I - Chapitre 17 : Entre deux mondes
Bonjour bonjour !
Chapitre 17 d'O&P ! J'avoue ne pas en être satisfaite, j'espère qu'il vous plaira quand même, normalement les prochains sont un peu mieux ...
Y'en a qui regardent GoT? et qui meurent de trouille pour le prochain épisode?
Bonne lecture !
PS : pour le premier passage, je rappelle qu'on est en 1995.
Chapitre 17 : Entre deux mondes.
-En attendant, les admiratrices de Harry Potter devront espérer qu'à l'avenir il choisira mieux l'élue de son cœur, acheva de lire Emily, consternée. Non mais quelle harpie !
Elle était profondément plongée dans un article de Sorcière-Hebdo, étalé devant elle en lieu et place de son petit-déjeuner. Ses coudes étaient posés de part et d'autre du papier glacé et son visage était callé entre ses mains, consterné.
-Incroyable, elle va vraiment chercher loin ...
-Oh parle de Rita Skeeter, répondit Simon d'un ton maussade. Si j'étais toi, je n'en croirais pas un mot ...
Il lisait La Gazette du Sorcier, délaissant sa tasse de café qui refroidissait devant lui. J'avais donc devant moi la mine revêche et le visage marqué du directeur de la Coopération Magique internationale et l'article titrait « La mystérieuse maladie de Barthemius Croupton ». Les mots me tordirent les entrailles et je me replongeais dans mon chocolat. Emily, elle, ignorait parfaitement La Gazettede Simon et commentait toujours l'article de Rita Skeeter :
-Elle dit quand même que Krum lui aurait fait une sorte de déclaration d'amour ... qu'il « n'avait jamais ressenti quelque chose d'aussi fort pour une fille ».
-Quelle idiotie, marmonna à nouveau Simon. Qu'est-ce que c'est l'amour quand on a dix-sept ans ?
Cédric, occupé avec son assiette composée d'œufs brouillés et bacon, releva la tête pour froncer les sourcils à l'adresse de Simon. Lequel parut sentir son regard car il releva lentement les yeux sur Cédric avec un sourire penaud.
-Donc tu penses que parce qu'on est jeune et qu'on a dix-sept ans, ce qu'on ressent ce n'est pas de l'amour ?
Simon abaissa quelque peu son journal, faisait apparaître ses yeux verts plissés par l'agacement.
-On va vraiment avoir ce débat ?
-Bah, je ne sais pas, je n'ai pas l'impression que ce que je ressens pour Cho c'est rien.
-Je ne dis pas que c'est rien, répliqua Simon avec un profond soupir. Je dis juste qu'il y a amour et amour. Et qu'on a tendance à trop les confondre. Bon sang, on a seize ans – enfin, dix-sept pour toi et Emily – on a jamais rien connu d'autre que le cocon familiale et Poudlard. Qu'est-ce qu'on connaît de la vie ? Et donc de l'amour ? Comment après une seule relation tu peux te dire que ce que tu ressens, c'est de l'amour et pas une forte affection, une sorte de fascination basée sur la contemplation et l'idéalisation de l'autre ? Et par Merlin, pourquoi on a cette discussion ? Victoria me regarde avec un sourire qui dit qu'elle retient chacune de mes phrases et qu'elle me les ressortira !
Je souriais, effectivement, et effectivement, je notai mentalement chacune de ses phrases pour les lui ressortir le jour où je le reverrais main dans la main avec une fille. Mon sourire s'élargit quand il me jeta un regard contrarié et je levai ma tasse de chocolat, comme pour lui porter un toast.
-Moi en tout cas, je serais ravi de ressortir tout ça à Octavia, maugréa Cédric.
-Oh je t'en prie, vas-y ! s'esclaffa Simon en lorgnant la table des Serdaigles. Elle essaie encore de renouer et c'est insupportable.
-Tu es cynique.
Simon salua, comme si Cédric lui avait fait un compliment. Emily secoua la tête d'un air dépité, les yeux toujours rivés sur l'article de Rita Skeeter. Il était écrit autour d'une photo de Harry Potter découpée en forme de cœur – terriblement répugnant.
-Pauvre gosse, commentai-je après une lampée de chocolat. Elle a une dent contre lui, la harpie. Et le fait qu'il soit à présent en tête du Tournoi des Trois Sorciers avec Cédric ne doit rien arranger ...
Je me mordis aussitôt la langue, de crainte qu'Emily ou Erwin se mette à protester vertement contre cette décision. Mais la table resta silencieuse : apparemment, tous préféraient retenir que Cédric partageait cette tête – et sans doute que notre champion n'aurait apprécié ces protestations. Emily hocha sinistrement la tête.
-Et une dent contre Granger, tu as vu comment elle en parle ? Vous y croyez à cette histoire de filtre d'amour ?
-Je ne croirais pas un seul mot écrit par Rita Skeeter, répliqua vertement Simon. Je vous laisse, j'ai un devoir à finir à la bibliothèque ...
-T'as rien mangé, mon gars, observa Erwin Summers, la bouche encore pleine de bacon.
Simon lui lança un regard torve, et prit son sac pour sortir de la Grande Salle. Erwin soupira profondément et se tourna vers Mathilda :
-Il restera toujours aussi maigre s'il ne mange pas ...
-Arrête, rétorqua-t-elle en lui assénant une tape sèche sur le torse. Il fait ce qu'il veut.
Je les observais du coin de l'œil, amusée. Depuis le bal de noël, Mathilda et Erwin passaient de plus en plus de temps ensemble, et je n'avais plus jamais entendu le jeune homme s'extasier sur la beauté de Fleur Delacour. Renata, la sœur jumelle de Mathilda, les contemplait aussi, et je n'arrivais pas à déterminer si elle était heureuse ou dépitée. Faute de quoi, elle rassembla ses affaires et s'éloigna à grands pas entre les tables de Poufsouffles et Gryffondor.
-Quelle fille sinistre, marmonna Emily en la suivant du regard. J'ai dû lui parler deux fois depuis le début de ma scolarité ...
-On a parlé pendant la première tâche, me souvins-je, perplexe. Elle est intéressante, quand même. D'ailleurs, je ferais bien de la suivre, on a cours ensemble là ...
-Tu fais encore Etudes des Moldus ? s'étonna Mathilda. Mais tu es ...
-Je sais.
Et je n'avais pas envie de plus me justifier, et me levai, laissant mon fond de chocolat refroidi sur la table. J'en avais assez de me justifier quant à mon choix de continuer de suivre tels ou tels cours. Histoire de la Magie ? Tout le monde me considérait comme une folle, mais la suite m'avait à titre personnel donné raison : mon sujet sur la Pologne et Grindelwald était passionnant et avançait en bonne voie. Quant à l'Etude des moldus, j'avais eu la note maximale pour ma dissertation sur Henry V de Shakespeare, et la professeure, Charity Burbage, me donnait régulièrement des lectures pour alimenter ma culture. La littérature moldue était tellement plus riche et plus profonde de ce qu'on pouvait trouver chez les sorciers ... Nous avions passé le début du trimestre sur la littérature moldue, et le professeur Burbage devait nous donner un nouveau thème pour les semaines à venir. La classe était vide, si on exceptait Renata, déjà assise à sa place. Nous étions peu nombreux à avoir continuer l'option, si peu nombreux que nous étions mélangés avec les septièmes année. Les tables étaient disposées en demi-cercle autour du bureau du professeur, ce qui donnait à ce cours un caractère convivial et moins protocolaire que j'appréciais beaucoup. Je m'installais à ma place, à côté de Renata. Elle me lorgna de façon oblique à travers ses lunettes, mais ne prononça pas un seul mot et se replongea dans le livre qu'elle lisait. Un rapide coup d'œil me permis de comprendre qu'il s'agissait de Draculade Bram Stoker. Un livre que je n'avais jamais lu et je parcourus les lignes discrètement en même temps qu'elle le temps que la salle se remplisse. Un sac s'écrasa à côté de moi quelques instants plus tard et Roger Davies tira sa chaise avec un sourire à notre égard.
