Chapitre 19

Valentina avait passé tout le reste de l'été à patrouiller. Elle sortait au minimum trois fois par semaine, dormant, la plupart du temps à l'église ou s'éclipsant en cachette, lorsque sa mère dormait à poings fermés. Ses quatre premières sorties se firent avec le prêtre et la cinquième en compagnie de tous les membres de l'équipe. Ce fut ainsi qu'elle rencontra Bastien, qui se faisait appeler Baba sur Justices, et Arnaud, qui avait choisi pour pseudo NavySeal. Les deux autres garçons lui parurent sympas, mais bien plus réservés qu'Hervé avec qui elle avait eu le temps d'établir une véritable relation d'amitié.

Avec lui, elle échangeait plusieurs fois par semaine. Que ce soit par messages téléphoniques ou bien sur le chat du jeu, ils trouvaient toujours des sujets de conversation. Au-delà de leur envie de trainer la nuit dans les rues de la ville pour jouer aux super-héros, ils partageaient d'autres points communs. Ils étaient tous les deux fans de la série Hunger Games, pour commencer. Valentina ne jurait que par les livres, alors qu'Hervé n'avait vu que les films, mais tous deux étaient d'accord sur l'essentiel : c'était une super série. Ils se retrouvaient aussi, souvent, au McDonald's de la rue Jeanne-d'Arc. Là encore, Valentina y préférait les McFlurry, là où son ami ne jurait que par le McChicken.

À bien y regarder, tous leurs points communs étaient en fait des désaccords, mais uniquement sur les détails. Aucun d'eux n'aurait voulu se retrouver chez Burger King, par exemple.

Depuis la rentrée des classes cependant, entre les nouveaux emplois du temps, les devoirs et la reprise des entraînements, Valentina sortait un peu moins. Hervé, de son côté, devait composer avec une nouvelle école et des matières qui ne lui plaisaient pas autant qu'il l'avait espéré.

— Le pire, c'est la programmation, déclara-t-il, assis sur le sol contre le mur externe de l'église.

Ils s'étaient retrouvés là, tous les deux pour passer un moment sympa, loin des parents et de la pression des devoirs avant de peut-être envisager une patrouille ensemble. À leur grande surprise, cependant, Franck n'était pas là et, si l'église était ouverte, la porte de son domicile privatif était fermée à clés. Le temps étant clément, en cet fin d'été, ils avaient choisi d'attendre dehors le retour de Francky, même s'ils savaient où trouver une clé pour entrer.

— Ça doit être sympa pourtant, non ? répliqua Valentina. C'est pas là où tu vas apprendre comment pirater le FBI ?

Hervé éclata de rire.

— Déjà, je vois vraiment pas pourquoi je voudrais pirater le FBI, rit-il. Mais surtout, on apprend des langages de programmation. C'est pas des cours de piratage. Là, on en est à écrire des trucs à l'écran. C'est naze !

— Ah, mais ça va forcément finir par devenir intéressant, non ?

— Franchement, je sais pas, mais bon, on peut aussi changer de sujet, ça sera encore mieux.

— OK, si tu veux, sourit Valentina.

— D'ailleurs, t'es en terminale, toi. Comment ça se fait ? T'as redoublé quelle classe ?

— CM1. Apparemment, trouver son père dans une autre femme, ça a des effets sur la scolarité.

Hervé resta scotché par la réponse de Valentina. Elle comprit que son détachement apparent était la source de cette réaction et elle lui offrit un sourire forcé dans l'espoir de le faire réagir ?

— Et sinon... hésita-t-il après un instant. T'as un mec ?

C'était ce qu'on appelait passer du coq à l'âne !

— On est quel jour ? répondit Valentina en essayant de garder son sérieux.

— Euh... Samedi.

— Ah ! Bah non, alors.

Hervé sembla se perdre dans une intense réflexion et le sourire de Valentina se fit plus naturel.

— Ça veut dire que demain, t'en auras un ?

— Pas forcément. Mais là tout de suite, je préférerais éviter les mecs.

