Chapitre 7

2e Partie

Considérant la température extérieure, presque aussi fraîche que la climatisation de l'avion, Franck imagina que la pluie qui tombait devait être très froide. Par chance, la file d'attente pour les taxis était à l'abri, au moins des précipitations.

Il ouvrit la porte de la voiture, alors que le chauffeur plaçait son unique bagage dans le coffre de la Prius. Si la douleur encore vive à son côté ne l'en avait pas empêché, il aurait ri. Il rentrait du Japon où il avait conduit une voiture française et prenait à présent, en France, une voiture japonaise pour rentrer chez lui.

Était-ce bien chez lui ?

Pour la énième fois, cette question agita son esprit. Il était né en France, certes, mais il avait été élevé au Japon. Cela faisait de lui un étranger où qu'il se trouve. Là-bas, il resterait à jamais le gaijin, l'étranger. Alors qu'ici, il ne se sentait jamais vraiment chez lui. La plupart du temps, il n'y pensait pas, les occupations d'un diacre dans une église telle que la sienne couplées à ses activités nocturnes ne lui laissait que peu de temps pour cogiter. Mais ce voyage avait été un retour dans le temps dont il se serait bien passé, pour être tout à fait honnête.

Saeko et Rintaro avaient tous deux brisé leur promesse de quitter le monde des yakuzas, ce qui avait forcé son retour. S'asseoir de nouveau sur le banc de pierre dans le sanctuaire, là où il avait tant échangé avec Atsuko, avait été revigorant, certes, mais sa mission avait été difficile.

Pas techniquement, non. S'introduire dans la demeure des Yamada et éliminer tous les yakuzas, jusqu'au dernier cette fois, n'avait pas posé grand problème. Une balle lui avait traversé le côté, mais ce n'était rien. La vraie difficulté avait été d'affronter le regard horrifié de la jeune femme qu'était devenue la petite Saeko. Une femme qui avait, selon toute vraisemblance, rangée le souvenir du satsujinsha dans la case « mauvais rêves ».

— Je vous avais prévenu qu'il n'y aurait aucune échappatoire, si je devais revenir, avait-il asséné en japonais.

La sœur du leader Yamada avait alors perdu tout espèce d'assurance et avait pensé – il en était persuadé – à supplier pour sa vie. Elle s'était cependant abstenue et Franck avait accompli son devoir. Il n'avait pourtant plus aucune attache là-bas. Son oyabun avait péri bien plus tôt et les Yamada restants ne représentaient pas une menace pour lui. Cependant, lorsque Nishima sensei lui avait envoyé ce message pour lui indiquer que Saeko et Rintaro avait rebâti ce qu'il s'était appliqué à réduire en cendres, il avait ressenti ce besoin impérieux de mettre ses vieilles menaces à exécution. À quoi servaient les menaces si personne n'appliquait leurs conséquences, après tout ?

Franck n'avait pas souhaité passer plus de temps que nécessaire sur place. Il n'avait pas même pris le temps de rendre visite au Père Ishikawa auprès de qui il s'était tant confessé, plus jeune. Franck savait que plus il passerait de temps sur les lieux de son enfance et plus il lui serait difficile de repartir.

À présent, il était de retour et il devait se souvenir qu'il n'était plus Franck l'assassin, mais le Père Franck. Il préférait cela que Père Martin, son nom de famille. D'abord parce que c'était un faux nom, contrairement à son prénom, mais en plus, il n'avait plus de famille.

— Vous venez d'où comme ça, Mon Père ? demanda le chauffeur, alors que le prêtre replaçait son col romain.

— Du Japon.

— Il paraît que c'est un chouette pays, répliqua l'autre en le regardant dans le rétroviseur central. Je n'y ai jamais mis les pieds, mais on m'a dit que c'était quasiment une autre planète

Franck sourit. Il y avait en réalité plusieurs planètes au Japon, pensa-t-il. Et celle qu'il fréquentait n'était pas celle que voyait les touristes, en général.

— C'est vrai, déclara-t-il sans grande conviction.

— Vous étiez là-bas pour le plaisir ou...

Il hésita une seconde avant de poursuivre.

— Ou pour affaire.

