I - Chapitre 15 : "Pour le plus grand bien"
Bonjour bonjour !
Je pense que vais poster les mardis dorénavant, le mercredi j'ai plus de choses à faire ... et le mardi j'ai pas de cours et je travaille pas donc j'ai plus de temps ahah !
Allez chapitre 14 bonne lecture à tous !
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Ignorer les événements qui se sont passés avant votre naissance, c'est rester toujours enfant.
- Cicéron
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Chapitre 15 : « Pour le plus grand bien ».
Nous étions restés dix minutes devant la cabane de Hagrid, toquant contre les portes, contre les fenêtres, mais rien n'y faisait : le garde-chasse ne nous avait pas ouvert. Pourtant, il y avait des signes évidents de vies dans la maisonnette : les aboiements de Crokdur, le molosse, et les rideaux avaient été précipitamment tirés quand nous avions commencé à frapper à la porte. Miles avait paru vexé, malgré son apparente réticence. Il avait fixé le sol neigeux d'un regard presque furieux alors que je montais sur un tonneau pour regarder à travers la fenêtre, avant de me tirer par le pan de ma cape pour qu'on s'en aille. Il n'avait pas décroché le moindre mot sur le trajet du retour, malgré mes efforts pour lui arracher un sourire. Je finis par y parvenir, en lui proposant d'aller boire une bièraubeurre ensemble à la prochaine sortie à Pré-au-Lard. Il avait accepté d'un air plus joyeux avant de s'enfoncer dans les cachots. Quant à moi, j'étais retournée près des cuisines, dans l'incapacité d'effacer ce léger sourire qui flottait sur mes lèvres.
Cédric passait presque plus de temps avec Cho qu'avec nous, désormais, si bien qu'Emily et lui ne s'étaient pas adressés la parole durant la semaine écoulée. J'ignorais si l'absence de Cédric était due à l'amour qu'il éprouvait pour sa nouvelle petite-amie ou par envie de s'éloigner de nous et de notre « pression ». Pourtant, entre Emily qui l'ignorait et Simon et moi qui prenions soin de ne plus lui parler du Tournois, j'espérais que notre poids s'était relâché ... Alors je préférais me dire que c'était sa nouvelle romance. A présent, ils s'affichaient librement et Cho aurait pu devenir l'une des filles les plus détestées de Poudlard, si le couple n'avait pas été si mignon. Il était attrapeur et Capitaine, beau et champion de Poudlard ; elle aussi était belle, d'une beauté exotique qui ne laissait pas les garçons indifférents, elle était drôle et c'était également une athlète douée. Pour beaucoup, il ne pouvait pas avoir plus beau couple. Rien sur le visage souriant de Cédric n'indiquait qu'il s'inquiétait pour l'épreuve qui se profilait dans quelques semaines, contrairement à celui de Harry Potter, qui se marquait à mesure que les jours passaient. Sans doute que Cédric avait eu raison : la réponse à l'énigme était difficile, pour un quatrième année. Je l'avais plusieurs fois vu se disputer avec Hermione Granger, la défenseure des elfes, et je n'avais pas pu m'empêcher de remarquer qu'il lançait un regard peu amène aux mains entrelacées de Cho et Cédric quand il les croisait dans le couloir. Cette nouvelle relation ne semblait pas être au goût de tout le monde.
-Je le soupçonne d'être amoureux de Cho, lâchai-je, les mains resserrées sur mon chocolat chaud.
Emily et moi étions assises à une table des Trois Balais avec Alicia Spidnett et Angelina Johnson, lors de cette fameuse sortie de janvier à Pré-au-Lard. J'avais passé la première partie de l'après-midi avec Miles ; il m'avait payé des nouvelles friandises d'Honeyduke, sortes d'œuf en chocolat qui lorsqu'on qu'on les croquait laissait échappé un oiseau pépiant et qui m'avait beaucoup amusé. Nous n'avions pas eu le temps d'aller boire la bièraubeurre promise car il avait dû rentrer au château aider sa jeune sœur pour ses devoirs, mais une nouvelle fois, cela avait été un excellent moment. Tout était plus agréable depuis sa promesse de cesser de me courir après. Et paradoxalement, ça me troublait.
Emily sucra le café qu'elle avait pris et posa un regard observateur sur Harry Potter et ses amis, qui parlaient avec Ludo Verpey devant le bar des Trois Balais. Le juge entraîna Harry à l'écart et Emily fronça les sourcils.
-Bizarre cette affaire ...
-Ce que Victoria vient de te dire, ou la présence de Verpey ? plaisanta Alicia.
C'était une fille brune au nez retroussé, et au sourire avenant. Une grande poursuiveuse, également, une magnifique tireuse de pénalty, je tremblais quand je me retrouvais face à elle. Angelina et elle formaient une paire redoutable, à mon sens l'une des meilleures attaques de Poudlard. Quand nous étions rentrées dans des Trois Balais bondés, Emily et moi, elles nous avaient immédiatement fait signe de venir à leur table.
-Les deux, répondit Emily, l'air toujours perplexe. Une Serdaigle m'a dit que Harry avait tenté d'inviter Cho au bal, alors je suppose que tu peux avoir raison ... Bon sang, il n'aurait pas pu le faire avant qu'elle y aille avec Cédric ?
-Oh Seigneur, compris-je en plissant les yeux. Tu la détestes autant qu'Octavia ou Fleur Delacour, c'est ça ?
Déjà que la communication était difficile depuis la pique de Cédric sur l'attitude secrète d'Emily, si celle-ci se mettait à détester sa nouvelle petite-amie, rien ne risquait de s'arranger. Elle fit un geste d'impatience et détacha son regard des Gryffondors pour les poser sur Angelina :
-Et Potter, il avance sur l'énigme de l'œuf ?
-C'est ça, change de sujet, marmonnai-je, faisant pouffer Alicia à côté de moi.
-Je n'en sais rien et combien même je ne te dirais rien, répliqua Angelina avec un sourire d'avertissement. On supporte deux champions différents, ma grande.
-Je suis peut-être naïve, mais on ne pourrait pas simplement supporter Poudlard ? plaidai-je avec un brin d'agacement. Je pensais qu'on avait réussi à dépasser le clivage Diggory/Potter après la première épreuve ...
-On n'est pas contre Diggory, assura Alicia en reposant sa chope de bièraubeurre. Et d'ailleurs, on ne l'a jamais été, à Gryffondor ... Mais face à tout ceux qui étaient contre Harry, qu'est-ce que tu voulais qu'on fasse ? Les badges, franchement, c'était de la méchanceté gratuite.
Je coulai un regard sur Emily, la créatrice desdits badges. Elle n'avait pas sourcillé, se contentant de prendre une gorgée de son café. Angelina renifla d'un air méprisant.
-Bon, disons comme le dit Victoria que c'est passé, marmonna-t-elle néanmoins. Ah, fut une époque ça se serait réglé sur un terrain de Quidditch. On devrait s'entrainer pour le match de février, là.
-Traditionnellement Gryffondor-Poufsouffle, approuvai-je avec nostalgie. Avec le départ de Dubois, qui aurait dû être Capitaine ?
-Sans doute Angie, elle a plus de charisme que moi, rit Alicia. Et les jumeaux Weasley, ce n'est pas la peine d'y penser ... Mais bon sang ce qu'on aurait passé des mauvais moments sur le terrain ...
