Chapitre 31-2


En une seconde, il fut debout. Si vite même, que je crus avoir rêver.

— Positif ou négatif ? demanda-t-il à Peter, d'une voix encore un peu enrouée par le sommeil.

— Un peu des deux, lui répondit ce dernier en jetant un petit coup d'œil à l'intérieur.

— Ce n'est pas une réponse ça, lui rétorqua Nicolas en fronçant les sourcils.

— Si tu veux en savoir plus, tu n'as qu'à les rejoindre, plutôt que de...faire la sieste, se moqua-t-il ouvertement après m'avoir jeté un nouveau coup d'œil appuyé.

Alors que la méchanceté et l'injustice d'une telle réplique me frappaient de plein fouet me faisant voir rouge, je vis Nicolas serrer les poings. Je n'eus pas le temps de voir autre chose, ni même de me lever du lit, qu'il était déjà à la porte. Avant que Peter n'ait pu esquisser le moindre geste, il l'avait saisi par le cou, balancé à travers la pièce et refermé le battant derrière lui.

— Je t'interdis de manquer ainsi de respect à un membre de ma meute, gronda-t-il d'une voix sourde en s'avançant vers lui à pas lents et menaçants.

Peter, qui avait atterri légèrement en vrac contre l'un des meubles, tentait maladroitement de se relever tandis que son regard inquiet suivait tous les gestes de Nicolas.

— Je ne te dois rien du tout, lui répondit-il malgré tout, à peine remis sur ses pieds. Tu n'es pas un métamorphe, tu...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, que Nicolas l'avait collé au mur, son bras plaqué contre sa gorge.

— Tu as raison, gronda-t-il à quelques centimètres de son visage, je ne suis pas un métamorphe. Je suis un loup garou ! Un des derniers Alphas encore vivant et je commence à en avoir plus que marre d'être pris de haut ! Surtout par un petit louveteau comme toi ! Tu me dois le respect, que tu le veuilles...ou non !

— On a beau vous avoir tous décimé, votre arrogance légendaire est toujours là ! Vous vous êtes toujours cru au-dessus des autres...

— Je ne me crois au-dessus de personne ! le coupa Nicolas d'une voix de plus en plus rauque. Tu es un loup et je suis plus puissant que toi, Tu me dois un minimum de respect...ça s'arrête là.

— Et si je ne suis pas d'accord avec cet état de fait ? le provoqua Peter d'une voix goguenarde malgré sa position périlleuse.

— Tu n'as pas envie de le savoir, lui susurra Nicolas, une lueur animal et primitive dans le regard.

— Tu n'oseras pas. Thomas ne te laissera pas faire la loi dans son clan.

— Tu as raison, résonna soudain la voix de Thomas alors que la porte s'ouvrait. Ce n'est pas à lui de le faire...mais à moi !

Le regard aussi implacable que sa voix, il pénétra dans la pièce, une aura de colère paraissant l'entourer.

— Je m'en charge, Nicolas.

Ce dernier ne dit rien et se contenta de relâcher son étreinte avant de s'écarter de quelques pas pour laisser passer Thomas. Je ne l'avais jamais trouvé effrayant avec son apparence juvénile et son air presque timide mais là, il était métamorphosé. Une aura de puissance se dégageait de lui, à tel point qu'il paraissait plus grand, plus âgé et surtout...plus féroce. Je vis littéralement Peter se décomposer à chaque pas supplémentaire qu'il faisait vers lui.

— Tu croyais pouvoir faire ta loi ici ? lui demanda-t-il d'une voix dure. Sous prétexte que nous avons le même âge, tu te croyais mon égal ? Peut-être envisageais-tu même de me défier ? Je t'ai accepté dans mon clan, sache que je peux t'en exclure tout aussi facilement ! Nous sommes un clan de métamorphe, pas une démocratie !

Sur ses mots, il le saisit par le col de son vêtement et l'entraîna vers la sortie.

— Nicolas, rejoins-nous dans la salle de réunion dans cinq minutes, on a besoin de ton avis, lui dit-il avant de pousser sans ménagement Peter dans le couloir et de refermer la porte derrière eux.

Un peu surprise et choquée par la scène qui venait de se dérouler devant mes yeux, je restai sans réaction durant plusieurs secondes.

— Qu'est-ce qu'il va lui faire ? finis-je par lui demander d'une voix blanche.