Nouveau sourire du prêtre.

— Disons que c'était pour affaire, mais le terme me semble un peu déplacé, si vous voyez ce que je veux dire.

— Je ne sais pas trop comment le formuler autrement, en fait, s'excusa le chauffeur en s'engageant sur l'autoroute et roulant un peu plus vite que la limite l'autorisait. Vous avez fait quoi, si ce n'est pas trop indiscret ?

Franck pensa à lui répondre que si, c'était indiscret, mais il préféra rester dans son rôle.

— Disons qu'un collègue avait besoin d'un coup de main et que je lui ai rendu service.

— Ah oui ?

Il attendait sans doute une suite, mais Franck ne lui donna pas cette satisfaction et porta son regard sur le paysage qui défilait sous la pluie.

Plus loin devant eux, le ciel s'éclaircissait et il acquit la certitude qu'il aurait beau temps arrivé à destination. Était-ce un signe du Seigneur pour lui indiquer qu'il était sur la bonne voie, celle qui conduit vers la félicité ?

Il se serait volontiers passé de félicité, en réalité. La seule chose qu'il avait toujours souhaité, c'était la paix et le bonheur. Il n'avait trouvé ni l'un ni l'autre. À défaut, il s'était attribué une mission : combattre le crime là où il le pourrait. Jusqu'à présent, cela avait été plutôt efficace. Il avait pu remplir autant de cases que sous les ordres de Tachinoda sama. À quelque chose près, en tout cas. À présent, une fois qu'il aurait colorée celle correspondant aux jeunes Yamada, il ne lui en resterait plus que deux. Il arrivait enfin à la fin des six cent cinquante-sept missions. Une fois de plus, le chiffre lui donna le vertige.

Après avoir nettoyé toute une région à quelques centaines de kilomètres de sa nouvelle église, il avait entrepris de purger les rues de la drogue et des malfaiteurs en tous genre. C'était une réussite, le crime avait baissé. Il restait toujours de petits voyous prêts à jouer les gros bras, mais le plus dur avait été fait. Maintenant qu'il ne lui restait que deux cases à remplir, Franck se demandait quoi faire ensuite.

Devait-il recommencer ailleurs ? En avait-il la force ? Il n'était pas encore si vieux, il pourrait sans doute. Pourtant, maintenant qu'il avait commencé à travailler avec l'institut Saint-Joseph, il sentait qu'il pouvait peut-être faire une différence en amont. Aider ses jeunes à reprendre le droit chemin était sans doute bien plus utile que de lutter contre ceux qui arpentaient déjà les sentiers du mal.

C'était moins violent, en tout cas. Par conséquent, c'était aussi plus en adéquation avec ce qu'il prêchait dans son église.

***

Depuis aussi loin qu'il se rappelait, il avait toujours été un assassin. Un tueur à gage. Sans contrat, sans maître et donc... sans gage. Un tueur psychopathe, livré à lui-même. Sa seule ligne de conduite était dictée par une ancienne promesse qu'il s'était faite de rétablir l'équilibre en ne tuant que pour le bien de la communauté. Et chaque case noircie était un accomplissement libératoire. Il avançait vers la rédemption. Une rédemption qu'il s'accordait lui-même. Et alors que cette liberté qu'il avait tant désirée approchait enfin, le prêtre ou diacre auto-proclamé réalisait qu'il n'était qu'un vil imposteur.

Il se faisait passer pour un prêtre, de plus en plus souvent, bien plus que pour un diacre. Il se prétendait justicier, alors qu'il n'était qu'un assassin perdu dans une fuite en avant. Il avait même été jusqu'à prétendre être l'ami de ses acolytes, à qui il cachait cependant tout de sa véritable identité. Même lui, il se voilait la face en pensant réussir à s'arrêter un jour de tuer. La vérité était qu'il adorait ça. Son tachi était devenu une extension naturelle de son bras. Son tantô lui donnait même l'impression de lui obéir lorsqu'il l'envoyait vers une cible pour s'y planter et ôter une vie. Se déplacer dans l'ombre, sans bruit, était aussi évident pour lui que courir l'était pour un marathonien.