Le sujet des garçons ne l'attirait même plus, en ce moment. Yoko avait émis l'hypothèse qu'elle était peut-être en train de devenir homo et cela avait fait beaucoup rire Juliana. La vérité était surtout qu'elle n'avait pas vraiment le temps de s'intéresser à cette question. Si elle venait à rencontrer quelqu'un, cela pourrait changer, mais elle ne mettait aucune priorité à cela.

— Il fait quoi Francky, en fait ? reprit-elle pour clore ce chapitre. Il est sorti, hier ?

— Je sais pas, c'est toi qui vis quasiment ici, je te rappelle !

Valentina encaissa la pique avec le sourire, mais précisa qu'elle ne dormait plus aussi souvent chez le prêtre, ces derniers temps. Depuis un peu plus d'une heure qu'ils attendaient, elle commençait à s'inquiéter. Franck ne quittait que très peu l'église en plein jour. Il était donc possible qu'il lui soit arrivé quelque chose lors de sa patrouille de la nuit.

— Tu veux qu'on aille vérifier ? proposa Hervé.

Valentina hésita un instant avant d'accepter. Les deux adolescents récupérèrent la clé cachée dans un recoin de la fontaine hors d'usage, près de la porte de la maisonnette, puis pénétrèrent dans le domicile du prêtre. Hervé attrapa une pomme sur la table et commença à grignoter, tandis que Valentina se précipita dans la chambre. Le lit était fait, comme chaque jour. Les sabres japonais trônaient à leur emplacement habituel, rien ne semblait suspect.

Valentina se rua dans le salon lorsqu'elle entendit un cri retentir et trouva Hervé, le bras tendu vers la télévision et la télécommande en main.

— Désolé, je pensais pas qu'il était sourd ! fit le jeune homme. Quelle idée de mettre des films qui beuglent en pleine journée aussi...

Valentina garda sa remarque pour elle et passa à la salle de bain. Le spectacle qu'elle découvrit la cloua sur place, souffle coupé.

— Hervé !

La panique dans sa voix fit rappliquer son ami au pas de course et il s'arrêta juste derrière elle devant l'entrée de la salle de bain. Le sol et le lavabo étaient tachés de sang à demi séché. Plusieurs serviettes étaient également imbibées, jetées à la va-vite. En vrac, ils trouvèrent enfin des bandes stériles encore emballées, les vêtements de patrouille de Franck dans la petite baignoire, un flacon de désinfectant et de nombreuses compresses rougies.

— C'est quoi ce bordel ? chuchota l'étudiant.

— Je sais pas, mais je crois qu'on a bien fait de venir.

Valentina, les larmes aux yeux, repoussa son compagnon et se mit à fouiller tous les recoins de la petite maison et de l'église. Hervé lui prêta main forte. À part de nouvelles taches de sang, plus discrètes, qui leur permirent de retracer le chemin parcouru par le blessé, ils ne trouvèrent aucun indice utile.

Une petite enquête leur permit cependant d'établir avec certitude qu'il avait quitté les lieux sur ses deux pieds. Une trace sanglante de doigts sur l'emplacement vide du porte-clés de l'entrée confirma qu'il avait fermé derrière lui après avoir tenté de se soigner dans la salle de bain.

— Tu crois qu'il est allé à l'hôpital ? demanda le garçon.

— Je ne vois pas bien où il aurait pu aller ailleurs, en fait. Il aurait dû nous appeler.

Valentina sentait la panique s'intensifier à chacune de ses inspirations rapides.

— On aurait fait quoi ? On n'est pas docteur. D'ailleurs, on n'a pas le permis, on n'aurait même pas pu l'emmener.

Valentina jeta un œil à l'extérieur. La voiture était toujours stationnée sur le parking. Il était donc parti à pied. S'il pouvait marcher, pourquoi n'avait-il pas pris son véhicule ? Tout cela n'avait aucun sens.

En désespoir de cause, elle chercha le numéro de l'hôpital de la Pitié, le plus proche de l'église. Personne ne put la renseigner par téléphone. Si elle voulait savoir qui avait été admis ou non aux urgences, elle devrait se déplacer. Hervé précisa cependant que le centre Becquerel, même s'il dépendait de la ville voisine, était plus proche. Ils appelèrent donc le centre de soins qui ne leur donna pas plus de réponse.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Hervé. On y va ?

— Oui, mais attends.