— Lui apprendre les bonnes manières, me répondit sèchement Nicolas, toujours dominé par la colère.

— ça se passera comme ça entre nous ?

L'inquiétude, voir la peur, qui perçait dans ma voix me fit horreur, mais toute cette violence rentrée et ces codes archaïques commençaient vraiment à m'inquiéter.

— Bien sûr que non, me rassura-t-il immédiatement. À moins que tu ne décides de me défier pour me chasser de ma propre meute ! ajouta-t-il avec un petit sourire.

Avisant mon air inquiet et perdu, il s'approcha de moi avant de me saisir les mains.

— Je sais que tout cela doit te paraître obscure et barbare, mais je t'expliquerai tout. Tu n'as pas à t'inquiéter.

Il s'approcha un peu plus, hésitant visiblement à m'embrasser, pour finalement se contenter de me passer la main dans les cheveux, avant de se diriger vers la porte.

— Attend ! Je veux venir avec toi ! Lançai-je sans réfléchir.

Pas que me retrouver dans la même pièce que quatre alphas stressés me branche plus que cela, mais rester seule me terrifiait encore plus.

— Ce n'est pas possible Rose et puis...tu seras mieux ici.

— Non ! m'exclamai-je spontanément, ayant tout de suite peur d'être allé trop loin. Je...je n'aime pas cette pièce, inventai-je ne voulant bêtement pas avouer la véritable raison de ma demande. Et puis...je pourrais vous être utile, improvisai-je, déstabilisée par le regard surpris et légèrement amusé de Nicolas.

— Je ne doute pas une seconde de ton intelligence et de tes compétences, mais en quoi pourrais-tu être utile au sein d'une réunion assommante de politique métamorphe ?

— Vu le contexte actuel et le taux d'égo et de testostérone présent dans la pièce la dernière fois que j'y suis allée, je pense qu'un point de vue féminin et surtout humain de la situation ne serait pas de trop ! lançai-je un peu plus sûre de moi à chaque mot qui sortait de ma bouche.

Il m'examina durant quelques instants, les sourcils froncés avant d'éclater de rire et de revenir sur ses pas.

— Tu n'as peut-être pas tort, avoua-t-il à ma grande surprise en m'entraînant derrière lui.

Au moment où nous arrivâmes devant la porte, je me demandai encore si mon coup de bluff avait été une bonne idée ? Curieusement indécise, j'allais questionner Nicolas du regard lorsque Thomas tourna au coin du couloir. Sa chemise qu'il était en train de finir de boutonner était bleue, preuve qu'il venait juste d'en changer. Pour quelle raison...je ne préférai pas le savoir, me dis-je en frissonnant, soudain légèrement inquiète pour Peter, même s'il ne le méritait pas.

— Un problème ? nous demanda Thomas en me fixant, étonné de me voir là.

— Rose a pensé qu'un point de vue féminin et surtout humain de la situation ne serait pas inutile...et je suis d'accord avec elle, lui répondit Nicolas avec un demi-sourire.

Vu le regard qu'il me lança, je crus qu'il allait me dire de déguerpir. Mais après avoir réfléchi, il se contenta d'ouvrir la porte et de nous faire signe de le suivre à l'intérieur. Je n'avais pas fait un pas dans la salle que le dénommé Khyn se manifesta aussitôt.

— Que fait-elle là ? demanda-t-il d'un ton agressif et pompeux à Nicolas, comme si je ne me trouvais pas juste en face de lui.

— Rose sera l'atout humain de cette réunion, lui répondit froidement Thomas en contournant la table sans jamais le quitter des yeux.

— Dois-je vous rappeler qu'elle n'est plus humaine !

— Elle, vous entend très bien, persiflai-je d'un ton acide en braquant mon regard dans le sien. Même transformée en loup-garou j'ai été et reste plus humaine qu'aucun d'entre vous ne le sera jamais, lui assénai-je avant de rejoindre Nicolas autour de la table qui me couvait d'un regard consterné et fier à la fois.

Khyn me lança un dernier coup d'œil glacial, avant de s'assoir sans y avoir été invité, ce qui au vu de la réaction épidermique de Nicolas et Thomas, devait être un manque de politesse évident.

Nous nous installâmes à notre tour et alors que tout le monde gardait le silence en se regardant en chien de faïence, je me demandai avec une angoisse sourde dans quel guêpier je m'étais fourrée. 

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