Certes, il n'était pas né tueur, mais il l'était corps et âme dorénavant. Colorer la dernière écaille ne changerait rien à cela. Il ne serait jamais libre !

Jamais.

Depuis son retour du Japon, une semaine plus tôt, ses pensées ne cessaient de le perturber. Il le cachait aux autres, bien entendu. Peut-être devrait-il tout leur raconter ? Leur expliquer d'où il venait, quel était son parcours et... le nombre impressionnant de personnes qu'il avait éliminées.

Non. C'était hors de question !

Ils ne comprendraient pas et il serait contraint de quitter les lieux. Cela non plus, il ne le souhaitait pas. Ce qui apportait le plus de satisfaction à l'ancien assassin était son travail avec le centre Saint-Joseph. Ainsi, il pouvait agir aux racines du mal. Même s'il y avait certains éléments irrécupérables, à commencer par Malcolm, qui avait tenté de le poignarder quelques semaines après son humiliation publique. Où avait-il trouvé ce couteau et comment l'avait-il sorti de l'enceinte de l'institut, le prêtre l'ignorait.

Franck avait fait en sorte que la lame du jeune homme ne fasse que l'effleurer et il le l'avait maîtrisé avec autant de facilité qu'à sa précédente tentative. Cette fois pourtant, il ne s'était pas contenté de l'envoyer au sol par un quelconque tour de passe-passe. Il l'avait sonné d'un puissant uppercut dans l'estomac avant de lui nouer les mains dans le dos. Ce fut après ce nouvel incident que la décision fut prise de ne plus laisser sortir les pensionnaires. Cela ne remettait cependant pas en cause le travail du prêtre qui se déplaçait dorénavant deux fois par semaine là-bas.

Si Malcolm fut le plus mémorable des cas difficiles, il ne fut pourtant pas le seul. Certains furent remis sur la bonne voie grâce au travail combiné du prêtre et de l'institution spécialisée. Il s'en trouva même deux pour venir le remercier en personne à leur sortie du centre. Une gratification qui n'avait pas d'égal aux yeux de Franck.

Malgré ce sentiment de devoir accompli, Franck n'entrevoyait toujours pas le bonheur. Il avait pourtant une bonne idée de ce à quoi ce sentiment devait ressembler. Il avait croisé de nombreuses personnes qui en arboraient les symptômes, à commencer par Léo ou Hervé. Que lui manquait-il pour pouvoir goûter cette émotion ?

À genoux devant l'autel, alors que le soleil se précipitait vers l'horizon, il priait. Dieu avait sans aucun doute la réponse à cette question qui le hantait. Ce n'était pas la première fois qu'il demandait. Ce ne serait à coup sûr pas la dernière, pensait-il, lorsqu'il entendit des bruits de pas se rapprocher. Comme toujours, lorsqu'on le surprenait, ses muscles se tendirent et il se tint prêt. Prêt à tuer...

— Pardon, fit une voix féminine qu'il ne connaissait pas. J'ai l'impression que je dérange. Finis, t'inquiète pas.

Franck sourit, toujours à genoux. Il se détendit, adressa un signe de croix à la statue de Jésus, par-delà l'autel, puis tourna la tête vers sa visiteuse du soir. Dans la pénombre de la nef, avec la porte ouverte en fond et la lumière du couchant, même faible, la silhouette de la jeune fille se détachait en contre-jour. C'était comme une image liturgique dans laquelle un ange descendait du ciel pour porter un message à l'humanité. Ou peut-être uniquement à lui ?

Franck fut soudain saisi par le doute. Il se tourna vers la statue. Était-ce bien ce qu'il croyait ? Il adressa un nouveau regard à l'adolescente qui s'approchait à présent. Un sourire ironique au coin de la bouche, le prêtre se redressa en remerciant en silence la statue pour le signe. Enfin, il se tourna tout entier et répondit :

— Que puis-je faire pour toi, mademoiselle.

— Je m'appelle Valentina, sourit-elle. Mademoiselle, c'est pas mon genre. Tu priais encore à cette heure ? T'en as pas marre ?

— Non. Je n'en ai pas marre, Valentina.

— Et vous vous dites quoi, Lui et toi ? insista-t-elle en pointant du menton le Jésus légèrement décoloré.

