Chapitre 13-2



La différence était subtile et malgré cela elle sautait aux yeux. Il paraissait plus grand, plus imposant et surtout en bien meilleure forme que deux minutes auparavant, à moins que ce ne soit le stress et mes yeux qui me jouent des tours ! me dis-je en secouant légèrement la tête pour m'éclaircir les idées.

— Aaron n'est pas en cause. Pas plus que chacun d'entre nous, Cat comprise, continuait-il en tournant sur lui-même pour pouvoir regarder tous ceux à qui il s'adressait. Comme vous le savez Cat a été enlevée. Mais ce que vous ne savez pas c'est qu'elle a apparemment servi de cobaye à des expériences...des expériences dirigées contre nous !

Un concert de protestations et de réactions indignées envahit la pièce. Juan, encore lui, s'apprêtait à ouvrir la bouche quand Nicolas l'en dissuada d'un simple geste de la main assortit d'un regard sans équivoque.

— Avant de nous demander qui, pourquoi, comment et de penser aux représailles nous devons contrôler la situation ici. Nous devons séparer Catherine et Aaron pour que ce dernier retrouve son calme et puisse alors gérer cette crise au mieux, termina-t-il d'une voix affirmée qui ne souffrait aucune réplique.

Puis, sans laisser le temps aux personnes présentes de réagir à son mini discours il se dirigea d'un pas décidé vers la porte de gauche, tout en faisant signe à Eva de le suivre.

Elle ne fit pas que lui emboîter le pas mais s'empressa de le précéder en lui lançant un regard noir, avant d'ouvrir la porte d'un geste brusque et de jeter un coup d'œil prudent à l'intérieur. Apparemment, cela n'avait pas l'air très sûr ! Elle avait mis tant de force dans son geste que le battant alla cogner contre le mur intérieur avec un bruit sourd qui sembla raisonner dans tout le couloir.

Elle n'eut pas le temps de faire trois pas que Nicolas était déjà sur elle. Il s'était avancé avec une rapidité ne cadrant pas avec ses blessures pour la retenir solidement par le bras, tout en lui lançant un regard d'avertissement plus qu'éloquent. Elle s'était arrêtée net à la seconde où leurs peaux étaient entrées en contact baissant les yeux sans soutenir son regard. Avant de se dégager sans douceur et de se décaler de mauvaise grâce pour que Nicolas puisse passer devant elle. Son petit tour à la "Speedy Gonzales" devait lui avoir couté, car à présent il se tenait légèrement voûté en se tenant les côtes, ayant manifestement des difficultés pour se tenir droit et marcher normalement.

Subitement, ils furent pris tous les deux d'une sorte de grand frisson qui sembla leur traverser tout le corps...un peu comme s'ils venaient d'être traversés par un courant électrique. Eva commença à trembler alors que Nicolas lui, après avoir pris une profonde inspiration se contenta de rouvrir doucement les yeux avant de me faire signe de les rejoindre à l'intérieur.

Je m'approchai et dus me retenir pour ne pas lui passer un bras autour des épaules pour le soutenir lorsque j'arrivai à sa hauteur. Quelque chose me disait qu'il le prendrait mal. Mais le spectacle qui s'étalait devant mes yeux m'ôta bien vite de la tête mes interrogations futiles. Je restai un instant immobile face à la pièce...figée. Cette dernière donnait l'impression d'avoir été totalement ravagée par un tremblement de terre, ou une tornade...au choix !

La pièce, qui de toute évidence devait servir d'infirmerie, était sans dessus-dessous. Une des étagères métalliques vraisemblablement alignée avec ses deux jumelles contre le mur de gauche gisait, à présent complètement tordue au milieu de la pièce, le matériel médical qu'elle contenait répandu un peu partout sur le sol. Une table d'examen renversée avait fini sa course dans l'angle droit de la pièce où elle tenait compagnie à un classeur à dossier renversé.

Le mur du fond, quant à lui, comportait trois portes, dont l'une avait été à moitié arrachée et pendait par l'un de ses gonds. Par l'ouverture je pouvais juste apercevoir le bout d'un lit d'hôpital ainsi que les pieds de différentes machines médicales, qui de toute évidence, avaient connu des jours meilleurs.

— Où est-il ? demanda Eva en chuchotant d'une voix inquiète.

Nicolas se contenta de lui répondre d'un regard éloquent accompagné d'un petit mouvement de tête vers la porte défoncée.

— S'il est en pleine crise et que l'on entre là-dedans...il va prendre ça comme une provocation...