Le cerveau de Valentina fonctionnait presque aussi vite que son cœur battait fort. Elle sentit la pièce tournée une seconde et s'appuya au chambranle de la porte de la salle de bains. Après un long soupire, elle reprit la parole, à peine plus calme.

— On peut pas laisser ça comme ça, déclara-t-elle en chassant les larmes en formation. Imagine, on le trouve pas et on est obligés d'aller chez les flics. S'ils voient ça, ils vont faire une enquête, non ?

— D'un autre côté, contra Hervé, si on va chez les flics parce qu'il est introuvable, il va bien falloir qu'ils fassent une enquête.

— Ouais, mais pour une disparition et pour une tonne de sang, c'est peut-être pas pareil.

Elle ne savait pas du tout ce qu'elle disait. En revanche, elle voulait éviter au prêtre d'avoir à répondre à mille questions de la police. Si elle était persuadée qu'ils agissaient pour le bien de la population, il était évident que leurs promenades nocturnes étaient illégales. En tout cas, leurs interventions l'étaient.

— Me dis pas que tu veux nettoyer des preuves ?

— Je te le dis pas, grogna Valentina en lui lançant un regard de travers. Mais je vais le faire.

Elle extirpa son téléphone portable de sa poche.

— Et tu fais quoi, là ?

— Je prends des photos, au cas où ?

— Putain, mais tu sors d'où, sérieux ? Tu regardes trop NCIS !

— Elle est nulle cette série...

— En attendant, tu fais flipper ! Personne n'a ce genre de réflexes, sérieux.

Sans plus de commentaire, la jeune femme prit une dizaine de photos de la pièce, sous tous les angles, afin de s'assurer de n'omettre aucun détail. Une fois satisfaite, elle commença par examiner les vêtements dans la baignoire. Il ne lui fallut pas longtemps pour détecter une large entaille au niveau de l'abdomen dans le sweat à capuche sombre. Le tissu était encore poisseux du sang de Franck et elle dut contenir un haut-le-cœur avant de demander à Hervé de lui apporter un sac. Très vite, tous les éléments furent débarrassés dans la poubelle. Valentina s'attaqua ensuite au nettoyage de la pièce. Pendant tout ce temps, des centaines d'interrogations tournèrent sous son crâne. Si les formulations étaient variées et différentes, l'essentiel de ses questions pouvaient se résumer à savoir où était Francky et ce qui lui était arrivé. Elle formula, en pensée, des dizaines d'hypothèses et possibilités, sans qu'aucune ne la satisfasse pleinement.

Hervé eut besoin de quelques minutes supplémentaires avant de se décider à se bouger, lui aussi. Il s'attaqua, avec un chiffon humide, à toutes les petites traces qu'ils avaient repérées partout dans la petite maison et qui leur avaient permis de reconstituer les événements.

Deux heures plus tard, satisfaits de leur travail, les deux jeunes quittèrent l'église en prenant soin de déposer le grand sac contenant les preuves sanglantes dans la benne à l'extérieur du bâtiment. Une minute plus tard, ils marchaient en direction du centre Becquerel. Sur place, on leur confirma que personne n'avait été admis avec une blessure au couteau. Le résultat fut le même à la Pitié et Valentina s'effondra dans les bras de son ami en sortant de l'hôpital.

— T'inquiète pas, tenta Hervé, dont la voix sonnait à peine convaincue. C'est un dur ce mec. Il a dû aller voir un pote à lui qui fait des sutures d'enfer, quelque part près de chez lui.

— Il connaît des gens qui font des sutures ? s'étonna Valentina.

— Je sais pas, en vrai. Mais ça fait des heures qu'on le cherche, on a été dans les hôpitaux les plus proches, je ne sais pas ce qu'on peut faire de plus. Tu devrais aller dormir un peu. Demain, c'est la messe. Il va pas rater ça, il sera là.

— N'importe quoi ! Si ça se trouve, il est en train de se vider de son sang dans un caniveau et toi, tu veux que je dorme ?

Valentina l'avait fusillé du regard et aurait même pu le gifler. Elle savait cependant qu'elle sur-réagissait peut-être un peu. De son côté, Hervé lui paraissait un peu trop détaché, mais tout cela n'était finalement qu'une question de caractère, décida-t-elle.