Franck se perdit dans la contemplation de son interlocutrice. Elle devait avoir seize ou dix-sept ans, le visage carré et des yeux verts presque brillants, malgré la pénombre. Il aurait juré y voir une petite étincelle. Cette fille n'était que malice, à n'en pas douter. Ce n'était pas un ange... ou alors, bien déguisé.

— Tu sais, fit-il en marchant vers la sortie et l'entraînant avec lui. Le Seigneur écoute beaucoup plus qu'il ne parle. Et quand il décide de communiquer, ce n'est jamais très clair. Il faut interpréter les signes.

— C'est quasiment du vaudou quoi ?

Franck éclata de rire.

Il savait, sans avoir à lui demander, qu'elle ne voulait ni prier ni se confesser. Elle n'avait pas le profil pour cela, décida-t-il. Aussi lui proposa-t-il de boire ou de manger quelque chose.

— Si ça te dérange pas, je veux bien, oui.

Elle arborait un sourire malin qui ne la quittait pas et Franck la trouvait charmante. Il la guida vers sa petite maison, accolée à l'église, puis entreprit de préparer deux plats surgelés, arguant qu'il n'avait rien prévu pour une invitée surprise.

Juste avant d'entamer la vaisselle qui trainait dans l'évier, Franck jeta un œil à l'horloge et constata qu'il était près de vingt-et-une heures.

— Est-ce que je dérange ? entendit-il alors derrière lui.

Elle devait avoir capté son regard sur la pendule suspendue. Franck haussa les épaules.

— Non. Par contre, je me demande ce que tu fais ici à cette heure ? Tu n'as pas cours demain ?

— Si, mais... je voudrais te demander un service, fit-elle le regard bas.

Soudain, elle se décida à s'installer et ôta sac et manteau, puis s'assit sur la vieille chaise.

— Qu'est-ce que je peux te rendre comme service ?

— M'héberger pour la nuit ?

Le « ding » du four à micro-ondes donna à Franck un motif pour détourner son attention et il put ainsi masquer sa surprise. Il abandonna la vaisselle, retira les deux plats en cartons, attrapa deux cuillères propres et posa le tout sur la table. Valentina ne le quitta pas du regard une seconde, mais le prêtre prit tout son temps avant de répondre. Il poussa un plat et une cuillère devant son invité, puis retira l'opercule de sa moussaka surgelée avant de plonger sa cuillère dedans.

— Tu as fait une fugue ? demanda-t-il juste avant de se remplir la bouche.

— Pas vraiment.

Valentina avait sans doute eu l'intention de s'en arrêter là, mais le regard appuyé du prêtre lui fit comprendre qu'il attendait des détails.

— Je me suis encore pris la tête avec ma mère et j'ai pas vraiment envie de la voir ce soir. De toute façon, je devais dormir chez un pote, mais il a finalement décidé que lui et moi... c'était de l'histoire ancienne, bref... je peux rester là, s'te plaît ?

— Une jeune fille mineure et sexy qui passe la nuit chez un prêtre, se moqua Franck la bouche pleine. T'as pas peur ?

— Tu peux toujours essayer, je suis ceinture noire de wushu, tu risques d'avoir des surprises, sourit-elle en se levant pour se laver les mains.

Il nota qu'à défaut de respecter l'étiquette religieuse, elle avait une bonne hygiène. Lorsqu'elle se rassit et entama son repas, il reprit.

— Je ne sais pas lequel des deux serait le plus surpris, en vérité. Ceci dit, tu peux rester ici. Mais demain tu vas en cours. Si tu dois rester plusieurs jours ici, ça ne me pose pas de problème, mais je ne serai pas ton alibi pour sécher les cours, compris ?

— J'ai pas besoin d'un alibi de toute façon.

Franck expédia la fin de son repas et fit visiter les lieux à la jeune fille. Il n'y avait qu'une chambre qu'il lui laisserait, bien entendu. Il dormirait sur le canapé usé de la salle principale. Le prêtre lui indiqua la salle de bains. Elle y fit un brin de toilette avant de rejoindre son hôte devant la télévision. Elle se baladait en T-shirt et culotte sans montrer la moindre méfiance face à cet inconnu. Lorsqu'elle s'agenouilla à côté de lui, Franck lui posa un plaid sur les jambes et elle sourit.