-Ça va les filles ? Pas trop fatigué après la fête du week-end ?
-Ça va, répondis-je alors que Renata lui jetait un regard ennuyé. On a fait moins fort qu'à la première tâche ...
Cette fois je n'avais pas chanté du des chansons de dessin animé, mais issues des Misérables, l'un des CD qui tournaient en boucle dans le poste de mes parents dans ma cuisine. Bien plus avouable, et je m'étais contrôlée sur les bièraubeurre, décevant outrageusement Simon. Roger ricana.
-La prochaine fois, invitez-vous. On est à l'écart de tout, les Serdaigles. Pas de champion à soutenir ...
-Cédric et Harry sont les champions de Poudlard, pas d'une seule Maison.
Roger et moi lançâmes un regard éperdu à Renata. Malgré son ton acerbe, elle n'avait relevé le nez de son livre et tourna la page avec une apparente nonchalance. Avant que l'un d'entre nous n'ait pu répondre, des élèves de septième année entrèrent dans la classe et s'installèrent de l'autre côté de Renata, suivis du professeur Burbage. Elle devait être l'une des professeurs les plus jeunes de Poudlard, la petite trentaine fleurissante. Ses cheveux d'un blond tirant vers le châtain étaient éparses sur ses épaules et un sourire flottait perpétuellement sur ses lèvres. Elle était également l'une des rares professeurs à détester les chapeaux de sorcier et il n'était pas rare de la voir arrivée habillée en moldu de pied en cape. C'était le cas aujourd'hui : elle portait un jean terriblement de chez nous et un tee-shirt portant la langue tirée des Rollings Stones. Je souris en remarquant ce détail.
-Chouette tee-shirt, professeur.
-Merci Victoria ! répondit-elle avec un grand sourire. Ce groupe a fait ma jeunesse – demandez aux septièmes année, je leur ai fait un long cours sur la culture musicale anglaise l'année dernière ...
Certains septièmes année hochèrent la tête, certain enthousiastes, d'autres dépités. Visiblement, les Rollings Stones n'avaient pas été au goût de tous.
-Mais malheureusement pour vous, ce sera pour l'année prochaine, poursuivit Burbage avec un soupir à fendre l'âme. Sortez vos plumes, on commence un nouveau chapitre ! Après la littérature qui nous a occupée une grande partie de l'année – mais vous avouerez que c'était nécessaire, et je suis encore frustrée de ne pas avoir pu vous parler des Surréalistes ... Mais malheureusement, il faut qu'on avance – j'en parlerais l'année prochaine quand on travaillera sur les arts moldus ... Maintenant on va s'intéresser aux institutions britanniques et européennes – un cours plus barbants, je le comprends, ajouta-t-elle quand certains lui renvoyèrent un regard perplexe. Mais il me semble important que vous compreniez selon quelles règles et dans quel cadre vivent les moldus, et comment on peut interagir avec eux via ses institutions. Ce chapitre nécessitera des rappels historiques – les septièmes années, je compte sur vous, les sixièmes année n'ont pas encore eu le cours sur l'Histoire moldue britannique ... On va surtout travailler sur ce qui s'est passé dans le monde après 1945, ce qui correspond ... ?
-A la chute de Grindelwald ? proposa Roger en levant la main.
-Presque, répondit Burbage avec un sourire désolé. Une autre idée ?
-La fin de la seconde guerre mondiale.
-Merci, Victoria – même si vous trichez un peu, en tant que née-moldue.
J'eus un sourire coupable et commençait à prendre des notes sur la fin de seconde guerre mondiale et la nécessité de créer une organisation européenne pour parer à toute guerre. Le premiers cours serait donc sur les instances Européennes, une notion complètement inconnue des sorciers puisque chaque pays avait son ministère et n'interagissait que lorsque c'était nécessaire – comme pour le Tournois des Trois Sorciers. Il y avait bien la Confédération Internationale Magique, avait précisé Burbage, mais là encore elle intervenait que lors de grandes crises, et non pour créer une sorte de structure supranationale qui régirait les lois des différents pays. Ce fut un cours fastidieux pour ceux qui ne connaissaient ni l'histoire moldue, ni l'Union Européenne et il fut surtout utilisé pour faire des rappels historiques. A la fin du cours, Roger Davies se tourna vivement vers moi, une lueur alarmée dans le regard.
-Je t'en prie, dis-moi que tu as compris quelque chose.
-Je vis dans ce monde, pour moi c'est intuitif, répondis-je, amusée par son air désespéré. Qu'est-ce que tu n'as pas compris ?
-Mais rien que le principe d'Union Européenne ! A quoi elle sert ?
Comme j'avais le temps avant le prochain cours, je tentai patiemment de lui expliquer comment les six premiers pays s'étaient réunis pour créer une Union d'abord économique – paraissait-il, la paix passait par le commerce.
-Et petit à petit des pays se sont rajoutés à l'accord, et l'union est devenue bien plus de commerciale, plus politique, si on veut. Maintenant douze pays sont dedans ...
-En fait, quinze.
Je me tournais vers Renata. Elle avait rangé ses affaires, mais restait assise, les yeux fixés sur les notes que je parcourais avec Roger.
-L'Autriche, la Finlande et la Suède l'ont rejoins au 1erjanvier, explicita-t-elle, toujours sans lever le regard. Je suppose que c'est plus facile pour eux maintenant que l'URSS est tombée ...
-Oui, c'était ça qui les empêchait d'y entrer avant, ils étaient des pays « neutre », confirma Burbage, qui effaçait le tableau d'un coup de baguette. Et en temps que neutre, ils ne pouvaient entrer dans une Union ouvertement acquise à la cause des Etats-Unis ...
-Hein ? répondit très intelligemment Roger, visiblement perplexe.
Roger était un Serdaigle dans toute sa splendeur : du genre à détester de ne pas comprendre certaines choses, et à la curiosité sans limite. Burbage le gratifia d'un sourire indulgent.
-Ce sera l'objet du prochain cours, comme l'Union Européenne s'est inscrite dans la lutte de pouvoir entre les Etats-Unis et l'URSS – la Russie et les pays satellites. Le pays a éclaté il y a quatre ans, ça a foutu un bordel monstre dans le monde sorcier de l'est ... Ils ont dû créer des Ministères de la magie de toute pièce dans certains pays qui étaient depuis longtemps sous influence soviétique ... Comme quoi, le monde sorcier est complétement conditionné par ce qui se passe dans le monde moldu. Nous ne pouvons pas faire autrement si nous voulons vivre en harmonie et caché dans leur monde.
Je hochai la tête avec vigueur. C'était également tout ce qui ressortait de mes travaux sur la Pologne et Grindelwald. Les deux mondes avaient des connexions que ni l'un ni l'autre ne soupçonnait : ils s'influençaient, se contrebalançaient, s'entrelaçaient d'une manière absolument fascinante. Des fils invisibles liaient les deux mondes l'un à l'autre depuis toujours, si bien que si l'un était tiré, l'autre en ressentait irrémédiablement les effets. Sorciers et moldus étaient les deux faces d'une même pièce. J'eus un sourire. Il fallait que je mette ces mots dans l'introduction de mon devoir.
