ma première impression c'est que tu te prends beaucoup trop la tête, asséna-t-elle, consternée. Tu admets avoir des sentiments pour lui, il avoue avoir des sentiments pour toi. Par Merlin Victoria Bennett, où est le problème ?
-Mon manque de confiance en moi ? suggérai-je timidement.
-Oh je vous jure ... Et bien va le soigner, ton manque de confiance en toi, puisqu'il n'y a que le Quidditch où tu te sentes bien !
J'eus un sourire coupable face à la mine contrariée de mon amie et nous entrâmes dans le stade. La plupart des joueurs étaient là : Leslie Graham, notre poursuiveuse, parlait avec un des poursuiveurs de l'équipe de Serdaigle dont je ne connaissais pas le nom. Cho et Cédric étaient penchés sur la caisse contenant les balles avec Roger Davies et Madame Bibine, la professeure de vol. Les jumeaux Weasley, seuls Batteurs à être restés pendant les vacances, parlaient à voix basse sur les premières marches des gradins. Je levai le regard et constatai avec une certaine appréhension que nous avions un public. Simon, évidemment, contraint et forcé par Emily de ne pas la laisser seule en tribune, parlait avec Kamila Tokarsky, à qui j'avais parlé le matin même de notre match quand nous nous étions croisées au petit-déjeuner. Elle n'était pas la seule de Durmstrang à être venue, et même certains élèves de Beauxbâtons observaient les buts d'un air intrigué – la France n'était pas connue pour être un grand pays de Quidditch.
-Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me fait plaisir d'arbitrer votre match amical, disait Madame Bibine quand je me rapprochais. Avec ce Tournoi, je suis un peu au chômage technique ... De ce fait là j'ai lancé des cours de vol supplémentaires et facultatifs pour les premières et deuxième année, pour ceux qui voudraient améliorer leur vol. Davies, j'ai un jeune deuxième année qui pourrait vous intéresser, un certain Bradley, j'ai trouvé son vol très prometteur ...
-Merci professeur, j'y penserais aux essais l'année prochaine.
-Vous n'auriez pas pisté un petit Poufsouffle pour qu'un puisse remplacer Smith ? lança Leslie en se rapprochant.
-Te remplacer toi surtout, puisque tu pars l'année prochaine ...
Leslie grimaça. C'était une bonne poursuiveuse à défaut d'être excellente, mais elle était travailleuse et perfectionniste, et ne nous avait jamais déçu. L'élément le plus fiable de notre attaque qui, comme venait de le rappeler Cédric, nous quittait à la fin de l'année. Bibine sourit à Cédric.
-Ne vous en faites pas, Diggory, je noterais les noms qui me paraissent intéressant. Pareil pour vous Johnson ! ajouta-t-elle à l'adresse d'Angelina. J'ai parlé au professeur McGonagall et il semblerait que vous soyez pressentie pour le poste de Capitaine l'année prochaine ...
-Pourquoi elle et pas nous ? fit mine de s'offusquer l'un des jumeaux.
-Franchement nous sommes outrés, enchérit l'autre en se munissant de sa menaçante batte. Je ne vois pas pourquoi nous ne sommes pas pris en compte pour le poste de Capitaine, ne sommes-nous pas de charismatiques Batteurs ?
-Je ne saurais mieux dire George.
-Franchement on se le demande, soufflai-je à la personne la plus proche de moi.
Il s'avéra qu'il s'agissait de Cho et elle eut un petit sourire. Bibine considéra les jumeaux Weasley d'un air critique.
-Ah ceux là, s'ils n'étaient pas d'excellents Batteurs, marmonna-t-elle, avant de glisser un regard vers moi. Ah Bennett, vous êtes là. On attend d'autres personnes ? Potter ne vient pas ?
-Je ne crois pas, répondit Cédric avant que quelqu'un d'autre n'ait pu ouvrir la bouche. On est au complet, on peut commencer.
Bibine s'éloigna après avoir hocher la tête d'un air satisfait, et Angelina et Leslie la suivirent pour l'aider. Cho pivota vers Cédric, les sourcils froncés.
-C'est vrai qu'on aurait pu proposer à Harry. C'est un attrapeur doué et à lui aussi le Quidditch doit lui manquer ...
