Visite Non-Désirée

Marie-Antoinette était en train de se préparer un thé quand elle entendit sonner à sa porte. Elle soupira, délaissa sa tasse et s'approcha de la dite ouverture. Seulement, dès qu'elle vit son visiteur, elle ne put s'empêcher de reculer de quelques pas, en position d'attaque.

-Déstressez Toinette, soupira le visiteur. Je suis juste venu vous poser quelques questions.

-Mettons-nous d'ors et déjà d'accords sur un point Crow : je refuse de vous écouter.

Sur ce, elle claqua la porte et la verrouilla avant de retourner dans sa cuisine, son regard devenu violet brillant de rage et de crainte.

Pour avoir déjà eu affaire à cette... chose qu'est Crow, elle savait qu'il ne valait mieux pas le provoquer. Seulement, en se permettant de le mettre à la porte, elle se rassurait en se disant que, puisqu'elle ne l'avait pas invité à entrer, il ne pourrait de toutes façons pas la déshonorer de sa présence, que puisqu'il était lui aussi non-humain, il ne pourrait pénétrer dans une demeure où il n'était pas invité, comme cela fonctionnait avec les Ombres et les Vampires les plus puissants, ceux ayant totalement renié l'humanité dans laquelle ils avaient pu vivre. Quelle ne fut pas sa surprise de lui faire face, quelques secondes plus tard, dans sa propre cuisine.

-Quand je souhaite vous causer vous me laissez parler l'Autrichienne.

-Comment êtes-vous...?

-Comme ça. Dois-je vous rappeler que je vous suis infiniment supérieur ?

Marie-Antoinette capitula, prit son thé et s'affala sur son canapé, faisant signe à Crow de s'installer sur un fauteuil face à elle.

-Allez-y, je vous écoute, de toutes façons je n'ai pas mieux à faire.

-Ah parce que vous ne travaillez pas ?

-Bien sûr que si, je travaille ! C'est juste qu'en ce moment je suis en congé.

-Pourquoi ?

-Ma vie privée vous concerne-t-elle ?

-Pas vraiment nan.

-Je veux bien admettre que vous n'ailliez aucune pudeur, ni même le moindre respect pour les pensées, croyances et considérations des autres, mais si je vous surprends à fouiller mes pensées je n'hésiterai pas à engager le combat, peu importe ce que vous êtes.

Crow émit un vague sourire.

-Quelle imprudence...

-Votre gueule. Bon, quel est le problème ?

-Ceci.

Celui-Qui-N'est-Plus sortit une enveloppe de la poche de son costume et la tendit à l'ancienne reine de France qui l'ouvrit prestement pour découvrir à l'intérieur un œil hyperréaliste, bien qu'étant en noir et blanc ponctué de quelques nuances de gris dues au crayon de papier utilisé pour l'exécuter. En dessous était écrit la phrase suivante : « Je te vois ».

-Et alors ? En quoi cela me concerne ?

-Je souhaite savoir si vous en avez reçu, vous aussi. C'était da ma boite aux lettres quand j'ai envoyé mon nouveau larbin chercher le courrier

-Et pourquoi être venu vers moi ?

-De toutes les créatures étranges vivants ici, les seules assez puissantes pour recevoir ce genre d'avertissements sont vous, Raven, Wolf, une Ombre chiante et moi. Et bien que cela fasse beaucoup j'ai eu quelques différents avec ces derniers qui font que je me suis naturellement tourné vers vous.

Marie-Antoinette eut un sourire railleur.

-Étonnant que l'on vous tourne autant le dos, vous êtes un être tellement agréable, respectable, raffiné...

-Fermez-la ou il se pourrait bien que je me décide à accomplir ce qu'ont tenté les révolutionnaires il y a 224 ans.

-Quelle excellente idée, mes enfants me manquent tellement.

Bien que l'affirmation ait pu paraître ironique aux oreilles de Crow, le manque d'expressivité sur le visage de la Vampire et son regard légèrement éteint suggérait que ce n'était pas le cas. Il se contenta d'hausser les épaules avant de répondre :

-Il est vrai que votre sort m'importe peu. Seulement mettez-vous bien une chose en tête, Toinette : si jamais c'est bien ce que je pense et que cela n'atteint pas que moi, nous serons contraints d'unir nos forces. Vous n'aimeriez pas que votre petite Ophélie se fasse courser par toute une horde de gentils petits hommes de mains de ces espèces de grosses saloperies n'est-ce-pas ?

-Pas plus que vous n'aimeriez savoir votre cher Raven entre leurs mains.

-Un point partout, ricana Crow.