-Je te remercie ...
-Oh, ça va ! Mais avoue que la pression te rend mauvaise ...
Angelina lança un regard sombre à sa meilleure amie avant d'en retourner à sa chope de bièraubeurre, accordant ainsi un point à Alicia. Laquelle lui donna un coup de coude en désignant la porte d'entrée :
-Ce n'est pas la journaliste qui a fait cet affreux article sur Hagrid ?
Emily et moi nous retournâmes vivement pour voir arriver Rita Skeeter et son photographe. Mon sang se mit à bouillir dans mes veines et je me retournais pour ne plus l'avoir dans mon champ de vision.
-Mais quelle harpie ...
-Harpie, c'est trop aimable, rétorqua Angelina, l'œil sombre plantée sur la journaliste. Katie Bell, notre poursuiveuse, nous a dit qu'il avait arrêté les cours et que c'était une femme qui le remplaçait ...
-A la fois je comprends que ça choque les gens que ce soit un demi-géant, intervint prudemment Emily alors qu'Hermione Granger apostrophait vertement Skeeter. Mais à la fois ... C'est Hagrid. Qui dans cette école peut penser qu'il est cruel ?
-Les Serpentards, ricana sombrement Angelina.
Elle jeta un regard noir à la table voisine, où des cinquièmes années buvaient une bièraubeurre. Je me rembrunis, crispant mes doigts sur ma tasse. Je me souvenais de la mine atterrée de Miles quand Hagrid avait refusé de lui ouvrir. Non, tout les Serpentards ne pensaient pas Hagrid cruel. La dispute s'était poursuite entre Harry, Hermione et Rita Skeeter avant qu'ils ne quittent les Trois Balais précipitamment. Rita était restée assise à sa place, un sourire affreusement satisfait aux lèvres, et sa plume à papote écrivant avec frénésie sur le parchemin. Visiblement, la journaliste à scandale avait trouvé un nouveau sujet à traiter.
-Heureusement qu'il y a le Tournoi pour animer un peu l'école, renchérit Emily, qui semblait avoir remarquer ma mine sombre. Ça et les cours de transplanage ! Vous avez vu l'affiche ce matin ? Les cours du Ministère à douze Gallions ?
Alicia et Angelina hochèrent vivement la tête, l'air enthousiaste, mais je me rembrunis. En effet, des cours de transplanages étaient proposés aux élèves de sixième année – douze séances le samedi matin, dans le parc. Mais douze Gallions, c'était une fortune. Ma bourse d'étude s'amenuisait à mesure que les mois avançaient. J'avais déjà dû me racheter aujourd'hui plumes et parchemins pour tenir jusqu'à la prochaine sortie ... Et cette maudite robe ...
-Qu'est-ce qu'il y a, Victoria ? s'étonna Angelina en remarquant que je ne participais pas à l'excitation générale. Ça te fait peur, de transplaner ?
-Non, pas du tout, répondis-je sincèrement. Ça doit être extraordinaire de se déplacer si facilement – même si je suis presque sûre que je préfèrerais la sensation du vol ...
-Voler, c'est mieux, confirma Alicia en hocha la tête. J'ai transplané avec ma mère l'été dernier. La première fois, on ne va pas se mentir, ça te retourne les entrailles ...
-Alors c'est quoi le problème ? insista Angelina en fronçant les sourcils.
Emily, qui me connaissait assez pour connaître le problème, me lança un regard agacé.
-Le prix, marmonna-t-elle avant que je ne puisse ouvrir la bouche. Victoria a du mal à délier les cordons de sa bourse. Un vrai gobelin.
-Dis comme ça ..., grommelai-je en me retranchant derrière ma tasse.
J'avouais volontiers être quelqu'un de très économe – l'héritage de mon éducation anglicane à tendance protestante, sans doute. Et également d'exagérément prudente : j'avais cette peur irrationnelle de ne pas avoir assez de ma bourse pour finir par scolarité, alors que celle-ci était plus proche de la fin que du début. Angelina me jeta un regard compatissant.
-Tu sais, les jumeaux Weasley vont prendre les leçons, et on ne peut pas dire que leur famille roule sur les Gallions ...
-Et vu les difficultés que tu peux avoir en magie, je ne suis pas certaine que tu puisses réussir à transplaner sans leçon, asséna Emily d'un ton ferme. Ce sera utile, Victoria, très utile !
-Il faut que j'économise pour la fin d'étude, tentai-je de plaider malgré tout. Et puis pour après, aussi, je ne pense pas qu'on rentre dans la vie active sorcière directement, non ? Il faut le temps de trouver un emploi, se payer une formation parfois ...
-Et tu as une idée ? s'enquit Alicia, les yeux plissés. Du genre de formation que tu voudrais faire et qui nécessiterait que tu économises ?
Je me trémoussai sur ma chaise, embarrassée. Evidemment que non, et c'était la grande angoisse de ma vie. Alicia parut lire la réponse dans ma gestuelle, car son visage se fendit d'un sourire satisfait.
-Alors prends les cours de transplanage, Victoria. Tu aurais plus de chance pour avoir ton permis et pour la vie active, comme tu le dis, il est recommandé de savoir transplaner.
-Le balai, c'est génial je veux bien le croire, mais c'est un peu lent, poursuivit Emily. Et en tant que née-moldue, ta cheminée n'est pas connectée au réseau de poudre de Cheminette. Alors comment tu feras pour aller rapidement travailler si tu ne sais pas transplaner ?
Je voulus rétorquer que j'utiliserais la cheminée des Bones, comme je le faisais depuis mes onze ans pour me rendre sur le Chemin de Traverse, avant de me rendre compte qu'un jour je devrais prendre mon indépendance vis-à-vis d'eux, et cesser de compter sur eux pour m'intégrer dans la Communauté Sorcière. J'avais toujours été très mal à l'aise du fait qu'ils s'occupent de moi presque comme si j'étais leur fille ; avoir mon permis de transplanage me permettrait sans doute d'enfin me débrouiller par moi-même, ne serait-ce que pour les déplacements. Et c'était un acte magique assez difficile pour que je sois sûre de ne pas y arriver seule, comme Emily l'avait souligné.
-Je vais y réfléchir, promis-je alors que tous les éléments en faveur du transplanage s'alignaient dans mon esprit.
-Allez, ce sera sympa d'apprendre à transplaner ensemble ! tenta de m'égayer Alicia. Imagine Octavia McLairds se désartibuler dès la première séance ... Ou mieux, Gloria Flint !
-Tu seras moins ravie si c'était toi qui te désartibulais, répliqua Angelina avec un sourire carnassier.
La notion de désartibulement me figea un instant, mais dans mon esprit se forma plutôt l'image d'un Cassius Warrington dont les bras gisaient à quelques mètres de son corps, et malgré ma nature pacifiste, cela m'arracha un sourire. Malheureusement, Ulysse Selwyn était bien trop intelligent et raisonnablement doué pour que cela lui arrive ... Tout comme Simon Bones. La nature était injuste.
Alicia et Angelina finirent par sortir les Trois Balais à leur tour pour rejoindre Olivier Dubois, de passage à Pré-au-Lard – et j'étais presque persuadé que cette visite n'y était pas pour rien dans le visage cramoisi d'Alicia quand elle nous annonça cela. Elles nous gratifièrent d'un signe de main avant de s'engouffrer dehors.