Sa voix était tremblante et suraiguë, laissant transparaitre la peur qu'elle s'évertuait à dissimuler.

— Tu vois une autre solution ? lui répondit-il d'une voix calme, contrastant avec sa panique grandissante.

— On envoi l'humaine ! Après tout, elle est là pour ça, ajouta-t-elle sur un ton de défi après une petite seconde d'hésitation.

— Non, c'est hors de question ! gronda-t-il d'une voix grave et impressionnante qui me fit sursauter. On ne peut pas l'exposer ainsi, ce serait idiot et irresponsable ! Une fois que l'on aura maîtrisé Aaron, on aura besoin d'elle pour s'occuper de Cat.

J'eu soudain envie de leur hurler « hé oh ! Je suis là » mais réussi malgré tout à me contenir, surtout lorsque Eva me lança l'un de ses regards assassins dont elle avait le secret.

— Pour ça, encore faudrait-il que l'on puisse l'approcher, murmura Eva d'un ton acide.

— Ce n'est pas en restant là que nous allons y arriver, la coupa Nicolas d'un ton à la limite de l'exaspération.

— Tu sais très bien que l'on ne peut pas se battre contre lui...

— Il n'est plus lui-même Eva. Quand il reprendra ses esprits...il comprendra.

— Mais ce n'est pas seulement ça ! Nous ne sommes pas de taille...tu veux un miroir pour te le rappeler !

— Et tu crois que ça va m'arrêter, gronda-t-il d'une voix sourde tout en s'approchant d'elle d'un air menaçant. Je suis un alp...un dominant moi aussi et s'il le faut...je saurais le lui rappeler.

Eva recula de quelques pas sans répondre et se contenta de fixer ses pieds avec application ce qui sembla calmer Nicolas.

Il se rapprocha de moi doucement, comme pour ne pas m'effrayer. Mais à vrai dire, j'étais un peu au-delà de ça. J'avais l'impression de flotter, un peu comme si j'étais spectatrice plutôt qu'actrice, de tout ce qui était en train de m'arriver. Pas un très bon signe de mon état mental, si vous voulez mon avis. D'autant plus que Nicolas me regardait avec inquiétude, comme s'il se demandait ce qui ne tournait pas rond chez moi.

— ça va aller ? Vous avez l'air prête à tomber dans les pommes, me demanda-t-il avec inquiétude tout en me prenant le bras de peur que je ne tombe apparemment.

Pour toute réponse je me contentai de hocher la tête et forçai mes yeux à faire le point sur son visage. Bon sang mais que m'arrivait-il d'un seul coup ?

— Vous êtes...quoi ? parvins-je à articuler difficilement me rendant compte trop tard de l'étrangeté de ma formulation.

— Je n'ai pas le temps de vous expliquer en détail ce que nous sommes et ce qu'il se passe ici. Mais je le ferais, je vous en fais la promesse. Mais pour le moment Cat a encore besoin de votre aide, une dernière fois. Ils lui ont bien injecté quelque chose. Quelque chose de dangereux pour nous, ça...ça nous perdre nôtre contrôle.

— Comme Aaron tout à l'heure ? l'interrompis-je.

— En quelque sorte oui, me répondit-il précipitamment. Je vous expliquerai tout plus tard, me répéta-t-il d'une voix précipitée. Là, ce qu'il faut juste que vous sachiez, c'est que je vais entrer dans cette chambre pour essayer de le raisonner. Si je n'y arrive pas, je tenterai une diversion et vous en profiterez pour sortir Cat de la pièce avec l'aide d'Eva et la mettre en lieu sûr, le plus loin des autres que possible, d'accord ?

Je me contentais d'acquiescer d'un mouvement de tête tremblant, ce qui eut l'air de lui suffire. Il me fixa des yeux pendant quelques secondes, me fit un petit sourire encourageant avant de m'enjoindre à le suivre.

Il traversa la pièce rapidement en prenant garde à ne pas bousculer les meubles et divers objets renversés, sans doute pour ne pas alerter Aaron de son approche. Il fut rapidement sur le seuil, dissimulé par la porte dégondée et se retourna rapidement vers moi. Constatant que je n'avais pas bouger d'un pouce il me fit un petit signe agacé de la main.

Résignée et fortement encouragée par Eva d'une brusque poussée dans mon dos, je me forçai à mettre un pied devant l'autre avec la sensation de plus en plus prenante d'aller à l'abattoir. 

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