-D'après Angelina, ce n'est pas certain qu'il aurait accepté, dit Cédric d'une voix prudente. Et puis ...
Il se trémoussa, visiblement mal à l'aise, avant d'avouer du bout des lèvres :
-Depuis le début de l'année, Harry et moi sommes dans l'affrontement, directement ou indirectement. Dans deux mois, on va à nouveau s'affronter pour une victoire au Tournoi alors ... je n'ai pas envie de faire inutilement monter la pression avec une confrontation à un match de Quidditch ...
-Mais tu n'es pas obligé de jouer contre lui, insista Cho. Ça ce serait ma partie, vous alternerez ...
-De toute façon c'est trop tard, on doit faire les équipes.
Les yeux de Cho se plissèrent, mais devant le ton ferme de Cédric, elle empoigna son balai et alla rejoindre les autres avec un gros soupir. Cédric la regarda s'éloigner avant de river ses yeux sur moi et constater que je le fixai avec désapprobation.
-Tu crois qu'elle a raison ?
-Evidemment qu'elle a raison, rétorquai-je, mes yeux roulants dans mes orbites. Mais bon, si on doit faire les équipes ...
Bibine commençaient effectivement à nous appeler avec insistance, ne faisant de grand geste pour qu'on la rejoigne. Cédric et moi échangeâmes un regard avant de s'en retourner vers le reste des joueurs. Bibine fit de Cédric et Cho, les deux attrapeurs, les deux capitaines des équipes que l'on devraient former, et les incita à prendre des joueurs avec lesquels ils n'avaient pas l'habitude de jouer. Cédric fit son galant en proposant à Cho de choisir en premier, mais avant qu'elle n'ait pu ouvrir la bouche, une voix se fit entendre au dessus de nous :
-On peut se joindrrre à vous ?
Nous levâmes des regards éberlués vers Viktor Krum, qui était descendu avec un garçon de Beauxbâton, grand et large d'épaule. Une fille de Durmstrang fermait la marche, et je reconnus Kamila avec stupeur. La bouche de Leslie Graham s'ouvrit d'ébahissement.
-Vous ... vous voulez..., balbutia-t-elle en fixant Krum, les yeux exorbités.
-Vous voulez jouer avec nous ? acheva Davies avec un regard dédaigneux pour Leslie.
-On aimerait beaucoup, confirma le garçon de Beauxbâton en tendant une main à Cédric. Martin Delcroix, je joue au poste de gardien.
-Parfait, il nous en manquait un ! me réjouis-je avec un sourire. Je ne pensais pas pouvoir un jour me mesurer à une cuisse de grenouille !
-Une cuisse de grenouille ? répéta Kamila, une lueur amusée dans les yeux. Fais attention à toi, ma petite, j'ai passé mon enfance à jouer au Quidditch avec mon père sur les hauteurs de Gdansk et j'ai toujours été une excellente tireuse ...
-Je vais demander à d'autres élèves étrangers s'ils veulent se greffer, soupira Bibine, l'air néanmoins ravie de ce contre-temps. Au pire nous ferons tourner les équipes ! Et monsieur Krum, permettez-moi de vous dire que je suis honorée de pouvoir vous voir voler.
-Honorée, répéta Leslie, dont le visage était devenu cramoisi. C'est le mot.
Krum se contenta d'un hochement de tête poli et sortit sa baguette pour faire apparaître un balai. Des exclamations d'émerveillement se firent entendre quand il s'avéra qu'il s'agissait d'un Eclair de feu, reconnu comme était le meilleur balai conçu au monde. Seule Angelina se fendit d'un reniflement méprisant et ajouta à voix basse « Harry a le même ». Je lui souris d'un air triste. L'absence de Harry Potter, l'un des meilleurs joueurs de notre école, était la seule ombre à ce tableau. Mais je finissais par croire que Cédric et Angelina avaient eu raison : il aurait refusé de venir. La rumeur du match s'était répandue même chez les élèves étrangers et pourtant il n'était pas venu. Sans doute ne voulait-il pas, comme Cédric, se mesurer à lui avant la troisième tâche.