-Ça ne te manque pas trop, le Quidditch ? s'enquit Emily, remarquant que mon regard était resté rivé sur la porte que venait de passer les poursuiveuses.
-Enormément, soupirai-je avec un gros soupir. C'est la seule chose où j'avais l'impression de servir à quelque chose. En plus c'est un temps parfait pour jouer.
Emily fronça les sourcils, et observa le temps par la fenêtre devant laquelle nous étions. Les nuages gris et bas étaient balayés par un blizzard glacial – pas une météo idéale pour sortir. Pourtant, ce genre de séance dans des conditions extrêmes avaient le même effet sur moi qu'une traduction de rune : on suait, on en bavait, on se maudissait, on galérait, mais une fois achevée, on en ressortait plus vivant et plus satisfait que jamais. Oui, vraiment, c'était vivifiant.
-Tu n'as jamais pensé à ça, après Poudlard ?
-A quoi ? répondis-je, perplexe.
-Le Quidditch. Tu es une super gardienne, tu as un profil atypique. Il y aurait des clubs qui pourraient vouloir de toi, non ?
Je rejetais la tête en arrière pour éclater de rire, tant l'idée me semblait absurde. Mais Emily continua de me fixer, les yeux plissés :
-Je parle sérieusement, Vic'. Tu dis toujours que l'avenir t'angoisse, que tu ne sais pas quoi faire ... Le Quidditch, ça tu sais faire ! Depuis que tu es gardienne tu n'as pas encaissé énormément de buts ... Et autre preuve de ton talent, les Serpentards avaient tellement peur de toi qu'ils ont pris soin de te blesser l'an dernier.
-Warrington m'a poussé parce que j'ai le sang « impur » ...
-Non, il t'a poussé parce que tu es une gardienne extraordinaire ! rectifia Emily avec un sourire. Honnêtement, penses-y. Tu ne sais pas quoi faire, ça ne coûte aucune formation ... ça peut être une bonne alternative pour toi, non ?
J'étouffai un nouveau rire de dépit et but une gorgée de chocolat pour me soustraire à la conversation ô combien gênante. J'avouais n'avoir jamais songé à faire carrière dans le Quidditch. J'étais entrée dans l'équipe en troisième année, et j'avais certes contribué avec Cédric à rétablir la stabilité de l'équipe : nous marquions certes peu de buts, mais j'en encaissais peu, et Cédric attrapait souvent le Vif d'Or, nous permettant de gagner beaucoup de match. Pas assez pour passer devant Gryffondor, mené ces dernières années par un excellent attrapeur et une excellente attaque, ou devant Serpentard qui sous les années de Marcus Flint, frère aîné de Gloria et grand poursuiveur malgré son allure de troll, avait tout raflé. Mais les progrès étaient encourageants. Emily ouvrit la bouche pour insister, mais la cloche teinta et une jeune femme cria à travers la pièce :
-Victoria !
-Caroline ?
Je me levai, prête à accueillir l'aînée des Bones avec un immense sourire. Caroline Bones me le rendit, radieuse. Ses cheveux bruns aux reflets mordorés étaient ramenés en une tresse que cachait un bonnet, et ses yeux bleus pétillaient de joie. Derrière elle, Simon et Susan s'étaient avancés vers madame Rosermerta pour prendre les bièraubeurre.
-Ça fait longtemps, s'exclama Caroline en me prenant dans ses bras. Tu nous as manqué, à noël – et ce que tu deviens belle, incroyable !
-Ne lui dis pas trop, elle va le croire, marmonna Simon en revenant avec deux boissons.
Caroline lui jeta un regard noir qui le fit taire et attrapa sa chope pour en boire une lampée. Susan s'installa, sa tasse de thé fumante entre ses mains tremblantes.
-Ce froid, grelotta-t-elle, sans enlever ni bonnet ni écharpe.
-Ici, ça va ! assura Caroline avec un sourire. Tu verrais mon bureau à la Justice Magique, c'est affreux, je suis obligée de me balader avec un bocal de feu magique ...
-Et tu as réussi à t'en extirper ? m'amusai-je, connaissant le sérieux avec lequel Caroline prenait sont travail.
De ce point de vue là, Caroline était peut-être la travailleuse la plus acharnée de la famille, un véritable bourreau de travail. Je ne comptais plus les heures où je l'avais croisé à la bibliothèque quand elle était encore à Poudlard, et depuis qu'elle travaillait dans le cabinet de sa tante Amelia, elle passait le plus clair de son temps au bureau – si bien que je l'avais à peine vue, cet été. Caroline eut un sourire coupable.
-Oh, ma petite sœur me manquait, dit-t-elle en pinçant l'une des joues de Susan. Et puis toi aussi.
Là dessus, elle ébouriffant joyeusement les cheveux de Simon, qui fit un bond sur le côté pour éviter sa sœur.
-Quoique je dois admettre que c'était reposant de passer les vacances sans mômes à séparer, ajouta-t-elle en me lançant un regard complice. Et je n'ai pas vu Alexandre depuis un moment, il a vraiment fini par fuguer ?
-Il a trouvé un boulot, un poste fixe, lui appris-je alors du bout des lèvres.
La nouvelle était tombée hier matin. Après son temps partiel limité dans la ville voisine, Alexandre avait trouvé un poste fixe à Bristol. Il avait donc, avec l'aide de mes grands parents maternels qui habitait dans la périphérie de la ville, trouvé un appartement là-bas. L'enfant qui avait été si difficile avait enfin trouvé une voie saine et paisible, et prenait l'envol d'un nid familial enfin adouci. Mon frère quittait la maison et ça me plongeait dans la mélancolie.
-Il a pris un appartement à Bristol, expliquai-je à Caroline. Il y a déménagé début janvier, et il passe bientôt son permis.
-De transplanage ? demanda Emily, perplexe.
-Non, de voiture.
-Les caisses métalliques roulantes dans lesquelles vous vous enfermez ?
Je poussai un profond soupir sous le regard amusé de Caroline.
-Comment ça va ton boulot, alors ? m'enquis-je en me tournant vers elle.
J'aimais sincèrement Caroline, parce qu'elle avait toujours pris ma défense contre son frère, et que lorsque j'avais appris que j'étais une sorcière, c'était elle qui avait pris soin de m'expliquer mon nouveau monde, avec patience et bienveillance. Elle sourit, un sourire presque crispé.
-Ça va, mais on a un boulot monstre, en ce moment. Franchement depuis ce qui s'est passée à la Coupe du Monde de Quidditch et avec l'incident du Tournoi des Trois sorciers ... personne n'arrête. Au fait, comment va Cédric ?
-Actuellement chez madame Pieddodu pour se détendre avant la seconde tâche, ronchonna Emily, arrachant un éclat de rire à Susan.
-Oh, ce n'est pas si terrible, c'était mon fief avec Andrew quand on a commencé à sortir ensemble, rétorqua Caroline avec un regard aigüe pour sa sœur.
-Et on voit ce que ça a donné, souffla Simon à Susan, et celle-ci pouffa de plus belle.