-Une lutte de pouvoir ? répéta Roger en inscrivant ses mots sur son parchemin. Pourquoi ils luttaient ?
-Pour qu'un pays ait la suprématie sur l'autre, répondit Renata d'un air sombre. En tout point : territoriale, technologique ... Notre génération a grandi dans la crainte que l'URSS ne nous envoie une bombe sur nos têtes.
-Ou dans un autre registre, de mourir dans l'un des attentats de l'IRA, ajoutai-je dépitée.
-Mais à quoi ça leur servait ? insista Roger, incrédule. Avoir la suprématie territoriale ou technologique sur une autre nation ... Heureusement que nouson ne fait pas ça.
-Bien sûr que non, répliquai-je âprement. Les sorciers étaient trop occupés à soit se battre contre les moldus – que ce soit pour se défendre au Moyen-âge ou pour imposer leur supériorité comme maintenant – pour songer à se battre entre eux. Mais ça n'a rien à voir avec une sorte de grandeur d'âme. Ce n'est pas pour ça qu'on vaut plus que les moldus.
Roger me jeta un regard à la fois désorienté et coupable. Burbage me lança un long regard, pénétrant et songeur.
-Je n'avais pas vu ça comme ça, avoua-t-elle en s'asseyant sur son bureau. C'est vrai qu'il y a peu d'exemple de guerre entre deux nations sorcières ... Mais il est également vrai que toute notre vie nous avons lutté contre les moldus – pour leur échapper, puis pour se cacher ... C'était notre unique préoccupation ...
-Et ça faisait des moldus nos uniques ennemis, ajouta Renata en opinant du chef. Et après on s'étonne que des personnages comme Grindelwald et Vous-Savez-Qui apparaissent ...
-Et qu'ils trouvent des partisans, enchérit Roger, qui paraissait comprendre la réflexion. Effectivement, ça se comprend ... (Il me jeta un bref regard). Je suis désolé, Victoria, je ne voulais pas dire que les sorciers valaient plus que les moldus. Ce n'est pas ce que je pense, loin s'en faut. J'ai le plus grand respect pour les moldus ...
-On n'en doute pas, Roger, sinon il y a longtemps que je vous aurais viré de mon cours, plaisanta Burbage. Et c'est malheureusement ce que je dois faire, parce que vos camarades de troisième année attendent devant la porte ...
Effectivement, une tripotée d'élève se massaient devant l'ouverture, leur tête curieuse passant le battant pour voir ce qui retenait ainsi leur professeur. Nous sortîmes de la salle de classe, au moment où j'entendais une jeune de Serdaigle s'écrier : « mais c'est les Rollings Stones ! ». Cela m'arracha un rire et même Renata esquissa un léger sourire.
-OK je sèche, admit Roger en observant la Serdaigle qui complimentait le tee-shirt de la professeur. Il est si bien, ce groupe ?
-L'un des équivalents des Bizarr'Sisters dans le monde moldu, expliquai-je patiemment. Ah je te jure, s'il y avait eu des Rollings Stones au bal de noël, j'aurais plus dansé que ça ...
-Il y aurait dû en avoir, rétorqua sèchement Renata. Pas spécifiquement les Rollings, mais des musiques moldues, introduire de la mixité ... Mais bon, je suppose que cela aurait engendré un incident diplomatique avec Durmstrang ...
-Sans doute, dis-je en me souvenant de la froide Sisko et du passé de Mangemort de Karkaroff. Sans ne doit pas être dans les habitudes de la maison.
-Parce que tu crois qu'un balest dans les habitudes de Durmstrang ? s'esclaffa Roger. Ce serait plus du goût de Beauxbâtons ce genre de choses. Fleur m'a raconté comment se passaient les noëls là-bas, crois-moi ça se rapproche des bals ...
Ses joues avaient légèrement rougi quand il avait évoqué Fleur Delacour, et il m'avait lancé un regard à la dérobée. J'eus un léger sourire. Je l'avais surpris en train d'embrasser la belle championne de Beauxbâtons dans le parc de Poudlard le soir du bal et je le soupçonnais de craindre que j'en parle à Emily. Evidemment, je ne l'avais pas fait : ce n'était pas le genre d'information que rêvait de recevoir mon amie, et c'était la vie privée de Roger. Du reste, je ne les avais plus vu une seule fois ensemble depuis, mais cela avait paru contenter Roger. Il n'était pas connu pour sa stabilité amoureuse, c'était un véritable cœur d'artichaut. Renata était retombée dans son mutisme habituel et passa la porte du cours de Sortilège dans un mot pour s'asseoir seule devant la table qu'occupaient sa sœur et Erwin Summers. Emily, déjà installée à notre place, me jeta un regard qui s'acidifia quand il rencontra celui de Roger. Le Serdaigle déglutit.
-Bon, Bennett, on se revoit en fin de semaine ..., me lança-t-il en se dépêchant de rejoindre ses camarades.
-Bien sûr, maugréai-je avec un soupir. Mais sinon il n'y a rien.
***
-Tu es sûre de ne pas vouloir venir ?
Miles me fixait, les yeux presque suppliants. Il tenait son autorisation de sortie à la main et sa cape dans l'autre. Le soleil irradiait sur le parc en cette fin d'hiver, et nous avions abandonné écharpe et bonnet. Je le gratifiai d'un sourire d'excuse.
-Non, c'est gentil, mais vous serez tous en cours de transplanage. Je ne vais me promener dans le village toute seule ...
-Je peux rester avec toi, si tu veux, proposa Miles avec un sourire. J'ai réussi à transplaner au dernier cours ...
C'était vrai, et Alicia Spidnett était également réapparue entière dans son cercle, comme – et c'était moins réjouissant – Gloria Flint. Simon avait bien sûr réitéré son exploit. Une pancarte dans nos salles Communes nous avait annoncé que ceux nés avant le 25 avril pourraient prendre des leçons supplémentaires de transplanage à Pré-au-Lard pour passer l'examen à cette date. Malheureusement, j'étais trop jeune, tout comme Simon, ce qui avait engendré une profonde frustration puisqu'il était celui qui y arrivait le mieux. Ma bouche se tordit, marquant mon indécision et j'effleurai l'autorisation que j'avais enfoncé dans ma poche, au cas où je changerais d'avis. Miles parut sentir mon hésitation car il embraya :
-Et puis tu ne vas pas rester enfermée alors que le soleil revient enfin. Franchement, Vic', ça ne me dérange pas de rater la séance ...
-Il faut mieux que tu t'entraines, protestai-je malgré ma tentation. Tu ne vas pas payer des masses de leçons de transplanages et encore moins toutes les tentatives de permis ... Autant mettre toute tes chances de côté cette fois là, non ? Au moins tu rentreras chez toi avec le permis en poche ...
-Mais toi ...
-Je vais flâner un peu et travailler mon devoir d'Histoire de la magie. Il faut que je finisse mes recherches si je veux le rendre à temps.
Miles continua de me contempler, indécis, son regard coulant parfois vers les élèves qui descendaient vers le portail. Je le bousculai un peu avec un sourire amusé.
-Allez, vas-y. Si tu arrives en retard, Rusard va te tirer les oreilles.
-Je me sens coupable de te laisser seule ici ...
-Mais enfin, tu crois que je ne sais pas restée seule ? J'ai passé mes premières années seule, et je ne suis pas morte !
-Sûre ?
-Seigneur, Miles ! Je te paierais un café dans les cuisines de Poudlard, ça te va ?
