Chapitre 25-1
En un bond je fus debout et à plus d'un mètre du lit, me demandant comment j'étais arrivée là.
— Tu m'as transformé pour être ta compagne ?! lui demandai-je d'une voix qui même à moi me parut accusatrice et outrée.
— Quoi ! Mais bien sûr que non ! s'exclama-t-il visiblement indigné par ma suggestion. Qu'est-ce qui peut te faire penser ça ?
— Je ne sais pas ! Je sens...quelque chose m'attire vers toi et...tu ne le sens pas ?
— Ce que tu ressens c'est mon pouvoir d'Alpha qui t'appelle, c'est normal dans une meute, m'expliqua-t-il d'une voix radoucie et rassurante. Tu t'y feras à la longue. Tout cela est nouveau pour toi. Je vais devoir t'expliquer plein de choses et tu vas avoir besoin de temps...
— Il n'y a pas que ça, murmurai-je d'une voix perdue alors que mon regard se rivait de nouveau au sien, comme attiré par un aimant invisible. Je me sens comme...contrainte, forcée à être attirée par toi et j'ai horreur de ça ! m'exclamai-je d'un ton accusateur en essayant de le foudroyer du regard.
— Je ne te force à rien, me promit-il les mains levés devant lui comme pour s'excuser ou me prouver qu'il n'avait pas de mauvaises intentions. C'est peut-être ta louve qui est attirée par mon loup, mais c'est toi et ce sera toujours toi qui décidera au final.
— Et si elle prend le dessus ?
— Elle ne doit pas te dominer...
— Mais j'ai la sensation qu'elle le fait déjà ! le coupai-je d'une voix désespérée. Je me sens si...différente. J'ai l'impression que mes pensées, mes sentiments ne m'appartiennent plus...
— Ton corps se remet à peine de la transformation et des traumatismes qu'il vient de subir. Pour ton esprit c'est encore plus compliqué. Tu as besoin d'apprendre à apprivoiser tes nouveaux instincts qui essaient de s'imposer à toi. Je t'y aiderai, ne t'inquiète pas. Tout ira mieux après ta première transformation.
Un poids terrible m'oppressa soudain la poitrine à l'entente de ce simple mot, transformation. Les plaintes, les cris, les sons et les images horribles de la métamorphe de Nicolas envahirent mon esprit, me faisant chanceler.
— Ne me touche pas ! arrivai-je quand même à chuchoter à Nicolas qui venait de se précipiter vers moi.
J'allais devoir vivre ça, cette horreur ? me dis-je catastrophée dans un long gémissement intérieur. Je n'allais pas y arriver, j'allais...
— Rose, regarde-moi et respire profondément, me commanda Nicolas. Ne panique pas, ça ne se passera pas comme ça pour toi ?
— Comment sais-tu à quoi je pense ? réussis-je à lui demander, mon indignation à l'idée qu'il puisse lire dans mes pensées, prenant le pas sur ma terreur paralysante.
— Ce n'est pas très compliqué à deviner, me dit-il avec un petit rire désabusé. J'ai parlé de transformation et tu es devenue pâle comme la mort. Pas besoin d'être télépathe pour comprendre.
— Mais...tu en es capable ?
— De quoi ? Lire dans les pensées ? Non Rose, me répondit-il très sérieusement, se rendant compte que cela m'inquiétait. Comme je te l'ai déjà dit, je suis seulement très observateur. Je ne vais pas envahir ton esprit, tu peux te détendre, essaya-t-il de plaisanter pour alléger l'atmosphère mais j'étais trop flippée pour entrer dans son jeu.
— Pourquoi ça ne se passerait pas pareil pour moi ? finis-je par lui demander, tirailler entre mon envie de me plonger la tête dans le sable et celle d'avoir des réponses, même terrifiantes, à mes interrogations.
— Parce que je serais là. Quand l'alpha d'une meute est présent et aide à la transformation, cela se fait tout seul.
— Alors pourquoi toi...
— J'étais affaibli, blessé, j'ai dû forcer la métamorphose que mon corps refusait de par mon état. C'est pour cela que ça a été si long et douloureux. Je suis désolé que tu ais dû assister à ça pour ta première expérience.
— Tu en est certain ? lui demandai-je d'une voix légèrement chevrotante.
— Oui, je te le promets Rose, me dit-il gentiment en tentant de me rassurer du regard.
J'étais sur le point de lui poser une nouvelle question, quand on frappa discrètement à la porte avant d'entrer sans autre cérémonie.
— Nicolas, vous devriez allez rejoindre Thomas et Aaron, ils vous attendent, lui dit Waahana d'une voix anxieuse et préoccupée qui m'inquiéta. Je vais prendre soin de Rose et l'installer plus confortablement.
