Chapitre 40-1


— Ils n'en ont plus besoin, Ivory à un moyen de pression, du moins c'est ce qu'il croit, répondit Nicolas d'une voix dangereuse depuis la banquette arrière.

— Qui est cet...Ivory ? En vous écoutant j'en avais déduis qu'il s'agissait d'un métamorphe, mais là vous dite qu'il serait de mèche avec l'armé ! ça n'a pas de sens !

— La cupidité, la méchanceté et la soif de pouvoir des hommes vous étonnent toujours ? Soit vous êtes bête, soit vous êtes naïf ! L'armée, tout au moins une branche de celle-ci, avait connaissance de notre existence depuis des années et menait des expériences secrètes et illégales sur de pauvres cobayes qu'elle enlevait en toute impunité. C'était facile ! Notre secret et notre obsession à rester caché jouaient contre nous ! nous expliqua Nicolas d'une voix coléreuse. Et nous venons aussi de découvrir que les vôtres n'ont pas l'apanage de la trahison !

— Comment as-tu appris tout ça ? lui demandai-je légèrement surprise.

— C'est lui qui me l'a dit ! s'esclaffa-t-il amèrement. Pendant qu'ils me torturaient...il était persuadé que j'allais mourir donc il n'a pas pu s'empêcher de se vanter.

— Il t'a dévoilé son plan ?

— A partir du moment où l'on avait compris leurs intentions, ils n'avaient plus de plan ! C'est pour cela qu'ils nous ont enlevé ! Maintenant nous n'avons plus le choix.

— Et vous, vous en avez un de plan ? Parce que j'ose espérer que c'est le cas ? intervint Storm, toujours concentré sur sa conduite.

— Le plan...c'est vous en fait !

La voiture fit une embardée soudaine et je ne pus m'empêcher de pousser un petit cri en me raccrochant à la poignée au-dessus de la portière.

— Regardez où vous roulez ! Si vous mourrez bêtement dans un accident, on sera bien avancé !

Le ton caustique de Nicolas ne m'échappa pas et je me demandai pendant un instant s'il était sérieux où s'il cherchait juste à provoquer l'inspecteur pour se passer les nerfs !

— Vous avez fini de vous foutre de ma gueule ? s'énerva Storm en se garant brutalement sur le bas-côté avant de se retourner vers Nicolas.

— Je ne me moque pas de vous ! Cette situation est tellement surréaliste que...bref ! Quand je dis que le plan repose sur vous, cela signifie que je compte sur votre aide pour créer l'effet de surprise.

À l'entente de cette réponse je vis les épaules de l'inspecteur se détendre légèrement sous sa veste froissée et ses battements cardiaques s'espacèrent pour retrouver un rythme plus calme. J'entendais son cœur battre ! réalisai-je soudain avec effroi. Presque comme si c'était le mien, en fait mon cœur se calait sur celui de l'inspecteur. Dans un mouvement vif et involontaire je me rencognai contre la portière, le plus loin possible de Storm, ce qui était toujours beaucoup trop près à mon goût !

— Que se passe-t-il ? me demanda ce dernier, surpris par mon comportement et mon regard paniqué et exorbité fixé sur lui. Je devais avoir l'air d'une folle !

— Storm, roulez ! Rose, regarde-moi ! Tu entends le cœur de Cooper ? J'ai besoin que tu te concentre dessus et que tu m'avertisses à la moindre accélération.

J'entendais Nicolas me parler, je comprenais ce qu'il me demandait mais le son du cœur de l'inspecteur qui paraissait battre dans mes oreilles et résonner jusque sur ma langue, supplantait tout.

— Rose ! Tu m'entends ! Fais ce que je te dis !

Une force brute et chaude s'abattit soudain sur moi, me forçant à reporter mon attention vers Nicolas qui m'emprisonna aussitôt de son regard ambré.

— Rose j'ai besoin de toi !

— Mais pourquoi...

— Vous taisez-vous ! aboya-t-il à Storm, tandis qu'une nouvelle salve de pouvoir brulant et impérieux me ramenait vers lui.

Forcée par le pouvoir de Nicolas, je parvins enfin à focaliser mon attention sur le rythme cardiaque de Cooper et me sentis presque instantanément plus calme et de nouveau maitresse de mes sens. Comme si je m'éveillai soudain d'un rêve particulièrement réaliste et dérangeant.

— C'était quoi ça ? lui demandai-je d'une voix essoufflée alors que je n'avais pas fait le moindre effort.

— Je me posais la même question, marmonna Storm sans se retourner.

— Tes sens s'affinent. Combiné à la fatigue, au stress et à la pleine lune qui approche...c'est un cocktail explosif.

— Il aurait pu se passer quoi exactement ? Que je sois un minimum au courant ! demanda l'inspecteur malgré l'avertissement de Nicolas.

— Si je n'étais pas intervenu, elle vous aurait certainement sauté à la gorge, lui répondit-il d'un ton nonchalant qui ne collait pas du tout avec ses propos.