Un lent sourire s'étira sur ses lèvres et l'étincelle dans son regard me fit monter le rouge aux joues. Cet argument parut le vaincre car il céda :
-D'accord pour le café dans les cuisines. Bonne chance pour ton devoir.
-N'en profite pas pour copiner avec Selwyn ! lui criai-je alors qu'il s'engageait sur le chemin humide qui menait au portail.
-Non madame !
Je le regardais s'éloigner, lui faisant un signe de main timide chaque fois qu'il se retournait vers moi avec un sourire. Il finit par disparaître au détour d'une pente, et je me retournais, les lèvres retroussées en un sourire qui devait paraître affreusement niais ... et tombai nez-à-nez avec le regard moqueur de Simon Bones. Je fis un véritablement bond sur le côté, affolée.
-Simon !
-Victoria, salua-t-il poliment, les yeux étincelant d'amusement. Je t'ai déranger en pleine contemplation, peut-être ?
-En pleine ... Oh je te jure ! (Je secouai la tête, une flambée s'étendant jusque mes oreilles). Bones, mêle-toi de tes affaires.
-Ah ! se réjouit-t-il en pointant sur moi un index triomphant. Tu vois tu ne nies même plus !
-Tu es pénible.
-Et tu ne fuis plus, ce qui veut dire que tu n'as plus peur ! Quand est-ce que tu nous annonces que tu sors avec lui ?
J'ouvris la bouche, les joues brûlantes, et me rendis compte que je n'avais rien à répondre. Je plongeai mes mains dans mes poches devant ma frustration, et voulus dépasser Simon pour éviter de répondre à ces questions, mais il me retint fermement par le bras. Pour réponse, je lui écrasai le pied et il poussa un glapissement en me lâchant.
-Par Merlin, Vicky, il n'y a qu'avec la violence que tu arrives à t'exprimer ! râla-t-il, courbé en deux pour frotter son pied. Hey, où tu vas ? (Il me retint par un pan de ma cape, coupant net ma fuite). J'ai pas fini !
-Moi si.
-Reste là ! Je dis juste que si tu te sens assez proche de lui, le moment serait bon pour lui parler de Selwyn – et possiblement du cinq novembre.
Je me figeai, m'immobilisant au milieu du parc. Comprenant que je ne bougerais plus, Simon lâcha ma cape et se redressa en époussetant le genou qu'il avait posé à terre. Le sourire avait disparu de ses lèvres.
-On en avait parlé après le bal de noël, me rappela-t-il devant mon mutisme. Que si tu lui parlais du cinq novembre et des messages, peut-être qu'il te dira la vérité concernant ce qui s'est passé avec Selwyn. Et je continue à penser que ça serait peut-être un peu utile.
-Je n'ai toujours pas brûlé, fis-je remarquer, les entrailles néanmoins nouées. On ne s'était pas dit que c'était mieux d'ignorer les messages ?
Ça ne me plaisait pas, et chaque fois que je sortais mon dictionnaire de rune dans lequel j'avais caché les messages, mon cœur se serrait si fort que je mettais un instant à m'en remettre. Ils faisaient écho à de trop mauvais souvenir pour qu'ils me laissent indifférente. Chaque fois que je les croisais, j'avais l'odeur du feu dans les narines et le visage scarifié de Nestor Selwyn flottait dans mon esprit. Simon parut le lire sur mon visage car il me tapota la tête d'un air concédant.
-Parle-lui, Bennett. Non seulement ça t'aidera sur cette affaire, mais en plus tu arrêteras de venir m'en parler à moi.
-Tu veux dire que si j'en parle à Miles je dois arrêter de tenir informer ? me moquai-je malgré la boule qui s'était formée dans ma gorge.
J'avais une peur bleue de parler de cette affaire à Miles. Pour une foule de raisons différentes – peur qu'il aille me dénoncer malgré tout, peur qu'il ne puisse rien m'apprendre ... Mais je m'étais rendue compte au fil de mes réflexions que ce qui m'effrayait le plus, c'était le regard que Miles poserait sur ce que j'avais fait ce cinq novembre. Qu'il soit perplexe, horrifié et qu'il s'éloigne. Oui, c'était ça. J'avais peur que Miles m'abandonne. Et cette frayeur était révélatrice des sentiments que je pouvais éprouver pour lui, contre toute attente.
Quelle ironie. Il avait fallu qu'il s'éloigne pour que je m'attache à lui.
Simon passa une main sur sa nuque, les yeux plissés.
-A la réflexion, non. Continue de m'en parler. Alex me tuerait s'il t'arrivait quelque chose et que je n'avais rien fait.
-Je continue de croire qu'il ne m'arrivera rien mais soit. Tu vas à Pré-au-Lard ?
Il tenait également son autorisation de sortie à la main, bien qu'il soit trop jeune pour participer aux leçons supplémentaires de transplanage. Il haussa les épaules.
-Oui, je dois rejoindre Susie aux Trois Balais. Normalement Caroline devait venir mais ...
-Elle a trop de travail ?
-Ouais, quelque chose de ce goût-là. Bref. Travaille bien Bennett ! Et s'il te plaitréfléchie à ce que je t'ai dit.
-Hum, marmonnai-je alors que Simon s'éloignait sur le chemin humide, enfonçant sur sa tête son bonnet d'un orange criard. C'est ça.
J'hésitai sur ce point. Je doutais de l'utilité – comme je l'avais souligné, je n'avais pas encore brûlé, et j'avais de plus en plus de doute sur la culpabilité de Selwyn dans les messages lugubres qui m'étaient adressés. Et puis je ne voulais pas voir le dégoût dans ses yeux quand je lui raconterais que j'avais brûlé une partie du visage de Nestor Selwyn. L'idée me noua la gorge et je la fis passer en faisant quelques pas dans le parc. J'étais si profondément plongée dans la contemplation des cimes des arbres de la Forêt Interdite que je sursautai tel un oiseau apeuré quand une voix m'interpella :
-N'entre surtout pas là-dedans !
Je posais une main sur ma poitrine pour calmer les palpitations affolées de mon cœur, et lançai un regard éperdu à Hagrid. Il semblait être sorti précipitamment de la cahute qui lui servait de maison, un index pointé en ma direction.
-C'est dangereux, Dumbledore ne veut pas que vous entriez là-dedans ! Pas seuls, en tout cas !
-Je n'en n'avais pas l'intention, répondis-je, la main toujours sur le cœur. Je regardais juste ....
-C'est ça, bougonna Hagrid en me faisant un signe de main. Allez, éloigne-toi. J'ai entendu des centaures rôder près de l'orée, ils n'aiment pas trop les sorciers ...
Ayant lu quelques paragraphes sur la férocité des centaures face aux humains, je rejoignis le garde-chasse à grande enjambée. Son ombre vint me couvrir et assombrir mon horizon et en un éclair, l'article de Rita Skeeter le concernant me revint en tête. Miles m'avait appris qu'il avait fini par reprendre ses cours, et que leur qualité en avait été accrue. Il n'avait pas eu de problème dans son cours – ils n'étaient que trois, et favorable à Hagrid – mais néanmoins, il paraissait que certains Serpentard plus jeunes continuaient de parler amèrement des origines du garde-chasse, et des parents d'élèves continuaient de réclamer son renvoi. C'était sans doute pour cela qu'il paraissait si morose alors que nous remontions vers sa cabane.
-Vous allez bien ?
Je n'avais pas pu m'empêcher de sortir cette phrase, sans franchement réfléchir, inquiété par l'attitude maussade du garde-chasse. Les sourcils broussailleux de Hagrid se froncèrent au dessus de ces yeux sombres et songeurs.