— Merci, dit-elle le regard tourné vers l'écran.

Il avait beau être croyant et officier au nom de Dieu, chaque jour depuis plus de sept ans, il n'avait jamais cru possible que qui que ce soit lui soit expressément envoyé suite à une prière. Pourtant, la coïncidence était frappante.

— Pourquoi es-tu là ? demanda-t-il en coupant le son de la télévision.

— Bah pour passer la nuit ! Je viens de te le dire.

— Je veux dire... pourquoi à l'église ? Je refuse de croire que tu n'avais aucun autre pote ou aucune autre amie chez qui passer la nuit. Pourquoi moi ?

Franck planta son regard sombre dans celui, vert brillant, de la lycéenne. Elle le scruta un instant comme pour juger s'il était digne qu'elle lui dise la vérité.

— Ma psy m'a dit que j'avais besoin d'une figure paternelle, finit-elle par avouer. Et il est hors de question que ce soit mon père. Je me suis dit que tu avais certainement les qualités requises pour le job. D'autant qu'elle t'a recommandé. C'est Virginie de Saint-Joseph.

Cette-fois, Franck arqua les sourcils. Ainsi, cette jeune femme lumineuse était une ancienne délinquante de Saint-Joseph. Cela ne changeait rien à ses questionnements, aussi poursuivit-il comme si de rien n'était.

— Je n'ai jamais eu d'enfant, soupira-t-il.

— Justement ! Et tu as décidé de dédier ta vie aux autres, non ? Bah me voilà !

Franck pouffa. Cette fille était incroyable et ne manquait pas d'aplomb.

— Tu es la plus étrange des délinquantes que j'ai eu à fréquenter...

— J'suis pas une délinquante, c'est pour ça, sourit Valentina en replaçant ses cheveux derrière son oreille.

— Tu étais pourtant pensionnaire à Saint Joseph, non ? Tu viens de le dire.

— C'est compliqué, soupira Valentina. Disons qu'il y a eu une bavure...

Franck sourit. Il voulut en savoir plus et sa nouvelle colocataire lui expliqua qu'un homme lui avait caressé les fesses dans le bus. Elle s'était défendue et le malheureux agresseur avait eu le bras cassé. Aucun témoin ne put confirmer qu'elle avait bien agi en état de légitime défense et elle avait dû passer quatorze mois à l'institut. Pendant ce temps, elle avait suivi des cours par correspondance pour ne pas perdre bêtement une année.

— C'est vrai que les délinquants qui suivent des cours en centre de réinsertion sont assez rares.

— T'as remarqué aussi ? sursauta Valentina. À se demander à quoi servent ces centres, sérieux.

— La question vaut la réflexion, nota le prêtre. Par contre, ça ne me dit pas pourquoi tu fréquentes un psychologue. Mais on dira que pour ce soir, c'est déjà pas mal. Qu'en penses-tu ?

Elle marqua une réflexion intense et visiblement surjouée pendant quelques secondes avant de répliquer avec un air détaché.

— J'en pense que y a une rediffusion de Star Trek sur la 19. Si t'es pas contre, j'aime bien m'endormir devant ça.

Franck la regarda un instant, elle n'avait pas le profil d'une délinquante. Son regard pétillant de vie ne ressemblait guère à ceux des jeunes drogués ou alcooliques qu'il croisait parfois. Elle était manifestement sportive et entraînée, elle avait, à n'en pas douter, une bonne hygiène de vie. Et elle semblait tout à fait équilibrée. Pourquoi avait-elle besoin d'un psy ? Et que faisait-elle chez lui ?

Secouant la tête, il se détourna d'elle et changea de chaîne pour faire apparaître l'Entreprise perdu dans un espace lointain. Avec la spontanéité qui la caractérisait, Valentina se blottit contre son épaule et enlaça son bras comme s'il s'était agi d'une peluche rassurante. Dix minutes plus tard, l'étreinte se fit plus légère et le souffle de l'adolescente plus lourd : elle dormait.

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