Caroline les fusilla du regard alors qu'ils étaient penchés l'un sur l'autre, hilares. Il était vrai que Caroline et Andrew avaient la réputation d'être un couple relativement niais, et ça ne m'étonnait pas le moins du monde qu'ils puissent avoir passé leur temps chez Madame Pieddodu durant leurs années de Poudlard. C'était agréable de retrouver les enfants Bones réunis : ils étaient l'exemple même de la famille soudée et solidaire. J'avais toujours trouvé que Simon ressemblait moins à ses sœur : Caroline et Susan un visage identique en forme de cœur et au nez retroussé, hérité de leur mère, quand Simon avait le visage mince et des tâches de rousseurs plus pâles et moins nombreuses. Ses traits de lutins d'atténuaient en grandissant et son nez pointu devenait droit. En revanche il partageait avec Susan les yeux verts des Bones, un vert mousse qu'ils tenaient de leur père George. Caroline embraya sur son travail pour ne pas s'appesantir sur sa relation mielleuse avec Andrew. Elle racontait comment elle avait aidé sa tante Amelia, directrice de la Justice Magique, à monter un dossier quand une fois désagréable fusa derrière nous :
-Ma tante ?
Caroline, Simon et Susan se figèrent alors que se retournait vers nous le visage souriant de Rita Skeeter. Emily et moi échangeâmes un regard à la fois furieux et gêné.
-Tu es la nièce de cette chère Amelia ? enchérit Rita en redressant ses lunettes serties de pierre précieuse. Neveu et nièces, rectifia-t-elle en examinant les tâches de rousseurs et les traits de Simon et Susan. Les enfants de George et Rose Bones, je suppose ? (Elle redressa ses lunettes, les yeux plissés). Enfin ...
-Seuls et uniques, grommela Simon entre ses dents.
Il avait détourné le regard au moment où la journaliste s'était adressée à eux. Les yeux de Rita étincelèrent plus vivement que les pierres qui ornaient ses lunettes. Sa plume à papote avait cessé d'écrire sur le parchemin et se pointait à présent sur les enfants Bones, aux aguets.
-Et comment va cette chère Rose ? susurra Rita en nichant son menton sur son poing. Est-elle fière que sa fille soit entrée à la Justice Magique ? Ou inquiète que ces autres enfants soient à la portée d'un Mangemort qu'elle a envoyé derrière les barreaux ?
-Elle se contente de vous passer le bonjour, répondit Susan avec un charmant sourire.
Mais ses yeux respiraient la méfiance. Elle tenta de se détourner en engageant la conversation avec Emily, mais le raclement de chaise de Rita indiqua qu'elle n'en avait pas fini avec eux : elle pivota sur nous, son sourire identiquement indécent plaqué sur son visage :
-Et comment ça se passe, au Ministère – Caroline, c'est ça ? s'enquit-t-elle à l'adresse de l'aînée. Et que pensent ta mère et ta chère tante de la disparition de Bertha Jorkins ? J'ai entendu dire qu'elles avaient envoyé quelqu'un la chercher en Albanie ...
-Est-ce que je vais pouvoir boire ma bièraubeurre avec mon frère et ma sœur, ou vais-je devoir supporter vos questions indélicates ? répliqua froidement Caroline.
-Mais si vous comptez continuer de nous importuner, on peut toujours faire remonter ça à notre chère tante Amelia, enchérit Simon avec un sourire d'avertissement. Elle sera ravie de signifier une mise à distance.
Le sourire de Rita s'estompa lentement, de façon presque risible. Visiblement, la menace devait avoir son poids car elle se retourna sèchement et la plume à papote se remit à parcourir frénétiquement le parchemin. Caroline tourna le visage vers nous et gonfla ses joues de manière presque comique.
-Tout comme tu dis, marmonna Susan en lorgnant hostilement la nuque de Skeeter.
-J'espère qu'elle ne va pas trop aller chercher de noises à vos parents à cause de ça, dit Emily avec prudence. Qui est Bertha Jorkins ?
-Une employée du Ministère, répondit Simon en faisant laconiquement tournoyer la bièraubeurre dans sa chope. Elle a disparue cet été, apparemment, pendant ses vacances, ça met le Ministère sur le qui-vive.
-J'ai entendue maman en parler avec papa il y a quelques mois, confirma sombrement Susan. Avant qu'elle ne nous conduise à King's Cross. Elle était très inquiète et apparemment elle essayait de convaincre Verpey – son patron, quelle blague – d'envoyer quelqu'un la chercher ... espérons simplement qu'il a suivi son conseil ...
-Elle n'est toujours pas réapparue ? m'étonnai-je. Depuis cet été ?
Caroline secoua la tête avant de hausser les épaules.
-Apparemment, elle est très étourdie. Verpey disait qu'elle s'était sans doute perdue en Serbie, ou en Bosnie – je ne sais pas trop où elle était partie ...
-Mais si elle n'est pas réapparue, ce n'est pas de l'étourderie, non ? insistai-je. Depuis cet été ? Ça fait cinq moins, c'est inquiétant ...
-Et qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? répliqua Caroline d'un ton nettement plus impatient. Verpey a envoyé des gens la chercher – enfin, dirons les mauvaises langues – mais il faut comprendre, le Ministère est déjà assez surchargé pour qu'on doive prendre soin de chaque employé ...
-Rassurant, murmura ironiquement Emily.
Je savais qu'Emily avait pour ambition d'entrer au Département des Mystères – la branche la plus nébuleuse du Ministère – et sans doute n'appréciait-elle pas la description qu'en faisait Caroline. Je l'appuyais discrètement. Moi non plus je ne trouvais pas la situation rassurante. La disparition de cette employée ne faisait que s'ajoutait à une liste de choses étranges qui semblaient s'abattre sur la communauté Magique depuis l'été dernier : la marque des Ténèbres qui apparaissait, la candidature surprise et inquiétante de Harry au Tournois ... Et si j'en jugeais par le regard sombre que Simon portait sur le visage souriant de sa sœur, je n'étais pas la seule à être inquiète.
***
J'avais fini par céder aux cours de transplanage et donné l'enveloppe de douze Gallions au professeur Chourave. Simon avait beaucoup ri, se délectant de l'image de moi me désartibulant, ce à quoi j'avais répondu avec un coup de pied au derrière. La première séance devrait avoir lieu courant février – et si j'avais bien compris les explications de Chourave, Cédric était exempté de celle qui précédait la seconde tâche, afin qu'il ne soit pas trop troublé par d'éventuels désagréments.
-Chanceux, râlai-je alors que nous sortions tout deux de son bureau. Une occasion de moins de te ridiculiser ...
-Oh Vic', arrête ! s'agaça Cédric en me donnant une tape derrière la tête, m'arrachant un glapissement. Tu pensais que tu allais te ridiculiser en Défense contre les Forces du Mal, tu es finalement celle qui réussi le mieux les sortilèges informulés et qui a le mieux contré l'Imperium – et tu as désarmé Simon ! Tu pensais que tu serais ridicule au bal, et tu as été éblouissante – alors arrête de présager que tu es ridicule ! Si ça trouve tu t'en sortiras très bien.
Il y avait du vrai dans l'énoncé de Cédric, mais je ne pus m'empêcher d'afficher une moue dubitative qui le fit soupirer. Nous étions les derniers sixièmes année Poufsouffle à régler le coût de nos séances – sans doute parce que nous étions parmi les moins fortunés, l'argent avait été difficile à acheminer.
-Tu as raison, finis-je par laisser échapper avec un sourire malicieux. C'est toi qui es ridicule, finalement.
-Pourquoi ? s'étonna Cédric en haussant les sourcils.
-Madame Piedoddu, Diggory !