Bibine revint avec dans son sillage un élève de Durmstrang qui jouait comme Kamila au poste de Poursuiveur, et une fille de Beauxbâton qui jouait au poste d'Attrapeur, si bien que nous pûmes jouer à une attaque à trois. Nous manquions simplement de Batteurs, mais Fred et George considérèrent cela comme un défi de jouer l'un contre l'autre, et seuls à leur poste. Cho et Cédric se répartirent alors les joueurs : je me retrouvai sans surprise dans l'équipe de Cho avec Leslie Graham, George Weasley, Ryan Chambers, le poursuiveur de Serdaigle, et Kamila. La fille de Beauxbâton, Louise, se greffa à notre équipe et jouerait en alternance avec Cho au poste d'Attrapeur. L'équipe de Cédric, constitué du gardien français Martin, de Fred Weasley, Roger Davies, Angelina Johnson, Hans Özil de Durmstrang, et de Viktor Krum qui alternerait avec Cédric. Angelina, seule fille de son équipe, nous lança un regard déçu avant de s'éloigner avec le reste des joueurs. Je m'apprêtai à suivre Cho et les autre, mais Cédric me retint pour ébouriffer mes cheveux.
-Fais honneur à Poufsouffle.
-Compte sur moi !
Il me sourit avant de courir retrouver son équipe, et je m'empressai de rejoindre la mienne en trottinant. Louise et Cho échangèrent un regard presque paniqué.
-Qui veut être la première à affronter Viktor Krum ? résuma la française, coulant un regard sur le célèbre attrapeur.
-Vous y passerez toute les deux, je pense, trancha-je en levant les yeux au ciel. Alors ne vous mettez pas la pression ...
-Oui, de toute façon on va perdre, marmonna Louise avec défaitisme. Vous avez intérêt à gérer en attaque et en défense ...
Là-dessus, elle me détailla d'un œil critique, de mon jogging délavé à ma taille modeste pour une gardienne. Pour toute réponse, j'eus un sourire tranquille et enfourchai mon balai. Cho en lut la marque et eut un sourire entendu.
-Toi aussi tu es de la team Comète ? observa-t-elle en levant son balai, du même modèle que le mien.
-Et en plus tu montes une Comète, bougonna Leslie en lorgnant sur l'Eclair de Feu de Krum. On est franchement fichu.
Cho et moi nous accordâmes pour lui jeter un regard peu amène, et décollâmes d'un même ensemble pour échapper à la mauvaise humeur du groupe. Visiblement, Louise et Leslie auraient préféré se trouver dans l'équipe adverse et cela agaçait même George Weasley, qui nous rejoint vite sur les hauteurs.
-Regardez comment elles regardent Krum, nous lança-t-il, dégoûté. Heureusement que c'est toi qui commences contre lui, Chang.
-Essaie de le prendre à revers, lui conseilla Kamila, qui venait de nous rejoindre. Vol proche de lui, ça le rend nerveux.
-Vraiment ..., souffla Cho et un éclair traversa ses iris sombres. Parfait, alors.
Elle dressa son manche et prit quelques mètres, comme il en était coutume pour les attrapeurs. Viktor Krum vint se placer face à elle et les Poursuiveurs en demi-cercle, suivant le tracé du rond central. Je me retrouvai seule devant mes buts, ayant en ligne de mir les trois poursuiveurs que je devrais affronter. Je connaissais Davies et Angelina, ainsi que l'animosité de cette dernière pour le premier depuis que Roger avait essayé de sortir avec elle l'année dernière : la coopération serait difficile. En revanche je ne savais rien du type de Durmstrang, Özil, et il était donc ma cible prioritaire lorsque Bibine libéra le souafle avec un coup de sifflet. Kamila fut la première dessus et fila sur les buts adverses avant de lancer la balle à Leslie. La Poufsouffle évita un cognard envoyé par Fred avec minutie avant de livrer le souafle à Chambers, qui arma une frappe que repoussa Martin. Je poussai un grognement devant la faible puissance du tir du Poursuiveur.
-Chang, je compte sur toi ...
Elle n'avait pas l'air particulièrement troublé de jouer contre ce qui était considéré comme le meilleur joueur du monde. Cho appliquait sa technique habituelle qui consistait à coller son adversaire avant de couper sa trajectoire une fois le vif d'or en vue. Une technique que j'appréciais puisque j'utilisais la même : je volais un peu en dessous des anneaux, slalomant entre les poteau pour me dresser à la dernière minutes et botter le souafle en touche. Ce fut ce qui se passa lorsque Roger plongea vers les buts, l'air ravi de les voir ainsi découvert, mais je jaillis en donna un grand coup de poing dans le souafle. Malheureusement, Angelina le récupéra, le lança à Özil qui m'ajusta et la balle passa dans l'anneau latéral. Je donnai un coup de poing au manche de mon balai. 10-0.