— D'abord, il n'est certainement pas en train de se vider de son sang où que ce soit, reprit l'étudiant. Il ne serait pas rentré pour ensuite aller crever dans la rue. Et puis, c'est pas parce que tu vas rester debout à arpenter la ville que ça changera quoi que ce soit.

Valentina ne répondit pas tout de suite. Hervé avait raison, au moins en partie. Pour autant, il lui était impensable de rentrer chez elle. Elle attrapa son téléphone, sécha ses larmes, renifla un bon coup et appela sa mère. Elle n'avait pas eu cette dernière au téléphone depuis plusieurs mois. C'était toujours Francky qui l'appelait et à part dans ces moments-là, elle n'avait pas besoin de l'appeler. Le geste lui parut surréaliste. Par chance, elle tomba sur le répondeur et laissa un très rapide message expliquant qu'elle passerait la nuit chez le prêtre.

— Tu vas retourner là-bas ? s'étonna Hervé quand elle eut raccroché.

— Si vraiment il doit être là demain, je serai rassurée de le voir. Et si jamais il n'est pas là, il faudra que quelqu'un prévienne les gens qui vont vouloir assister à la messe. Et puis, la police aussi.

— Je t'accompagne alors.

Valentina n'essaya même pas de le dissuader. Il était tôt et le soleil venait seulement de se coucher. À cette heure-ci, les rues étaient encore très fréquentées. La sécurité de Valentina n'était pas du tout menacée. Malgré tout, elle apprécia la compagnie silencieuse d'Hervé à ses côtés. Il poussa la galanterie jusqu'à l'inviter à prendre un kebab à emporter. Ils mangeraient ensemble dans la maison du prêtre. Il était hors de question qu'elle se laisse mourir de faim, avait argumenté Hervé.

Le repas se passa dans un silence angoissant et Valentina dut faire de gros efforts pour ne pas laisser couler ses larmes. Hervé proposa de rester avec elle, mais elle refusa catégoriquement cette fois. Elle était tout à fait capable de prendre soin d'elle, précisa-t-elle.

— Je ne dis pas le contraire, Tina. Mais te voir comme ça... ça me plaît pas.

— Raison de plus pour que tu te casses d'ici, sourit-elle malgré tout.

Sans coup de semonce, Hervé l'enveloppa de ses gros bras et la serra contre lui en chuchotant que Francky allait bien et qu'il était inutile de s'inquiéter.

— Je sais...

Elle savait, mais l'étreinte de son ami lui fit du bien et elle eut un peu de mal à le laisser filer. Lorsqu'ils se séparèrent enfin, Hervé attrapa doucement son visage à deux mains et plaqua ses lèvres sur celles de Valentina.

— Si tu as besoin, appelle-moi et je rapplique direct.

— D'accord.

Encore sous le choc de ce baiser volé, elle ne se souvenait plus, trois secondes plus tard, ce qu'Hervé venait de lui dire. Dans un état second, elle se rendit dans la salle de bain, qu'elle contempla comme si un nouvel indice allait en surgir.

S'il était rentré et avait commencé à se soigner, pourquoi était-il reparti ? Il avait même pris le temps de se changer. Comme si...

— Oh ! Putain !

Valentina eut une illumination subite ! Si Francky s'était changé, c'était pour qu'on ne fasse pas le lien entre le justicier qui traînait dans la ville et lui. Bien sûr ! Elle quitta l'église au pas de course, en direction de l'arrêt de bus le plus proche.

S'il voulait protéger son identité, c'était bel et bien pour aller à l'hôpital. L'hôpital de la Santé, à l'autre bout de la ville, ne risquait pas d'avoir un patient qui le connaisse. Il s'était donc rendu là-bas pour demeurer incognito. Il fallait qu'elle en ait le cœur net, dès ce soir !

Il y avait deux changements pour aller jusqu'à la Santé et le trajet dura près de trois quarts d'heure avec la circulation. Cependant, sur place, on lui confirma qu'un homme du nom de Franck Martin avait été admis, la nuit précédente, avec une blessure à l'abdomen, causée par une lame de cutter. Elle prétendit être sa fille et on lui indiqua sans manière le numéro de la chambre. Personne ne lui demanda de papier d'identité. Ses yeux rougis par les pleurs devaient avoir suffi à convaincre la femme de l'accueil.