-Bien sûr que je vais bien. J'ai juste du mal à me procurer en whisky pur-malt dont raffolent les chevaux de Beauxbâtons ... Mais je ne sais plus très bien si j'ai envie de m'en occuper, de ceux là.
Il me jeta un regard oblique, suspicieux.
-Je ne crois pas t'avoir eu dans mon cours, toi.
-Non, je n'ai pas pris Soin aux Créatures Magiques, avouai-je avec un sourire penaud. Je m'appelle Victoria.
-Oui, je me souviens. Enfin, de toi à la répartition. Ça fait un bail, tu as bien grandi.
-On peut dire ça, répondis-je en me contemplant dans ma modeste taille.
J'étais surprise que Hagrid se rappelle de moi, j'étais le genre d'élève qui se fondait dans la masse. L'une parmi tant d'autre. Puis je me rembrunis quand il ajouta :
-Mais je me souviens parfaitement de toi. Une petite craintive, tu te collais au fils Bones ...
-C'est impressionnant de se retrouver pour la première fois à Poudlard, marmonnai-je, embarrassée. Et même après quelques années ça reste impressionnant. Madame Maxime vous a demandé de s'occuper de ses chevaux ?
Je voulais éloigner le sujet de ma Répartition – l'un des moments les plus gênants de ma vie – mais le regard de Hagrid s'assombrit encore un peu plus.
-Ah ne me parle pas de cette bonne femme ! La seule chose qu'elle a su me dire c'était que ces précieux chevaux n'étaient pas assez bien soignés ...
-Il leur faut plus de whisky pur-malt.
Hagrid me jeta un nouveau regard en coin, mais cette fois un sourire fit frémir son hirsute barbe.
-Sans doute, j'y penserais. Mais dis-moi, qu'est-ce que tu fais là, toute seule ? Tu ne vas pas à Pré-au-Lard ?
Je lui expliquai patiemment que la plupart des sixièmes années suivaient un cours de transplanage, et il me jeta un regard triste. Ces yeux sombres brillaient de chaleur et de sollicitude.
-Je t'aurais bien invité à prendre le thé pour compenser mais ...
-Vous devez aller chercher du whisky pur-malt, compris-je d'un ton badin. Pas de problème, je viendrais boire le thé chez vous une prochaine fois.
Je m'efforçais néanmoins de masquer ma surprise alors que Hagrid s'esclaffait. Je connaissais assez mal le garde-chasse de Poudlard, si ce n'était sa bonne humeur et, grâce à Rita Skeeter, sa gigantesque ascendance. La facilité avec laquelle il m'avait proposé de boire un thé, et son ton affable et peu cordial .... Cela m'étonnait autant que ça m'allait droit au cœur.
-De toute façon, je pense qu'on te cherche ! ajouta Hagrid en pointant un point derrière moi.
Effectivement, une élève dévalait la pente pour nous rejoindre. En revanche, il s'agissait de Cho Chang, et je ne pensais pas qu'elle me cherchaitmoi. Elle me donna raison en adressant un immense sourire à Hagrid.
-Le professeur Flitwick vous cherche, annonça-t-elle gaiement en donnant un mot au Garde-chasse. Un Niffleur s'est introduit dans son bureau ...
-S'est introduit ou a été introduit, marmonna Hagrid en lisant le mot. Un coup des jumeaux Weasley, ça. Ah ! (Il me jeta un coup d'œil amusé). Le whisky pur-malt devra attendre, pas vrai ?
-Vous voulez que j'aille en chercher à Pré-au-Lard ? proposai-je charitablement. Je n'ai rien à faire, cet après-midi. Enfin, s'ils acceptent d'en vendre aux mineurs.
L'œil noir de Hagrid étincela, et un grand sourire fit frémir sa barbe.
-Tu ferais ça ? Je le prends à la Tête de Sanglier, le gérant m'en garde des barils ... Mais seule ...
-J'irais avec elle, proposa spontanément Cho, avec un brin de précipitation. Moi non plus je n'ai rien à faire.
Je me joignis à Hagrid pour gratifier Cho d'un regard stupéfait, mais la Serdaigle s'était fendu d'un adorable sourire engageant. Le Garde-Chasse finit par nous remercier, et s'engouffra dans sa cabane pour nous signer une autorisation. D'après lui, le gérant du pub n'était pas très regardant, il nous confirait les caisses sans poser trop de question. Alors qu'il s'affairait, je regardai Cho de biais, intriguée. Elle avait ramené ses longs et magnifiques cheveux noirs en une queue de cheval qui dégageait son visage de porcelaine, et une écharpe aux couleurs de sa maison était nouée autour de son cou.
-Tu ne vas pas à Pré-au-Lard avec tes amies ? m'enquis-je du bout des lèvres.
Cho était le genre de fille qui ne se déplaçait qu'en bande, une fille rieuse et populaire que chacun appréciait et qui n'était jamais seule. Alors sa proposition de venir chercher du whisky pur-malt avec moi me surprenait beaucoup. Elle secoua la tête, faisant valser sa queue-de-cheval.
-Non, elles sont déjà parties pendant que je parlais avec Flitwick. J'ai un problème avec mon devoir de Sortilège, je comptais le travailler maintenant ...
-Mais justement ...
-Oh ça ira, répliqua-t-elle en balayant d'un geste de main mes protestations. Au pire je demanderais à Cédric de m'aider quand il rentrera de Pré-au-Lard ... Ou peut-être que tu pourras m'aider après la course, toi. Même si d'après ce que je sais, tu es plus douée en Histoire de la Magie.
Maintenant qu'elle me parlait et me souriait d'un air affable, je comprenais ce que tous, fille comme garçon, pouvait trouver à Cho Chang. Elle était simple, pétillante, d'une bonne humeur naturelle qui nous donnait à notre tour envie de sourire. Plus je la contemplais, plus je comprenais pourquoi Cédric était tombé amoureux d'elle. Hagrid m'empêcha de répondre en me donnait la procuration, inscrit d'une écriture brouillonne sur un morceau de parchemin, un immense sourire aux lèvres.
-Encore merci les filles.
-Pas de problème, répondit gentiment Cho avant de se tourner vers moi. On y va, Victoria ? On doit se dépêcher, je ne sais même pas si Rusard est encore à la grille ...
Maintenant elle l'évoquait, ça risquait d'être une possibilité, alors nous partîmes au quart de tour, courant à perdre haleine, nos autorisations de sortie et la procuration de Hagrid fermement en main. Quand l'immense portail sur lequel veillaient deux statues de sangliers ailés fut en vue, Rusard était en train de le fermer en marmonnant dans sa barbe, Miss Teigne rampant à ses pieds.
-Calme-toi, ma belle ... Je sais que tu as senti plein de malhonnêteté, mais c'est fini maintenant ...
-Attendez !
Rusard fit volte-face vers nous, son regard se posant méchamment sur nos autorisations de sortie. Un air revêche vint se peindre sur son visage ridé.
-Ah non ! La grille est fermée, c'est fini !
-Mais on a une autorisation de Hagrid ! protestai-je en levant le parchemin que j'avais encore à la main.
-Du professeurHagrid, ajouta Cho avec insistance.
