Un Nouveau Professeur

Ophélie se leva dès que son réveil sonna. Elle savait que son père ne serait pas là, par conséquent, elle aurait le temps de se préparer pour le lycée sans que ce dernier ne l'étouffe de câlins et autres marques d'affections servant à lui prouver son amour.

Elle traina cependant des pieds jusqu'à la cuisine, ne sachant si sa mère était de bonne humeur ou non. Ce simple détail jouerait sur le bon déroulement de sa matinée.

Seulement quand elle arriva, cette dernière semblait plongée dans ses pensées. Ophélie toussota, aucune réaction.

-Maman... ?

-Hm... ? Ah pardon, ma chérie, je ne t'avais pas vue.

Elle lui fit un léger sourire, ce qui rendit Ophélie suspicieuse. Ça, ça sentait la mauvaise nouvelle à plein nez... Qu'est-ce-qu'elle allait bien pouvoir lui sortir...?

-Y a un problème maman ?

-Non, non... Enfin, j'aurais quelque chose à te dire, mais...

-Mais... ?

-Va te préparer, on en parlera plus tard.

Ophélie la considéra quelques secondes puis se décida à aller prendre son petit-déjeuner, bien que son esprit fut embué de questions.

La matinée se déroula de manière classique, sans détails vraiment dérangeants ou sortant de l'ordinaire, bien que sa mère semblait toujours préoccupée. Ce n'était pas dans sa nature de se prendre autant la tête. Mais la jeune fille n'avait pas l'occasion d'y penser trop longtemps.

-OPHÉLIE !

-Quoi ?

-Quelle couleur ton cache-œil ?

-Noir, s'il te plait.

La mère revint vers sa fille et lui attacha ledit cache-œil, puis la fit tourner vers elle pour voir le résultat. Elle lâcha un petit sourire satisfait. Bien que les cheveux d'Ophélie étaient organisés de sorte à ce que l'œil arraché fut caché par des mèches de cheveux, utiliser un cache-œil protégeait l'orbite vide et permettait de cacher encore mieux la plaie.

-Tu es très belle ma fille.

-Ouais, ouais, c'est ça. Tu pourras pas me faire avaler un truc pareil. Je suis défigurée.

La mère soutint son regard quelques secondes avant de détourner le regard en lui demandant de monter dans la voiture.

Le trajet se passa sans encombres. Quand Ophélie fut sur le point de sortir de la voiture, sa mère la retint avant de lui lâcher d'une traite :

-Quand tu rentreras tu prendras le journal dans ma table de nuit. Je veux que tu le lises en entier avant que je ne revienne ce soir, après on aura une conversation. On ne sera pas dérangées, ton père est en voyage d'affaire jusqu'à la fin de la semaine. Bonne journée, ma fille.

Sur ce, elle la poussa légèrement pour la forcer à sortir, laissant la jeune fille désemparée devant son lycée. Après s'être remise de ses émotions, elle se dirigea vers le bâtiment.

Cela faisait une semaine qu'elle était de retour en classe. Et clairement, elle n'en pouvait plus de supporter les regards de curiosité et de pitié qui la transperçaient à chaque pas qu'elle faisait. Et là encore, ça n'avait pas loupé. Ophélie soupira. Elle aurait largement préféré que ce soit son tee-shirt Rammstein qui attire l'attention plutôt que le port de son cache-œil, mais bon... Il y a des choses que l'on ne choisit pas.

Quelques instants plus tard, elle arriva en classe d'histoire, un léger sourire aux lèvres en passant à ce qu'il allait se passer. Le professeur avait demandé à ce que les élèves fassent un petit exposé sur un personnage historique peu connu mais qui reste néanmoins intéressant.

Dans un premier temps, Ophélie voulait faire son exposé sur Elisabeth Bàthory, mais quand elle parla de son idée à sa mère, elle lui proposa un autre criminel qu'elle avait jugé plus intéressant.

Cependant, à la place du professeur, un jeune hommes aux longs cheveux d'un noir profond et aux yeux tout aussi colorés arriva dans la salle de classe, lâchant un cartable en cuir sur le sol et soupirant, sous les yeux médusés des adolescents.

-Bonjour à tous, mon nom est M.Corneille, je serai votre nouveau professeur d'histoire étant donné que M.Descavernes est malade.

Un murmure parcourut l'assistance, qui fut rompu par la voix forte du professeur :

-Silence s'il vous plait ! Bien que je sois votre nouveau professeur il me semble que vous aviez des petits exposés à faire pour cette semaine, du coup vous allez passez aujourd'hui. Bien, nous allons commencer par... Ophélie Grimm.