-Bah alors Bennett, tu m'as habitué à mieux, me lança moqueusement Roger avant de repartir.
-C'est vrai ça, qu'est-ce qui s'est passé ? s'agaça Leslie qui était revenue vers moi. Si tu n'es pas capable d'arrêter les souafles on court à la catastrophe !
-C'est un match amical, Graham, calme-toi ! l'exhortai-je, exaspérée par cette intervention. Je n'ai pas joué depuis plus d'un an, laisse-moi le temps !
Elle secoua la tête, dépitée, et récupéra le souafle pour repartir vers l'avant. Il se trouva que le temps, c'était justement ce qu'il me fallait : au bout de dix minutes, mes mouvements étaient moins raides et mon vol plus sûr, et au bout de vingt, je parvins même à me prendre à mon balai pour repousser le souafle du bout du pied. Cet arrêt spectaculaire arracha des applaudissements aux spectateurs et nous permis de revenir à 40-40 après un but de Kamila. La polonaise était à l'aise sur un balai, et si ses gestes manquaient parfois de précision, et de technicité, elle compensait par une énergie folle et une grinta qui était belle à voir. Malheureusement, au moment où elle nous donnait l'avantage grâce à un nouveau but, des clameurs montèrent depuis les tribunes et certains pointèrent le ciel. Je levai les yeux pour voir Cho passer devant Krum, la main tendue ... mais malheureusement, le balai de Krum était beaucoup plus rapide et il la dépassa rapidement pour attraper la petite balle dorée. C'était si prévisible que je ne m'en sentis pas déçue, et même Cho avait le sourire quand elle revint vers moi.
-Sympa ton arrêt acrobatique, lança-t-elle, essoufflée.
-Et toi tu t'es bien battue.
Elle haussa les épaules et nous descendîmes vers le terrain pour nous rafraîchir avant de reprendre. Cho quitta le terrain en faveur de Louise, et Krum resta. Le match fut plus équilibré : leur attaque était meilleure, mais à présent que j'étais dans le rythme, je me trouvais être meilleur gardienne que Martin. Malheureusement Krum était imprenable et Louise moins combattive que Cho : au bout de sept minute de jeu, le bulgare avait attrapé le Vif d'Or sans difficulté particulière, et cédé sa place à Cédric sur le prochain match. Mais il fallut attendre que Cho revienne sur le terrain pour avoir le droit à une véritable lutte : le match entre Cho et Cédric était intéressant à voir, et je regrettais de ne pas pouvoir y assister, mais j'avais malheureusement des attaques répétées à repousser, toutes plus furieuses les unes que les autres. Ce fut le match le plus long, le plus harassant, et je finis même avec le nez en sang après un double arrêt où j'avais repoussé le second tir de la tête. L'instant suivant, Cho attrapa le Vif d'Or devant Cédric, arrachant ainsi notre première victoire. Les deux attrapeurs convergèrent vers le sol et la Serdaigle sauta dans les bras de Cédric pour lui arracher un baiser, et mon ami ne parut pas lui tenir rigueur de l'avoir battu car il lui répondit.
-C'est tellement mignon. Tiens.
Je tournai la tête pour voir que Kamila m'avait rejoins, un sourire sardonique aux lèvres. Elle me tendait un mouchoir que j'empochai pour essuyer mon nez maculé de sang.
-Ta voix ne trouve pas ça mignon, commentai-je néanmoins.
-C'est un peu trop niaiseux, admit-t-elle en haussant les épaules. Tu te débrouilles vraiment bien, devant les buts. Tu es sûre que ça va aller ton nez ?
-Mais oui ... Peut-être un petit coup de baguette ...
Kamila hocha la tête et s'inclina pour descendre sur le terrain. Je la suivis, pressant toujours mon mouchoir contre mon nez. A mon atterrissage Bibine m'attendait, baguette à la main.