Ce rappel que Hagrid était à présent d'un rang supérieur à lui – et avait ainsi autorité sur lui – ne parut pas plaire à Rusard, dont les traits se crispèrent un peu plus. Malgré tout, il introduit à nouveau sa clef dans la fente de la grille, marmonnant des mots incompréhensibles. Avant qu'il ne puisse faire le moindre commentaire désagréable, nous nous échappâmes et filâmes dans le chemin qui menait à Pré-au-Lard. Cho pestait contre Rusard et sa mauvaise humeur latente qui pourrissait l'ambiance de Poudlard, et arriva même à me faire rire alors que nous traversions la grande rue de Pré-au-Lard. Au moment de bifurquer sur une rue adjacente, je faillis buter dans un chien qui trottinait en sens inverse. Il jappa joyeusement à mes pieds avec insistance, et je finis par lui céder les restes d'un gâteau que j'avais dans ma poche, attendrie. Cho observa la scène avec un sourire énigmatique, mais ne s'approcha pas du chien, comme si son errance la rendait méfiante. Je finis par repartir et bientôt, la Tête de Sanglier fut en vue. C'était un vieux pub assez miteux duquel je ne m'étais jamais approché, et qui avait assez mauvaise réputation. Les murs étaient couverts de mousses et les fenêtres si crasseuses que je ne pouvais rien voir à l'intérieur. L'une d'entre elle était même cassée, et personne n'avait pris la peine de la réparer. Cho fronça du nez.
-Hum. Je préfère les Trois Balais.
-Je pense que c'est le cas de la plupart des gens, répondis-je en observant la salle de la fenêtre brisée. C'est aussi miteux à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ça te dit un petit whisky Pur-Feu ? Je suis sûre qu'il nous en donnerait ici, mêmes mineures.
Un léger sourire retroussa les lèvres de Cho, et elle enroula sa main dans son écharpe avant d'actionner la poignée. L'intérieur de la pièce sentait la chèvre et le renfermé, et Cho plongea son nez dans son écharpe pour se soustraire à l'odeur. Le pub était presque désert : deux gobelins qui discutaient à voix basse près d'une fenêtre nous jetèrent un regard mauvais, un sorcier portant une longue cape violette consultait une carte en faisant tournoyer sa baguette entre ses doigts et une sorcière minuscule parlait avec le barman, un homme massif à la longue crinière d'un gris fer peu soignée. Cho et moi échangeâmes un regard avant de nous avancer vers lui d'un pas timide. Il interrompit sa conversation pour nous fixer à travers ses lunettes presque aussi sales que ses vitres. Son regard bleu nous perça le front, si intense que mon souffle se bloqua dans ma gorge.
-C'est pour quoi ? grogna-t-il d'un ton bourru.
-C'est Hagrid qui nous envoie, répondis-je dans un filet de voix. Enfin, notre professeur de ...
-Je sais qui est Hagrid. Pourquoi il envoie deux minettes à sa place ?
Je n'étais pas particulièrement ravie d'être traitée de « minette », aussi plissais-je les yeux avec irritation. Cho devait avoir plus de bon sens que moi, car elle me prit la procuration des mains pour la tendre au barman.
-Il est retenu à Poudlard et il a besoin de ça ... On s'est juste proposées.
-D'une remarquable charité, marmonna le barman en parcourant les lignes brouillonnes, le front plissé par la concentration, avant de tendre les parchemins à la petite sorcière. C'est bon pour toi, Tilda ?
Son interlocutrice chaussa les lunettes qui étaient retenues au bout d'une chaine et lut à son tour les mots de Hagrid, sourcils froncés.
-Peu lisible. Mais oui, il leur demande bien de ramener quelques barils de whisky pur-malt.
-Très bien, grogna le barman en nous jetant un bref coup d'œil. Attendez ici.
-Whao, laissai-je échapper alors qu'il s'éloignait dans l'arrière-boutique. Je pourrais vraiment demander un whisky Pur-Feu.
-Et tomber malade dans la foulée, enchérit Cho en contemplant les verres sales d'un œil critique. Si les sorciers avaient une inspection sanitaire, je ne suis pas sûre que ce pub passerait.
-Et c'est là que je suis sidérée. Chez les moldus, c'est pénible le ménage, on doit tout faire manuellement. Mais ici on a une baguette. Un coup de baguette et c'est propre par Merlin. L'une des raisons d'attendre mes dix-sept ans avec impatience c'est que je pourrais ma chambre en une seconde au lieu d'une après-midi.
Cho laissa échapper un petit rire nerveux, car la petite sorcière qui parlait avec le barman venait de nous lancer un regard torve. Je me mordis la lèvre et détournai le regard, mais je sentais encore la trace brûlante des yeux de la sorcière qui me suivaient. Le barman revint un instant plus tard, sa baguette dans la main et quatre gros barils flottant derrière lui. D'un mouvement souple de la baguette, il les fit se poser à nos pieds sous nos yeux écarquillés. Un sourire lugubre déforma les lèvres du barman.
-J'espère que l'une de vous deux est majeure.
-A quelques mois près ..., dis-je amèrement en contemplant les barils. Vous ne pouvez pas ... je ne sais pas, moi, les téléporter devant le portail ?
-J'ai jamais été doué pour ce genre de magie, gamine. A vous de vous débrouiller.
-Elles veulent peut-être un whisky Pur-Feu pour se donner de la force, ricana la petite sorcière et Cho lui jeta un regard agacé.
Je soupirai et avançai vers l'un des barils pour tenter de le soulever. C'était lourd, mais en faisant des pauses régulières et alternant avec quelques instants de roulage ... C'était possible.
-On va en prendre deux, décidai-je alors en reposant le baril. Hagrid viendra chercher les deux autres demain, je le préviendrais.
-Comme tu voudras, répondit le barman en haussant les épaules.
Il donna un coup de baguette sur les deux autres barils qui allèrent docilement se ranger dans l'arrière boutique. Cho me gratifia d'un regard dérouté, avant de considérer le baril qu'elle aurait à porter.
-Un jeu d'enfant, railla-t-elle avant de prendre son tonneau à bout de bras. Merci beaucoup !
Les yeux scrutateurs du barman et de la petite sorcière nous accompagnèrent jusque la sortie du pub. Dès que la porte se referma derrière nous, Cho posa son baril et le coucha sur le flan, avant de le pousser du bout du pied. Le tonneau roula sur quelques centimètres, les clapotis du whisky contre les planches de bois résonnant dans la cavité.
-Une brillante idée, commenta-t-elle, une ombre passant sur son visage. Tu es sûre de ne pas avoir dix-sept ans ?
-Au mois de mai, répondis-je avec un regard oblique. Mais dès qu'on sera à Poudlard on pourrait utiliser la magie alors ...
-Oui, tu as raison, dépêchons-nous.
Elle eut un sourire encourageant mais qui paraissait moins naturel, et agrippa derechef son baril. Je la suivis et nous remontâmes la grande rue de Pré-au-Lard. Le chien avait disparu, anéantissant mes espoirs de lui harnacher les barils pour les lui faire tirer. Je jetai un coup d'œil à l'intérieur des Trois Balais sans apercevoir les Bones, et occupée par mon examen, je ne vis pas Cho s'engager dans une rue qui ne menait pas à Poudlard. Perplexe, je la rejoignis aussi vite que me le permettait mon chargement.
-Attends ! Où tu vas ?
Cho, qui avait déjà parcouru la moitié de la ruelle, s'immobilisa pour pivoter vers moi, penaude.
-J'ai entendu dire que les leçons de transplanages se déroulaient là-bas ... Je voulais juste voir comment se débrouillait Cédric ...