— Quoi ! nous exclamâmes-nous en cœur !

— Jamais je n'aurais fait ça ! ajoutai-je certaine de ce que j'affirmai et aussi pour rassurer l'inspecteur qui avait l'air de vouloir sauter de la voiture en marche.

— Toi non, mais ta louve sans aucun problème ! Ne t'inquiète pas, je suis là et je veille sur toi. Sans cette situation pourrie tu n'aurais pas à vivre tout cela mais...Tournez à gauche et garez la voiture dans les fourrés, qu'elle soit invisible de la route, ordonna-t-il à l'inspecteur qui dû prendre un virage serré qui fit crisser les pneus. Heureusement que la route sur laquelle nous roulions se trouvait au milieu de nulle part !

Nous roulâmes encore sur quelques mètres jusqu'à ce que le chemin ne soit plus praticable, puis Storm coupa le moteur et s'empressa de sortir de l'habitacle.

— Nicolas, soit franc avec moi, il y a un risque que je lui fasse du mal ?

— Je ne te laisserai pas faire, me répondit-il d'un ton doux et assuré en me serrant brièvement la main.

Nous sortîmes à notre tour, laissant le pauvre Cooper toujours inconscient sur la banquette arrière. Le froid me saisit instantanément et je ne pus m'empêcher de grelotter en serrant mes bras autour de moi.

— Vous n'êtes pas censés être immunisés contre le froid ?

— Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit ! lui rétorqua Nicolas avec un petit sourire en coin. Je ne vous aurais pas cru fan de ce genre de lecture, ricana-t-il en s'approchant du coffre.

— Les ados savent être très persuasives quand elles le veulent ! J'ai été obligé de regarder tous les films ! gémit exagérément Storm, assortie d'une petite grimace.

Ce n'était certainement pas le bon moment, mais cela détendit nettement l'atmosphère tandis que Storm nous replongeait aussitôt dans l'urgence de la situation.

— L'aube va bientôt se lever, nous n'avons plus beaucoup de temps !

— Vous savez, pour nous, jour ou nuit cela n'a aucune importance ! Ils nous repéreront à la seconde où nous aurons posé un pied dans ces bois.

— Pourquoi nous presser alors ? Autant prendre le temps de bien nous organiser, au lieu de foncer tête baissée.

— Parce qu'Ivory lui, ne va pas attendre ! Et pour le plan que j'ai en tête ait une chance de fonctionner, l'obscurité pourra nous être utile, ajouta-t-il en ouvrant le coffre.

L'exclamation de surprise que poussa l'inspecteur m'incita à m'approcher et je me retins de justesse de m'exclamer à mon tour. Des dizaines d'armes, de grenades et autres engins de mort étaient entassés pêle-mêle sur la moquette beigeasse du coffre de la berline.

— Où avez-vous trouvé tout ça ? Vous avez dévalisé une armurerie !

— J'ai juste volé la bonne voiture, aux bonnes personnes. Dans ce quartier pourri, j'étais certain de trouver un gang en train de fomenter un mauvais coup ! Cela a presque été trop facile.

— Vous voulez dire que maintenant nous avons un gang sur le dos !

— Croyez-moi ils sont le cadet de nos soucis ! De toute manière, ils n'ont pas eu le temps de voir qui les attaquait ! Je ne suis même pas certain qu'ils se rappellent grand-chose à leur réveil.

— Parce que vous faites dans le lavage de cerveau aussi !

— Du tout ! Mais une petite commotion cérébrale est tout aussi efficace parfois !

— Vous en parlez avec tellement de désinvolture, c'est...

— Vous croyez vraiment que le sort de deux petites brutes qui étaient près à vendre ces armes aux plus offrant et à tuer tous ceux qui se dresseraient sur leur chemin me préoccupe ? Eh bien non, et il devrait en être de même pour vous ! Je ne les ai pas tués, bien que franchement ils le méritaient ! Alors ne me demandez pas plus que ça !

Un silence pesant, uniquement entrecoupé du chuintement sinistre d'une chouette en chasse, tomba entre nous.

— Désolé, vous avez raison ! admit humblement l'inspecteur. C'est juste que tout ça c'est...

Il s'interrompit de lui-même laissant retomber ses bras le long de son corps. Je ne comprenais que trop bien ce qu'il ressentait, tous ses repères et ce qu'il croyait connaître venaient de voler en éclat et il essayait de se raccrocher à ce qu'il pouvait.

— Vous avez raison, j'ai été un peu brusque avec vous ! Désolé. Tenez, vous aurez besoin de ça ! lui dit-il en lui lançant une sorte de casque étrange.

— Des lunettes infrarouges ! Que voulez-vous que je fasse de ça ?

— Les métamorphes de gardes dans ces bois, vous verront très bien dans le noir, mais ils ne s'attendront pas à voir un humain seul. Avec ça, vous aurez la même vue qu'eux. J'espère que vous savez manier les explosifs ? 

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