Cédric rougit jusque la racine des cheveux et passa une main embarrassée dans ses cheveux.
-Et bien, sache que c'est moins pire qu'on le pense, se défendit-t-il néanmoins. Le café est réellement délicieux.
-Je n'aime pas le café. Le chocolat a intérêt à y être divinissime si quelqu'un veut me faire poser un pied là-dedans.
-Tu as du sucre à la place du sang, Vic'.
-Et c'est grâce à ça que j'ai autant d'énergie au Quidditch ! D'ailleurs, quand est-ce qu'on retourne faire une course ? Il fait froid, c'est le temps parfait !
Je n'étais plus montée sur ma bonne vieille Comète depuis notre petite séance la veille de la première tâche, et j'avais besoin de cette sensation grisante et détendantes avant d'entamer les leçons ardues de transplanage. Le visage de Cédric prit un aspect gêné qui me fit froncer les sourcils.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-C'est juste ... que samedi dernier, après Pré-au-Lard, j'ai été volé un peu avec Cho, alors ... Mais on peut y aller ensemble. Samedi prochain, ça t'irait ?
Il me fixait d'un air presque suppliant, mordillant sa lèvre avec indécision. Le résultat était si adorable que j'en souris, attendrie, malgré la pointe qui me serrait le cœur.
-Est-ce que tu es en train de croire que je t'en veux parce que tu as été volé avec ta copine ?
La bouche de Cédric se tordit et il me fixa à travers ces cils, si bien que je fondis définitivement. J'enlaçai rapidement sa taille fine avec un éclat de rire.
-Bien sûr que non, imbécile. Tu as parfaitement le droit de voler avec ta petite-amie – et je trouve ça infiniment plus romantique que Madame Piedoddu.
-Je te rassure, ça l'était, assura Cédric en se détendant. Désolé, je sais que le Quidditch te manque à toi aussi, j'aurais dû pensé que ...
-On ne peut pas penser à tout, même si on s'appelle Cédric Diggory, répliquai-je avec un sourire rassurant. J'irais proposer à Angelina et Alicia, comme ça je pourrais arrêter quelques souafles.
-Et les habituer à ta technique ... brillante idée.
Je lui tirais puérilement la langue et il secoua la tête avec un soupir. Nous nous dirigeâmes vers la bibliothèque et je posai rapidement mes affaires pour déambuler dans les rayons. Binns, le professeur fantomatique et laconique d'Histoire de la Magie, nous avait demandé de choisir un sujet de recherche historique magique pour l'année, et j'avais choisi après mûres réflexions de travailler sur la Pologne sous Grindelwald, puisque le mage noir avait étendu son pouvoir sur la plupart des pays de l'est. Je tournai au détour d'un rayon et bousculai sans le vouloir Ulysse Selwyn. Il me jeta un regard froid du haut de son mètre-quatre-vingt.
-Fais attention, Bennett, dit-t-il sèchement. Tes moldus de parents ne t'ont pas appris à regarder devant toi ?
-Désolée, je ne t'avais pas vu, répondis-je en m'efforçant de lui sourire.
-Un problème, Victoria ?
Cédric venait d'apparaître au coin d'une étagère, ces yeux gris et durs fixés sur Selwyn. Lequel eut un léger ricanement, et s'en fut sans demander son reste. Il n'était pas assez bête pour provoquer le champion de Poudlard en plein milieu de la bibliothèque. Je fixai hostilement la nuque, me demandant un instant si c'était réellement lui qui m'avait envoyé les messages sur le cinq novembre. Je n'avais rien reçu depuis le dernier parchemin provocateur, et rien dans l'attitude de Selwyn ne m'indiquait qu'il était l'auteur des messages : ils ne m'adressaient pas le moindre regard depuis qu'il m'avait attaqué en début d'année, et les seules piques que je recevais venaient de Warrington et Flint – qui eux, ne savaient rien du cinq novembre, j'en étais presque sûre. Mais l'attitude du leader du groupe était plus qu'ambiguë.
-Sombre crétin, lâcha Cédric en me prenant le bras. Ça va ?
-Oui, il n'a rien fait, répondis-je – et c'était précisément ce qui me contrariait. Je suis trop petite, tu peux m'attraper le grimoire, là-haut ?
-Les grands mages du XXème siècle ? lut Cédric en se tordant le cou.
-Lui-même.
Cédric empoigna le grimoire pour me le tendre, mais je vis ses yeux se glisser ostensiblement vers l'endroit qu'avait quitté Selwyn. Je lui donnai un sec coup de coude et le ramenai fermement jusque notre table où je me mis au travail, tentant d'ignorer la sensation étrange qui me labourait les entrailles chaque fois que je relevais les yeux sur Selwyn. Il était installé seul à une table, penché sur un parchemin l'air concentré. Je n'avais pas vu Miles s'en approcher depuis le bal de noël, et lui semblait rester loin également. Etait-ce une façade, ou était-il innocent, j'étais incapable de le dire. Ce que je savais, c'était que je détestais le petit sourire cruel qui flottait perpétuellement sur les lèvres de Selwyn.
-Concentre-toi, me souffla Cédric en remarquant que je n'avais écris qu'une ligne de parchemin. C'est pour quand ce devoir ?
-C'est sur toute l'année, marmonnai-je en trempant ma plume dans l'encrier. Mais je n'ai pas choisi le meilleur sujet ... Travailler sur Grindelwald en Pologne, qu'est-ce qui m'a pris ...
-Tu es fière de tes origines, c'est honorable, répondit mon ami d'un ton prudent. Mais je ne suis pas sûre qu'on ait énormément d'information sur l'histoire magique de la Pologne ici ...
-Il était question qu'on aille à Cracovie pendant les vacances, me souvins-je pour l'avoir lu dans l'une des lettres d'Alexandre. Ça fait quelques années qu'on doit y aller, mais c'est compliqué avec mon père ... Peut-être que j'aurais pu trouver des choses, là-bas, il faudrait que je demande à un professeur.
-Tu vas rentrer chez toi pour les vacances de Pâques ? s'étonna Cédric, l'air quelque peu déçu.
J'eus un sourire triste. Les vacances d'hiver s'étaient à peine achevées que celles de printemps avaient été mises sur la table par Emily. Et évidemment, j'avais été forcée de prendre une décision qui m'arrachait le cœur, mais qui allait de soi :
-J'ai dit qu'il « était » question, répétai-je, chagrinée. J'ai dit à mes parents que ça attendrait l'été.
Un éclat de compassion brilla dans les prunelles de Cédric et il avança sa main pour prendre la mienne.
-Merci. Je sais ce que ça représente pour toi, mais tu n'imagines pas ce que ça représente pour moi.
-Bah, ça va, répondis-je en retirant sa main, embarrassée. Je fais juste ce qu'une amie doit faire.
Cédric me considéra un long instant, ses yeux gris me considérant par dessus son nez droit. La façon dont il se mordait l'intérieur de la joue signifiait sa gêne.
-Ecoute, je suis désolé sur ce que j'ai dit la dernière fois, sur le fait que vous m'étouffiez, s'excusa-t-il. Je sais pertinemment que vous faites énormément d'efforts pour m'aider, Emily, Simon et toi ... Et aussi beaucoup de sacrifice. Rien que le fait que vous ne rentriez pas pendant les vacances pour me soutenir, les efforts que vous faites pour m'aider à la fois psychologiquement et dans les épreuve ... Et c'est adorable, vraiment ...
