31- Au lion qui fume
Tess déboula comme une furie dans les escaliers. Elle avait un garde du corps devant, et un garde de corps derrière.
Sa vision avec l'eye-liner lui permettait de détecter beaucoup plus de choses. Elle passa devant les caméras inactives et elle pouvait aussi sentir la présence des gens autour d'elle.
Ils traversèrent un couloir à fond de train. Tess avait été considérablement affaiblie par l'effort et elle n'en pouvait plus.
- Courage petite! lui murmura Christian qui la suivait. Tu es merveilleuse.
Ils gravirent une volée de marche et débouchèrent dans le salon. Comme dans ses souvenirs, de grandes baies vitrées se tournaient vers l'extérieur. Dans le cas de tous leurs entraînements, un sort de brouilleur obscursissait leur vue du paysage. A présent, il apparaissait clair et net pour la petite espionne.
Elle s'approcha de la fenêtre. Le manoir se trouvait en haut d'une colline. En face d'elle, dans la vallée, se trouvait un village, qui était aujourd'hui en fête. Le murmure de l'agitation lui parvenait jusqu'aux oreilles, et dans le soleil éclatant, Tess reconnut les écharpes de brume, typiques de l'île.
- Je n'ai pas de temps à perdre, je prends en note toutes les infos possibles.
La fillette commença à dresser un plan. Sa vision améliorée lui ouvrait des centaines de possibilités. Ainsi, Tess decouvrit une brèche dans la façade d'enceinte, quelle était l'entrée des domestiques et où se trouvaient la tour de la ravisseuse. Elle était en train de lister toutes les alarmes quand son corps se tendit et son cœur ratta deux battements.
- Il y a une autre présence que nous ici, souffla-t-elle.
Un garde apparut, au coin de la pièce. Il n'eût pas le temps d'esquisser un geste que déjà, il repartait dans l'autre direction, un sortilège d'oubli figé dans le crâne et une envie pressante de.... bière?
- Bien joué!
Les deux hommes se tapèrent dans la main.
- Fais-vite petite, mais on assure ta protection.
Pendant une dizaine de minutes, la petite en question pris en note le plus d'informations possibles. Elle activa son pouvoir.
- Robin et Christian, aidez-moi s'il vous plaît.
Ils activèrent le leur aussi et la connexion se fit.
- Montre-moi le champs de force, souffla Tess.
Leurs trois pouvoirs traversèrent les murs épais du château et formèrent une délimitation précise. Celle-ci était d'un bleu scintillant, parfois plus clair à certains endroits que d'autres.
Du remue-ménage 'sententait maintenant de l'aile droite du château. Tess avait finit.
- On file! murmura-t-elle.
Ils prirent leurs jambes à leur coups et dévalèrent les flots de marches. Ils étaient dans le couloir quand ils entendirent que le vacarme s'amplifiait.
-Merde ils arrivent, s'élanca Robin.
Tess avait chaud et courrait à toute allure, le stress et l'adrénaline guidant ses pas.
Ils arrivèrent jusqu'à l'entrée du cachot, s'y engouffrèrent et claquèrent la porte derrière eux.
Oooouuufffff.......
- Les caméras et les alarmes, réactivez-les, vite! s'écria Tess, en nage, dans un semblant de raison.
Une fois que ce fut fait, tout le monde se félicita, et Tess passa de bras en bras.
- Mais comment-as-tu su pour le champs de force? lui demanda Christian.
- L'évidence m'a frappée alors que je regardais par la fenêtre, déclara-t-elle. Nous sommes des prisonniers forcés à des expériences scientifiques. Ce lieu est forcément secret et insolite.
- Pour ton âge, lui dit-il, tu es vraiment pleine de ressources.
Tess se rengorgea en entendant ses paroles. Mais tout n'était pas finit. Il lui fallait à présent transmettre les informations à sa sœur.
- -
Chiara prit le bras de César et ils entrèrent dans la taverne. Effectivement, celle-ci était pleine de monde, et l'alcool coulait à flots. Ils commencèrent à boire, mais le patron semblait fort occupé et distant.
Certains hommes commençaient une partie de ramoul (une sorte de poker Dencachois).
- Tu vois César, c'est ça qu'il nous faut, chuchota Chiara. Tu es prêt?
- À quoi?
- Je défie quiconque de battre ce jeune homme au Ramoul, s'écria-t-elle.
Le groupe d'hommes leva la tête, intéressé.
- Mais qu'est-ce que tu fais, déclara César d'une voix empressée.
- J'improvise.
- Défi accordé, cria une voix.
Les chaises s'écartèrent pour leur laisser une place à la table.
- Il est bon, ma douce? demanda un homme un peu rude à Chiara.
- S'il est aussi bon au jeu qu'à m'envoyer au septième ciel, alors vous devriez être satisfaits, s'élança-t-elle avec un clin d'œil.
Ils aquiescèrent.
- C'est donc bien vrai?
- Vous savez ce qu'on raconte sur les hommes du Nord n'est-ce pas, poursuivit la jeune fille en hochant lentement la tête.
Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle racontait mais visiblement, les hommes étaient contents de leurs nouveaux partenaires de jeu.
- J'engage!
La partie débuta. Chacun misait. Chiara soufflait lentement à César certaines de ces actions. Le jeune homme se débrouillait pas mal mais les choses n'avançaient pas. La conversation était tournée vers le jeu, et vers le jeu seulement.
Chiara commençait à désespérer. Et c'est alors qu'apparut... Louisa.