Valentina eut toutes les peines du monde à ne pas courir dans les couloirs pour rejoindre Francky. Lorsqu'elle passa une tête dans la chambre qu'on lui avait indiqué, son cœur éclata. Francky était sagement alité dans une robe de chambre blanche de grand-mère.

— Francky ! cria-t-elle sans retenue, une fois à l'intérieur.

— Salut, Tina ! Ça va ?

Il avait le sourire et elle se jeta sur lui dans le lit, les larmes aux yeux et les mains tremblantes. Elle sanglota quelques minutes, se délectant de la caresse du prêtre sur sa chevelure raccourcie. Lorsqu'enfin elle fut un peu calmée, elle déposa un baiser sur son menton et le harcela de questions. Pourquoi n'avait-il pas appelé pour la prévenir ? Était-il en danger ? Que s'était-il passé, au juste ?

— Réponds dans l'ordre que tu veux, j'm'en fous, mais réponds !

Valentina n'était plus capable de penser comme il fallait. Les questions avaient fusé sans aucun contrôle. Francky lui adressa un sourire et entreprit de lui raconter ses mésaventures. Rien d'extraordinaire, précisa-t-il.

Franck s'était interposé dans une tentative de vol de sac à main. La victime avait rapidement pris la fuite et il avait décidé de faire de même lorsque le duo d'agresseurs fut rejoint par trois autres dont deux sortirent des lames. Il n'eut que peu de mal à se débarrasser des cinq malfrats, cependant il fut tout de même tailladé dans le bas du ventre. Une blessure peu profonde, mais particulièrement large qui avait saigné abondamment.

Ce n'était pas la première fois qu'il subissait ce genre de blessures et, en temps normal, il se recousait tout seul. Cependant, il y avait trop longtemps que ce n'était pas arrivé et il n'avait pas assez de fil à suture. Il avait donc préféré se rendre à l'hôpital, prétendant qu'on lui avait volé sa montre en échange de la balafre.

— Je n'ai pas dit que j'étais prêtre, donc si tu pouvais éviter d'en faire la promo, ça serait pas mal, ajouta-t-il enfin.

— De toute façon, j'ai dit que j'étais ta fille, alors je peux plus dire que t'es prêtre, déclara-t-elle avec un grand sourire. Ça t'embête pas ?

— Tu rigoles ou quoi ? Je suis super fier d'avoir une fille comme toi ! Comment tu m'as retrouvé ?

Valentina lui expliqua sa folle fin de journée en compagnie d'Hervé, le nettoyage de la salle de bain, la course dans les hôpitaux et le désespoir de ne pas le retrouver. Les larmes menacèrent à plusieurs reprises, mais puisqu'il était en face d'elle et bien portant, elle parvint à les retenir.

— Il m'a embrassée !

— Qui ça ?

— Hervé, bien sûr ! Qui d'autre ?

— Ah... Et ça t'étonne ?

Valentina marqua l'arrêt. Évidemment que ça l'étonnait ! Et ça ne lui plaisait pas, en plus.

— Il en pince pour toi depuis la première seconde où il t'a vue, je te signale. Il fallait bien qu'un jour il se jette à l'eau.

— Ne me dis pas que tu l'y as encouragé en plus ?

— Non. Mais c'est pas pour ça que je ne m'attendais pas à ce que ça arrive. Ceci dit, profiter de la faiblesse d'une femme pour lui soutirer un baiser, c'est un peu bas... même pour lui.

— Je ne suis pas faible ! contra Valentina.

— À ce moment, si ! Sinon tu ne l'aurais pas laissé faire.

Valentina ne trouva rien à redire. Il faudrait qu'elle gère ce problème au plus vite. En attendant, elle voulut savoir quand pourrait sortir le prêtre.

— Il me garde jusqu'à demain matin pour vérifier que tout va bien. Je pense que je ne serai pas à l'heure pour la messe.

— J'irai mettre un mot sur la grille, t'inquiète pas... papa.

Elle se blottit de nouveau contre lui, soulagée en observant sa poitrine se soulever à un rythme régulier.

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