Je levai les yeux au ciel avec un sourire désabusé qui fit rougir Cho, mais je m'abstins de tout commentaire pour la suivre. Effectivement, la ruelle débouchait sur les hauteurs de Pré-au-Lard, et avant même de les voir j'entendais les rumeurs des voix mécontentes et les « clac » sonores caractéristiques du transplanage. En contre-bas, sur un terrain vague, le minuscule Wilkie Tycross vagabondait entre les rangs épars des élèves, et je l'entendais d'ici asséner son principe des « trois D » aux personnes qui tournaient sans réussir à transplaner, mais cela devait en agacer plus d'un car je vis l'un des jumeaux Weasley faire un geste obscène de la main dans le dos de l'instructeur. A l'inverse, les premiers succès commençaient à se faire sentir. Emily était en train d'exulter face à Cédric, sautillante dans son cerceau de fer. Elle devait enfin avoir réussi à réapparaître à l'intérieur. Je vis Miles amorcer un mouvement pour tournoyer, et disparaître en un « clac ». Il ne réapparut pas dans son cerceau, mais quelques centimètres à côté, heurtant Gillian Fawley au passage. Ses joues devinrent rouges de confusion quand il s'excusa devant le regard agacé de Gillian, avant de retourner devant son cerceau. La scène m'arracha un sourire attendri.
-Tu as réussi, toi ?
Je sursautai en entendant la voix de Cho. Elle avait posé son baril devant elle et se frottait les doigts endoloris, un éclat amusé dans le regard.
-Pas encore, répondis-je en posant à mon tour mon tonneau.
Mes bras poussèrent un soupir de soulagement et je retirais mes gants pour voir l'état de mes doigts. Leur bout avait agrippé si fort le cercle de fer qui cintrait les barils que le sang y avait cessé de circuler, malgré la peau rougie autour des ongles. J'arrachai une envie du bout des dents en observant Cédric réussir à transplaner une nouvelle fois, et lever les bras en signe de triomphe.
-Bravo champion, marmonnai-je avec un sourire dépité. Faudra que je leur demande comment ils font.
Puis mon regard glissa à nouveau irrésistiblement vers Miles, et je compris pourquoi j'avais eu cette tentation quand je croisai son regard noisette pétillant d'amusement et ravissement. Je sentis mes joues s'empourprer et chauffer ma peau quand il me fit un signe discret de la main, un sourire de coin aux lèvres. Puis il pivota et réapparut une seconde plus tard dans son cerceau avant de m'adresser un salut militaire.
-T'es un frimeur, Bletchley, grommelai-je, malgré le sourire qui m'effleurer les lèvres.
-Bletchley ?
Perdue comme je l'étais dans mes contemplations, j'avais oublié Cho à mes côtés – qui semblait toutefois toute aussi occupée. Ses yeux plissés passèrent de Cédric à Miles, intrigués.
-Le gardien de Serpentard ? Tu le connais ?
-Ouais. Un peu.
Je me trémoussai, mal à l'aise alors que le regard de Cho s'attardait. Un léger sourire flotta sur ses lèvres.
-Il n'arrête pas de te regarder, j'ai l'impression ...
-C'est un ami, protestai-je, bien je croyais de moins en moins à cette phrase. Et je t'assure que s'il y avait eu Quidditch, ça aurait été moins que ça.
Mon mensonge sonnait désagréablement à mes oreilles. Il n'avait jamais eu aucune rivalité entre Miles et moi concernant le Quidditch, même si on jouait au même poste. Mais nous n'étions pas adversaire directs : toute ma carrière de joueuse, il n'avait été qu'un point lointain à l'autre bout du terrain, un nom qui n'étais pas mon problème et que j'ignorais pour me concentrer sur les poursuiveurs et les cognards. Et de plus, je me trouvais injuste de dénigrer ainsi ma relation avec Miles au moment où elle commençait à prendre un tournant que personnellement, je n'attendais pas. Mais je n'avais pas franchement l'intention de parler de ça avec Cho.
-Mais il est vraiment sympa, achevai-je pour délier le nœud douloureux dans mes entrailles. Enfin avec moi il a toujours été adorable.
-Qualité rare pour un Serpentard, renchérit Cho, son sourire s'agrandissant. C'est un bon gardien, même si à titre personnel je te trouve meilleure. Et il s'en sort bien avec son transplanage ...
-Comme Cédric, répliquai-je par soucis d'éloigner la conversation de Miles. Regarde il a encore réussi !
Mon ami venait de transplaner à nouveau dans son cercle, sous le regard brillant de Gillian Fawley qui fut la première à le féliciter. Même Octavia McLairds leva les yeux au ciel, en parfaite synchronisation avec moi, excédée.
-Mais quelle béquasse celle-là ... Je ne sais pas comment vous faites pour la supporter à Serdaigle.
-On ne la supporte pas, en fait. Ou seulement parce que c'est l'amie d'Octavia McLairds et que tout le monde adore Octavia.
-Ah.
Le ton de Cho m'avait parut nettement plus froid, songeur. Ses yeux s'étaient à nouveau reportés sur Cédric, mais cette fois il n'y avait pas de sourire attendri sur ses lèvres. Elle se balançait d'un pied à l'autre et je l'observai, un sourcil dressé avec perplexité. Elle finit par sentir mon regard sur elle parce qu'elle finit par lâcher d'un ton à la fois froid et gêné :
-Je me suis toujours demandée ... Enfin ... Je n'ai jamais réussi à comprendre tes relations exactes avec Cédric. Oh ne me regarde pas comme ça, ajouta-t-elle en rougissant furieusement face à mes yeux ahuris. Je ne suis pas la seule ...
Elle tourna sèchement la tête et une partie de ses mèches de jais vinrent fouetter son visage écarlate. Je continuai de la fixer, abasourdie. Puis l'absurdité de la question m'attint en plein cœur et j'éclatai d'un rire incontrôlé.
-Attends ... Relations exactes ? Tu crois que j'avais des sentiments pour Cédric ?
-J'en sais rien, rétorqua Cho, la flambée s'étendant à ses oreilles. Je dis juste ... Je comprends son amitié avec Simon et Emily, ils sont brillants, de son niveau, Emily est presque son équivalent féminin, elle est belle et intelligente ...
-Tandis que moi je suis nulle et moche, c'est ça ?
J'étais heureuse d'avoir assez d'autodérision pour prendre la chose avec un nouvel éclat de rire, bien que la remarque me pinça le cœur. Elle reflétait l'image négative que je pouvais d'avoir de moi et ravivait mon complexe d'infériorité vis-à-vis des gens que je côtoyais. Les yeux de Cho s'écarquillèrent d'horreur.
-Bien sûr que non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Je ne trouve pas ... Tu n'es pas ...
Elle secoua la tête, sa queue de cheval fouettant ses épaules avec agitation.
-Je dis juste que l'amitié entre Emily et Cédric je la comprends, elle va de soi et elle a été spontanée, même si c'est parfois explosif. Et quand Cédric parle d'elle, c'est clair, je sais qu'il n'y a que de l'amitié entre eux. Avec toi ... Je ne sais pas.
Elle coinça une mèche trop courte derrière son oreille. Alors qu'elle posait ces mots avec plus de fluidité, son visage perdait de sa couleur soutenu et reprenait une expression résolument calme, quoique teinté d'agacement et de perplexité.
-Il parle beaucoup de toi, tu sais. Peut-être plus que d'Emily ou Simon, et je ne sais pas ... avec beaucoup de ... tendresse. Je ne sais pas, vous avez une amitié franchement improbable et déséquilibré, pourtant il prend tellement soin de toi ... C'est une relation que je ne comprends pas, je te l'avoue alors ... Oui, je me suis posée des questions.