— Tu es sûre Rose ? me demanda Nicolas, hésitant visiblement à me laisser seule si tôt après la transformation.
— Oui, ça va aller, lui dis-je secrètement soulagée qu'il s'en aille, mais essayant de le cacher pour ne pas lui faire de peine. Bien qu'au fond de moi, une petite voix me susurrait que je ne devrais pas m'en soucier.
Il finit par quitter la pièce d'une démarche souple et déliée que je ne lui avais encore jamais vu et qui lui conférait une puissance et une stature impressionnante.
— Vous devez avoir faim, non ? me demanda Waahana, me sortant de ma contemplation alors que la porte se refermait sur Nicolas, me provoquant un étrange sentiment de soulagement et de manque mêlés.
— Je ne sais pas, peut-être, lui répondis-je évasivement, tourmentée par bien d'autres interrogations plus importantes à mes yeux. Pourquoi Aaron est-il ici ? demandai-je soudain à Waahana qui m'entrainait à sa suite dans le couloir.
— La vidéo est devenue virale. L'annonce de notre existence aux humains n'est plus qu'une question d'heure...notre seule chance est de nous cacher, ou de nous unir, me répondit-elle d'une voix assourdie par le stress. Venez, je vais vous conduire à une chambre plus confortable où vous pourrez prendre une douche et vous reposer. Pour le moment, ces questions ne vous concerne pas, laissons-les s'en charger, qu'ils servent au moins à quelque chose, ajouta-t-elle avec un petit sourire espiègle qui la rajeunie de dix ans.
— C'est si grave que ça ? Nous finirons bien par nous y faire une fois la surprise passée, de quoi avez-vous si peur ?
— De quoi avons-nous peur ? J'espère que tu plaisantes fillette ! persifla la voix moqueuse d'Akshay ; dans mon dos. Nous craignions l'hystérie, la haine, la discrimination...toutes les choses sympathiques qui se produisent lorsque les humains ont peur ou sont confronté à l'inconnu.
— Nous somme aussi capable de bonté, de compréhension et de compassion ! le contrai-je aussitôt, parfaitement consciente qu'il avait raison mais cherchant à défendre les miens par réflexe.
— C'est vrai, mais seulement en seconde intention. Je te signale au passage, juste pour info, que maintenant tu es l'une des nôtres...gamine ! ajouta-t-il avant de nous dépasser d'une démarche étudiée.
Je le savais mais je ne parvenais pas à me faire à l'idée. J'étais vraiment devenue une louve-garou ? Malgré toutes les nouvelles sensations que je ressentais et qui me hurlaient que c'était une évidence, j'étais toujours tiraillée par le doute.
Ce n'est qu'à l'instant où je sortis de mon introspection que je pris conscience de mon nouvel environnement. Nous nous trouvions dans un couloir en béton, éclairé parcimonieusement par quelques ampoules disséminées çà et là. Le décor était tellement différent de la pièce que je venais de quitter que j'eu un instant d'arrêt.
— Où sommes-nous ? demandai-je à Waahana qui marchait lentement devant moi.
— Dans un ancien bunker datant de la guerre froide. Un des nôtres est tombé dedans par hasard en se promenant dans la forêt. Il est tellement bien dissimulé que c'est la cachette idéale pour nous, surtout en ce moment.
— Vous voulez dire que nous sommes...sous terre ? lui demandai-je sentant aussitôt ma tête commencer à tourner.
Je n'avais jamais été claustrophobe mais une de mes anciennes amies l'était et je savais reconnaitre une crise de panique quand j'en voyais...ou en vivais une, en l'occurrence. Mes poumons se vidèrent de leur air et parurent se verrouiller tandis que j'essayai vainement d'aspirer de petites gorgées d'air dans un râle sifflant et inquiétant.
J'avais conscience que je n'étais pas en danger et qu'il n'y avait aucun risque à être dans ce bâtiment mais en même temps, ma nouvelle partie sauvage elle, ne supportait pas l'idée d'être sous la terre.
On était sous la terre que lorsqu'on était mort. La terre s'était fait pour s'envoler sous vos pattes quand vous courriez dans la forêt, pour accueillir votre corps fourbu après une longue course, pour un repos bien mérité. Vivre dessous n'était pas naturel, c'était contre nature, c'était...
Ces pensées envahir mon esprit et mon être, prenant possession de ma raison et de mon contrôle. Dans un cri inarticulé je tombai lourdement sur le sol, tandis qu'une douleur atroce me déchirait le corps. Whisper était aux commandes et n'avait qu'une idée en tête...sortir de là !
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