Ophélie se leva après avoir relu ses feuilles et avança jusque devant le tableau, les jambes en cotons. Une fois arrivée à destination, elle inspira à fond. M.Corneille lui demanda :

-Vous n'avez pas de clé USB ?

-Je n'ai pas trouvé de portrait du personnage que j'ai choisi et par conséquent j'ai trouvé superflu de créer un diaporama.

-Bien. C'est quand vous voulez.

Elle embrassa la pièce du regard et commença :

-Adrian White était le fils d'un horloger et d'une servante. On situe sa naissance vers le milieu du 19e siècle. De ses parents, il apprit l'art de l'horlogerie et le pouvoir des plantes. Sa mère, qui était l'empoisonneuse de la famille, décéda quand il avait à peine 6 ans et il la remplaça presque tout de suite après. La famille qu'il servait vivait dans un petit comté d'Angleterre qui fut dissout peu après la mort d'Adrian.

Elle fixa la salle quelques secondes, jeta un coup d'oeil au nouveau professeur qui semblait à la fois surpris et troublé. Elle continua :

-Je suppose que vous avez compris en quoi consistait le métier d'empoisonneur. Adrian était chargé d'assassiner les éléments gênants invités chez la famille, souvent amenés par la reine Victoria elle-même. On impute à M.White une bonne centaine de victimes, sans doutes plus, qu'il a empoisonné de manières très différentes au cours de sa très courte vie. En effet, il sera dénoncé par Mary, la première fille de la famille qu'il servait à Scotland Yard alors qu'il avait 17ans. Il fut arrêté à peine quelques jours plus tard, et mit du temps à avouer une bonne dizaine de ses crimes, bien que Mary en ait dénoncé environ 500. Il fut pendu haut et court à peine quelques heures après ses aveux.

Elle se tourna vers M.Corneille, qui, après lui avoir demandé si elle avait fini, lui demanda :

-Est-ce-que vous savez pourquoi cette jeune fille l'a dénoncé ?

"Merde, pensa-t-elle, j'avais complètement zappé !!"

-Oui, mais pas de manière sûre. Il parait qu'il avait refusé ses avances, que cela l'avait vexée et il me semble que quand elle a découvert sa potentielle homosexualité, cela l'a "poussée" (elle mima les guillemets) à le dénoncer, elle fut même appuyée par sa mère par rapport à cette décision.

-Bien. Des questions, demanda le professeur à la salle de classe, dont une partie fut légèrement hilare à cause de la dernière information ?

Aucune réponse, les ricanement cessèrent. Le professeur se releva, posa sa main dans le dos d'Ophélie en lui intimant de retourner à sa place, tout en murmurant :

-Vous viendrez me voir à la fin des cours.

Bien que surprise, la jeune obtempéra tout de même quand l'heure fut venue.

-Vous aviez quelque chose à me demander professeur, fit-elle ?

-Effectivement.

-Si c'est à propos de mon œil, je ne répondrais pas.

-Quelque part, c'est lié, mais autre part cela ne le concerne pas directement.

-Dites m'en plus, demanda la jeune fille avec une pointe de curiosité dans la voix.

-Un de mes bons amis, un dénommé Wolf, aimerait avoir de vos nouvelles, vous voyez de qui je veux parler, j'espère ?

Bien que légèrement choquée, l'expression de la jeune fille se fit inquiète, presque aussitôt après :

-Comment va-t-il ? Il n'a pas été blessé ? Il a réussi à trouver un endroit où se reposer ?

-Calmez-vous, mademoiselle. Il va bien, je l'ai hébergé chez moi, c'est un ami de longue date. Si cela vous intéresse, vous pouvez venir le visiter quand vous le voudrez. Vous lui manquez, il faut dire qu'il vous apprécie beaucoup. Tenez, voici mon adresse.

M.Corneille lui donna un papier sur lequel ladite adresse était écrite.

-Maintenant filez, sinon vous allez être en retard au cours suivant.

-Merci M.Corneille, fit la jeune fille avec gratitude.

-_*_-_*_-_*_-

Une fois chez elle, Ophélie sautillait partout, heureuse. Elle balança son sac dans le couloir, fredonnait un air joyeux, se balançait sur ses pieds avec un grand sourire et était partie pour hurler sa joie de vivre au pauvre chat étalé sur le canapé qui n'avait rien demandé quand elle se souvint de l'existence du cahier dont sa mère avait fait mention un peu plus tôt.

Elle se calma, lâcha un léger rire et fonça dans la chambre de sa mère pour découvrir tout ce qu'elle lui cachait.

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