-Voilà Bennett, dit-t-elle en donnant un coup sec sur mon nez, qui craqua si horriblement que j'y portais mes mains. Vous avez fait de superbes matchs, bravo.
-Clairement tu n'as pas perdu la main !
Je vis Emily dévaler les gradins, un immense sourire aux lèvres, suivie de Simon. Visiblement, elle avait pendant ses deux heures écoulées oublier que je lui avais caché que j'avais embrassé Miles Bletchley car elle fut très chaleureuse une fois à ma hauteur.
-Pleine de sang, mais elle n'a pas perdu la main ... Quoique. Tes gants sont dans un piteux état, donc effectivement tu aurais pu perdre la main.
-Oh tais-toi, toi ! jeta-t-elle à Simon en sortant sa baguette. Recurevite !
Je sentis le sang qui tâchait mes lèvres et mon pull s'effacer avec un grand soulagement. Puis je baissai les yeux sur mes mains pour remarquer que mon gant gauche s'était effectivement déchiré à un endroit. De toute manière ils étaient vieux : le cuire était craquelé et usé jusque la corde, et certaines coutures commençaient à sauter. Je haussai les épaules.
-Il ne me reste plus qu'un à faire avec, fis-je valoir sereinement. Je vais les recoudre. Oh voilà les amoureux ...
Cho et Cédric nous rejoignaient effectivement, main dans la main et balai sur l'épaule, un immense sourire aux lèvres.
-Hey bien, tu devrais te faire battre plus souvent, remarquai-je, désabusé. Ça te donne une mine rayonnante.
-Ah se faire battre par la plus jolie fille de Poudlard ... On ne peut que lui pardonner.
Cho devint écarlate et un sourire confus s'étala sur mes lèvres. Emily contempla Cédric à travers ses cils, l'air contrarié.
-La plus jolie fille de Poudlard ... merci pour nous.
-Et il allait dire quoi, que c'était la plus moche ? persifflai-je à voix basse à l'adresse d'Emily.
-Si ça peut te rassurer, je te trouve plus jolie que moi, assura Cho avec un adorable sourire.
-Et bonne attrrrapeuse.
Cho fit un véritable bond en entendant cette voix grave dans son dos, se collant contre Cédric une main sur le cœur. Viktor Krum était apparut silencieusement derrière elle, le visage plus détendu que celui qu'on lui connaissait : le Quidditch avait fait son œuvre.
-Une bonne technique et un vol corrrect, ajouta-t-il avant de s'adresser à Cédric. Le tien n'est pas mal non plus. Tu es bon.
-Merci, répondit Cédric, qui semblait être le seul à avoir gardé sa capacité à parler. On fait de beaux produits à Poudlard, comme tu le voies.
-D'excellent prrroduit, admit Krum, et je vis avec stupeur son regard glisser sur moi. Comment tu t'appelles ?
Tout les regards se tournèrent vers moi, et mon visage s'empourpra presque plus que lorsque j'avais embrassé Miles. Je fis un rapide était des lieux de mon physique – mon vieux jogging, mon tee-shirt ample et couvert de traces de crayons, et mes cheveux ébouriffés par le vent – et la flambée s'étendit à mes oreilles.
-Victoria, répondis-je avec l'impression que ma bouche était pâteuse. Victoria Bennett.
Le regard sombre de Krum ne me lâcha pas pendant de longues secondes, insondable et enfin, la commissure de ses lèvres se releva en un fin sourire.
-Je dois dirrre que, avec Harry Potter, tu es celle qui m'a le plus imprrressionné en vol. Ou plutôt sur ta technique de garrrdienne. J'avoue que ... depuis que Kamila m'a dit que tu étais garrrdienne, toi la petite maigrrrichonne.
Je haussai les sourcils de déplaisir, et ce fut exacerbé par les ricanements de Simon. Mais ceux-ci furent interrompus par un claquement sec et un « aïe » qui indiqua qu'Emily l'avait frappé pour qu'il cesse. L'œil de faucon de Viktor Krum se riva sur Simon et cette fois ces ricanements s'étouffèrent définitivement dans sa gorge.
-Tu es vrrraiment une garrrdienne surprenante, ajouta Krum, sans quitter Simon du regard. Je t'ai obserrrvé pendant que j'étais à terre. Vive, intuitive, agrrressive. Et je sens en plus que tu as une marrrge de progrression assez conséquente. Tu as quel âge, quatorze, quinze ans ?