Elle me jetait des regards obliques entre deux mots, entre inquisition et embarras, comme pour observer ma réaction. Un sourire désabusé s'était dessiné sur mes lèvres, et je réprimais de mon mieux l'élan d'affection qui poussait à nouveau pour Cédric.
-Je pense qu'il me considère un peu comme la petite chose fragile qu'il doit protéger, expliquai-je pour rassurer Cho. Surtout après ce qu'il s'est passé il y a deux ans ... La Chambre des Secrets, précisai-je face au regard désorienté de Cho. C'est après ça que Cédric et Emily se sont rapprochés de moi. Je pense qu'ils devaient avoir pitié.
-Ça a dépassé la pitié pour Cédric. Il t'aime vraiment beaucoup, ça se voit.
Il y avait une certaine retenue dans sa voix, une grande prudence qui commençait presque à m'agacer. J'enfonçai mes mains dans mes poches et effleurai ma baguette du bout des doigts. Etrangement, ce simple contact m'apaisa et ce fut d'une voix calme que je répondis :
-J'espère qu'il m'apprécie, on est très amis. Mais ça ne va pas au delà, Cho, je peux t'assurer qu'il n'a d'yeux que pour toi. Je trouve ça idiot d'insinuer qu'il y aurait plus, tu n'as pas confiance en ta relation avec Cédric ?
-Bien sûr que si, enchérit précipitamment Cho, les yeux brillants. Mais ...
-Alors pas de problème. Cédric est fou de toi, si tu as confiance en lui et ses sentiments, tu n'as pas à te poser sur nos relations. Elles sont ce qu'elles sont et contrairement à ce que tu dis je les trouve complétement claires.
Cho me dévisagea, les yeux plissés et le visage impassible. Puis elle reporta son attention sur les élèves de transplanage et plus particulièrement sur Cédric. Ses traits parurent se détendre quelque peu et elle exhala un profond soupir.
-Je n'ai pas dit que je psychotais non plus. J'ai une entière confiance en Cédric. Je voulais juste éclaircir les choses.
-Alors tu t'adresses à la mauvaise personne.
Cho et moi sursautâmes en un ensemble improbable, la main sur le cœur. Derrière nous, Simon Bones nous fixaient, un sourire amusé aux lèvres et son affreux bonnet orange planté sur ces cheveux d'un blonds foncé. Maintenant que le soleil revenait, ils s'éclaircissait et prenaient des éclats dorés, mais ses yeux verts restaient les mêmes et étincelaient devant notre air affolé.
-Vicky n'est pas connue pour bien expliquer, son cerveau est plein d'eau, raconta-t-il à Cho sur le ton de la confidence.
-Oh Bones, grognai-je, une main sur le cœur. Pourquoi tu nous fous la frousse comme ça ?
-Parce que c'est drôle. Vous vous rincez l'œil ?
Nous échangeâmes un regard, et je maudis mes joues de s'empourprer de la sorte. Rougeur dont Simon semblait se délecter car il m'ébouriffa les cheveux.
-Ah Bennett, faudra vraiment que tu grandisses ...
-Bas les battes ! glapis-je en m'extirpant. Et grandis toi-même on en discutera après. Et Seigneur, jette-moi ce bonnet.
-Mais non, je l'ai depuis mes trois ans !
-Justement Simon, tu n'es plus un enfant même si tu en as encore la taille.
Pour toute réponse, il agrippa deux pans de son bonnet pour l'enfoncer encore un peu plus sur sa tête, son nez pointu froncé par l'obstination. Je poussai un profond soupir face à tant d'entêtement. Il était même raccommodé par endroit – et connaissait la répugnance de Simon pour les sorts ménagers, cela témoignait clairement de son attachement incompréhensible à ce bonnet.
-Tu es désespérant. Qu'est-ce que tu fais ici ?
-Oh je vous ai vu passé par la fenêtre des Trois Balais. (Il pointa les barils, les sourcils dressés). Qu'est-ce que c'est ?
-Des courses pour Hagrid, répondit Cho, qui avait soudainement repris son air amical.
-Et puisque tu es là, tu vas nous donner un coup de main ! annonçai-je joyeusement en donnant un coup de pied dans mon tonneau.
Il roula jusqu'aux pieds de Simon et celui-ci le considéra avec perplexité, avant de secouer la tête.
-Je ne porte pas ça.
-On est à l'extérieur de Poudlard, Bones, lui rappelai-je avec un immense sourire. Tu ne peux pas te servir de la magie et moi je peux te tirer les oreilles. Alors tu vas prendre ce baril et moi je vais retourner à la tête de sanglier prendre le troisième.
-Tout ça pour continuer de mater Bletchley ... Aïe !
Je venais de lui attraper le lobe de l'oreille et tirai un coup sec vers le bas. La tête blonde de Simon suivit avec un gémissement et j'en profitai pour arracher de ses cheveux ce bonnet orange, sous le regard amusé de Cho. Il tenta de se dégager en se tordant mais mes doigts étaient fermement accrochés à son oreille et j'achevai sa combativité en atteignant ses côtes de ma main, provoquant un éclat de rire compulsif qui faillit le faire tomber.
-Bennett arrête ! protesta-t-il, entre hilarité contrainte et agacement. Arrête s'il te plait !
-Bonne chance avec ton baril, Bones !
Je le libérai et le poussai du bout du pied vers le tonneau avec un grand sourire. Simon tituba, les joues écarlates et je vis Cho faire tous les efforts du monde pour se retenir de rire. Je secouai la tête à son attention.
-Il croit encore qu'en dehors de Poudlard il peut s'opposer à moi.
-Attends qu'on y retourne, à Poudlard, répliqua-t-il en observant le baril devant lui. Fais attention, Bennett, mes vengeances sont terribles.
-Affreuses, tellement que j'y échappe.
-Est-ce qu'on peut y aller ? proposa Cho, qui réprimait un sourire. Hagrid va nous attendre et Victoria doit retourner à la Tête de Sanglier ...
-Ouais, finissons-en, grommela Simon en portant son baril. Et toi ... fais-attention.
-Je tremble de peur. On se retrouve chez Hagrid ?
Simon marmonna une réponse incompréhensible, et Cho me lança un long regard, comme si malgré mes paroles rassurantes, elle ne savait toujours pas quoi penser de moi. Sans doute était-ce pour cela qu'elle avait tenu à m'accompagner à la Tête de Sanglier, y voir plus clair. Mais si j'en jugeais par l'éclat perplexe dans ses yeux quand ils se posaient sur moi, je ne l'avais pas éclairé. Ils s'éloignèrent clopin-clopant, portant les barils à bout de bras et je jetai un dernier regard en contre-bas sur les cours de transplanages. Je surpris le regard de Miles sur moi, et vis d'ici une rougeur envahir ses joues. Un sourire terriblement niais me déforma les lèvres et je lui fis un signe discret de la main. Son sourire quand il me répondit me brisa presque le cœur quand je songeais à la conversation que j'avais eue avec Simon – que si je voulais être certaine de ce qui passer pour les messages, je devrais en parler à Miles et ainsi lui révéler ces frasques ce fameux cinq novembre. Mais alors que ce sourire plein de confiance et emplit d'un éclat qui s'approchait presque de l'espoir me faisait fondre, je songeai que je ne pouvais pas m'y résoudre. Non, je ne pouvais pas me résoudre à perdre ce sourire. Alors après un dernier signe, la mort dans l'âme, je me mis à courir vers la Tête de Sanglier, le cœur battant contre la cage thoracique en un rythme erratique qui n'était en rien dût à la course
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