Un bruit de clef dans la serrure de la porte d'entré se fit entendre, laissant entrer Ophélie qui jeta son sac dans l'entré. Sa mère tourna la tête vers elle :

-Tu n'es pas censée être en cours ?

-Il se trouve que ma prof de sport a eu un « fâcheux accident », du coup je suis déjà arrivée, comme tu peux le constater.

-« Fâcheux accident », fit Marie-Antoinette en levant un sourcil ?

Ophélie lui sourit.

-Je préfère ne pas en parler devant notre invité. Tu me présentes ?

Alors que la génitrice ouvrit la bouche, Crow la devança :

-Je me présente, je suis Crow, divinité démoniaque célébrée par aucun culte sur pieds à ma connaissance à ce jour, vu que j'ai fait cramer les derniers qui m'ont invoqué et de la même espèce que Wolf, que tu connais et Raven, que tu connais peut-être. Enchanté.

La jeune fille lui rendit timidement ses salutations et se tourna vers sa mère :

-C'est lui le fameux corbeau, n'est-ce-pas ?

-Exactement.

-Vous lui avez déjà parlé de moi, Toinette, s'étonna Crow ?

-Oui, en lui disant de se méfier parce que vous êtes un bel enfoiré.

-Que de compliments et de sollicitude, cela me va droit au cœur, railla-t-il. En attendant, ta gamine a un défaut de fabrication. Faut croire que t'aimes ça, faire des mioches défectueux.

Marie-Antoinette vit rouge :

-Ne parlez pas de Louis-Joseph et de Sophie-Béatrice en ces termes !!

Ophélie resta silencieuse dans son coin, s'éloigna quelques peu pour laisser libre cours à la fureur de sa mère sans risquer de devenir un dommage collatéral tandis que Crow souriait de toutes ses dents, assez fier de son comportement.

-Et puis, rajouta-t-elle, l'œil d'Ophélie n'a pas été un problème à la naissance. C'est votre ami le chien qui lui a fait ça.

Crow se calma peu après, dardant sur l'ancienne reine de France un regard plein de malice :

-Parce que vous croyez que je ne l'avais pas remarqué ? Et pour commencer, veuillez réétudier vos animaux. Wolf n'est pas un chien, c'est un loup, comme son nom semble étonnamment l'indiquer. Ensuite, il ne serait pas capable de s'en prendre à une si gentille fan de Metal avec autant de fureur. Mais je vous accorde un point : ce n'est pas un humain qui lui a fait ça.

Les deux Vampires se raidirent et la mère prit la parole :

-Comment pouvez-vous le savoir ? C'est vous qui lui avez fait ça, n'est-ce-pas ?!

-Oh, on se calme l'Autrichienne, râla Crow. Non ce n'est pas moi, quel intérêt y aurais-je eu ? Et pour répondre à la première question, sa blessure pue la magie de qui-je-pense à plein nez, si vous voyez ce que je veux dire.

-Comment ça ?
-Réfléchissez un peu, bordel ! Ils ont un truc avec les yeux, dois-je vous le rappeler ? Enfin, je devais m'attendre à ce que vous ne me croyiez pas, ce n'est pas le genre de chose que vous pouvez voir. En ce qui me concerne, je distingue très nettement les petites paillettes dorées autour de son œil.

Ophélie ne comprenait rien. Marie-Antoinette, de son côté, semblait plus énervée que jamais. Crow restait de marbre, même s'il semblait un peu tendu.

-Je crois que vous avez eu votre avertissement avant moi, Toinette. Si vous voulez bien m'excuser, je vais devoir m'éclipser.

Malgré la situation, la mère ne put s'empêcher de lui lancer une pique :

-Pourquoi ? Vous voulez vous assurer que celui qui vous méprise aille bien ? Moi qui vous croyais impitoyable et solitaire !

Celui-Qui-N'est-Plus lui lança un regard bouillonnant d'une haine tellement profonde que lui donner un nom semblait superflu. Surprise, l'ancienne reine de France recula, prête à se défendre en cas de besoin.

-Ma menace de tout à l'heure tient toujours, surtout si vous osez vous foutre de ma gueule de cette façon.

Sur ces mots, il esquiva Ophélie qui se tenait dans l'entrée pour franchir la porte aussi vite qu'il le pouvait. La jeune fille se tourna vers sa mère :

-De quoi est-ce-que vous parliez ?

-De rien d'important ma chérie.

-RIEN D'IMPORTANT, explosa-t-elle ?! QUOI QUE CE PUISSE ÊTRE, ÇA M'A VRAISEMBLABLEMENT COUTÉ UN ŒIL !!!

-Moins tu en sauras, mieux cela vaudra, conclu son interlocutrice d'un air lugubre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top