-Seize en fait. Dix-sept dans un mois.
-Il te reste combien de temps ici, un an ?
Il fixait toujours Simon, comme pour le mettre au défi de rire devant le fait qu'il s'était trompé sur mon âge. Mais à mon plus grand soulagement, Simon resta coi, et je pus opiner du chef en toute tranquillité. Krum ramena alors enfin son regard sur moi, me dévisageant comme pour m'évaluer. Kamila s'était rapprochée et nous regardait alternativement les sourcils froncés.
-J'ai signé un contrat avec les Vautours de Vrrratsa, nous apprit-t-il alors. Pour après mes études, ils me feront jouer dans l'équipe A.
-Félicitation, déclara Cédric avec un sourire. Même si c'est peu surprenant, tu es déjà l'Attrapeur de ton équipe nationale ...
-Et je joue avec les Vautours depuis tout petit pendant les vacances. Vrrratsa est une ville magnifique, au pied des Carpates ... Et si tu ne sais pas quoi faire après Poudlarrrd, Victorrria, j'aimerrrais beaucoup que tu te laisses tenter.
-Quoi ?!
Le cri que poussèrent mes amis n'avais d'égal que celui qui montait en moi, mais qui se refusa à passer mes lèvres. Cho me dévisagea ouvertement avec une mine choquée qui était tout, sauf flatteuse, et Kamila jetait un regard éperdu à Krum. Un immense sourire avait fleuri sur les lèvres d'Emily.
-Tu vois ! s'enthousiasma-t-elle en me prenant vivement le bras. Je t'avais dit que tu avais un talent pour percer dans le Quidditch !
-La Bulgarie, sérieusement ? ne put s'empêcher de lâcher Simon.
-Je ne te garrrantie pas que ce sera pour l'équipe A, les Vautours sont une grande équipe Eurrropéenne, poursuivit Krum avec un sourire plus prononcé. Mais j'appuierrrais ta candidature sans problème pour l'équipe de réserve. Les équipes de l'est manquent de joueuses féminines et je trouve que tu es une grande joueuse en devenir.
-Enfin Vic', dis quelque chose !
J'étais beaucoup trop sonnée pour prononcer le moindre mot, et je me contentai de fixer Krum d'un œil affreusement vide. J'ignorai quoi penser des propos de Krum, si ce n'était qu'ils me chamboulaient profondément. Le Quidditch était certes l'unique domaine dans lequel je me sentais utile, mais pas douée. Je prenais beaucoup de but, mais parce que je subissais beaucoup de tirs, d'après Cédric, conséquence de la faiblesse de notre attaque qui ne monopolisait pas assez le souafle. Mon ratio était certes bon, mais je ne m'étais jamais pour autant considéré comme douée. Autrement dit, je n'avais jamais songé avoir un avenir dans le Quidditch. Et être adoubée par le plus jeune Attrapeur ayant attrapé le Vif d'Or lors d'une finale une Coupe du Monde, finaliste de cette dernière et jeune prodige de la discipline m'emplissait d'une fierté coupable.
-Je vais y réfléchir, articulai-je avec toujours cette impression que ma bouche était engourdie. J'avoue que je ne sais pas ce qui se passera l'année prochaine après Poudlard alors ...
-Alors dis-toi que tu aurrras cette porrrte de sortie, me proposa Krum. Je te prrromets de parler de toi à l'entrrraineur des Vautours cet été. Ça déboucherrra au moins sur des essais ...
-C'est ... c'est ..., balbutia Cédric, me fixant avec stupeur. Ce serait une super opportunité ...
-C'est en Bulgarie !
-Ce n'est pas le bout du monde, remets-toi Simon !
Viktor Krum m'adressa un dernier sourire, avant de se retourner sur Kamila et s'en fut avec son balai vers le vaisseau de Durmstrang. A défaut de trouver un point d'ancrage dans le maelstrom qui s'était formé dans mon esprit, je me tournai vers Simon, qui fixait la nuque de Krum les yeux plissés.
-Il vient vraiment de me proposer un poste de gardienne dans une prestigieuse équipe Bulgare ?
-De toute évidence. Il va falloir qu'on te rachète des nouveaux gants.
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