-Cédric, on a compris, le coupai-je avec un sourire. Et on ne t'en tient pas rigueur ...
-Mais j'ai compris que j'ai été ingrat, rétorqua-t-il avec fermeté. Et je suis désolé, Vic'.
-Pardonné. Maintenant je peux me concentrer sur la Pologne et Grindelwald ?
Un sourire désabusé se dessina sur les lèvres de Cédric alors que je me jetais sur Les grands mages du XXème siècle, mordillant la pointe de ma plume pour faire passer la nervosité. Il s'appliqua lui à recopier son devoir de Potion, avant de me donner un coup de coude insistant qui me fit faire une rature sur le livre que j'étais en train d'étudier.
-Cédric ! persifflai-je en admirant la tache d'entre qui s'écoulait sur les caractères d'imprimerie. Je suis une amie d'exception, mais je n'affronterais pas la colère de Pince pour toi !
-Calme-toi, répliqua-t-il en donnant un coup de baguette sur le livre, ce qui effaça les taches d'encre. Je voulais juste te dire que ton amiepolonaisede Durmstrang – tu sais, la gentille fille un peu flippante qui a été au bal avec Simon ? – vient d'entrer.
Je me tournais vivement vers la porte pour voir effectivement un groupe d'élève de Durmstrang inscrire leur nom sur le registre de la bibliothèque, dont Kamila Tokarsky. Je pivotai vers Cédric, hébétée. Les yeux de mon ami pétillaient d'amusement.
-Tu es un génie, Cédric, lançai-je en rassemblant précipitamment mes affaires. Un pur génie, par Merlin ... Désolée pour Cho, mais sache que je t'aime !
-Ravi de le savoir, répondit Cédric, ses joues se colorant légèrement. Bon courage !
Je venais de me lever, les parchemins pleins les bras, et mon grimoire dans une main. Mon sac était si mal callé sur mon épaule qu'il glissa au creux de mon coude et me déséquilibra alors que j'atteignais le bureau de la revêche bibliothécaire, près duquel Kamila inscrivait son nom. Mrs. Pince baissa les yeux de part et d'autre de son nez osseux pour me dévisager.
-Un peu de tenue, jeune fille, me rabroua-t-elle sèchement. C'est pour quoi ?
-Emprunter ce livre, haletai-je en lui tendant le grimoire, avant de me tourner vers Kamila. Salut.
-Salut, dit-t-elle avec un sourire amusé, alors que Pince s'éloignait avec le livre. Pressée ?
-Un peu. Tu aurais du temps ? J'ai besoin d'un avis de polonaise pour un devoir d'Histoire de la Magie.
-Histoire de la Magie ? s'esclaffa Kamila. Das Vitania... Ce n'est pas notre spécialité, à Durmstrang. Tu es sûre qu'il ne te faut pas des cours de duel ?
J'eus un sourire d'excuse pour signifier que non, et récupérai le livre que Mrs. Pince me tendait avec réticence. Je le rangeai précautionneusement dans mon sac, et y fourrai mes parchemins avant de m'adresser à Kamila :
-En fait, je dois faire cette année un devoir sur la Pologne sous Grindelwald, lui expliquai-je, provocant sa stupeur. Et même si tu ne t'y connais pas en Histoire de la Magie, peut-être que tu en sais sur celle de ton pays ...
Kamila me dévisagea longuement, ahurie, et lentement, je vis un feu impromptu envahir ses iris. Les traits de son visage se tendirent quand elle lâcha :
-Oui. Oui, je vois.
Je me dandinais, embarrassée par la colère sourde qui semblait soudainement émaner de Kamila. La jeune fille m'était toujours apparue comme une guerrière : des mouvements félins, des yeux alerte, la main toujours prête à brandir prestement sa baguette. Mais là, elle me paraissait si effrayante qu'elle en devenait intimidante et je regrettais presque ma question. Puis un sourire fendit son visage crispé, adoucissant quelque peu cette impression.
-Effectivement, j'ai des choses à raconter.
-C'est vrai ? laissai-je échapper d'une petite voix.
-Bien sûr. Il y a un coin tranquille dans cette bibliothèque ?
Je hochai doucement la tête, et l'emmenai vers le fond de la pièce, entre les rayonnages, où une petite table qui ne pouvait accueillir que deux chaises se dérobaient aux regards. Elle s'installa en face de moi et je sortis un parchemin vierge et ma plume, me sentant quelque peu comme Rita Skeeter face à un scandale. La pensée n'était pas particulièrement réjouissante et mon sentiment n'était pas rassuré par le visage fermé de Kamila. Elle me fixait de ses yeux sombres, les paupières plissés et ses cils jetant des ombres lugubres sur son visage.
-Pourquoi tu as choisi ce sujet ? me demanda Kamila à brûle-pourpoint.
-Sans doute parce que mes grands-parents ont fait en sorte que je me sente liée à la Pologne, répondis-je avec plus d'aplomb que je n'en ressentais. Et que j'ai toujours trouvé étrange la façon dont l'histoire moldue et l'histoire sorcière semblaient se croiser dans ces pays, à cette époque.
Kamila dressa un sourcil, intriguée. Je me trémoussai et pris une profonde inspiration pour me donner le courage de continuer.
-Tu connais les grands conflits mondiaux qu'il y a eu en Europe, dans la première moitié du XXème siècle ? Je veux dire, côté moldu ?
-Je sais juste que la Pologne a été la maltraitée de l'Histoire, dit Kamila en hochant la tête. Elle a été rayée de la carte, bafouée, envahie ... A l'issu du dernier conflit, mon pays a été déplacé de 200 Km à l'ouest – une véritable aberration. Notre Communauté Sorcière a été forcée de s'adapter. Après je connais juste les conséquences, pas tout ...
J'opinai du chef en crispant mes doigts sur ma plume.
-Avant 1914, la Pologne n'existait même plus en tant que pays, effectivement. Puis il y a eu la première guerre mondiale à l'issue de laquelle ils ont reconstituée la Pologne, avec un accès à la mer qui coupe le territoire Allemand en deux, expliquai-je, regrettant de ne pas avoir de carte pour illustrer ça. Les allemands n'ont jamais reconnu cette frontière. La première guerre a profondément bouleversé l'équilibre Européen et il y a plein de dictature militaires qui ont fleuri en Europe – notamment de l'est. La Hongrie de l'amiral Horthy, la Pologne de Pilsudski ... Et sans compter la montée des totalitarisme en Allemagne et en Russie.
-Des quoi ?
-Totalitarismes. Un socialisme d'état basé sur l'antisémitisme et la glorification de la race Allemande chez les nazis, et un communisme paranoïaque en Russie. Et il y a l'Italie qui fait des siennes aussi, elle a servi de modèle à Hitler sans aller aussi loin ...
-Quel rapport avec Grindelwald ? me coupa Kamila, les sourcils froncés.
De nervosité devant son regard inquisiteur, ma plume s'était mise à faire des arabesques sur un coin de mon parchemin.
-Ces dictatures et la montée des tensions en Europe côté moldu correspond avec le moment où il a commencé à étendre son pouvoir côté sorcier. Tout s'est emballé dans les années 1930', avec une grande crise économique venant des Etats-Unis qui a ravagé les états d'Europe – et ce serait beaucoup trop compliqué de t'expliquer pourquoi, ajoutai-je devant l'air perplexe de Kamila. Toujours est-il que c'est dans ces mêmes années que Grindelwald installe son assise dans les pays de l'est, non ?