Les portes de la taverne s'ouvrirent dans un crissement fantomatique et une femme sublime apparut de dehors, ne ménageant pas ses mouvements. Louisa s'était changée et n'avait pas perdu de temps. La jeune femelle qui leur faisait face n'avait rien à voir avec l'ancienne. Une divine créature, aux yeux de chats se trouvait face à eux. Ses cheveux volaient et son visage toisait quiconque osait la défier.
Quand Chiara baissa les yeux vers ses vêtements, elle se trouva ébahie. "Corset et bottes de cuir", pensa-t-elle. "Je ne saurais mieux la définir".
Louisa était irrésistible. Elle s'avança vers eux d'une démarche féline et prit place en posant ses fesses sur la table même.
- Alors? La partie ne continue-t-elle pas?
Tous les hommes, avides de voir ce que dirait la créature se remirent à jouer. Le patron s'approcha, visiblement intéressé. Il tira une chaise et s'assit au milieu d'eux.
- Bien joué, pensa Chiara.
Les hommes jouèrent encore quelques minutes. Louisa, elle, bascula ses jambes pour se retrouver... sur les genoux du patron. Chiara pressa son oreillette.
- Ça va, chuchota-t-elle. Ce n'est pas trop dur?
Elle reçu une réponse.
- Ça va, ne t'inquiète pas! Cette manière d'être constitue mon quotidien.
La jeune fille grimaça. Charmant....
Pendant que les hommes jouaient et Chiara observait, Louisa flirtait et draguait outrageusement le type sur qui elle se trouvait. Ce petit manège dura cinq bonnes minutes au bout duquel le patron répondit:
- Tu veux des infos, c'est ça? Tu les auras mais il y a une condition.
Il se tourna vers César et Chiara.
- Levez-vous, la partie est finie. Je prendrai la place du jeune homme, expliqua-t-il aux autres.
- Très bien.
- Je vous donne les infos, mais avant ça, je veux une manche de bras de fer, comme à l'ancienne sur le comptoir.
Les trois amis se concertèrent du regard. César s'avança.
- D'accord.
- Hep hep hep, pas de ça mon coco. Je veux l'une des filles.
Le regard de Louisa changea radicalement. Elle considéra ses bras, minuscules à côté de ceux de son rival.
- Laisse, je m'en occupe! déclara Chiara.
Il y eut des applaudissements.
- C'est un combat à l'ancienne, nous sommes d'accord? lui demanda-t-elle.
- À l'ancienne.
Elle prit place face à lui, sur le comptoir. Il plaça son bras en position. Elle aussi.
- À mon signal, trois, deux, un.... go!
Les deux poignes s'affrontèrent mais restèrent au même stade. Le barman était visiblement très surpris des aptitudes de son adversaire. Chiara, d'extérieur, ne bougeait pas. Elle ne cherchait pas à forcer trop tôt, et attendait le bon moment pour frapper.
À l'intérieur en revanche, tout cogitait. Tous les muscles du corps de Chiara étaient tendus face à l'effort. La pression de son rival s'accentuait mais le poignet de la jeune fille ne bougeait pas.
Lentement, elle commença à le faire descendre de son côté. Très lentement, elle perdait du terrain mais c'était volontaire. C'était le moment le plus dur. Un seul instant de relâchement et c'était la fin.
Voyant que sa rivale approchait la défaite, la patron prit la confiance. Sûrement trop vite. De toute façon, la jeune fille brune était bien trop chétive pour gagner face à un homme comme lui. La diablesse était forte mais ce n'était qu'une question de temps.
Mais Chiara Dalvir avait plus d'un tour dans son sac. Elle balaya d'un coup de pieds les chevilles de son adversaire, qui perdit un instant de son attention.
Un instant, mais c'était déjà trop. Chiara rassembla toutes ses forces et abaissa le poignet avec un sourire vainqueur.
- À l'ancienne on avait dit.
Des applaudissements retentirent de toutes parts. César se précipita pour la serrer dans ses bras, et l'embrasser par la même occasion.
Le patron était un peu touché dans son orgueil mais pas trop déçu.
- Mais qui es-tu diablesse? Et où as-tu appris à te battre comme ça.
- Je m'appelle Jade Spiker et je viens du continent.
Ils se serrèrent la main.
- Bravo à toi, un marché est un marché.
- Que veux-tu savoir?
- Il y a un secteur sur l'île. On raconte qu'un champs de force le délimite et que des expériences étranges y sont faîtes.
Il hôcha la tête.
- Je veux l'adresse et l'itinéraire précis.
- Qu'est-ce qui te prouves que j'en ait l'info?
- Tous les ragots circulent dans votre auberge et vous le savez bien. Je ne suis pas venue ici pour siroter vos vodkas-martini hors de prix!
L'homme eut un bref soubresaut.
- D'accord, alors écoute attentivement...
Cinq minutes plus tard, César, Chiara et Louisa sortaient en courant de la taverne, l'adresse en poche.
Ils continuaient à courir quand la jeune espionne reçu un message transmit par Simon. C'était Tess, qui expliquait d'une voix posée toutes les informations d'accès qu'elle avait recueillies sur le manoir.
Bravo pour le timing, pensa-t-elle. Le hasard fait bien les choses on dirait. Sa petite sœur était toujours en ligne, par l'intermédiaire de Crépuscule. C'était leur premier contact en temps réel depuis l'enlèvement.
Chiara pressa son oreillette.
- Ne bouge-pas petite sœur, je viens te chercher!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top