À quelques centaines de milliers de milliards (bref, très loin) de kilomètres de Dencachar, un soleil éclatant brillait sur l'eau limpide de la caldeira de la majestueuse île de Santorin.
Lunettes de soleil sur le nez, petit short vert fluo et top blanc à motifs corail, Chiara était parée.

Elle dévala d'un pas agile les marches d'un blanc étincelant qui bordaient les maisons aux toits bleus et aux murs d'un blanc tout aussi étincelant, jetant un regard dédaigneux à un vieux grec qui la mattait (pardon, l'observait) avec un sourire béat.

Les rues pavées étaient bondées de monde en ce jeudi jour de marché. L'occasion idéale pour glaner quelques informations. Le sort traducteur permettait à Chiara de comprendre parfaitement le grec ancien.
D'une oreille discrète et attentive, elle écoutait, pensive.

Son voyage jusqu'ici s'était plutôt bien déroulé. Elle avait emprunté un passage de brume pour venir jusque sur Terre. Les passages de brume faisaient le transfert entre Dencachar et la Terre et il en existait un dans chaque délégation importante. Elle avait atterri à Rome où elle avait ensuite pris un avion pour Santorin.

La nuit qu'elle avait passé dedans avait été fort mauvaise à cause de l'odeur pestilentielle et du bruit incessant des ronflements du gros homme qui lui servait de voisin.

Une clochette accrochée au coup d'un âne la tira de sa torpeur. Elle s'enfonca dans une ruelle déserte, et une fois à l'ombre d'un porche, activa sa magie pour modifier son apparence. On était jamais trop prudent. C'est donc sous la forme d'un fillette blonde de 12 ans qu'elle se rendit sur la place du marché.

Là-bas, les commérages faisaient place, les poissonniers hurlaient, les fromagers aussi...
Elle y traîna quelques heures, faisant mine d'acheter régulièrement des spécialités du pays comme des kontosouvli (morceaux de porc à la broche farcis aux herbes), des galaktobourekos (feuilletes à la crème) ou encore des Tomatokeftedes (beignets de tomates aux herbes aromatiques).

Mon Dieu, les grecs donnent de ces noms!!!

Mais pendant ce temps, de son regard de chat, elle observait...
Un grand type baraqué aux lunettes noires retint son attention. Il avait l'air de chercher quelqu'un.

Discrètement, elle vint se placer derrière lui. Impossible de soupçonner une gamine de 12 ans. Sauf qu'en réalité, cette gamine de 12 ans était une véritable espionne entraînée aux techniques de combat les plus parfaites et surtout, une pro de l'espionnage.

L'homme eût l'air de trouver la personne qu' il cherchait. Traversant la place couverte de monde, il retrouva son complice.

Chiara enregistra leur identité dans les moindres détails.
Dans un mouvement furtif, l'homme baraqué glissa un papier dans la paume de son complice, petit et blond cendré qui le déposa dans une poche intérieure de sa veste.

Cependant, notre espionne veillait au grain... Elle donna un coup d'épaule habile dans un commerçant qui se retourna directement pour visualiser son agresseur. Croyant avoir affaire au type blond cendré de derrière, il évita Chiara et chercha à tirer vengeance. Profitant de cette agitation soudaine, Chiara s'approcha par derrière et glissa une main dans la veste de l'homme, saisit le papier, le remplaça par un faux et, besogne achevée, se tira. Cet échange n'avait duré que quelques secondes.

Une fois à l'abri de sa chambre d'hôtel, elle envoya d'abord un oméga avec le papier sur lequel était inscrit un message à traduire aux services secrets de Talor. Ils n'allaient pas tarder à lui répondre.

Elle se laissa ensuite glisser contre un pan de mur et ricana.
Quelle ne serait pas la surprise des mystérieux déteneurs de la perle lorsqu'ils découvriraient le contenu du message. Elle leur avait préparé une mauvaise blague...