-Effectivement ...
-Et ça correspond à des troubles en Europe – agressions nazies, l'URSS qui s'étend et qui met son pays à feu et à sang ... Et surtout la fin. Dumbledore a vaincu Grindelwald en 1945 ?
-En avril, si je me souviens bien, confirma Kamila.
Je souris doucement, ravi de cette indication qui me confortait dans mon idée. Il était fascinant de constater à quel point histoire moldue et histoire sorcière s'entremêlait.
-Et la fin de la guerre en Europe est datée du 8 mai 1945, un mois après la défaite de Grindelwald. J'ai tendance à ne pas croire aux coïncidences, il doit y avoir un lien entre la montée des tentions et la seconde guerre mondiale, et Grindelwald. Tu as dis que la Pologne avait été l'une des grandes maltraitée de la guerre ? Tu as entièrement raison. Envahie, sa population décimée – notamment juive, quasiment éradiquée ...
-Ça a l'air de te tenir à cœur, remarqua Kamila alors que mes mots s'emballaient.
Son visage s'était quelque peu adouci, et elle avait appuyée son menton contre son poing pour m'écouter avec attention. Je fis doucement tourner ma plume entre mes doigts.
-Ma grand-mère est d'origine juive, expliquai-je doucement. Et les juifs polonais ont presque été anéantis durant la seconde guerre mondiale – Hitler avait un problème avec ce peuple, visiblement, et il a construit d'immense camps de travail et de la mort pour ... « régler la question juive ». Ma grand-mère a réussi à en sortir, mais toute sa famille y est morte.
-Je suis désolée.
Elle paraissait sincère, mais ses sourcils restaient froncés et son regard lointain, comme si elle songeait à autre chose. Je balayais ses excuses d'un mouvement de tête. J'avais toujours partagé la douleur de ma grand-mère quand elle évoquait ces moments douloureux, mais sans la ressentir réellement. Elle-même ne s'était jamais considéré comme juive : ses parents n'avaient d'hébraïque que le nom, et avait abandonné les pratiques religieuses pour une vie éclairée. Mais le nazisme était passé par là, et avait décidé que leur sang les indiquait comme inférieur.
-La Pologne a énormément souffert des années de guerre, poursuivis-je finalement. Et comme je suis persuadée que ce qui se passe en Europe avant et pendant les années de guerre a un rapport avec Grindelwald, je me dis que je pouvais faire un focus sur la Pologne. Et travailler sur le lien qui pourrait avoir entre les événements sorciers et moldus.
-Assez ... intéressant, lâcha Kamila après quelques instants de silence. Et poussé, ça se voit que tu y as réfléchi.
Elle se tut à nouveau un moment, son regard alternant entre moi et la fenêtre devant laquelle nous étions installées. Elle finit par river ses yeux sombres sur moi et un frisson me parcouru.
-Maintenant que tu en parles, il y doit effectivement avoir un lien entre Grindelwald et les événements moldus. Dans les deux cas, le peuple polonais a été bafoué. Mon pays a énormément souffert des sévisses de Grindelwald – enfin, si on peut dire ça.
Elle s'interrompit et son regard vagabonda vers son groupe de Durmstrang qui s'était installé plus loin. Parmi eux, Viktor Krum, plus renfrogné que jamais, plongé dans un épais grimoire aux pages écornées.
-On est plusieurs dans l'école à avoir perdu un proche à cause de Grindelwald, continua Kamila, les yeux toujours rivés sur ses amis. Le grand-père de Viktor, par exemple ...
-Toi aussi ?
-Oui, admit Kamila, sans relever l'indélicatesse de ma question. Ma grand-mère a été tuée lors d'une attaque à Gdansk et mon grand-père emprisonné de longues années. Lors de l'attaque qui a tuée ma grand-mère, ma mère a été atrophiée – elle a perdu l'usage de son bras droit, alors qu'elle n'avait qu'un an ... C'était en 1944.
-Désolée.
Comme moi quelques instants plus tôt, Kamila balaya mes excuses d'un geste agacée de la main.
-Ça va. On s'en est remis ... Bon, qu'est-ce que tu veux savoir, au juste ? Je suppose que ce n'est pas des informations sur ma famille ...
-Non, même si ça peut-être intéressant ... Euh. Comment c'est arrivé, exactement ? Grindelwald ?
-Insidieusement, répondit Kamila en fronçant du nez. Je pense te l'avoir déjà dis : nous sommes tous des enfants de Durmstrang, une école anti-moldue, martiale, patriarcale. On a été programmé pour faire entrer Grindelwald dans nos vies. Pendant les années 20 il était là, sous-jacent ... Il militait silencieusement pour ses idées mais tout le monde l'entendait. Et il faut dire qu'il a surfé sur un sentiment assez général de « les sorciers d'abord » qui grondait dans les pays de l'est – et dans le monde entier, d'ailleurs apparemment ... Un résultat de ton premier conflit mondial, j'ai l'impression. Les sorciers ne veulent pas payer pour les problèmes des moldus, et comme tu l'as dit, le monde moldu a été bouleversé.
-Donc le monde sorcier a été bouleversé en miroir pour s'adapter à la réalité moldue, compris-je en prenant des notes. Ça a dû déstabiliser les communautés sorcières concernées.
-Je pense, oui. Et les sorciers n'aiment pas franchement subir ce que les moldus leur imposent.
Elle entrelaça ses doigts devant son visage, l'air songeuse.
-Je n'ai jamais su si Grindelwald était anti-moldu, ou s'il considère simplement que les sorciers leur sont supérieurs.
-Ce n'est pas la même chose ? me troublai-je en relevant le nez des notes que j'étais en train de prendre.
-Ça dépend où on met le curseur. Regarde votre mage noir, à vous ... rah, celui d'il y a quinze ans, je ne sais plus son nom ...
-C'est parce que personne ne le prononce, répondis-je, gênée et luttant contre les frissons. Ici on dit « Tu-Sais-Qui », ou « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ».
-Allons pour « Tu-Sais-Qui », trancha-t-elle, néanmoins stupéfaite. Il doit vraiment vous voir effrayer si son nom a été ainsi prohibé ... Bref, Tu-Sais-Qui. Lui, si j'ai bien compris ce qu'a pu raconté Karkaroff, il méprisait les moldus, ne les considérait même pas comme réellement humain. Je ne suis pas sûre que Grindelwald était à ce point. Il considérait simplement que si nous avions la magie, c'était qu'on pouvait considérer qu'on avait un pouvoir qui nous rendait supérieur aux moldus et qui nous donnait ainsi le droit de les gouverner, en quelque sorte. Mais sans remettre en cause leur existence, tu comprends, ?
-« Pour leur plus grand bien », citai-je en un souffle.
C'était, d'après ce que j'avais pu lire, le « credo » de Grindelwald. Gouverner les moldus « pour leur plus grand bien ». Kamila hocha doucement la tête, l'air satisfaite que je comprenne si vite la chose.
-Oui, il l'a même gravée au dessus de sa prison d'état, Nuremgard. Le grand ennemi de Grindelwald, ce n'était pas les moldus, mais le Code International du secret magique. Comme je t'ai dit, ça correspondait à un vrai courant de pensée dans l'Europe continentale de l'époque : certains sorciers, notamment dans les grandes familles, en avait assez de se terrer comme des animaux. Alors tu avais différents degrés dans ce que pensait les gens : certains disaient qu'il fallait simplement annihiler le Code Magique et tenter de vivre en harmonie avec les moldus, les plus extrêmes voulaient qu'on fasse payer aux moldus toutes ses années de persécutions et de cache. Et puis il y avait le courant de pensée dominante, la voie que suivait Grindelwald, qui considérait que les sorciers devaient sortir du terrier pour prendre le droit que la magie nous donnait de gouverner sur les moldus. Est-ce que l'intention était de persécuter les moldus et nés-moldus comme Tu-Sais-Qui ? Je ne sais pas. Peut-être pas autant et peut-être qu'à terme, ça aurait pu amener à des persécutions. Après, ce n'est pas pour ça que Grindelwald est mieux que Tu-Sais-Qui : pour parvenir à ses fins, il s'est profondément plongé dans la magie noire et a commis des crimes et des massacres dans toute l'Europe – que la guerre moldue a pu masquer, du reste, tu as raison il doit y avoir un lien.
J'étais suspendu aux lèvres de Kamila, et ma plume écrivait sur mon parchemin avec autant de frénésie que la plume à papote de Rita Skeeter.
-Je n'avais pas saisie toute ces nuances, murmurai-je en relisant mes premières notes. Il faudrait que je fasse plus de recherche sur le code Internationale et sur la pensée des sorciers de cette époque ... Désolée, je dois te paraître sans cœur ...
Sa famille avait souffert de la guerre et j'en parlais d'une façon si scientifique ... Le visage de Kamila s'était effectivement fermé, mais elle eu un léger sourire malgré tout.
-Non, je trouve ça bien que tu t'y intéresses. C'est grâce à des gens comme toi que ces événements ne tomberont pas dans l'oubli. D'autres questions ?
-Oui, si ça ne te dérange pas ...
-Non, pas de problème.
-Tu dis qu'au début, l'influence de Grindelwald était sous-jacente, poursuivis-je prudemment tout en inscrivant la question sur mon parchemin. Mais elle a bien fini par s'institutionnaliser, non ? Il a construit une prison pour ses opposants, pris le pouvoir dans les pays ...
Kamila réfléchit un long moment, le regard plongé par la fenêtre. D'ici, on voyait le vaisseau dans lequel elle dormait la nuit, qui tanguait sous la brise.
-Je te dis, les idées de Grindelwald reflétaient un sentiment général qui montait jusqu'aux hautes sphères des Ministères des pays. Ils se sont rangés derrière ses idées et Grindelwald a placé des hommes de confiances à des postes clefs. Ils murmuraient littéralement à l'oreille des dirigeants pour leur dicter leur politique, et pendant qu'eux géraient les affaires courantes, il pouvait se concentrer sur ses recherches – magie noire, tout ça.
-Donc en ce qui concerne la Pologne ... ?
Le visage de Kamila s'assombrit si fort que je craignis un instant qu'elle ne réponde pas à ma question. Mais pourtant elle prit la parole d'une voix rauque :
-Grindelwald a laissé la main libre à une grande famille de sorcier polonais. Une famille suprématiste du sang, plutôt de l'aile extrême – c'était le genre qui voulaient faire payer aux moldus de nous avoir obliger à nous cacher. Mais ils se sont adoucis en apparence pour être dans les bonnes grâces de Grindelwald, mais ils ont mis le pays à feu et à sang. Alors là, pour le coup, le Code magique international était sur le point d'exploser ...
Je pris ces dernières paroles en note et formai une flèche pour inscrire de chercher les stigmates des sévices de cette famille dans la mémoire moldue polonaise. Si le code magique international avait été sur le point d'exploser, comme le disait Kamila, cela devait se trahir dans l'histoire moldue – et ça me donnait de la matière à réflexion.
-Ils étaient presque pires que Grindelwald lui-même, tous autant qu'ils étaient, souffla-t-elle, toujours profondément plongée dans ses pensées. Et le pire dans tout ça, c'est qu'ils sont restés puissants une fois Grindelwald emprisonné – si bien que je me suis demandé qui c'était servi de qui. Et comme eux avaient un pouvoir légitime – l'un des fils du grand patriarche était notre Ministre de la Magie et l'une des petites filles l'a également il y a une quinzaine d'année – ils n'ont pas été inquiété : ils ont dit que les ordres venaient de Grindelwald, qu'ils ne faisaient que obéir et la Communauté Magique Internationale a laissé faire ... Tu parles ... C'est l'un des petit-fils qui a assassiné ma grand-mère, en personne. Le plus jeune, en plus – comme quoi la cruauté n'a pas d'âge.
-Et ils ont un nom, ces gens ?
Kamila parut se réveiller et riva à nouveau ses yeux sur moi. Le feu apaisé de ses iris flamboya de plus belle quand elle posa les yeux sur moi. J'eus un mouvement de recul qui me fit heurter le dos de ma chaise. Kamila, sans doute consciente de l'emportement qui montait en elle, poussa un profond soupir et se prit le visage entre les mains. Puis elle rejeta sa tête en arrière en inhalant profondément, comme pour reprendre la maîtrise d'elle-même.
-Désolée, souffla-t-elle en reposant les yeux sur moi, cette fois parfaitement calme. C'est juste ... ça fait encore énormément de ... mal, d'en parler. Toute mon enfance, mon grand-père m'a raconté comment était sa captivité à Nuremgard, j'ai baigné dedans ...
-Je comprends, murmurai-je, crispant mes doigts sur ma plume. Je suis désolée de te faire revivre ça. On peut ... arrêter là, si tu veux ?
Elle me jugea longuement, impassible, avant d'opiner du chef. Je rassemblai mes affaires et nous quittâmes la table dans un silence pesant. Avant qu'elle n'oblique vers ses amis de Durmstrang, elle mit une main sur mon épaule.
-Je suis désolée pour ma réaction, s'excusa-t-elle de nouveau, avant d'avoir un sourire tenu. C'est un très beau sujet, et c'est important de ... se souvenir de ce genre d'événement. J'espère que tu sauras correctement le traiter.
-J'espère aussi. Encore merci, Kamila.
Elle hocha à nouveau la tête et alla retrouver les autres élèves alors que j'obliquais vers Cédric, mes affaires serrées contre ma poitrine compressée. Quand je m'assis face à mon ami, mon esprit bourdonnait de tout ce que m'avait dit Kamila – et de toute les réflexions que j'en tirai. Surpris par mon immobilité, Cédric releva la tête de son devoir de Potion et me considéra, ses sourcils disparaissant sous ses cheveux.
-Vic' ? Ça s'est mal passé ?
-Non, ça va, le rassurai-je, l'esprit ailleurs. J'ai de la matière.
Et la matière tourbillonnait dans un maelström d'information dans ma tête. Cela se croisait avec ce que mes grands-parents avaient pu m'apprendre, et je voyais avec une grande netteté un chemin se dessiner. Je posai mon parchemin à plat sur la table et le lissai pour relire mes notes.
-C'est entre toi et moi, murmurai-je en me munissant de ma plume.
PS : la vision de Grindelwald que je décris a été écrite avant la sortie de FB2, donc j'espère que je ne suis pas trop loin de la réalité ahah !
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